L'émission "Dans les yeux d'Olivier - Les femmes qui aiment les femmes" est un épisode de la série documentaire française "Dans les yeux d'Olivier", présentée par Olivier Delacroix. Cet épisode se concentre sur l'homosexualité féminine et les expériences des lesbiennes en France.
Thèmes abordés
Coming-out et acceptation familiale
L'émission explore le parcours de plusieurs femmes homosexuelles, dont Marie-Paule Belle, une chanteuse qui fait son coming-out public à travers son nouvel album. Elle aborde également l'histoire de Fanny, une jeune infirmière de 23 ans qui vit ouvertement son homosexualité et dont les parents ont fini par l'accepter. Défis et discrimination
Le documentaire met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les lesbiennes, notamment l'homophobie. Jessica et sa fiancée Charlotte ont dû fuir leur village suite à des violences homophobes. L'émission souligne que malgré la médiatisation des gay prides, les lesbiennes restent souvent une minorité invisible dans la société. Représentation et militantisme
L'épisode présente également des femmes qui luttent contre les préjugés et militent pour la visibilité lesbienne. Oceane Rose Marie, une comédienne, utilise son one-woman show pour combattre les clichés sur les lesbiennes. Florence, une ancienne championne de ski, a ouvert un hôtel 100% gay et lesbien et se positionne comme porte-parole de la communauté. Diversité des expériences
Le documentaire s'efforce de montrer la diversité des parcours et des situations des femmes homosexuelles. Il présente des histoires de femmes de différents âges et conditions sociales, illustrant ainsi la variété des expériences au sein de la communauté lesbienne. En explorant ces différentes facettes de la vie des "femmes qui aiment les femmes", l'émission vise à offrir un aperçu complet et nuancé de la réalité de l'homosexualité féminine en France.
Thèmes abordés
Coming-out et acceptation familiale
L'émission explore le parcours de plusieurs femmes homosexuelles, dont Marie-Paule Belle, une chanteuse qui fait son coming-out public à travers son nouvel album. Elle aborde également l'histoire de Fanny, une jeune infirmière de 23 ans qui vit ouvertement son homosexualité et dont les parents ont fini par l'accepter. Défis et discrimination
Le documentaire met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontées les lesbiennes, notamment l'homophobie. Jessica et sa fiancée Charlotte ont dû fuir leur village suite à des violences homophobes. L'émission souligne que malgré la médiatisation des gay prides, les lesbiennes restent souvent une minorité invisible dans la société. Représentation et militantisme
L'épisode présente également des femmes qui luttent contre les préjugés et militent pour la visibilité lesbienne. Oceane Rose Marie, une comédienne, utilise son one-woman show pour combattre les clichés sur les lesbiennes. Florence, une ancienne championne de ski, a ouvert un hôtel 100% gay et lesbien et se positionne comme porte-parole de la communauté. Diversité des expériences
Le documentaire s'efforce de montrer la diversité des parcours et des situations des femmes homosexuelles. Il présente des histoires de femmes de différents âges et conditions sociales, illustrant ainsi la variété des expériences au sein de la communauté lesbienne. En explorant ces différentes facettes de la vie des "femmes qui aiment les femmes", l'émission vise à offrir un aperçu complet et nuancé de la réalité de l'homosexualité féminine en France.
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TVTranscription
00:00:00Musique d'ambiance
00:00:12...
00:00:24-"Marie-Paule Belle a bercé mon enfance musicale.
00:00:27Celle qui chantait « Je ne suis pas parisienne » dans les années 80
00:00:31revient sur le devant de la scène avec un nouvel album.
00:00:34Le titre phare s'intitule « Celle qui aime elle »,
00:00:36un morceau dédié aux lesbiennes qui fait état de son homosexualité.
00:00:41Elle ne l'avait jamais vraiment cachée,
00:00:44mais elle n'en avait jusqu'à présent jamais parlé dans les médias.
00:00:47Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour faire ce coming-out ?
00:00:50J'ai simplement eu envie de le lui demander.
00:00:53-"Et moi qui sais le prix de leurs amours rebelles,
00:00:57moi qui suis mi-voyou, mi-voyelle,
00:01:04si j'ai choisi d'aimer un triangle isocèle,
00:01:09je peux vivre au grand jour grâce à elle."
00:01:14J'ai aimé une femme,
00:01:16puis aujourd'hui je vis avec une femme,
00:01:20je suis bien et je suis dans une relation d'amour.
00:01:24Je n'ai pas eu des aventures avec des femmes,
00:01:27ça s'est trouvé comme ça.
00:01:28Ce n'est pas une provocation,
00:01:31ce n'est ni une perversion, ni une maladie,
00:01:33ni une déviation sexuelle.
00:01:34Je suis comme je suis.
00:01:36Mais étant donné que dans ma famille,
00:01:39on ne m'avait montré que des modèles hétérosexuels,
00:01:42j'avais énormément ce que beaucoup d'homosexuels ressentent,
00:01:45ce sentiment de culpabilité,
00:01:49de me dire que c'est honteux, que c'est mal,
00:01:52que je ne suis pas normale, qu'est-ce qui m'arrive, etc.
00:01:55Il faut dire que rien ne t'arrive que tu aimes une personne
00:02:00qui a le même sexe que toi et c'est beau et vit dans l'amour.
00:02:03Parce que l'amour, on ne choisit pas de tomber amoureux.
00:02:06Non, et on ne choisit pas d'être homosexuel, c'est comme ça.
00:02:10Le jour où on ne parlera plus de ça,
00:02:12où on ne sera plus en face pour en parler,
00:02:14c'est que tout sera résolu, ça sera formidable.
00:02:16Vous parlez d'un monde idéal.
00:02:19J'allais le dire et je me suis retenue,
00:02:21parce que ça devrait être un monde naturel, pas idéal.
00:02:50Pour commencer, j'ai rencontré Fanny.
00:02:52A 23 ans, cette jeune infirmière de Bordeaux
00:02:55vit son homosexualité au grand jour.
00:02:57Aujourd'hui, Fanny est heureuse,
00:02:59car ses parents ont fini par l'accepter comme elle est.
00:03:03Le fait que je sois lesbienne, ça passe en second plan.
00:03:06C'est pas la personne avec qui je couche qui me définit.
00:03:09C'est uniquement un aspect de moi.
00:03:11Pour moi, je ressens une gêne,
00:03:14mais du fait que je ne suis pas ce qu'ils avaient imaginé que je serais.
00:03:27J'aimerais que ce soit autrement.
00:03:30J'aimerais qu'elle ne soit pas lesbienne, tout simplement.
00:03:44Elle et sa fiancée Charlotte ont subi des violences
00:03:47qui les ont forcées à fuir le village qu'elles habitaient.
00:03:51C'est pas parce que je suis homosexuelle que je dois subir la haine des autres.
00:03:55Non, je suis comme tout le monde.
00:03:57Je ne suis pas née pour qu'on s'acharne sur moi.
00:04:00Il y a plein de jeunes lesbiennes qui se foutent en l'air
00:04:03à cause de conneries comme ça.
00:04:06Maintenant, il faut arrêter.
00:04:08Des lesbiennes en permanence victimes des mêmes préjugés,
00:04:11Océane Rosemary, comédienne, en a fait un spectacle.
00:04:14Avec son One Woman Show, la lesbienne invisible,
00:04:17elle tord le cou à tous ces clichés qui empoisonnent la vie de ces femmes.
00:04:21Une fille, on peut supporter qu'elle soit lesbienne
00:04:25si elle n'est pas trop excitante, je dirais.
00:04:28Ça passe encore.
00:04:30Mais si elle commence à être bonnasse, ça fait vraiment chier.
00:04:33Florence a 47 ans.
00:04:35Cette ancienne championne de ski a ouvert un hôtel
00:04:39en haute montagne.
00:04:42Une lesbienne militante et porte-parole de leur combat.
00:04:45L'homosexualité, c'est aimer les femmes ou les hommes.
00:04:48Moi, j'aime pas les femmes.
00:04:50J'en aime une de temps en temps.
00:04:52Vous voyez ce que je veux dire ?
00:04:55Ça change tout.
00:04:57J'ai aussi croisé des femmes qui vivent des histoires d'amour incroyables,
00:05:00comme Tina et Stéphanie.
00:05:02Lorsqu'elles se rencontrent, Tina est mariée et elle a 2 enfants.
00:05:05Malgré leur différence d'âge,
00:05:08rien ne peut résister à ce coup de foudre.
00:05:11Moi, ça m'est tombé dessus.
00:05:13C'était à 14 000 kilomètres
00:05:15d'imaginer qu'une jeune femme
00:05:17allait prendre autant de place dans ma vie.
00:05:21En les rencontrant, une autre idée reçue s'est brisée,
00:05:24celle qui veut que les lesbiennes ne soient pas des parents comme les autres.
00:05:27Laetitia vit en couple avec Karine.
00:05:29Ensemble, elles élèvent leurs 2 enfants
00:05:31et se préoccupent beaucoup de leur avenir.
00:05:35S'il faut que j'aie l'humilité, je l'ai pour ça.
00:05:38Faut qu'on ait les mêmes droits au niveau des enfants.
00:05:42Avec ces femmes, j'ai pu librement parler de tout, sans tabou.
00:05:45De sexe et d'amour, d'homophobie, d'homoparentalité,
00:05:48mais aussi de leur statut dans une société française
00:05:51qui apparaît en la matière un peu rétrograde.
00:05:54Alors maintenant, je vous emmène à leur rencontre.
00:06:04...
00:06:09Mon voyage commence à Bordeaux. Je vais y rencontrer Fanny.
00:06:13...
00:06:25Fanny.
00:06:26Bonjour.
00:06:27Comment ça va ?
00:06:29Ca va.
00:06:30Bordeaux, alors.
00:06:31C'est bon.
00:06:32Je crois qu'on va aller faire un petit tour chez vous.
00:06:35On y va.
00:06:36Discuter tous les deux.
00:06:39C'est parti.
00:06:40...
00:06:42Fanny a 23 ans.
00:06:43Elle est élève infirmière et vit en colocation.
00:06:46Elle a découvert son homosexualité à 15 ans,
00:06:49alors qu'un soir, elle partage son lit avec une amie qu'elle a invitée.
00:06:53...
00:06:56Les choses ont dérapé. On a commencé à s'embrasser.
00:06:59Et c'est là que je me suis dit que tous les garçons
00:07:03avec qui j'étais sortie à l'époque, ça n'avait rien à voir.
00:07:07Et je me suis dit, c'était super bien, je veux recommencer.
00:07:11Et...
00:07:12Enfin...
00:07:13J'ai pas mis de mots, mais j'avais pas le mot homosexuel, lesbienne.
00:07:18Je n'avais pas tout ça. J'aimais simplement les filles.
00:07:21Dans votre tête, c'était évident.
00:07:23Oui, mais ça m'a ouvert les yeux.
00:07:25On se rend compte que quand on regarde une série,
00:07:28elle est mignonne, celle-là, elle est mignonne.
00:07:31Mais jamais, celui-là, il est pas mal. Jamais.
00:07:35Jamais.
00:07:36Par rapport à vos parents, vous leur avez caché au début ?
00:07:39Au début, oui.
00:07:40Donc, je leur ai caché pendant 2 ans.
00:07:44Pendant 2 ans, j'ai rien dit.
00:07:48J'ai été de peine de coeur en peine de coeur
00:07:51avec cette meilleure amie.
00:07:54Et à un moment, j'en pouvais plus.
00:07:56Mes parents voyaient que ça n'allait pas du tout.
00:07:59Ils faisaient tout pour m'aider, mais j'avais trop peur de leur réaction.
00:08:03Ça allait mieux quand mon frère l'a su.
00:08:07Comment l'a-t-il su, votre frère ?
00:08:09J'étais très triste, encore une fois.
00:08:12Je revenais de la gym effondrée.
00:08:14Et mon frère me dit, qu'est-ce qu'il y a ?
00:08:17Je lui dis, tu vas pas comprendre.
00:08:20Lui qui me dit, vas-y, dis-moi.
00:08:22Donc, je lui dis, écoute, voilà...
00:08:25Je suis lesbienne et je viens de m'engueuler
00:08:28avec la fille qui n'est pas ma copine, mais qui me plaît.
00:08:31Et mon frère l'a très bien pris.
00:08:34Du jour au lendemain, on a pu en parler.
00:08:38Vous avez progressivement décidé de vous confier à vos parents ?
00:08:43Oui.
00:08:44Un jour, je me suis rendue compte qu'ils peuvent en penser ce qu'ils veulent.
00:08:48Je serai toujours comme ça.
00:08:51Je pense que je suis née comme ça.
00:08:54On choisit pas.
00:08:57C'était une évidence qu'il fallait que je leur dise.
00:09:00C'était une partie de ma vie et ils font partie de ma vie.
00:09:03Je pouvais pas leur cacher.
00:09:05Comment vous vous y êtes prise pour annoncer la nouvelle ?
00:09:09Ça a été scénario-catastrophe.
00:09:12Scénario-catastrophe.
00:09:14Convocation dans ma chambre.
00:09:16On y va.
00:09:17Bon, papa, maman, j'ai quelque chose à vous dire.
00:09:20Les mots ne sortent pas.
00:09:22J'ai tout essayé.
00:09:25Le mot lesbienne ne sort jamais.
00:09:27On essaie, on dit qu'il faut que je vous annonce...
00:09:30Qu'est-ce que vous me diriez si je vous annonçais que j'étais...
00:09:34Je leur ai pas dit lesbienne, je leur ai dit gay.
00:09:37Et là, cataclysme.
00:09:40Pourquoi ? Qu'est-ce qu'on a fait de mal ?
00:09:43T'es sûre que c'est pas une expérience ?
00:09:46C'est juste une passade.
00:09:48Tu vas redevenir hétéro, ne t'inquiète pas.
00:09:52Une déferlante de questions auxquelles j'ai pas pu répondre.
00:09:56J'osais pas tout leur dévoiler d'un coup.
00:10:00J'avais l'impression de leur avoir menti pendant très longtemps.
00:10:04J'étais très mal à l'aise.
00:10:06Est-ce qu'on a plus de mal à comprendre
00:10:09quand on est le père ou la mère, à votre avis ?
00:10:12C'est plus difficile de l'annoncer à la mère
00:10:16parce que c'est une femme.
00:10:18Votre père, comment a-t-il réagi, lui ?
00:10:21Il a pas réagi. Il a arrêté de me parler.
00:10:24Je suis rentrée à la maison, il me disait plus bonjour.
00:10:28Passe-moi le sel.
