"J'étais absolument certain qu'on allait (...) m'exécuter. Mais (...) ils m'ont conduit à l'aéroport" : l'opposant russe Vladimir Kara-Mourza a raconté à l'AFP sa libération surprise d'un camp sibérien début août.
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00:00Je pense que beaucoup dépendra de ce qu'il se passe aux Etats-Unis.
00:22J'étais tout seul dans ma chambre, comme toujours,
00:26et tout d'un coup, deux policiers de prison m'ont amené dans ma chambre et m'ont escorté.
00:34Ils m'ont amené dans le bureau de prison.
00:37Il y avait une table, un siège, une grande portrait de Vladimir Poutine sur le mur.
00:41Et sur la table, il y avait une feuille de papier, un crayon,
00:45et une sorte de modèle pré-imprimé.
00:49Ils m'ont dit de m'asseoir et de m'écrire ce qui était écrit en ma main.
00:54J'ai regardé le modèle pré-imprimé, et c'était un souhait de pardon,
00:57adressé à Vladimir Poutine,
01:00dans lequel j'étais supposé admettre mon culpabilité
01:03de tous les « crimes » que j'ai été convaincu.
01:07D'abord, j'ai pensé que c'était une blague.
01:09Quand j'ai lu le papier, j'ai juste rigolé et je me suis dit « Qu'est-ce que c'est ? »
01:12Mais ils n'étaient pas en mode de rire.
01:14En général, la plupart des gens dans le système de prison russe n'ont pas un très bon sens de l'humour.
01:18Donc, j'ai pensé que ce n'était pas une blague.
01:19Et j'ai dit « Quoi ? Tu m'attends vraiment à écrire ça ? »
01:21Ils m'ont dit « Oui, s'il vous plaît, allez-y. »
01:23Je leur ai dit que je n'allais jamais écrire quelque chose comme ça.
01:32Ils m'ont dit que j'avais dix minutes pour me préparer.
01:36Et à ce moment-là, j'étais absolument certain
01:38que j'allais être laissé sortir et être exécuté.
01:41Mais au lieu de la forêt proche,
01:45ils m'ont emmené à l'aéroport.
01:48Je me souviens comment tout était surprenant.
01:52Cette même nuit, j'allais rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz
01:56dans le même t-shirt, les mêmes longs-johns
01:58et les mêmes flottes de papier de la douche de prison.
02:01Chaque minute de chaque jour que j'ai passé en prison,
02:04je savais que j'avais raison.
02:05Je savais que les vrais criminels
02:07étaient ceux qui se battaient pour cette guerre en Ukraine,
02:09pas ceux qui parlaient contre elle.
02:11Et je sais que, à la fin du jour, le temps met tout en ordre.
02:16Et c'est un savoir très important.
02:18Quand tu sais que tu as raison,
02:20les peurs et les doutes disparaissent.