• il y a 4 mois
DB - 20-08-2024

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Transcription
00:00:30Le fils d'un riche banquier parisien, Lucien Leven, en garnison à Nancy, ville refuge
00:00:46des légitimistes, a réussi à pénétrer les salons de cette société très fermée
00:00:51à tout ce qui n'est pas noble.
00:00:52Il y a entrevue une jeune veuve, Bathilde de Chastellet, dont il est tombé perdument
00:00:58amoureux.
00:00:59Un grand bal à signification politique va être donné par la comtesse de Marseille
00:01:06et on a fait à Lucien l'honneur de l'y inviter.
00:01:09Y reverra-t-il la jolie veuve ?
00:01:29Oui, je vais au bal de ces messieurs.
00:01:36C'est votre droit, mon lieutenant.
00:01:38C'est mon droit, mais vous avez droit, vous, de vous en étonner.
00:01:42Aussi, je tiens à vous dire deux choses.
00:01:44Je vais jouer la comédie à ces personnes dont les sentiments ne sont pas les miens.
00:01:48A eux, ça m'est égal de mentir.
00:01:50A vous, non.
00:01:52Et pourtant, sachez-le, je ne suis pas républicain.
00:01:56Pourquoi nous dites-vous tout cela, mon lieutenant ?
00:01:58Parce que, pour vous, j'ai de l'estime.
00:02:01Alors, ça prouve que vous êtes quand même bien un peu, au fond, républicain.
00:02:07Bonsoir, messieurs.
00:02:29Ma chère comtesse, mes hommages.
00:02:35Mes hommages, madame la comtesse.
00:02:39Bonsoir.
00:02:40Ici, ce n'est pas la maîtresse de maison qu'on salue d'abord.
00:02:51C'est le roi.
00:02:57Cette petite robe de rien du tout.
00:03:14Un jour pareil, je finirai par vous croire folle, ma parole.
00:03:20Le roi.
00:03:21Le roi.
00:03:22Le roi.
00:03:23Le roi.
00:03:24Le roi.
00:03:25Le roi.
00:03:26Le roi.
00:03:27Le roi.
00:03:28Le roi.
00:03:29Le roi.
00:03:30Le roi.
00:03:31Le roi.
00:03:32Le roi.
00:03:33Le roi.
00:03:34Le roi.
00:03:35Le roi.
00:03:36Le roi.
00:03:37Le roi.
00:03:38Le roi.
00:03:39Le roi.
00:03:40Le roi.
00:03:41Le roi.
00:03:42Le roi.
00:03:43Le roi.
00:03:44Le roi.
00:03:45Le roi.
00:03:46Le roi.
00:03:47Le roi.
00:03:48Le roi.
00:03:50À ma connaissance, c'est la première fois que la coquarte que vous portez, monsieur,
00:03:55pénètre dans un pareil lieu.
00:03:57Je ne voudrais pas que ce fût la dernière.
00:04:01Je vous remercie, madame.
00:04:03Et je ne sais comment vous...
00:04:04Vous êtes assez poli pour que je vous dispense des politesses.
00:04:07Mais je vois des enfants qui brûlent d'envie de danser.
00:04:14Ils vont me faire de gros yeux si je vous garde trop longtemps.
00:04:18Car tout ça, c'est pour être allé à la chapelle des pénitents.
00:04:21C'est un ordre, lieutenant.
00:04:32Ma foi, ma chère amie, vous allez un peu loin.
00:04:35À mon âge, on va où on veut.
00:04:38Cela ne vous gêne pas de venir en uniforme devant un roi qui n'est pas le vôtre ?
00:04:43Vous savez, Théodelin, je suis soldat.
00:04:44Rien ne doit me faire peur.
00:04:45Et puis, ce n'est pas pour un portrait que je suis venu.
00:05:16Colonel, colonel, colonel.
00:05:19Ici, c'est un peu comme à la cour.
00:05:22Je ne suis que la seconde ce soir.
00:05:25Le maître de maison est là-bas.
00:05:30S'il vous plaît.
00:05:40Moi, je préfère un sous-lieutenant bien élevé à un colonel sans useur.
00:05:44D'ailleurs, il pense fort bien, ce monsieur Levin.
00:05:47Le colonel aussi, peut-être.
00:05:49Non, le colonel ne pense rien du tout.
00:06:00Pardon, mademoiselle.
00:06:02Venez que je vous présente à quelqu'un.
00:06:05À qui ?
00:06:06Ne faites pas l'innocent.
00:06:15Madame, j'ai l'honneur de vous présenter le lieutenant Levin.
00:06:23Je crois que je vous connais, monsieur.
00:06:26J'ai déjà eu l'honneur de me présenter deux fois devant vous, madame.
