Visier Sanyu, historien Naga de la tribu des Angami, va être intronisé chef des Khiamnungan Naga à l'occasion de la grande cérémonie du Liamké, un événement qui scelle le pacte de paix entre les tribus Angami et Khiamnungan.
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00:00Dans les montagnes interdites du pays des grandes sources, tout se met en place pour
00:14accueillir la venue d'un nouveau chef.
00:15Cette terre, c'est le pays Naga, une nation oubliée aux confins de l'Inde et de la
00:33Birmanie.
01:04C'est là qu'il s'agit d'une grande expédition, une grande expédition d'une grande expédition
01:26d'une grande expédition d'une grande expédition d'une grande expédition d'une grande expédition
01:33Exilée en Australie, l'historien Vizir Sagneux est d'aujourd'hui de retour dans ses montagnes.
01:48Son village natal, Konoma, est comme tous les villages nagas perchés sur un promontoire
01:53qui domine une vallée encaissée.
01:57C'est la porte de notre village.
02:02Konoma abrite la tribu des Angamis, l'une des 35 tribus nagas.
02:07Au lendemain de la colonisation, leur territoire a été partagé entre l'Inde et la Birmanie.
02:13Une nation de près de 3 millions de personnes est alors plongée dans une guerre fratricide qui dure depuis les années 50.
02:22La famille de Vizir vit ici, à Konoma.
02:26Il y a une dizaine d'années, Vizir a quitté son village pour trouver refuge en Australie.
02:33Ces rizières en terrasse m'ont été léguées par mon père.
02:39Nous possédons ces champs depuis 14 générations.
02:461879.
02:49Cet officier britannique a été tué par les guerriers de Konoma.
02:54Les britanniques ont envahi notre village en 1879, sous le commandement du général Nashon,
02:59et nous avons vaillamment défendu notre terre.
03:05Konoma est une communauté martyr.
03:08D'abord cible de l'armée britannique, elle a été par la suite régulièrement assaillie par l'armée indienne.
03:15Aujourd'hui encore, elle est étroitement surveillée par les services de sécurité indiens.
03:30Le père de Vizir a été emprisonné et torturé à diverses reprises.
03:35Il était le chef de Konoma.
03:38Au moindre événement, c'est lui que l'armée venait arrêter.
03:44C'est la tombe de mon père.
03:49Konoma est aussi le village natal d'Angami Zapu Fiso, le chef historique du mouvement d'indépendance.
03:55Dans les années 1950, juste après l'indépendance de l'Inde et l'occupation du Nagaland par les troupes de Nehru,
04:02Fiso fonde le NNC, le Naga National Council.
04:07Cette organisation politique luttera sans répit pour la souveraineté du Nagaland.
04:13Vizir nous conduit chez l'un de ses cousins, neveu du président Fiso.
04:26Nous sommes très fiers de notre village.
04:31Lorsque les britanniques nous ont envahis, nous leur avons tenu tête.
04:37On s'est battus pour notre indépendance.
04:41Quand les britanniques sont partis, l'armée indienne a attaqué à son tour.
04:46Il a fallu se défendre.
04:49Quand les britanniques sont partis, l'armée indienne a attaqué à son tour.
04:54Il a fallu se défendre également contre les indiens.
04:57Nous avons toujours résisté à l'invasion de notre terre.
05:14On vit ici depuis des siècles.
05:18En 1956, l'armée indienne a brûlé notre village.
05:23On s'est cachés dans la jungle jusqu'en 1960.
05:33Fiso dirigeait le mouvement indépendantiste depuis Londres,
05:37où il s'est exilé dans les années 1950.
05:40Il repose aujourd'hui dans son mausolée de Kohima,
05:43l'actuelle capitale de l'état indien du Nagaland.
05:49Le pays Naga s'étire de part et d'autre de la frontière indo-birmane.
05:53C'est une zone interdite.
05:56Dans sa partie indienne, le pays Naga s'étend sur tout l'état du Nagaland.
06:00Il couvre aussi les états de l'Assam, du Manipur et de la Roonakal Pradesh.
06:05En Birmanie, il correspond aux montagnes qui dominent la vallée de la rivière Shindouine.
06:19Vizir part pour le pays des Grandes Sources,
06:22de l'autre côté de la frontière, en Birmanie.
06:30Il y a 12 ans, Vizir a suivi un groupe de maquisards du NNC jusqu'en Birmanie.
