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Notre championne paralympique de basket fauteuil, Grace Wembolua, revient sur son parcours pro, son handicap, sa routine et les difficultés qu'elle rencontre.
L'équipe de France féminine de basket fauteuil, dont la joueuse Grace Wembolua, était initialement qualifiée en tant que pays hôte, sous décision du comité paralympique de réduire le nombre d'équipes participantes, de 12 à 8, l'équipe de France féminine n'est plus qualifiée d'office. Après une tentative infructueuse de qualification au TQP (tournoi de qualification paralympique), l'équipe de France féminine de basket fauteuil n'est pas qualifiée pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024.

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Sport
Transcription
00:00Hello, moi c'est Grace, j'ai 28 ans et je suis athlète paralympique en basket-fauteuil.
00:04Je pense que depuis mon expérience aux Etats-Unis, dans ma tête je suis un peu Stéphane Curie.
00:11Quand j'avais 4 ans, j'ai survécu à un incendie criminel
00:14dans lequel j'ai été gravement brûlée à plus de 60% de surface corporelle.
00:18J'ai également perdu ma mère et mon petit frère
00:20et j'ai dû être amputée des deux jambes en dessous du genou à la suite d'une gangrène.
00:25Le basket, j'ai commencé complètement par hasard.
00:27Dans le lycée dans lequel j'étais, on était obligés de faire une activité sportive le mercredi après-midi
00:32et mes copines qui n'avaient pas du tout de handicap m'ont dit
00:35« ils proposent le basket-fauteuil, il faudrait qu'on essaye ».
00:37J'ai essayé, j'ai kiffé et ça fait 12 ans que j'en fais maintenant.
00:41J'ai la chance de vivre de mon sport.
00:43Je sais que ce n'est pas donné à tout le monde dans le handisport et encore moins dans le handibasket
00:47mais moi j'ai de la chance de pouvoir vivre de mon sport depuis 2016.
00:50J'ai de la chance d'avoir des sponsors
00:53et du fait de ma médiatisation sur les réseaux sociaux de pouvoir gagner par rapport à ça.
00:57Et ensuite, généralement, il y a ton club qui te prend en charge,
01:01qui me paye mon logement et mes différentes dépenses.
01:04Il y a également des primes de match et des défraiements.
01:06Je n'ai pas la double nationalité, je joue aux États-Unis en club
01:10et je suis française de nationalité donc je représente la France lors des compétitions internationales.
01:15Je m'entraîne du lundi au samedi.
01:17Trois heures d'entraînement par jour collectif avec mes coéquipières.
01:20Ensuite, je dois me débrouiller pour caler une séance de muscu par jour
01:24et je dois également faire 100 à 200 shoots toutes seules par semaine.
01:30J'ai eu beaucoup de blessures parce que je joue à haut niveau depuis pratiquement 12 ans.
01:34Par exemple, celle-là, c'est une cicatrice que je me suis faite en tombant à l'entraînement.
01:38C'était une quadruple fracture de l'humérus.
01:40Je me suis cassé le scaphoïde aussi une fois.
01:42Généralement, je me lève trois heures avant le match.
01:44Aux États-Unis, on te dit souvent « look good, feel good, play good ».
01:48J'aime bien me préparer, écouter de la musique à fond.
01:51J'adore écouter par exemple du SDM parce que même si je joue aux États-Unis,
01:55je garde ma petite touche française.
01:57J'essaie de visualiser mes shoots qui rentrent.
01:59Je trouve que c'est hyper important de me visualiser dans des situations de réussite.
02:03Et ensuite, showtime.
02:05J'ai déjà rencontré des difficultés dans mon parcours,
02:08notamment à mes débuts parce qu'il faut savoir qu'en France,
02:12le basket-fauteuil, c'est un sport mixte.
02:14Dans le championnat français, tu joues avec des hommes.
02:17Après quelques années de ça,
02:18l'équipe de France Espoir ne voulait pas de femmes dans son collectif.
02:23C'est quelque chose pour lequel mes entraîneurs et mes coéquipiers s'étaient battus
02:27afin que je puisse rejoindre les rangs de l'équipe de France Espoir.
02:31Et puis, il faut se faire sa place.
02:34Il faut se battre, il faut s'entraîner dur.
02:38J'ai déjà eu envie de baisser les bras plusieurs fois
02:41parce que c'est vrai que la vie d'une athlète, c'est quand même beaucoup de sacrifices.
02:46Tu rates beaucoup de choses, des événements familiaux, amicaux.
02:50Tu es loin de ta famille.
02:51En e-sport, c'est vrai que parfois, tu n'as pas non plus la reconnaissance
02:54que certains athlètes valides ont.
02:57Parfois, tu te dis à quoi bon.
02:59Mais j'ai eu la chance de vivre tellement de beaux moments,
03:01notamment les Jeux Paralympiques de 2016,
03:03que quand tu vis ce genre de moment, tu te dis c'est pour ça que je fais ça.
03:07Le plus difficile dans ma discipline,
03:09je dirais que c'est sans doute la manipulation du fauteuil et du ballon.
03:13Moi, il faut savoir que dans la vie de tous les jours, je marche tout le temps.
03:16Je n'ai pas de fauteuil de ville.
03:18Je m'assois dans mon fauteuil que pour les entraînements.
03:20Je pense que je dois m'entraîner un petit peu plus
03:23que des personnes qui sont dans leur fauteuil tous les jours.
03:27Même si le fauteuil de ville et le fauteuil de sport sont différents,
03:29je ne pense pas qu'il serait possible de jouer debout.
03:31Ça me fatiguerait trop et je n'arrive pas à sauter.
03:34Je pense que si je tombe, je me blesserais moi
03:37et je pourrais également blesser les autres.
03:40Comme dans le sport, je pense que ma devise,
03:42c'est « never give up » et de faire les choses à fond.
03:45Je ne suis pas une très bonne perdante
03:47parce que je suis très exigeante avec moi-même.
03:49Je m'entraîne très dur.
03:50C'est vrai qu'aux États-Unis, on t'apprend beaucoup à gagner.
03:53Perdre un match, ça ne remet pas en question ton niveau ni la personne que tu es.
03:57Il ne se passe pas grand-chose quand tu es en situation d'échec.
03:59Mais c'est vrai qu'on t'entraîne pour gagner et on te conditionne pour gagner.
04:03Quand je perds, la seule chose qui me console, honnêtement,
04:06c'est de passer un peu du temps avec mes amis,
04:08qui me fassent rire.
04:09C'est le temps qui efface les choses.
04:11Sincèrement, il y a des victoires ou des actions que j'ai ratées
04:15il y a 2, 3, 4 ans dont je me souviens encore
04:18et qui me font toujours rager comme le jour.
04:21Quand je gagne, je suis hyper contente.
04:23Généralement, le soir, je sors avec mes amis pour fêter ça, c'est sûr.

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