Marie Labory
Journaliste, pour son documentaire « lesbiennes, quelle histoire ? » sur Histoire TV
« Lesbiennes, quelle histoire ? » est diffusé ce mercredi en prime time sur Histoire TV
Marie Labory a été la première femme du pays audiovisuel français à assumer publiquement son homosexualité. Aujourd’hui maman de jumeaux nés par PMA, la journaliste d’Arte a caché son orientation sexuelle jusqu’à ses 21 ans. A travers son film, « Lesbiennes, quelle histoire ? » diffusé mercredi 17 mai à 20h50 sur Histoire TV à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, elle voulait rendre hommage aux pionnières, celles grâce à qui elle a pu faire son coming-out. On fait la connaissance de Natalie Clifford Barney, Radclyffe Hall ou Renée Vivien, des femmes qui se sont battues pour que leur droit d’aimer des femmes soit reconnu. Un siècle de combats, avec des avancées et des reculs. Marie Labory est l’invitée médias de Célyne Baÿt-Darcourt
Journaliste, pour son documentaire « lesbiennes, quelle histoire ? » sur Histoire TV
« Lesbiennes, quelle histoire ? » est diffusé ce mercredi en prime time sur Histoire TV
Marie Labory a été la première femme du pays audiovisuel français à assumer publiquement son homosexualité. Aujourd’hui maman de jumeaux nés par PMA, la journaliste d’Arte a caché son orientation sexuelle jusqu’à ses 21 ans. A travers son film, « Lesbiennes, quelle histoire ? » diffusé mercredi 17 mai à 20h50 sur Histoire TV à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, elle voulait rendre hommage aux pionnières, celles grâce à qui elle a pu faire son coming-out. On fait la connaissance de Natalie Clifford Barney, Radclyffe Hall ou Renée Vivien, des femmes qui se sont battues pour que leur droit d’aimer des femmes soit reconnu. Un siècle de combats, avec des avancées et des reculs. Marie Labory est l’invitée médias de Célyne Baÿt-Darcourt
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00:00 Bonjour Céline Bidarco.
00:02 Bonjour Camille.
00:03 Votre invité média retrace à travers un documentaire l'histoire des lesbiennes en
00:05 Europe au XXe siècle.
00:06 Elle est présentatrice du journal Sur Arte, membre de l'association des journalistes
00:10 LGBT.
00:11 Son film Lesbiennes, quelle histoire ? diffusé ce soir sur Histoire TV à l'occasion de
00:16 la journée mondiale contre l'homophobie.
00:17 Bonjour Marie Labaurie.
00:18 Bonjour.
00:19 Vous racontez un siècle de combat des femmes homosexuelles avec des archives et des témoignages.
00:23 C'est la première fois qu'un documentaire est consacré aux lesbiennes en France ?
00:26 En France il me semble bien, on a regardé je pense qu'un documentaire réellement produit
00:31 comme ça qui passe à la télévision, oui c'est la première fois.
00:33 Souvent c'est consacré aux questions LGBT en général et quand c'est le cas on a surtout
00:39 des gays souvent.
00:40 Donc là vraiment on a fait sur les lesbiennes pour avoir que sur les lesbiennes.
00:43 Alors vous, vous avez fait votre coming out à 21 ans si je ne dis pas de bêtises.
00:47 Ce film est-il un hommage à celles grâce à qui vous avez pu le faire ? Celles qui
00:50 se sont battues pour que la société reconnaisse leur droit d'aimer des femmes ?
00:54 C'est exactement ça.
00:55 C'est tout à fait un hommage et c'était aussi de dire, moi quand j'étais plus jeune,
00:59 petite, adolescente, j'avais l'impression d'être toute seule et que j'étais la seule
01:03 à vivre ça.
01:04 Et je me suis fait plaisir à parler à celles que j'étais pour lui dire "Regarde, avant
01:09 toi il y en a eu énormément, on les a parfois oubliées, on les a parfois pas suffisamment
01:13 mises en avant mais elles ont existé".
01:15 Et on les a surtout rejetées pendant longtemps, vilipendées, condamnées, elles ont dû se
01:19 cacher.
01:20 Elles ont dû se cacher oui.
01:21 Les femmes en général de toute façon dès qu'elles font un pas de côté sont souvent
01:25 vilipendées comme vous dites et les lesbiennes encore plus.
