• il y a 3 mois
Un tiers des maires de France sont épuisés !
C'est le résultat d'une étude qui vient d'être réalisée par l'observatoire Amarok et l'université de Montpellier.
Et 3% d'enter eux, en particulier dans les zones rurales, seraient dans une situation d'épuisement sévère.
Plus de 2000 maires ont en effet répondu à un questionnaire que leur ont envoyé les chercheurs d'Amarok et de l'université.
Et un tiers d'entre eux se déclarent très fatigués, disent rencontrer des problèmes de sommeil.
Bref, qu'ils en ont assez.
On en parle ce matina avec Olivier Torres, président de l'observatoire Amarok.

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Transcription
00:00Comment vont les maires de France ? C'est la question que l'on peut se poser aujourd'hui, Guillaume.
00:04Il y en a un tiers qui se disent épuisés, figurez-vous.
00:06Voyons voir, on va en parler avec Olivier Torres, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Président de l'Observatoire à Maroc.
00:15Vous étiez déjà venu nous parler il y a quelques temps de l'épuisement des chefs d'entreprise,
00:21l'épuisement des agriculteurs aussi, il me semble.
00:23En fait, vous vous intéressez à l'épuisement du dirigeant, on va dire,
00:28de ceux qui dirigent une entreprise, de ceux qui dirigent une commune,
00:30et là vous venez de faire une nouvelle étude qui révèle effectivement
00:33qu'un tiers des maires se disent épuisés.
00:35Et 70% d'entre eux seront très satisfaits aussi de leur mandat d'élu, on le dira.
00:41Le verre à moitié vide et à moitié plein.
00:42Exactement.
00:43Mais un tiers c'est beaucoup ou c'est pas beaucoup ?
00:45Quand on compare à la population des dirigeants de PME
00:49et le maire d'une petite commune, c'est un entrepreneur de situation.
00:53C'est à peu près les mêmes chiffres, c'est assez sidérant de voir le parallélisme qu'il y a
00:56entre un entrepreneur et le maire d'une commune à taille humaine.
01:00Entrepreneur d'une PME, encore une fois, pas un grand groupe.
01:03Non, c'est une différence entre le maire d'une grande commune
01:06et celui d'une commune à taille humaine.
01:08Il y a tout un tas d'équipes de services autour de lui.
01:10Un direcom, un direcab, le maire d'une petite commune, il est en management frontal.
01:15Et il s'occupe de tout parfois.
01:17De tout.
01:18Mais pardon Olivier Torres, ils se disent épuisés.
01:21Est-ce qu'on peut faire à ce stade la nuance entre l'épuisement et la fatigue ?
01:25Parce que pour moi, l'épuisement, c'est quelque chose.
01:26On est au bord de la rupture.
01:30On est tous plus ou moins épuisés par les métiers que l'on exerce.
01:33Ce qui est le plus gênant, c'est l'épuisement sévère.
01:35C'est-à-dire quand vous répétez sans cesse « j'en ai marre »,
01:38« je suis déçu par mon environnement », « je me sens impuissant »
01:42pour répondre aux tâches qui m'incombent.
01:44C'est ça qui devient gênant.
01:46Et ça, c'est 3% des maires que vous avez sondées ?
01:483,5%, oui.
01:50Presque 4.
01:51On a fait un calcul rapide tout à l'heure.
01:53Ça représente à peu près une dizaine de maires par département.
01:55C'est ça, entre 1100 et 1200 maires.
01:57Là, on parle de l'épuisement sévère.
01:59Et l'épuisement sévère, c'est quoi derrière ?
02:00C'est des pathologies ?
02:01Alors, ça ne veut pas dire que le maire va tomber demain.
02:04Mais ça veut dire que s'il continue comme ça, il peut tomber.
02:07Et c'est pour ça qu'il faut être extrêmement vigilant.
02:09Moi, ce que je découvre dans cette étude,
02:11et il faut le dire, c'est que les maires sont les grands serviteurs de la République.
02:15Ce sont des hommes et des femmes extrêmement vaillants.
02:17Ils consacrent entre 27 heures et 37 heures.
02:19En plus de leur métier,
02:21parce que beaucoup d'entre eux travaillent.
02:23C'est pas l'indemnité de maire de quelques centaines d'euros qui leur permet de vivre.
02:26Et en plus, ils ont une vie personnelle.
02:27Donc, ce sont quand même des hommes et des femmes, il faut le dire,
02:29qui sont entre 60 et 65 heures par semaine,
02:32dévoués à leur commune.
02:34Alors, je dirais qu'il y a une forme de sacerdoce républicain chez les maires.
02:38Et ça, ça les protège.
02:40Ça, ça les protège.
02:42— Comment vous avez procédé ?
02:43Vous avez envoyé, je crois, un questionnaire à 2000 maires, c'est ça ?
02:45— Alors, je remercie l'association des maires ruraux de France,
02:48qui a 13 000 adhérents.
02:49On les a interrogés.
02:51On a eu au total 1 700 réponses en deux collectes.
02:54C'est du jamais vu pour nous.
02:55— Mais c'est quoi les... Alors, vous leur avez posé...
02:57Comment vous avez posé les questions ?
02:58— Alors, on leur pose des questions sur...
02:59— Ils vont parler spontanément ?
03:00— Quels sont les événements stressants et satisfaisants auxquels ils sont confrontés ?
