Touré Hamed Boua: "Le secteur du foncier, une grande Mafia"

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Touré Hamed Boua: "Le secteur du foncier, une grande Mafia"
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Transcript
00:00Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue à l'invité de la rédaction de l'Infotrom.
00:06Aujourd'hui, nous recevons M. Touré Ahmed Boua, promoteur de projet Aquaba City.
00:13Il est aménageur foncier.
00:15Bonjour, M. Touré Ahmed Boua.
00:17Bonjour.
00:18Si vous devez vous présenter à nos spectateurs, que direz-vous en une minute ?
00:23Je suis Touré Ahmed Boua.
00:26Je suis aménageur professionnel et je suis né avec les indépendances.
00:34Vous conduisez un projet depuis bientôt 24 ans. Est-ce que vous pouvez nous présenter ce projet ?
00:39Avec le recul, on a tous compris que la question de l'aménagement, la question de l'urbanisation est une question cruciale.
00:46L'État l'avait bien compris.
00:48C'est pourquoi au début des années 60 jusqu'en 80, l'État lui-même s'occupait de la question de l'aménagement.
00:55Mais pour les questions de réserve de vie, l'État a abandonné ce secteur depuis 1980 jusqu'en 1997.
01:03L'État a compris qu'effectivement, l'abandon de ce secteur important du développement économique de notre pays
01:10pouvait avoir une conséquence grave sur notre économie qui a toujours été une économie florissante.
01:15L'État a mis en place la loi sur la construction d'aménagements.
01:18Avec cette loi, il est possible pour un opérateur privé de s'approprier du parcel pour réaliser ce qu'on appelle des actions d'aménagement.
01:26Mais comme je l'ai dit, depuis 1980 jusqu'à nos jours, les actions d'aménagement qui devraient précéder les actions de construction n'ont pas eu lieu.
01:34Et la conséquence, ce sont les inondations, ce sont les embouteillages, ce sont toutes ces précarités qu'on regarde dans la ville et qui fragilisent le tissu économique de la ville.
01:44Donc notre projet porte sur l'aménagement de l'axe Abidjan-Niaman et qui prend le nom commercial d'Aquavacity.
01:51Et ça y est donc, si vous voulez réaliser les tracés et l'ouverture des voies, les commodités comme l'eau, le courant, tout ce qui a trait aux télécommunications.
01:59Et puis ensuite, la question de l'assainissement. Il y a beaucoup à faire alors.
02:02Le projet a plusieurs composantes. Il y avait une composante que tout le monde a connue qui s'appelle le projet terrain neuf.
02:09Il y a le projet qui faisait 1260 hectares. Il y a le projet de la zone économique d'Abidjan qui s'est réalisé sur 7000 hectares.
02:16Il y a le projet de la cité des travailleurs qui s'est réalisé sur environ 109 hectares. Il y a d'autres sites réservés aux poils d'habitats.
02:23Nous, notre rôle, c'est d'aménager l'espace, c'est de proposer un plan d'aménagement cohérent, structurant, conforme au schéma directeur de la ville d'Abidjan.
02:32On voit que dans votre avancée, beaucoup de difficultés. Certaines langues disent que c'est parce que vous n'êtes pas dans l'arène politique que vous avez des difficultés. Qu'est-ce que vous répondez ?
02:42Bon, des fois, il m'arrive aussi de penser à ça. Je me suis dit peut-être que comme je ne suis pas un politicien, que peut-être que c'est ce qui rétarde un peu mon projet.
02:50Nous, nous sommes des développeurs. Nous restons dans le développement. Si nous tous, nous allons faire de la politique, ce sera complet.
02:56Mais dans un cas comme dans l'autre, même si je ne suis pas dans l'arène politique, je ne constitue aucune menace, ni pour les politiciens qui sont au pouvoir, ni pour ceux qui sont dans l'opposition.
03:05Nous avons un plan d'aménagement. C'est une constitution de l'État. L'État est notre co-contratant.
03:10Et je comprends difficilement que le plan d'aménagement que nous avons proposé sur l'Axe-Abidjan-Nyama, et que ce plan-là, qui a été conçu par le cabinet-conseil de l'État de Côte d'Ivoire lui-même,
03:20le BNET, qui est l'expertise la plus avérée dans la sourde-jaune, même en Afrique, que l'État ne se soit pas prononcé pour dire que ce plan est bon, pour nous permettre de démarrer, ou que ce plan est mauvais.
03:31Surtout que ce ne sont pas les ressources financières qui ont manqué, ce ne sont pas les ressources techniques. Rien n'a manqué, sauf que l'État n'a pas donné d'avis favorable.