01:29 Alors ça s'est passé comme ça jusque dans les années 70, début 80 et d'autant plus
01:34 quand elles vivaient en province.
01:35 Vous avez retrouvé l'interview d'une femme dans une boîte de nuit lesbienne à Paris
01:38 à la fin des années 70 et elle témoignait masquée.
01:40 C'est facile d'être lesbienne ? Prof et provinciale ?
01:44 Oh non, je pense que c'est doublement difficile.
01:46 Déjà c'est difficile d'être lesbienne en province parce qu'on est très isolée,
01:51 il n'y a aucun contact possible.
01:52 C'est la raison pour laquelle je viens à Paris chaque fois.
01:55 Je ne veux absolument pas vivre mon homosexualité en province et pour moi je trouve que c'est
01:59 doublement difficile étant donné que je suis enseignante.
02:02 J'ai toujours l'impression d'être repérée et j'ai la crainte perpétuelle du regard.
02:07 Vous aussi Marie Laborie, vous avez grandi en province, en région ? Vous avez vécu
02:11 ce sentiment-là ?
02:12 Alors je l'ai vécu mais pas très longtemps parce qu'en fait ce que j'ai fait et ce
02:16 que beaucoup de lesbiennes font encore aujourd'hui c'est partir en fait.
02:20 Quitter sa région, sa province pour aller à la grande ville, voir à la capitale.
02:24 C'est vraiment un parcours presque nécessaire pour rencontrer ses semblables et pour quitter
02:31 ceux qui pourraient jeter un regard qu'on imagine réprobateur en fait sur soi.
02:36 C'est vraiment un moment où on est toutes quasiment passées par là, ce besoin de rupture
02:41 qu'on peut juger un peu triste d'ailleurs mais qui a été nécessaire.
02:46 Et cette jeune femme ce qu'elle raconte c'est qu'elle est obligée de venir à Paris pour
02:49 pouvoir danser, pour pouvoir rencontrer des femmes comme elle.
02:52 Oui parce qu'il y a un sentiment de solitude terrible pour ces femmes-là.
02:56 Et il y a d'ailleurs un livre, alors j'ai oublié son nom mais il y a le mot solitude,
02:59 le Puy de Solitude je crois qui est un livre référence pour les lesbiennes.
03:02 Oui c'est un livre britannique qui a été publié dans les années 20 et qui est toujours
03:08 un livre référence mais il est souvent pas très bien apprécié parce qu'il est lu
03:12 par les lesbiennes mais pas toujours très apprécié parce que justement c'est un livre
03:17 totalement tragique en fait où cette femme a l'impression, quand elle réalise qu'elle
03:21 est homosexuelle, elle a l'impression qu'elle est damnée quelque part, que le bonheur
03:26 lui sera refusé à vie.
03:28 Et vraiment c'est ce qu'elle raconte et d'ailleurs l'autrice a subi, ce que je raconte
03:32 dans le documentaire, a subi un procès pour obscénité et qui a été très violent et
03:37 son livre a été interdit à l'époque.
03:38 Oui parce qu'elle a été condamnée pour obscénité.
03:40 Qu'avez-vous ressenti Marie Labaurie en découvrant le destin de ces femmes au fur
03:45 et à mesure de vos recherches ?
03:46 Ce que j'ai ressenti, alors j'ai été très heureuse de voir qu'il y a eu quand
03:51 même des femmes qui se sont levées, qui ne se sont pas cassées, elles justement elles
03:54 sont restées là et elles ont dit "je suis lesbienne" et ça, ça commence dès 1900,
04:00 1899 même pour être précise, avec Nathalie Clifford Barnet, avec Liane de Pougy, avec
04:05 René Vivien et là ces femmes, elles étaient très fortes.
04:07 Donc ça, ça m'a fait très plaisir.
04:09 J'ai découvert aussi qu'il y avait, comme dans l'histoire des femmes en général,
04:13 ce système de backlash, de retour de bâton, c'est-à-dire qu'il y a eu beaucoup d'avancées
04:18 et beaucoup de recul.
