[Rediffusion] Le Nouveau Passé-Présent - Quand les Etats-Unis bombardaient la Serbie : histoire d'une manipulation

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Il y a 25 ans, après une campagne de désinformation exemplaire, l'OTAN, sous la conduite des Etats-Unis, lançait ses bombardiers sur la Serbie. Nous avions alors assisté à une débauche de propagande qui transforma la situation complexe des Balkans en une fable manichéenne, distribuant comme aujourd’hui de façon simpliste les rôles des bons et des méchants. Vingt-cinq ans après, il convient d’aborder ces événements sur une base factuelle mais aussi de comprendre le rôle majeur des techniques de désinformation et de manipulation de l’opinion publique qui font partie de tout arsenal de guerre.

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00:00Générique
00:20Bonjour à tous.
00:22Aujourd'hui, impossible de l'ignorer, une guerre se déroule aux portes de l'Europe.
00:26L'agresseur désigné, la Russie de Vladimir Poutine, est mis au banc des nations occidentales
00:31et les rhodomontades guerrières du petit caporal de l'Elysée nous le rappellent tous les jours.
00:36Pourtant, ce n'est pas la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale
00:39qu'un conflit se déroule à quelques centaines de kilomètres de nos frontières.
00:43Mais la dernière fois, il y a 25 ans, ce n'était pas la Russie l'agresseur
00:47mais l'OTAN sous la conduite des Etats-Unis et dirigée contre la Serbie.
00:52Nous avions alors assisté à une débauche de propagande
00:55qui transforma la situation complexe des Balkans en une fable manichéenne
01:00distribuant, comme aujourd'hui, de façon simpliste, les rôles des bons et des méchants.
01:0525 ans après, il convient d'aborder ces événements sur une base factuelle
01:09mais aussi de comprendre le rôle majeur des techniques de désinformation
01:13et de manipulation de l'opinion publique qui font partie de tout arsenal de guerre.
01:17Ce que nous allons faire en compagnie de notre invité, Antoine Delacoste.
01:21Antoine Delacoste, bonjour.
01:23Bonjour.
01:24Vous êtes conférencier spécialiste en géopolitique.
01:28Vous êtes l'animateur d'un site internet qui s'appelle geocronique.fr
01:32et dans la revue d'histoire européenne, vous tenez régulièrement une chronique consacrée à la géopolitique.
01:39Alors, comme je le disais en introduction, il y a 25 ans, l'OTAN bombardait la Serbie.
01:45Qu'en était-il de la Serbie, il y a 25 ans, juste après l'éclatement de la Yougoslavie ?
01:52Alors, la Serbie était évidemment le grand perdant de l'éclatement de la Yougoslavie,
01:58organisée de main de maître par les Américains, bien secondée par les Allemands,
02:02un service secret allemand très présent, notamment en Croatie.
02:05Et cette Yougoslavie ne pouvait pas, selon les Américains, résister à l'éclatement de l'Union soviétique.
02:11Elle devait, elle aussi, éclater.
02:13Pour une bonne raison, c'est que la Serbie, depuis la mort de Tito, qui était croate,
02:18et donc qui avait durement manié les Serbes, eh bien la Serbie dominait cette Yougoslavie
02:24et ce n'était pas acceptable pour les Américains.
02:26La Serbie était proche de la Russie, ils sont slaves, ils sont orthodoxes,
02:30donc ils cochent toutes les cases de l'ennemi de l'Empire.
02:32Donc la Serbie, on l'a désigné, c'est devenu le méchant de l'histoire.
02:35C'est devenu le méchant de l'histoire et la Serbie, tout au long des années 90,
02:39jusqu'à cette agression de l'automne 1999,
02:42va être l'objet de campagnes de presse régulières en Occident,
02:46un peu comme l'a été la Syrie juste avant l'éclatement de la guerre en 2011
02:51et comme l'est la Russie de Poutine depuis quelques années.
02:54On désigne l'adversaire à l'avance, on prépare en fait les esprits
02:57par des campagnes de presse qui sont d'une puissance incroyable
03:01mais qui sont limitées à l'Occident.
03:03Il faut bien avoir conscience de ça.
03:05Aucun média sud-américain, africain, asiatique ne relaie ça.
03:08C'est une affaire centrée sur l'Europe, alignée sur la politique de Washington.
03:13– Alors la Serbie, donc après l'éclatement de la Yougoslavie,
03:16est un État souverain et indépendant et au sud de la Serbie, il y a le Kosovo.
03:23Quel était le Kosovo dans la Yougoslavie de Tito et le Kosovo en Serbie ?
03:28– Le Kosovo, c'est le cœur historique de la Serbie.
03:31Il faut bien se rappeler que lorsque les Serbes perdent la bataille décisive
03:35du Champ des Mers en 1389, c'est face aux Ottomans.
03:39Les Ottomans ont eu d'énormes pertes mais les ressources en hommes
03:42étaient bien supérieures à celles des Serbes et donc, in fine,
03:45bien que cette bataille se soit soldée presque par un match nul,
03:48c'est quand même la seule fois qu'un sultan est tué au combat par un Serbe
03:53qui s'était instauré dans sa tente, et bien malgré cela,
03:56malgré la résistance héroïque des Serbes et du roi Lazare
04:00qui sera canonisé par l'Église orthodoxe après, Saint Lazare,
04:03et bien l'Empire ottoman a mis la main sur le Kosovo,
04:07qui est donc en effet le sud de la Serbie de l'époque
04:10et le sud de la Serbie actuelle, même si la Serbie était plus vaste.
04:14Et ensuite, tout au long des siècles, les Ottomans vont essayer
04:17d'islamiser l'ensemble de la Serbie, surtout après la prise de Belgrade
04:22qui interviendra deux siècles après.
04:25Le Kosovo, lui, tant qu'il est peuplé de Serbes, va résister.
04:28Très peu de Serbes passeront à l'Islam, contrairement aux Albanais par exemple,
04:32qui résisteront très courageusement du temps de Skanderbeg,
04:35mais après la mort de Skanderbeg, les Ottomans prendront l'Albanie
04:38et les Albanais se convertiront majoritairement, comme les Bosniaques.
04:42Par contre, les Serbes, eux, c'est infinitésimal,
04:45malgré toutes les difficultés, malgré les persécutions,
04:47malgré le statut de dimi, de soumis à l'impérialisme islamiste ottoman,
04:53parce que c'est vraiment la même chose, et bien ils vont résister.
04:57Ce qui va se passer, c'est que les Serbes, passant leur temps à se révolter,
05:01les répressions sont terribles.
05:03Et un jour, la répression promettait d'être si forte,
05:06à l'orée du XVIIIe siècle, que le patriarche de Serbie a dit
05:10à des dizaines de milliers de Serbes,
05:12quittez la Serbie, vous allez tous vous faire massacrer.
05:14Et ils se sont réfugiés dans l'Empire austro-hongrois.
05:16Et vous avez eu, comme ça, tout au long du XVIIIe,
05:18plusieurs vagues d'émigration des Serbes qui fuyaient la répression ottomane.
05:23Alors ils ont bien fait, parce que de toute façon, ils ne pouvaient pas résister.
05:26Mais ça a un petit peu vidé le Kosovo de ses forces vives.
05:29Et comme, après le congrès de Berlin de 1878,
05:33qui donne l'indépendance à la Serbie,
05:35mais on a oublié le Kosovo, qui lui restait sous domination ottomane.
05:38À partir de ce moment-là, vous avez tous les albanophones
05:41qui étaient en Serbie, qui sont descendus au Kosovo.
05:43Et donc ce double mouvement, des Serbes quittant la répression ottomane
05:47et des albanophones allant au Kosovo,
05:50parce qu'il y a toujours le sauveur ottoman qui est là,
05:53vous ajoutez à ça deux siècles de démographie très forte,
05:56très forte du côté des Albanais,
05:58beaucoup plus faible du côté des chrétiens serbes.
06:01Eh bien vous avez, au moment de l'éclatement de la Yougoslavie,
06:0490% de la population du Kosovo qui est albanophone et musulmane
06:08et 10% qui est serbe et chrétienne.
06:10– Donc après l'éclatement de la Yougoslavie,
06:12le Kosovo reste en Serbie, dans la République serbe ?
06:15– Tout à fait, Tito, pour embêter les Serbes,
06:17avait donné un statut d'autonomie au Kosovo.
06:20– De nationalité musulmane.
06:22– Une sorte de nationalité musulmane,
06:24parce que c'était la grande idée de Tito,
06:26affaiblir les Serbes, puisque lui était croate donc,
06:28déjà il ne les aimait pas,
06:29ce pays était quand même un petit peu artificiel d'une certaine façon,
06:32il ne les aimait pas et puis il voulait,
06:34il avait pour objectif ultime qu'il n'a jamais pu accomplir,
06:37un jour de se rapprocher de l'Albanie
06:39et de pourquoi pas en faire une province yougoslave.
06:42Et donc c'est pour ça qu'il était très bienveillant avec les musulmans.
06:45D'où cette république musulmane,
06:48improbable dans la bouche d'un communiste athée comme l'était Tito,
06:52mais c'était dans cette optique politique.
06:55Donc c'était une autonomie qui, dans les faits,
06:57dans les faits, ne changeait pas grand-chose,
06:59c'était bien les Serbes qui, au sein de cette fédération,
07:02dirigeaient ce qui était une province serbe,
07:04jusqu'à l'éclatement de la Yougoslavie,
07:06la révolte qui va suivre de la part des albanophodes
07:09et l'intervention américaine.
07:11– Donc cette révolte commence en quelle…
07:13– Alors dès les années 90, un mouvement qui s'appelle Luceka
07:18veut libérer le Kosovo de la tutelle serbe.