00:10:30Il me passait pas le sel.
00:10:333 mois, c'est long.
00:10:353 mois sans vous parler ?
00:10:37Un jour, je suis rentrée à la maison, il m'a répondu.
00:10:40De fil en aiguille, il s'est revenu.
00:10:43Vous avez fini par avoir une conversation ?
00:10:46Jamais en tête à tête.
00:10:49Il est très pudique.
00:10:51Il en parle pas trop.
00:10:54Donc je respecte.
00:10:56Mais quand on est en famille, on en parle.
00:10:59Et là, il en parle maintenant sans souci.
00:11:19Joël a 49 ans. Elle est institutrice.
00:11:22Patrice, 51 ans, est cuisinier dans l'Education nationale.
00:11:27Clément, son jeune frère, est le 1er à qui Fanny s'est confiée.
00:11:36A 20 ans, avez-vous l'impression d'appartenir à une génération
00:11:40qui intègre beaucoup plus cette notion ?
00:11:43Oui, ça, c'est sûr.
00:11:46Ces sexualités ont toujours existé.
00:11:49Mais avant, elles étaient cachées.
00:11:53Ou considérées comme des maladies.
00:11:56C'est Mitterrand qui a changé la loi.
00:11:59J'ai des copains qui me disent
00:12:02qu'ils ne savent pas quoi répondre sur le coup.
00:12:06Et après, la discussion reprend.
00:12:09Comme ça.
00:12:11C'est pas un gros dossier.
00:12:13Les gens me disent que ma sœur est gay.
00:12:17C'est normal.
00:12:19C'est pas anormal.
00:12:21C'est ma sœur.
00:12:23J'ai pas changé de point de vue.
00:12:26Du tout.
00:12:29Le fait qu'elle soit lesbienne, ça a pas changé grand-chose.
00:12:33Quand j'étais petit, j'avais peur qu'elle me pique ma copine.
00:12:37C'était ma hantise que quand j'arrive plus tard,
00:12:40qu'elle reparte avec ma sœur.
00:12:42Je fais gaffe quand même.
00:12:44Je continuerai à me rendoir.
00:12:47Comment vous trouvez que...
00:12:49...ça a évolué, tout ça ?
00:12:51Vous avez été spectateur de tout ça, j'ai l'impression.
00:12:55Au début, ils ont vraiment eu du mal.
00:12:58Ils en parlaient pas.
00:13:01Papa, ils en se plaignaient pas.
00:13:03Tu me disais plus bonjour.
00:13:05On se rend pas compte.
00:13:07C'est dingue.
00:13:10Tu pouvais pas me parler, sachant ce que je t'annonçais.
00:13:14T'avais trop de choses à dire.
00:13:17C'était quand même gros.
00:13:19On la voit amoureuse, épanouie, gaie.
00:13:22Il y a quelques-uns qui sont liés.
00:13:25Ça s'arrive aussi.
00:13:27Je suis désolée.
00:13:30Tu es gaie, souriante.
00:13:32Voilà. C'est comme ça qu'on aime te voir.
00:13:35Je suis gaie aussi.
00:13:37Je suis gaie.
00:13:39Ca doit faire du bien.
00:13:41Ca fait plaisir.
00:13:44Tout le monde est content.
00:13:46Après le déjeuner,
00:13:48j'en profite pour revenir sur le coming-out de Fanny à ses parents.
00:13:52Comment le père et la mère l'ont vécu séparément
00:13:55et quel chemin ils ont parcouru depuis ?
00:14:02Avant que Fanny vous parle de son homosexualité,
00:14:05est-ce que vous vous doutiez de quelque chose ?
00:14:08Pas du tout.
00:14:11Le ciel nous est tombé sur la tête quand elle nous l'a annoncé.
00:14:15On pensait qu'elle était enceinte quand elle nous a convoqués.
00:14:19C'était l'année du bac.
00:14:21On s'est dit que c'était la catastrophe.
00:14:24Le ciel nous est tombé sur la tête.
00:14:27Quelle a été votre première réaction ?
00:14:30Vous l'avez pris comment ?
00:14:32On se demande si on y est pour quelque chose.
00:14:35On se demande si on n'a pas raté quelque chose.
00:14:39Dans l'éducation, on se pose plein de questions.
00:14:42Et puis après, en parlant entre nous,
00:14:45en parlant avec nos amis,
00:14:47il y a des amis qui nous ont dit
00:14:50qu'ils n'avaient jamais vu que Fanny n'avait pas de photos d'homme.
00:14:55Effectivement, il n'y avait que des photos de femme.
00:14:58On pensait qu'on n'aurait jamais pensé à quelque chose.
00:15:01C'est pas facile, en même temps.
00:15:03On ne calcule pas tous ces machins-là.
00:15:06Est-ce qu'on prend ça comme une honte, au début ?
00:15:09Non, pas du tout.
00:15:12Ce qui m'a le plus dérangé, c'est le fait que je ne serais pas grand-père.
00:15:17Effectivement, il y a des moyens pour qu'elle ait des enfants
00:15:21ou qu'elle adopte des enfants.
00:15:23Mais pour moi, sur le moment,
00:15:25c'était que je ne serais pas grand-père.
00:15:29Peut-être que vous le serez.
00:15:31J'espère.
00:15:32Qu'est-ce que vous pensez des parents
00:15:35qui refusent d'entendre parler de l'homosexualité de leurs enfants
00:15:39et qui ont une attitude de rupture totale ?
00:15:43Ils passent à côté de quelque chose.
00:15:45C'est pas à nous de choisir.
00:15:47On m'a toujours appris qu'on est des êtres humains.
00:15:51On a de la chance d'être en France,
00:15:54de pouvoir faire ce qu'on veut quand on veut.
00:15:58C'est quand même une chance.
00:16:00Est-ce que ça vous a fait évoluer ?
00:16:02Oui, ça nous a fait évoluer.
00:16:04Avec le recul maintenant, ça nous ouvre de nouveaux horizons.
00:16:08On n'a pas la même vision des choses,
00:16:10pas le même regard sur la vie.
00:16:13Vous êtes plus tolérant, peut-être ?
00:16:15Oui.
00:16:16Voilà pour le point de vue du papa.
00:16:19Plutôt constructif, Patrice.
00:16:21Mais je me demande s'il n'est pas plus difficile
00:16:25pour une mère d'accepter l'homosexualité de sa fille.
00:16:31Je voyais bien que quelque chose n'allait pas.
00:16:34Elle était triste, elle ne parlait plus.
00:16:37Elle n'avait plus envie de faire grand-chose.
00:16:41Et quand Fanny ne va pas bien, elle ne dit rien.
00:16:45On ne peut pas lui tirer les verres du nez.
00:16:49Elle se renferme, elle ne dit rien.
00:16:52Et nous, on s'inquiète, les parents,
00:16:55sans imaginer une seconde ce qui peut se passer.
00:16:59On se fait des tas de scénarios. Pas celui-là.
00:17:02Pas celui-là.
00:17:03Vous aviez pensé à quoi ?
00:17:06Je pensais à des histoires de petits copains,
00:17:09mais pas de petites copines.
00:17:11Je pensais qu'il y avait des histoires de coeur.
00:17:14Quand elle a commencé à ne pas aller très bien,
00:17:17ça ne marchait pas à l'école non plus.
00:17:21Elle a toujours été très bonne à l'école jusqu'en 3e.
00:17:24Et à partir de la 2e, elle a plongé.
00:17:27Ces 3 années de lycée ont été difficiles pour elle.
00:17:30Parce que c'est difficile.
00:17:32Je mettais ça sur le plan de l'échec scolaire.
00:17:35Jusqu'au jour où ?
00:17:38Jusqu'au jour fatidique où elle nous a annoncé son homosexualité.
00:17:43Donc là, le ciel nous tombe sur la tête.
00:17:46La terre arrête de tourner.
00:17:48Vous avez été mal pendant un moment.
00:17:51Vous me parlez de chemin difficile à...
00:17:55Parce qu'il faut l'accepter.
00:17:58Pour moi, je voyais mes enfants venir avec leurs amis à la maison.
00:18:03Les choses vont se passer différemment.
00:18:06Mais au début, c'est pas que c'est pas acceptable,
00:18:09c'est que c'est douloureux. C'est difficile.
00:18:13Comment avant l'annonce de son homosexualité...
00:18:16Quelle image vous faisiez de l'homosexualité ?
00:18:19Je suppose que vous étiez très tolérante.
00:18:22Je suis quelqu'un qui fait des grands discours.
00:18:25C'est pour ça que Fanny s'est confiée.
00:18:28Ils sont comme ça. C'est pas un choix de vie.
00:18:32Ils sont comme ça.
00:18:34Quand on n'est pas concerné, c'est facile.
00:18:37Vous n'êtes pas la seule.
00:18:39Par contre, ça, je me suis dit...
00:18:42C'est vrai.
00:18:45Ce que j'ai dit, je vais pas le renier.
00:18:48Je le pense.
00:18:50Je le pense, mais ça n'empêche que ça a été un moment difficile.
00:18:54C'est quelque chose que vous acceptez aujourd'hui ?
00:18:57Oui. On l'a pas embêtée.
00:19:01Dans certaines familles, ça se passe très différemment.
00:19:05C'est dommage. On a des enfants. Il faut les aider.
00:19:08Ils ont peut-être encore plus besoin,
00:19:11ces enfants différents, parce que c'est une différence,
00:19:14ils ont encore plus besoin de soutien.
00:19:17Les renier, les mettre à la porte, les insulter,
00:19:21parce que je sais que ça arrive.
00:19:23J'envisage pas une seconde d'être fâchée avec mes enfants.
00:19:26Quoi qu'ils aient fait, on est là pour aimer nos enfants
00:19:29comme ils sont, je pense.
00:19:32Je pense aussi.
00:19:35Quel impact ça a eu sur elle de voir que c'était
00:19:38quelque chose que vous intégriez ?
00:19:40Je pense qu'elle est contente.
00:19:42Elle a bien vu que ça nous avait perturbés.
00:19:45Depuis quelques temps, elle est beaucoup plus épanouie.
00:19:48C'est vrai qu'elle a rencontré quelqu'un aussi.
00:19:52Ça participe à son épanouissement.
00:19:55Mais les choses sont très claires.
00:19:58On parle ouvertement.
00:20:00C'est simple. La vie est belle.
00:20:03Pourtant, malgré les apparences,
00:20:05cela ne me semble pas si simple que ça pour les parents de Fanny.
00:20:09Et particulièrement pour Joëlle, la maman.
00:20:12Oui, enfin... On n'a pas trop le choix.
00:20:15Moi, j'aurais toujours dans la tête un petit...
00:20:18Moi, j'ai plus de mal, quand même.
00:20:21J'aimerais vraiment...
00:20:25Tu es en voie de guérison.
00:20:28Oui, j'ai bien avancé. J'aimerais que ce soit autrement.
00:20:32J'aimerais qu'elle ne soit pas lesbienne, tout simplement.
00:20:35Mais est-ce que c'est parce que vous, vous-même,
00:20:38vous avez un mari...
00:20:41Oui, parce que vous êtes hétéro.
00:20:44Non, c'est pas par rapport à ça.
00:20:48C'est par rapport à l'image,
00:20:51par rapport à tous les ennuis qu'elle aura.
00:20:54Elle en aura de toute façon.
00:20:57La différence n'est pas toujours bien acceptée.
00:21:00On n'en vit pas suffisamment.
00:21:03Comment est-ce que vous gérez cela avec la famille,
00:21:07avec les amis ? C'est quelque chose dont vous parlez ?
00:21:10Ça...
00:21:13Ça vient... Petit à petit.
00:21:16Avec la famille, il y a eu des non-dits.
00:21:19Pas de mensonges, mais des non-dits.
00:21:23Qui est très différent.
00:21:26En même temps, vous acceptez de...
00:21:29D'assumer publiquement ce statut,
00:21:32ce rôle de papa et de maman.
00:21:35Ça peut faire partie d'une démarche,
00:21:38ça peut être l'aboutissement d'un chemin.
00:21:42Ça peut être dire que ça y est, finalement.
00:21:45Moi, je veux faire passer le message
00:21:48qu'on vit normalement, que notre fille
00:21:51a une vie sexuelle différente,
00:21:54mais qu'elle n'est pas malade,
00:21:57et que sa vie est la nôtre et normale.
00:22:17Bonjour.
00:22:18Bonjour.
00:22:19Il y avait le soleil qui est tombé petit.
00:22:22Il y avait les reflets.
00:22:25C'est joli, avec les reflets.
00:22:28C'est émouvant.
00:22:56Mais il y a beaucoup de bruit dans le milieu homosexuel.
00:22:59Alors, ma chérie, là, qu'est-ce que tu vois ?
00:23:02Une très belle femme nue,
00:23:05allongée sur la plage,
00:23:08lisant François Sagan.
00:23:12Très bien, ma chérie, très bien.
00:23:15Et là, ma chérie,
00:23:18qu'est-ce que tu vois ?
00:23:21Deux petits seins et un grand bras.
00:23:24Fascinant.
00:23:28Ça me fait penser à autre chose,
00:23:31que les femmes hétérosexuelles, toutes catégories confondues,
00:23:34disent systématiquement quand elles rencontrent une lesbienne.
00:23:37C'est génial ! Il faut absolument que je te présente Françoise et Marie-Jean.
00:23:40Elles sont lesbiennes, elles aussi.
00:23:44Je suis sûre que vous allez vous entendre.
00:23:47Non, mais excusez-moi, juste un tout petit truc.
00:23:50Vous imaginez si nous, les lesbiennes, à chaque fois qu'on rencontrait des hétéros...
00:23:53Non, c'est Julien !
00:23:56Il faut absolument que je te présente François et Agnès.
00:23:59Elles sont hétéroses aussi. Je suis sûre que vous allez vous entendre.
00:24:03Applaudissements
00:24:06Je retrouve Océane le lendemain.
00:24:09Je lui fais part du plaisir que j'ai pris la veille.
00:24:12C'était vraiment drôle, très drôle.
00:24:15Je veux savoir ce qui l'a poussé à écrire ce spectacle,
00:24:19connaître ses motivations, car le pari était osé.
00:24:22Océane, à part pour faire rire,
00:24:25pourquoi avoir fait un spectacle sur les lesbiennes invisibles ?
00:24:30Parce qu'il n'y en avait pas eu avant
00:24:33et que je trouvais ça bien de parler de ça.
00:24:36C'est une sexualité qui est assez mal connue, l'homosexualité féminine.
00:24:40Et surtout, il n'y a pas de représentation.
