Le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh invité de "L'Interview à la Une"

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Hugues Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes est l’invité de L’Interview à la une, l’émission vidéo hebdomadaire de Nice-Matin qui fait sa rentrée ce vendredi 6 septembre 2024.

Délinquance routière, lutte contre le trafic de drogue, immigration... Le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh a répondu aux questions du directeur des rédactions du groupe Nice-Matin Denis Carreaux et du chef de l'agence de Nice-Métropole Frédéric Maurice.

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00:00Bonjour à tous, bienvenue pour ce numéro de rentrée de l'Interview à la Une, l'émission
00:16de la rédaction de Nice Matin, une émission que j'ai le plaisir de présenter avec Frédéric
00:20Maurice, c'est le chef de l'édition de Nice de Nice Matin.
00:23Bonjour Frédéric.
00:24Bonjour Denis.
00:25Notre invité pour cette émission de rentrée, le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutou.
00:29Bonjour.
00:30Bonjour Hugues Moutou.
00:31Bonjour.
00:32On va commencer par une question d'actualité brûlante, Michel Barnier a été nommé hier
00:37soir Premier Ministre, est-ce que vous avez déjà eu l'occasion de travailler avec Michel
00:42Barnier ?
00:43J'ai eu l'occasion de croiser le nouveau Premier Ministre dans certaines de ses précédentes
00:49fonctions absolument, et comme tous les fonctionnaires, naturellement on se réjouit de l'arrivée
00:58du Premier Ministre avec un gouvernement qui doit être formé.
01:01Il y a l'administration et puis le gouvernement, donc le pays était fort heureusement administré
01:09avec un gouvernement démissionnaire qui, selon la formule consacrée, expédiait les
01:13affaires courantes, mais à un moment donné, le fait qu'il y ait un gouvernement, c'est
01:18bien pour la France et les Français.
01:20Frédéric.
01:21L'actualité est aussi locale, la semaine dernière, deux tragédies ont frappé les
01:25Alpes-Maritimes.
01:26Un gendarme, l'adjudant-chef Éric Comines, a été tué lors d'un refus d'obtempérer
01:29le 26 août à Mougins, trois jours plus tard, Camilia, une fillette de 7 ans, a été mortellement
01:35fauchée par un motard qui a fait tuer une roue arrière à Valoris.
01:39Les circonstances de ces deux drames sont très différentes bien sûr, mais ceux-ci
01:42traduisent-ils une hausse significative des violences routières dans notre département ?
01:47De façon générale, au niveau national, on a effectivement une multiplication de ce
01:57que vous appelez la violence routière, ça peut être de la délinquance ou de la criminalité
02:01routière aussi, c'est-à-dire la multiplication de comportements qui ne sont pas simplement
02:06de l'incivisme, puisqu'il peut y avoir mort d'hommes, de femmes, d'enfants à
02:12la clé, de comportements irresponsables et donc parfois criminels.
02:18On se sent totalement désarmé et les Français sont très émus, pourquoi ? Parce qu'à
02:25la différence de règlement de compte, n'importe qui peut demain être victime de ce genre
02:33d'accident.
02:34Je pense à la petite Camilia qui traverse la rue sur le passage piéton et qui se fait
02:39emporter par un chauffard de roue qui fait une roue arrière.
02:42L'enquête est en cours et déterminera naturellement la responsabilité précise
02:48et le contexte de l'accident, mais moi je suis père d'un enfant qui a 14 ans et je
02:56me dis effectivement, tout en respectant le bon comportement, la bonne attitude en traversant
03:02dans les clous, on peut se faire emporter par un chauffard, donc on est révolté, on
03:09est triste, on est révolté et on se retrousse les mains quand on est préfet pour se dire
03:16plus de contrôles, plus de prévention, plus de sanctions aussi.
03:20Mais la prévention c'est important et je crois qu'on a un combat à mener dans ce
03:24département comme dans d'autres départements contre l'insécurité routière parce qu'on
03:30a depuis le début de l'année trop de morts, plus de morts que l'an dernier à l'arrière
03:36Depuis le début de l'année, le bilan de la sécurité routière c'est 42 morts, on
03:42a moins d'accidents mais plus graves, à la même période l'an dernier en 2023 on
03:48était à 36 morts.
03:50Et la moitié de ces 42 morts ce sont des conducteurs de deux roues, donc c'est un
03:58peu la particularité de notre département des Alpes-Maritimes, c'est dû au climat
04:04qui permet de faire de la moto, du scooter toute l'année, toutes les tranches d'âge
04:11sont concernées, 25-70 ans on va dire, et c'est terrible donc on essaye de mener des
04:18actions de prévention en direction des associations, des clubs de motards, il faut impérativement
04:24que les gens comprennent que c'est dangereux, ils sont dangereux pour eux-mêmes et dangereux
04:28en plus pour les autres.
04:29Les mesures auxquelles vous songiez, il y en a des pratiques que vous comptez mettre
04:32en oeuvre, je pense peut-être à de nouveaux radars, à des contrôles ?
04:35Alors on a beaucoup de radars dans le département, on a beaucoup de ralentisseurs mais je crois
04:41que malheureusement puisque c'est la peur du gendarme la plupart du temps qui est un
04:46facteur de sagesse, eh bien on va multiplier les contrôles, on en fait beaucoup, on en
04:51fait sur la promenade des Anglais où moi en tant qu'automobiliste ou même piéton
04:56je constate quand même trop souvent des gens qui roulent extrêmement vite alors qu'il
05:01y a beaucoup de feux rouges, qu'il y a des contrôles, il faut multiplier les contrôles.
05:04Ce que vous dites aux habitants des Alpes-Maritimes c'est d'une certaine manière on sera intraitable
05:08sur les comportements ?