07:21– C'est un mouvement de quelle obédience ?
07:23– Alors c'est un mouvement nationaliste très islamisé.
07:28Un des dirigeants, c'était Hashim Tassi,
07:31qui deviendra après Premier ministre, puis Président de la République
07:34et qui maintenant est en prison à la haie pour trafic d'organes,
07:37on va peut-être y revenir,
07:39et donc entouré de quelques-uns de ses amis au passé très sulfureux.
07:43Tout ça est très lié à la mafia albanaise.
07:46L'argent et les armes circulent par l'intermédiaire de la mafia albanaise
07:50et par l'intermédiaire des services secrets américains et allemands.
07:53– Comme ça dans les années 90.
07:54– Début des années 90.
07:56Il y a eu, 1991, éclatement de l'Union soviétique.
08:00À ce moment-là, les Américains avancent leur pion et disent à la Slovénie,
08:04première, proclamez votre indépendance, il ne se passera rien.
08:07Et là en effet, la Slovénie c'est tout petit, c'est loin de la Serbie,
08:10c'est loin, il ne se passe rien.
08:11Par contre après, dès la Croatie, où les Allemands sont très implantés,
08:15proclamez votre indépendance.
08:17Et ce n'était pas forcément la guerre à ce moment-là,
08:19mais en Croatie, il y avait l'enclave de Krajina,
08:22où il y avait 2 à 300 000 Serbes qui y vivaient.
08:24Et les Croates vont se livrer à une épuration ethnique
08:27et vont renvoyer tous ces Serbes qui vivaient depuis des siècles
08:30dans l'enclave de Krajina et vont les expulser en Serbie.
08:34Les Serbes font pareil avec les Croates qui vivaient en Serbie et c'est la guerre.
08:38Et donc une guerre impitoyable commence entre Serbes et Croates,
08:42suivie par la Bosnie qui éclate, où il y a trois communautés,
08:45il y a des Serbes, il y a des Croates, il y a des Bosniaques.
08:47Ça fait trois religions différentes.
08:48Vous dites que les Bosniaques sont les musulmans.
08:50Les Bosniaques sont les musulmans, les Serbes sont les orthodoxes
08:53et les Croates sont les catholiques.
08:55Alors comme les Serbes gagnent en Bosnie, les Américains disent aux Croates
08:58de s'allier avec les Bosniaques pour vaincre les Serbes.
09:00C'est-à-dire qu'on voit bien à travers ce renversement d'alliance,
09:03où les Croates vont docilement obéir à Washington,
09:06que l'objectif c'est de détruire la Serbie,
09:09ou tout au moins de l'empêcher de dominer la région.
09:11Et in fine, objectif ultime qui est présent dans l'esprit américain
09:14dès le début des années 90, obtenir l'indépendance du Kosovo,
09:18pour s'y implanter.
09:20– Donc on va revenir après l'éclatement.
09:23Donc l'Utcheka, mouvement…
09:25– L'Utcheka se lance dans une guérilla extrêmement dure, extrêmement violente.
09:28– Ce sont quoi ? Des attentats, des assassinats ?
09:30– Des attentats et puis une guérilla armée, une vraie guérilla armée.
09:33Donc vous avez des centaines d'hommes, des milliers d'hommes même,
09:36venus d'Albanie ou déjà présents au Kosovo,
09:39mais tous albanophones et tous musulmans.
09:42Ils écartent progressivement les albanophones modérés,
09:46il y en avait, comme Ibrahim Rugova,
09:48et c'est la tendance dure, poussée par Washington
09:51et poussée par les Allemands, qui va petit à petit prendre le dessus
09:54et se livrer à de véritables opérations militaires contre l'armée serbe.
09:58– Donc réaction serbe ?
10:00– L'armée serbe a le dessus, elle est chez elle,
10:02le Kosovo est une province serbe à ce moment-là,
10:05et donc petit à petit, l'armée serbe prend le dessus,
10:08il y a des combats assez durs,
10:09il y a des centaines de morts de chaque côté,
10:11mais les serbes savent se battre,
10:13ils ont une expérience militaire séculaire,
10:17les albanophones moins, et puis de toute façon,
10:19ils sont moins nombreux, moins bien armés,
10:21malgré le soutien américain.
10:23Donc progressivement, les serbes prennent le dessus sur l'Utcheka.
10:27– Donc là c'est un peu panique à bord du côté occidental ?
10:30– Ce n'est pas du tout conforme au plan,
10:32et on va à ce moment-là se lancer dans des opérations
10:35de désinformation majeure, massive,
10:38qui vont permettre l'intervention de l'OTAN,
10:40qui permettra à l'Utcheka de ne pas se faire face.
10:42– Il y a quand même des négociations qui se déroulent,
10:44des fausses négociations ?
10:45– Alors on commence par la désinformation.
10:47– On commence par la désinformation.
10:49– Les serbes sont très méchants, les serbes massacrent,
10:52les serbes se livrent à une épuration ethnique,
10:54vous voyez le mot magique, épuration ethnique,
10:56qui commence à apparaître.
10:57– On parlera après de tous les mécanismes.
10:59– Et effectivement, on veut une fiction de négociation,
11:04et donc on convoque les serbes à Rambouillet,
11:07à Rambouillet où on leur présente un texte
11:09où il faut qu'ils acceptent,
11:11non seulement de se retirer du Kosovo,
11:14déjà justement c'est l'objet de la guerre,
11:16donc ils ne peuvent pas accepter,
11:17mais en plus de ça, d'accepter qu'il y ait des troupes de l'ONU
11:21dans l'ensemble de la Serbie, dans toute la Serbie,
11:24pas au nom de quoi le reste de la Serbie serait concerné par ça.
11:27Donc on a sciemment écrit un texte inacceptable
11:31pour que les serbes claquent la porte de Rambouillet.
11:33Tout ça n'est pas rappelé évidemment,
11:35et dans les titres et dans les reportages,
11:38il y a les serbes refusent de négocier.
11:40À ce moment-là, la campagne de désinformation
11:43prend une ampleur de plus en plus importante
11:46et au bout d'un moment, on est mûrs pour l'intervention américaine.
11:49– Alors, est-ce qu'il y a un ultimatum
11:51qui a été posé avant l'intervention militaire ?
11:54– Oui et non, c'est-à-dire qu'on a dit aux serbes,
11:57il faut accepter Rambouillet,
11:58et les serbes avaient déjà refusé Rambouillet.
12:02Donc, cet ultimatum était pure forme, si vous voulez,
12:06était purement formel, vous avez un mois, deux mois, trois mois,
12:09c'était le temps que l'armée de temps…
12:10– Vous avez un mois, deux mois, trois mois,
12:11sinon on va vous taper dessus ?
12:13– Alors, ce n'était pas dit comme ça,
12:15sinon des mesures seront prises,
12:17sinon vous risquez qu'une intervention,
12:20mais ce n'était pas dit parce qu'une intervention,
12:24disaient les serbes, avec mandat de l'ONU,
12:26ou pas, or ce n'était pas possible
12:28qu'il y ait une intervention avec mandat de l'ONU,
12:29puisque la Serbie était un pays souverain
12:31qui n'avait attaqué aucun autre pays souverain.
12:34Donc, juridiquement, ça ne tenait pas.
12:36Donc, les Américains savaient depuis le premier jour,
12:38exactement comme lorsqu'ils ont attaqué l'Irak en 2003,
12:41ils ne pouvaient pas avoir un mandat de l'ONU,
12:44état souverain qui avait attaqué le Koweït en 1991,
12:47mais qui en 2003 n'avait attaqué personne.
12:49On est dans la même problématique juridique,
12:52c'est-à-dire la Serbie n'a fait qu'attaquer des indépendantistes
12:57dans une province qui appartient à la Serbie.
12:59Donc, les Américains envoient des ultimatums pour la forme.
13:03La presse relaie le refus des ultimatums par les serbes
13:06qui disent, vous nous demandez d'accepter Rambouillet,
13:08on ne peut pas accepter Rambouillet.
13:10Et donc, on se prépare à l'intervention.
13:12Et le point d'orgue de cette opération de désinformation,
13:17c'est l'invention d'un massacre.
13:19Il faut toujours inventer un massacre
13:20pour faire basculer l'opinion publique.
13:22– Cette invention du massacre, c'est le fameux massacre de Raçak.
13:26– C'est ça, le massacre de Raçak qui aurait eu lieu le 15 janvier 1999.
13:33Et il faut avoir en tête que le bombardement de la Serbie
13:36qui va durer 78 jours est de départ en mars
13:39et se termine en juin, début juin.
13:42Donc, l'opération, le véritable cœur de l'opération de désinformation
13:48commence deux mois avant les bombardements.
13:50Avec ce massacre, on découvre des cadavres d'Albanais.
13:54– Alors, qui découvre les cadavres ?
13:56– Alors, un journaliste au départ.
13:58Il dit là, j'ai vu 2-3 cadavres dans un village.
14:01Et c'est une journaliste, c'est une journaliste de la BBC.
14:04C'est la première qui est sur place.
14:06Elle est là un peu par hasard.
14:07Parce que comme il y a des combats un peu partout,
14:09d'abord, il n'y a pas tant de journalistes que ça.
14:11Et ensuite, des cadavres, on en voit un peu partout par définition.
14:14Et donc, elle voit 2-3 cadavres à l'entrée du village de Rakac.
14:18Et donc, elle fait un petit topo pour la BBC.
14:22Et ce topo est transformé par la BBC,
14:24qui dit que de nombreux cadavres ont été découverts
14:27et qu'il semblerait que ce soit un massacre.
14:29Elle-même va appeler la BBC, après avoir écouté son reportage tronqué,
14:32et va dire, mais je n'ai jamais dit ça, il y avait 2-3 cadavres.