00:24:43Il y a souvent des personnages de lesbiennes dans des films
00:24:46qui sont plutôt angoissants ou des personnages du mal.
00:24:49C'est la méchante meilleure amie.
00:24:52Je te mangerai récemment, dans des films français.
00:24:55C'est souvent des personnages très sombres.
00:24:59Je trouve ça dommage, parce qu'on peut être lesbienne
00:25:02et avoir la pêche, être heureuse et épanouie.
00:25:05Je me suis dit que je ne vais pas attendre que quelqu'un le fasse.
00:25:08J'avais envie de voir un spectacle exister
00:25:11qui donne une image positive des lesbiennes.
00:25:15Lesbiennes invisibles ?
00:25:18Les gens ont souvent l'impression qu'ils reconnaissent les lesbiennes
00:25:22alors qu'en fait, ils reconnaissent certaines lesbiennes.
00:25:25C'est-à-dire les lesbiennes les plus masculines,
00:25:28avec les cheveux très courts.
00:25:311m83, parfumée au Dracar Noir, chemise de bûcheron,
00:25:34500 introgrands, 4 airbillards, grosse montre de sport et coupe-vent.
00:25:38En fait, il y a plein d'autres filles qui sont lesbiennes
00:25:41mais qu'ils ne voient pas parce qu'ils pensent qu'elles sont hétéros.
00:25:44C'est ce qu'on appelle les lesbiennes invisibles.
00:25:47C'est un côté super-héros aussi pour le titre du spectacle.
00:25:50Il y a toute une catégorie de filles qu'on ne croit pas
00:25:53quand elles disent qu'elles sont lesbiennes.
00:25:57On dit non, c'est pas possible.
00:26:00T'en es pas. Ça m'a tellement énervée.
00:26:03Le soir même, j'étais me faire couper les cheveux.
00:26:06Embrasse-moi aussi, avec une couleur fauve pour faire comme elle.
00:26:09Marie-Brandone ?
00:26:13T'en es pas.
00:26:16Si t'es pas trop moche et que t'es un peu féminine,
00:26:19tu peux pas être lesbienne dans la tête des gens.
00:26:22C'est les lesbiennes invisibles.
00:26:25A quoi vous attachez ce truc-là ?
00:26:28On se dit que c'est pas possible. Elle est jolie, féminine.
00:26:32C'est impossible.
00:26:35Je pense qu'il y a une histoire
00:26:38juste des rapports homme-femme
00:26:41avec une domination masculine qu'on connaît bien
00:26:45et une fille, on peut supporter qu'elle soit lesbienne
00:26:48si elle est pas trop excitante.
00:26:51Mais si elle commence à être bonnace,
00:26:54ça fait vraiment chier.
00:26:57Je fais un peu une caricature, mais il y a un raccourci comme ça
00:27:01où souvent, dans la tête des gens,
00:27:04les lesbiennes ont un problème avec les hommes.
00:27:07Quand elle a dit à sa mère qu'elle était lesbienne, sa mère lui a répondu.
00:27:10...
00:27:13...
00:27:16...
00:27:20...
00:27:23...
00:27:26Il y a beaucoup de filles qui l'ont entendue.
00:27:29Dans le cliché, les lesbiennes sont moches, ça fait toujours un peu mal.
00:27:32Je vais vous citer quelques idées reçues sur les lesbiennes.
00:27:36Vous allez me dire à quoi ça vous fait penser.
00:27:39Les lesbiennes ont été agressées
00:27:42sexuellement dans leur enfance.
00:27:45En tout cas, il est arrivé quelque chose de grave.
00:27:48Si c'est possible de garder ça au montage,
00:27:51si toutes les filles qui se sont fait abuser dans leur vie étaient lesbiennes,
00:27:55ça serait vraiment la fête pour moi.
00:27:58Entre femmes, on a du mal à imaginer comment ça peut être sexe.
00:28:01On se caresse les cheveux uniquement.
00:28:04On se fait des bisous parfois sur la bouche, mais sans la langue.
00:28:07On se caresse les cheveux comme ça.
00:28:11D'une manière limite hardcore, je trouve.
00:28:14Oh non, hardcore, c'est mignon.
00:28:17Et dans les films pornos, les filles, entre elles, qu'est-ce qu'elles font ?
00:28:20Elles s'excitent, elles s'allument
00:28:23en poussant de petits gémissements couinifs.
00:28:27Oh ! Ah ! Oh ! Ah ! Oh ! Ah ! Oh !
00:28:30Mais ça, c'est seulement
00:28:33pour mieux préparer l'entrée triomphante de...
00:28:36Ouais ! Strogoff !
00:28:39Strogoff, les talons slabs avec son rôti de bœuf entre les jambes.
00:28:42Tu parles d'un postulat
00:28:46où les hommes sont actifs et les femmes sont passives.
00:28:49Donc, deux hommes ensemble, ça fait presque une sexualité exacerbée
00:28:52dans la tête des gens aussi. On imagine tout de suite
00:28:55les pédés qui passent leur temps à faire l'amour, à avoir plein de partenaires
00:28:58alors que ça peut être le cas et ça peut ne pas être le cas.
00:29:02Et des filles, entre elles, forcément, qui peuvent pas vraiment
00:29:05avoir de sexualité puisque c'est deux femmes, donc elles peuvent pas.
00:29:08Et elles n'en peuvent plus. Eva et Mathilda, elles sont très excitées.
00:29:11Oh oui, on est très excitées.
00:29:14...
00:29:17Mais elles ne savent pas comment se faire jouir.
00:29:21Maintenant, on sait pas comment se faire jouir.
00:29:24...
00:29:27Et c'est pour ça qu'elles attendent Strogoff et son gros engin
00:29:30qu'ils viennent enfin les libérer de cette folle excitation
00:29:33dont elles ne savent que faire.
00:29:36...
00:29:40...
00:29:43...
00:29:46...
00:29:49...
00:29:52...
00:29:56...
00:29:59....
00:30:02...
00:30:05C'est arrivé ? On comptait plusieurs points, hein ?
00:30:08Aussi.
00:30:09Aussi ? Ça va ?
00:30:16Je me demande si jouer en province est un challenge supplémentaire pour Océane.
00:30:23L'expérience que j'ai eue pour l'instant, c'est que les dates en province,
00:30:26c'était encore plus fou qu'à Paris.
00:30:29Parce qu'il y a un besoin très fort, je pense, de libérer la parole,
00:30:33de dire des choses, parce que c'est plus dur, je pense, pour les lesbiennes en province.
00:30:37Donc, il y a plus d'émotions encore en province qu'à Paris.
00:30:41Il y a plus d'émotions pour vous, sans doute.
00:30:43Pour moi aussi, du coup, parce que c'est très fort de voir qu'il y a un soulagement,
00:30:47que ça fait du bien aux gens, qu'ils sont contents.
00:30:49Enfin, on sent que ça leur fait du bien, quoi.
00:30:52Et c'est bête, mais c'est quand même super de faire ça, quoi.
00:30:56Bon, je vais vous laisser vous préparer, parce que je sais que là, ça monte.
00:30:59Ça monte, ça monte.
00:31:00À tout à l'heure.
00:31:01À tout à l'heure.
00:31:03Pendant qu'Océane se prépare, je vais aborder quatre jeunes filles
00:31:07qui sont venues de loin pour la voir.
00:31:09Alors, qu'est-ce qui amène donc quatre jeunes étudiantes
00:31:13à venir voir le spectacle d'Océane Rosemary ?
00:31:16Est-ce que vous êtes concernées par le sujet, précisément ou pas ?
00:31:21On est concernées, enfin, certaines d'entre nous sont concernées par le sujet.
00:31:25Et comme Océane Rosemary passait à 50 kilomètres,
00:31:28on s'est dit, on va en profiter, quoi.
00:31:31Ouais ? Est-ce qu'il y a une hétéro parmi vous ?
00:31:33Vous êtes toutes...
00:31:34Non, moi.
00:31:35D'accord, OK.
00:31:36Elle rigole pas.
00:31:37Non, non, c'est vrai, elle rigole pas.
00:31:39Non, mais ça le doit.
00:31:42Est-ce qu'être jeune lesbienne en province,
00:31:46c'est quelque chose que vous affichez ou que vous gardez...
00:31:50Ça dépend d'où on se situe.
00:31:53Nous, c'est vrai que le lycée est particulièrement ouvert d'esprit,
00:31:56donc on peut s'afficher au lycée.
00:32:00Vous êtes au lycée, hein ?
00:32:01Ouais.
00:32:02Quel âge avez-vous ?
00:32:03On est en BTS, en fait.
00:32:04Quel âge avez-vous ?
00:32:05On a 18 ans.
00:32:0618 ans, OK.
00:32:07Ça vous est déjà arrivé, en fait, de tenir par la main votre copine
00:32:10et d'avoir des réactions négatives par rapport à ça ?
00:32:16Je sais que j'ai déjà tenu la main à ma copine en ville.
00:32:19Il y a juste des regards.
00:32:20Non, il y a des regards, ouais, normal.
00:32:21Il y a des regards, mais on y fait plus attention au fur et à mesure.
00:32:25Parce que si nous, on s'habitue pas, je pense que personne s'habituera
00:32:28et qu'il faut qu'on fasse aussi bouger les choses en tant qu'homme.
00:32:31Et puis, on en parle beaucoup aujourd'hui,
00:32:32donc je pense que ça fait évoluer aussi les mentalités des gens.
00:32:35Il faut qu'on arrête de se cacher, surtout.
00:32:37Oui, voilà, c'est ça.
00:32:38C'est surtout ça.
00:32:39Et comme les autres, hein.
00:32:40Enfin, il faut pas se cacher, on est normal, on est pas des bêtes.
00:32:45On se reverra peut-être après le spectacle, parce que j'aimerais bien un peu…
00:32:49C'est génial parce que vous ne l'avez pas vu, moi je l'ai vu.
00:32:53Je me suis bien marré.
00:32:55Ce qui peut être drôle, c'est que nous, en tant que lesbiennes,
00:32:57on peut rigoler encore plus parce qu'on sait de quoi elles veulent parler aussi.
00:33:01Alors que vous, vous allez découvrir 2-3 trucs ce soir.
00:33:06Oui, voilà.
00:33:07Bon, très bien.
00:33:08Bon, ben, bon spectacle, à tout à l'heure.
00:33:09Merci.
00:33:18Allez, vas-y.
00:33:20Bonsoir.
00:33:22Et à partir de là, je me suis dit qu'il fallait absolument que je rencontre de vraies lesbiennes.
00:33:26Et c'est comme ça que j'ai atterri, naturellement, à mon club de foot féminin de Rony-sous-bois.
00:33:31Quand j'arrivais avant l'entraînement, elle, elle faisait des tours en moto sur le parking du stade.
00:33:37Gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, gouine, goudou, goudou, goudou, goudou, goudou.
00:33:51La plupart des femmes hétero, je ne sais pas pourquoi, mais quand vous leur dites que vous êtes lesbiennes,
00:33:56elles croient automatiquement que vous allez toutes vouloir les mettre dans votre lit.
00:33:59Alors ça, je ne sais pas d'où ça leur vient, comme si les hommes voulaient mettre toutes les femmes dans leur...
00:34:03C'est pas un bon exemple.
00:34:05Je suis encore là demain et après-demain. Je crois que demain, il n'y a plus de place, mais dimanche à 4h11, j'ai bien compris.
00:34:12L'asile, ça s'appelle.
00:34:17Bisous, bisous.
00:34:19Voilà, donc n'hésitez pas à revenir dimanche à 16h11 avec votre maman.
00:34:22Gros bisous, merci.
00:34:24Qu'est-ce que ça fait, à votre avis, avancer le fait qu'il y ait un spectacle comme celui d'Océane Rosemary pour les filles qui aiment les filles ?
00:34:39Un spectacle comme ça, justement, il y a besoin d'en avoir pour faire comprendre aux gens que c'est rien.
00:34:45C'est pas une maladie, je ne l'ai pas attrapé.
00:34:48On ne saute pas dessus.
00:34:51Je voyais Océane Rosemary, elle parlait du foot.
00:34:54Moi, je me retrouve devant, vu que je fais du foot, et c'est exactement la même chose.
00:34:58C'est vrai que dans le monde du foot, il y a beaucoup de lesbiennes, quand même.
00:35:01J'étais tellement entourée d'amis lesbiennes par rapport au foot que finalement, je me suis posée des questions, tout simplement.
00:35:08Et du coup, au foot, maintenant, tout le monde le sait, on s'affiche pleinement.
00:35:14Quelle place vous jouez ?
00:35:159.
00:35:16Comme moi.
00:35:18Bravo.
00:35:19C'est les meilleures, suivant ça.
00:35:21Et les mieux payées, normalement.
00:35:27En vous écoutant, j'ai l'impression que c'est quelque chose qui a l'air plus facile aujourd'hui.
00:35:31En tout cas, vous avez l'air de l'assumer beaucoup plus facilement que d'autres.
00:35:34Parce que je pense que c'est, je ne sais pas ce que dire, c'est la mode à notre âge.
00:35:39Il y en a, ils le font parce qu'ils voient d'autres filles lesbiennes.
00:35:42Donc, ils vont se dire, tiens, c'est la mode, on va faire la même chose, alors qu'elles ne le sont pas du tout.
00:35:46Mais je pense qu'à notre âge, il y en a beaucoup aussi.
00:35:49Ce n'est pas qu'il y en a de plus en plus, c'est qu'ils se cachent moins, je pense aussi.
00:35:53À quoi vous vous attachez le fait que justement, elles se cachent moins ?
00:35:57Je sais que pour moi, avant, je n'osais pas m'afficher parce que ça dépend aussi d'où on est, d'où on vit.
00:36:05Mais après, c'est vrai que quand on est dans un milieu où on voit qu'il y en a, qu'il y a des lesbiennes, des gays tout autour,
00:36:10on se dit pourquoi se cacher ? Et on vit notre vie pleinement devant tout le monde.
00:36:17Et en fait, on se rend compte que ce n'est pas plus mal.
00:36:19À force de l'assumer comme vous avez l'air de l'assumer totalement, parce que c'est vrai que vous en parlez super librement,
00:36:24est-ce que c'est quelque chose auquel vous ne pensez plus du tout ?
00:36:28Est-ce que vous donnez cette impression ?
00:36:30En gros, on oublie qu'on l'est, on vit normalement.
00:36:34Et vous, Miss ?
00:36:35Moi, je suis contente de le vivre librement.
00:36:37On se sent mieux déjà, on se sent être soi, en fait.
00:36:41Oui, sans pouvoir.
00:36:43Et ça, ça fait du bien.