03:03Ça, ça nous a permis de créer des outils qui vont nous être utiles d'eux-mêmes,
03:07parce qu'il s'agit pas que de faire des mesures, on va aussi agir.
03:10Et puis, on leur a posé des questions sur comment ils se sentent,
03:12comment ils dorment, sur la qualité du sommeil.
03:16Et ça permet de voir quels sont les liens entre ce que je vis au quotidien
03:20et ce que je ressens dans mon corps et dans mon esprit.
03:23— Et alors, ils vous racontent quoi ? Ils vous disent quoi ?
03:25Ceux qui, effectivement, en ont un peu ras-la-carpelle.
03:27— Vous savez, tout à l'heure, on a entendu François Riau,
03:30maire de Saint-Jean-de-Vedasse, que je salue parce qu'il m'a aidé dans cette étude.
03:33Bon. Et je l'ai eu comme étudiant, en plus. C'est un jeune vaillant.
03:36Il a parlé de quoi ? Il a parlé de ses projets.
03:39Festin des Arts et les Halles de Saint-Jean-de-Vedasse.
03:42Ce sont des hommes et des femmes de projets, les maires.
03:45Et c'est ça qui les fait tenir.
03:47D'ailleurs, on le voit bien dans les verbatims qu'on a collectés.
03:50Mais par contre, à côté de ça, la lourdeur et la complexité administrative,
03:54les conflits quand ça arrive parfois au conseil municipal.
03:57Ça, c'est terrible. Et puis, la charge et le manque de temps.
04:01— C'est particulièrement vrai, je crois, pour les maires ruraux.
04:03On entendait aussi ce matin un témoignage de la maire de Sussargue,
04:07qui, elle, ne se disait pas dans une situation d'épuisement,
04:10mais qui reconnaissait avoir beaucoup de choses à gérer.
04:12Et le problème, c'est que plus la commune est petite,
04:15plus on s'adresse, évidemment, en priorité aux maires pour tout régler,
04:18y compris les problèmes de chiens qui aboient.
04:20Est-ce que c'est pas un peu de notre faute aussi ?
04:22— Tout à fait. Et c'est pour ça que je parle de sacerdoce.
04:24Si vous n'avez pas chevillé au corps cette envie de servir la communauté de vos citoyens,
04:28vous tenez pas. Mais c'est comme ça qu'ils tiennent.
04:31Et c'est comme ça que, du sacerdoce, on passe au sacrifice.
04:34Et les deux mots renvoient au sacré.
04:36Sacerdoce et sacrifice, c'est quelque part le rapport au sacré.
04:38— Je reviens à ma question. Si ces maires sont épuisés,
04:40c'est pas que de leur faute non plus. C'est peut-être aussi un peu...
04:42— Je dirais même que c'est jamais de leur faute.
04:43C'est bien l'environnement qui crée des contraintes
04:46et qui fait qu'à un moment donné, ils sont débordés, ils n'en peuvent plus.
04:48— Alors c'est quoi la solution ?
04:49Puisque je vous ai entendu dire à un moment donné, Olivier Therese,
04:52on va faire des propositions.
04:53— Oui. Comment on les a faites ?
04:55— Est-ce qu'il faut déjà changer le statut de l'élu ?
04:57— Alors je rentrerai pas dans ce débat parce que ça, c'est intéressant.
05:00Il faut en parler à la MRF. C'est leur cheval de bataille.
05:02Moi, je me cantonne à ce que je sais faire, c'est-à-dire suivre la santé
05:06des hommes et des femmes vaillants dans ce pays qui travaille beaucoup.
05:09— Et donc, en une minute, pour résumer ?
05:10— Alors en une minute, on va créer demain un dispositif,
05:13comme je l'ai fait pour les agriculteurs et les entrepreneurs,
05:15qu'on appellera Amarok e-Santé Maire,
05:17qui permettra aux maires de répondre de manière anonyme, très importante,
05:21à ce qu'ils vivent.
05:22En fonction des événements auxquels ils sont confrontés,
05:25nous, comme on a les mesures, on va pouvoir faire un diagnostic.
05:28Il y en a une grande majorité qui seront très satisfaits
05:31de ce qu'ils font. Continuez comme ça.
05:32Pour ceux qui sont stressés, on fera un test de dépistage du burn-out.
05:36Et parmi ceux-là, ceux qui dépassent la code alerte,
05:39eh bien, on leur proposera ce que j'appelle la politique de la main tendue,
05:42une écoute bienveillante. Ils la saisiront, ils la saisiront pas.
05:46Je n'en sais rien pour l'instant, mais en fonction des résultats,
05:48je reviendrai vous voir, M. Rouland.
05:50— Vous nous direz, oui, mais l'écoute, ça peut suffire à régler le problème de l'épidémie.
05:53— Je peux vous garantir que quand vous n'en pouvez plus
05:55et que vous avez quelqu'un qui accepte de vous écouter sans vous juger,
05:57ou vous videz le sac, bien sûr que ça fait du bien.
06:00— Ça va déjà mieux après.
06:01— Bien sûr, parce qu'on reconnaît votre situation.
06:04Vous savez, quand il y a une souffrance, reconnaître la souffrance des autres,
06:08c'est déjà une façon de la compassion, c'est partager la souffrance des autres.
06:12— Merci, Olivier Tourès, président de l'Observatoire à Maroc,
06:15d'être venu nous parler de tous ces mères épuisées ce matin.
06:18Et puis, on se tient au courant, alors, pour la suite. Merci.
06:20— Il est 7h50 sur...

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