Les Français ont-ils mis une croix sur leurs achats de biens, notamment les plus importants ? Si l’on se fie au marché du crédit à la consommation, la réponse est clairement oui. En juin dernier, la production de nouveaux crédits a reculé de 6,4% sur un an, et le premier semestre pris dans son ensemble n’est guère plus brillant avec un repli de 1%. Une hypothèse pourrait être que, plutôt que de s’endetter, les Français puisent dans leur épargne pour financer leurs achats. Après tout, les taux des crédits à la consommation restent élevés malgré leur reflux. [...]
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00:00Les français ont-ils mis une croix sur leurs achats de biens, notamment les plus importants ?
00:14Si l'on se fie au marché du crédit à la consommation, la réponse est clairement oui.
00:20En juin dernier, la production de nouveaux crédits a reculé de 6,4% sur un an.
00:25Et le premier semestre prit dans son ensemble des guerres plus brillants avec un repli de 20%.
00:30Une hypothèse pourrait être que plutôt que de s'endetter, les français puissent dans leur épargne pour financer leurs achats.
00:36Après tout, les taux des crédits à la consommation restent élevés malgré leur reflux.
00:41Mais ce n'est pas le cas.
00:42Le taux d'épargne financière atteint des sommets hors période exceptionnels,
00:46comme la crise sanitaire qui s'était accompagnée de restrictions dans les déplacements,
00:50de la fermeture des magasins et des rayons non essentiels,
00:52bref, d'une consommation empêchée, donc d'une épargne forcée.
00:56De fait, c'est bien une panne générale de la consommation de biens à laquelle nous assistons.
01:02Et pas un compartiment de marché n'échappe à cette déprime.
01:06C'est une histoire d'un contexte global dégradé, aggravé par des décrochages sectoriels.
01:12L'environnement économique et financier ces derniers trimestres n'a pas été simple pour les ménages,
01:16avec pelle-mêle le retour de l'inflation.
01:19La nature même de la hausse des prix, en se concentrant sur les produits alimentaires et énergétiques,
01:24a renforcé le sentiment de déclin du niveau de vie.
01:27Le soufflé est certes retombé depuis, mais les consommateurs gardent bien en mémoire la valse des étiquettes.
01:33Le pouvoir d'achat par tête des salariés et du privé a aussi véritablement reculé depuis la fin 2019,
01:40de 4% selon nos calculs d'Axerfi.
01:43C'est enfin la certitude pour les contribuables d'un prochain coup de massue fiscal,
01:48quel que soit le gouvernement.
01:50En cause, la dérive des finances publiques.
01:52Pourtant anticipée, le dérapage du déficit public pour 2024 sera plus grave que prévu
01:57pour atteindre 5,6% du PIB selon une note récente de Merci.
02:02La France n'est clairement pas dans la bonne direction.
02:05À ce contexte dégradé s'ajoutent trois éléments sectoriels à prendre en compte.
02:09Il y a d'abord le contre-coût de l'effet Covid sur des marchés comme le bricolage et le jardinage par exemple.
02:15Reclus chez eux, les ménages en ont profité dès qu'ils ont eu l'occasion pour améliorer leur intérieur, aménager leurs extérieurs.
02:22Des dizaines de terrasses, des vérandas, de piscines sont aussi sortis de terre, mais c'est terminé.
02:28La panne du marché de l'immobilier-construction ajoute une couche.
02:32Que ce soit dans l'ancien où le nombre de mutations est au plus bas depuis 10 ans
02:36ou dans le neuf où les mises en chantier ont sombré, c'est la bérésine.
02:40Le bricolage, le jardinage une fois de plus, mais aussi l'ameublement, la décoration, l'électroménager,
02:46une partie de l'électronique grand public, bref, l'ensemble de l'équipement du logement est directement impacté.
02:52C'est enfin la grande hésitation dans l'automobile, dans le neuf comme l'occasion.
02:57La transition vers des véhicules électriques et l'incertitude liée aux réglementations futures sur les moteurs thermiques
03:03poussent les consommateurs à différer leurs achats.
03:06Ils préfèrent attendre que le marché se stabilise, mais aussi que les infrastructures de recharge se développent
03:12avant de faire un investissement aussi impactant.
03:15Il ne faudrait pas oublier non plus un dernier élément d'importance.
03:18La poursuite de la chute de la natalité et ses effets en chaîne sur les ventes des articles de puériculture, mais pas seulement.
03:25L'arrivée d'un enfant, c'est l'aménagement d'une chambre, voire un déménagement, l'acquisition d'un nouveau véhicule.
03:31Il ne faudrait pas non plus limiter aux achats importants les arbitrages des ménages.
03:35Il renonce aussi aux achats-plaisirs dans le textile, les produits cosmétiques, etc.
03:40avec cette même rengaine, chasser le superflu, conserver l'essentiel.
03:45Cet état d'esprit se prolongera en 2025.
03:47C'est bien pourquoi nul rebond spectaculaire de la consommation n'est à attendre l'année prochaine.