Ce procès en collusion avec l’extrême-droite, qui ne fait que commencer, découle d’un fait politique majeur : l’intégration durable dans le jeu parlementaire, du parti de Marine Le Pen, jusqu’ici mis au ban. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique/l-edito-politique-du-lundi-09-septembre-2024-7802835
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00:00Et c'est l'édito politique Patrick Cohen, question Patrick, Michel Barnier est-il un
00:04Premier Ministre à la merci du Rassemblement National ?
00:08Ce procès en collusion avec l'extrême droite qui ne fait que commencer découle d'un
00:12fait politique majeur, l'intégration durable dans le jeu parlementaire du parti de Marine
00:17Le Pen, jusqu'ici mise au banc.
00:18On se souvient du choc politique du vote par le RN de la loi Immigration en décembre dernier
00:23et des contorsions du gouvernement Borne pour expliquer que le texte avait été adopté
00:27sans les voix de l'extrême droite.
00:28En réalité, il n'aurait pas survécu à un vote contre.
00:31En juillet, dans la foulée du Front Républicain, le RN était encore traité en pestiféré,
00:36écarté de tous les postes clés de l'Assemblée Nationale.
00:38Et bien c'est fini, le paria est devenu faiseur de roi.
00:42L'abstention bienveillante promise par le Rassemblement National pour les premiers
00:46pas du gouvernement Barnier fait entrer ce parti dans l'équation du pouvoir.
00:50C'est nouveau, c'est le produit des succès électoraux du RN, premier parti de France
00:55à la tête du premier groupe parlementaire.
00:57Mais c'est une rupture, une de plus.
00:58Le futur gouvernement sera donc sous influence.
01:01La gauche constate à raison que le président a choisi le Premier ministre le plus RN compatible,
01:06le seul parmi les pressentis à ne pas être récusé d'emblée par Marine Le Pen.
01:11Et le RN a alterné ce week-end à l'égard de Michel Barnier.
01:14Mot aimable et mise en garde, un délai de grâce, mais pas de blanc-seing, nous jugerons
01:19aux actes.
01:20Barnier sous surveillance, ont répété les dirigeants lepénistes, ce n'est pas une
01:24menace, a dit encore Marine Le Pen, c'est un fait arithmétique.
01:27Mais si on parle d'arithmétique, la candidate du RN a une drôle de façon de compter.
01:31C'est-à-dire ? Y'a que 126 députés RN, 142 avec les alliés
01:36siotistes.
01:37Pour faire tomber le gouvernement, il faut que le RN donne ses voix à une censure portée
01:42par la gauche, ou que la gauche, du nouveau Front populaire, vote une censure du RN avec
01:47le RN.
01:48Marine Le Pen parle comme si elle était la seule opposante, comme si la gauche n'existait
01:51pas.
01:52Or le RN ne peut rien tout seul, si Michel Barnier est à la merci de l'extrême droite,
01:56il l'est tout autant de la gauche, c'est seulement une alliance des deux qui peut
02:01le renvoyer à sa voix natale.
02:03Mais la gauche, Patrick, est décidée à camper dans l'opposition.
02:06Et à y camper désormais toute seule.
02:07La nouvelle posture du RN place le NFP en position de seul opposant irréductible.
02:13C'est simple et profitable, mais avec une alternative.
02:17Si on considère comme sincère l'offre d'ouverture de Michel Barnier, si une partie de la gauche
02:21décide de la saisir, soit pour participer à son gouvernement, ce qui semble improbable,
02:26soit pour négocier certaines mesures, en passant de l'affrontement au compromis,
02:31en utilisant les mêmes armes que le RN, en considérant que le chantage à la censure
02:35est plus efficace que la censure systématique, alors il n'y aurait pas de fatalité à
02:41l'emprise du RN.
02:42Et conclusion ? Le RN a bien été décisif pour la nomination de Barnier, il est plus
02:46fort et influent que jamais, mais comme il l'aurait été avec tout autre gouvernement,
02:51et il revient à l'exécutif et aux autres forces politiques de trouver des combinaisons,
02:55il est possible pour le contourner.