La rébellion des femmes coréennes contre les deepfakes - La chronique de Manon Mariani - Vidéo Dailymotion

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Des féministes coréennes tentent de faire relayer leur parole grâce aux réseaux sociaux.   Retrouvez la chronique "Veille Sanitaire" de Manon Mariani sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/veille-sanitaire

Transcript

00:00C'est l'heure de la veille sanitaire. Aujourd'hui, on repart en Corée du Sud.

00:03Les femmes coréennes se rebellent et elles utilisent X pour le faire, car depuis quelques

00:07jours, des comptes anonymes qui se décrivent comme ceux de féministes coréennes dénoncent

00:12les pratiques abjectes d'un groupe Telegram qui compte plus de 200 000 abonnés dont l'essentiel

00:17sont des hommes. Dans ce groupe, des milliers de deepfakes pornographiques sont partagés.

00:21On y trouve donc des montages de femmes objectifiées sexuellement sans leur consentement. Certains

00:26membres vont même jusqu'à créer des deepfakes sur des femmes de leur propre entourage comme

00:30leur mère ou leur sœur. D'autres dévoilent aussi les informations personnelles des femmes

00:34en question, donc leur âge, leur nom ou leurs adresses. L'affaire prend de plus en plus

00:38d'ampleur sur X où des captures d'écran de ce fameux groupe sont partagées. Le but

00:42des coréennes, alerter la communauté internationale sur ce qui se passe dans leur pays car elles

00:47ne s'y sentent ni entendues ni prises au sérieux. Elles ont donc décidé de taguer

00:51directement des grands médias comme celui de la BBC et de s'adresser à des comptes

00:55féministes très suivis pour relayer leurs paroles. C'est le cas de Woman in Leisure,

00:59gérée par une femme coréenne qui habite maintenant aux Etats-Unis. Dans un long message

01:03sur X, elle dit qu'elle veut sensibiliser le public à ce qui se passe car les jeunes

01:07coréennes ne sont pas aidées.

01:08C'est terrifiant, il y a des réponses ?

01:10Oui, des articles commencent à en parler, même dans la presse coréenne. Mais surtout

01:14hier, le président sud-coréen Yoon Sook-Ryu l'a annoncé l'ouverture d'une enquête

01:19approfondie sur les crimes sexuels numériques, en particulier sur les deepfakes. Le président

01:23n'a pas parlé explicitement du groupe Telegram en question, mais vu le timing, on peut imaginer

01:28que c'est grâce à ces signalements sur X que le problème a été pris au sérieux.

01:31Et selon les autorités du pays, le nombre de crimes sexuels en ligne aurait doublé

01:35en 4 ans. Depuis le début de l'année, 297 cas ont été signalés. Alors sur le papier,

01:40évidemment, on se dit que c'est une bonne chose que le président prenne ces cas de deepfake

01:44au sérieux. Sauf que Yoon Sook-Ryu, il est loin d'être une figure très féministe.

01:48Au contraire, il est décrit comme un conservateur misogyne. Il a notamment dit qu'il voulait

01:52abolir le ministère de l'égalité des sexes et de la famille, ou encore que le féminisme

01:56était responsable du faible taux de natalité dans le pays.

01:59Difficile de lui faire confiance.

02:01Exactement. Encore une fois, ce n'est pas pour rien que les Coréennes veulent que cette

02:04histoire prenne de l'ampleur à l'étranger. Sur X, certaines disent à quel point elles

02:07ne sont pas prises au sérieux par les autorités quand elles dénoncent des abus sexuels et

02:11que c'est tout le système patriarcal du pays qui doit être remis en cause. C'est

02:15aussi pour ça qu'un mouvement féministe coréen a pris énormément d'ampleur ces

02:19dernières années. Je vous en avais déjà parlé. Il s'agit du mouvement Forbi, un

02:23mouvement extrême dans lequel les Coréennes disent non au mariage, non aux enfants, non

02:27aux rencontres et non aux relations sexuelles. Bref, elles disent non aux hommes pour avoir

02:32la paix. Oui, mais vous vous imaginez bien qu'on n'arrive pas à un tel mode de vie

02:36pour rien. Ce qui est assez fou, c'est que les hommes coréens essaient de renverser

02:40la tendance en disant qu'ils se sentent discriminés par les femmes. Et les plus vindicatifs

02:45sont ceux de la jeune génération. Selon Vice, 79% des hommes âgés de 20 à 29 ans

02:50pensent que les discriminations à leur égard sont un problème sérieux. Certains vont

02:54même jusqu'à lancer des campagnes de harcèlement en ligne contre les féministes coréennes

02:58revendiquées. D'où le fait que la plupart ont maintenant des comptes anonymes sur X.

03:03Et puis ça pose aussi question concernant l'application Telegram. Évidemment, on

03:06en parle beaucoup en ce moment car son créateur vient de passer 4 jours en garde à vue en

03:09France en cause de l'absence de modération de la plateforme. Justement, l'affaire ne

03:14fait que commencer. En attendant, le groupe que dénoncent les coréennes serait encore

03:18actif à l'heure actuelle.

La rébellion des femmes coréennes contre les deepfakes - La chronique de Manon Mariani

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