03:41A votre avis, qu'est-ce qui bloque ?
03:43L'État ne peut pas être en train de mettre en place une brigade pour mettre fin au désordre urbain dans la ville d'Abidjan, et en même temps donner une concession à quelqu'un, et en même temps ne pas permettre à cette personne de l'accompagner. Il y a quelque chose qui ne va pas.
03:57Pour le projet de terrain nu, encore en liquidation, on vous voit toujours impliqué dans le dit projet. Récemment, une décision de justice vous a donné raison. Est-ce qu'on peut comprendre, sinon savoir, de quoi il s'agit ?
04:11Sur ce point-ci, il y a un paradoxe. L'État, en 2011, a mis fin au projet de fourniture de terrain nu, qui était une composante de la ville nouvelle, sur une superficie de 1260 hectares.
04:24Des incompréhensions étaient autour de ce projet, mais on a fini par nous entendre, et l'État a décidé, de façon souveraine, de confier la liquidation de ce sous-projet-là au Fonds de Prévention de l'Héritage.
04:35Malheureusement, alors que le liquidateur est en train de faire un bon travail, il se trouve toujours des gens qui arrivent à aller berner et à narquer d'autres personnes avec ces terrains qui ont déjà un titre de propriété.
04:47Quand vient le moment pour le Fonds de Prévention de l'Héritage de vendre ces terrains à des investisseurs, il se trouve des gens, que j'appelle des squatters, qui n'ont ni titre, ni propriété, et qui s'opposent à ce que les investisseurs s'approprient de ces actifs réels et tangibles du défunt projet.
05:03Or, c'est la vente de ces actifs réels et tangibles qui permettent de financer la liquidation.
05:10Donc, vous comprenez que si l'IFM n'arrive pas à les vendre, cela met en péril le processus de la liquidation, donc le processus de nos dédommagements.
05:18Parce que la vérité et la réalité, c'est que nous-mêmes qui avions été emprisonnés, plus tard, on a compris qu'il n'y avait pas eu d'escroquerie, il n'y avait pas eu d'abus de confiance, il y a eu de moins d'incompréhension.
05:29Et l'État a décidé de réparer tout ce qui pouvait être une injustice autour de ça.
05:34Récemment, le gouvernement a instauré une attestation de droits d'usage pour réglementer, effectivement, tout ce qu'on entend dans les passations ou dans les achats de terrains, surtout en milieu villageois. Quel est votre commentaire là-dessus ?
05:51La question foncière est une question cruciale. Je pense que si les choses se passent comme ce qui a été promis, ça va être une action qui va essayer d'assainir cet environnement.
06:03Mais on a quand même une grosse crainte, pas sur la question, la craintissance même de l'attestation de droits d'usage, mais l'usage qu'on en fait.
06:11Aujourd'hui, l'attestation de droits d'usage, qui est une très bonne chose, laisse sur le carreau 90% de ceux qui ont besoin de l'attestation d'usage, ce qui fait de cette réforme, une réforme un peu insuffisante.
06:27On nous dit que l'attestation de droits d'usage est venue, n'est-ce pas, pour réglementer, assainir, pour éviter la coexistence des pratiques administratives et des pratiques coutumières, pour essayer de mettre fin à la mafia.
06:40Parce qu'effectivement, le secteur du foncier, c'est une mafia au sens propre et au sens figuré. Mais là où il y a le problème, on dit que l'attestation de droits d'usage ne consomme que le lotissement approuvé.
06:52Or, les plus grandes parcelles dans le grand abidjan sont des parcelles qui ne sont pas loties, ce sont des parcelles qui ne sont pas approuvées. Alors, qu'est-ce qu'on fait de cela ?
07:02Or, en même temps, on nous dit que comme l'attestation de droits d'usage est arrivée, à la fin de cette année, ceux qui auront des attestations coutumières classiques, ça n'aura aucune valeur.
07:12Bon, s'il se trouve donc un grand nombre de détenteurs de droits coutumiers qui ne peuvent pas bénéficier de l'attestation de droits d'usage parce que leur espace, leur parcelle n'est pas lotie, que voulez-vous qu'ils fassent sinon qu'à chercher à contourner la loi et à créer une autre mafia ?
07:27Quelle solution vous proposez face à cette situation ?
07:30La solution la plus appropriée aurait été la suivante. Un, il faut identifier l'ensemble des détenteurs de droits coutumiers, il faut leur reconnaître un droit. Ce droit qu'on leur reconnaît, c'est le droit de détention de droits coutumiers et cela doit être matérialisé par l'attestation de droits d'usage.