05:09Oui, on a eu l'occasion de le dire dans une campagne de communication, mon directeur
05:13de cabinet est passé sur toutes les antennes au début de l'été parce qu'on savait
05:18que l'été allait être propice à ce genre d'accident de la route, on était loin d'imaginer
05:24qu'on aurait autant de situations dramatiques à gérer mais on va contrôler et on va pénaliser
05:33et on va sanctionner.
05:34On a le sentiment parfois concrètement qu'il y a moins d'alcootests pratiqués dans les
05:38Alpes-Maritimes que dans le nord de la France, pour circuler, moi j'ai rarement été contrôlé,
05:44j'ai rarement soufflé dans un ballon dans les Alpes-Maritimes et beaucoup plus quand
05:47je me balade dans le nord de la France, est-ce que c'est...
05:50Non, il y a beaucoup de suspension, il y a beaucoup d'alcoolisme au volant, il y a une
05:55forte addictologie, vous savez cette addiction à l'alcool aux stupéfiants, elle a des incidences
06:02dramatiques dans nos vies, là on parle de sécurité routière, trop de personnes, de
06:07jeunes notamment, conduisent sous l'emprise d'états alcooliques ou après avoir consommé
06:10des stupéfiants avec du protoxyde d'azote qui les rend absolument inconscients, irresponsables
06:16sur la route, mais la dictologie conduit également des comportements violents vis-à-vis
06:21des autres, si on parle des violences intrafamiliales, qui est un thème, vous savez, une des grandes
06:26priorités du gouvernement, elles sont en baisse en ce moment dans le département,
06:30il faut s'en réjouir, mais la plupart des auteurs de violences intrafamiliales, de violences
06:36conjugales, commettent leurs violences en étant alcoolisés.
06:42Pour revenir sur le drame de Mougin, un hommage national à l'adjudant Comine a eu lieu lundi
06:47à Nice.
06:48L'adjudant chef.
06:49L'adjudant chef Comine, quelques jours plus tôt à Mandelieu, sa veuve avait eu des mots
06:53très durs, on l'écoute.
06:55Je l'affirme haut et fort, la France a tué mon mari, la France a tué mon mari, le père
07:04de mes enfants, la France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès
07:12de tolérance.
07:13Monsieur le préfet, comment vous réagissez à ces mots ?
07:17Déjà, la veuve de l'adjudant chef Comine que j'ai rencontrée, c'est une femme d'un
07:25grand courage, d'une grande dignité, qui traverse une épreuve que nul ne souhaiterait
07:33traverser.
07:34On a eu l'occasion de discuter avec elle, avec le ministre, lors de l'hommage national,
07:41et on est forcément saisi par sa douleur, par ses mots, et qui expriment de la colère.
07:50Et c'est bien normal, on serait à sa place, on ferait de même.
07:56Elle pointe du doigt le passé de récidiviste du mis en cause, présumé, pas jugé pour
08:08le moment.
08:09J'en profite pour dire qu'il était important pour elle, c'était l'une de ses premières
08:17interrogations lorsqu'on lui a annoncé le décès de son mari, savoir si l'auteur
08:23avait été interpellé.
08:24Il était important pour elle aussi qu'on mette la main sur cet auteur, ce qui a été
08:30fait en une nuit.
08:31Moi je salue le travail, la mobilisation des forces de gendarmerie, de la brigade de recherche
08:38de Cannes, qui s'est mis en ordre de marche pour trouver très rapidement l'auteur qui
08:44est en fuite, l'auteur de ce refus d'obtempérer, de cette percussion.
08:51Donc on comprend, on partage sa douleur et on comprend sa colère.
08:56Un policier a à nouveau été blessé hier à Cannes, alors les événements ne sont
09:02pas comparables, mais est-ce qu'il faut envisager des sanctions plus fortes en cas
09:09de refus d'obtempérer et de refus d'obtempérer aggravés notamment ?
09:13Alors le ministre l'a dit, il a refusé d'utiliser ce terme juridique de refus d'obtempérer.
09:20Il a parlé de crime.
09:21Il a parlé de crime.
09:22Ca fait longtemps que le législateur s'est penché et a aggravé d'ailleurs les sanctions.
09:33Le plus important, ça traduit une défiance de certains individus vis-à-vis de nos forces
09:41de l'ordre.
09:42Et vous savez, c'est pour ça que j'ai toujours été extrêmement dur vis-à-vis
09:45des discours publics et politiques qui mettent en cause le travail, l'éthique, le professionnalisme
09:53des forces de l'ordre.
09:54Quand on entend dans certaines manifestations ultra tout le monde déteste la police, non
09:58ce n'est pas vrai.
09:59Tout le monde ne déteste pas la police, mais à force de répéter ce genre de propos,
10:05on diffuse de façon insidieuse dans la population une défiance vis-à-vis de l'autorité
10:11qui peut conduire des personnes à refuser de s'arrêter alors même que vous avez un
10:18barrage.
10:19Vous-même, lorsque vous êtes confronté à un barrage de police et de gendarmerie,
10:23eh bien vous vous arrêtez.
10:25C'est normal.
10:26C'est la loi.
10:27Quel que soit l'être humain qui est devant soi déjà.
10:28Quel que soit l'être humain qui est devant soi, on prend soin, il n'y a pas assez de
10:32bienveillance vis-à-vis de l'autre et de respect de l'autorité.
10:35Et quand vous cumulez les deux, on a un drame épouvantable.
10:40J'ai vu la veuve de l'Adjun en chef, j'ai été voir naturellement ses camarades du
10:46peloton.
10:47Tout le monde était branlé parce qu'en plus c'était un pilier du peloton motorisé.
