Nouveau sélectionneur de l'équipe de France Espoirs, Gérald Baticle a communiqué ce jeudi sa première liste de joueurs, convoqués pour les matches de qualification pour l'Euro U21. ?' cette occasion, le nouvel homme fort des Bleuets est revenu, sur la chaîne L'Équipe, sur sa nomination et sur les objectifs fixés pour son équipe.
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00:00Gérald Batric, bonjour.
00:02Est-ce qu'elle a été difficile à faire cette première liste en tant que numéro 1 ?
00:09Ça, disons que ça demande toujours de la réflexion, de l'échange avec le staff,
00:13beaucoup d'observations en amont pour établir une liste équilibrée.
00:19Est-ce que vous avez une émotion particulière ?
00:21Parce que ce n'est pas une fonction neutre, évidemment,
00:24d'être le sélectionneur de la deuxième équipe de France, celle des Esports.
00:28Comment est-ce que vous vivez ces premières heures en tant que numéro 1 ?
00:33Un poste que vous avez déjà occupé en club, évidemment.
00:36Écoutez, ça s'est fait très rapidement et c'est beaucoup de bonheur, beaucoup de fierté.
00:43Également, je ressens maintenant beaucoup de responsabilité à prendre le rôle à cœur
00:51et puis à commencer à œuvrer.
00:53Donc, avec le staff, on a commencé par cette liste
00:56et on organise tout le travail qu'on doit mettre en place comme on le faisait à chaque ensemblement.
01:02Gérald, avant de lâcher la balle et de poser des questions à mes collègues,
01:07est-ce que vous saviez que Thierry Henry allait partir au moment où vous avez débuté cette mission olympique ou pas ?
01:14Quand est-ce que vous l'avez su ?
01:16On l'a su bien après, quasiment en même temps que vous.
01:19On a eu une visio.
01:22Thierry nous a invité à une visio, je crois, le lundi.
01:25Vous l'avez su l'après-midi pour nous annoncer qu'il avait décidé d'arrêter.
01:31Et puis, on a plus ou moins été surpris, mais il faut accepter sa décision.
01:38Et puis, le remercier pour tout ce qu'on a vécu ensemble.
01:41Humainement, ça a été très riche, professionnellement très fort.
01:44On a eu beaucoup d'émotions pendant ces jours ensemble
01:47et ça reste maintenant des souvenirs, mais ancré à vie tellement ça a été riche et fort.
01:55Sonam Borsilhino a une question pour vous.
01:57Bonjour Gérald, vous venez d'en parler, les souvenirs ont été magnifiques.
02:01Il y a aussi eu beaucoup de perdueux qui se sont posés sur l'équipe de France Olympique,
02:06qui est quand même aussi l'équipe de France Espoir,
02:08parmi lesquelles des gens qui ne regardaient pas forcément les matchs de cette équipe-là avant.
02:11Comment faire perdurer maintenant, finalement, cet héritage-là par le football, par le jeu ?
02:16Parce qu'on a quand même beaucoup parlé de ce que Thierry et vous-même avec le staff,
02:19vous avez mis en place et qui a été assez agréable et réussi avec cette médaille d'argent.
02:24C'est quoi les objectifs maintenant pour finalement faire perdurer tout ce boulot ?
02:30On a mis beaucoup d'ingrédients pour avoir cet état d'esprit, pour avoir ce jeu.
02:33Certains viennent par nature des Jeux Olympiques.
02:38Je dirais qu'on a retrouvé toutes les lettres de noblesse du football collectif,
02:43du sport collectif qu'est le football, c'est-à-dire que
02:47l'objectif c'était d'aller chercher une médaille pour la Team France.
02:51Et donc ça nous unissait, il n'y avait pas d'objectif individuel.
02:56C'était juste collectivement, le football apporter une médaille à la Team France.
03:00Et à travers cet objectif, il y a eu une cohésion, il y a eu une adhésion
03:07et beaucoup de travail en amont de préparation, une liste compliquée.
03:12Mais au final, plus on a eu de complications, plus ça nous a soudés, ça nous a unis
03:16et ça nous a rendus forts au final pour attaquer la compétition,
03:21où on a commencé fort et on a cherché à accélérer tout au long de la compétition.