06:37Dans ces montagnes reculées, il s'est lié d'amitié avec les Kiam Nungan,
06:42la tribu des Grandes Sources.
06:43Leur chef a fait promettre à Vizir de revenir.
06:46La raison ? Il veut l'introniser chef à son tour lors de la grande cérémonie du Yamke.
06:54Vizir veut honorer sa promesse.
06:57Après plusieurs tentatives infructueuses, il tente à nouveau de pénétrer clandestinement en Birmanie.
07:03Les hommes quittent Kohima discrètement, direction la zone frontalière.
07:09De nombreux postes de péage militaire jalonnent la route.
07:13Chaque région traversée est contrôlée par des factions rivales,
07:17comme les extrémistes du chef de guerre Kaplang ou les maoïstes Iems de Isaac et Mouiva.
07:23À ce moment-là, il n'y a qu'une seule solution.
07:25À l'approche de la frontière, les pistes deviennent impraticables.
07:29Les hommes abandonnent le véhicule et poursuivent à pied.
07:33Sanguane est l'un des derniers chefs historiques du mouvement NMC.
07:37La plupart des leaders ont été assassinés.
07:40À chaque instant, Sanguane risque le même sort, sans parler des dangers de la vie clandestine.
07:45J'ai été attaqué par un ours, j'étais seul.
07:48J'ai failli mourir.
07:53Toute la chair de ma tête a été arrachée, comme ça.
07:59J'ai perdu un oeil et il m'a brisé la mâchoire.
08:03J'avais très mal et je saignais beaucoup.
08:06J'ai perdu un oeil et il m'a brisé la mâchoire.
08:09J'ai perdu un oeil et il m'a brisé la mâchoire.
08:11J'avais très mal et je saignais beaucoup.
08:15J'ai perdu tellement de sang que j'ai cru mourir.
08:18Mais mes jambes et mon cœur étaient forts, alors j'ai marché.
08:21Au bout de trois heures, j'ai atteint le village.
08:36Depuis cette attaque en pleine jungle birmane,
08:38Sanguane cache son visage derrière des lunettes noires.
08:47Vizir et moi sommes amis depuis plus de 20 ans.
08:50Nous nous sommes connus en 1987,
08:53lors de ma première expédition clandestine dans les monts Naga.
08:57Nous quittons le dernier village Naga, côté indien,
09:00pour une interminable marche vers la ligne de partage des eaux
09:04sur les sommets des monts Naga.
09:06Notre avancée est pénible, la pluie incessante.
09:10C'est à flanc de montagne, à l'abri d'une grotte,
09:13que nous passons la nuit.
09:18Si on se couche comme ça,
09:21on peut dormir à cinq ou six.
09:24Un, deux, trois...
09:37Il faut reprendre l'ascension dès l'aube
09:40pour atteindre la frontière birmane avant le coucher du soleil.
09:44Vizir, c'est déchirer un muscle.
09:47Chaque pas est une souffrance.
10:06En fin de journée, par un froid glacial,
10:09nous parvenons enfin sur la ligne de partage des eaux
10:12à 3500 mètres d'altitude.
10:22Nous passons la nuit dans ce refuge ouvert au vent.
10:25Il y a quelques heures,
10:28la pluie s'accumule,
10:31et le soleil s'arrête.
10:33Nous passons la nuit dans ce refuge ouvert au vent.
10:36Malgré le feu, nous sommes transis de froid.
10:43Sang-Wan, combien d'heures de marche reste-t-il ?
10:47Il faut compter deux heures pour la descente.
10:50Deux heures, d'accord.
10:53Et de la rivière au premier village,
10:56il faudra encore une heure et demie.
11:04Vizir, comment va ta jambe ?
11:07J'ai très mal.
11:09Toujours autant ?
11:11Oui.
11:13Tu crois que ça va aller pour descendre ?
11:16Je vais faire tout mon possible.
11:19Hier, c'était vraiment difficile.
11:22De l'autre côté, la descente est raide vers les hautes vallées birmanes.
11:25Nous pénétrons dans le territoire du peuple des grandes sources,
11:28de Farouchnaga,
11:30des chasseurs de têtes.
11:35Notre interminable progression se poursuit.
11:38Les visages sont tendus.
11:41Le risque de faire une mauvaise rencontre est constant.