10:53Il était là depuis très longtemps, il formait des jeunes et d'ailleurs lors de ce contrôle,
11:01il y avait beaucoup de très jeunes qui lui ont apporté les premiers soins, des massages
11:06à répétition.
11:07Donc voilà, on a tous été très marqués et je le dis, je l'ai dit au ministre de
11:16l'Intérieur, on a échangé et partagé nos expériences en la matière, on a beau avoir
11:22de l'expérience, c'est-à-dire faire des cérémonies, à chaque fois c'est la même
11:28émotion qui nous saisit et c'est très difficile.
11:32Ces faits-là relancent le débat sur l'instauration d'un homicide routier.
11:36On sait que c'est une cause que porte un député des Alpes-Maritimes, Eric Poget,
11:39de la 7e circonscription et qui n'a pas pu aboutir en raison de la dissolution.
11:43Est-ce que vous êtes favorable, vous ?
11:44Alors moi, je n'ai pas à être favorable à une proposition de loi portée par tel
11:50ou tel député, je ne suis qu'un modeste préfet, je suis là pour exécuter du mieux
11:56possible les lois de la République dans le département.
11:58Mais tout ce qui peut permettre de sauver des vies, j'y suis favorable, naturellement.
12:06Les fusillades se répètent à Nice Est comme au Moulin, souvent en réaction à des opérations
12:13de police contre les trafiquants de drogue.
12:16Est-ce que c'est inévitable ?
12:17Depuis le début de l'année, on est à 526 trafiquants mis en cause de drogue.
12:32On est à plus 25% par rapport à l'an dernier.
12:36On met de plus en plus en cause.
12:38Parce que la police travaille, non pas de mieux en mieux, mais de façon de plus en
12:44plus efficace.
12:45On a aujourd'hui une très bonne connaissance des trafics, c'est un travail, je l'ai toujours
12:50dit, de longue haleine.
12:51Il faut beaucoup d'humilité, pas de baguette magique.
12:54Quand on vous promet d'un claquement de doigt la fin des trafics, on est un bonimenteur.
13:01Malheureusement, ce n'est pas facile.
13:03Et on a, croyez-moi, des services spécialisés sur le territoire qui, jour et nuit, oeuvrent.
13:09Le fait est que, puisque maintenant on parle plus facilement de faits de société que de
13:15faits divers, on est face à un véritable phénomène de société.
13:19Petit à petit, on assiste à un trafic qui prend de plus en plus d'ampleur, qui gagne
13:26de plus en plus d'argent, se pose la question de la consommation.
13:30Et on fait face à une ultra-violence aujourd'hui.
13:35J'en veux pour preuve une des nombreuses opérations de police judiciaire qui ont été
13:42menées dans le département à Nice, dans le quartier d'Elyseron, fin juin, treize
13:48interpellations, douze armes saisies, 42 kilos de drogue, douze armes saisies, dont un bon
13:57nombre d'armes longues, de type automatique, Kalachnikov, etc.
14:01Aujourd'hui, il n'y a plus une saisie de drogue qui ne s'accompagne d'une saisie
14:05d'armes de guerre, de guerre.
14:08Avant, très franchement, j'ai un peu d'expérience, c'était rare.
14:12Et le type de calibre trouvé n'était pas des calibres de professionnels.
14:19Aujourd'hui, on a vraiment des armes de guerre qui circulent.
14:21Et le travail de la police est devenu de plus en plus difficile, parce que nous avons des
14:28groupes de plus en plus professionnalisés en face.
14:30Et l'argent permet cette professionnalisation.
14:33Donc, on interpelle, on défère, on fait condamner.
14:38Et effectivement, la nature a horreur du vide, on le voit partout en France, sur le territoire,
14:44dès qu'on tape une équipe, eh bien, il y a d'autres équipes qui essayent de prendre
14:49parce que c'est un business qui rapporte de l'argent.
14:52Mais je l'ai toujours dit et je le répète, quand vous voyez le bilan humain en France
14:57du nombre d'homicides liés directement ou indirectement au narcotrafic, il est très
15:02important.
15:03Il y a une commission d'enquête du Sénat qui l'a révélé.
15:05Il n'y a pas d'avenir, il n'y a pas de trafiquants heureux que dans les séries télévisées.
15:11Moi, je le dis, quand on est jeune, qu'on a 15 ans, qu'on chouffe, qu'on est charbonneur,
15:18ça se termine mal.
15:19Ça se termine en prison ou entre quatre planches.
15:22Il n'empêche, on voit très bien qu'on n'arrive pas à empêcher les réinstallations de points
15:27de deal.
15:28Quand l'un est démantelé, quelques jours, voire quelques heures plus tard, quelqu'un
15:34des trafiquants se le réapproprie.
15:36Est-ce qu'on peut arriver à mettre fin à cette situation ?
15:40Le fait est qu'il n'y a pas un policier derrière chaque habitant et un commissariat au pied
15:52de chaque barre d'immeuble.
15:53Donc, bien sûr qu'on a toujours un temps de retard, le gendarme a toujours un temps
15:57de retard sur le voleur.
15:58C'est sa liberté individuelle.
16:01L'homme devient voleur, l'homme devient meurtrier et il a affaire à une réponse
16:06policière et judiciaire.
16:09On est en permanence derrière le voleur, derrière le meurtrier.
16:14Je note simplement qu'on interpelle beaucoup plus, que dans tous les cas de figures évoquées,
16:22on retrouve toujours le tireur la plupart du temps, encore plus l'auteur d'homicide.
16:28Il finit toujours à être interpellé, arrêté et condamné.
16:32Donc, très franchement, je dis beaucoup d'humilité, mais on a des policiers très professionnels,
16:39on a un travail main dans la main avec l'autorité judiciaire, c'est indispensable.