00:06:29Je vous connais, madame.
00:06:32Je vous connais, madame.
00:06:35Je vous connais, madame.
00:06:38Je vous connais, madame.
00:06:42J'ai déjà eu l'honneur de me présenter deux fois devant vous, madame.
00:06:45À quatre pattes.
00:06:57Je vous prie de m'excuser.
00:07:00À tout à l'heure.
00:07:12Voilà votre colonel.
00:07:15Je vous laisse.
00:07:18Mais c'est ma foi vraie.
00:07:21Je vais lui rendre la monnaie de sa pièce pour la scène qu'il m'a faite le jour des potes.
00:07:27Attends un peu.
00:07:34Avec ces êtres grossiers, il ne faut pas perdre une occasion.
00:07:38Avec ces êtres grossiers, il ne faut pas perdre une occasion de leur marquer son mépris.
00:07:56Et il n'aura même pas l'esprit de quitter ce bal.
00:08:01Vous vous ennuyez.
00:08:05Venez danser avec moi.
00:08:08Vos succès donne de l'humeur à tous ces messieurs.
00:08:16Pardon, Dante. Je vous avais promis cette danse.
00:08:19Vous ne m'aviez rien promis du tout, chère amie.
00:08:22Vous aussi. Vous m'avez oublié.
00:08:25Eh bien, oublions-nous tous les deux.
00:08:28Pendant tout le bal?
00:08:31Par le bal, s'il vous plaît.
00:08:39Comme vous le traitez.
00:08:42Quelle importance. Il m'aime.
00:08:45Peut-on rêver quelque chose de plus ennuyeux que l'amour?
00:08:49Comment un homme peut-il se laisser traiter de la sorte?
00:08:52Je vous l'avais dit, mon cher.
00:08:55Avoir invité ce jeune homme est une erreur et une provocation.
00:08:59Et vous? Vous ne l'êtes pas amoureux?
00:09:02Moi? Et de qui?
00:09:07Mais vous riez tout le temps.
00:09:10Au bal, je ris toujours.
00:09:13Quand un homme a glissé un pied dans la porte,
00:09:16il est difficile de l'empêcher d'entrer.
00:09:19Mais on peut l'en faire sortir.
00:09:29Cette petite robe est une impolitesse.
00:09:32Est-ce ainsi qu'on se présente un jour pareil?
00:09:35La veuve d'un officier général. Un bal, c'est un soir de bataille.
00:09:38Cette petite tête n'a rien d'entrevue de tout ça.
00:09:41Que vont en penser les républicains?
00:09:44Mesdames, messieurs.
00:09:47Un des nôtres, M. Cochin,
00:09:50vient d'être condamné
00:09:53par les tribunaux du roi des Français.
00:09:56Nous avions pensé que la presse était libre.
00:09:59Elle ne l'était pas.
00:10:02Mais nous pouvons lutter contre l'injustice.
00:10:05Une amende supportée par un homme seul
00:10:08peut l'écraser.
00:10:11Mais si tous ses amis en prennent la charge,
00:10:14il pourra continuer à servir notre roi.
00:10:17Et comme nous, longtemps encore, nous l'espérons.
00:10:21Vive le roi!
00:10:24Vive le roi!
00:10:27La fête admirable
00:10:30qui nous réunit ici ce soir
00:10:33nous fait un devoir d'en laisser une trace tangible.
00:10:36On va donc passer parmi vous
00:10:39au nom du comité royal
00:10:42pour la région de Nancy.
00:10:45Je vous demande d'être généreux
00:10:48et d'avance, je vous remercie.
00:11:19Merci.
00:11:26Merci, M. le Marquis.
00:11:41Voilà, mademoiselle.
00:11:44Merci.
00:11:49Je tiens à vous remercier de votre générosité.
00:11:55Votre colonel est parti.
00:11:58Vous êtes resté.
00:12:01Vous voilà bien engagé
00:12:04avec les gens de notre bord, M. Le Ben.
00:12:07Vous avez tous les courages.
00:12:10Mais oui, il a tous les courages.
00:12:13Aurez-vous celui d'aller inviter cette personne
00:12:16qui est assise là-bas, loin de vous?
00:12:46Allez-y.
00:13:16C'est-à-dire rien. Il est né on ne sait où.
00:13:19Et qui n'a comme titre de noblesse qu'une petite épaulette de sous-lieutenant.
00:13:22C'est inconcevable.
00:13:27Et vous, vous le trouvez si bien que ça?
00:13:29Oui.
00:13:30Et vous aussi.
00:13:32Bon.
00:13:40Pourquoi je l'ai invité?
00:13:41C'est bien simple.