03:26Bonjour Gérald, est-ce que c'est difficile de prendre la succession d'un Thierry Henry ?
03:33On sait que c'est quelqu'un qui a un charisme et un aura développé évidemment du côté de la France.
03:38Est-ce que c'est difficile de passer après à une légende comme lui ?
03:44Évidemment que c'est difficile de succéder à Thierry.
03:48Je pense que le rôle de sélectionneur en espoir est toujours difficile.
03:52C'est une catégorie super intéressante, motivante, mais difficile.
03:56Et de passer derrière Thierry, c'est une grande responsabilité, mais c'est également une grande fierté.
04:02Donc on mesure le poids de cette responsabilité et on se met au travail.
04:10Les JO, ça nous a emmenés très haut ensemble, avec tout le staff, avec Thierry.
04:14Et ça arrive très vite, mais on a la chance d'avoir également de beaux objectifs.
04:20Peut-être moins lumineux, moins étincelants, mais il y a de beaux objectifs que d'aller chercher une qualification en espoir,
04:29en ayant la chance de recevoir le leader, la Slovénie, dès notre premier match en septembre.
04:35Donc il faut à la fois se servir de ce qu'on a vécu pendant les JO.
04:39On connaît les ingrédients à mettre pour prendre beaucoup de plaisir,
04:42être capable d'en donner à notre public, à nos supporters, et également performer.
04:48Donc on va tout mettre en place pour retrouver ces ingrédients,
04:52pour avoir ce jeu de qualité, ce jeu porté vers avant et qui plaît tant au public.
04:59Olivier Rouilly, que vous devez connaître.
05:01Salut Gérald.
05:02Justement, tu viens de répondre un petit peu à ma question, parce que...
05:05C'est bien.
05:06Non, mais pour avoir vu, pendant les JO olympiques, quelques vidéos sur les réseaux sociaux,
05:11on sentait cet état d'esprit absolument extraordinaire.
05:14Mais tu ne crains pas quand même une baisse...
05:18Comment dire ?
05:19Motivation ?
05:20Voilà.
05:20Non, pas de motivation, mais le fait que ce ne soient plus les JO olympiques, ça redescende, tu vois.
05:24Et que certains joueurs n'aient pas le même rayonnement que lors de ces JO olympiques.
05:33La question, elle se pose.
05:35Et pour moi, c'est une évidence.
05:38Les JO, c'est au-dessus de tout.
05:39Donc, on a eu la chance d'y participer en France.
05:42On ne verra pas ça avant un siècle.
05:44On a eu la chance d'aller chercher une médaille, une médaille d'argent.
05:46Même si on aurait aimé l'or, on a cherché une médaille.
05:49Je dirais même qu'au-delà de la médaille d'argent, on est allé chercher la médaille du cœur,
05:52parce qu'on a eu l'adhésion du public autour de nous.
05:55On a vibré et on a su faire vibrer.
05:59Maintenant, notre quotidien, on y revient.
06:02C'est la calif pour l'euro.
06:04Ça, ça fait partie du quotidien des espoirs.
06:06Cette génération a eu la chance de vivre quelque chose de fantastique.
06:09Maintenant, d'inoubliable, de marquer à vie les JO.
06:13Mais c'est une fois tous les quatre ans et une fois par siècle dans notre pays et plus c'est à Paris.
06:19On doit revenir au quotidien.
06:20C'est les objectifs du sport de haut niveau.
06:23Savoir se remettre en question.
06:25Je dirais que le fait d'avoir été chercher une médaille d'argent,
06:28ça nous donne maintenant une responsabilité au niveau des attitudes,
06:33au niveau de l'exemplarité pour tous les jeunes, tous les personnes qui nous suivent.
06:39– Vous parliez de la difficulté finalement de ce rôle de sélectionneur espoir et de votre fierté.
06:45Est-ce que cette difficulté, elle vient plus du fait qu'il y a de la responsabilité
06:50parce qu'on connaît la qualité du réservoir français.
06:52Il suffit de voir la liste que vous avez diffusée aujourd'hui
06:54pour se rendre compte qu'il y a quand même de quoi faire et du très beau matériel.