07:50En leur reconnaissant ce droit, il s'agit maintenant de les amener à aller vers un plan d'aménagement et veiller à ce que le plan d'aménagement de ces personnes qui détiennent des attestations de droits d'usage, ces plans-là soient conformes au schéma directeur de la ville d'Abidjan ou conformes à l'ordre d'Orsi des plans d'aménagement comme on le souhaite.
08:08En un mot, l'attestation de droits d'usage telle qu'elle est formulée aujourd'hui, elle laisse un bon nombre de personnes sur le carreau et puis veiller à ce que tout ce qui est une attestation de droits d'usage, ces personnes puissent aller à un plan d'aménagement courant, structurant. Une fois que ça, c'est approuvé, leur permettre d'avoir leur accès.
08:24Pourquoi on leur reconnaît ? Il faut qu'il y ait un lotissement d'abord ? Parce que s'il n'y a pas de lotissement, comment est-ce qu'on fait pour énumérer des parcelles ?
08:32Il faut permettre à chacun de faire un lotissement, approuvé ou pas, de faire ce qu'on appelle un guide. Ce guide va recueillir, sous la supervision du chef du village, l'ensemble de tous ceux qui sont détenteurs de droits coutumiers.
08:47C'est ce guide-là, sans être approuvé, mais qui vient avec la caution de l'autorité coutumière pour être présenté au ministère pour dire voici ceux qui sont effectivement détenteurs de droits coutumiers. Mais leur plan n'est pas encore approuvé.
09:02En 2022, vous sortez un livre. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre livre ?
09:07En 2022, j'ai sorti le septième, qui est « L'échec des politiques d'urbanisation de tout un continent candidat à l'émergence, cadre de la Côte d'Ivoire, d'agnostic systémique et de solutions perspectives ». C'est un livre que j'ai écrit, qui est aussi le sujet de la thèse unique que je prépare.
09:25La question centrale qui est abordée dans ce livre, c'est la question de l'aménagement. Ici, j'ai écrit ce livre pour attirer l'attention des décideurs vers la nécessité d'aller à une politique d'aménagement claire et nette. Parce que la question de l'aménagement, la question des infrastructures, rime avec notre économie.
09:44Mais on ne peut pas aussi changer avec des infrastructures telles que le président Ouattara a fait, si la question de l'aménagement n'est pas à l'heure du jour. Ça veut dire que vous voyez la tour F qu'on est en train de construire. Si vous construisez la tour F dans une zone qui n'est pas aménagée, viabilisée, ne perdra-t-elle pas son prestige ?
10:01Tous les Ivoiriens sont fiers d'avoir ce qu'on appelle la plus haute tour de l'Afrique de l'Ouest, et peut-être même de l'Afrique, ici à Abidjan. Mais c'est parce que c'est dans une zone aménagée structurelle. C'est pour vous dire que le développement commence par l'aménagement. Et le livre que j'ai écrit, c'est pour, n'est-ce pas, attirer l'attention de tous les décideurs politiques pour qu'ils intègrent la question de l'aménagement dans la politique de développement de nos pays africains.
10:29Nous sommes au thème de notre rencontre. Et si vous devez avoir un mot de fin ?
10:59C'est l'option 1. Nous, on continue de garder le silence. On ne dit rien. On laisse les squatteurs créer leur ville dans un désordre urbain organisé, agencé. Ou bien, le plan d'aménagement que le BNET a réalisé sur plus de 5 à 6 ans, que l'État nous permette de mettre en œuvre ce que son propre cabinet conseille à réaliser et à proposer.
11:26Parce qu'on ne peut pas réaliser des infrastructures comme les stades olympiques, comme la zone industrielle, comme l'abattoir, comme bientôt le marché de Gros, et dire que cette zone doit être entourée par des quartiers précaires. Ce n'est pas possible.
11:38Si c'est moi, Touré Amédoua, qui pose le problème, je suis prêt à céder le projet à l'État. Mais si ce n'est pas moi qui pose un problème, qu'on nous donne l'arrêté d'approbation pour qu'on puisse au moins apporter notre pied à l'édification de notre nation.
11:51Nous avons été très heureux de partager ce temps d'enquête avec M. Touré Amédoua, avec qui nous avons fait le tour sur le problème d'urbanisation. Nous vous disons merci de nous avoir suivis et nous donnons rendez-vous pour un prochain numéro de l'Invité de la rédaction. D'ici là, likez, partagez si vous avez aimé.

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