11:50D'ici, on peut voir la vallée de la Chindouine.
11:53Mais les nuages cachent la rivière.
11:55C'est le territoire des Khamnoungan ?
11:58Oui, tout ça, c'est le territoire des Khamnoungan.
12:02Alors on est définitivement en Birmanie, maintenant.
12:05Oui.
12:08Le premier village Khamnoungan n'est plus très loin.
12:11Plusieurs jeunes sont venus à notre rencontre.
12:14Ils nous ont préparé un petit repas au bord de l'eau.
12:17Instants de plaisir et de partage,
12:20après des journées de marche et de voyage.
12:23Tu dis qu'on est en Birmanie ?
12:26Oui, on est bien en Birmanie, maintenant.
12:29Comment peux-tu dire que c'est la Birmanie ? C'est le Nagaland.
12:32Ah, d'accord, on est au Nagaland.
12:35Tu penses qu'on est en Birmanie à cause de cette frontière artificielle ?
12:39Mais on est au Nagaland.
12:42Oui.
12:44Nous, on ne reconnaît pas cette frontière.
12:47On ne reconnaît pas cette frontière.
12:49On ne reconnaît pas cette frontière.
13:00Deux heures plus tard, nous parvenons à une porte de bambou.
13:04C'est l'entrée de Thin Noongan, notre premier village naga birman.
13:09Quelques hommes nous attendent.
13:15Je vous souhaite de ne jamais connaître la maladie à la fin.
13:19Donc, vie à vous.
13:23La lance remise à visir symbolise la bienvenue, la protection et la virilité.
13:29Les femmes ne sont pas autorisées à la toucher.
13:33Pour parer à toute attaque, l'homme, lui, ne la quitte jamais.
13:37Elle est aussi utilisée pour la chasse et accompagne toujours les danses nagas.
13:50Qu'est-ce que ça a changé ?
13:53Douze ans déjà.
13:56Toute la communauté nous attend.
13:59Les enfants nous accueillent main levée.
14:07Pas mal de changements, en effet.
14:10Les vêtements traditionnels ont pratiquement disparu.
14:13Et les rites guerriers pour l'accueil des visiteurs ne sont plus pratiqués.
14:20J'appartiens au peuple libre des nagas.
14:24Les britanniques nous appelaient ainsi,
14:27déclarant notre territoire zone non administrée ou zone inexplorée.
14:33Nous n'avons pas été dominés par les britanniques.
14:39Mais quand les britanniques sont partis,
14:42ils ont déclaré que notre territoire était une zone non-administrée.
14:45Mais quand les britanniques sont partis,
14:48ils ont déclaré que notre territoire était une partie de l'Inde et de la Birmanie.
14:56C'est le point de départ de tous nos problèmes et du conflit.
15:02Nous devions défendre notre pays, alors nous avons commencé à nous battre contre eux.
15:08Au début des années 2000, des églises baptistes sont érigées un peu partout.
15:12Les pasteurs nagas n'hésitent pas à traverser illégalement la frontière
15:17pour évangéliser les villages les plus reculés à l'intérieur de la Birmanie.
15:22Les missionnaires baptistes américains sont partout dans le monde.
15:26Mais ici, l'évangélisation de la population a été effectuée par les nagas eux-mêmes.
15:32Ils ont accepté le gospel, la parole de Dieu,
15:36et ils ont eu le désir de transmettre ce message à leurs amis et voisins.
15:40Presque toute l'évangélisation des nagas a été effectuée par notre peuple.
15:44C'est comme ça que le christianisme s'est propagé.
15:47Les cognacs et les émis sont des chefferies.
15:50Quand le chef du village décide quelque chose, tout le village le suit.
15:54Si le chef se convertit, les villageois font de même.
15:57C'est pourquoi dans certains endroits, le christianisme s'est développé très rapidement.
16:10Voilà déjà plusieurs jours que nous avons quitté Kohima.
16:15Les hommes sont épuisés, et notre destination, le village de Tangnokyu, est encore loin.
16:31Allez, courage, encore quelques heures.
16:36C'est vraiment une expédition difficile.
16:39Mais on va y arriver.
16:55T'as ta caméra ?
16:59Des christs tridents annoncent la présence des Kiam Nungan.
17:03Vizir leur répond.
17:09Tu peux ?
17:26Douze ans après, Vizir retrouve enfin la tribu des grandes sources.
