• il y a 3 mois
Transcription
00:00Bonjour Anne-Notre-Samaire. Bonjour Élodie. Humoristes, comédiens, ce sont vos participations à l'émission
00:04On ne Demande Qu'à En Rire sur France 2 entre 2010 et 2014 qui vous ont valu une adoption dans
00:09les règles de l'art du sketch par le public français et une immense histoire d'amitié,
00:13avec notamment un garçon qui s'appelle Jérémy Ferrari et un autre qui s'appelle Baptiste Le
00:18Caplin. Votre force reste l'improvisation et cette touche d'humour sensible et parfois absurde. A
00:23défaut de suivre les traces de votre père, ancien général de division dans l'armée de l'air, vous
00:27avez décidé de prendre votre envol autrement, en montant sur scène. Au départ, rongé par le
00:33trac, vous étiez muet. Aujourd'hui vous reprenez votre voix justement pour répondre présent à
00:38une promesse faite à votre père, celle de jouer Cyrano de Bergerac sur scène. Ça se passe au
00:43Théâtre Montparnasse avec à la mise en scène Alain Saxe. Alain Saxe rêvait de l'adapter sur scène
00:48depuis qu'il le vit, depuis qu'il avait vu d'ailleurs à la comédie française à l'âge de
00:5214 ans et vous, vous aviez fait le serment effectivement de l'incarner un jour. Cyrano a
00:57donc un nouveau visage et une nouvelle voix, les vôtres. Déjà merci pour cette belle introduction.
01:02Ça représente beaucoup de choses, un rêve, un honneur, énormément de plaisir, de jubilation. Là,
01:12je suis entouré de comédiens et de comédiennes qui sont des roles au théâtre. Ils disent la même
01:21chose de vous. C'est gentil, mais c'est un plaisir. Il y a tous ces mots-là qui vont dans le fait
01:26d'incarner Cyrano, mais je crois que rêve et honneur sont les deux plus gros mots qu'on peut
01:34retenir. C'est étonnant d'ailleurs, parce que quand on lit un certain nombre de choses sur vous,
01:38il y a toujours ce mot absurde qui vous colle à la peau. On a l'impression du coup, on pense à
01:42Ionesco de fait et vous êtes totalement à l'opposé de tout ça, même s'il y a effectivement un peu de
01:46ça. Mais est-ce que là, c'est une belle façon aussi pour vous de montrer ce que vous êtes capable
01:52de faire ? En tout cas, ce serait, je pense, une erreur de vouloir y aller avec cette intention-là,
01:58de vouloir prouver quoi que ce soit. Mais de vous faire plaisir à vous-même aussi.
02:02Oui, oui, oui. Et je sais que je suis un petit peu sportif dans l'âme. Enfin même, je le suis
02:08complètement, compétiteur, etc. J'adore me fixer des objectifs et dans mon métier, artistiquement,
02:16cet objectif-là de relever le défi de jouer Cyrano et de bien le jouer et de montrer à tout le monde
02:26que je suis capable de le faire et que j'ai les épaules pour le faire. C'est quelque chose que
02:32j'ai en moi. C'est un beau conte de fait quand même, mine de rien, parce que vous revenez de très,
02:36très loin. On ne va pas se mentir. Vous avez traversé une période extrêmement difficile et en même
02:40temps, vous avez eu cette amie, Jérémie Ferrarier, à cause de qui ou grâce à qui vous êtes remonté
02:45sur la scène. Vous avez fait de ce qui vous avait perturbé, affecté, anéanti une force, un spectacle.
02:52C'est très universel, les malheurs que j'ai vécu. Je ne prétends pas avoir vécu un truc plus triste
02:58que beaucoup d'autres, mais en tout cas, oui, le deuil, c'est toujours très douloureux. Le deuil
03:02sentimental, le deuil parental. Et quand j'ai traversé ces périodes-là, je me levais tous les
03:09matins en essayant de bien faire les choses, c'est-à-dire de bien gérer cette période de deuil.
03:14Et puis, en gardant toujours espoir en l'avenir. Et quand Jérémie m'a mis en tête de faire un
03:20spectacle sur ce sujet-là, j'y ai mis tout mon cœur et j'ai essayé vraiment de bien faire les
03:27choses. Et la vie m'a, entre guillemets, récompensé, déjà en donnant un beau succès à ce one man.