14:35Taisez-vous, circulez, il n'y a rien à voir.
14:37Toute la machine de la propagande est en marche.
14:40Parce que si les Américains et les Allemands étaient au point de départ,
14:42bien évidemment, les Anglais ont vite rejoint leur maître à Washington.
14:46Et à ce moment-là, on appelle les journalistes.
14:49Et la mise en scène a été faite dans l'intervalle.
14:51C'est-à-dire que vous avez, disons, entre 10 et 20 cadavres.
14:56Ce n'est pas énorme, 10 et 20 cadavres alignés.
14:59Et on dit, voilà ce que l'armée serbe a fait.
15:01Dans ce village, elle s'est livrée à un massacre.
15:03Le massacre de Rakac.
15:05Alors, pour bien montrer que c'est la vérité,
15:07on envoie à un médecin une Finlandaise.
15:11Une Finlandaise qui est là, envoyée par l'Union européenne,
15:14pour vérifier si c'est bien un massacre.
15:16Et elle va confirmer que c'est un massacre,
15:18que les traces de balles montrent que c'est un massacre.
15:22Le doute, quand même, s'empare d'un certain nombre d'observateurs,
15:25y compris de journalistes, qui disent, c'est quand même curieux,
15:28il n'y a que des hommes, il n'y a que des hommes jeunes.
15:30Il n'y a pas de vieillards, il n'y a pas de femmes, il n'y a pas d'enfants.
15:32Pour un massacre de villageois, il manque quelque chose, quand même.
15:36Et puis, certains mettront en doute le fait que les impacts de balles
15:40soient des impacts liés à un massacre, mais plutôt à un combat.
15:44Mais la médecin finlandaise a validé, d'autres journalistes valident,
15:49et donc on est partis sur des unes, dans le monde occidental,
15:53et non pas dans le monde entier, c'est des unes occidentales,
15:56le massacre de Rakach.
15:58Il faut que chaque conflit où l'ennemi est clairement désigné ait son massacre.
16:02Pour faire basculer l'opinion publique, qui n'était pas forcément favorable,
16:05au début, à une guerre en Europe.
16:07Même en France, Jacques Chirac, au départ,
16:10ne voit pas tellement l'intérêt de cette intervention.
16:13Il est un petit peu réticent, c'est l'Amérique qui a décidé cette intervention.
16:17Et ce qui est terrible, c'est que quelques années après,
16:20un livre en Finlande sera consacré à cette médecin,
16:23et elle reconnaîtra qu'elle a menti.
16:26C'est trop tard, c'est dix ans après, c'est dommage.
16:28Mais elle reconnaîtra qu'elle a menti et qu'elle était l'objet de pressions
16:31extrêmement fortes de la part des services diplomatiques américains,
16:34dirigés par un nommé Walker à l'époque.
16:37Et Walker lui a dit, il faut dire ça, il nous faut la guerre.
16:41Et dans son premier rapport, ce n'était pas favorable.
16:43Elle racontera que Walker a brisé son stylo en deux
16:46et lui a jeté la figure, en lui demandant de le changer.
16:49En fait, elle a agi par peur, elle avait peur.
16:51Elle avait peur pour sa propre vie et elle reconnaîtra,
16:53dix ans après, j'ai eu peur.
16:55J'ai eu peur, j'étais l'objet de pressions terribles
16:57et j'ai validé des choses fausses.
17:00Alors tout le monde a été bien triste, mais voilà.
17:02– Dans le laps de temps entre ce prétendu massacre
17:05et l'intervention, que se passe-t-il pendant les deux mois ?
17:08– Alors la campagne de presse démarre.
17:10Elle démarre surtout en Allemagne.
17:12L'Allemagne étant pointe dans l'affaire,
17:14il faut absolument mettre la main sur le Kosovo
17:16et surtout régler son compte à la Serbie,
17:18qui doit être affaiblie face à la Croatie,
17:20qui est le grand allié de l'Allemagne,
17:22vieux souvenir de la Seconde Guerre mondiale.
17:24– Oui ça, on retrouve là les vieilles alliances.
17:27– Les vieilles alliances entre, c'est quand même surréel,
17:30entre le 3ème maraîche et les oustachis croates.
17:32C'est quand même incroyable quand on y pense.
17:34Mais les Allemands ont toujours eu des intérêts très importants
17:37en Yougoslavie, mais en Yougoslavie croate,
17:39essentiellement.
17:40– Alors que la France était plutôt, elle, proche,
17:42toujours été protégée.
17:43– Proche de la Serbie.
17:44C'est pour ça que Chirac était réticent au départ,
17:47mais malheureusement il finira par céder,
17:50parce que c'est Chirac, la versatilité de Jacques Chirac.
17:54Et donc on a trahi, on a trahi nos alliés serbes,
17:57avec qui on était engagés pendant la Première Guerre mondiale,
17:59de façon quand même très très forte.
18:01Et ils se sont battus héroïquement contre les Austro-Hongrois,
18:05avec des pertes considérables.
18:07On a trahi donc une vieille amitié,
18:09et on s'est lancés, nous aussi, dans une campagne de presse,
18:13en France c'est le Monde, qui a fait le travail.
18:15– C'est intéressant, ce qui est intéressant,
18:17ce sont les relais médiatiques en France.
18:19Comment le son se prend, si je puis dire ?
18:21– C'est l'Allemagne qui lance le tempo,
18:24mais la France va relayer très vite, l'Angleterre, les États-Unis,
18:27et il y a les mots magiques, épuration ethnique, génocide.
18:32Donc on dit que des dizaines de milliers d'Albanais ont disparu.
18:35– Ça va au-delà du massacre de Raqqach.
18:37– Ah oui, ça y est, après ce sont les grands massacres qui commencent,
18:40ça c'est le petit massacre qui est le point de départ, c'est le montage,
18:43et ensuite on invente, on invente les cadavres, on invente les morts.
18:47Et certains disent, eh bien il y a eu 10 000, 20 000, 30 000,
18:51on a même dit 100 000, à un moment donné,
18:53un ministre allemand a dit il y a 100 000 Albanais qui ont disparu.
18:56Personne n'avait disparu dans l'affaire.
18:58Cette guerre, c'était une guerre où il y avait des morts,
19:00mais enfin il y avait quelques centaines de morts.
19:02On était quand même dans des bilans assez faibles finalement.
19:07Alors en France, c'est Le Monde qui va faire le boulot.
19:11– Le journal Le Monde qui est dirigé à l'époque ?
19:14– Par Edoui Plenel. – Ah manquable.
19:16– Je l'appelle la perche, merci de cette perche,
19:18de rappeler le rôle formidable d'Edoui Plenel.
19:21C'est d'ailleurs assez fascinant, quand on y réfléchit,
19:24cette extrême-gauche d'origine trotskiste,
19:27très anti-américaine dans les années 60-70,
19:30et plutôt pacifiste finalement,
19:32qui devient progressivement pro-américaine, pro-OTAN,
19:36et très belliciste derrière les néoconservateurs américains.
19:40Il y a là un basculement indépendamment du Monde.
19:44Si vous suivez la trajectoire d'un journal comme Libération,
19:48Libération dans les années 70, c'est le gauchisme pacifiste.
19:51À partir des années 90, à partir de cette époque,
19:55et encore plus maintenant, c'est le bellicisme contre les gens du mal,
19:59les serbes, les russes, la Syrie de Bachar el-Assad, etc.
20:03Et là, il faut la guerre, il faut la guerre.
20:05C'est ce basculement atlantiste de l'extrême-gauche française,
20:08qui est quelque chose quand même d'assez étonnant.
20:10– Qu'est-ce qui fait basculer justement les médias français ?
20:13C'est la pression des médias allemands ? La pression américaine ?
20:16Il y a de l'argent ? Il y a des pressions personnelles ?
20:19– Difficile de sonder les reins et les cœurs.
20:22Mais on a observé qu'il s'est passé ensuite la même chose en Syrie,
20:26et il se passe la même chose en Russie,
20:28où il y a une désinformation sur la réalité de la guerre
20:31qui est absolument gigantesque, comme si on montait d'un cran.
20:34À chaque fois, en Syrie, c'était les fausses attaques chimiques
20:36de Bachar el-Assad.
20:37En Russie, ça va être le massacre de Boucha
20:39qui prête quand même beaucoup, beaucoup,
20:41sur lequel on peut être extrêmement perplexe,
20:44vu le délai qui se passe entre la reprise de la ville par les Ukrainiens
20:47et l'annonce du massacre trois jours après,
20:49comme si c'était le Caire où on ne trouve pas les cadavres,
20:51si vous voulez, c'est une toute petite ville, Boucha.
20:53Enfin, c'est une parenthèse.
20:55Et à partir de ce moment-là,
20:57l'ensemble des journalistes vont dans le sens atlantiste.
21:02Pourquoi y vont-ils ?
21:04Le Figaro et Le Monde ont toujours fait ça, d'une certaine manière.
21:07Ils vont le faire d'une façon plus forte,
21:10notamment Le Monde, parce qu'il y a Plenel,
21:12et parce que l'ennemi, c'est le Serbe.
21:14Pourquoi Plenel est devenu pro-américain à cette époque-là ?
21:17C'est à lui qu'il faudrait poser la question.
21:19On ne peut pas sonder les reins et les cœurs de chacun.
21:21Certains ont peut-être été achetés, mais ce n'est même pas sûr.
21:23On le fait par idéologie.
21:24Tous nos généraux de plateau aujourd'hui
21:26qui passent sur LCI pour insulter la Russie
21:28et prévoir la réussite de l'offensive ukrainienne de l'année dernière
21:34et la défaite certaine de la Russie,
21:36on se dit, mais ils ne peuvent pas être payés pour dire des âneries pareilles.