06:58Est-ce que ça vient de là la difficulté ou est-ce que ça vient du fait que,
07:00quand même historiquement, quand on aime le foot et qu'on s'intéresse au foot français,
07:03la sélection espoir, c'est une sélection qui, en termes de résultat, peut nous avoir déçus ?
07:09– Il y a un peu de tout mais je dirais que c'est une chance que d'avoir
07:14des générations avec autant de talent, ça ce n'est pas une difficulté,
07:18c'est une chance que d'avoir ce réservoir.
07:20La difficulté, elle est de mettre en place et d'avoir en très peu de jours
07:26une cohésion, une équipe, un jeu d'équipe quand votre sélection bouge à chaque rassemblement,
07:33bouge en trop grand nombre à chaque rassemblement, elle est là la difficulté.
07:36C'est de recréer la cohésion, de redonner tous les principes de jeu,
07:39les automatismes quand votre groupe bouge beaucoup en nombre.
07:44– De ce point de vue-là, en général, ceux qui ont fait les Jeux olympiques
07:48et qui sont à nouveau dans cette liste-là, la liste est découverte
07:50en même temps que j'ai donné à l'antenne, j'en ai compté au moins 7,
07:52je ne sais pas si c'est le chiffre exact, vous me corrigerez si je dis une bêtise,
07:56mais est-ce que vous allez vous appuyer encore davantage sur ceux
07:59avec qui vous avez passé votre été ?
08:01– Il y a une douzaine de joueurs qui ont connu les Jeux olympiques
08:07avec intégrés les barragistes, ça fait un noyau dur,
08:10donc c'est un noyau dur qui connaît les ingrédients à mettre dans le professionnalisme,
08:15dans les moments qu'on doit passer ensemble pour avoir un jeu plaisant,
08:23pour avoir un jeu productif, efficace et aller chercher du résultat tout en,
08:27je le disais, c'est important en donnant du plaisir aux gens qui nous suivent et qui nous observent.
08:34– Gérald, on sait qu'il y a souvent une passerelle entre les Espoirs
08:37et la grande équipe de France, on sait que les relations entre les deux équipes
08:41sont importantes, Henri le répétait régulièrement,
08:44est-ce que vous, vous connaissiez Didier Deschamps,
08:47est-ce que vous l'avez déjà rencontré, quelles étaient vos relations avec lui ?
08:52– Oui, oui, je connais Didier, on est de la même génération,
08:54on a joué l'un contre l'autre,
08:58ensuite on avait la chance d'être dans des grands clubs dans une partie de notre carrière
09:02où on s'affrontait également, mais par staff interposé,
09:06donc il y a toujours des moments de lutte et des moments d'échange,
09:09et puis ça fait maintenant un an que je suis à la Fédération
09:13où je côtoie Didier à nos rassemblements, à nos listes,
09:19même si on est sur des listes différentes,
09:22on échange, on débat,
09:25et c'est ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir une communication simple et efficace.
09:32– Comment est-ce que vous allez gérer le cas de Désiré Doué
09:36qui n'a pas toujours, je crois, été titulaire dans les différentes équipes
09:41managées par Thierry Henry, mais qui fait l'objet à présent
09:43d'un transfert extrêmement important au Paris Saint-Germain
09:46avec toute la lumière que ça attire,
09:48est-ce que ce n'est pas aussi une des difficultés de ce poste-là
09:50où parfois il peut y avoir un décalage entre le prix que coûtent les joueurs,
09:53les co-médiatiques qu'ils ont et les qualités,
09:55et aussi encore les failles qui sont les leurs,
09:58ou la marge de progression disons ?
10:00– Je vais le gérer assez simplement,
10:02c'est la vérité du rectangle vert qui m'intéresse,
10:06c'est la performance de l'entraînement,
10:10la performance des matchs qu'on peut observer,
10:12c'est le niveau atteint,
10:13c'est cette capacité à attaquer avec les partenaires,
10:16à faire des différences,
10:17cette capacité à se replacer, à défendre avec ses partenaires,
10:20à être compact, à être dur à jouer,
10:23c'est ces qualités de joueur qui permettront de marquer des points
10:29pour gagner les choix en sa faveur,
10:31et je ne m'occupe peu ou pas du tout de ce qui se passe en dehors,
10:37soit au niveau des contrats ou autres.