17:39C'est parti !
17:57C'est bon ?
18:09C'est bon.
18:16Cette procession solennelle nous transporte dans un autre monde.
18:28La fatigue et les tensions des interminables journées de marche
18:32font place à l'émotion et au bonheur de ces retrouvailles tant attendues.
18:40Paschen est le chef du village.
18:42Il nous reçoit dans une cour.
18:44On nous y offre des bols d'eau chaude et des œufs.
18:48Les chefs discutent de notre séjour, de notre sécurité,
18:51et surtout des moyens d'éviter que l'armée birmane ne soit informée de notre présence.
18:57Le plus proche bataillon birman n'est qu'à trois jours d'ici.
19:02En contrebas du village, il y a l'armée.
19:05Le pasteur détient maintenant l'autorité coutumière qui était l'apanage du chef.
19:10La plupart des objets de culte traditionnels ont été détruits.
19:16Ultime témoignage de ces croyances, le morung.
19:22Cette maison des cérémonies abrite des têtes d'animaux sacrifiées
19:26et les symboles de la cosmogonie animiste héritées des anciens.
19:31Quand les premiers missionnaires sont arrivés,
19:35ils nous ont dit que nos traditions étaient mauvaises.
19:43Maintenant, avec le recul, on pense que notre tradition est la meilleure.
19:49C'est pour ça qu'on est venu ici,
19:51parce qu'on sait qu'il n'y a pas d'armée birmane,
19:54qu'il n'y a pas d'armée birmane.
19:57Maintenant, avec le recul, on pense qu'on n'aurait pas dû réagir comme ça.
20:07La cérémonie de couronnement de visir approche.
20:10La communauté est en effervescence.
20:17Les villageois déplacent le tambour de cérémonie
20:20qu'ils façonnent depuis un an au cœur de la forêt.
20:23Il faut le hisser jusqu'au village.
20:26Tout le monde s'active.
20:29Les enfants participent eux aussi à l'effort collectif.
20:40Visir nous explique que dans les temps anciens,
20:43un rêve divinatoire désignait l'arbre à abattre.
20:47Les nagas croient au pouvoir des songes.
20:49Les rêves sont pour eux prémonitoires.
20:52C'est une forme de spiritualité pour tous.
20:54Animistes et chrétiens.
21:01Le lendemain matin, visir est convié par le chef
21:04à assister au sacrifice du mitoun, donné en son honneur.
21:13Mi-boeuf, mi-yak, le mitoun vit livré à lui-même
21:16dans les montagnes qui dominent le village.
21:19Les nagas ne le capturent que pour les grandes occasions.
21:50Le chef des Kiam Nungan demande solennellement pardon au mitoun.
21:55Il dédie le sacrifice aux esprits protecteurs de la tribu
21:58et à ses hôtes.
22:02Nous te sacrifions !
22:06Nous te sacrifions !
22:10Nous te sacrifions !
22:13Nous te sacrifions !
22:16Nous te sacrifions !
22:19Mitoun, pour une grande occasion.
22:24Aujourd'hui, nous accueillons un nouveau membre
22:28dans notre communauté.
22:33Nous allons tous partager cette nourriture sacrée.
22:39Il offre à l'esprit de l'animal un peu d'alcool de riz
22:42dans une feuille de bananier.
22:45Le mitoun est mis à mort d'un coup de lance en plein cœur.
22:53Plus tard, sa tête sera accrochée sur le fronton
22:56de la maison cérémonielle.
22:58Son esprit pourra ainsi continuer à habiter dans ce crâne
23:02et veiller sur le village.
23:08Malgré la conversion massive au christianisme,
23:11les nagas continuent à croire aux multiples esprits
23:14qui habitent leur imaginaire.
23:18À côté du dieu suprême, qui est une déesse pour les angamis,
23:22dieu protecteur et esprit mauvais coexistent.
23:25Ces derniers les effraient particulièrement
23:28et ils essaient de s'en protéger à l'aide de rites.
23:42Chaque famille se prépare.
23:45Celle du chef de guerre qui nous héberge et nous protège
23:48ne fait pas exception.
23:54Les arts de la parure et du tissage tiennent une part importante
23:58dans la culture naga.
24:03Les carrés rouges et les bordures bleues caractérisent
24:06la culture naga.
24:09Chaque tribu se reconnaît au motif sur ses châles et ses pagnes,
24:13à ses colliers et aux coiffes portées par les hommes.
