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Transcription
00:00Pour en parler, on accueille tout de suite notre invité Jonathan Crix, bonjour à vous.
00:04Vous êtes le directeur de la communication pour UNICEF Palestine.
00:08On imagine que vous saluez dans un premier temps cet accord.
00:11Vous voulez bien déjà nous dire comment est-ce que cet accord a-t-il pu être rendu possible ?
00:18Ça a été le fruit de négociations pendant plusieurs jours.
00:23D'une part, il faut faire en sorte, et ça c'est une chose qui est absolument fondamentale,
00:29c'est notre expérience dans les vaccinations polio dans le monde,
00:32c'est pas possible de mener une campagne de vaccination polio dans une zone de combat active.
00:38C'est simplement impossible.
00:40Et donc, le cœur des négociations a vraiment été à ce sujet-là,
00:45et de mettre en œuvre des pauses.
00:49Alors, ces pauses vont normalement avoir lieu, ce qui va être vraiment important,
00:54et notre appel, c'est effectivement que ces pauses soient respectées,
00:57parce que sans cela, les familles ne vont pas se sentir en sécurité
01:03pour ramener leur enfant pour recevoir le vaccin,
01:05mais aussi il y a les travailleurs humanitaires,
01:07il y a les travailleurs des soins de santé qui doivent pouvoir aller de communauté en communauté
01:12pour apporter ce vaccin quasi en porte-à-porte.
01:16Et donc, c'est important qu'ils puissent faire cela en toute sécurité.
01:20Et on va venir justement à la sécurité autour de ce dispositif.
01:24Est-ce que vous voulez bien déjà nous dire dans un premier temps,
01:26et si vous le savez, comment est-ce que les équipes vont procéder ?
01:28Vous parlez à l'instant de zones de combat actives dans l'enclave.
01:32Où concrètement cette campagne de vaccination peut-elle se dérouler
01:35quand on sait que toutes les infrastructures aujourd'hui sont en ruine ?
01:39Alors, il y a deux choses ici.
01:40Il y a d'abord les défis de l'infrastructure, j'y viendrai après.
01:44Je vais d'abord essayer d'expliquer un peu comment on va fonctionner.
01:47Donc, l'UNICEF a fait parvenir 1,2 million de doses de vaccins.
01:52Il y a 400 000 doses de vaccins qui vont arriver également dans les prochains jours.
01:55Mais pour le moment, ces vaccins sont à Deir el-Bala,
01:57dans un entrepôt qui est équipé chêne du froid,
02:01parce que ces vaccins doivent être gardés à une température entre plus 2 et plus 8 degrés.
02:05Et donc, à partir de cet entrepôt,
02:07les vaccins vont être acheminés dans plusieurs centres de santé.
02:11Et dans ces centres de santé,
02:13les parents vont pouvoir amener leurs enfants pour qu'ils soient vaccinés.
02:17Mais ce n'est pas tout.
02:18Il y aura également des équipes mobiles
02:20qui vont s'aimer, je dirais,
02:22pour joindre les communautés pour administrer les vaccins.
02:25Alors, effectivement, c'est une situation qui est particulièrement difficile,
02:31parce que les routes posent problème,
02:33elles sont endommagées, il y a énormément de gravats.
02:38Les conditions d'accès peuvent être vraiment très difficiles également.
02:43Et donc, c'est tout un défi logistique aussi
02:46d'amener ces vaccins dans les différentes communautés.
02:50Maintenant, ce qui est important de garder en tête,
02:53c'est que le dispositif, c'est trois jours plus un jour.
02:57Donc, on va commencer par le centre de la bande de Gaza,
02:59là où il y a le plus de personnes déplacées.
03:01Je rappelle que dans la totalité du territoire,
03:04il y a 1,9 million de personnes déplacées.
03:07C'est énorme, c'est gigantesque.
03:09Et donc, la plupart de ces personnes se trouvent pour le moment dans le centre.
03:13Et donc, ces trois jours, avec une possibilité d'avoir un jour de plus
03:17pour vacciner cette zone-là, au cas où on n'y parviendrait pas en trois jours.
