L'AFP, l'agence France Presse, l'une des trois grandes agences mondiales d'information, ouvre aujourd'hui une galerie à Paris. Elle y expose ses archives et le fond est gigantesque, avec 20 millions de photos. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-jeudi-12-septembre-2024-1762484
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00:00Il est 6h21, toujours à travers des photos, on passe des histoires de famille aux histoires du monde.
00:05L'AFP, l'agence France Presse, l'une des trois grandes agences mondiales d'informations,
00:09ouvre aujourd'hui une galerie à Paris, elle y expose ses archives et le fond est gigantesque,
00:1520 millions de photos. C'est votre terrain de jeu, Christophe Calais, bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Vous êtes responsable éditorial des projets spéciaux photos de l'AFP et co-commissaire de la première exposition
00:25qui est consacrée à la libération de Paris, donc août 1944, c'est également la date de naissance de l'AFP
00:30et c'est aussi la libération de la photo parce qu'on n'avait pas le droit d'en prendre sous l'occupation.
00:34Absolument, dès le 16 septembre 1940, les Allemands avaient interdit aux Parisiens de faire des photos en extérieur
00:39et même depuis leur balcon. Donc au moment de la libération de Paris, les Parisiens qui avaient des appareils photo
00:45et de la pellicule sont sortis et ont documenté ce qu'ils voyaient.
00:49Ce qu'on propose dans cette exposition, c'est un dialogue entre deux regards, le regard des reporteurs de l'AFP
00:55dont le souci était de couvrir l'actualité et d'alimenter les journaux de la presse libre
00:59et le regard des Parisiens qui ont eu ce besoin viscéral d'enregistrer pour eux-mêmes et pour leurs descendants ce qu'ils voyaient.
01:07Et il y a des différences ?
01:09Ce qui est fabuleux, c'est la différence d'intention et d'émotion, je dirais.
01:14Les reporteurs proposent des photos très cadrées, très informatives, très propres, comme on dit dans le jargon.
01:22Pour les amateurs, parfois, c'est un peu moins net, c'est un peu moins bien composé, mais l'émotion est très présente.
01:27Et de montrer les deux événements photographiés avec ces deux intentions différentes suscite une émotion en 80 ans plus tard.
01:35Et on voit quoi exactement ? J'imagine beaucoup de sourire, beaucoup de joie.
01:38Ah, alors justement, ça c'est très intéressant parce que avant de préparer cette sélection, j'avais aussi cette image d'une semaine héroïque.
01:48Et en fait, ce n'est pas que la semaine héroïque, ce ne sont pas que des images des Parisiennes qui enlacent les soldats de la 2e DB.
01:55C'était aussi la guerre et il y a eu des choses pas très belles, des exécutions, des lynchages.
02:01Donc, on montre tout ça et ça s'est montré à la fois par les professionnels et par les amateurs.
02:07Alors, à l'époque, c'était des photos argentiques ? Elles sont encore en bon état ?
02:10Alors, c'était des photos argentiques.
02:11Une chose qui est intéressante, c'est que les professionnels travaillaient sur des plaques de verre,
02:15ce qui permettait de ne pas attendre la fin d'un rouleau de 36 vues pour développer,
02:19mais de pouvoir développer image par image afin de les communiquer le plus vite possible aux journaux.
02:23Donc, il y avait déjà ce souci de rapidité de l'information.
02:26En ce qui concerne la qualité des images d'archives, même si elles sont très bien stockées chez nous à l'AFP,
02:32les affres du temps font leur travail et certains documents, notamment les plaques de verre, peuvent avoir besoin de restauration.
02:39Et ça peut prendre plusieurs dizaines d'heures de restauration par image.
02:42Et tout ça, on a la chance de pouvoir le faire en interne.
02:44Vous faites tout en interne.
02:45Et comment, vous, parce que vous n'êtes qu'au commissaire de cette première exposition,
02:50comment on fait pour choisir des photos dans un fonds de 20 millions ?