00:36:45Oui, exactement.
00:37:07On voit des femmes qui tombent amoureuses d'une autre femme.
00:37:21En poursuivant mon voyage, j'ai rencontré Tina et Stéphanie.
00:37:25Leur histoire est incroyable.
00:37:27Au début, c'est la musique qui les réunit.
00:37:29Au fil des jours, Tina, 40 ans, mère de famille, mariée sans expérience homosexuelle,
00:37:34va succomber au charme de la jeune Stéphanie, 23 ans,
00:37:37lesbienne depuis son adolescence.
00:37:39C'est le coup de foudre, Tina va tout plaquer pour elle.
00:37:42Elle se souvient du moment où tout a basculé.
00:37:45Un soir, dans la voiture...
00:37:47Déclaration.
00:37:48Je lui ai dit, voilà, je ne peux plus vivre sans toi.
00:37:52Et là, elle s'est effondrée, elle m'a dit...
00:37:56On ne comprenait pas trop ce qui se passe.
00:37:59Et puis, voilà, on a...
00:38:01Et puis, je suis repartie, je suis repartie.
00:38:04Je l'ai laissée chez elle, je suis repartie.
00:38:06Et là, je me suis dit...
00:38:07Mais c'est la catastrophe.
00:38:10C'est la catastrophe.
00:38:12C'était l'apocalypse.
00:38:13Je me disais, mais comment je vais faire ?
00:38:15Moi, j'ai un enfant en bas âge.
00:38:17Mais dans nos cœurs, il y avait un truc, c'était le...
00:38:22Le grand chamboulement.
00:38:23Ah là là !
00:38:24Moi, je savais, je suis partie dans ma voiture.
00:38:27Je me suis dit, je suis vraiment dans la...
00:38:30C'était la catastrophe, quoi.
00:38:32Et voilà.
00:38:33Mais par contre, moi, je lui avais dit, il n'est pas question que tu partes pas aux Etats-Unis, quoi.
00:38:37C'était pas question, ça.
00:38:38Il fallait qu'elle parte, il fallait qu'elle vive, ça.
00:38:40Donc, vous êtes partie 3 mois.
00:38:42Ah non, je suis rentrée avant.
00:38:45Bah oui, suis-je bête ?
00:38:47C'est-à-dire que j'avais programmé un an, ce départ, tellement j'étais pas bien, voilà.
00:38:53Mais je voulais rentrer tous les jours.
00:38:55Tous les jours, je regardais les billets pour le lendemain.
00:38:58J'ai tenu à peine 2 mois.
00:39:00D'accord.
00:39:01Je suis rentrée un mois avant.
00:39:02OK, donc vous êtes rentrée.
00:39:04Et là, quand vous rentrez, qu'est-ce qui se passe ?
00:39:07Moi, je prends très très rapidement un appartement
00:39:09pour m'éloigner un petit peu du cocon familial,
00:39:12pour qu'on ait un endroit pour nous, un petit peu, quoi.
00:39:16Moi, je pense que les choses se sont quand même bien passées au regard de tout ça.
00:39:21Quand même.
00:39:22Ça a été quand même assez fluide.
00:39:24Rapide, mais fluide.
00:39:26C'était douloureux, parce que c'est douloureux de vivre quelque chose
00:39:31où on a la sensation que, attends, il faut faire attention à ci,
00:39:34il faut faire attention à ça, il faut faire attention...
00:39:36Alors qu'on dealerait de la drogue ou on ferait du trafic d'armes.
00:39:42Je comprends que ce soit clandestin ou même illégal,
00:39:45mais là, on se sent toujours dans une position où on fait un truc de pas bien,
00:39:49alors qu'on dit juste qu'on ne peut pas vivre l'une sans l'autre.
00:39:53C'est aussi simple que ça.
00:39:55On vit une histoire d'amour, j'ai envie de dire, presque plus belle, parce que...
00:40:02Parce que difficile ?
00:40:03Oui.
00:40:05Oui.
00:40:06Parce que c'est un combat.
00:40:09Quotidien.
00:40:11Oui.
00:40:12Moi, je peux comprendre la difficulté des parents de Steph, par exemple.
00:40:17Je me mets à la place d'une mère qui voit sa jeune fille de 25, 24 ans
00:40:23qui est une folle reddingue amoureuse d'une femme de 40 ans,
00:40:27qui n'a pas la même religion, qui a déjà deux enfants.
00:40:31C'est pas simple.
00:40:33Ça peut faire un petit choc.
00:40:35Absolument.
00:40:36Mais en même temps, à partir du moment où c'est une histoire de survie aussi,
00:40:41d'être dans sa vie et de...
00:40:42Je pense qu'avec Steph, c'était clair, ça.
00:40:44Qu'on pouvait pas faire, sinon on allait mourir toutes les deux.
00:40:47L'une sans l'autre.
00:40:48À fond.
00:40:49C'était pas possible.
00:40:52Bon, de toute façon, le choix est limpide, là.
00:40:54Il est clair.
00:40:55Je sais pas, je vais réfléchir.
00:40:57Sous 48 heures, tu vas être à 30.
00:41:01Pourquoi est-ce que vous avez accepté de faire ce documentaire ?
00:41:06Pour dire à nos familles, un vrai message aux familles,
00:41:10et pas qu'aux nôtres, mais aux familles en général,
00:41:12parce que moi, j'ai entendu des histoires d'homosexualité,
00:41:16où les familles...
00:41:17Par exemple, il y en a un qui tombe dans le coma,
00:41:19il le dépaxe avec le conjoint ou la conjointe,
00:41:22et il récupère...
00:41:23Enfin, il y a des histoires affreuses.
00:41:25Et donc, nous, on se disait...
00:41:27Si jamais, un jour, il arrive quelque chose à Steph,
00:41:29ou s'il arrive quelque chose à moi,
00:41:31demain, dans la rue, un accident,
00:41:33ce serait insoutenable qu'on puisse pas s'accompagner.
00:41:38Ça, c'était important.
00:41:39On voulait vraiment dire ça.
00:41:41Et dire à mes parents aussi que c'est pas irrespectueux,
00:41:44et que je les aime fort aussi.
00:41:46Qu'il n'y a rien d'irrespectueux dans le fait qu'on le dise.
00:41:49C'est pas contre eux.
00:41:50C'est pas contre eux.
00:41:54C'est essayer d'être dans un futur proche ou un peu plus lointain,
00:41:58mais d'avancer ensemble.
00:41:59Parce qu'on a quand même vécu pratiquement 23 ans ensemble.
00:42:03Et j'ai eu une très belle enfance,
00:42:05j'ai eu des très très jolis moments quand même avec eux.
00:42:10Et je leur dois beaucoup beaucoup de choses.
00:42:13Et non, c'est pas irrespectueux, non.
00:42:15C'est pas pour les défier sans cesse.
00:42:18Non, c'est juste...
00:42:20Non, non, je les aime fort aussi.
00:42:23On nous fait une petite armichette alors ?
00:42:30Je comprends que cette histoire hors norme
00:42:32a dû être très difficile pour ces deux femmes.
00:42:35Le lendemain, je leur donne rendez-vous séparément.
00:42:38Pour savoir comment elles et leur famille l'ont vécu.
00:42:48Comment est-ce qu'on gère ?
00:42:50On gère pas.
00:42:51Moi, j'ai pas géré du tout.
00:42:52Je savais plus où j'étais.
00:42:54Je savais plus comment je m'appelais.
00:42:55C'était un truc...
00:42:57C'était incompréhensible.
00:42:58En plus, la différence d'âge.
00:43:00Il y avait tout.
00:43:02Il y avait tous les signaux d'un côté qui disaient
00:43:05non, non, non, c'est pas possible.
00:43:07Et puis en plus, il y a aussi un truc.
00:43:09C'est comment construire ou comment sentir
00:43:11qu'il y a quelque chose qui naît
00:43:13et que forcément, ça va détruire une autre histoire.
00:43:16C'est insupportable à vivre.
00:43:18Comment votre ex-mari a réagi
00:43:20quand vous lui avez annoncé
00:43:21que ce n'était pas pour Robert
00:43:23mais pour Stéphanie ?
00:43:26D'abord, il avait essayé de me tendre des perches
00:43:29bien avant en me disant
00:43:30ben alors...
00:43:32Il essayait de prêcher le faux pour savoir le vrai.
00:43:34J'essayais de lui faire passer des messages aussi.
00:43:38Un jour, il m'a dit
00:43:40t'arrêtes maintenant, tu me dis ce qu'il se passe.
00:43:42Je crois savoir ce qu'il se passe.
00:43:44Il m'a dit je pense que c'est ça
00:43:46et je sais qui c'est.
00:43:48J'ai dit ben oui.
00:43:49Sur le coup, il m'a dit je suis soulagée.
00:43:51Maintenant, je suis consciente que
00:43:53peut-être que ça l'arrange plus.
00:43:55Je ne sais pas.
00:43:57Vous qui êtes un homme, Olivier.
00:43:59Peut-être que ça arrange plus
00:44:01que ce soit Stéphanie, que Robert.
00:44:04J'allais vous poser la question
00:44:06sur votre feeling par rapport à ça.
00:44:08Moi, je pense que
00:44:10d'abord, sa place de papa,
00:44:12elle est plus que préservée
00:44:14parce qu'il n'y a pas d'autre homme.
00:44:16Il est toujours l'homme de la maison.
00:44:17Absolument.
00:44:18Même dans ma propre vie,
00:44:20je n'ai pas sa place
00:44:22même si ce n'est plus un couple
00:44:24conjugal on va dire
00:44:26mais c'est quelqu'un que j'adore
00:44:28et je me rends compte
00:44:30qu'il a sa place dans ma vie.
00:44:32Je ne peux pas concevoir
00:44:34de ne plus l'avoir dans ma vie.
00:44:36Steph a une autre place.
00:44:38On ne peut pas avoir vécu
00:44:40avec quelqu'un pendant ton année
00:44:42et couper les ponts.
00:44:44C'est trop difficile.
00:44:46Et avec les enfants ?
00:44:48Elles sont élevées
00:44:50dans l'amour tout le temps.
00:44:52Steph les aime beaucoup.
00:44:54Leur papa les aime beaucoup.
00:44:56Moi, je les aime beaucoup.
00:44:58On s'en occupe tout le temps.
00:45:00Elles sont un pôle de gens
00:45:02qui s'occupent d'elles tout le temps.
00:45:04Steph a vraiment appris ça
00:45:06à bras-le-corps.
00:45:08Alors que quand on a 25 ans,
00:45:10on peut avoir envie d'autre chose
00:45:12que de se lever tous les matins,
00:45:14d'aller à l'école,
00:45:16de partager ce quotidien
00:45:18avec les enfants.
00:45:20A 25 ans, je ne suis pas sûre
00:45:22que j'aurais vécu ça comme ça.
00:45:24Il y a des petites choses
00:45:26qui manquent dans une société de femmes.
00:45:28Par exemple, poser une tringle,
00:45:30changer un robinet.
00:45:32Aller au BHV...
00:45:34Moi qui ne suis absolument pas
00:45:36bricoleur, ça s'arrange.
00:45:38Ça s'apprend.
00:45:40On ne peut pas tout avoir.
00:45:42C'est ça !
00:45:44J'ai du mal à m'y résoudre encore.
00:45:58...
00:46:10Avant qu'il arrive tout ça avec Tina,
00:46:12vous étiez déjà
00:46:14une jeune femme
00:46:16qui aimait les femmes ?
00:46:18J'avais eu une aventure
00:46:20un petit peu comme ça,
00:46:22mais je ne m'étais pas vraiment
00:46:24posé les bonnes questions,
00:46:26question, je pense, à cette époque.
00:46:28Moi, je sais que j'ai essayé avec des hommes.
00:46:30C'était pas possible.
00:46:31C'était pas possible.
00:46:32Non, donc c'est dans ces moments là où je me posais pas les bonnes
00:46:36questions. Je me disais non, il me convient pas, il me convient pas,
00:46:38il me convient pas.
00:46:39Jusqu'au moment où une personne qui change de voie de vie et là,
00:46:44on se dit ah oui, en fait, c'était ça.
00:46:46Qui s'est décidé à faire le premier pas?
00:46:50Elle. Elle, parce que moi, je n'aurais jamais osé.
00:46:53Au vu de sa situation, je n'aurais jamais osé.
00:46:55Marier deux enfants, je ne suis pas du tout pour les doubles
00:46:59vies, pour les histoires de tromperie.
00:47:02Donc, ça a été très, très douloureux pour moi, même par
00:47:04rapport à son ex mari.
00:47:05Je m'en suis beaucoup, beaucoup voulu, parce que c'est très,
00:47:08très difficile d'aimer quelqu'un qui est déjà pris.
00:47:12C'est pas, c'est pas simple à vivre au quotidien.
00:47:15Vous avez vécu un moment un peu, on va dire clandestinement,
00:47:20cette relation. Vous viviez comment?
00:47:24Vous avez vécu comment cette époque?
00:47:25Très, très douloureusement. Pourquoi expliquer ça?
00:47:28Parce que quand on aime une personne, on a un petit peu
00:47:33envie de le crier sur tous les toits, dans le sens où dire
00:47:36qu'on est heureux. Grâce à qui?
00:47:38Ce qu'on fait le matin, voilà les épreuves à affronter à
00:47:42deux. Vivre à deux, c'est mais à deux, c'est quand même une
00:47:47des plus belles choses. Donc, arriver devant mes parents et
00:47:51parler de tout et de rien et pas de ça.
00:47:53C'était comme si je me cachais moins.
00:47:55Je leur parlais pas avec mon âme, je leur parlais avec ma tête.
00:48:00Vous avez connu Tina, vous faisiez de la musique ensemble.
00:48:03Elle a eu l'occasion de croiser vos parents, votre famille.
00:48:07C'est là l'erreur que j'ai faite, je pense, et l'erreur sur
00:48:11laquelle ils m'en veulent vraiment, c'est qu'on n'a pas
00:48:14joué franc jeu dès le début, mais en même temps, c'était
00:48:17très, très compliqué de jouer franc jeu.
00:48:19Moi, je savais pas comment j'allais être, être accepté si
00:48:22j'avais pas juste être mise à la rue, même si ça reste des
00:48:26parents et je reste leur enfant.
00:48:28On n'en sait rien quand on est de ce côté là de l'histoire.
00:48:32Donc, on s'est montré plusieurs fois.