16:42Et moi, je fais partie de ceux qui ne dresseront jamais la police ou la gendarmerie contre
16:50la justice.
16:51On a besoin des magistrats, les magistrats ont besoin des forces de l'ordre.
16:53Est-ce que c'est réaliste de faire croire, pardon, est-ce que c'est réaliste de penser
16:57que les pouvoirs publics peuvent anéantir un trafic qui génère autant de profit ? Parce
17:02que les profits sont tels que tous les matins, il y a des gamins qui sont prêts à venir
17:05se faire trouver la police et ailleurs en France.
17:08Je crois que le montant aux Etats-Unis de l'argent dépensé dans le cadre de la guerre
17:15contre la drogue, il est de deux mille et quelques milliards de dollars.
17:19Est-ce qu'il y a de la drogue encore aujourd'hui aux Etats-Unis ? Oui.
17:23Ça ne veut pas dire qu'il faut baisser les bras, ça veut dire aussi, et il faut l'accepter,
17:29que le mal fait partie de notre société et que depuis la nuit des temps et sans doute
17:37jusqu'à la fin de l'humanité, on aura des trafiquants, on aura des meurtriers.
17:43C'est dans la nature humaine, je crois.
17:46Et là vous ne parlez que des trafiquants, ceux qui sont au bout de la chaîne, mais
17:49un marché pour qu'il existe...
17:50Il faut des consommateurs.
17:51Il faut des consommateurs.
17:52Qu'est-ce qu'on fait pour essayer aussi de réduire le nombre de consommateurs ? Il
17:57paraît qu'il n'a jamais été aussi simple en France, à Nice, de se procurer de la drogue.
18:01Je ne sais pas si c'est ce que vous constatez d'ailleurs.
18:04De façon générale, la France est un pays très consommateur, vous le savez, la résine
18:09de cannabis par exemple.
18:11Nos concitoyens consomment beaucoup.
18:14Alors qu'est-ce qu'on fait ? On fait la guerre aux consommateurs.
18:17On a depuis quelques années développé un plan autour de l'amende forfaitaire délictuelle.
18:22Forfaitaire de 100 euros, ça peut être plus, en fonction des situations, si vous payez
18:28tout de suite ou pas.
18:30On en a donné de CPV 2350 cette année.
18:37C'est beaucoup plus que l'an dernier.
18:39Donc on tape les consommateurs aux porte-monnaies.
18:41C'est compliqué, on est dans un état de droit également, donc on ne peut pas faire
18:48ce que l'on veut, et fort heureusement.
18:50Mais le fait qu'on en délivre autant de ces AFD prouve qu'on s'en prend aux consommateurs.
18:58Est-ce qu'il faut s'en prendre encore davantage ? Je pense que oui.
19:00C'est un marché en fait, si vous voulez, c'est un marché économique finalement illégal
19:06mais comme un autre.
19:07Donc demandes et offres.
19:09Donc il faut à la fois s'adresser à la demande et s'adresser à l'offre.
19:13Et je pense qu'il faut se montrer sans doute encore plus répressif vis-à-vis du consommateur
19:19et peut-être que dans le cadre des législations à venir, les parlementaires réfléchiront
19:27pour durcir un peu plus les peines.
19:31Un nouveau palier dans l'horreur a été franchi le 18 juillet avec la mort de 7 innocents
19:36dans l'effroyable incendie des Moulins dans ce qui ressemble à un règlement de compte
19:40entre dealers.
19:41Qu'est-ce qui a été mis en oeuvre pour que cela ne se reproduise pas ?
19:45C'est une affaire terriblement dramatique.
19:53C'est vrai qu'on a eu un été épouvantable.
19:58Épouvantable par cette succession de drames.
20:03Plusieurs personnes, gouvernement, me l'ont dit.
20:06Ils m'ont dit vraiment dans les Alpes-Maritimes, vous êtes touchés terriblement cet été.
20:10Et c'est vrai qu'entre l'incendie des Moulins et les deux décès dont nous avons
20:15parlé, la judan-chef Éric Commine et la jeune Camilia, ça fait beaucoup.
20:22Le contexte, le procureur de la République dans sa conférence de presse l'a rappelé.
20:28Et là encore, je tiens à dire que 99,9% des personnes impliquées ont été interpellées
20:33et sont en prison aujourd'hui.
20:34Donc le travail de mes forces de police est à remercier et à féliciter.
20:44Qu'est-ce qu'on peut faire ? C'était une famille qui n'y était pour rien.
20:50C'est ce qu'on appelle un dommage collatéral.
20:53C'était un règlement de compte, effectivement, entre trafiquants.
20:58Et le feu a pris à un étage qui n'était pas visé par les narcotrafiquants, par ceux
21:05qui ont mis le feu.
21:06Il y a eu un embrasement généralisé au septième étage.
21:08Et malheureusement, sept morts, trois enfants.
21:12Terrible.
21:13Qu'est-ce qu'on fait ? On fait la guerre au trafic.
21:17Tant qu'il y aura des trafiquants, on risque d'avoir des comportements aussi irresponsables
21:26et criminels.
21:27Le fait est que souvent, il faut le dire, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, ce
21:32sont des gens qui ne sont pas très intelligents, qui ne réfléchissent pas aux conséquences
21:41de leurs actes.
21:43Ce sont des mercenaires qui viennent en l'espèce de région parisienne pour commettre leurs
21:51méfaits et qui ne prennent absolument pas en considération le contexte humain général.
21:57Et c'est pour ça aussi qu'ils sont recrutés.
21:59Ce ne sont pas des voisins de Tours, ce sont des gens sans scrupules.
