ÉDITO - Macron dit non au NFP: "Cette décision, c'est aussi une machine à fabriquer du ressentiment et de la désaffection pour la politique"

  • le mois dernier
Emmanuel Macron a refusé l'idée d'un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire. Les consultations continuent ce mardi.

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00:00Le Président de la République a écarté hier l'hypothèse d'un gouvernement du Nouveau Front Populaire, on va d'ailleurs commencer par ça, ce n'est pas une surprise.
00:05Non, ce n'est pas une surprise, parce qu'il avait déjà balayé cette hypothèse d'un revers de main lors de son interview télévisée au mois de juillet,
00:11et qu'il n'avait aucune envie de confier à la gauche, pourtant arrivé en tête au second tour législative, il n'avait aucune envie de lui confier les clés du foire.
00:18Mais ce n'est pas parce que ce n'est pas une surprise que c'est compréhensible pour autant.
00:23La meilleure preuve, c'est que le Président de la République s'est cru obligé d'expliquer son choix, ou plutôt son non-choix,
00:28hier soir dans un communiqué, un communiqué assez lunaire, je dois dire.
00:32Le Président s'y exprime, ouvrez les guillemets, dans son rôle constitutionnel d'arbitre garant de la stabilité institutionnelle et de l'indépendance de la nation,
00:39il aurait pu ajouter, et d'acteur du petit jeu politique, tant il est à la manœuvre.
00:43Et c'est donc au nom de cette fameuse stabilité qu'il justifie sa décision, ce qui ne manque pas d'air entre nous, parce que qui a tout déstabilisé enfin ?
00:51Qui a sulfaté consciencieusement l'échiquier politique depuis ces temps ?
00:55Qui a conscientieusement, encore une fois, sapé et fait les poches de tout ce qui pouvait ressembler à un parti de gouvernement, se privant ainsi mécaniquement d'alternance ?
01:03Qui a décidé, par pure caprice, de dissoudre l'Assemblée nationale et de renvoyer tout le monde aux urnes, à la hussarde, en trois petites semaines seulement ?
01:12Et bien c'est le Président. Donc question stabilité, on sait de quoi on parle.
01:15En tout cas, depuis hier soir, la gauche est furieuse. Fabien Roussel, notamment, appelle à une grande mobilisation dans la rue.
01:21Les Insoumis dénoncent une décision d'une exceptionnelle gravité et ils veulent enclencher, mettre en fait à exécution, leur menace de procédure de destitution.
01:30Oui, on comprend leur courroux, même s'ils payent aussi sur ce coup leur dogmatisme et leur sectarisme, il faut le dire, parce qu'en surjouant l'intransigence et la radicalité,
01:38alors qu'il manquait une bonne centaine de députés, la gauche s'est privée de tout renfort possible.
01:43Mais au-delà des leaders de gauche, je vais vous dire, cette décision, c'est aussi une machine à fabriquer du ressentiment et de la désaffection pour l'être politique.
01:50Il y a deux mois, pour l'exécutif, tous les moyens étaient bons pour écarter la menace du Rassemblement national, quitte à voter pour la gauche, Insoumis compris, au nom du Front républicain.
02:00Depuis une semaine, tous les moyens sont bons pour écarter la gauche du pouvoir, même sans Insoumis, quitte à s'appuyer, pour le coup, sur les menaces de censure brandies par le RN.
02:10Hier soir, dans un communiqué, le président de la République appelle les écologistes, les socialistes et les communistes qu'il vient de rembarrer à l'esprit de responsabilité.
02:18En fait, les Français ont compris que tous les moyens sont bons, surtout pour sauver le quinquennat d'Emmanuel Macron, quitte à s'asseoir sur le résultat d'un vote pour lequel il s'était pourtant mobilisé massivement.
02:28L'esprit de responsabilité, c'est-à-dire qu'il leur demande, aux écolos, aux communistes et aux socialistes, de faire exploser le Nouveau Front populaire.
02:33Voilà, et puis on leur dit non, vous ne pouvez pas gouverner, parce qu'à priori, il n'y avait pas d'Insoumis dans le gouvernement du Nouveau Front populaire.
02:38D'ailleurs, à l'instant, Olivier Faure refuse que les socialistes soient les supplétifs, dit-il, d'un macronisme finissant, et ils n'iront pas à la consultation.
02:45Mais d'ailleurs, cette consultation, on a bien vu que celle de la semaine dernière n'a servi à rien.
02:50À quoi va servir celle qui commence maintenant, et quelle forme va-t-elle prendre ?
02:53Alors, second cycle de consultation avec, ouvrez les guillemets, des personnalités, notamment ceux distinguant par l'expérience du service de l'État et de la République.
03:00En gros, comprendre des ex-présidents de la République, par exemple, des ex-premiers ministres, des grands élus locaux, pourquoi pas, ça serait peut-être une bonne idée.
03:07Des hauts fonctionnaires, des grands commis de l'État, et il y aura quand même des partis, mais les partis, ça sera son bloc central et la droite républicaine,
03:13puisque le RN n'ira pas, il n'est pas invité, et la gauche non plus, puisqu'elle dit non.
03:17Donc, ça va se discuter entre eux dans la macronie élargie.
03:20Mais qu'est-ce qui va se discuter ? Un nom ?
03:21Un nom. Alors, on a parlé, vous savez, de Xavier Bertrand, on a parlé de l'ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, on parle de Pierre Moscovici,
03:29l'actuel premier président de la Cour des Comptes, on a parlé de Didier Migaud, ancien premier président de la Cour des Comptes.
03:35Mais là, ça sent le gouvernement technique à plein nez, non ?
03:38Un gouvernement technique matiné de politique quand même, parce qu'il faut composer un budget, et ce budget, il sera éminemment politique.
03:44Mais de toute façon, ça ne change rien à l'équation, parce qu'aucune majorité ne se dégage, il faut le dire, et ce n'est pas Emmanuel Macron qui changera l'affaire,
03:52même si lui veut croire qu'il peut encore s'occuper de tout, du casting, choisir l'orchestre et composer la chanson, mais on n'est pas encore là de voir la musique.

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