Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00Donc la question c'est, est-ce que c'est nous les pauvres français de base qui ne savons plus intégrer ou assimiler ?
00:05Ou est-ce que c'est un certain nombre de gens qui ne veulent plus ou ne veulent pas s'assimiler ?
00:12Tout d'abord merci pour ce que vous m'avez dit, merci pour la question.
00:16Moi je pense qu'il y a un obstacle majeur qui est celui du nombre.
00:20Il est impossible d'assimiler en continuant d'accueillir autant.
00:23Et le dire ce n'est pas du tout rejeter l'autre.
00:26Le dire c'est au contraire pouvoir donner la chance à des millions de français de troisième ou quatrième génération d'être assimilés.
00:32Donc déjà on part d'une situation où il n'est plus possible d'assimiler.
00:37Donc déjà le nombre est la barrière.
00:39Deuxième chose, vous dites est-ce que c'est de notre faute ?
00:42Ce n'est pas de notre faute, je veux dire la France, l'Europe ou l'Occident,
00:45mais quand même il y a une question, à quoi assimile-t-on aujourd'hui ?
00:48Quand on n'ose plus proposer un projet assimilationniste,
00:50quand on n'ose plus assumer son histoire avec d'ailleurs ces moments de gloire, de défaite, de lumière et d'ombre,
00:56aussi moi je viens d'un pays qui n'a pas été colonisé, c'est un protectorat en Tunisie,
01:02donc il y a, vis-à-vis de la France, des moments évidemment où on reconnaît tout ce qui a été fait.
01:07Moi quand je me balade dans les rues de Tunis, je vois un patrimoine architectural exceptionnel et je me dis qu'il y a quand même des bienfaits.
01:13Il y a aussi des ombres évidemment importantes pour la colonisation.
01:17Donc tout ce passé qu'on n'assume plus et en particulier en grande partie à l'école,
01:22c'est aussi quand même de notre faute.
01:24Voyez-vous Yann, c'est-à-dire qu'on n'ose plus le transmettre à tous ces nouveaux arrivants.
01:28Et moi je me demande aujourd'hui comment on fait, comment on peut proposer un projet si on ne s'aime pas soi-même ?
01:34Vous savez, un pays doit donner à être aimé.
01:36Et malheureusement aujourd'hui la France, parfois elle fait davantage pitié qu'elle ne donne à aimer.
01:41Une fois qu'on a dit cela, ça ne veut pas dire que c'est la faute à la France, ça veut dire qu'il y a une minorité,
01:47mais parfois ce sont les minorités qui font l'histoire, qui nous ont empêché de développer ce projet,
01:51qui nous empêchent de parler d'assimilation, qui extrême-droitisent tous ceux qui osent parler de ce projet généreux,
01:58universaliste, qui est de dire à l'autre, venez, mais ne venez pas comme vous êtes,
02:03venez parce que nous avons à vous proposer des héros, on a à vous proposer une sentimentalité,
02:08un pays qui a été il y a encore quelque temps admiré dans le monde entier.
02:12Je veux dire, il n'y a pas plus beau que ce pays quand on a envie de s'accomplir, non pas de réussir, mais de s'accomplir.
02:17Donc si on ose de nouveau le dire, vous savez parfois on me dit mais c'est rien de le dire,
02:21mais on ne se rend pas compte que c'est énorme.
02:24Quand on ouvre la porte à quelqu'un, même dans une maison, et qu'on lui dit regardez,
02:28rien ne va plus, vous croyez qu'on a envie de rentrer dans la maison,
02:31et qu'on a envie de bien s'installer et de partager les codes culturels et les mœurs, donc voyez-vous,
02:36c'est une responsabilité qui n'est pas partagée, mais assumons ce que nous sommes,
02:40assumons quand même ces ombres et ces lumières pour ne pas avoir à faire à une post-France.
02:45Moi j'aime la France telle qu'elle est, ce n'est pas une nostalgie, je crois que c'est un projet d'avenir.