22:05Voilà, sans scrupules.
22:08Donc il faut les traquer.
22:11Ils seront condamnés, vous le savez, à une très très lourde peine sans doute, puisque
22:16c'est du criminel.
22:17Et il faut systématiquement, c'est ce que nous faisons, empêcher des trafiquants de
22:25s'installer.
22:26Et c'est une course-poursuite permanente.
22:28Est-ce que les effectifs de force de l'ordre sont suffisants dans les Alpes-Maritimes et
22:33à la hauteur des enjeux ?
22:36J'ai envie de vous dire, comme tout bon fonctionnaire, que ce soit l'éducation nationale, la santé
22:43publique ou la police, la gendarmerie, on n'est jamais suffisamment.
22:46Mais en même temps vous êtes le représentant de l'État.
22:51Mais je suis le représentant de l'État et j'ai une éthique de responsabilité et pas
22:55simplement de conviction, à la différence des représentants associatifs ou certains
22:59politiques.
23:00Et moi je fais avec ce que j'ai et on a les effectifs qui nous permettent de faire honnêtement
23:09du bon travail.
23:10Avec l'humilité.
23:11Dans toutes les circonscriptions ?
23:12Du bon travail sur toutes les circonscriptions.
23:14On voit que la délinquance dans le département par rapport à certains autres départements,
23:19elle est très contenue.
23:20J'ai même pu voir avec satisfaction qu'un hebdomadaire, qui n'est pas un hebdomadaire
23:28à la solde du gouvernement, si tant est qu'il y en ait un, il n'y en a pas naturellement,
23:32mais Valeurs Actuelles, qui a parfois la dent dure, a dit que la ville de Nice, le périmètre
23:40de la ville, la circonscription était bien tenue et que la sécurité était plutôt bien
23:45assurée.
23:46Alors c'est dû naturellement à l'action de la police nationale, mais aussi de la police
23:52municipale, du déploiement d'un réseau très important de vidéoprotection.
23:58Qui a servi dans l'affaire Desmoulins.
23:59Qui sert systématiquement.
24:01Voilà pourquoi dans le département des Alpes-Maritimes, tous les élus sont très responsables et
24:05conscients du caractère indispensable des réseaux de vidéoprotection qui nous permettent
24:11à la fois de prévenir et puis surtout d'élucider.
24:13Pour parler de Nice, après cet incident incendie dramatique, le maire de Nice a exigé votre
24:19remplacement considérant que vous n'êtes pas à la hauteur.
24:22Vous l'avez répondu par bribe jusqu'ici.
24:24Fondamentalement, qu'est-ce que vous avez à dire à ces attaques ?
24:26Non, alors, vous le dites, ce sont des attaques personnelles, donc ça ne fait jamais plaisir.
24:30Mais très franchement, ce n'est pas très important.
24:32Alors, attaques personnelles, il attaque le préfet, pas M. Moutou, le préfet en tout cas.
24:35Il se trouve que le préfet c'est Hugues Moutou dans ce département, jusqu'à preuve
24:39du contraire.
24:40J'ai envie de vous dire, ce n'est pas une pirouette, ce n'est pas très important.
24:44Ce n'est pas très important parce que moi je reconnais, personnel politique, le droit
24:51de faire de la politique.
24:54Donc, je ne répondrai pas à ces attaques, ce sont des attaques tactiques.
25:01Elles sont injustes ?
25:02Je ne vais pas me prononcer juste pour vous dire, je ne suis pas du genre à être impressionné
25:09et intimidé.
25:10Donc moi, je suis là pour faire mon boulot.
25:12J'ai été nommé par le Président de la République avec une feuille de route que
25:16je compte dérouler.
25:17Une feuille de route qui est basée sur la Constitution, le dernier alinéa de l'article
25:2272.
25:23Vous savez, les préfets sont les seuls hauts fonctionnaires dont les missions sont précisées
25:27dans la Constitution de 1958.
25:29Moi, il me revient d'assurer et de promouvoir l'intérêt général dans le département
25:35qui m'est confié.
25:36Il me revient d'assurer le contrôle administratif et financier des collectivités, même si
25:41ça ne fait pas plaisir.
25:42Et il me revient d'assurer le respect des lois partout sur le territoire du département.
25:47C'est ce que je m'efforce de faire.
25:50Donc, mes services, c'est-à-dire les services de l'État qui sont tous placés sous la direction
25:56du préfet, de moi, travaillent avec toutes les collectivités, je dis bien toutes les
26:00collectivités, pour faire avancer les dossiers.
26:03Donc, c'est la seule chose qui m'importe.
26:06Est-ce que vous avez eu l'occasion de vous expliquer avec Christian Estrosi à ce sujet ?
26:10Non, on s'est vus, pas d'explication particulière.
26:13Je vous le dis, moi je suis un haut fonctionnaire, c'est un homme politique, donc voilà, on
26:17n'a pas de discussion sur le sujet.
26:19Et est-ce que vous assisterez à son dîner de rentrée politique ce soir ?
26:22Je n'ai pas ma carte des amis Christian Estrosi, ni d'Eric Ciotti, ni de David Lysnard, ni
26:27de Jean Leonetti, donc naturellement, je ne suis pas là.
26:31Je suis là pour les commémorations nationales, tout ce qui est lié à la vie publique, mais
26:36politiquement, naturellement, vous savez, un préfet est neutre.
26:39Votre prédécesseur avait donc tort de s'y établir chaque année ?
26:41Ah, je ne suis pas au courant et je pense que ce n'est pas la place d'un préfet.
26:46Vous avez donné le sentiment, depuis votre arrivée à Nice, d'avoir beaucoup tapé
26:50sur Christian Estrosi, il y a plusieurs reprises en tout cas, en exigeant de la Ville qu'elle
26:53paye ses pénalités et ses rues.