00:13:43Parce que je le trouve parfaitement bien.
00:13:46Vous voulez dire parfaitement rien.
00:13:49Non. Parfaitement bien.
00:13:53Moi, le lieutenant Levenne, je le trouve parfaitement bien.
00:13:59Il est parfaitement bien.
00:14:01Parfaitement bien.
00:14:02Il est parfaitement bien.
00:14:05Quelle admirable soirée.
00:14:10Oui.
00:14:12Vous dansez beaucoup?
00:14:14Non. Je ne sais pas bien danser.
00:14:20Mais vous montez bien à cheval.
00:14:24Oui.
00:14:25Ça peut paraître drôle de vous dire cela à vous, mais je monte très bien à cheval.
00:14:30Son amour propre lui rappelle que je l'ai vu deux fois tomber de cheval depuis qu'il est ici.
00:14:34S'il se met à danser, il perd tout mérite.
00:14:36D'abord, il danse mal et il n'a pas d'esprit.
00:14:40Me voilà bien soulagée.
00:14:43Merci.
00:14:50Dire que je n'ai dû que pour une petite royaliste de province
00:14:52qui préfère les intérêts de sa caste à ceux de 32 millions de Français.
00:14:55C'est du joli.
00:14:57Oui, mais ils ont des salons élégants qui t'offrent des plaisirs, Lucien,
00:15:00que tu ne trouveras pas ailleurs.
00:15:05J'aime beaucoup la chimie.
00:15:08Ah, vous aimez la chimie?
00:15:11Et vous?
00:15:13Genre à folle.
00:15:17Balancez vos dames.
00:15:28Je suis déçue.
00:15:30Il danse mal?
00:15:32Ses pieds, ça m'est égal.
00:15:33Mais sa tête?
00:15:35Je le croyais brillant.
00:15:36Il est gauche et sans esprit.
00:15:38Pire que moi?
00:15:40Presque.
00:15:44Méfiez-vous, Bathilde.
00:15:46J'ai connu un garçon qui avait toutes les formes qu'il voulait en agissant ainsi.
00:15:50Pour leur plaire, au début, il commençait par les intriguer en leur paraissant stupide.
00:15:57Je n'y avais pas pensé.
00:15:58Ce n'est pas si bête, ce que vous dites là.
00:16:00Mais c'est bien ce que je dis.
00:16:02Oui, mais pour ça, il faut avoir de l'esprit.
00:16:04Et je suis sûre qu'il n'en a pas.
00:16:07Mais c'est tout le jeu.
00:16:10C'est trop compliqué pour moi.
00:16:12Non.
00:16:14C'est la simplicité même.
00:16:17Et vous m'avez très bien compris.
00:16:21Balancez vos dames.
00:16:27Décidez de m'envoyer.
00:16:29Décidez de m'en.
00:16:31Je n'y suis pour rien.
00:16:33Mon cher Dorentin, est-ce que vous êtes ennuyeux ce soir?
00:16:36Je croyais ne pas vous retrouver.
00:16:38C'est le hasard.
00:16:39Et ce n'est pas ma faute si M. Levenne n'est pas libre.
00:16:48Dites-moi, M. Levenne.
00:16:50Pourquoi étiez-vous si timide tout à l'heure?
00:16:53Parce que vous étiez intimidante.
00:16:55Je ne le suis plus.
00:16:56Je ne le suis plus?
00:16:57Plus du tout.
00:16:59Je sens que je pourrais vous dire n'importe quoi, vous m'écouteriez.
00:17:02Dites n'importe quoi.
00:17:05Quelle admirable soirée.
00:17:08Continuez.
00:17:13Je peux?
00:17:16Eh bien, écoutez-moi ou n'écoutez pas.
00:17:21Depuis le jour où je suis arrivé à Nancy, Madame.
00:17:23Celui où vous êtes tombé de cheval?
00:17:24C'était le 22 mars.
00:17:26Il y a deux mois et six jours.
00:17:29Je n'ai jamais cessé de penser à vous.
00:17:32Cent fois, j'ai formé le dessein de quitter cette ville.
00:17:36Il fallait le faire.
00:17:38Je ne pouvais pas.
00:17:41A cause de votre carrière?
00:17:42Non, Madame. Ma carrière, c'était de vous revoir.
00:17:45Alors, votre carrière est accomplie.
00:17:48Non, Madame.
00:17:50Elle commence.
00:17:51Vous me dites toujours non, Madame.
00:17:54Parce que vous ne répondez jamais à ce que je vous dis.
00:17:57C'est peut-être parce que vous me dites des choses que je n'ai pas à entendre.
00:18:01De quelle façon de parler il ose se servir avec moi?