21:39Se ridiculiser à ce point-là, ça devient dément.
21:42Et donc, je pense que c'est l'idéologie qui est aveugle au bout d'un moment.
21:46Et la Serbie chrétienne est derrière.
21:50La Russie qui essaye de sortir de l'ornière communiste
21:53avec Poutine qui pointe à l'horizon tout au moins une reprise en main
21:56qui se fera au fur et à mesure que l'échec d'Helsine ne devient pas tant.
22:00Tout ça fait que l'objectif de l'OTAN,
22:03qui ne va pas disparaître contrairement au pacte de Varsovie,
22:06c'est progressivement de mettre la main sur les Balkans.
22:09On observe d'ailleurs avec intérêt un lien avec les réseaux Soros.
22:13C'est très intéressant de suivre les réseaux Soros,
22:16qui vient d'annoncer par la voix de son fils
22:18qui succède au père qui n'est plus en état de santé de diriger,
22:22le fils Alexander Soros a annoncé récemment
22:25qu'il se retirait de l'Europe occidentale.
22:27C'est logique, le boulot est fait, il n'y a rien à faire.
22:30Mais qu'il va se consacrer aux États-Unis
22:32pour essayer d'empêcher l'élection de Trump.
22:34Mais que bien sûr, il garde un œil extrêmement attentif
22:36sur les Balkans et sur l'Europe centrale.
22:38Tout ça, c'est pour contrer la Russie.
22:40C'est la vieille doctrine géopolitique américaine.
22:42Et l'obsession de l'Amérique empêchait qu'il y ait un axe Paris-Berlin-Moscou
22:47comme il y en a eu un en 2003 au moment de l'invasion de l'Irak.
22:51Ça, c'est la terreur américaine parce qu'à ce moment-là,
22:53tout le plan s'effondre.
22:55Donc, casser cet axe et refaire l'Europe dans l'orbite de Washington.
23:00Donc, toute cette désinformation a ça comme objectif,
23:03in fine, permettre à l'Amérique et à l'ensemble de l'OTAN,
23:08et c'est pour ça aussi que l'opinion publique finit par se faire manipuler
23:12et que les journalistes marchent,
23:14c'est que derrière, il y a l'armée française.
23:16Tous nos généraux se font régulièrement recycler par l'OTAN.
23:19Ils sont tous otaniens, sinon on ne vend plus qu'arrière de toute façon.
23:22– Alors, la désinformation, donc là,
23:25prend vraiment des proportions absolument insensées.
23:27Donc, vous parliez de 100 000 morts,
23:28mais on parle également de gens qui jouent au football avec des têtes coupées,
23:32des fœtus grillés.
23:34– C'est ça.
23:35– Là, on est…
23:36– On reprend les mêmes…
23:37– Oui, on reprend finalement les mêmes…
23:38– Oui, il y avait eu les couveuses de Saddam Hussein.
23:40– Et puis même les bébés…
23:41– Les bébés brûlés.
23:42– Les allemands qui mangeaient les bébés.
23:43– C'est ça, on reprend les vieilles luttes.
23:45– Déjà sous Napoléon, avec les russes qui faisaient des bébés.
23:48– Les gens marchent.
23:49En Syrie, après, on nous fera aussi la même chose.
23:51Les soldats syriens jouent au football avec des têtes de prisonniers coupées.
23:54Et là, donc c'était les soldats serbes qui jouaient au football.
23:57Pour qui a joué au football,
23:58ça ne doit pas être très commode, une tête coupée.
24:00– J'imagine.
24:01Mais alors, là, il n'y a aucune image, bien évidemment, aucun témoignage.
24:04– Rien, aucune preuve.
24:05– Toutes ces petites preuves.
24:06– Aucune preuve et une bonne partie par de l'Allemagne.
24:09Et alors, le point d'orgue de tout ça, pour déclencher l'intervention,
24:13on ne va pas inventer un massacre,
24:14mais la préparation imaginaire d'une grande offensive serbe,
24:18l'opération fer à cheval.
24:20L'armée serbe devait descendre massivement vers le sud,
24:23se décaler de deux côtés, est et ouest, d'où le fer à cheval,
24:27encercler les Maquis ou Tchécas et tuer tout le monde, en gros.
24:31Parce que si c'est pour tuer que les Maquis ou Tchécas,
24:34est-ce qu'il faut faire une intervention militaire ?
24:36Non, non, tous les villageois vont y passer,
24:38toutes les petites villes vont y passer.
24:40On va tuer tout le Kosovar, c'est-à-dire, en fait, les Albanais.
24:42Les Albanais musulmans installés en Kosovo.
24:44Donc on prête aussi un projet de génocide, ni plus ni moins.
24:46Oui, par l'opération fer à cheval, dont on sait maintenant,
24:49comme l'ont démontré plusieurs enquêtes ultérieures,
24:54que ça avait été monté par les services secrets bulgares
24:58qui étaient passés dans le camp de l'Allemagne.
25:00Il y avait à ce moment-là des échanges importants
25:02entre l'Allemagne et la Bulgarie,
25:04et c'est eux qui ont livré aux médias allemands
25:07la préparation de cette pseudo-opération fer à cheval.
25:11C'était assez sophistiqué, quand même, comme organisation.
25:13Il y avait juste une erreur de traduction,
25:15c'est-à-dire que « fer à cheval » se dit par un certain mot en serbe,
25:19et il s'était trompé dans la traduction.
25:21Et dès le début, des journalistes serbes ont dit
25:23« mais c'est pas possible, ça se dit pas comme ça en serbe,
25:25fer à cheval, c'est polo de va au lieu de poli de va,
25:28quelque chose comme ça. »
25:29Personne n'a écouté.
25:30C'est forcément complice du génocide des autorités serbes.
25:35Et on est parti sur l'opération fer à cheval.
25:37Et là, la mécanique parfaitement huilée, il y a urgence.
25:40Le massacre, exactement comme en Libye.
25:43Il va y avoir le massacre de Benghazi,
25:46organisé par Kadhafi et son armée
25:48contre les islamistes de Benghazi qui avaient pris la ville.
25:50Et donc, il y a urgence, on intervient.
25:52– Il faut intervenir.
25:53Donc là, en termes de légalité,
25:55c'est donc l'OTAN qui décide d'intervenir de son propre chef ?
25:58– C'est ça.
25:59– Parce que l'ONU, bien évidemment…
26:00– Elle ne peut pas.
26:01– L'ONU est consultée, quand même ?
26:03– Même pas.
26:04Même pas parce que le point de vue juridique de l'ONU,
26:10c'est qu'il faut qu'il y ait agression d'un État
26:12contre un État souverain.
26:14Ce n'est pas le cas.
26:16L'ONU peut condamner l'attaque de la Russie contre l'Ukraine,
26:19même s'il y avait mille raisons de le faire.
26:22C'est une autre émission.
26:24Mais elle a l'argument juridique,
26:26elle a le prétexte juridique pour dire
26:28qu'il y a bien une armée qui a pénétré dans un territoire étranger.
26:31Là, ce n'est pas le cas puisque le Kosovo est en Serbie.
26:33Donc, l'ONU n'a rien à dire.
26:35C'est une opération militaire décidée à Washington.
26:37– Donc là, on arrive fin mars 1999,
26:40il n'y a toujours pas d'ultimatum, on ne dit rien.
26:42– Non, c'est fini.
26:44Pour la forme, les serbes refusent toujours Rambouillet,
26:46et puis on n'en parle plus.
26:48Et les bombardements…
26:49– Alors, qu'est-ce qui se passe le 25 mars 1999 ?
26:53– Voilà, 1999, et donc on commence les bombardements.
26:56– Ce sont des bombardements qui se déroulent où et de quels…
27:00– Alors, on bombarde l'ensemble de la Serbie.
27:03C'est ça qui est incroyable.
27:04On ne bombarde pas l'armée serbe au Kosovo.
27:07On ne bombarde pas l'armée serbe tout court.
27:10On bombarde tout.
27:11Donc, on bombarde les infrastructures, les ponts, les centrales électriques,
27:16et on bombarde des civils à certains moments.
27:18Et le porte-parole de l'OTAN de l'époque,
27:20qui s'appelait Djamilchi, dans son topo du soir,
27:23avait toujours cette phrase d'un cynisme absolu.
27:26Nous avons détruit deux centrales électriques,
27:28trois ponts et une caserne serbe,
27:31et il y a eu des dégâts collatéraux.
27:34Les dégâts collatéraux, c'était les civils qui avaient été bombardés.
27:37Il y a eu plus de civils tués dans ces bombardements
27:39que de militaires serbes.
27:40– Quelles sont les cibles visées ?
27:43– Alors, les cibles visées, officiellement,
27:45ce sont les pistes d'aérodrome, les avions, ce qui a été fait,
27:48mais c'est aussi toute l'infrastructure économique serbe.
27:51Il faut mettre la Serbie à genoux.
27:53Et ils vont, à certains moments, bombarder Belgrade.
27:55La capitale.
27:57Ils ne craindront pas de bombarder l'immeuble
28:00de la télévision et de la radio serbe,
28:02où il y aura une quinzaine de morts, des journalistes.
28:06Comme ils ont mal visé une fois,
28:08ils vont partiellement bombarder l'ambassade chinoise.
28:11Ça, ils ne vont pas recommencer, puisque les Chinois ont dit
28:13que si on bombardait notre ambassade, ça ne va pas coller.
28:16Alors, ils ont présenté des excuses, des erreurs de tir, etc.
28:19On n'a pas bien su, parce que la Chine n'avait pas condamné la Serbie,
28:23elle n'avait pas soutenu l'opération américaine.