26:55Je n'ai pas tapé sur M. Estrosi, j'assure le respect de la loi, c'est tout.
26:59Sur la Ville, en attaquant la commande d'une œuvre d'art par exemple, en préemptant
27:02des logements pour en faire des HLM, et en sifflant la fin de la récréation, ce sont
27:06vos propres mots, dans la plaine du Varne, on a eu le sentiment qu'il y a eu la tension
27:10entre vous ces derniers mois, est-ce que c'est votre sentiment aussi ou est-ce que vous appliquez
27:14la loi de la même manière ?
27:16La même manière partout, enfin, vous parlez de la carence, on regarde la loi et ses rues,
27:21vous le savez, la Ville de Nice n'est pas la seule commune qui a été concernée, d'ailleurs
27:28les décisions sur la carence sont prises en lien très étroit avec le préfet de région
27:36et avec le ministre chargé de la Ville, il y a des contentieux puisque ces décisions
27:45notifiées ont été attaquées devant la journée d'élection administrative, on verra ce qu'il
27:51lancera, mais la loi doit s'appliquer, et vous savez, c'est normal, les élus ont toujours
27:57le sentiment d'avoir des circonstances particulières, mais moi ce qui m'intéresse c'est l'intérêt
28:04et l'application de la loi dans les Alpes-Maritimes, au sein de la métropole ou n'importe quel
28:10agglo, n'importe quel établissement public intercommunal doit s'effectuer de la même
28:14façon, donc chacun regarde aussi ce qui se passe dans le territoire voisin et personne
28:18ne comprendrait qu'une métropole, qu'une agglo, qu'une ville fassent l'objet d'un
28:24traitement différent alors que...
28:27Ce qui était le cas jusqu'ici.
28:28Je ne dis pas que c'était le cas jusqu'ici, moi je vous ai rappelé le dernier rélinéal
28:32de l'article 72 de la constitution, le contrôle administratif, le contrôle financier, c'est
28:37mon job, et donc ne pas le faire, si vous voulez, ça serait ne pas exercer mes missions
28:41et mes compétences.
28:42Donc voilà, mais ça se fait plutôt normalement, vous savez, il y a toute une procédure...
28:47Et à propos du contrôle, certains élus parlent d'une situation financière critique pour
28:53la ville de Nice et la métropole, est-ce qu'il y a un risque qu'elle soit placée
28:58sous tutelle ?
28:59Écoutez, les discussions que nous avons avec chacune des collectivités chaque année,
29:09ce sont des discussions qui ne concernent que les collectivités et l'État, et donc
29:14je n'ai pas à parler d'une collectivité plus que d'une autre sur le sujet.
29:18Juste pour clarifier les choses aussi, on nous dit que vous êtes assez ami avec Éric
29:21Ciotti, est-ce que c'est le cas ?
29:22Non, alors je suis un vieux préfet, j'exerçais beaucoup de responsabilités et j'ai connu
29:29Éric Ciotti au même moment où j'ai connu Christian Estrosi, c'est-à-dire au cabinet
29:35du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, et Christian Estrosi était ministre délégué
29:42à l'époque, et Éric Ciotti, de mémoire, était son chef de cabinet, je les ai connus
29:46au même moment, en même temps.
29:47D'accord, donc il y a le même historique.
29:50Assez rapidement, parce qu'on doit malheureusement tenir compte des délais, au moins douze
29:55migrants sont morts dans un naufrage cette semaine dans la Manche.
29:58Érythréens.
29:59Exactement, érythréens.
30:00Ce naufrage ramène évidemment au centre de l'actualité la crise migratoire, on en
30:05parle moins dans l'Alpes-Maritimes, où est-ce qu'on en est aujourd'hui ?
30:07Alors on en parle moins parce que les frontières sont bien gardées et que nous avons une pression
30:16migratoire beaucoup moins forte cette année que l'an dernier, c'est dû à la fois
30:22à une présence et un déploiement sur les frontières, et c'est dû également en
30:27amont à une meilleure régulation des flux par l'Italie, c'est-à-dire qu'il y a
30:33des accords bilatéraux entre l'Union européenne et l'Italie avec certains pays, je pense
30:38notamment à la Tunisie, donc moins d'arrivées sur le sol italien depuis les côtes libyennes
30:45et tunisiennes, qui sont les côtes de départ.
30:48Pour vous donner une idée, aujourd'hui on est à 43 500 migrants arrivés sur les côtes
30:54italiennes depuis le début de l'année 2024, c'est déjà beaucoup, l'an dernier
30:59à la même époque on était à 115 000, donc on a moins 67 %, et nous on est en interception
31:06à un chiffre bien évidemment moindre que l'an dernier, on est à peu près à 300
31:12interceptions, 400 interceptions par semaine, et l'an dernier à la même époque on était
31:18à mon arrivée, on était plutôt à 1600, 1700 par semaine, donc la pression est moindre,
31:26on a mis en place une sorte de cordon pour contrôler les flux, et puis on a mis en place
31:33surtout, je tiens à le dire, j'en suis très fier, c'est une mesure que je porte,
31:38que je soutiens et que je promeux, on a mis en place un contrôle de sécurité à la
31:44frontière avec des entretiens en lien avec les services de renseignement qui nous permettent
31:49de détecter les profils dangereux, radicalisés, pour les intercepter parmi le flot des migrants
31:57et pour les neutraliser, donc ça c'est très important et je terminerai en disant
32:01que vous le savez je mène une politique active d'éloignement, de reconduite à la frontière
32:07d'étrangers et notamment d'étrangers délinquants, on a plus de 32% de personnes éloignées du
32:14territoire des Alpes-Maritimes, essentiellement des Tunisiens, des Algériens, des Roumains,
32:20par exemple, une grande nationalité, c'est important et parmi ces 310 étrangers qui
32:26ont été reconduits depuis le début de l'année, on a 9 personnes radicalisées, qui constituaient
32:32donc un danger pour notre sol.