00:18:04Et je ne suis pas choquée, je ne dis rien.
00:18:06Je ne suis même pas offensée.
00:18:08C'est épouvantable.
00:18:10Que voulez-vous que je vous dise?
00:18:13Que vous me regardez tous les jours passer sous vos fenêtres?
00:18:16Vous êtes fou?
00:18:18Ne me parlez plus sur ce ton.
00:18:21Je me tais.
00:18:32À vous, maintenant.
00:18:36À vous, Madame.
00:18:38Quoi, à moi?
00:18:40À vous, Madame.
00:18:42À vous, Madame.
00:18:44À vous, Madame.
00:18:45À vous, Madame.
00:18:47Quoi, à moi?
00:18:49À vous de me parler.
00:18:52À vous de me dire, si vous l'osez, Madame,
00:18:55que vous ne me regardez pas.
00:19:06Comment le savez-vous?
00:19:09Parce que c'est vrai.
00:19:15Continuez, continuez.
00:19:39Vous me regardez tous les jours, Madame.
00:19:42Et moi, je vous regarde toutes les nuits.
00:19:46J'ai même de petits papiers à cigare que je roule,
00:19:49un peu pour faire comme vous.
00:19:51Eh bien, moi, c'est pour faire comme vous que j'ai acheté un micel.
00:19:54Que j'ai été sotte de le lui dire.
00:19:57C'est cela qui lui donne tellement d'assurance.
00:20:04Et c'est pour essayer de faire comme vous,
00:20:07que je suis allé à l'église.
00:20:09Monsieur Levenne, je n'admets pas qu'on plaisante là-dessus.
00:20:11Pardonnez-moi.
00:20:23Vous ne croyez pas en Dieu?
00:20:28Je pense que je croise au diable.
00:20:30Car pour me rapprocher de vous, j'ai fait pire.
00:20:34Je me suis acheté un micel.
00:20:36Je suis allé me battre en duel.
00:20:37Et je me suis lié avec le docteur du poirier.
00:20:43C'est un homme très dangereux.
00:20:46Peut-être, mais moi, je l'adore.
00:20:48C'est grâce à lui que je suis ici.
00:20:55Donnez-moi votre bras.
00:20:57Je suis un peu fatiguée.
00:21:08Toutes ces dames me regardent.
00:21:20Et en ce moment, je sers de prétexte aux remarques
00:21:23les plus désobligeantes.
00:21:25Et les plus humiliantes.
00:21:38Je me suis compromise aux yeux de ce monsieur Levenne.
00:21:50Vous n'avez pas l'air heureux.
00:21:56Je ne le suis plus.
00:21:59Pourquoi?
00:22:08Je ne peux pas vous le dire.
00:22:10Mais si.
00:22:12Vous allez me le dire.
00:22:18Non, je...
00:22:20Je ne peux pas.
00:22:23Comment, monsieur?
00:22:25Vous ne pouvez pas?
00:22:37Non, c'est impossible.
00:22:40Et pourquoi donc?
00:22:43C'est si grave?
00:22:48Je ne puis penser à vous sans éprouver en même temps un affreux soupçon.
00:22:52Quel soupçon?
00:23:02Je ne sais, je...
00:23:04Comment, monsieur, vous ne savez pas?
00:23:08Non, madame.
00:23:10Mon respect pour vous, je...
00:23:13Parce que ce soupçon aurait quelque rapport avec moi?
00:23:18Avec ma conduite?
00:23:20De qui pourrait-il s'agir?
00:23:22A qui pourrais-je penser?
00:23:24Sinon, à vous, madame.
00:23:26M'y serais-je arrêté une seule seconde?
00:23:29S'il ne vous concernait pas.
00:23:31Mais c'est horrible, ce que vous venez de me dire.
00:23:34Je ne peux pas.
00:23:35Mais c'est horrible, ce que vous venez de me dire.
00:23:38Je ne vous permets pas.
00:23:45Je n'ai pas d'expérience de la vie.
00:23:51Mais ce soupçon me perce le coeur chaque jour depuis que je suis à Nancy.
00:24:05Pardonnez-moi.
00:24:10Je n'aurais jamais dû vous en parler.
00:24:14Je ne vous en veux pas.
00:24:18Vous savez bien que maintenant, je ne peux plus vous en vouloir.
00:24:22Jamais.
00:24:29Mon Dieu, mon Dieu.
00:24:32C'est sans doute là la vraie passion.
00:24:35C'est sans doute ainsi qu'il est doux d'être aimé.
00:24:42Tous les regards doivent être dirigés sur nous.
00:24:45Sur moi.
00:24:47Sur cet étranger à qui je parle depuis si longtemps.
00:24:51Et avec un tel intérêt.
