"On a frôlé la catastrophe": un policier témoigne de l'incendie de la synagogue de La Grande-Motte

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Jean-Michel Weiss, secrétaire nationale de la Fédération autonome de la police municipale, était en direct ce lundi sur BFMTV après l'incendie de la synagogue de La Grande-Motte dans l'Hérault samedi.

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00:00Vous dirigez la police municipale de la ville de la Grande-Motte et vous étiez sur place samedi avec votre équipe, juste après cette attaque contre la synagogue.
00:08Vous avez vu notamment votre collègue qui a été projeté par l'explosion. Vous allez nous raconter tout ça.
00:14D'abord, quelles nouvelles vous avez de lui ? Comment est-ce que lui va ce matin ?
00:21Aujourd'hui, il va bien. Rémi est sorti de l'hôpital samedi soir. Il a pu rencontrer le Premier ministre et les ministres de l'Intérieur
00:30qui lui ont témoigné l'hommage du gouvernement à ce collègue blessé.
00:36Sa collègue de travail qui était avec lui va bien également. Rémi a été projeté au moment de l'explosion, sur quelques mètres.
00:45On avait peur pour sa santé. Personnellement, j'ai été le premier à lui porter secours et à l'extraire du lieu de l'explosion.
00:56Heureusement, les radios, l'échographie et les prises de sang sont bonnes. Il a rejoint aujourd'hui son domicile. Il est pris en charge par ses proches.
01:04Il a aujourd'hui besoin de se reposer.
01:07Ce que je tiens à dire et à préciser, c'est que cette synagogue est à proximité immédiate de la brigade de gendarmerie de la Grande-Motte.
01:14Ce sont mes collègues gendarmes qui interviennent en premier lieu avec des extincteurs et un tuyau pour essayer d'éteindre les différents départs de feu.
01:23Nous savions qu'il existait ces bouteilles de gaz puisque cette synagogue est équipée d'un barbecue.
01:29On savait qu'à tout moment, cette explosion pouvait avoir lieu, renforçant les règles de prudence et de sécurité.
01:36C'est au moment où on cherche un point d'eau pour alimenter les pompiers que Rémy se retrouvera juste à côté, derrière le mur de clôture.
01:43Et c'est à ce moment-là que l'explosion a lieu. Il est projeté 5 mètres en arrière. Il tombera sur le sol.
01:49Moi qui suis témoin, je pense que c'est le capot d'un véhicule qui vient d'être arraché. Il n'en est rien. C'est mon camarade qui est au sol.
01:56Et rapidement, policiers et gendarmes présents lui ont apporté les premiers secours.
02:01Quand le ministre de l'Intérieur dit qu'on a frôlé la catastrophe, bien sûr, tout ce que vous dites est vrai.
02:06Je ne me permettrai pas de remettre en cause les propos du ministre de l'Intérieur.
02:11Oui, cet individu est armé d'une hache. Il est également armé d'une arme de poing.
02:16Mais on aurait pu avoir un drame lorsque les gendarmes sont à l'intérieur de la synagogue, procèdent à l'extinction avec les extincteurs des véhicules.
02:25Si l'explosion a lieu à ce moment-là, on aurait à déplorer trois morts dans les rangs de la gendarmerie nationale.
02:31Moi, ce que je tiens à saluer, c'est la rapidité d'intervention des différents services, que ce soit la gendarmerie locale, les unités de gendarmerie à proximité, la police municipale, bien entendu,
02:41et également les services de la police et la gendarmerie nationale, parce que nous avons pu en un temps rapide, et grâce notamment au système de vidéoprotection,
02:49que ce soit la vidéoprotection de la synagogue ou les vidéoprotections de la ville, identifier et mettre hors de cause un individu déterminé.
02:58Et on ne peut que saluer l'engagement des différents services de police et de gendarmerie et de police municipale sur cette intervention.
03:06Jean-Michel Wright, je voudrais revenir dans le détail sur ce que vous avez vécu samedi matin.
03:10Vous, à quel moment vous vous êtes prévenu ? Pourquoi est-ce que vous intervenez ? À ce moment-là, qu'est-ce qui se passe concrètement ?
03:17Alors moi, tout simplement, je prends mon service. On sort d'une manifestation culturelle la veille. Je prends mon service.
03:25Et quand j'arrive sur place, je me rends compte qu'il y a des véhicules qui brûlent à la synagogue. Je me transporte sur place très rapidement.
03:31Je suis sur les lieux 5 minutes après l'arrivée des premiers gendarmes et des premiers policiers municipaux. Je fais le point avec le major qui commande la gendarmerie.
03:40Il me dit « Jean-Michel, tout laisse à penser que c'est criminel. On a un multiple foyer. Tout laisse à penser que c'est un acte criminel ».
03:46Donc forcément, on se prémunit et on s'attend peut-être à voir surgir un individu ou des individus.
03:55Et c'est au moment où on fait le tour du bâtiment, d'abord pour sécuriser le bâtiment, mais également pour chercher un point d'eau, que cette explosion aura lieu.
04:03Et qu'est-ce que je vois ? Je vois – je vous l'ai dit précédemment – d'abord, j'entends quelque chose qui tombe à côté de moi.
04:08C'est un morceau de barbecue qui est projeté à plus de 80 mètres et qui vient tomber à moins de 2 mètres de ma personne.