00:48:34Moi, je savais pas du tout qu'elle, qu'elle, qu'elle
00:48:38rêve prendre. Est ce qu'il fallait la couper définitivement
00:48:41de mon cercle familial et voilà, continuer mon petit bonhomme
00:48:45de chemin jusqu'à ce qu'on en parle, jusqu'à ce qu'on
00:48:47l'annonce ou alors essayer de la faire rentrer dans le
00:48:50milieu familial, qui s'entendent bien et espérer et se dire
00:48:55un jour, quand ils le sauront, ils l'aimeront et l'accepteront
00:48:59comme elle est. En fait, ça s'est pas passé comme ça.
00:49:01Ils m'en ont beaucoup voulu d'aller à des fêtes de famille,
00:49:07alors qu'ils n'étaient au courant de rien.
00:49:08Donc, c'était un petit peu les avoir trahis, bafoué.
00:49:14Mais en même temps, est ce que vous aviez le choix?
00:49:18Honnêtement, j'ai beau m'excuser et m'être excusé plusieurs
00:49:23fois auprès d'eux pour ça.
00:49:25Je pense que je n'aurais pas pu faire autrement ou su faire
00:49:27autrement. C'est pas pu, c'est su.
00:49:30Non, même si on se reparle, on parle pas du tout de ça.
00:49:32C'est comme si cette partie de moi n'existait pas du tout.
00:49:35C'est comme si ils ne voulaient pas en entendre parler.
00:49:37Ils ne veulent pas en entendre parler.
00:49:39D'accord, ils ne veulent pas en entendre parler.
00:49:41Il n'y a pas une notion aussi dans tout ça.
00:49:43C'est la notion que vos parents, peut être à travers ce que vous
00:49:47vivez aujourd'hui, s'imaginent ne jamais être grands parents.
00:49:50C'est pas du tout incompatible.
00:49:54Moi, je ne veux pas passer non plus à côté de la maternité.
00:49:58Il ne faut pas avoir de soucis à se faire de ce côté.
00:50:01Et moi, j'adore les enfants et je ne passerai pas à côté de ça.
00:50:06Le fait que j'aime une femme n'est pas incompatible avec le
00:50:10fait que je veuille être mère.
00:50:11Ça veut dire que vous prévoyez bien de nous faire deux, trois petits.
00:50:15Déjà un. Non, non, mais pas tout de suite.
00:50:19Non, non, non, c'est pas dans les médias, mais voilà, j'y pense.
00:50:24J'espère.
00:50:25Est ce que vous avez l'impression qu'à travers l'attitude de votre
00:50:29maman, elle se reproche des choses?
00:50:33Elle a l'impression d'avoir raté quelque chose quelque part?
00:50:35Ah oui, je pense.
00:50:37C'est sûr.
00:50:38Qu'est ce que vous lui diriez à votre maman?
00:50:40En fait, pour lui dire c'est pas de ta faute.
00:50:43Non, c'est pas de ta faute.
00:50:46Non, non, il n'y a rien. Il n'y a pas de faute.
00:50:48Personne n'a rien à se reprocher là dedans.
00:50:52Dans le sens où je pense.
00:50:54Moi, je pense et je pense qu'on est né comme on est et qu'on doit
00:50:58vivre la vie qu'on vit à partir du moment où on décide de vivre.
00:51:04Vous avez l'impression de vivre la vie de madame tout le monde
00:51:06aujourd'hui?
00:51:07Non, je suis plus heureuse que madame tout le monde.
00:51:12En discutant avec Tina et Stéphanie, j'ai vite oublié que je parlais
00:51:15avec des lesbiennes. Un mot que d'ailleurs, je n'aime pas trop.
00:51:18Mais plutôt le sentiment d'être avec deux femmes qui s'aiment, tout
00:51:22simplement. Avec elle, j'ai réalisé combien il était douloureux de
00:51:25devoir se justifier d'un amour et d'une sexualité que l'on n'a pas
00:51:28choisi. Et je suis encore loin d'imaginer à quel point c'est
00:51:32encore plus difficile à la campagne.
00:51:37Mon voyage continue du côté danger.
00:51:49J'ai rendez-vous avec Jessica, 24 ans, rejetée par sa famille, puis
00:51:54victime d'insultes et de persécutions.
00:51:56Avec elle, je vais me rendre compte de la violence de l'homophobie en
00:51:59France. Jessica m'attend en bas de chez elle.
00:52:02Depuis un an, elle vit ici avec Charlotte.
00:52:04Les deux jeunes femmes ont été obligées de déménager.
00:52:08Jessica, bonjour.
00:52:11Bonjour.
00:52:12Comment allez-vous?
00:52:13Ca va, merci.
00:52:14Petit village tranquille?
00:52:17Oui, tranquille. Oui, oui.
00:52:19Il n'y a pas de problème.
00:52:20Je vous suis, on n'est pas loin de chez vous.
00:52:21C'est parti, on y va, c'est là.
00:52:23Jessica a toujours su qu'elle était homosexuelle, mais à la campagne,
00:52:27pas facile de l'afficher.
00:52:29Alors, au début, elle fait comme les copines.
00:52:32De 14 ans à 18, 19 ans, j'étais avec un garçon.
00:52:39Ce qui ne m'empêchait pas de regarder les filles, qui, d'ailleurs, lui,
00:52:42me posait souvent la question.
00:52:44T'es pas lesbienne, c'est bizarre, machin.
00:52:48On voyait une fille dans la rue. Elle est belle, celle là, voilà.
00:52:52Mais sexuellement, ça se passe comment quand on aime les filles et
00:52:54que l'on est avec un garçon?
00:52:55Je simule. D'accord, c'est aussi simple que ça.
00:53:00Je ressentais aucun plaisir, mais aucun.
00:53:02Je me demandais même si j'avais un problème.
00:53:06Donc, pourquoi être allée avec un homme?
00:53:07Je ne sais pas. Pourquoi?
00:53:10Après, il était beau aussi, mais bon.
00:53:13Après, c'est peut être l'environnement aussi dans lequel j'ai été élevé
00:53:17aussi, qui me faisait.
00:53:19Dans quel environnement vous avez été?
00:53:21Parce que quand on discutait de l'homosexualité avec mes parents,
00:53:24c'était toujours à la fin, ça finissait toujours en colère.
00:53:29Parce que dès qu'on en discutait, il ne fallait pas discuter de ça.
00:53:33C'était moi, mes enfants, j'aimais dehors et puis terminé.
00:53:36Et j'avais beau défendre la cause homosexuelle, rien n'y faisait.
00:53:40Ça vous est arrivé d'aborder avec vos parents l'homosexualité
00:53:43avant de vous même leur révéler?
00:53:46Vous tâtiez le terrain?
00:53:47Oui, voilà. Et ça, c'était toujours pareil.
00:53:50Vous l'avez tâté souvent, le terrain?
00:53:52Oh oui, pas mal de fois.
00:53:54Vous venez de quel milieu, en fait?
00:53:56Milieu ouvrier, milieu ouvrier, oui.
00:53:59À quel âge, en fait, vous avez commencé à assumer votre sexualité?
00:54:04J'avais 20 ans.
00:54:06Pourquoi aussi tard?
00:54:09Déjà, j'avais mon permis.
00:54:10J'habitais dans la campagne, là où habitent mes parents.
00:54:14C'était la campagne à casse-couteurs.
00:54:15Je peux rien faire, à part 5 kilomètres, c'est tout.
00:54:18Donc, après, j'avais la voiture, Internet.
00:54:20Et puis, voilà, j'ai été sur un chat et j'ai pris rendez vous avec une fille.
00:54:25Un permis, ça a tout changé, ça a tout libéré.
00:54:28Allez hop, ouais, ça, c'est sûr.
00:54:30En pleine campagne, mais vraiment la campagne profonde.
00:54:32J'avais pas de voisins, j'avais rien à part des vaches.
00:54:34D'accord, donc à 19 ans, le permis.
00:54:36Voilà, 2, 3 chats, 2, 3 rendez vous.
00:54:39Et oui, c'est parti.
00:54:40Et donc, coming out, déclaration à vos parents?
00:54:46Un mois après, ouais.
00:54:47Un mois après.
00:54:47Ouais.
00:54:48Comment est ce que ça s'est passé?
00:54:49Oh là là, un soir, il était tard, il pleuvait des cordes.
00:54:51J'étais en couple avec Charlotte.
00:54:52Je devais repartir et là, ma mère, elle me bloque la route.
00:54:55Ça va pas, tu sors pas dans cet état.
00:54:56T'as vu le temps qu'il fait, machin, il me dit tu vas où?
00:55:00Je dis, je vais à Nantes.
00:55:01Pourquoi faire?
00:55:02Je vais voir ma pote, mais elle comprenait pas, en fait, et c'est là que mon père l'a lâché la phrase.
00:55:06Bah quoi, t'es lesbienne?
00:55:07Et du coup, je lui dis, bah, oui, et là, j'ai ma mère qui fond en arme comme une mademoiselle.
00:55:15Votre père, c'est qui?
00:55:16Et là, j'ai ma mère qui fond en arme comme une mademoiselle.
00:55:21Votre père, il est resté dans son coin, il n'avait rien à faire.
00:55:25Quinze jours après, ils m'ont mis dehors.
00:55:28Donc, le lendemain matin, j'ai pris toutes mes affaires.
00:55:31J'ai rempli mon coffre et au revoir.
00:55:35Dans quel état psychologique vous étiez quand vos parents vous ont mis, en tout cas les semaines qui ont suivi cette rupture avec les parents?
00:55:43Très mal, j'ai perdu 15 kilos en deux semaines.
00:55:46Vous avez perdu 15 kilos?
00:55:48Ouais, moi, je pense que c'était le choc.
00:55:49Après, je pense que c'était le choc qu'ils mettent à la porte.
00:55:58C'est comme ça.
00:56:04Aujourd'hui, c'est quelque chose que vous vivez mieux ou c'est quelque chose qui vous reste?
00:56:08Non, je leur en veux toujours.
00:56:09Ouais. Mais vous sentez que ça, ça fait quatre ans maintenant et vous sentez que les choses ne peuvent pas avancer ou alors elles pourraient avancer.
00:56:22Elles n'avanceront pas parce qu'ils ne veulent pas faire d'efforts.
00:56:24Pourquoi est ce qu'ils ne veulent pas faire des fois parce qu'ils ne veulent pas accepter Charlotte?
00:56:27Ils ne veulent pas accepter Charlotte.
00:56:29Qu'est ce que vous pensez du jugement de vos parents vis à vis de vous?
00:56:33Ils ont honte, c'est tout. Ils ont honte que je suis comme ça.
00:56:35C'est tout. Ils m'ont balancé plusieurs fois dans la tronche.
00:56:37Des fois, j'ai honte depuis ma fille.
00:56:39Mais écoute, je suis plus ta fille.
00:56:41Puis c'est tout.
00:56:43Lequel des deux a été le plus virulent?
00:56:44Ça m'intéresse. Ma mère, votre mère.
00:56:46Pourquoi? Vous y avez pensé déjà?
00:56:48Non, je ne sais pas pourquoi.
00:56:50Non, non.
00:56:54Non, je ne sais pas. Pourtant, je suis plus proche de ma mère que de mon père.
00:56:57Parce que mon père, je ne parle jamais.
00:57:00Je pense qu'elle ne s'y attendait pas non plus.
00:57:01Elle rêvait pas dans sa tête.
00:57:04Pensez peut être une autre vie pour moi.
00:57:05Mais après, moi, je n'ai pas. Ce n'est pas un choix que je fais.
00:57:09Je n'ai pas demandé à être comme ça.
00:57:12Non, on ne demande pas à être comme si, comme ça.
00:57:15Non, c'est clair. C'est comme si je disais à un hétéro.
00:57:17C'est ton choix. Non, il est né comme ça.
00:57:20Il est né pour aimer les femmes. Moi, c'est pareil.
00:57:24Le témoignage de Jessica m'attriste.
00:57:26J'ai du mal à comprendre l'attitude de ses parents qui la rejettent.
00:57:29La suite de son histoire est un vrai cauchemar.
00:57:33Dans une petite ville d'à peine 6000 âmes, au cœur du Maine-et-Loire,
00:57:36Jessica habitait avec Charlotte dans cette maison de deux étages,
00:57:40située juste à côté d'un bar très fréquenté par les jeunes du quartier.
00:57:46Là, elles deviennent vite la cible de toutes sortes d'insultes comme
00:57:49« sale gouine », « tu t'es fait violer par ton père »,
00:57:52« ça vous dit un plan A3 ? », suivront des menaces physiques,
00:57:55puis l'incendie de leur boîte aux lettres,
00:57:57l'irruption d'individus en pleine nuit dans leur appartement
00:57:59et pour finir, une agression au pistolet à grenaille.
00:58:02Elles ont dû se résoudre à partir pour fuir ce véritable calvaire.
00:58:06Au total, un an et demi de harcèlement et 16 plaintes déposées.
00:58:11On est passées 5 fois au tribunal, puis on a gagné tous les procès.
00:58:15Vos agresseurs ont été condamnés, dont l'un, je crois, à 6 mois ferme.
00:58:21Donc, au bout du compte, la justice a retenu la persécution, le harcèlement.
00:58:28Ouais.
00:58:30Ils ont reconnu le caractère homophobe aussi.
00:58:33Et c'est ça qui est bien.
00:58:35C'est qu'ils ont estimé que, oui, c'était par rapport à notre homosexualité
00:58:39qu'ils nous ont fait ça.
00:58:41Qu'ils s'acharnaient bien sur nous pour ça.
00:58:43Est-ce que vous avez déjà pensé à comment est-ce que ça aurait pu finir,
00:58:47cette histoire ? Parce que ça aurait pu...
00:58:49Ça allait très mal finir parce que le soir où ils nous ont insultés
00:58:53jusqu'à 5 heures du matin,
00:58:55Charlotte énervée, donc on est descendus, ils les affrontaient,
00:58:59donc on est sortis en pyjama, en courant.
00:59:01Ils se sont tous barrés, sauf quelques-uns.
00:59:04Ils ont détalé comme des lapins.
00:59:05À chaque fois qu'on sortait, ils se barraient en courant, en fait.
00:59:09Et ce que j'avais pas vu, c'est que Charlotte avait un couteau dans la poche.
00:59:14Donc...
00:59:14Elle n'en pouvait plus, elle, non ?
00:59:16Je crois que ce soir, j'aurais pas été là.
00:59:18Il y en aurait un qui serait plus là non plus.
00:59:21Parce qu'elle l'a pris à la gorge et je l'ai vu mettre la main dans la poche,
00:59:25en fait.
00:59:27Et elle a commencé à lever la main et c'est là que j'ai vu le couteau.