32:35Vous avez déclaré qu'une majorité des faits délictueux commises à Nice était
32:38l'oeuvre d'étrangers, c'est objectivement vrai, mais sociologiquement plus complexe,
32:44l'intellectuel que vous êtes n'a-t-il pas le sentiment de ce livret là un raccourci
32:48un peu populiste ?
32:49Alors moi je ne suis plus universitaire, j'ai été professeur d'université comme
32:54vous le savez dans une université intérieure, moi aujourd'hui je constate, parler par
32:59exemple des étrangers délinquants, on a interpellé depuis le début de l'année
33:04en zone police 1485 étrangers en situation irrégulière pour des faits de délinquance,
33:11à 90% d'entre eux, donc moi je constate simplement que…
33:17Vous pourriez faire d'autres constats, l'origine sociale par exemple ?
33:21Oui mais par exemple, parlons de… il y a des explications très simples, ce n'est
33:25pas culturel, mais quand on arrive de façon irrégulière en France, qu'on n'a pas
33:31de logement, pas de travail et pas de quoi vivre et se nourrir, eh bien on tombe dans
33:36la main des trafics ou on se livre de la délinquance de prédation, donc je pense que c'est un
33:41problème sécuritaire et je pourrais vous dire qu'il y a 90% d'auteurs hommes, pour
33:49autant ce n'est pas de la discrimination sexuelle en défaveur des hommes…
33:53Vous avez une question, la question de l'immigration est tellement sensible en France que vous
33:56savez que vous l'alimentez en allant sur ce terrain.
33:59Oui mais je pense que mentir, dissimuler provoque plutôt une réaction extrême et de défiance
34:07vis-à-vis de la parole publique.
34:09Et simplifier aussi.
34:11Je ne simplifie pas, à partir du moment où je donne des faits chiffrés, si vous voulez,
34:18après on peut en discuter, mais c'est un fait, dans les 46 accidents mortels de
34:24la route, il y a 21 deux-roues, je ne fais pas de la discrimination vis-à-vis des auteurs
34:29de deux-roues, c'est un fait, après il y a plein d'explications, ce n'est pas
34:33parce qu'ils roulent en deux-roues, mais le deux-roues fait partie des causes d'accidentalité
34:37supérieure, on est moins protégé que dans une voiture.
34:42Ce sont des faits, je vais citer Lénine, les faits sont têtus, et on y revient toujours.
34:49Monsieur le Préfet, le 9 octobre 2023, vous preniez la tête des services de l'Etat
34:54dans les Alpes-Maritimes, 11 mois plus tard, quels sont vos principaux motifs de satisfaction ?
34:59L'un des points très forts de ma lettre de mission, c'était le contrôle, tenir
35:05la frontière, notamment dans la perspective des grands événements, les JO, on a eu
35:13un été marqué par trois drames affreux, on a eu aussi cet été des réussites, un
35:21engagement sans faille, un sacrifice de tous les fonctionnaires, y compris les militaires
35:28de gendarmerie, les fonctionnaires de police, pour que tous les événements et tout l'été
35:32se passent bien.
35:33Et le contrôle de la frontière a été tenu, on n'a pas eu de perturbations d'éléments
35:40dangereux extérieurs venant commettre des attentats.
35:44Donc, tenir la frontière c'est important, et ça, ça requiert un travail de coordination
35:50avec tout le monde, y compris avec l'Etat italien, j'ai entretenu, dès mon arrivée,
35:56il y a 10 mois, 11 mois maintenant, des relations très intimes avec les services italiens pour
36:04qu'on puisse arriver à ce partenariat, on a des patrouilles mixtes aujourd'hui.
36:08Donc, vraiment, on a fait un pas en avant, j'ai beaucoup à faire encore en matière
36:12de sécurité, en matière de protection de l'environnement, on n'en a pas parlé,
36:19mais j'ai pris un dire de l'Etat, en fait, tenir compte de la ressource en eau pour
36:29les projets d'urbanisation du territoire, là encore il faut faire de la pédagogie,
36:36il faut que tous les élus prennent en compte la rareté de cette ressource pour qu'on
36:43ne se retrouve pas dans la situation d'autres départements du sud de la France où, chaque
36:48été, on a 10, 20, 30, 40 communes qui n'ont plus d'eau courante.
36:54On tourne le robinet, il n'y a plus rien.
36:56Donc, je crois que c'est très très important de permettre une urbanisation qui soit raisonnée
37:01et qui soit respectueuse de ce patrimoine commun qu'est la ressource en eau.
37:06Vous avez l'eau foncière, vous avez l'eau, vous avez la qualité de l'air, vous savez
37:10pourquoi il est aussi important pour nous de vivre dans les Alpes-Maritimes ? Pourquoi
37:17êtes-vous heureux ? Pourquoi le territoire est-il autant attractif ? Il est autant attractif
37:21à cause de son patrimoine, à cause de son paysage, à cause de sa qualité de vie qui
37:26est absolument incroyable.
37:27Le rôle de l'État, c'est de prévoir à 20, 30, 40, 50 ans.
37:37Et moi, mon rôle ici, mon passage dans les Alpes-Maritimes, vous savez que les préfets
37:41ne restent jamais très longtemps, on est là pour apporter notre pierre et moi, ma volonté,
37:46c'est de penser à ce que sera le département dans 20, 30 ans et de le préparer.