00:25:01Ma chère cousine.
00:25:03Ma chère cousine.
00:25:05Vous accordez cette danse.
00:25:08Non.
00:25:10Conduisez-moi au jardin.
00:25:15Je lutte depuis quelques instants contre un accès de chaleur qui me suffoque.
00:25:19A moins que ce ne soit la champagne.
00:25:36Ma belle cousine, par l'attention dont elle me flatte ici,
00:25:39voudrait-elle me faire comprendre que je ne lui suis pas si indifférent ?
00:25:43Oh, je vous en prie, laissez-moi tranquille.
00:25:46Conduisez-moi un peu à l'écart, on étouffe ici.
00:25:49Faites, au nom du ciel, que personne dans ce balle ne s'aperçoive de rien.
00:26:00Je vous en prie.
00:26:02C'est une attaque de nerfs.
00:26:06Allez plutôt me chercher un verre d'eau.
00:26:10À la glace.
00:26:17Au commencement de la soirée,
00:26:19quand ils ne parlaient pas, ce n'était donc pas faute de moi ?
00:26:22Non.
00:26:24C'est une attaque de nerfs.
00:26:26Je vous en prie.
00:26:28Je vous en prie.
00:26:30Quand ils ne parlaient pas, ce n'était donc pas faute d'idée ?
00:26:33C'était peut-être ce soupçon.
00:26:35Mais le soupçon de quoi ?
00:26:37Quelle calomnie !
00:26:47Elle est tombée !
00:26:56Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:26:57Elle s'est trouvée mal.
00:26:58La chaleur, il fait si chaud ici.
00:27:13Elle serait mieux étendue sur le sol.
00:27:15Non, c'est trop froid.
00:27:16Mais au contraire, la fraîcheur, c'est très bon dans ce cas-là.
00:27:19Elle a surtout besoin de tranquillité et de silence.
00:27:25Retournez au balle, mesdames, je vous en prie.
00:27:26Je vous en prie.
00:27:28La sagesse est de la laisser seule avec son mec.
00:27:31Musique ! Musique !
00:27:36Nous allons la reconduire tout de suite à son hôtel.
00:27:37Musique ! Musique !
00:27:55Excusez-moi.
00:27:57Je me suis donné un spectacle.
00:27:58C'est le mot.
00:28:00Je suis épuisée.
00:28:02Je crois que j'ai trop dansé.
00:28:04Vous n'avez pas trop dansé.
00:28:05Vous avez trop dansé avec le mème.
00:28:36Musique ! Musique !
00:29:03Je vais vous le dire.
00:29:04C'est ce que j'appelle un soupçon.
00:29:06Oui, un soupçon.
00:29:08Et ce n'est même pas un soupçon.
00:29:10C'est une certitude.
00:29:12Cela veut dire, madame,
00:29:14que vous avez eu un amant.
00:29:17Ah, ne me dites pas le contraire.
00:29:19Tout le monde le sait.
00:29:20C'est la femme de la ville.
00:29:23Si encore il était là, cet amant,
00:29:25si je le voyais,
00:29:26vous pourriez me dire que je ne l'aime plus.
00:29:28C'est vous que je préfère.
00:29:29Mais il n'est plus là.
00:29:31Alors comment voulez-vous que je vous croie ?
00:29:33C'était là, ce soupçon.
00:29:35Cet affreux soupçon
00:29:37qui l'a fait changer de visage.
00:29:40Vous alliez me parler, Lucien.
00:29:42Moi aussi.
00:29:44Et soudain, vous n'avez rien dit.
00:29:47Heureusement que vous avez eu ce soupçon.
00:29:50Moi, je n'ai pas peur.
00:29:52Je n'ai rien à me reprocher.
00:29:54Mais vous,
00:29:55que me vouliez-vous donc ?
00:29:57Que vous n'ayez eu aucun amant, madame.
00:29:59Je voudrais que vous n'ayez jamais
00:30:00aimé personne.
00:30:02Que vous m'ayez attendue.
00:30:04Je n'ai qu'une chose à me reprocher.
00:30:06C'est de m'être jetée à votre tête.
00:30:08Cela, oui, je l'ai fait.
00:30:11Et je ne comprends pas.
00:30:13Je ne vous aimais pas avant ce bal.
00:30:15Je ne pensais à vous
00:30:17que pour me désennuyer.
00:30:19Et là, tout à coup...
00:30:20Je vous plais.
00:30:22Eh bien, nous allons faire un pacte.
00:30:24Je vous aimerai,
00:30:26mais j'aurai le droit de vous mépriser.
00:30:28Alors, vous vous en apercevez.
00:30:30Mais moi, je vous dirai...