00:59:29Et je lui ai dit non, t'arrêtes tout de suite ça.
00:59:31Donc je l'ai tout de suite écarté.
00:59:33Je lui ai dit maintenant, stop.
00:59:34Du coup, après, on est rentrés et le lendemain, on a été redéposés
00:59:37plusieurs places.
00:59:38Bon, ça veut dire quand même que cette histoire aurait pu tourner mal,
00:59:41même jusqu'à ce que ce soit l'une d'entre vous qui se retrouve...
00:59:45Derrière les barreaux.
00:59:46Ouais.
00:59:46Bah oui.
00:59:47Bon, ça n'a pas été le cas.
00:59:48Ça fait deux ans maintenant que ces condamnations ont été prononcées.
00:59:52Est-ce que ce sont quand même des choses auxquelles vous pensez encore?
00:59:56Ah bah oui, on y pense toujours.
00:59:58On est toujours dans la crainte que ça recommence.
01:00:00Les jeunes, on les croise toujours.
01:00:02Quand on va boire un verre au bar, ils viennent, ils sont à 5 mètres de nous
01:00:06et ils font plus attention à nous.
01:00:08Pourquoi vous retournez dans ce bar?
01:00:10Mais pourquoi on n'y irait pas?
01:00:12Parce que, je sais pas, visiblement, c'est un endroit où il y a des gens
01:00:15qui ne veulent pas.
01:00:17Parce que, je sais pas, visiblement...
01:00:19On est comme tout le monde. Pourquoi ce serait à moi de ne pas y aller?
01:00:23Pourquoi? J'ai le droit d'aller au bar, j'ai le droit d'aller boire un verre.
01:00:26C'est pas parce que c'est pas un barguet que j'ai pas le droit d'y aller.
01:00:28Au contraire, les gens que je gêne, ils partent.
01:00:32C'est pas à moi de partir. Je suis libre de faire ce que je veux.
01:00:39En repassant devant leur ancienne maison, nous sommes pris à parti
01:00:43par des individus hostiles à notre présence.
01:00:45À nouveau, insultes et tentatives d'intimidation.
01:00:49Apparemment, hélas, rien n'a changé.
01:00:52Jessica est secouée par cette nouvelle altercation.
01:00:59Je ne me sens pas très à l'aise.
01:01:00Non, c'est vis-à-vis de ce qui vient de se passer, en fait.
01:01:04Tout le monde qui regarde.
01:01:06Et après, ça va jacter ou alors on aura peut-être des problèmes
01:01:09avec ceux avec qui tu as eu des problèmes tout à l'heure.
01:01:12Enfin, c'est ça, en fait, c'est toujours et encore la même chanson.
01:01:18Toujours pareil.
01:01:21Ça m'énerve. Franchement, j'en ai marre.
01:01:27On ne sera jamais tranquille, des poivrons qui nous insultent
01:01:31ou qui font chier leur monde.
01:01:33C'est toujours pareil, toujours la même chanson.
01:01:37Ça s'arrêtera jamais.
01:01:38La justice a reconnu l'enfer vécu par les deux jeunes femmes.
01:01:43Pourtant, Charlotte, sa compagne totalement traumatisée
01:01:46par ce qui leur est arrivé, a refusé d'apparaître dans ce film
01:01:50par peur de représailles.
01:01:52Aujourd'hui, elles essaient d'oublier, mais les traces sont encore visibles.
01:01:56Je sens que la reconstruction prendra encore du temps.
01:02:09Je poursuis mon voyage à la montagne.
01:02:12Nous sommes à 2000 mètres d'altitude sur les pistes de la Toussuires,
01:02:16une petite station de ski de Savoie.
01:02:20J'ai rendez-vous avec un sacré personnage, Florence, 47 ans, une star locale.
01:02:27À l'âge de un mois, elle est adoptée par une famille de champions de ski.
01:02:31Ils vont lui transmettre cette passion.
01:02:33Florence participe à des compétitions entre 14 ans et 17 ans.
01:02:36À cette époque, elle n'a pas encore fait son coming out.
01:02:39Aujourd'hui, elle ne cache plus rien.
01:02:41Au contraire, Florence est même devenue une militante de la cause des lesbiennes.
01:02:46Comment vous expliquez le fait qu'on a de plus en plus d'hommes politiques,
01:02:52d'hommes des médias, d'hommes de culture, des écrivains,
01:02:56des artistes de tous bords qui déclarent leur homosexualité, des hommes ?
01:03:00Comment se fait-il que ce soit différent alors pour les femmes ?
01:03:03Quand on voit une championne comme Amélie Mauresmont,
01:03:06qui est une fille sublime, magnifique, plus grande sportive,
01:03:10c'est un monument Mauresmont.
01:03:13Quand on voit ce qu'elle a ramassé après son coming out,
01:03:19elle a quand même bien ramassé.
01:03:20C'est sûr que ça ne donne pas envie aux autres.
01:03:22Elle a perdu ses sponsors, elle s'est fait traiter d'homme sur un cours de tennis.
01:03:27Les autres ont de quoi réfléchir, il y a matière à réfléchir.
01:03:30Du coup, on devient un petit peu faux-cul.
01:03:32On dit mais aujourd'hui, je n'ai plus besoin de le dire, tout va bien.
01:03:36Comment est-ce que vous étiez quand vous aviez 18, 20 ans ?
01:03:40Est-ce que votre homosexualité, vous en parliez librement ?
01:03:46Ça aussi, ça va encore faire des polémiques sur l'identité, l'identité de l'homme.
01:03:54Je crois que jusqu'à 15 ans, honnêtement,
01:03:57parce que comme il n'y avait pas de référents homosexuels dans le pays,
01:04:00je crois que jusqu'à 15, 16 ans, je me disais, tiens, il y a un truc.
01:04:03Je suis peut-être comme Erika Schneiger.
01:04:06C'est un champion du monde de ski, qui en fait était une fille qui était en fait un garçon.
01:04:11C'est-à-dire que jusqu'à l'âge de 16 ans, je me disais, tiens, peut-être que la nature
01:04:16s'est un peu gourée, il y a peut-être un petit souci et ce n'est pas grave.
01:04:21L'homosexualité n'existant pas en tant que telle,
01:04:24je me disais, c'est quand même bizarre que les femmes m'attirent.
01:04:29Je suis un garçon et puis voilà, bon, il y a un petit souci, quoi.
01:04:34On va le trouver.
01:04:36Et puis après, quand j'ai été voir des médecins,
01:04:39là, on m'a dit, vous êtes homosexuel.
01:04:42Moi, je ne savais même pas ce que c'était.
01:04:43Alors je dis, bah bon, bon, alors OK, soyons homosexuels.
01:04:47Mais bon, voilà.
01:04:48Du coup, à 17 ans, on file à Paris à 17 ans parce qu'on se dit, merde,
01:04:52alors je ne suis pas un garçon.
01:04:54J'aime les filles.
01:04:55Ça va être difficile à vivre ici, quand même.
01:04:58Voilà.
01:04:58Toute votre famille a toujours été au courant.
01:05:02Mais alors, il y a aussi une hypocrisie des parents qui est redoutable là-dessus.
01:05:06Nom de zou, nom de zou, mais les parents ont de la merde dans les yeux.
01:05:10Tous les parents qui ont des enfants homos, nom de zou, ils le savent.
01:05:16Ou alors, je suis désolée de leur dire, mais c'est des mauvais parents.
01:05:19Ce sont de mauvais parents.
01:05:21Vous voyez votre enfant, puisqu'ils sont si forts, les hétéro parents,
01:05:25ils devraient percevoir ça et aider et aider leurs enfants.
01:05:30Pas nier des évidences.
01:05:31Moi, j'ai des copains, mais franchement, comment les parents ont pu ignorer,
01:05:35enfin, attendre, attendre dans la misère que ces enfants viennent faire
01:05:41leur outing, leur coming out.
01:05:44C'est scandaleux.
01:05:45Le problème, le vrai problème, je pense, pour les jeunes.
01:05:48Moi, je parle des jeunes.
01:05:49C'est d'abord un rejet au départ de soi, parce qu'on se dit, mais merde,
01:05:54pourquoi je ne suis pas comme les autres?
01:05:55Parce que quand on est jeune, on veut être absolument comme les autres.
01:05:59Ils veulent être dans le moule.
01:06:00Donc, tout d'un coup, vous dites je ne fais pas partie de ce moule.
01:06:03C'est d'ailleurs pour ça que les jeunes gaissent, suicident.
01:06:06Parce que je ne crois pas que ce soit une affaire de parents.
01:06:10C'est de trouver l'identité et de se dire, voilà, j'y suis.
01:06:15En redescendant, Florence me suggère de nous réchauffer un peu.
01:06:18Direction le restaurant d'altitude.
01:06:21C'est là que je fais la connaissance de Marc-Henri, son beau-frère,
01:06:25son complice de toujours.
01:06:31Le Marc-Henri, le Marc-Henri, qui est mon beau-frère.
01:06:35Bonjour, bonjour, monsieur.
01:06:36Bonjour, enchanté, enchanté, heureux d'être là à te suivre, ravi.
01:06:41Est-ce que le fait que Florence assume très vite son homosexualité,
01:06:47ça vous a, à vous, aidé?
01:06:49Est-ce que vous avez été mis devant le fait accompli?
01:06:52Et puis, est-ce que ça vous a aidé à l'accepter plus facilement?
01:06:55Mais franchement, est-ce qu'on doit accepter la sexualité des gens
01:07:00qui vous sont proches?
01:07:01Moi, c'est ce qui m'étonne toujours, parce qu'en fait,
01:07:04ces gens-là vivent leur homosexualité comme un problème.
01:07:07Je veux dire que nous, dans la famille, Florence n'a jamais été un problème.
01:07:10Ça a toujours été notre petite sœur.
01:07:13C'était votre problème.
01:07:15Et véritablement, on n'a pas été surpris quand elle est arrivée qu'une fille.
01:07:22Par exemple, je dois dire que mes beaux-parents,
01:07:25qui étaient des gens beaucoup plus âgés,
01:07:29ont très vite compris que ce n'était pas la peine de s'opposer à ça
01:07:34et puis que ce n'était pas ça qui faisait l'amour qu'ils avaient pour elle.
01:07:38Et nous, c'était pareil.
01:07:40Florence homosexuelle ou Florence hétérosexuelle, où est le problème?
01:07:45Bon, bah si, sur ces bonnes paroles, cher Marc-Henri,
01:07:50parce que nous sommes en Savoie, mais il y a des Marc-Henri.
01:07:53Certes, certes, on n'est pas, on est dépendant de la volonté de ses parents.
01:08:00Donc, je dirais Marc-Henri, je m'appelle Marc-Henri,
01:08:04je pourrais être homo, mais je suis hétéro.
01:08:06Mes parents, ils ont fait un homme, ils lui ont donné un prénom.
01:08:15Ils ont fait un garçon, il peut être homo, il peut être hétéro.
01:08:17Quelle importance?
01:08:18Et puis, ta vie n'est pas finie, tu peux faire une rencontre.
01:08:22Sur ces bonnes paroles, allons déjeuner.
01:08:26C'est par là?
01:08:27Allez.
01:08:28Ça va, les filles?
01:08:34Florence est impatiente de me montrer ce qui fait sa fierté.
01:08:38Un hôtel 100% homosexuel, réservé aux gays et aux lesbiennes.
01:08:43Après avoir quitté sa Savoie natale pour aller vivre à Paris,
01:08:47elle est revenue et a réalisé ce projet dont elle rêvait depuis longtemps.
01:08:52C'est ici, devant son hôtel, que je la retrouve.
01:08:57Donc, derrière, il y a un hôtel, un hôtel.
01:09:06Pourquoi avoir eu l'idée de faire un hôtel 100% gay?
01:09:10Si vous voulez, nous, on est entouré d'hétéros.
01:09:12Tu vois, on est constamment entouré d'hétéros, on va dans des hôtels.
01:09:15Bon, moi, maintenant, mais au départ, quand tu réservais une chambre
01:09:18avec deux femmes, systématiquement, on mettait deux lits séparés.
01:09:25Même si ça s'est ouvert, même si, même si, si on va dans un hôtel,
01:09:29si moi, demain matin, je vais dans un hôtel de la station avec ma copine,
01:09:32que je suis en demi-pension ou en pension,
01:09:35tu rentres avec ta copine dans une salle, il y a toujours 40 regards,
01:09:38quand même, pas méchants, pas agressifs, pas...
01:09:43Mais tu as ce poids...
01:09:43Interrogatif.
01:09:44Voilà, tu as toujours ce truc, tu as toujours ce poids.
01:09:48Et moi, j'avais envie que des gens passent sept jours sans cette lourde...
01:09:54Enfin, ce point, en vacances, ça ne veut pas dire que je suis hétéro-femme,
01:09:59ça ne veut pas dire que ça ne s'améliore pas.
01:10:02Mais je pense qu'il fallait un endroit pour ça.
01:10:03Parce qu'on pourrait, justement, face à une structure comme celle-là, se dire...
01:10:08L'autre, elle est sectaire, non, pas du tout.
01:10:11Ça peut véhiculer aussi une certaine image de ghetto,
01:10:14de ghettoisation des gays, et donc provoquer l'effet inverse.
01:10:18C'est pour ça que je vous pose cette question.
01:10:20Ce n'est absolument pas ça, ce n'est pas ça du tout.
01:10:21Ça, c'est ce que les gens racontaient.
01:10:22Voilà, ce n'est pas ça du tout.
01:10:24Justement, vous, vous êtes née ici et vous avez découvert votre homosexualité assez jeune.
01:10:30Justement, comment est-ce qu'une femme qui aime les femmes...
01:10:36Pas les femmes, une femme en général.
01:10:38C'est-à-dire ?
01:10:38Ça aussi, c'est important.
01:10:40Parce qu'on dit, l'homosexualité, c'est aimer les femmes ou les hommes.
01:10:45Moi, je n'aime pas les femmes.
01:10:47J'en aime une de temps en temps.
01:10:49D'accord.
01:10:49Vous voyez ce que je veux dire ?
01:10:50Ça change tout.
01:10:51Je crois que...
01:10:55S'il faut que je l'exprime, parce que j'ai envie de le dire,
01:10:57je pense que l'homosexualité a un point fort par rapport aux hétéros,
01:11:03c'est que ça développe l'intelligence.
01:11:06Enfin, l'intelligence.
01:11:08Je ne dis pas qu'on est plus intelligents que vous.
01:11:10Je dis qu'on est beaucoup plus sensibles que vous aux choses,
01:11:14donc plus fragiles ou plus forts.