04:14Et lorsque je me retourne sur le côté nord de la synagogue, pour moi, j'imagine que c'est un capot de voiture qui tombe.
04:22Non, c'est pas un capot de voiture. C'est un camarade qui a été propulsé. Je me rendrai compte que c'est réellement un camarade
04:30que lorsque j'ai fait mi-parcours pour aller de mon point vers cet individu qui, pour moi, est un passant au départ, qui crie et qui a mal.
04:39Et quand j'arrive à sa hauteur, je me rends compte que c'est un camarade. Donc voilà, j'ai été moi également témoin de cette explosion.
04:45Cette explosion, elle a été entendue dans toute la ville. Les gens à plus de 500 mètres de là ont vu leurs vitres trembler.
04:52On a eu réellement une déflagration au-delà d'un incendie de plusieurs véhicules qui font de la fumée noire.
04:59On a vraiment eu une grosse explosion et une boule de feu qui est sortie du mur de clôture.
05:04Oui, on a frôlé la catastrophe, bien sûr, mais également pour la communauté et les riverains, puisque nous sommes à proximité de la synagogue.
05:12Nous avons des gens qui résident dans cette synagogue. Et puis il est 8 heures du matin. C'est un samedi. On est dans une station touristique.
05:19Sur l'endroit où je suis aujourd'hui, il y a des passants. Il y a des gens qui vont acheter leur petit déjeuner. Il y a des cyclistes.
05:26Il y a des gens qui passent en moto. Il y a des gens qui passent en trottinette. Ils auraient pu, eux aussi, être blessés par les pièces qui ont été projetées,
05:33mais également par l'explosion.
05:37– Jean-Michel Weiss, quand, justement, après cette explosion, vous portez secours et que vous comprenez que ce n'est pas un capot de voiture,
05:42mais que c'est votre collègue qui vient d'être projeté par l'explosion, quels gestes vous faites ? Comment vous lui venez en aide ?
05:49– Alors la première des gestes, c'est ce qu'on appelle une extraction de secours et d'urgence.
05:54On est obligé de l'extraire de sa position parce qu'on est à proximité immédiate du lieu de l'explosion.
06:01On a eu une explosion, mais on aurait pu potentiellement en avoir plusieurs.
06:05Est-ce que c'est une bouteille de gaz ou des bouteilles de gaz qui ont explosé, on ne le sait pas.
06:09Donc avec mes collègues gendarmes et ma collègue policière municipale, on procède à une extraction d'urgence.
06:14Ce qui veut dire, c'est qu'on prend notre camarade dans une technique d'intervention de secours
06:19et on l'extrait du lieu immédiat et on fera ça en deux temps.
06:22Avant l'arrivée des sapeurs-pompiers de l'Hérault, qui eux aussi ont été remarquables et très rapidement sur les lieux,
06:28pour prendre en charge la victime qui sera transportée aux urgences à Montpellier.
06:33Puisque je vous donnais la possibilité de m'exprimer, c'est ma casquette de représentant syndical
06:38qui va parler au nom de la Fédération autonome de la fonction publique en charge des polices municipales.
06:43Par ce message, on se rend compte qu'il y a quelques jours, en Angoulême,
06:47ce sont des policiers municipaux qui interviennent pour neutraliser un individu qui souhaitait mettre le feu à la mairie.
06:54Ici à La Grande-Motte, policiers municipaux et gendarmes interviennent au quotidien
06:59dans le cadre d'un continuum de sécurité extrêmement précis et dans une collaboration extrême
07:06qui a été d'ailleurs saluée par le préfet qui s'est rendu sur place.
07:09J'aimerais que le gouvernement ou le futur gouvernement travaille sérieusement sur le rôle, la place des policiers municipaux
07:16et je profite de ce message pour leur demander de prendre en considération les revendications des policiers municipaux
07:21qui portent notamment option de meilleure retraite parce qu'on se rend compte que sur le terrain, nous prenons exactement les mêmes risques
07:27et notre engagement des polices municipales comme des gardes champêtres est permanent au service de la population
07:33et aux côtés des services de l'Etat et pour autant, nos conditions de rémunération et de retraite sont différentes.
07:38Jean-Michel Weiss, vous parlez de risque justement. Est-ce qu'au moment où vous intervenez,
07:42au moment où vous portez secours à votre collègue, aux personnes qui sont à l'intérieur de la synagogue,
07:45juste après cette explosion, est-ce qu'il y a de la peur ? Est-ce que ça fait partie aussi de ce qui règne à ce moment-là ?
07:52Alors écoutez, j'ai bientôt 40 ans de métier, 40 ans de police municipale.
07:58C'est la première intervention où j'ai peur pour un de mes confrères de travail, un de mes collaborateurs.
08:03J'ai fait des interventions à risque. J'étais amené à intervenir sur des cambriolages avec des individus armés, des individus déterminés.
08:11Pour la première fois de ma vie, au bout de 40 ans, j'ai eu peur pour l'intégrité physique et la vie d'un de mes collègues.
08:17Mais cette peur-là, vous ne l'avez pas au moment où vous intervenez dans l'urgence.
08:22On est sur ce qu'on appelle un effet tuyau. On a envie de sauver la vie de notre collègue, de le protéger, de le mettre en sécurité.
08:29C'est deux heures après où j'ai eu beaucoup plus de mal.

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