28:25C'était l'époque, on l'a un peu oublié, mais c'était l'époque
28:27où la Chine et l'Amérique étaient censées avoir de très bonnes relations.
28:30Et l'Amérique avait participé à l'entrée de la Chine
28:32dans l'OMC, l'Organisation Mondiale du Commerce.
28:34Et ils espéraient ainsi qu'il n'y ait jamais d'alliance
28:36entre Chinois et Russes.
28:38Donc, tout ça a été un jeu à trois bandes assez complexe.
28:42Donc, les bombardements durent 78 jours,
28:45tuent des centaines de civils,
28:47emblaissent des milliers, et au bout d'un moment,
28:50Milošević, le patron de la Serbie, le président serbe,
28:54ancien communiste d'ailleurs, qui lui était bien à l'abri
28:56dans son bunker, dit on va résister,
28:59mais la pression de l'opinion publique,
29:01et c'est pour ça que les civils ont été bombardés,
29:03faire pression que l'opinion publique se retourne,
29:06serbes se retournent, disent tant pis pour le Kosovo,
29:09on lâche parce que nous on se fait bombarder tous les jours
29:11et on a des morts.
29:12– Il y a quand même une réaction militaire de la part des serbes,
29:15une défense antiaérienne, la chasse ?
29:17– En réalité, il y a de l'artillerie,
29:20la chasse, elle s'est fait clouer au sol,
29:23il y a quelques sorties, mais l'aviation n'est pas au même niveau,
29:26ce sont les avions furtifs américains,
29:28un seul se fera abattre, un abattu mais par hasard,
29:32par hasard parce qu'un autre aéronef non furtif
29:35est passé près de lui à ce moment-là,
29:37et l'obus serbe censé tuer l'aéronef non furtif
29:41a dévié la dernière seconde pour aller vers le furtif
29:44qui était plus gros, qu'il n'avait pas vu,
29:46mais il l'a vu la dernière seconde.
29:48Et donc les serbes étaient pleins d'espoir,
29:50en disant ça y est, on a percé le mystère des avions furtifs
29:52et on va pouvoir tous les abattre.
29:53– Donc l'avion furtif s'est écrasé, le pilote a été fait prisonnier ?
29:56– Oui, et il a été libéré très vite par les serbes,
29:59ce qui reste une énigme, on n'a jamais eu le fin mot de l'histoire,
30:02et on peut penser que les Américains ont dit
30:04vous le relâchez tout de suite sinon,
30:06alors là Belgrade est en cendre,
30:08et on peut penser qu'il y a eu des pressions de ce type,
30:10mais on n'a jamais su exactement pourquoi les serbes
30:12avaient tout de suite libéré…
30:14– Et qu'est-ce qu'il est devenu cet avion qui s'est retrouvé éparpillé ?
30:17– Les serbes l'ont ramassé en morceaux,
30:19et ont donné les morceaux aux russes après.
30:21Donc ça n'a pas été perdu pour tout le monde,
30:23mais il était quand même entre mauvais états,
30:25je ne suis pas sûr que les russes aient pu en tirer grand-chose.
30:28– Et donc au niveau du bilan principalement des civils,
30:31on sait à peu près combien de… ?
30:33– Alors on suppose, mais on n'est pas très sûr,
30:35qu'il y a eu 500 morts et 5000 blessés.
30:38Et dans les 5000 blessés, évidemment, c'est les bombardements,
30:41donc beaucoup d'amputés, c'est des blessés très graves.
30:44– C'était des bombardements, des bombes dites intelligentes,
30:47des bombes guidées j'imagine ?
30:49– Oui, mais enfin, si c'est vraiment des bombes guidées à chaque fois,
30:52à certains moments, ce ne sont que des objectifs civils
30:55qui avaient été atteints.
30:57Ça voudrait dire, s'ils sont tous des bombes intelligentes,
30:59ce qui n'a jamais été complètement établi,
31:01ça veut dire que les civils étaient visés délibérément,
31:03ce qu'ont toujours dit les serbes.
31:05On peut penser qu'il n'y avait pas de bombes idiotes,
31:07on n'est plus en 45 à Dresde, ou en 44 à Caen,
31:10où ce sont des bombes pas intelligentes.
31:12Donc, on peut penser que c'étaient toutes des bombes intelligentes,
31:15et on peut penser que les objectifs civils, touchés par les Américains,
31:19et par d'autres pilotes, dont des Français.
31:21– Il y avait les Français, les Américains ?
31:24– Oui, il y avait tout l'OTAN.
31:26Il y avait même des Espagnols, puisqu'on l'a su,
31:29alors que c'était plus ou moins secret,
31:31on l'a su parce qu'un pilote espagnol,
31:33après, lui aussi, comme la médecin finlandaise,
31:36s'est confessé à demander pardon,
31:38et il a dit, j'ai reçu un jour l'ordre
31:40de bombarder un objectif civil, purement civil,
31:43et j'ai obéi, et j'en suis bien malheureux,
31:45et je demande pardon à tous ces civils que j'ai tués avec mes bombes.
31:48– Alors, au bout de 78 jours, Milosevic jette l'éponge ?
31:53– Jette l'éponge, et l'armée serbe se retire du Kosovo.
31:56Comme elle n'a pas accepté Rambouillet,
31:58personne d'autre n'entre au Kosovo.
32:00On observe d'ailleurs, dans toute cette guerre,
32:02c'est une guerre purement aérienne.
32:04À aucun moment, on a envisagé de mettre des troupes au sol.
32:07Pourquoi ? Parce que…
32:09– Ça n'a pas été la même…
32:11– C'est compliqué, les Serbes.
32:12Ils ont prouvé, quand même, pendant la seconde guerre mondiale,
32:14contre les Allemands, qu'ils savaient se battre.
32:16Les Serbes, ils ont prouvé, en plus,
32:18contre les Ottomans, pendant plusieurs siècles,
32:20qu'ils ne s'arrêtent jamais.
32:22Et en plus, le terrain est très accidenté.
32:24Donc, c'est très compliqué.
32:25Donc, le tendre GI face aux miliciens serbes,
32:29les Américains ne devaient pas bien le sentir,
32:31et ils ont bien raison.
32:32Pour ça, ils n'enverront d'ailleurs jamais de troupes au sol en Ukraine,
32:34parce que le tendre GI, avec son McDo et son Coca,
32:37face aux fantassins russes, ça ne va pas coller du tout.
32:40Donc, c'était une guerre purement aérienne.
32:43Les guerres zéro mort.
32:44C'est à ce moment-là que naît la doctrine aux États-Unis.
32:46On va faire des guerres à zéro mort.
32:48Et ils l'appliqueront après, en Irak, en 2003,
32:51de façon encore plus catégorique, encore plus violente,
32:55avec des milliers et des milliers de morts irakiens
32:57dans les bombardements américains,
32:59jusqu'au jour où ils occupent l'Irak,
33:02et où il y aura une révolte.
33:03Et là, à Fallujah, les Américains auront quelques centaines de morts.
33:06Ils vont découvrir ce que c'est que la guerre réelle.
33:08Mais donc, c'est à ce moment-là que naît le concept de guerre aérienne,
33:11la guerre zéro mort.
33:12On bombarde l'ennemi jusqu'à ce qu'il cède.
33:15Ça ne marche que si l'ennemi est faible.
33:17Si les Américains veulent faire ça demain contre la Russie
33:19ou contre la Chine, ça ne marchera pas,
33:21parce que l'ennemi n'est pas faible.
33:22Donc, on s'est attaqué à un faible.
33:24Et au bout de 78 jours, le faible dit pouce.
33:27L'armée serbe se retire.
33:29À ce moment-là, on se tourne vers l'ONU,
33:31en disant, maintenant, allez-y, faites quelque chose.
33:34Alors, l'ONU, qui est dirigée par des amis des Américains à ce moment-là,
33:38dit, d'accord, et ils envoient la CAFOR,
33:41une force censée maintenir la paix au Kosovo.
33:45Et cette force censée maintenir la paix au Kosovo
33:48ne lèvera pas le petit doigt quand l'épuration ethnique commence,
33:51une vraie, celle-là, contre les Serbes
33:53qui quittent le Kosovo par centaines de milliers.
33:56Et les premiers monastères brûlent, les premières églises brûlent.
34:00Tout ça dans l'indifférence générale
34:02et même le déni de l'envoyé spécial pour l'Europe, Bernard Kouchner,
34:08qui va régner en maître sur le Kosovo pendant quelques années
34:12et couvrir ainsi tous les trafics de l'Utcheka,
34:16et à commencer par les trafics d'organes sur les prisonniers serbes.
34:19Le Kosovo reste province serbe pendant combien de temps encore ?
34:22Alors, il n'est plus province serbe.
34:24Il n'est plus province serbe, il est enclave, occupé par l'ONU,
34:28avec, dans les faits, l'Utcheka au pouvoir,
34:30qui n'a pas rendu ses armes, contrairement à la résolution de l'ONU.
34:33Donc on sort du droit serbe ?
34:34On sort complètement, on sort de tout droit, en réalité.
34:36Même si l'ONU est là, on sort du droit,
34:38puisque, exactement comme le Hezbollah au Liban Sud,
34:41on ne rend pas les armes.
34:42Tout le monde rend les armes sauf l'Utcheka.
34:44Dans une zone de non-droit ?
34:45On est dans une zone de non-droit, d'où toutes les exactions albano-islamistes,
34:50en quelque sorte, et mafieuses.
34:52Et donc commence à se mettre en place un État islamo-mafieux au cœur de l'Europe.
34:58Ça va durer quelque temps.
35:01Certains pays européens s'inquiètent, comme l'Espagne.
