Sandra Buisson revient sur la comparution d’un enfant de 12 ans devant le tribunal pour enfants de Montbéliard pour «apologie d’actes de terrorisme»

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Sandra Buisson, journaliste police-justice à CNews, revient sur la comparution d’un enfant de 12 ans devant le Tribunal pour enfants de Montbéliard pour «apologie d’actes de terrorisme».
Transcript
00:00C'est un jeune garçon de 12 ans originaire de Sochaux qui comparaissait
00:03aujourd'hui devant le tribunal pour enfants de Montbéliard.
00:06Sandra, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'on lui reprochait
00:08et ce qu'on sait maintenant un peu plus de l'affaire, s'il vous plaît ?
00:11Alors, il a reconnu les faits qui lui étaient reprochés, ce jeune garçon de 12 ans.
00:15Il a expliqué qu'il a commencé à regarder des contenus djihadistes à la fin 2023
00:21et ça a été en s'accentuant en 2024, des contenus extrêmement violents,
00:26des vidéos de massacres, de tueries.
00:29Le procureur a rappelé à l'audience cette quantité de vidéos qu'il a qualifiées d'abjectes,
00:35plus de 1700 vidéos et systématiquement des références à la propagande salafo-djihadiste.
00:42Il allait même jusqu'à demander à ses contacts sur les réseaux sociaux
00:45de lui envoyer du contenu de ce type.
00:48On sait qu'il était tellement perméable à cela qu'il s'était donné des images de profil
00:53ou des pseudos, par exemple en référence à un homme qui a perpétré un attentat aux Etats-Unis
00:58où il avait sur un réseau social le profil noir du cavalier noir en référence effectivement au salafo-djihadisme.
01:06Alors il a été déclaré coupable par le juge des enfants
01:11parce qu'il a estimé, ce juge, qu'il était capable de discernement.
01:15Vous savez qu'en dessous de 13 ans, il y a une présomption de non-discernement
01:19conformément aux réquisitions du procureur.
01:22Donc il a estimé qu'il était capable de comprendre la gravité de ses actes.
01:26Ils se sont appuyés, ces magistrats, sur les conclusions du psychiatre.
01:29Le médecin a noté une altération du discernement de ce jeune garçon, mais pas une abolition.
01:34Donc il avait une conscience assez nette du caractère répréhensible des faits, a dit le spécialiste.
01:41Le médecin qui a aussi souligné qu'il était très vulnérable psychologiquement
01:45et que c'était un terreau pour radicaliser les plus jeunes.
01:48Il a des troubles du développement avec retard du langage depuis l'enfance.
01:52Il a eu une difficulté d'adaptation au collège
01:54et puis un vécu très négatif de solitude et d'hostilité
01:57en relation avec ces troubles qu'il a depuis sa jeunesse.
02:02Et maintenant, Sandra, quelle suite alors pour ce jeune garçon qui a 12 ans, on le rappelle ?
02:06Alors, le procureur a noté à l'audience qu'il avait commencé à évoluer
02:10puisqu'il est placé depuis son interpellation fin juin.
02:14Donc il est placé dans une structure de la protection judiciaire de la jeunesse.
02:19Le procureur a noté qu'il avait évolué par rapport aux faits,
02:21qu'il était moins détaché, qu'il avait fait un travail sur la gravité des contenus.
02:25Il a expliqué aujourd'hui dans une conférence de presse, le procureur,
02:28que ce jeune garçon avec des mots d'enfant a reconnu que c'était mal,
02:31que ce n'était pas ce qu'il souhaitait.
02:33Il a expliqué qu'il s'est d'abord interrogé sur l'islam,
02:35qu'il a fait des recherches, qu'il est tombé sur des contenus,
02:37qu'ils l'ont poussé à aller dans des groupes de discussion sur des messageries cryptées.
02:41Là, on a parlé radicalisation et puis il n'a pas perçu tout de suite le caractère répréhensible.
02:45Il a dit, et je cite le terme employé,
02:47qu'il s'était senti embrigadé par des internautes qu'il ne connaissait pas
02:51et que, de fil en aiguille, il était arrivé sur ces visionnages de tuerie de masse.
02:54Alors, il y a un gros travail qui va être fait sur son sentiment de solitude, d'hostilité.
03:00D'ailleurs, il est placé jusqu'à l'audience où sera fixée sa sanction éducative dans sept mois.
03:06Il est placé toujours dans cette structure de la PJJ.
03:09Et d'ici sept mois, le juge décidera de la sanction éducative à lui attribuer.
03:16Alors, il n'encourt pas de peine de prison puisqu'il a moins de 13 ans.
03:20Parmi les mesures éducatives, il peut y avoir des modules d'insertion, de réparation,
03:24des interdictions d'entrer en contact avec certaines personnes.
03:27Et ça peut aller jusqu'au placement, le placement qui est en place provisoirement.

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