04:19 Et ça c'est un mouvement quasiment permanent tout au long du siècle, alors qu'ils sont
04:23 parfois liés aux événements historiques, les deux guerres mondiales, les choses comme
04:26 ça, mais aussi à des forces réactionnaires qui ont essayé de mettre le haut là, le
04:31 mouvement de libération des lesbiennes.
04:33 Qu'espérez-vous provoquer comme réaction avec ce documentaire, de la part des hétérosexuels
04:39 et aussi des homosexuels qui peut-être n'osent pas en parler ?
04:42 Alors moi voilà, ce que j'espère c'est que c'est un film qui est lucide, mais qui
04:47 est aussi joyeux, qui est aussi prometteur, qui dit justement "vous n'êtes pas damnés,
04:51 vraiment, vous avez droit au bonheur et vous y arriverez".
04:54 Et moi j'ai eu l'impression aussi d'être damné quand j'avais 14-15 ans, j'avais l'impression
04:58 que j'étais fichu, que ma vie serait terrible.
05:01 Et bien non, évidemment.
05:02 Et donc j'ai envie de montrer ça.
05:04 Et pour les hétérosexuels, parce que c'est vraiment un film qui est à destination du
05:07 grand public, qui passe sur Histoire TV, donc pour un public lambda on va dire, qui est
05:11 intéressé par l'histoire a priori, mais qui n'est pas homosexuel par définition.
05:15 Donc c'est vraiment leur donner les grandes dates, leur dire "voilà, il y en a eu, elles
05:19 ont existé, les grandes dates, les grands mouvements".
05:21 C'est vraiment faire oeuvre de pédagogie, d'explication.
05:24 C'est vraiment mon but.
05:26 Certains pensent qu'une féministe radicale est forcément une lesbienne.
05:29 Est-ce une réalité ?
05:30 Alors ça je ne peux pas vous dire exactement.
05:33 Je ne pense pas, non évidemment, je pense qu'on peut tout à fait être féministe
05:35 radicale et pas lesbienne.
05:36 Mais c'est...
05:37 Mais pourquoi il y a cette image alors ?
05:38 Il y a cette image parce que la féministe radicale menace la position de l'homme en
05:45 tant que système, le patriarcat en tant que système.
05:47 Donc forcément si une femme menace cet ordre moral-là, cet ordre établi, c'est forcément
05:53 qu'elle n'aime pas les hommes et donc c'est qu'elle est lesbienne.
05:56 Donc non, évidemment les féministes radicales ne sont pas forcément lesbiennes, mais on
06:02 a quand même le témoignage d'une de ces féministes radicales qui dit quand même
06:08 que bon, c'était un bon paquet quand même à être un petit peu lesbienne.
06:11 Voilà, quand même.
06:13 Quel combat reste-t-il à mener pour les lesbiennes ?
06:15 Alors moi je pense que le combat qui reste à mener, c'est pour les lesbiennes et pour
06:20 les homos, c'est vraiment être vigilant.
06:24 C'est-à-dire que comme je parlais du backlash, du retour de bâton, des forces réactionnaires,
06:27 c'est toujours...
06:28 Voilà, ces avancées, elles sont fragiles.
06:29 Elles ont été gagnées, ça a été très très long, enfin je veux dire le mariage
06:33 pour tous en France, c'est il n'y a pas si longtemps, c'est il y a 10 ans, mais c'est
06:35 très peu finalement.
06:36 L'APMAS est aussi très récent.
06:38 Il faut...
06:39 L'APMAS, si je peux faire une parenthèse, dont vous avez bénéficié, alors avant
06:42 son autorisation en France, mais grâce à laquelle vous avez eu deux enfants.
06:46 Voilà, exactement.
06:47 J'ai eu des jumeaux qui sont nés en 2015.
06:48 Mais voilà, c'est dire, ne nous reposons pas sur nos lauriers.
06:52 Et puis aussi moi j'ai découvert qu'en fait énormément de jeunes femmes encore aujourd'hui
06:55 ont le sentiment qu'elles sont en manque de représentation, qu'elles ne savent pas vers
06:59 qui se tourner.
07:00 Et ça c'est vraiment, voilà, c'est quand même quelque chose qui me touche beaucoup
07:03 encore.
07:04 Merci beaucoup d'être revenue ce matin Marie Laborie.
07:05 La lesbienne, quelle histoire votre documentaire ce soir 20h50 sur la chaîne Histoire TV.