35:04Parce que l'Espagne, elle, a un problème avec sa province de Catalogne.
35:07Elle dit, mais ce qui est en train de se passer au Kosovo,
35:09pourtant ils ont participé à l'opération, ce sont des fidèles petits soldats de l'OTAN,
35:12mais se disent, mais si un jour, les Catalans, majoritaires en Catalogne,
35:17par définition, font une révolte et demandent l'indépendance,
35:20et que nous, on envoie l'armée pour empêcher,
35:22on va nous bombarder aussi, pour permettre à la Catalogne d'être indépendante.
35:25– Ça crée un précédent, cette histoire.
35:27– C'est un précédent terrible.
35:29Une province d'un pays demande sa sécession, le pays n'accepte pas la sécession,
35:34il y a une guérilla armée, il y a une guerre.
35:36Et là-dessus, la plus grande puissance du monde,
35:38avec la plus grande coalition du monde,
35:40intervient et prend partie pour cette petite province.
35:44Toute petite province, on parle de 11 000 kilomètres carrés.
35:47Donc c'est vraiment tout petit.
35:49Donc c'est un précédent juridique extrêmement grave.
35:52C'est-à-dire que n'importe qui peut faire ça n'importe où,
35:54selon le bon vouloir de Washington.
35:56Et c'est pour ça d'ailleurs que,
35:58lorsque le Kosovo proclamera son indépendance,
36:00contre toutes les promesses qui avaient été faites,
36:02jamais le Kosovo sera indépendant.
36:04Et bien, 9 ans après, en 2008,
36:06l'Espagne fera partie des rares pays européens
36:10à refuser de reconnaître le Kosovo.
36:12Et l'Espagne continue à refuser de reconnaître le Kosovo.
36:14Et bien, le chemin passe déjà par le fait
36:19que tous les pays européens reconnaissent le Kosovo.
36:22Or plusieurs refusent.
36:23Chypre refuse, la Slovaquie refuse, la Roumanie.
36:26Solidarité orthodoxe, on n'a pas très bien compris
36:28la position de la Roumanie, pourtant très alignée sur l'OTAN.
36:31Et donc, dans le plan européen et dans le plan américain
36:36d'entrer dans l'OTAN, d'entrer dans l'Europe,
36:38et bien, il y a le cactus espagnol qui est un cactus sérieux.
36:42– On ne va pas faire l'histoire maintenant du Kosovo.
36:44Effectivement, vous dites que l'ancien président, lui,
36:46est en prison pour trafic d'enganes.
36:48– Oui.
36:49Alors c'est une histoire de trafic d'enganes.
36:51– Deux minutes, si on a le temps.
36:53Ces trafics d'enganes ont été au cœur
36:55de plusieurs rapports et de plusieurs livres.
36:57Il y a l'enquête de Pierre Péan,
36:59journaliste d'investigation bien connu,
37:01qui avait écrit un livre sur le Kosovo, un État mafieux.
37:07Et il avait parlé des trafics d'enganes.
37:10Et puis surtout, il y avait eu le compte-rendu
37:13d'un diplomate suisse, peu suspect d'être pro-serbe,
37:17qui s'appelait Dick Marty, qui, dans son rapport
37:20destiné à l'ONU, avait dit, à l'évidence,
37:24il y a des trafics d'enganes serbes.
37:26Des prisonniers, des jeunes prisonniers serbes,
37:28pas seulement des militaires,
37:30mais aussi des gens raflés dans des villages,
37:32y compris des jeunes filles, de 18 à 25 ans,
37:34ont disparu par centaines.
37:36Et on n'a jamais rien retrouvé.
37:38Effectivement, on n'a jamais rien retrouvé,
37:40parce qu'ils étaient opérés et démantelés.
37:43Je suis désolé d'être aussi brutal,
37:45mais c'est affreux ce qui se passait.
37:47Le livre de Pierre Péan commence par une opération de ce type,
37:49avec un médecin kosovar,
37:52ça n'existe pas les Kosovars,
37:54ce sont des Albanais musulmans installés au Kosovo,
37:57et bien ça commence par une opération faite par un médecin
38:00qui enlève les organes d'un prisonnier serbe,
38:03et après ça va sur le marché international des organes.
38:06Et ça permet à la mafia albanaise de s'enrichir,
38:08parce que ça coûte très cher pour les riches américaines, les organes.
38:11– Oui, alors je voudrais continuer sur les conséquences.
38:15On disait que ça avait créé un précédent,
38:17qui a pu servir également à la Russie, non ?
38:20– Alors ça peut servir à la Russie dans une certaine mesure,
38:23c'est-à-dire que lorsque l'Union soviétique a éclaté en 1991,
38:27des guerres civiles ont éclaté un peu partout,
38:29en Arménie qui a reconquis le Haut-Karabakh,
38:31à ce moment-là en Géorgie.
38:33En Géorgie par exemple, vous avez deux provinces
38:35qui ont proclamé leur autonomie,
38:40l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.
38:42Et lorsque la Géorgie a voulu les reconquérir,
38:45les Russes, en 2008, ont dit
38:47mais pas du tout, ils ont proclamé leur autonomie, on vient les aider.
38:49Alors tout le monde a condamné les Russes en disant
38:51qu'est-ce que c'est que cette atteinte au droit international ?
38:53À ce compte-là, c'est exactement la même chose.
38:56Et en effet, pareil pour la Crimée,
38:59qui avait été rattachée de façon quand même tout à fait artificielle
39:03par Khrouchev à l'Ukraine,
39:06alors qu'elle est peuplée à 95% de russophones.
39:10Avant il y avait des Tatars, mais Staline les a presque tous déportés.
39:14Donc il y a essentiellement des Russes.
39:16Et bien, c'est pareil, la Crimée a proclamé son autonomie
39:22lorsque le coup d'État de Maïdan en 2014 a eu lieu
39:26et qu'un gouvernement pro-occidental est apparu en Ukraine.
39:30Donc la Crimée s'est lancée elle-même dans l'autonomie.
39:33Ensuite, la Chambre de Crimée a demandé son rattachement à la Russie,
39:38que la Russie ait intérinée.
39:39Donc quand on lit partout que la Russie a annexé la Crimée,
39:42c'est faux, ça s'est fait juridiquement.
39:44Mais évidemment, les autres disent que juridiquement,
39:47c'est très contestable parce que ça appartient à l'Ukraine.
39:49Et Kosovo, alors, ça n'appartenait pas à la Serbie.
39:51Donc c'est vraiment de poids, de mesure.
39:53Donc finalement, est-ce qu'on peut dire que les Américains ont gagné ce coup-là ?
39:57Et oui. Alors là, la victoire est totale.
39:59La victoire est totale, il ne faut pas oublier que ça se passe en 1999,
40:02Poutine n'est pas encore au pouvoir.
40:04Il va l'être, sous peu, mais il ne l'est pas encore.
40:07On prépare son arrivée.
40:08Les oligarques, c'est paradoxal,
40:10alors que Poutine les musèlera après.
40:12Les oligarques préparent l'arrivée de Poutine
40:14parce qu'ils savent bien que le système Helsin est en train de s'effondrer.
40:18Mais en 1999, l'armée russe est d'une faiblesse insigne.
40:21Elle ne compte plus.
40:22Elle s'est prise beaucoup de mal en Tchétchénie,
40:25autre province qui voulait son indépendance en Russie.
40:29Mais là, on n'est pas intervenu,
40:30si ce n'est par service secret interposé pour aider les Tchétchènes.
40:33Et donc, le tempo est très bon pour l'Amérique,
40:37qui ensuite fera adhérer à l'OTAN et nous, à l'Union européenne,
40:45les pays qui sont issus de l'éclatement de cet ex-Yougoslavie.
40:48Slovénie, Croatie, Monténégro, etc.
40:51Encore une marche vers l'Est.
40:53C'est une marche vers l'Est.
40:54C'est la première grande marche vers l'Est en 1999.
40:57C'est la première grande marche vers l'Est
40:59et qui sera suivie de bien d'autres.
41:01Le Pays Balt, la Pologne, la Roumanie, etc.
41:05Tout ça se passe à ce moment-là.
41:06Et concrètement, sur le terrain, ça se traduit ?
41:09Par des bases américaines un peu partout.
41:11Et de ce point de vue-là, sans adhésion à l'OTAN,
41:15le Kosovo a bénéficié de l'installation d'une base américaine,
41:19la base de Bondsteel.
41:21Les Américains ont construit aussitôt la fin de la guerre.
41:25En plein Kosovo, en plein cœur du Kosovo,
41:28leur plus grande base américaine d'Europe,
41:30il y a 7000 hommes.
41:317000 hommes qui y sont en permanence, qui s'y entraînent
41:33et il y a beaucoup d'amis de l'Amérique qui s'y entraînent.
41:36Des islamistes syriens sont passés dans le camp de Bondsteel.
41:39On l'a su parce qu'eux-mêmes l'ont raconté.
41:41On était à Washington et puis en revenant en Syrie,
41:44on a fait une halte de quelques jours à Bondsteel.
41:47Et l'islamiste syrien, tout sourire, en train de raconter ça.
41:51On a dit que c'était un des fameux camps
41:53où il y avait des tortures comme à Guantanamo,
41:55pratiquées par la CIA.
41:57On n'a pas de preuves.
41:58Donc, je cite pour mémoire,
41:59mais contrairement aux Syriens et aux Ukrainiens,
42:02vous avez eu aussi des centaines de soldats ukrainiens
42:05qui sont passés par Bondsteel pour s'entraîner.
42:07Avant la guerre.
42:09Parce que cette guerre vient de loin.
42:11Et donc aujourd'hui, le camp de Bondsteel
42:13est le plus grand camp des Balkans,
42:16et même d'Europe occidentale également.