37:52Et de préparer cette préservation de notre patrimoine, d'où les mesures que j'ai
37:56prises en faveur de l'agriculture et en faveur de la protection du foncier agricole dans
38:01la Plaine-du-Var.
38:02Ce n'est pas du tout contre les projets, il y a des projets qui sont légaux et vous
38:06avez un développement illégal d'urbanisation sur des terrains qui sont des terrains agricoles
38:13et mon objectif n'est pas de faire de la Plaine-du-Var un champ de maraîchers comme
38:17il l'était au XIXe et au début du XXe, mais les terres agricoles qui sont sur la
38:22Plaine-du-Var doivent demeurer agricoles et il n'est pas normal qu'un département
38:26comme le nôtre soit dépendant à 99% de sa ressource alimentaire.
38:31L'enjeu, l'autonomie alimentaire.
38:33Absolument.
38:34Alors avant de refermer cette émission, la question perso.
38:36Monsieur le préfet, avant votre arrivée dans les Alpes-Maritimes, une formule que
38:47vous avez employée avait beaucoup fait réagir, vous a rendu célèbre.
38:50C'était le 5 juillet 2023 au micro de France Bleu Héros.
38:54On vous réécoute si vous voulez bien.
38:55En 2019, le Parlement a interdit la fessée, mais très franchement de vous à moi, si
39:02demain vous attrapez votre gamin qui descend dans la rue pour brûler des véhicules de
39:06police ou les caillasser des pompiers ou piller des magasins, la méthode c'est quoi ? C'est
39:12deux claques et au lit.
39:14Ces fameuses deux claques et au lit, est-ce que c'est une injonction qui vous a rendu
39:20célèbre ? Est-ce que ça vous a plutôt profité que desservi d'après vous ?
39:24Je n'en sais rien, je remarque juste qu'encore aujourd'hui quand je croise des gens dans
39:30la rue, sur mes lieux de vacances, ici et hors du département des Alpes-Maritimes, les
39:35gens me disent deux claques et au lit.
39:38Ça me rappelle la réaction de François Bayrou quand un jeune garçon lui avait fait
39:45les poches et il avait manifesté son agacement.
39:48Ça me rappelle aussi une réaction du Président de la République quand il avait été interpellé
39:55par un jeune et où il lui avait dit « la politesse c'est important ». Donc je ne
40:02renie pas.
40:03Je sais que ça a été une vidéo puisque c'était diffusé sur les réseaux, beaucoup
40:08regardé, plus de 7 millions de vues.
40:09Je sais que ça a beaucoup amusé en haut lieu, mais c'est du bon sens.
40:17Moi je…
40:18C'est fondamental pour vous ?
40:19Oui, oui, c'est fondamental pour moi parce que moi je suis un homme de bon sens.
40:24Certes, aujourd'hui je suis au fonctionnaire, je suis préfet, j'ai été professeur d'université,
40:28j'ai travaillé pendant mes études, j'ai fait beaucoup de choses, l'été je faisais
40:35des déménagements, j'ai travaillé en boîte de nuit, j'ai été portier de boîte de
40:38nuit.
40:39Moi j'ai travaillé, j'ai du bon sens si vous voulez et je crois qu'à un moment
40:45donné, ça m'a choqué dans mon département, le département de l'Hérault et dans les
40:51autres villes de France de voir ces auteurs extrêmement jeunes, 12-13 ans, qui caillassaient,
40:58qui envoyaient des cocktails monotophes, qui pillaient et de voir finalement parfois les
41:03parents qui n'étaient pas loin où on a eu un cas dans le département dans lequel
41:10j'étais précédemment d'un beau-père avec son beau-fils qui était en train de
41:16commettre des pillages.
41:18Moi ça me choque, ça me choque moralement et légalement, ils sont dans leur tort.
41:23Donc à un moment donné je pense que nos concitoyens ont besoin aussi de la part d'un
41:29représentant de l'État sur le territoire d'entendre des mots simples, des mots de
41:33tous les jours, mais qui incarnent de l'autorité et des valeurs et je crois que dans mon action
41:40je dois être porteur d'autorité, je pense que je le suis, c'est ce que l'on me dit
41:45tout du moins, et de valeurs, voilà.
41:47Et ça veut dire surtout là qu'on ne doit pas tout attendre de l'État et que chacun
41:52a une mission à remplir, c'est ça que ça veut dire aussi.
41:54Mais je crois qu'on est dans ce que l'on appelle une démocratie libérale, donc l'État
42:01n'est pas là pour se substituer à la famille, la famille fait partie de la vie de l'État,
42:08de la vie de notre nation et chacun doit assumer ses responsabilités, le professeur des écoles
42:14ce qu'il fait, l'enseignant, le père ou la mère de famille, qui ont de par la loi
42:20une obligation d'assumer et d'exercer leur autorité parentale.
42:24Et votre fils il a pris beaucoup des claques ?
42:25Mon fils a pris une fessée il y a bien longtemps parce qu'il avait manifesté un acte, voilà,
42:30il jetait aux gens des jouets, etc, il était très mécontent, une petite fessée je dois
42:34dire.
42:35Une fessée de vous, vous devez le sentir passer.
42:37Non, c'était pas bien méchant et j'ai la chance d'avoir un fils très discipliné,
42:42voilà, et respectueux.
42:44Merci beaucoup Monsieur le Préfet, merci Frédéric, merci à Sophie Doncé et Philippe
42:51Bertigny pour la réalisation de cette émission, à Christelle Benjamin pour sa préparation
42:55et on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau rendez-vous de l'Interview à
42:59la Une.
43:00Notre invité sera Christian Estrosi, le maire de Nice et président de la métropole Nice-Côte-d'Azur.

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