02:53Déjà, c'est du plaisir.
02:54Donc, on se plonge là-dedans avec bonheur.
02:56Mais ça ressemble à quoi ? C'est au sous-sol ?
02:58Oui, c'est dans les sous-sols de l'AFP, d'accord à l'agent Pierre Melville.
03:04Donc, on se plonge là-dedans.
03:05Et puis, moi, j'ai été reporter pendant 25 ans, donc je regarde d'abord les photos comme un photographe.
03:10Donc, je peux sentir comment le photographe a shooté cette image.
03:15Je la regarde aussi pour son intérêt journalistique.
03:17Et je la regarde aussi comme un collectionneur.
03:19Est-ce que c'est une image avec laquelle j'aurais envie de vivre ?
03:21Est-ce que je voudrais l'accrocher dans mon salon ?
03:23Mais au final, c'est l'image qui vous choisit.
03:26Parce qu'on ne sait pas pourquoi, c'est certainement nos backgrounds personnels,
03:30mais elle vous touche pour une raison ou pour une autre.
03:33Il y a la forme, il y a la beauté.
03:35À l'AFP, encore une fois, une photo, c'est d'abord une information.
03:38Mais nous, dans cette sélection, on cherche le photographique.
03:41Les compositions, les ombres, les lumières et les archives sont remplies de trésors.
03:45Et c'est ce que j'allais dire.
03:46Voilà, ça doit être un trésor, vraiment un plaisir immense pour vous.
03:50Est-ce qu'il y en a une tout particulièrement qui vous a touché ?
03:52Sur cette série-là ?
03:55Alors, les images de l'AFP sont très fortes.
03:58Il y a une photographie amateur qui est d'une force incroyable.
04:01Elle est intitulée Arrestation d'un tireur de toit.
04:04C'est une image qui est dans le mouvement.
04:08Quelqu'un qui était donc un tireur de toit, un sniper, a été arrêté par la foule.
04:12On voit une arme, on voit ce mouvement.
04:15Elle est très esthétique, très artistique.
04:18Et puis, les tirages amateurs ont ces bords crainelés.
04:23Et ça, voilà, ça confère quelque chose à la fois.
04:26Il y a une proximité avec la photographie amateur.
04:29Elle nous renvoie aux albums de photos qu'on pouvait voir chez nos grands-parents.
04:32Et aujourd'hui, elles ont une dimension patrimoniale, historique.
04:37Et je pense que les gens qui viendront voir l'exposition vont retrouver quelque chose.
04:41Paris, 1944, une semaine en août.
04:44Cette expo, ça commence aujourd'hui, c'est jusqu'au 2 novembre.
04:47C'est à l'AFP, vous faites vraiment tout vous-même.
04:49Le stock est là, la galerie est là, tout le monde est là au siège de l'AFP.
04:53Donc, place de la Bourse à Paris.
04:54Vous préparez déjà la prochaine ?
04:56Oui, bien sûr.
04:58Je ne peux pas vous dire quelle sera la prochaine exposition.
05:00Il y en a combien par an, à peu près ?
05:01Trois par an.
05:02Trois par an, il faut dire qu'il y a de quoi faire 20 millions.
05:04Oui, trois par an et à chaque fois, on partira du fond d'archive.
05:07De quand datent les photos les plus anciennes ?
05:09Dans le fond d'archive, les photos les plus anciennes datent de la fin du XIXe siècle,
05:12notamment de la Commune de Paris.
05:13Donc, je crois que la plus ancienne image, c'est 1870.
05:16C'est l'époque Avas.
05:17Avant l'AFP, c'était Avas.
05:19Voilà, c'est ça.
05:19D'accord.
05:20Merci beaucoup, Christophe Cayler, responsable éditorial des projets spéciaux photos de l'AFP.
05:24Vous allez me voir dans pas longtemps, je pense, dans les couloirs, dans cette galerie.
05:28Place de la Bourse à Paris.