00:30:32Tant pis, ma belle.
00:30:34Je n'ai jamais aimé personne
00:30:36avant moi.
00:30:38Il a osé me dire
00:30:40qu'il avait des soupçons sur ma conduite.
00:30:42Et moi, au lieu de le chasser,
00:30:44j'ai cherché à me justifier.
00:30:46Et je me suis abaissée
00:30:48à lui demander ce qu'il voulait dire par là.
00:30:50Et je me suis donnée en spectacle
00:30:52devant tout le monde.
00:30:54Eh bien, ayez des soupçons tant que vous le voulez
00:30:56et méprisez-moi.
00:30:58Cela est bien naturel.
00:31:00Pour moi, Lucien,
00:31:02c'est moi qui te reprocherai de ne pas en avoir.
00:31:04Je ne suis pas colonel, moi.
00:31:08Je n'ai donc davantage auprès de cet être angélique
00:31:10que de faire exception à la règle
00:31:12qui l'apporte à aimer des officiers supérieurs.
00:31:15Quelle vulgarité chez un être si noble.
00:31:19Mais moi,
00:31:21sauf je suis,
00:31:23ai-je bien le talent qu'il faut
00:31:25pour séduire une femme vraiment vertueuse ?
00:31:27Je n'ai aucun talent pour cette guerre
00:31:28au lieu de jouir tout simplement
00:31:30du bonheur qu'on me propose.
00:31:32Voilà que je me torture.
00:31:34Je gagne 100 000 francs à la loterie
00:31:36et je suis au désespoir
00:31:38de ne pas avoir gagné un million.
00:31:40Eh oui, c'est le million que j'aurais voulu.
00:31:42Allez-vous-en, Lucien.
00:31:44Mes regards sans prudence devant tout le monde
00:31:46vont mériter d'être orangés par vous
00:31:48parmi les femmes qui se jettent
00:31:50à la tête du premier venu.
00:31:52Ah, je veux rester seule avec ma honte.
00:31:54Mais je ne peux pas aller vous dire tout ça.
00:31:56Mais vous savez bien que c'est impossible.
00:31:58C'est le premier mouvement de passion désordonné
00:32:00que j'ai eu dans ma vie.
00:32:02J'ai oublié auprès de ce jeune homme
00:32:04toutes les lois de la pudeur
00:32:06et cette retenue sans laquelle les femmes
00:32:08ne peuvent aspirer au respect du monde
00:32:10et à leur propre estime.
00:32:12Je ne vous verrai plus jamais.
00:32:14Je veux me retirer dans un couvent.
00:32:17Idiot que je suis.
00:32:19Cette femme n'est qu'une coquette de théâtre
00:32:21comme les autres.
00:32:23Mais qu'elle est belle.
00:32:29Et puis que le diable l'emporte.
00:32:31Elle est sa rue.
00:32:37Eh bien, madame,
00:32:39toute belle que vous êtes,
00:32:41vous ne me verrez plus jamais sous vos fenêtres.
00:32:43Je le jure.
00:32:45Plus jamais.
00:32:47Plus jamais.
00:32:49Plus jamais.
00:32:51Plus jamais.
00:32:53Evidemment, je pourrais quitter Nancy.
00:32:55Mais je ne le peux pas, madame.
00:32:56Je suis officier.
00:32:58Figurez-vous.
00:33:02Halte là.
00:33:06Qui bute?
00:33:0827e lancier.
00:33:10Avance à l'ordre.
00:33:12Trois pas.
00:33:17Laissez passer.
00:33:19Eh bien, monsieur,
00:33:21le lieutenant Deleuven ayant assez dansé
00:33:23daigne enfin rejoindre le comité.
00:33:24Le lieutenant Deleuven ayant assez dansé
00:33:26daigne enfin rejoindre ses humbles camarades.
00:33:28Bravo.
00:33:30Et je m'en vais même leur offrir à boire.
00:33:32Mille merci. Mais une autre fois, mon cher.
00:33:34Nous n'avons plus le temps.
00:33:36Comment cela?
00:33:38Le régime en parallèle.
00:33:40Qu'est-ce que vous dites?
00:33:42Rassemblement immédiat. Nous relevons les postes de gais.
00:33:44Mais que se passe-t-il? C'est la guerre?
00:33:46Oui, presque. Nous quittons Nancy à la demande du sous-préfet
00:33:48pour une ville où les ouvriers d'une fabrique
00:33:50se sont confédérés, comme ils disent.
00:33:52Nous allons mater tout cela.
00:33:54Tout ce qu'on peut.
00:33:56Vous aviez raison.
00:34:04Tout comme tous parents.
00:34:06Tout comme tous parents.
00:34:08Quels métiers on nous fait faire?