01:11:17Moi, je voyais des choses dans mon pays qui me heurtaient,
01:11:21qui me rendaient hystérique, malade.
01:11:24Qui vous rendaient malheureuse ?
01:11:25Malheureuse.
01:11:26Le fait d'annoncer que j'étais homo, que je drague une nana mariée du pays,
01:11:30bon, je me suis pris des coups de poing dans la figure.
01:11:33J'avais 18 ans, je me suis pris une raclée par un mec de 40.
01:11:36Je trouvais ça quand même, tu vois, c'est quand même révoltant.
01:11:40Quand tu te prends une tête par un mec plus âgé que toi,
01:11:43qui est plus balèze que toi.
01:11:45Ce qui n'est pas franchement...
01:11:46Ce n'est pas très sympa.
01:11:47Non, voilà.
01:11:48Tu peux prendre des gamines, il m'aurait pris par l'oreille,
01:11:50il m'aurait sorti et puis il m'aurait dit,
01:11:52maintenant, tu laisses ma femme tranquille.
01:11:54Surtout que sa femme était d'accord, donc c'est un peu...
01:11:56Comment, justement, est-ce que votre homosexualité a-t-elle été perçue ici
01:12:02par le milieu rude de la Haute-Montagne
01:12:07et un milieu très masculin ?
01:12:11Je crois que j'ai un petit peu fait peur
01:12:12parce qu'ils se sont dit, pourvu qu'elle soit la seule, quoi.
01:12:15Justement, est-ce que vous étiez la seule ?
01:12:20Je ne peux pas répondre.
01:12:22Coquine.
01:12:23Non, mais attends, c'est difficile.
01:12:25Je ne vais pas outer, mais les homos de la station,
01:12:28on est de plus en plus nombreux dans la station.
01:12:31Mais à l'époque, vous étiez plusieurs,
01:12:33mais en tout cas, vous étiez la seule déclarée.
01:12:34J'ai eu une sexualité quand même jusqu'à 19 ans, jusqu'à ce que je parte.
01:12:37Donc, ce n'était pas avec un bouc ou une chèvre.
01:12:41Mais après, c'est difficile, ce que vous me demandez là.
01:12:45D'accord, mais je ne vous demande pas de balancer.
01:12:48En tout cas, il y a de très jolies filles dans mon pays.
01:12:51D'accord, et le village semble, pour l'instant, dans un calme apparent.
01:12:56On ne va pas raviver les vieilles colères, les vieilles querelles.
01:13:00Est-ce que les gens fantasment un peu sur cet endroit ?
01:13:02Ah oui, bien sûr.
01:13:03Parce que je vous demande très clairement, est-ce qu'ils viennent vous voir ?
01:13:06Ah non, alors là, vraiment, j'ai eu de la peine, vraiment,
01:13:10parce que j'ai quand même été à l'école ici en primaire.
01:13:13J'ai été à l'école, un peu plus que les autres, parfois, mais bon.
01:13:17Et ce qui me choque, c'est que mes amis de ski,
01:13:19c'est-à-dire mes amis d'école, mes amis de ski,
01:13:23ne sont jamais venus manger chez moi.
01:13:27C'est émouvant quand même,
01:13:30parce que moi, il y a plein de gens dans mon pays que j'adore
01:13:33et ils ne sont jamais venus.
01:13:34Il y en a quelques-uns, je ne dis pas que c'est tous les copains.
01:13:37Mais ça veut dire quoi ?
01:13:38En gros, ça veut dire qu'il ne faut pas qu'on soit vus là où à rentrer
01:13:41dans l'hôtel de France ?
01:13:43Je crois qu'il y a de ça, oui.
01:13:46C'est un peu triste, ça ?
01:13:47Ça s'améliore.
01:13:49Ça s'améliore.
01:13:51Parce que j'ai aussi changé, parce que peut-être aussi, ça venait de moi.
01:13:55J'étais un fort tempérament, donc c'était peut-être moi qui étais un peu trop...
01:13:58Rentre dedans.
01:13:59Rentre dedans.
01:14:00Donc maintenant, je me suis un peu calmée, assagie, j'ai eu un psy, voilà.
01:14:04Mais est-ce que, justement, le fait que vous vous sentiez un peu plus apaisée
01:14:07est lié au fait que vous vous sentez plus acceptée
01:14:11ou que la condition des lesbiennes est évoluée ?
01:14:14D'abord, est-ce qu'elle a évoluée, cette fonction lesbienne ?
01:14:16Je n'ai pas l'impression que c'est évolué.
01:14:18Non ?
01:14:18Mais je crois aussi que les lesbiennes, elles ont des efforts à faire, quoi.
01:14:24Sur la beauté, sur l'esthétisme.
01:14:27On a tellement de choses à prouver.
01:14:29Moi, j'ai été cette lesbienne, aujourd'hui, que je réfute.
01:14:31C'est-à-dire que, oui, j'étais une lesbienne un peu camionneur,
01:14:35les cheveux courts, agressive.
01:14:37Justement, j'ai envie de vous poser la question, pourquoi ce look ?
01:14:39Parce qu'on veut se défendre.
01:14:42Oui, et puis on veut montrer qu'on existe.
01:14:45Est-ce que, justement, ce look un peu viril, un peu camionneur,
01:14:50c'était une manière juste de s'afficher comme lesbienne,
01:14:54sans provocation, sans quoi que ce soit ?
01:14:55Je pense que l'évolution qu'il y a aujourd'hui chez les lesbiennes,
01:14:59c'est qu'elles ont compris que ce n'était pas par l'agressivité,
01:15:02mais par l'amour, qu'elles fravançaient les choses.
01:15:05Et l'amour, c'est se montrer aux autres le mieux que l'on soit.
01:15:22À la tombée de la nuit, dans l'hôtel de Florence,
01:15:26toutes les clients sont de retour des pistes.
01:15:28C'est la semaine spéciale filles.
01:15:30Ce soir, je serai donc le seul homme dans la salle.
01:15:33Invité, privilégié de toutes ces dames.
01:15:46Comment ça se passe, ces petites vacances ?
01:15:48Ça se passe très bien.
01:15:50C'est un lieu magnifique, un endroit merveilleux.
01:15:52On peut se retrouver entre les filles qui aiment les filles.
01:15:54Vraiment, on n'a rien à dire, c'est très, très bien.
01:15:56Est-ce que ça a un côté aussi un peu excluant ?
01:16:00Non, absolument pas, il ne faut pas le prendre comme ça.
01:16:02C'est un endroit où les filles peuvent être réellement elles-mêmes.
01:16:06Il faut être naturelle, pouvoir se tenir la main,
01:16:08de pouvoir...
01:16:11C'est un moyen aussi d'échanger sur nos expériences.
01:16:13Parce qu'il n'y a pas un type de lesbienne.
01:16:17Il y a autant de modes de vie lesbien qu'il y a de lesbienne, en fait.
01:16:20J'ai cru remarquer, en regardant,
01:16:22la clientèle est assez hétéroclite.
01:16:26C'est vrai, c'est complètement ça.
01:16:28En fait, il y a des lesbiennes qui l'ont toujours sentie.
01:16:32Il y a des lesbiennes qui l'ont découverte sur le tas.
01:16:35Il y en a d'autres qui ont eu un passé hétéro.
01:16:36Et ici, tout le monde partage son expérience.
01:16:39Est-ce qu'il y a aujourd'hui assez d'endroits comme ça où vous pouvez...
01:16:44Dans l'idéal, il en faudrait moins.
01:16:48Il faudrait qu'on soit acceptés comme ici, partout.
01:16:52Parce qu'en venant ici,
01:16:55c'est être sûrs que vous êtes entre filles
01:16:58et qu'il n'y aura aucune présence masculine.
01:17:01C'est pas pour ça qu'on est ici.
01:17:02Il n'y a pas un dégoût de la présence masculine ?
01:17:05On ne vient pas à Cambo pour éviter la présence masculine.
01:17:09Ce n'est pas du tout ça.
01:17:10C'est pour se retrouver entre nous.
01:17:11Être lesbienne, ce n'est pas une guerre des sexes.
01:17:13Donc il ne faut pas voir ça comme le dégoût du masculin,
01:17:16le dégoût du viril, le dégoût...
01:17:20C'est plus un amour de la femme,
01:17:22mais quelque part, ça ne change rien que l'homme existe
01:17:26et qu'on cohabite tous ensemble.
01:17:27Ça ne doit pas bien se passer.
01:17:31Ici, je sens que les filles sont très à l'aise
01:17:33et totalement en confiance.
01:17:35La soirée se termine
01:17:37et Florence veut me parler de toutes celles qui ne sont pas là.
01:17:40C'est les plus chanceuses qui viennent ici.
01:17:42Parce que les lesbiennes invisibles,
01:17:45elles ne sont pas Cambo.
01:17:48Elles ont moins de chance.
01:17:50Elles sont où, ces lesbiennes invisibles, pour vous ?
01:17:52Elles sont dans les usines.
01:17:54Elles sont...
01:17:55Mariées, parfois ?
01:17:56Aussi mariées.
01:17:58Elles sont...
01:18:00Qu'est-ce qui a fait que vous êtes aujourd'hui
01:18:02complètement admise ?
01:18:04Parce que vous êtes complètement intégrée
01:18:06dans le visage de cette organisation.
01:18:08J'habite la montagne.
01:18:10J'ai fait une psychanalyse, comme beaucoup de gens.
01:18:12J'ai plein de copains qui vont dans des trucs
01:18:17qui font la route où il y a la coquille,
01:18:19le chemin de Compostelle et compagnie.
01:18:21Et ces gens-là me disent toujours
01:18:23il faut que tu lâches prise.
01:18:25Moi, je dis aux gens
01:18:27ne lâchez pas prise.
01:18:29Parce que quand on est en montagne
01:18:31et qu'on lâche prise, on se casse la gueule.
01:18:33Donc je dis, n'écoutez pas vos psychologues.
01:18:35Ne lâchez pas prise.
01:18:37Battez-vous.
01:18:39Je pense que la vie est un combat.
01:18:41Il ne faut pas céder.
01:18:43Alors bon, ça fatigue.
01:18:45Mais battez-vous, les filles.
01:18:47Sortez de l'ombre.
01:18:49Et vos patrons, allez leur dire demain matin
01:18:51dites-leur, je suis homo,
01:18:53t'as bien de la chance.
01:18:55Parce qu'avant que je tombe enceinte
01:18:57en Belgique ou ailleurs,
01:18:59je vais travailler 12 heures par jour,
01:19:01chose que ne fera pas une hétérode dans ta boîte,
01:19:03par exemple.
01:19:05Et puis je ne tomberai pas malade
01:19:07parce que je vais avoir du mal à voir des gamins.
01:19:09Battez-vous sur ce que vous avez de positif
01:19:11à leur vendre à tous ces mecs.
01:19:15Florent, c'est vraiment une militante.
01:19:17J'ai eu le sentiment de rencontrer une guerrière.
01:19:19Elle a vécu des moments difficiles.
01:19:21Elle a lutté pour s'imposer.
01:19:23Elle en a tiré une force d'abord pour elle-même
01:19:25qu'elle met aujourd'hui
01:19:27au service des autres.
01:19:33A Paris, il existe des soirées
01:19:35qui sont organisées par et pour celles
01:19:37qui aiment les femmes.
01:19:39Des soirées exclusivement entre filles.
01:19:41La Womex, c'est l'une des plus connues.
01:19:43Depuis longtemps qu'elle existe,
01:19:45et ce samedi soir, j'en suis l'invité privilégié.
01:19:47Car ici, peu d'hommes sont admis.
01:19:51Bonsoir.
01:19:53C'est Violenne, l'une des organisatrices
01:19:55qui m'accueille.
01:19:57Merci de nous accueillir.
01:19:59C'est avec plaisir.
01:20:01C'est le tout début. Vous êtes en pleine prépare ?
01:20:03Là, ça a ouvert.
01:20:05Les filles arrivent un peu plus tard.
01:20:07D'accord. J'allais visiter un peu.
01:20:09Et au sous-sol,
01:20:11tout est prêt pour accueillir
01:20:13les premières clientes.
01:20:21Vers 1h du matin,
01:20:23elle commence à arriver.
01:20:39La soirée bat son plein.
01:20:41Les filles se sont habituées à ma présence.
01:20:43J'en profite pour discuter
01:20:45avec quelques-unes d'entre elles.
01:20:47Là, on est dans une soirée
01:20:49entre filles.
01:20:51Pourquoi entre filles ?
01:20:53Pour être tranquille.
01:20:55On va passer une soirée
01:20:57avec nos copines,
01:20:59ou bien notre petite femme,
01:21:01et ne pas être embêtée
01:21:03par tout ce qu'on peut connaître.
01:21:05Le monstre de nuit,
01:21:07les héros trop lourds...
01:21:09On est entre nous,
01:21:11on s'éclate et il n'y a pas de mal à faire.
01:21:13Parce qu'en fait, dans les boîtes normales,
01:21:15vous ne pouvez pas vous amuser
01:21:17entre filles ?
01:21:19Non, ce n'est pas pareil.
01:21:21Comment ça se passe ? Pourquoi ce n'est pas pareil ?
01:21:23Parce que dès qu'ils vont danser un peu trop serré,
01:21:25un peu trop chaud, tout de suite,
01:21:27on a tout le monde autour de nous et ce n'est pas bien agréable.
01:21:29D'accord. Vous avez l'impression en fait que...
01:21:31Le fantasme qui va se faire.
01:21:33Le fantasme des mecs.
01:21:35Dès que deux filles sont ensemble,
01:21:37ça provoque
01:21:39obligatoirement un fantasme assez...
01:21:41primaire.
01:21:43On n'est pas là pour ça,
01:21:45nous on s'en fout des hommes.
01:21:47Bah merci.
01:21:49Non, je déconne.
01:21:51Non, vous êtes bien,
01:21:53mais voilà quoi, c'est...
01:21:55Il faut nous respecter surtout.
01:21:57Où vous venez d'où vous ?
01:21:59De Nantes.
01:22:01Comment ça se passe à Nantes ?
01:22:03Ça se passe
01:22:05assez calmement, on va dire,
01:22:07parce qu'il n'y a pas d'endroit comme ça
01:22:09à Nantes où
01:22:11on peut se retrouver, où il n'y a pas de soirée
01:22:13lesbienne vraiment.
01:22:15Déjà des établissements
01:22:17homos, que ce soit gay ou lesbien,
01:22:19il y en a très très peu. Lesbien en particulier,
01:22:21il n'y en a pas. Donc c'est très très limité.