03:22Et puis, on va bouger vers le sud,
03:24trois jours plus la possibilité d'étendre à un jour.
03:27Et puis, vers le nord de la bande de Gaza,
03:29trois jours plus la possibilité d'étendre d'une journée supplémentaire.
03:33Alors, avec l'espoir, dans cette première phase de vaccination,
03:36de pouvoir l'administrer, ce sérum, en moins 640 000 enfants, c'est bien ça ?
03:42Voilà. Ces 640 000 enfants qui ont moins de 10 ans dans la bande de Gaza
03:46et qui doivent recevoir ce vaccin,
03:48pour qu'on puisse mettre à l'arrêt la dissémination du virus polio,
03:55il faut qu'au moins 90 % de ces 640 000 enfants reçoivent le vaccin.
04:01Et il faut que ce vaccin soit administré dans les jours qui viennent.
04:05Ça, c'est le premier tour de vaccination.
04:08Il y aura un deuxième tour de vaccination pour faire un rappel
04:13qui est prévu fin septembre, début octobre.
04:16Il faut un mois entre les deux doses de vaccination
04:19pour qu'on soit absolument sûr d'avoir une couverture vaccinale complète.
04:23Et l'accord qui a été rendu possible par les deux parties
04:27couvre aussi cette deuxième étape de vaccination, ce rappel ?
04:30Alors, pour le moment, l'accord couvre les jours qui viennent,
04:33couvre la première partie de cette campagne vaccinale.
04:38Après 25 ans d'absence dans le territoire palestinien,
04:41Jonathan Crix, un premier cas de polio a été détecté dans l'enclave.
04:46Qu'est-ce que ça nous dit, ça ?
04:47Des conditions de vie dans lesquelles vivent les enfants
04:50et de manière plus générale la population gazaouie.
04:53Ce sont ces conditions de vie qui permettent à ces maladies
04:55qu'on a vues disparaître de proliférer ?
04:59Effectivement, c'est un nouvel indicateur, je dirais,
05:03de la situation absolument horrible dans laquelle vivent les enfants
05:08de la bande de Gaza.
05:09Donc, il y a une dimension, il n'y a pas assez d'eau.
05:12Donc, ils n'ont pas assez d'eau pour boire,
05:15ils n'ont pas assez d'eau pour se laver.
05:17Il y a une promiscuité, les gens vivent dans des espaces très réduits
05:23avec des tentes sur le sable, il n'y a pas beaucoup de toilettes.
05:26Il y a quelques mois, quand j'étais à Gaza,
05:28dans un des camps que j'avais visité, il y avait une toilette pour 700 personnes.
05:32On voit, il n'y a pas de traitement des eaux usées,
05:35il n'y a pas de traitement des déchets.
05:36La dernière fois que j'étais à Gaza, je voyais des enfants
05:39qui étaient juchés sur des montagnes de détritus
05:43avec des rats qui courent autour.
05:45Pour le moment, il fait plus ou moins 30, 31 degrés à Gaza.
05:49Donc, il y a les soins de santé, les hôpitaux,
05:52à peu près 15 hôpitaux sur 36 fonctionnent uniquement partiellement.
05:57Donc, tous ces éléments-là combinés,
06:01c'est une recette absolument effroyable
06:05pour l'apparition et pour la transmission des maladies.
06:08Et donc, effectivement, il est absolument fondamental
06:11d'intervenir sur la polio maintenant,
06:13mais nous avons également des inquiétudes
06:16par rapport à l'apparition et au développement d'autres maladies.
06:20On sait que la diarrhée chronique est particulièrement présente.
06:23On sait qu'il y a eu une émergence d'hépatite A
06:25et on craint effectivement qu'il y ait d'autres maladies
06:28qui apparaissent dans ces conditions.
06:30Et c'est pour ça que nous nous appelons depuis longtemps
06:33à ce qu'il y ait un cessez-le-feu qui permette de rétablir
06:38un minimum d'hygiène et un minimum de sanitation,
06:41un minimum de système de soins de santé dans la bande de Gaza.
06:45Merci beaucoup Jonathan Crix.
06:46Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions sur France 24.
06:49Merci à vous.

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