24:18Mais les parures traditionnelles se font rares.
24:24Notre village est très pauvre.
24:28Il y a de l'eau, de l'eau, de l'eau, de l'eau, de l'eau,
24:32de l'eau, de l'eau, de l'eau, de l'eau.
24:35Notre village est très pauvre.
24:44Toutes nos parures ont été brûlées par les troupes de Muiva et Isaac.
24:57Nous avons perdu les ornements de nos ancêtres.
25:00Tout a été pillé ou brûlé.
25:06Je suis vraiment très heureux de vous accueillir dans ma maison.
25:15L'église baptiste a sa part de responsabilité dans cette destruction.
25:19Dès son arrivée, elle a fait détruire les objets de culte traditionnel,
25:23comme le grand tambour de cérémonie.
25:36À l'intérieur de la chapelle, visirs tentent de convaincre les villageois
25:40que la tradition des pères constitue un ciment identitaire
25:43qu'il ne faut pas détruire.
25:46Et qu'elle n'est pas forcément en opposition avec le message chrétien
25:49apporté par les frères Naga, venus de l'autre côté de la montagne.
25:57Nous avons perdu les objets de culte traditionnel,
26:00comme le grand tambour de cérémonie.
26:05Le grand tambour n'est plus très loin du village.
26:08Sur place, la foule le pousse, le tire,
26:11et le hisse à l'aide d'un réseau complexe de lianes.
26:16Pendant des heures, une marée humaine hisse,
26:19centimètre par centimètre, le géant de la forêt.
26:28La cérémonie du liam khe aura lieu aujourd'hui.
26:36Les femmes de la tribu nous préparent un petit déjeuner consistant,
26:40car la journée va être longue.
26:52Le tambour est maintenant en bordure du village, sur le terre-plein central.
26:58La foule redouble d'énergie et d'enthousiasme.
27:01La foule redouble d'énergie et d'enthousiasme.
27:31le géant de la forêt arrive enfin sur la place des cérémonies,
27:56Le géant de la forêt arrive enfin sur la place des cérémonies,
27:59devant le Morung.
28:04C'est un objet rituel pour les Kiam Nungan.
28:08C'est un symbole culturel très important pour eux.
28:12Autrefois, lorsqu'ils coupaient les têtes de leurs ennemis, ils les plaçaient à l'intérieur du tambour puis le battaient.
28:21Pendant les éclipses lunaires, les Kiam Nungan croient que le tigre a dévoré la lune.
28:25Alors ils frappent le tambour sacré pour la faire renaître.
28:33Malheureusement, les missionnaires ont fait détruire les tambours.
28:42Pour eux, ces objets étaient diaboliques car on y entreposait les têtes des ennemis.
28:46Je les ai convaincus de rapporter le tambour. C'est important pour la préservation de notre culture.
28:51Et il est essentiel pour cette cérémonie du Liam Khe.
29:05Les jeunes sont très intéressés par les photos de la première expédition de vizirs, ici, il y a 12 ans.
29:14La société Naga a longtemps été basée sur un mode de filiation matrilinéaire.
29:22Le patriarcat est arrivé plus récemment, sans doute avec le développement de structures guerrières.
29:31Devant le Morung, la cérémonie débute enfin.
29:37Les guerriers se positionnent sur deux longues planches surélevées tout autour du grand tambour sacré.
29:51Dans la vallée, le rythme sourd du tambour convoque les esprits.
29:57Il annonce le couronnement de Vizir Sanyu et l'alliance entre le peuple des Grandes Sources
30:03et celui des Angamis Naga, la tribu de vizirs.
30:10Les guerriers se posent sur deux longues planches sur le grand tambour sacré.
30:14Dans la vallée, les guerriers se posent sur deux longues planches sur le grand tambour sacré.
30:20Il annonce le couronnement de Vizir Sanyu et l'alliance entre le peuple des Grandes Sources
30:26et celui des Angamis Naga, la tribu de vizirs.
30:45Plusieurs jeunes filles apportent des présents.
30:48Toutes ont le visage peint des symboles rituels du peuple des Grandes Sources.
31:03Chefs de guerre et chefs coutumiers rencontrent le peuple des Grandes Sources.
31:08Les guerriers se posent sur deux longues planches sur le grand tambour sacré.