01:22:23En fait, le fait de se réunir
01:22:25entre filles,
01:22:27ça apporte quoi en fait ?
01:22:29En tant qu'entraînée hétéro,
01:22:31ça me permet de respirer,
01:22:33de respirer.
01:22:37Quand je suis trop dans le monde hétéro,
01:22:39je ne ressens plus personne.
01:22:41Depuis ici,
01:22:43je suis moins lesbienne.
01:22:45Je m'assure.
01:22:47Je m'assure vraiment.
01:22:51J'ai vraiment ressenti que ces femmes
01:22:53se sentent beaucoup plus à l'aise dans ce contexte
01:22:55sans présence masculine.
01:22:57Laetitia, l'une des premières
01:22:59filles à m'avoir parlé, m'a donné ses coordonnées.
01:23:01Sa situation m'a particulièrement
01:23:03intéressé. Quelques jours plus tard,
01:23:05j'ai rendez-vous avec elle.
01:23:11Laetitia vit en couple
01:23:13depuis 4 ans et demi avec sa compagne
01:23:15Karine.
01:23:17Karine travaille dans les transports.
01:23:19Laetitia est fonctionnaire.
01:23:21Elles sont installées à Melun, en région parisienne
01:23:23et élèvent ensemble leurs deux enfants.
01:23:25Il y a Rachel,
01:23:27la fille de Karine,
01:23:29et le petit Lorenzo,
01:23:314 ans, le fils de Laetitia.
01:23:37Bonjour.
01:23:39Laetitia.
01:23:41Karine.
01:23:43Merci de nous recevoir à la maison.
01:23:51Cet enfant,
01:23:53vous l'avez conçu...
01:23:55Comment il est arrivé, ce petit garçon ?
01:23:57Mon fils.
01:23:59Moi, j'avais pas envie, très honnêtement,
01:24:01de me déplacer et payer des sommes
01:24:03pour faire un enfant, je suis très honnête.
01:24:05Après, j'aurais aimé
01:24:07opter pour
01:24:09la solution à la maison artisanale.
01:24:11Et puis, Karine m'a poussée
01:24:13à...
01:24:15Fais ton fils naturellement.
01:24:17Au moins, ça ira...
01:24:19C'est le plus simple possible.
01:24:21J'ai rencontré
01:24:23le papa de mon fils.
01:24:25J'ai programmé
01:24:27de faire le petit.
01:24:29Par chance,
01:24:31ça a marché tout de suite.
01:24:33J'ai eu une chance
01:24:35merveilleuse.
01:24:37Ça nous a apporté notre bout de chou.
01:24:39Il s'est fait de manière naturelle.
01:24:41Pourquoi, logique,
01:24:43je préférais
01:24:45que ça se fasse comme ça ?
01:24:47Parce que, même si moi,
01:24:49à l'heure d'aujourd'hui,
01:24:51avec une femme, je trouve logique,
01:24:53même si ça va pas plaire à tout le monde,
01:24:55mais je m'en fous.
01:24:57Je trouve logique que ça soit un homme et une femme
01:24:59qui fassent un enfant et pas...
01:25:01artisanalement.
01:25:03Moi, c'était pas...
01:25:05C'était pas du tout mon truc d'être à la maison,
01:25:07faire la seringue. Non.
01:25:09Par contre, je comprends tout à fait les femmes
01:25:11qui aillent, que ce soit en Belgique
01:25:13ou en Espagne, pour se faire...
01:25:15Comment ? Inséminer pour...
01:25:17Il n'y a pas de souci.
01:25:19Chacun voit...
01:25:21Mais moi, de mon avis à moi,
01:25:23bon, après, Laetitia l'aurait pu refuser,
01:25:25parce que Laetitia, c'est vraiment pas son truc.
01:25:27Donc, elle a vraiment fait...
01:25:29Je lui ai donné l'envie
01:25:31aussi de le faire, parce qu'elle aurait pu me dire
01:25:33écoute, Karine, t'es bien gentille, mais non.
01:25:35Mais parce que je l'ai poussée
01:25:37un petit peu. Et puis, bah, voilà.
01:25:39C'était pas insuffisant non plus.
01:25:41C'était pas insuffisant non plus, mais...
01:25:43Quand on aime pas les hommes, on peut imaginer,
01:25:45mais c'est pas grave.
01:25:47Le résultat, c'est d'avoir l'enfant
01:25:49qu'on désirait.
01:25:51Et puis, ça, ça n'a pas de prix.
01:25:55Bon, et alors, du coup, ce petit garçon,
01:25:57aujourd'hui,
01:25:59est-ce qu'il voit son papa ? Est-ce qu'il le connaît ?
01:26:01Ou est-ce que...
01:26:03On a toujours été transparentes par rapport aux enfants.
01:26:05J'ai toujours expliqué à Lorenzo qu'il avait un papa.
01:26:07J'avais des photos,
01:26:09donc il a toujours eu les photos de son papa
01:26:11pour avoir une part d'identité qui est importante
01:26:13pour se construire. Et puis,
01:26:15il y a deux mois,
01:26:17un peu avant Noël,
01:26:19on a eu la chance
01:26:21que son papa veuille bien
01:26:23nous voir. Donc, je me suis rendue
01:26:25le voir.
01:26:27Là, en région parisienne.
01:26:29On est allés le voir, et puis, ça s'est très bien passé.
01:26:31Je pense que ça a permis
01:26:33à mon fils
01:26:35de s'identifier
01:26:37ou de se dire, c'est bien, maman, les photos
01:26:39qu'elle m'a montrées, c'est bien le même.
01:26:41J'ai un papa.
01:26:43Je suis très attachée
01:26:45sur le côté qu'il puisse
01:26:47voir son père.
01:26:49J'ai pas eu cette chance-là.
01:26:51Il y a des choses que l'on ressent et qui sont difficiles
01:26:53quand on grandit sans son papa.
01:26:55Et puis, c'était le deal
01:26:57quand j'ai cherché
01:26:59la personne pour faire mon fils.
01:27:01Cette personne qui est en passe
01:27:03de vous redonner un coup de main
01:27:05pour en refaire un deuxième.
01:27:07On aimerait
01:27:09un deuxième et dernier enfant.
01:27:11Ça traduit quand même
01:27:13une vraie relation de confiance.
01:27:15Entre vous et lui, en plus.
01:27:17C'est génial de tomber visiblement sur
01:27:19son âme.
01:27:21Ça voudrait dire qu'il ressemblera...
01:27:23De toute façon, c'était hors de question
01:27:25de faire un deuxième, mais dans les mêmes conditions
01:27:27avec quelqu'un d'autre, c'est non.
01:27:29C'est ou soit ils ont le même père, ou soit...
01:27:31Comment est-ce que
01:27:33votre fils vous appelle maman,
01:27:35il vous appelle maman toutes les deux ?
01:27:37Non, c'est maman et Karine.
01:27:39Et pour ma fille, c'est pareil.
01:27:41C'est maman et Laetitia.
01:27:43C'est important, ça.
01:27:45Quoi qu'il se passe, ils ont
01:27:47chacun leur maman.
01:27:49Donc c'est quand même...
01:27:51Il faut rester dans la logique.
01:27:53C'est sa maman, c'est sa maman.
01:27:55Mais ça n'empêche pas qu'il y a
01:27:57une complicité entre nous.
01:27:59On est dans un vrai schéma d'histoire d'amour.
01:28:01De référence à maman est amoureuse
01:28:03de Karine, ou Karine est amoureuse
01:28:05de Laetitia.
01:28:07C'est une construction normale.
01:28:09En tout cas, qui est calquée, si je comprends bien,
01:28:11sur les hétéros.
01:28:13En tout cas, sur une
01:28:15histoire d'amour classique.
01:28:17Et une relation classique.
01:28:19Surtout ça.
01:28:21Justement, vous me parlez
01:28:23de l'école,
01:28:25et quelque chose qui me traversait, c'est qu'à 8 ans,
01:28:27j'ai eu mes premières amoureuses.
01:28:29Est-ce que votre fille vous
01:28:31parle ?
01:28:33Oui, elle en avait
01:28:35un l'année dernière, à l'école.
01:28:37Si, si, si, elle me parle.
01:28:39Elle me parle, mais
01:28:41ma fille, c'est quelqu'un de très discret.
01:28:43Vous comprenez pourquoi je vous pose cette question.
01:28:45Oui, mais c'est important.
01:28:47Imaginez-vous que pour ceux qui
01:28:49regardent cette émission,
01:28:51encore pour la majorité, c'est
01:28:53maman vit avec une
01:28:55fille, donc obligatoirement, ma première
01:28:57amour, ça va être comme
01:28:59maman.
01:29:01Moi, ça ne me traverserait même pas l'esprit
01:29:03de penser que ma fille...
01:29:05Va reproduire le même schéma ?
01:29:07Non. Franchement,
01:29:09moi, je ne me suis même pas posée la question.
01:29:11Pour moi,
01:29:13comme toutes les petites filles de son âge,
01:29:15elle me parle d'amoureux, quoi,
01:29:17pas d'amoureuse.
01:29:19Est-ce que ce n'est pas la plus belle
01:29:21des démonstrations ?
01:29:23Que les enfants
01:29:25de parents gays ne reproduisent pas
01:29:27le schéma qu'elles ont à la maison ?
01:29:29Ils sont à la maison ?
01:29:31Je pense que l'homosexualité,
01:29:33on l'a.
01:29:35Je veux dire,
01:29:37ça ne se transmet pas, quoi.
01:29:39On se découvre parce que...
01:29:43En partageant un peu
01:29:45de leur quotidien, j'ai vraiment le
01:29:47sentiment d'être dans une famille comme les autres.
01:29:49Pourtant, dans la loi française,
01:29:51on ne leur accorde pas les mêmes droits.
01:29:53Cette situation blesse Karine et Laetitia
01:29:55qui n'ont pas l'intention de baisser les bras.
01:30:01On met en plein un poulet frites.
01:30:03Comme chez moi.
01:30:05Bon.
01:30:07Administrativement, ce n'est pas
01:30:09une famille normale, on est d'accord ?
01:30:11C'est quoi, ça, justement ?
01:30:13Franchement, on va être polis.
01:30:15Ça fait chier.
01:30:17Parce que...
01:30:19On devrait pouvoir les mettre droit
01:30:21sur les enfants.
01:30:23Sur les enfants, pouvoir...
01:30:25Si on a un cas de problème, pouvoir les garder.
01:30:27Faudrait que le gouvernement,
01:30:29il comprenne que ce n'est pas parce qu'on est
01:30:31homo qu'on n'est pas capable
01:30:33d'élever des enfants.
01:30:35Qu'on soit deux femmes ou deux hommes.
01:30:37Ce qu'on demande, c'est d'avoir
01:30:39les mêmes droits.
01:30:41Il faut que le gouvernement se dise qu'il peut nous arriver
01:30:43quelque chose autant à l'une qu'à l'autre.
01:30:45Et nos enfants, ils deviennent quoi ?
01:30:47C'est hors de question qu'ils aillent à la DAS pour X raison
01:30:49ou que les grands-parents les récupèrent.
01:30:51On va se vivre quoi qu'il se passe.
01:30:53Justement, comment ça se passe ?
01:30:55Il arrive quelque chose à l'une
01:30:57ou à l'autre. Comment ça se passe aujourd'hui ?
01:30:59Nous, on n'a pas fait
01:31:01de papier ni de test avant.
01:31:03Du coup,
01:31:05normalement, c'est rattaché aux pères.
01:31:07Vu qu'ils ne sont pas reconnus,
01:31:09c'est rattaché par les grands-parents.
01:31:11Après, c'est à la bonne volonté des grands-parents.
01:31:13Du côté d'Laetitia, il n'y aura pas de soucis.
01:31:15Du mien, je ne sais pas.
01:31:17Si il arrivait quelque chose,
01:31:19frères et sœurs pourraient être séparés.
01:31:21C'est bien d'avoir un retour
01:31:23de sondage, qu'on interroge les hétéros
01:31:25et qu'on leur dise...
01:31:27Une des deux décède, les enfants sont séparés.
01:31:29Qu'embrassez-vous ?
01:31:31Je ne pense pas que les moindres personnes hétéros
01:31:33qui sont normalement constituées
01:31:35devraient trouver ça inconcevable.
01:31:37Pourquoi on séparerait une fratrie ?
01:31:39En Espagne, il y a eu deux femmes qui se marient.
01:31:41La particularité d'être mariées,
01:31:43c'est bien, mais c'est surtout pour les enfants.
01:31:45Les enfants portent les deux noms.
01:31:47Les parents ont la couverture
01:31:49de se dire qu'il arrive quoi que ce soit à l'une ou à l'autre.
01:31:51L'autre a plein de pouvoir sur les enfants.
01:31:53Aujourd'hui, nous, ce n'est pas notre cas.
01:31:55S'il faut que j'aille militer, j'irai militer pour ça.
01:31:57Pour qu'on ait les mêmes droits au niveau des enfants.
01:31:59Après, tout le reste, on peut vivre sans.
01:32:01Mais après, je peux comprendre que les hommes ou les femmes
01:32:03qui ont envie de se marier entre eux y attachent de l'importance,
01:32:05mais je pense que la priorité serait
01:32:07de donner les mêmes droits
01:32:09aux familles qui ont le courage
01:32:11d'élever des enfants. C'est une famille
01:32:13homoparentale et d'avoir les mêmes statuts
01:32:15et les mêmes droits que les hétéros.
01:32:17Il n'y a aucune différence.
01:32:19C'est vrai qu'avant de rencontrer
01:32:21Laëtitia et Karine,
01:32:23la notion de famille homoparentale était pour moi
01:32:25un peu abstraite.
01:32:27Là, elle a pris toute sa dimension.
01:32:29Ces deux mamans sont bien des mères comme les autres.
01:32:31C'est ici que mon voyage
01:32:33prend fin. Alors que le mariage
01:32:35gay et l'adoption par les couples homosexuels
01:32:37font à présent partie du paysage européen,
01:32:39la France, elle,
01:32:41reste toujours fermée.
01:32:43Il semblerait pourtant que 200 000 enfants grandissent
01:32:45aujourd'hui au sein d'un foyer homosexuel.
01:32:47Je repense à toutes celles que j'ai croisées
01:32:49qui rêvent de vivre sans tabou
01:32:51leur amour au grand jour.
01:32:53Un rêve qu'il faudra bien commencer un jour à bâtir.
01:32:55Et toutes ces femmes
01:32:57qui ont accepté de participer à ce film
01:32:59ont peut-être déjà commencé
01:33:01à le bâtir, ce rêve.