Mort de Philippine: "La justice a été irresponsable", estime l'avocat Thibault de Montbrial (président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure)

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Une information judiciaire a été ouverte pour homicide et viol concernant la mort de Philippine, jeune étudiante dont le corps a été retrouvé enterré dans le bois de Boulogne samedi dernier, pour laquelle un suspect a été arrêté mardi en Suisse. Ressortissant marocain, l'homme avait été condamné pour des faits de viol commis en 2019 et s'était vu notifier une obligation de quitter le territoire français à sa libération de prison en juin 2024.

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Transcription
00:00il y a la question du délai et puis la question de la décision de ce magistrat,
00:03de ce juge de la liberté et de la détention,
00:05qui décide donc de laisser sortir celui qui est jusque-là
00:09dans un centre de rétention administrative,
00:11en motivant dans son ordonnance,
00:12en disant que certes on ne peut pas exclure une réitération de faits délicteux,
00:16que la menace à l'ordre public ne peut être exclue,
00:18et pourtant il décide de le libérer parce que, dit-il,
00:21il n'a pas eu de comportement pendant sa rétention
00:23qui aurait menacé l'ordre public.
00:25C'est la décision telle qu'elle est motivée par le juge.
00:28Alors je voudrais ajouter un élément que personne à ma connaissance n'a relevé,
00:31mais qui figure sur la décision, qui est écrite,
00:33c'est que le procureur de la République de Metz,
00:35ou son substitut bien sûr,
00:36n'a pas estimé utile de se déplacer à cette audience,
00:38c'est-à-dire que c'est une audience où le parquet n'était pas présent.
00:41Le parquet, je vous rappelle, il est garant des intérêts de la société
00:43et il peut requérir telle ou telle attitude,
00:46telle ou telle décision,
00:47évidemment le juge après est tout à fait libre.
00:50Mais enfin, le désintérêt du parquet pose question.
00:52Ensuite, pour répondre à votre question,
00:55on a une interprétation lunaire
00:57des conséquences de la gravité d'un individu par ce juge.
01:01Je vais vous dire, moi je trouve ça,
01:04comme avocat pénaliste,
01:06comme citoyen français,
01:08comme spécialiste des questions de sécurité et de justice,
01:11je trouve ça délirant.
01:12Parce qu'il y a une perte totale des repères.
01:15Le repère.
01:16Ça vous dit qu'un juge n'aurait jamais dû laisser un individu comme celui-là
01:20quitter le centre de rétention admissible ?
01:21Non mais le juge, quand se pose la question,
01:24quel que soit le contexte,
01:25parce qu'il y a tout un tas de procédures où la question se pose,
01:27quand se pose la question de l'éventuelle libération d'un individu,
01:30nécessairement la question de la dangerosité est au cœur du débat.
01:34Déjà, il y a moins de débat parce que le parquet n'est pas venu.
01:36Et ensuite, comment peut-on dire d'un jeune qui est venu en France,
01:41qui a commis un viol abominable, à peine arrivé dans le pays,
01:45qui a été condamné à une peine dont on a dit tout à l'heure
01:47qu'elle était significative,
01:48qui est restée plus longtemps que la moyenne en prison, etc.
01:51Comment peut-on dire qu'il ne présente pas de danger ?
01:54Enfin, je veux dire, les juges sont aussi garants de la sécurité.
01:56Attendez, c'est important.
01:57Les juges sont aussi garants de la sécurité des Français.
02:00Tout le monde nous dit, oui, c'est la police qui fait la sécurité
02:02et la justice, elle fait la justice.
02:03Non, non, c'est deux maillons d'une même chaîne.
02:05En fait, c'est quoi ? Vous dites que la justice,
02:06elle a été laxiste dans le cas d'Espèce ?
02:09Là, dans ce cas-là, elle a été totalement irresponsable.
02:12Bien sûr, mais attendez, il faut être d'une mauvaise foi particulière
02:16pour dire l'inverse.
02:17Ça ne veut pas dire que c'est le cas à chaque fois.
02:19Benjamin Duhamel, on parle d'un cas d'Espèce.
02:20Mais là, de lire sous la plume d'une magistrate
02:23qu'il y a une particulière gravité
02:25et que pour autant, on remet en liberté,
02:28c'est quelque chose qui est hallucinant.

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