00:34:10Tout comme tous parents.
00:34:12On dirait sur des pauvres bons qui créent de faim.
00:34:14S'ils créent de faim, ils n'ont qu'à se faire soldats.
00:34:16Tout comme tous parents.
00:34:18Tout.
00:34:20Il s'agit de donner à ces ouvriers une leçon qui compte.
00:34:22Et pas de pitié surtout pour ces bourreux-là.
00:34:24Et j'ajoute qu'il y aura des croix et des galons à gagner.
00:34:29Platon, gare en avant!
00:34:48Voilà un cheval que je ne vendrai pas, M. Leven.
00:34:51Il ne m'a pas encore mis à terre.
00:34:53Et c'est un cheval qui pense bien, M. le Préfet.
00:35:04Silence!
00:35:12En avant!
00:35:23En avant!
00:35:53En avant!
00:36:15Voyons, cher ami!
00:36:18Serais-je amoureux de Mme d'aucun coup?
00:36:22Enfin!
00:36:24Et mon ami, je salue ceux qui vont peut-être se faire tuer pour vous et pour moi.
00:36:29Ce n'est pas dans le cocatre et dans les déserts de Tartary qu'on trouve les barbares qui menacent la société moderne.
00:36:34C'est dans les faubourgs même de nos villes manufacturières.
00:36:37Le peuple, mon cher préfet, quand il se voit en masse, est fort assolant, mais...
00:36:42Le peuple, mon cher préfet, quand il se voit en masse, est fort assolant, mais...
00:37:02On est peut-être derrière les persiennes.
00:37:05Vous êtes trop bons.
00:37:08Je voudrais bien savoir qui toutes ces belles dames haïssent le plus.
00:37:11Nous ou les ouvriers?
00:38:07C'est bon, c'est bon.
00:38:37C'est bon, c'est bon.
00:39:07C'est bon, c'est bon.
00:39:27Figurez-vous, Monsieur le Premier.
00:39:29Aucune importance, Monsieur le Maire. Le vingt-septième lancier est ici.
00:39:32L'ordre dont nous avons la charge sera maintenu.
00:39:35Et rétabli, s'il le faut.
00:39:37J'en ai les moyens et je les emploierai.
00:39:41Amenez les prisonniers, s'il vous plaît.
00:39:43Ils seront escortés jusqu'à la prison de Nancy.
00:39:46Bien, mademoiselle, bien.
00:39:48Repoussez-moi ces gens-là.
00:39:56Faites sortir les prisonniers.
00:39:58Allez, dans la charrette.
00:40:00Et dépêchez-vous.
00:40:05Vive la République.
00:40:08C'est nous, la prison publique.
00:40:11Courage, Bertrand.
00:40:13Pour la République.
00:40:15À bas, l'armée.
00:40:18On s'occupe pas de vous, garçon.
00:40:20Gendarmerie, soldats, c'est toujours pareil.
00:40:22Ça durera pas toujours, brut.
00:40:24Courage. Adieu, les amis.
00:40:26Vive la République.
00:40:28Vive la République.
00:40:30Vive la République.
00:40:32Vive la République.
00:40:34Vive la République.
00:40:36Vive la République.
00:40:43Soldats, voilà le métier que vous faites faire.
00:40:47On vous prend pour des gendarmes.
00:40:49Vous n'avez pas honte ?
00:40:53Un sou de plus par jour.
00:40:55Un sou de plus. On voulait qu'un sou.
00:40:57Fallait bien qu'on s'unisse pour la paix.
00:40:59Mais ils veulent pas qu'on s'unisse.
00:41:01Parfois, mon lieutenant, j'aimerais mieux faire la guerre.
00:41:04Moi aussi. Je le sais bien, mon lieutenant.
00:41:06Vive la République.
00:41:08Vive la République.
00:41:10Vive la République.
00:41:12Une collection de baïonnettes ne peut pas plus arrêter une opinion
00:41:15qu'une collection de louis ne peut arrêter la goutte.
00:41:19Vous mangez tous les jours, vous.
00:41:22Vive la République.
00:41:24Mais qu'est-ce que vous attendez, fautre ?
00:41:26En avant.
00:41:28Allez, fautre. En avant.
00:41:30Mon lieu est chargé. En avant.
00:41:39C'est une émeute.
00:41:41Nous allons pouvoir appliquer quelques coups de sabre à ces gredins.
00:41:58En avant.
00:42:28En avant.
00:42:58Non, non.
00:43:00Attendez-moi là.
00:43:16Non, non. Je ne peux pas, monsieur le marquis.
00:43:18Ça, je ne le peux pas.
00:43:20Comment, madame Cunier ?