31:14Ils rendent hommage à leurs hôtes, à Vizir et à Sanguan.
31:20Sous le regard figé du Mitun, Vizir est doté du châle traditionnel des Kiam Nungan et du coupe-tête.
31:38Puis pachène le couronne de la coiffe rituelle des chefs des Kiam Nungan.
31:45Votre village est béni.
31:50Je souhaite que vous ne connaissiez plus la maladie, la misère et la famine.
32:00Vous m'avez fait aujourd'hui un grand honneur.
32:07Vous m'avez adopté dans la famille des chefs de votre village.
32:11Conformément à notre tradition naga, je devais apporter un mitun et une poche de sel.
32:18La voici.
32:23L'événement le plus important de la cérémonie, c'est le retour du grand tambour au centre du village.
32:28Il est le cœur et l'âme de notre culture.
32:31Que les esprits des ancêtres de notre peuple reviennent sur notre terre.
32:47Je me vois maintenant avec la famille de Vizir.
32:52Je suis le chef de la famille de Vizir.
32:56Je suis le chef de la famille de Vizir.
32:59Je me vois remettre le châle et le coupe-tête.
33:08Merci.
33:12Puis c'est au tour de Ken.
33:15Et enfin de Sanguane.
33:23Toute l'assemblée se met alors à prier à voix haute.
33:28Je vous prie.
33:30Je vous prie.
33:32Je vous prie.
33:34Je vous prie.
33:35Je vous prie.
33:36Je vous prie.
33:37Je vous prie.
33:39Je vous prie.
33:41Je vous prie.
33:42Je vous prie.
33:44Je vous prie.
33:46Les nogpao, les chefs traditionnels et les prêtres, en appellent aux esprits des deux clans pour qu'ils s'unissent,
33:52assurent l'harmonie, la paix et la prospérité des deux tribus.
33:57Et surtout qu'ils les préservent de la guerre, de la famine et de la maladie.
34:03Le pasteur se joint à eux pour une prière intense.
34:22La tribu se retrouve autour du grand banquet.
34:26Les villageois et leurs invités dégustent la viande du mitoun et tous les mets préparés par les familles.
34:35Pour ces nagas très pauvres, c'est un véritable festin.
34:39Ici, on ne se nourrit la plupart du temps que de riz pimenté et d'un peu de sel.
34:45Une dizaine de jeunes vierges tiennent une calbasse de thé chaud.
34:49Elle se place en ligne pour un cérémonial symbolisant la force du lien social.
34:57Celui-ci est représenté par le chemin continu suivi par le thé,
35:01qui de calbasse en calbasse, de jeune fille en jeune fille,
35:04passe de la montagne à la montagne,
35:06de la montagne à la montagne,
35:08de la montagne à la montagne,
35:10de la montagne à la montagne,
35:12de la montagne à la montagne,
35:14de la montagne à la montagne,
35:24Vizir mime l'ivresse qui était toujours de mise dans le passé.
35:29L'eau de vie est désormais interdite par l'Église-Baptiste.
35:42Les guerriers se positionnent autour de vizirs.
35:46Ils entament une série de danses devant la maison cérémonielle et le grand tambour sacré.
36:04L'Yamke signifie le pacte de paix.
36:07A cette occasion, les chefs s'engagent à maintenir une paix durable entre leur peuple.
36:12Ils promettent aussi de se protéger mutuellement.
36:23Il y a douze ans, il y avait seulement quelques chrétiens ici.
36:27Les chefs étaient encore très puissants, il y avait beaucoup de tradition.
36:31Depuis quelques années, beaucoup des anciennes traditions ont été abandonnées.
36:36L'habitat n'est plus le même, ils ont bâti une grande église.
36:40Beaucoup de choses ont changé, mais ce qui me rend heureux aujourd'hui,
36:44c'est le retour du grand tambour sacré sur la place des cérémonies.
36:50Désormais, il est ici pour toujours.
36:54Les chefs sont toujours là pour nous.
36:57Entre deux danses, les guerriers exhibent fièrement leurs tatouages.
37:01Seuls les chasseurs de tête ont l'honneur d'arborer ces tatouages rituels.
37:06La complexité du dessin dépend de la qualité du chasseur.
37:10Cet ancien a plusieurs têtes à son actif.
37:14Dans ces régions reculées de Birmanie, la chasse aux têtes était encore pratiquée à la fin des années 1980
37:21et les raids guerriers étaient faibles.
