• il y a 2 mois
Dans son livre « Ce qui nous porte », Sandrine Rousseau dresse un inventaire de « l’imprudence des Trentes Glorieuses », période fantasmée et point de rupture dont il faut, selon elle, réussir à se départir. Quelques jours avant la parution de son nouvel ouvrage, la députée écologiste a répondu aux questions de « 20 Minutes ».

#SandrineRousseau #TrentesGlorieuses #EELV #ecologiste

L'article est à lire ici :
https://www.20minutes.fr/politique/4109473-20240912-emmanuel-macron-peur-peuple-epoque-decrie-sandrine-rousseau-sort-prochain-livre-vendredi

Retrouvez nous sur les réseaux :
Facebook: https://www.facebook.com/20minutes
Twitter: https://twitter.com/20Minutes
Instagram: https://www.instagram.com/20minutesfrance/
Tiktok : https://www.tiktok.com/@20minutesfrance?lang=fr
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCD25QI36ly-8hWm9OPOz7aw
Linkedin: https://www.linkedin.com/company/20-minutes

Category

🗞
News
Transcription
00:00Ma grand-mère, par exemple, elle avait une voix absolument magnifique,
00:04d'opéra, soprano, et elle n'en a rien fait parce qu'elle était au foyer.
00:11Bonjour, je m'appelle Sandrine Rousseau, je suis députée écologiste
00:15et j'ai sorti un livre qui s'appelle « Ce qui nous porte »
00:19pour reprendre l'espoir et la main sur notre avenir.
00:26Ce qui m'a frappée en regardant en arrière,
00:28c'est à quel point je suis un pur produit d'être en agglomération.
00:32Et un pur produit de cette période de croissance, de progrès social.
00:36Mais aujourd'hui, on a absolument besoin de regarder cette histoire-là
00:42avec des yeux différents.
00:43C'est-à-dire qu'on ne peut pas être dans la nostalgie, notre bonheur,
00:45notre avenir dépend du fait qu'on arrête de regarder cette période avec nostalgie.
00:50Et en fait, ce n'est pas si simple parce qu'on leur doit beaucoup à ces années.
00:53Toute l'histoire de ma famille, c'est quand même beaucoup.
00:55Toute l'histoire de ces années-là et de ce progrès, de cette ascension sociale.
01:00En fait, regarder ces années avec gratitude,
01:02c'est aussi pouvoir fermer la porte à ces années et leur dire
01:05« bon ben maintenant, il faut trouver un autre moyen d'être heureux ensemble ».
01:13Il y a beaucoup de familles qui pourraient raconter des histoires
01:15à peu près similaires à la mienne.
01:17Mais aujourd'hui, ce serait beaucoup plus difficile
01:19parce que le déterminisme social, l'enfermement social est réel.
01:22Et selon les statistiques de l'INSEE, le déclassement,
01:26c'est-à-dire le fait que les enfants aient des situations moins bonnes,
01:30moins enviables que celles des parents, est en train d'exploser.
01:38On a une espèce de France qu'on fantasme,
01:41qui est une France de ces années 50 et 60.
01:44Et cette histoire familiale me permet aussi de regarder
01:49la partie qu'on ne veut pas voir de cette période-là,
01:52c'est-à-dire la colonisation, la décolonisation, violente souvent.
01:55Et puis la phase cachée, c'est l'absence d'écologie,
01:59l'absence de pensée des limites planétaires.
02:02C'est pour ça que je qualifie cette période d'imprudente.
02:05Et c'est pour ça que je pense qu'il nous faut vraiment
02:07sortir de cette grille de lecture pour penser la transformation écologique et sociale.
02:17Les femmes de ma famille, c'est les femmes de ces périodes-là.
02:20C'est des femmes qui ont été au foyer,
02:23qui, pour certaines, ont eu le permis de conduire à une époque
02:26où les femmes l'avaient très peu,
02:28qui, des fois, ont travaillé ou pas, qui ont fait des études ou pas.
02:32Et en fait, c'est aussi toute l'évolution de cette condition des femmes
02:38qui me permet aujourd'hui d'être riche de toutes ces histoires-là,
02:42et aussi des frustrations liées à ces histoires-là.
02:45Ma grand-mère, par exemple, elle avait une voix absolument magnifique,
02:50d'opéra, soprano, et elle n'en a rien fait parce qu'elle était au foyer.
02:57Et moi, j'ai été réveillée très souvent par cette voix sublime
03:00qui me chantait Carmen, mais j'étais la seule à l'écouter.
03:03Donc, il y a quelque chose aussi de très triste
03:04dans cet enfermement des femmes des Trente Glorieuses.
03:12Bien sûr que j'ai peur, c'est comme si on avait une alerte météo,
03:15une alerte rouge, météo, attention, ouragan à venir.
03:19On est en alerte rouge, là, vraiment.
03:21Et on laisse les fenêtres ouvertes, on prend sa voiture,
03:23on va au bord de la mer comme s'il y en avait été.
03:25En fait, là, toute notre énergie, toute notre richesse
03:29devrait être consacrée à se protéger, à nous protéger collectivement.
03:32Et en fait, on ne le fait pas du tout.
03:34On ne le fait pas du tout, mais c'est inconscient.
03:37Donc, on est dans une imprudence, dans cette imprudence des Trente Glorieuses.
03:45Oui, c'est pour ça que moi, je parle de mes propres moments
03:49de dégradation de santé mentale, parce qu'en fait,
03:51c'est aussi une manière de sortir des leaders politiques
03:55qui sont des espèces de vatanguers que rien ne touche,
03:58qui n'ont absolument aucune espèce d'empathie vis-à-vis d'autrui
04:02et qui sont des espèces de machines
04:05capables de diriger le monde seul grâce à leur pensée lumineuse.
04:09Enfin, au contraire, je pense que ça fait partie de notre problème.
04:11Vraiment, c'est au cœur de notre problème.
04:13Voilà, nous ne sommes pas des êtres exceptionnels.
04:16Donc oui, moi, il m'est arrivé d'avoir vraiment des moments
04:19de très forte dégradation de ma santé mentale,
04:23comme beaucoup de gens, je pense,
04:24comme énormément de gens, peut-être même comme tout le monde.
04:28Si tout le monde a eu des épisodes comme ça, possiblement compliqués,
04:33aujourd'hui, on laisse les jeunes en souffrance
04:40parce que nous ne voulons pas être honnêtes sur la situation.

Recommandations