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Transcription
00:00Pour aller plus loin, j'accueille sur ce plateau Amara Makhoul.
00:02Bonjour Amara, rédactrice en chef pour le site Info Migrant ici à France 24.
00:07Alors on a du nouveau sur ce drame qui s'est joué hier dans la Manche.
00:11Du nouveau sur le drame et les passagers de l'embarcation.
00:14Oui, alors comme on le disait dans le sujet qui précédait,
00:16elles étaient donc 60 personnes, donc le canot était très surchargé
00:20et ça a causé la mort de 12 personnes, mais le bilan pourrait s'alourdir
00:23puisque deux personnes étaient encore hier soir en état d'urgence absolu.
00:26On sait que cette petite embarcation surchargée est partie très tôt hier matin
00:31d'Ambleteux, c'est une petite localité tout près de Boulogne-sur-Mer.
00:34Elle se serait manifestement totalement disloquée parce que selon les témoignages
00:37des personnes qui étaient présentes en mer sur les lieux,
00:39il ne restait qu'un petit boudin qui flottait à l'arrière.
00:42On sait aussi que les personnes qui étaient sur l'embarcation étaient d'origine érythréenne
00:47et aussi de la corne de l'Afrique.
00:49Parmi les 12 morts, d'après le procureur de Boulogne-sur-Mer,
00:5210 étaient des femmes, ce qui est assez rare,
00:54et surtout la moitié de ces victimes étaient également mineures.
00:58On imagine dans ces conditions et avec ces nouveaux éléments,
01:01un sauvetage les plus dramatique hier.
01:03Oui, alors les sauvetages, naufrages sont toujours dramatiques,
01:06mais là, les témoignages sont particulièrement poignants.
01:08Il faut savoir que l'État a mis en place très très rapidement
01:11des moyens très importants de secours, des hélicoptères,
01:13des équipes de secours en mer, des équipes sur terre
01:16et qui sont arrivées très rapidement.
01:17Mais tout de même, il y avait des pêcheurs qui étaient sur la zone
01:20et en attendant que les secours arrivent,
01:21ils avaient commencé à remonter les corps.
01:23Et nos confrères de la Voix du Nord les ont rencontrés
01:26et l'un d'eux a raconté, par exemple,
01:28comment il avait dû sortir, selon ses propres termes,
01:30une gamine de 15-20 ans à peine de l'eau.
01:33Et pendant qu'il sortait son corps sans vie de l'eau,
01:35il a remarqué qu'elle avait sur elle un téléphone
01:38glissé dans une poche en plastique étanche
01:40et ce téléphone ne cessait de sonner.
01:42Ils ont également raconté que l'un d'entre eux, un matelot,
01:44pleurait tout en remontant ses corps à la surface.
01:47Ils ont tous dit que ce qu'ils ont vu les marquerait
01:50toute leur vie.
01:51Voilà ce drame qui n'est évidemment pas le premier,
01:55mais qui est le pire naufrage de cette année 2024,
01:58qui est également la plus meurtrière depuis le début
02:00des traversées de la Manche vers le Royaume-Uni.
02:03Est-ce qu'on a des pistes pour expliquer l'augmentation
02:06ou l'explosion même de ces chiffres ?
02:08Oui, alors il y en a.
02:10On peut y mettre des hypothèses par l'observation.
02:12Donc là, on sait que cette année, c'est seulement de janvier
02:15jusqu'à seulement maintenant 37 personnes qui sont mortes
02:17contre 12 en 2023.
02:19Le précédent drame, c'était en 2021 avec 27 morts
02:22lors d'un même naufrage.
02:23Puis, on avait eu trois autres dans la même année.
02:24Donc, ça remonte à 30.
02:26Mais ce qu'on observe, c'est que les passeurs ont changé
02:28de mode opératoire pour s'adapter à la surmilitarisation
02:32de la zone.
02:33Les plages sont extrêmement surveillées.
02:34Elles sont extrêmement exposées.
02:36Les points historiques de départ étaient Calais, Grande-Synthe.
02:38Et donc, il y a toujours des départs de ces plages-là,
02:40mais moins.
02:41Et maintenant, les passeurs vont essayer d'aller plus au sud
02:43sur la côte, comme on l'a vu, de boulogne sur mer.
02:45Mais parfois, ils poussent jusqu'en baie de Somme,
02:47ce qui les amène à 130 kilomètres des côtes britanniques.
02:50Un trajet beaucoup plus long et donc encore plus de chance
02:53de se trouver en difficulté en pleine mer.
02:55Également, pour ne pas se faire repérer,
02:57ils ne partent même plus des plages.
02:58Parfois, certains passeurs font partir les bateaux des canaux
03:01qui se jettent dans la Manche.
03:02Et on se souvient du drame en mars dernier
03:04de la petite fille irakienne de 7 ans qui s'était noyée
03:06dans le canal de la Harpe pendant un départ discret,
03:10comme on peut le supposer.
03:12Il y a également un phénomène de précipitation.
03:15Comme il y a plus de surveillance sur les plages,
03:17les départs sont moins fréquents, mais on va surcharger les bateaux
03:20pour maximiser les chances d'arriver.
03:21On voit des bateaux partir avec parfois 100 personnes à bord.
03:24C'est extrêmement dangereux puisque c'est totalement surchargé.
03:28Et puis, les départs se font de manière très, très rapide,
03:30très précipité avec beaucoup de pression.
03:32Donc, il peut y avoir des bousculades, des malaises,
03:34des noyades au moment même du départ,
03:36avant même d'avoir pris la mer.
03:37Et puis, des bénévoles des associations
03:39qui se trouvent dans le nord, qui sont au contact quotidien
03:42avec les demandeurs d'asile, les migrants.
03:45Nous ont raconté que parfois, même pour gagner du temps,
03:47les passeurs ne prennent même pas le temps de gonfler correctement
03:50le navire ou même de mettre le fond rigide de ces bateaux pneumatiques,
03:53ce qui rend ces embarcations d'autant plus fragiles.
03:56Merci beaucoup, Amara, pour ces explications, vos écriptages.