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00:00 - Et avec nous sur ce plateau, Gautier Rybinski. Bonjour, merci d'être en notre compagnie.
00:05 Alors on l'a vu, une situation humanitaire qui ne cesse de s'aggraver, des appels à un cessez-le-feu immédiat qui se multiplient également, où en est-on des négociations ?
00:13 - Je dirais que dans ces négociations, parce qu'elles continuent, certaines ont lieu au Caire, d'autres ailleurs, d'abord ces négociations présentent une particularité,
00:23 c'est que le Hamas et les deux Israëls, le Hamas ne négocie pas en tant que tel directement, mais le Hamas est là, et politiquement il est là.
00:32 Ce qui veut dire que la pression israélienne, les bombardements israéliens jusqu'à présent n'ont pas agi ou n'ont pas réussi à anéantir cette direction.
00:41 Mais j'ai le sentiment que dans ces négociations, on parle presque de tout, sauf de ce que vivent effectivement les Palestiniens qu'on vient de voir,
00:49 parce que les retards sur les convois humanitaires, les tracasseries, les annulations, tout ça contribue à aggraver la situation dont vous parliez.
00:59 Et évidemment, c'est terrible, mais évidemment que cette chose est un enjeu, un enjeu parce que Israël dit "Finalement nous avons le pouvoir de faire en sorte que la situation humanitaire aille mieux,
01:11 ou au contraire, si nous n'obtenons pas des résultats, qu'elle aille moins bien." C'est-à-dire qu'on joue finalement, et aussi du côté du Hamas.
01:19 Le Hamas n'a pas grand-chose à faire de sa population civile, la meilleure preuve c'est que d'ordinaire il s'en sort comme de boucliers humains.
01:25 Mais on se sert de cette population civile au fond comme une variable de négociation.
01:29 Et c'est bien là le problème, même s'il semble y avoir un accord sur la question de la trêve,
01:35 mais les conditions demandées par les uns et par les autres sont inacceptables.
01:39 De l'autre côté, je prends celle du Hamas qui consiste à demander le retrait de toutes les troupes israéliennes de Gaza.
01:44 Il est évident que Tel Aviv ne va pas accepter ça.
01:47 Gauthier, pendant ce temps, la crainte d'une extension du conflit grandit. L'Iran, qui soutient le Hamas, menace Israël de risqu'auster après la frappe qu'a visée son consulat à Damas.
01:58 Est-ce que c'est une menace qu'il faut prendre au sérieux aujourd'hui ?
02:02 Oui, apparemment les différents protagonistes de ce conflit la prennent au sérieux.
02:08 Pour une raison simple, c'est que depuis fort longtemps, l'idée de l'Iran, et à travers ses bras armés, à travers ses succursales,
02:15 si on peut dire, que sont le Hezbollah, qui est aussi le Hamas, bien que sunnite, à Gaza,
02:20 c'est au fond de déstabiliser la région pour s'imposer, lui, l'Iran, l'Iran des molas, l'Iran de la théocratie,
02:28 comme au fond le seul pôle de stabilité et le leader de ce monde, non seulement arabe, mais aussi autre,
02:34 qui prend en compte la défense des Palestiniens.
02:37 Or, en fait, on sait très bien que la défense des Palestiniens, elle est à géométrie variable,
02:42 que beaucoup de pays arabes l'avaient complètement oubliée, volontairement ou non intentionnellement,
02:48 mais, au fond, cette cause ne rejaillit que quand elle est utile.
02:52 Le problème avec l'Iran, c'est de savoir jusqu'où ils peuvent aller, est-ce que leur riposte sera du même niveau
02:57 que ce qu'Israël a commis sur la représentation diplomatique iranienne en Syrie, ou est-ce que ça sera un cran au-dessus ?
03:04 Et là, pour l'instant, c'est l'incertitude, parce qu'au fond, un cran au-dessus, ça veut dire que l'Iran s'engage à ce moment-là,
03:10 ou se prête au fait qu'il reçoive des ripostes et des représailles, soit d'Israël, soit des Etats-Unis.
03:15 Parce qu'au fond, Israël a tout intérêt à montrer aux Etats-Unis que quand il s'arme, que quand il est intraitable,
03:21 c'est bien pour une raison, pour une raison valable.
03:23 Donc, vous voyez qu'il y a ce réseau de justifications de part et d'autre qui contribue à aller vers une escalade,
03:29 mais en même temps, l'Iran, pour la raison suprême qu'est le développement du nucléaire,
03:35 si l'Iran s'engageait dans un conflit, tout cela aurait un retardement sur le développement du nucléaire.
03:40 Or, c'est bien l'objectif. Est-ce que l'Iran est prêt, non seulement à, finalement, retenir, à freiner son propre programme,
03:47 ou est à perdre des auxiliaires importants, le Hezbollah par exemple, si les talibanais s'effondrent à la faveur d'une guerre, que devient le Hezbollah ?
03:56 Tout ça, ça fait aussi des facteurs d'incertitude que le régime des Mollahs n'est peut-être pas prêt à affronter,
04:03 même si, encore une fois, son idée principale, c'est de déstabiliser pour être le leadership, au fond, là encore, d'une résistance,
04:11 non seulement à Israël, mais à l'Occident en général.
04:14 -Gauthier Ribinski, merci infiniment.