Chaque jour, Laure Dautriche revient sur les grands moments et événements qui ont marqué notre radio.
Retrouvez "Les enfants d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-enfants-deurope-1
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00:00« Vous êtes bien ! C'est le grand Rampin ! »
00:05Et ce matin fait un bond dans le passé, direction le 18 septembre 1981.
00:09Ah là, c'est un temps fort de la vie parlementaire de la Vème République.
00:12Ce jour-là, lors d'Autriche, l'Assemblée nationale vote l'abolition de la peine de mort.
00:18Oui, à l'Assemblée nationale, les trois quarts des députés votent pour l'abolition de la peine de mort,
00:22après un discours resté célèbre du ministre de la Justice de l'époque, Robert Badinter.
00:27Cette justice d'élimination, cette justice d'angoisse et de mort,
00:32décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'anti-justice.
00:39Quelques mois plus tôt, pendant la campagne présidentielle de 1981,
00:43c'est lui, Robert Badinter, qui va convaincre le candidat François Mitterrand
00:47de mettre l'abolition de la peine de mort dans son programme.
00:50Les sondages montrent pourtant que, dans l'opinion publique,
00:526 Français sur 10 sont pour le maintien de la peine de mort.
00:56Et à l'Assemblée aussi, les débats sont houleux.
00:58L'avocat Henri-René Garraud veut que la peine de mort reste possible.
01:02Elle est une garantie, non seulement pour les victimes, qu'elle sécurise,
01:06ce qui est quand même important puisqu'on parle de la peur des victimes,
01:09de l'insécurité, du sentiment de peur, mais je crois également qu'elle est dissuasive.
01:14Badinter est pressé, sûr de ce qu'il veut faire,
01:17et persuadé que Mitterrand doit prendre cette décision dans les 100 premiers jours de son mandat,
01:22quand l'état de grâce est encore là.
01:24Mais Badinter porte ce combat, lui, depuis longtemps.
01:271972, il défend en tant qu'avocat Roger Bontemps,
01:30un homme qui va être condamné pour complicité de meurtre à la peine de mort.
01:33En 1972, justement, Badinter répondait à une auditrice sur Europe 1.
01:38Je voudrais lui demander s'il ne trouve pas choquant
01:41que le fait que dans notre société, le sort des coupables, des escrocs, des criminels
01:47mobilise exclusivement la sensibilité de la presse et du pouvoir.
01:51Les victimes, on n'en parle plus.
01:53Oui, je vais vous répondre.
01:54S'il n'y a pas de peine de mort,
01:56on a en effet des condamnés à des peines criminelles à perpétuité.
02:00Et on se préoccupe de savoir ce qu'ils deviennent.
02:03Et on se préoccupe de savoir qu'on les garde
02:06ou que, enfin, on arrive à les réinsérer dans le corps social.
02:10Au début des années 80, Badinter ne sera pas un ministre populaire,
02:14car il passe pour le ministre des Criminels.
02:17Il disait alors qu'il faudrait une génération à la France
02:20pour accepter l'abolition de la peine de mort.
02:23Merci, l'or d'Autriche. Il est l'heure de jouer avec les enfants d'Europa.