03:34Et puis ensuite, en apportant d'autres projets, dont Ciarano, la tournée du trio, etc. Donc, oui,
03:39c'est vrai que ça aurait été dommage d'arrêter en 2019, comme j'avais l'intention de le faire.
03:43Mais voilà, s'il y a un message à faire passer, c'est ça, c'est de bien faire les choses le jour J
03:50et de garder confiance.
03:53On dit que les personnes disparaissent définitivement le jour où on arrête de penser à eux.
03:57Il est au-dessus de vous, votre père, dans le fait que vous lui aviez prêté serment et que vous
04:04alliez jusqu'au bout du bout avec cette incarnation.
04:07Je ne sais pas très bien ce que j'ai découvert, moi, avec la perte de mon papa il y a maintenant cinq
04:14ans. Je ne sais pas ce que veut dire le mot deuil, en fait, de faire son deuil.
04:19Je ne sais pas ce que ça veut dire parce que je ne comprends pas à quel moment la pensée
04:24s'arrête, à quel moment la tristesse s'efface.
04:29Ce qui est certain, c'est que pendant ce projet, il sera très, très présent.
04:36Et tant mieux, d'ailleurs, je n'ai pas du tout, du tout envie de...
04:39Si faire le deuil, c'est ne plus y penser.
04:42Non, je n'ai pas trop envie de faire le deuil de mon père.
04:45On peut y penser de manière aussi joyeuse.
04:47Ça vous apporte quoi, l'humour, Arnaud ?
04:50Parce qu'à la base, il y avait le droit.
04:51Vous avez commencé en vous disant je vais faire du droit.
04:54On imagine peut-être que l'ombre du papa derrière faisait qu'il fallait faire des études.
04:58Mais rapidement, vous avez été happé par la scène.
05:01Oui. Oui, c'est-à-dire qu'à un moment donné, on ne peut pas aller contre nature.
05:06Et d'ailleurs, on m'a souvent dit oh là là, quel courage d'avoir quitté les études.
05:13À l'époque, j'étais même en CDI.
05:14J'avais même commencé la vie professionnelle, la vie active.
05:18J'avais un CDI.
05:20Quel courage d'avoir tout lâché pour se lancer là-dedans.
05:23Et en fait, je n'ai pas vu beaucoup de courage là-dedans.
05:26Parce que c'était quelque chose d'irrépressible.
05:28C'était quelque chose contre laquelle je ne pouvais plus lutter.
05:34Et puis, j'ai commencé dans une compagnie théâtre, un déclic théâtre avec Alain
05:37de Goua, dit papy, entouré de gens comme, je parle de ça, c'était il y a 25 ans, avec
05:44Jamel Debbouze, avec Sophia Aram, avec Alban Ivanov, avec Issa Doumbia.
05:47On vient tous de cette compagnie d'improvisation des Yvelines.
05:52Et ce que m'apporte l'humour, c'est de pouvoir vivre de ce que je préfère faire dans la
06:00vie, c'est-à-dire rire et faire rire les autres.
06:04C'est quand même merveilleux de pouvoir être payé par Jérémy Ferrari pour faire ça.
06:09Puisque je lui prends son argent régulièrement.
06:12Mais vous avez bien raison, il faut continuer.
06:14Bien sûr, il a voulu signer avec moi, il paye maintenant.
06:17Tant pis pour lui. Elle représente quoi, cette pièce ?
06:21Voilà, elle représente d'ores et déjà un grand moment de ma carrière.
06:28Aujourd'hui, c'est sans doute le plus gros projet de ma carrière.
06:32Et c'est avec cette idée-là que je travaille et avec cette idée-là que la troupe et moi
06:39ont construit, sous les ordres tellement doux et bienveillants d'Alain Saxe, ce
06:45spectacle qui, je pense, va être vraiment très beau.
06:48Je ne le dis pas parce que je suis en promo et parce que je le pense sincèrement, je
06:51pense que ça va vraiment être un Cyrano magnifique.
06:54Souvent, on demande, enfin souvent, j'ai lu à droite à gauche dans des commentaires
06:58sur la réseau. Mais c'est quoi ?
06:59C'est une parodie de Cyrano ?
07:00Parce que je suis humoriste.
07:02On se demande si ça va être...
07:03Non, non, c'est un Cyrano classique dans les règles de l'art et qui sera magnifique.
07:11Vraiment, j'en ai la conviction.

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