37:25Jusque tard dans la nuit, les danses se poursuivent.
37:30Même la pluie ne parvient pas à les arrêter.
37:40Les guerriers sont toujours là pour nous.
37:44Les guerriers sont toujours là pour nous.
37:49Les guerriers sont toujours là pour nous.
37:54Les guerriers sont toujours là pour nous.
38:04Notre incursion clandestine en Birmanie, aujourd'hui appelée Myanmar, touche à sa fin.
38:11A tout instant, l'armée birmane peut avoir vent de notre présence.
38:16Chaque nouveau jour passé dans le village accroît ce risque.
38:20Il faut partir.
38:25Le gouvernement du Myanmar nous néglige totalement.
38:31La Birmanie ne nous permet aucun développement.
38:35Ils nous utilisent uniquement comme leurs porteurs.
38:41Lorsqu'ils sont emmenés comme porteurs, nos frères et nos sœurs meurent sur les routes.
38:49Les villageois redoutent les soldats du Myanmar.
38:52Ils volent tout ce qui leur tombe sous la main.
38:56Ils emmènent les jeunes nagas qu'ils utilisent comme porteurs.
39:00Les soldats n'hésitent pas à les battre ou les tuer, au moindre signe de faiblesse.
39:04Ils s'emparent souvent des jeunes filles.
39:07En partant, ils brûlent les greniers à grains, laissant les villageois désemparés, meurtris.
39:22Comme le veut la tradition, plusieurs Kiam Nungan nous accompagnent sur la piste jusqu'à la porte du village.
39:30Nous changeons d'itinéraire pour éviter de tomber sur l'armée birmane ou une faction ennemie du NNC de San Guan.
39:39Un dernier regard vers nos amis Kiam Nungan et la montagne engloutit à nouveau nos pas.
39:53Arrivés au sommet des monts Patkai, là où une frontière sépare le pays naga en deux,
39:58Vizir se tourne une dernière fois vers le territoire du peuple des grandes sources.
40:53Accroché à la montagne, Kohima, la capitale de l'état indien du Nagaland,
40:59est un gros village malade d'avoir trop vite grandi.
41:05La situation est difficile à cause des conflits fratricides entre une partie de la population et l'autre.
41:12Il y a des conflits d'intérêts, des conflits d'intérêts, des conflits d'intérêts,
41:17La situation est difficile à cause des conflits fratricides entre les différentes factions naga.
41:25Nous ne pourrons rien faire tant que nous ne parviendrons pas à trouver la paix.
41:31Un conducteur de taxi nous a raconté qu'il est obligé de demander toujours plus cher à ses clients car il est raquetté par trois factions différentes.
41:40Si on continue comme ça, on n'a aucun futur.
41:44Kohima est la ville de toutes les tensions.
41:47Des rebelles anonymes y côtoient des militaires et des membres des services secrets indiens.
41:53La nuit, le calme relatif des rues est souvent brisé par quelques coups de feu sur un officiel ou sur un supposé responsable d'un supposé mouvement rebelle.
42:06La société naga se bat pour sa souveraineté depuis plus de cinq décennies.
42:11Beaucoup de vies ont été perdues.
42:14Beaucoup de nos biens ont été détruits.
42:20Dieu merci, il y a actuellement un cessez-le-feu entre le gouvernement indien et les groupes de résistance naga.
42:31Avec cette trêve, le pays est plus paisible.
42:33Sans la paix, nous ne pourrons pas développer le Nagaland.
42:37Personne ne veut investir ici et les touristes ont peur de venir.
42:44Nous, les nagas, possédons une riche culture.
42:48Nous sommes uniques et le monde entier souhaiterait nous découvrir.
42:55Mais c'est une zone interdite et dangereuse.
42:58Les étrangers ne sont pas autorisés à venir ici et même ceux qui le sont hésitent à le faire.
43:06L'agriculture est à ce jour la seule activité économique du Nagaland.
43:10L'industrie est inexistante.
43:15Les commerces et les services sont pratiquement tous tenus par des indiens.
43:20Les jeunes tentent d'oublier leur désespoir dans les rares distractions qu'offre le pays.
43:25Comme ici, une compétition nationale de lutte naga.
43:31La lutte est pratiquée avec ferveur dans la plupart des tribus.