42:18Et c'est une base d'observation américaine absolument essentielle.
42:22– Alors, on va en terminer là.
42:25Finalement, toute la supercherie,
42:27enfin tous les montages vont apparaître au fur et à mesure
42:31des années dans les médias occidentaux.
42:33– Oui, il va y avoir des enquêtes.
42:35– Est-ce qu'il y a des mea culpa quand même ?
42:37Est-ce que Louis Pleynel dit qu'il s'est trompé ?
42:40– Non, pas Louis Pleynel.
42:42Louis Pleynel a toujours raison.
42:44Non, Bernard-Henri Lévy, on attend aussi.
42:46Lui, il avait parlé des avions de la liberté.
42:48Mais lui, il continue.
42:50Donc non, il n'y a pas eu de mea culpa des premiers couteaux,
42:54si on peut dire.
42:55Il y a eu des mea culpa des seconds couteaux.
42:57La journaliste de la BBC qui a eu le courage de raconter,
43:00elle s'est fait licencier évidemment,
43:02de raconter que son reportage avait été tronqué,
43:04ce pilote espagnol.
43:05Il y a quelques exemples.
43:06Et puis il y a le très beau livre du colonel Hogarth,
43:09l'Europe est morte à Pristina,
43:10dont je recommande aux auditeurs, aux téléspectateurs de la lecture
43:16parce que c'est un petit livre qui raconte son intervention au Kosovo.
43:20Il ne voulait pas y aller, lui, parce qu'il disait
43:22on va faire des choses horribles.
43:23On a fait des choses horribles.
43:24Mais il a limité les dégâts, il a sauvé des civils serbes.
43:27Et c'est lui qui raconte comment un jour,
43:29il tire sur des maquisards de l'Utcheka qui attaquaient les civils serbes.
43:32Il reçoit un coup de fil d'un colonel anglais qui lui dit
43:35arrêtez de tirer sur mes hommes.
43:36Donc là, on se dit, ça allait très très loin quand même.
43:39– Et il y a toujours en Serbie, on sent toujours…
43:42Quelle est la mémoire de cela ?
43:44– Alors la mémoire du Kosovo ne s'effacera jamais.
43:46– Non, pas du Kosovo, la mémoire des bombardements en Serbie.
43:48– Oui, la mémoire des bombardements existe toujours.
43:51– Il y a toujours un ressentiment…
43:52– Et vous savez, la Serbie est tiraillée,
43:53la Serbie est entre deux mondes.
43:54La Serbie, la moitié de la Serbie regarde vers l'Occident
43:57et l'autre moitié de la Serbie regarde vers la Russie.
43:59– La jeunesse aujourd'hui s'en fiche un peu ?
44:01– La jeunesse, non elle ne s'en fiche pas.
44:03Ils ont essayé, bien manipulés par les réseaux Soros,
44:06très très présents à Belgrade,
44:07ils ont essayé de contester les dernières élections
44:09qui ont vu la réaction du président Vukic.
44:11Ça n'a pas marché mais il ne faudra pas s'étonner
44:15si un jour il y a une révolution de couleur en Serbie
44:19comme on la voit en ce moment en Géorgie, à Tbilissi
44:22où toute la jeunesse, bien alimentée par
44:24et les services secrets américains et les réseaux de Soros
44:27organisent une nouvelle révolution de couleur.
44:30– Antoine Delacoste, merci infiniment.
44:33– Merci beaucoup.
44:34– Je rappelle donc votre site internet geocronique.fr
44:38et puis on peut retrouver vos chroniques régulièrement
44:40dans la revue d'Histoire Européenne.
44:43Maintenant un petit conseil de lecture avant de nous quitter
44:46et de retrouver la petite histoire de Christopher Lannes
44:48Vienne sous le soleil d'Austerlitz de Vincent Agel
44:51est paru aux éditions passées composées.
44:54Après avoir remporté plusieurs batailles,
44:56Napoléon et ses troupes entrent dans Vienne le 13 novembre 1805.
45:00L'empereur François II aurait pu éviter l'occupation de sa capitale
45:04mais il a refusé les conditions françaises.
45:06Les Viennois se voient obligés de loger les 7000 hommes
45:09que compte la garnison.
45:11Globalement l'occupation se passe convenablement,
45:13aucune résistance organisée ne voit le jour
45:15tandis que les réquisitions abusives
45:17comme l'insécurité occasionnée par le comportement
45:19de certains soldats français sont réprimées.
45:22Le principal problème posé aux comptes d'Arru, le grand intendant,
45:25est de maintenir l'activité économique et agricole
45:28dans et autour de Vienne.
45:30Si la ville n'est occupée que durant quelques semaines,
45:32son évacuation débute le 13 janvier 1806,
45:35l'empreinte qui laisse les français est durable.
45:38En effet, les élites autrichiennes,
45:40intégrant désormais le changement d'époque,
45:42jugent que des évolutions de l'institution monarchique
45:44sont nécessaires.
45:45Toutefois, le fait le plus marquant
45:47de cette campagne d'Autriche de 1805
45:49est sans doute la dissolution, 8 mois plus tard,
45:51de l'empire romain germanique
45:53avec le renoncement de François II
45:55à la couronne d'Allemagne, événement majeur
45:57aux conséquences incalculables pour l'Europe.
46:00C'était Passé-présent, l'émission historique de TVL
46:04présentée en partenariat avec la revue d'Histoire Européenne.
46:08Vous allez donc maintenant retrouver
46:10Christophe Erlan et La Petite Histoire.
46:12N'oubliez pas de cliquer sur le pouce levé sous la vidéo
46:15et de vous abonner à notre chaîne YouTube.
46:17Merci et à bientôt !
46:40Salut les amis, aujourd'hui on va parler d'un sujet méconnu,
46:43mais connu quand même, on va dire ça,
46:45les Français sur le front de l'Est
46:48Le 22 juin 1941, quand les Allemands s'en prennent à la Russie
46:51et déclenchent l'opération Barbarossa,
46:53les envoyés du régime de Vichy
46:55sont priés de regagner la France.
46:57Parmi eux, le lieutenant-colonel Luguet,
46:59attaché militaire de l'air,
47:01en profite pour rejoindre la France libre.
47:03A Londres, il explique à de Gaulle
47:05que ce ne sera pas si facile pour les Allemands de battre les Russes,
47:07voire qu'ils ne parviendront pas à les battre.
47:09Il propose donc au général d'envoyer des Français
47:11combattre aux côtés des troupes russes,
47:13ce ne sera pas un gros effectif,
47:15celui sur le cours de la guerre, mais c'est pour le symbole.
47:17Le général est aussitôt séduit par l'idée.
47:19Si de Gaulle est séduit par cette idée,
47:21c'est parce qu'il est en froid avec les Américains,
47:23un peu en froid avec les Anglais aussi,
47:25et surtout que comme beaucoup de communistes
47:27se battent dans la résistance,
47:29il doit leur envoyer un signal fort.
47:31Mais la principale idée du général,
47:33c'est de préparer l'après, l'après-guerre.
47:35On pense d'abord à une division mécanisée,
47:37mais le projet échoue et ne reçoit pas l'appui des Anglais.
47:39On pense ensuite à une division d'infanterie,
47:41mais on en a besoin et les Anglais sont encore hostiles.
47:43Vient ensuite l'idée d'envoyer une délégation
47:45uniquement composée de pilotes,
47:47avec leurs mécaniciens.
47:49L'idée, bien sûr, est de Luguet,
47:51qui était lui-même attaché militaire de l'air en Russie,
47:53et il note que les pilotes français
47:55seront équipés par les Russes et assistés par les Russes.
47:57Donc en février 1942,
47:59de Gaulle autorise Luguet
48:01à parler à la mission soviétique à Londres.
48:03Celle-ci accepte la proposition
48:05et en informe Moscou.
48:07En tout cas, les Russes sont très intéressés pour le moment.
48:09Un mois plus tard, c'est Staline en personne
48:11qui donne son accord de principe.
48:13En contrepartie, il espère que de Gaulle
48:15appuiera son idée d'ouverture d'un second front
48:17en Europe de l'Ouest.
48:19Après des longues semaines de paprasserie à la soviétique,
48:21vous savez de quoi je parle, puisqu'on en a hérité
48:23dans ce qu'on appelle l'après, hein,
48:25de Gaulle obtient que les pilotes français
48:27forment une division autonome au sein des forces soviétiques.
48:29A noter que les Anglais étaient
48:31très hostiles à cette idée, mais qu'ils finiront par céder.
48:33De toute façon, on leur a rien demandé à cela. De quoi je me mêle ?
48:35Bon. Le groupe se nomme
48:37Groupe de chasse numéro 3. Il est composé de 14 pilotes
48:39et d'une cinquantaine de mécaniciens,
48:41tous volontaires. Bon, il faut noter que les pilotes
48:43sont assez inexpérimentés,
48:45seulement 7 d'entre eux dépassent les
48:47300 heures de vol, et les autres,
48:49ceux qui dépassent les 150 heures de vol,
48:51ont triché pour réussir à être acceptés.
48:53Tous les sous-officiers sont nommés officiers,
48:55car à l'époque, en URSS, il fallait être officier
48:57pour devenir pilote. Mais quel nom
48:59trouver à cette unité ? Parce que Groupe de chasse
49:01numéro 3, bof. Dans la tradition
49:03des FAFL, les groupes aériens portent
49:05des noms de province. Le commandant
49:07Ken, qui a été nommé à la tête de cette unité,
49:09voudrait bien le baptiser du nom de sa région natale,
49:11la Bretagne, mais le nom est déjà pris.