10:40– Gérald, vous parliez de mise en place et de principe de jeu,
10:43et croyez-moi après la conférence de Didier Deschamps qu'on vient d'écouter,
10:46ça fait chaud au cœur, ça fait plaisir.
10:47– Ne le mettez pas en difficulté, il vient d'arriver.
10:50– Vous qui avez à la fois coaché en club
10:53et aujourd'hui été dans un staff en sélection
10:56et aujourd'hui êtes à la tête de cette magnifique sélection Exploit,
10:59est-ce que vous pouvez juste nous partager un petit peu de méthodologie,
11:02c'est-à-dire la différence finalement de comment vous allez mettre en place
11:05des principes avec une sélection par rapport à comment ça se passe en club,
11:08parce qu'on sait que c'est plus difficile ?
11:10– Il y a moins de temps.
11:12– Il y a beaucoup, beaucoup moins de temps.
11:13En club, vous avez 5-6 semaines de préparation
11:17pour transformer vos retours de vacances en athlètes,
11:22puis vos athlètes en footballeurs,
11:23et une fois que vous avez des footballeurs,
11:25en faire une équipe et transmettre tous vos principes de jeu,
11:30vos automatismes à travers votre méthode.
11:33Ça peut être beaucoup de vidéos, beaucoup de mise en place à vide,
11:36beaucoup de mise en place en mouvement, sans opposition,
11:39avec juste une ligne en face ou plus, chacun sa méthode.
11:44Mais en club, vous avez du temps sur la saison pour les réaliser.
11:47Quand on vous le laisse en sélection,
11:51vous retrouvez vos joueurs le lundi, ils ont joué pour certains le dimanche,
11:54donc le lundi, on ne peut pas faire vraiment de grosses séances.
11:57Le mardi, on peut attaquer un peu plus,
11:58mais il faut encore ménager ceux qui ont joué le dimanche.
12:02Le mercredi, vous pouvez vraiment travailler,
12:03et vous jouez déjà le vendredi.
12:05Donc vous avez une, deux séances de mise en place
12:07pour pouvoir travailler votre sens tactique, votre plan de jeu.
12:15Et il y a déjà le match qui arrive, donc il faut économiser l'énergie du terrain,
12:20appuyer ça avec des vidéos collectives et individuelles,
12:24et chercher à leur donner un maximum de repères les uns par rapport aux autres,
12:28par rapport aux adversaires, pour lever le plus d'incertitudes
12:32et leur donner de la confiance pour débuter le match.
12:36Gérald, on dit régulièrement que les joueurs sont souvent plus proches
12:40de l'entraîneur adjoint, parce que ce n'est pas lui qui fait les choix à la fin.
12:43Parfois, il peut y avoir plus de communication avec l'adjoint
12:45qu'avec l'entraîneur principal.
12:46Est-ce que, pour vous, de ce point de vue-là, ce sera nécessairement un atout,
12:50ou ça peut être aussi une certaine difficulté que le rapport change vis-à-vis des joueurs,
12:55puisque vous n'êtes plus l'adjoint, mais vous êtes le numéro un ?
12:58Oui, c'est vrai, il y a deux statuts différents.
13:01Vous avez beaucoup plus de proximité en tant qu'adjoint
13:05envers les joueurs, envers le jeune homme.
13:09On peut les aider plus individuellement et on peut aller plus loin dans les échanges.
13:14Et il y a plus de retenue quand vous parlez au coach.
13:18Mais il y a des échanges différents.
13:20Après, vous avez une autorité qui vient naturellement,
13:24vous avez une autorité qui vient après par le statut.
13:26Et le tout fait que ça se passe très bien.
13:30Le baticle d'avant dans votre staff ?
13:34Pardon ?
13:35Qui sera le baticle d'avant dans ce nouveau staff ?
13:39Je ne sais pas si ce sera un Gérald, mais c'est Gaël.
13:42Gaël, qui était déjà dans le staff et qui reste dans l'aventure, évidemment,
13:46et qui a d'autres qualités.
13:50Et on va chercher à faire un bon binôme,
13:52parce que je pense qu'il n'y a pas d'entraîneur et d'adjoint.
13:54Il faut savoir travailler ensemble et être complémentaire.
13:58Il était défenseur, il est jeune, il a les codes de la jeunesse et c'est intéressant.