43:35C'est à juste titre qu'elle a été érigée au rang de sport national.
43:39Mais ces festivités cachent péniblement les désillusions d'une jeunesse
43:43tiraillée entre les tensions politiques et l'espoir d'un changement.
43:49L'Association des maires du Nagaland est influente.
43:53Elle a mis en place un centre d'accueil pour les malades du sida.
43:57Nous avons ouvert ce centre en 2009.
44:00Le centre a été créé par l'Association des maires du Nagaland.
44:04Il s'agit d'un centre d'accueil pour les malades du sida.
44:07Nous avons ouvert ce centre en 2001 pour les séropositifs.
44:12C'est un projet de l'Association des maires du Nagaland.
44:19L'épidémie de sida prend ici des proportions de plus en plus inquiétantes.
44:23La médecine traditionnelle joue un rôle important car le Nagaland reste à l'écart
44:28des programmes internationaux de prévention et de soins des malades.
44:34La situation ici est préoccupante.
44:38La plupart des infections sont dues aux injections intraveineuses de produits stupéfiants.
44:44La drogue est un problème très sérieux ici.
44:51Nous sommes tout près du triangle d'or qui est toujours l'une des plus grandes zones
44:55de production d'héroïne de la planète.
44:59La consommation de drogue chez nos jeunes ne cesse d'augmenter.
45:07De nombreux facteurs sont responsables de cet accroissement.
45:12D'abord, il y a les conflits.
45:15Le conflit politique.
45:19Les conflits internes.
45:22Ce conflit interminable entre l'Inde et les Nagas.
45:28Et puis, il y a de gros problèmes économiques ici.
45:32Il n'y a pas de travail.
45:34Pas d'industrie.
45:35Et une très forte militarisation.
45:38Tout est militarisé.
45:44Quelques rares initiatives, souvent individuelles,
45:47tentent d'apporter des solutions aux problèmes du chômage.
45:50Netsute Duulo a mis en place un système de micro-crédit.
45:54Il permet de démarrer une petite activité sans apport de départ.
45:58De nombreuses femmes, surtout des veuves, en bénéficient aujourd'hui.
46:05Nous avons mis en place ce système pour aider les jeunes à se lancer.
46:11C'est indispensable.
46:18Au Nagaland, 90 à 95% des entreprises sont dirigées, contrôlées et appartiennent à des non-Nagas.
46:30C'est un point essentiel pour la survie de notre peuple.
46:36Tout ça entraîne des conflits sociaux, comme dans d'autres régions du nord-est de l'Inde.
46:49Cette boutique a été ouverte il y a trois ans.
46:54Les premiers jours, ils n'ont pas réussi à vendre le moindre article.
46:59Aujourd'hui, ils sont assez satisfaits de leur vente.
47:01Ils paient un petit loyer pour la boutique, mais ils leur restent assez d'argent pour vivre.
47:08Netsute nous emmène dans son village, Tetsumi.
47:11Il est situé au cœur du pays Chakesang, une tribu réputée dans tout le Nagaland pour ses chants et ses danses.
47:20Cette tête représente celle de nos ennemis que nos guerriers ont coupés pendant les guerres.
47:24Chaque paire correspond à une tête humaine.
47:27L'une symbolise son corps, l'autre son esprit.
47:30Chants
47:45J'ai connu beaucoup de veuves ici.
47:48Elles ont perdu leur mari et parfois leurs enfants.
47:53L'armée indienne les a tuées et beaucoup sont aujourd'hui mutinées.
47:56Nous voulons voir nos enfants devenir des leaders et préparer le chemin pour les autres.
48:01Au lieu de ça, nous les voyons se faire tuer sous nos yeux.
48:05Nous les femmes souffrons beaucoup de cet interminable conflit.
48:09Nous n'attendons qu'une chose, le jour où il sera résolu.
48:13Chants
48:26Chants
48:44Sous l'impulsion de Nechute, une association de sauvegarde et de promotion du patrimoine culturel des Chakesang a vu le jour à Tetsumi.
48:52Formée par les anciens du village, une quarantaine de jeunes apprennent les chants et les danses qui ont fait la réputation de leur peuple.
48:59Chants
49:17Vizir rejoint sa famille de Konoma une dernière fois avant de regagner l'Australie, son pays d'exil.
49:24Chants
49:55Chants
50:11Chants
50:25Chants
50:38Chants
50:54Chants