49:13On choisit Normandie. Fin
49:151942, notre unité se dirige
49:17donc vers Moscou, en passant par le Liban,
49:19l'Irak et l'Iran. Une fois arrivés chez
49:21les soviétiques, on leur propose, à leur grande surprise,
49:23de choisir entre des avions américains
49:25et des avions russes. Les français choisissent
49:27les avions russes, ce qui plaît énormément
49:29aux officiers soviétiques. Ils sont formés
49:31pendant 3 mois et demi sur Yak-7 et Yak-1.
49:33Alors c'est pas une sinecure, hein, les pilotes
49:35souffrent du froid, tout d'abord,
49:37des conditions d'hébergement, et surtout,
49:39en vol, ils ont du mal à se repérer dans ces
49:41immenses plaines, dans la vaste taiga russe.
49:43Mi-mars 1943,
49:45l'unité fait l'objet d'une
49:47inspection franco-soviétique
49:49qui déclare qu'elle est prête à partir
49:51pour le front. Le 22 mars 1943,
49:53le groupe de combat Normandie part pour
49:55la base de Polotnanie-Zavod,
49:57et elle est intégrée à la 303ème
49:59division de l'air soviétique.
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50:23Leur première mission consiste tout d'abord à
50:25escorter des bombardiers russes, mais nos amis
50:27français veulent plus que ça, ils veulent en découdre,
50:29ils veulent montrer leur vaillance, montrer leur courage.
50:31Le 5 avril, c'est la première rencontre
50:33avec la Luftwaffe, et deux
50:35Yaks abattent deux chasseurs allemands.
50:37Aucune perte, tous les avions rentrent à la base,
50:39c'est la preuve que les soviétiques
50:41attendaient, cette unité vaut son pesant
50:43de cacahuètes. Ah c'est comme ça qu'il a dit Staline !
50:45A partir de ce moment, les engagements
50:47vont être quotidiens et le rythme
50:49harassant. Les combats s'enchaînent,
50:51et les pertes aussi, à une telle vitesse que Londres
50:53est obligée d'envoyer des renforts. Les renforts
50:55arrivent mimés, les français sont au cœur
50:57de l'action et abattent de nombreux avions allemands,
50:59et le mois suivant, la Pravda vante
51:01leur mérite. Ils viennent d'être décorés
51:03de l'ordre de la guerre pour la patrie.
51:05Du 12 au 19 juillet, les français, sur leur
51:07Yak-9, participent à la bataille d'Orel.
51:09Ils effectuent 112 sorties,
51:11perdent 6 avions, mais en abattent
51:1317. Le 14 juillet 1943,
51:15jour de fête nationale,
51:17les soviétiques acceptent pour la première fois
51:19que le drapeau français soit hissé
51:21en haut du mât pendant quelques minutes.
51:23Très vite, les Yak-9 sont remplacés
51:25par des Yak-3, beaucoup plus performants,
51:27mais les mécaniciens français sont
51:29harassés de fatigue. Ils partent
51:31donc pour le Moyen-Orient et sont remplacés par
51:33des russes. Ça va poser des petits problèmes
51:35de traduction au début, mais ça va
51:37encore renforcer les liens entre français
51:39et soviétiques. Une petite anecdote à ce sujet
51:41sur les liens qui unissaient les pilotes français
51:43et leurs mécaniciens russes. Le 15 juin
51:451944, l'avion du lieutenant
51:47Senn est en feu. Le contrôleur
51:49russe lui ordonne de sauter en parachute,
51:51mais il a son mécanicien dans l'avion qui, lui,
51:53n'a pas de parachute. Sauter en parachute
51:55signifierait donc abandonner son mécanicien
51:57à son triste sort qui le conduirait
51:59inévitablement vers la mort. Il tente donc
52:01le tout pour le tout et décide d'atterrir,
52:03ce qui va échouer. Les deux hommes mourront
52:05ensemble dans cet avion. L'événement
52:07va faire le tour de la presse russe et les deux
52:09hommes sont enterrés ensemble, côte à côte,
52:11dans le cimetière de Dubrovkin.
52:13Revenons en 1943. Certes,
52:15les résultats sont excellents et le nombre d'avions
52:17ennemis abattus est important, mais
52:19les pertes sont nombreuses chez les français.
52:21En six mois de combat, 21 pilotes ont été
52:23tués, sont faits prisonniers ou ont été portés
52:25disparus.
52:47Le groupe est donc mis au repos
52:49jusqu'à ce que de Gaulle décide d'envoyer de nouveaux
52:51pilotes en renfort depuis l'Afrique du Nord.
52:5333 pilotes arrivent de cette région
52:55entre décembre 1943 et février
52:571944. Le groupe compte désormais
52:59un effectif total de 61 pilotes
53:01et est formé en quatre escadrilles.
53:03L'armée rouge est alors en pleine avancée et les
53:05français l'appuient en Biélorussie puis en
53:07Lituanie. D'ailleurs, le groupe a joué un rôle
53:09très important dans le franchissement du
53:11Niémen et c'est à cette occasion que Staline
53:13a décidé de nommer le groupe Niémen.
53:15Le groupe de combat 3 Normandie
53:17deviendra donc le Normandie Niémen.
53:19En octobre 1944, les français
53:21forgent encore plus leur réputation en
53:23remportant toute une série de victoires.
53:25Le 16, au cours d'une sortie, ils abattent 29
53:27avions allemands sans aucune perte.
53:29Le 22, 56 sorties, 14
53:31avions ennemis abattus, aucune perte.
53:33Ainsi, fin novembre, le Normandie
53:35Niémen est la première unité
53:37française à pénétrer sur le sol allemand.
53:39Le 28 novembre, les lieutenants
53:41de la Pope et Albert sont faits héros
53:43de l'Union soviétique. Le 30 décembre
53:451944, la 200ème
53:47victoire du Normandie Niémen
53:49est homologuée. Début 1945,
53:51la suite de la guerre ne fait plus aucun doute,
53:53l'armée rouge disposant, dans les airs,
53:55d'une supériorité écrasante à
53:5718 contre 1. Ainsi, l'idée
53:59de créer toute une division aérienne française
54:01est abandonnée. La dernière victoire de la
54:03guerre est remportée par le lieutenant Georges Henry
54:05le 12 avril 1945,
54:07mais il est tué au sol peu après
54:09par un bombardement. Au final, au cours de ce
54:11conflit, le Normandie Niémen aura effectué
54:135240 missions,
54:15869 combats aériens,
54:17abattu 273 avions
54:19confirmés, 37 probables et endommagés,
54:2147 autres. 45
54:23pilotes ont été tués au combat, sur
54:2596 engagés. Le régiment est décoré
54:27de la Légion d'honneur, de la Croix de la Libération,
54:29de la médaille militaire avec six
54:31palmes et des ordres soviétiques du drapeau
54:33rouge et d'Alexandre Nevsky.
54:35Quatre pilotes, dont les deux dont on a parlé tout à l'heure,
54:37seront faits héros de l'Union soviétique
54:39et 21 compagnons de la Libération.
54:41Après la capitulation allemande,
54:43le Normandie Niémen est rapatrié sur
54:45Moscou. Staline décide d'offrir à chaque
54:47officier le Yak-3 qu'il pilote.
54:49Ainsi, le 15 juin 1945,
54:5140 Yak-3 décollent vers la France.
54:53Ils se posent le 20 juin au Bourget,
54:55devant une foule en liesse venue acclamer
54:57les héros de l'Est. L'armée réquisitionne
54:59aussitôt les avions. Vous vous doutez bien,
55:01on va pas leur en faire cadeau, hein. Vous êtes bien lenti
55:03les mecs, vous allez risquer votre peau, mais bon, vous allez pas garder
55:05ça au garage chez vous, non ? D'ailleurs, le dernier
55:07exemplaire de ces Yaks se trouve toujours
55:09au musée de l'air et de l'espace au Bourget,
55:11que vous pourrez aller voir quand vous voulez. Ainsi,
55:13ces quelques dizaines de pilotes n'auront pas changé
55:15le cours de la guerre, vous vous en doutez bien,
55:17mais comme le dit Max Chiavon dans cet
55:19excellent dossier de la NRH que je vous recommande
55:21de lire, la France libre n'avait
55:23rien d'autre à donner que des hommes et du courage.
55:25Et surtout pour De Gaulle, il s'agissait
55:27de se légitimer, de préparer l'avenir
55:29et de n'avoir pas pour seul ami que les
55:31Américains et les Anglais. Bah non. On parle du
55:33Normandie Niémen, mais il y a eu d'autres Français
55:35qui se sont engagés sur le front de l'Est, mais dans
55:37l'armée allemande. Il s'agit de la Légion des
55:39Volontaires Français, LVF, qui
55:41avait pour but suprême de lutter contre le
55:43bolchevisme. Elle a été créée en 1941
55:45à l'appel de nombreuses organisations
55:47politiques anticommunistes.
55:49Ils portaient l'uniforme allemand, bien qu'ils avaient
55:51un petit drapeau français qui va bien ici,
55:53et devaient prêter allégeance au fureur.
55:55Mais bon, pas tout gâcher, ça compte pas, ça...
55:57De toute façon, ils étaient nuls, alors...
55:59Si, ils étaient nuls. Autres Français sur
56:01le front de l'Est, bien sûr, les malgré-nous
56:03ces citoyens qui vivaient en Alsace-Moselle
56:05et qui ont été intégrés de force
56:07à l'armée allemande qui occupait ces régions.
56:09Mais bon, je vous garde ça pour un prochain épisode.
56:11Croyez-moi, c'est très intéressant.
56:13Merci à tous d'avoir suivi ce nouvel épisode
56:15de La Petite Histoire. J'espère qu'il vous a plu.
56:17Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures
56:19sur TV Liberté.

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