00:43:22Voyons, vous êtes trop bonne chrétienne,
00:43:24trop bonne royaliste,
00:43:26pour avoir une idée juste de ce que vous devez
00:43:28à l'autorité du roi et de ses connaissances dont je suis.
00:43:31Mais ce que vous me demandez de vous livrer là,
00:43:33c'est la correspondance officielle, monsieur le marquis.
00:43:36Enfin, je risque ma place, moi.
00:43:38Et avez-vous pensé à ce que deviendrait cette place la vôtre,
00:43:40madame Cunier, quand le vrai roi remontera sur le trône ?
00:43:43Non, non, non.
00:43:45Je dois être prudente, monsieur le marquis.
00:43:47Il entre dans mon pénible devoir de vous dire
00:43:49qu'il sera tenu à un registre précis et fidèle
00:43:52de tous les services rendus.
00:43:56Madame la directrice des postes !
00:43:58Écoutez, monsieur le marquis, je ne peux pas vous livrer
00:44:01les lettres du maire ou du sous-préfet
00:44:03ou du lieutenant de gendarmerie,
00:44:05mais je peux vous les montrer, si vous voulez.
00:44:07Tenez celle de l'abbé Dijonval aussi.
00:44:08Je vous remercie de votre compréhension, madame Cunier.
00:44:10Et si je vous demande ces services, comprenez, vous aussi,
00:44:13les élections vont avoir lieu.
00:44:15C'est un événement décisif.
00:44:17Oh, je sais, je sais.
00:44:18Et mes fonctions me font un devoir de surveiller
00:44:20certaines correspondances, même de mes intimes.
00:44:23À ce propos, avez-vous quelque chose pour moi aujourd'hui ?
00:44:25Non, rien pour mademoiselle Votrefiche,
00:44:27mais elle m'a fait porter une lettre.
00:44:29Pour qui ?
00:44:30Pour cette madame de Constantin.
00:44:31Oh, c'est son meilleur ami, donnez-la moi.
00:44:33Mais vous la ferez bien parvenir, n'est-ce pas ?
00:44:35Mais oui, bien sûr.
00:44:36Mais tout à l'heure, je me ferai un plaisir
00:44:38de vous adresser mon remerciement.
00:44:44Mais enfin, qui a tiré, qui a tiré ?
00:44:47Ah, monsieur le marquis, dites-moi, vous avez des nouvelles ?
00:44:49Non, lesquelles ?
00:44:50De Darnay, cette révolte des ouvriers.
00:44:53Ah, mon Dieu.
00:44:56Un courrier, un courrier est arrivé dans la nuit.
00:44:58Il semble que c'est une véritable émeute.
00:45:00Ils ont laissé un remont à tirer.
00:45:03À quelle distance est-ce que ça se trouve exactement d'ici, Darnay ?
00:45:06C'est où il y eut à peine.
00:45:08Alors, mes amis, nous savons de quel côté tourner la tête de nos chevaux
00:45:11s'ils marchent sur nous.
00:45:12Le Rhin n'est pas loin.
00:45:13Oh, monsieur le marquis.
00:45:14Si nous ne filons pas, la République nous coupera le cou.
00:45:17Oui, mon cher.
00:45:18Monsieur le commissaire de roi, nous n'en sommes pas là.
00:45:20Il y a tout de même un régiment à Darnay.
00:45:21Et même du canon.
00:45:22Oh, vous savez, mes amis, cette armée-là,
00:45:24que ces bouffres servent au moins à nous protéger un peu.
00:45:27C'est nous qui les payons, après tout.
00:45:28Mais oui.
00:45:29Moi, si vous voulez mon avis,
00:45:30un bon petit mouvement de révolte un peu provoqué,
00:45:33ce n'est pas mauvais.
00:45:34C'est même excellent.
00:45:36Intelligemment réprimé,
00:45:38cela peut faire plus de bien qu'on ne pense, finalement.
00:45:47Ça alors.
00:45:48Il exagère.
00:45:49C'est un peu fort.
00:45:52On ne peut pas partir sans savoir.
00:45:54C'est très inquiétant, tout de même.
00:46:22C'est bon.
00:46:53Vous n'avez pas votre bon visage, mon père.
00:46:56Vous souffrez ?
00:46:57Non, non, je ne souffre pas.
00:46:59J'ai appris de très mauvaises nouvelles
00:47:01de ce qui s'est passé à Darnay.
00:47:03Comment cela ?
00:47:04Que s'est-il passé ?
00:47:05Les nouvelles sont encore incomplètes,
00:47:07mais il faut tout prévoir, Bathilde.
00:47:09Mais que sais-t-on, au juste ?
00:47:10Je veux savoir.
00:47:12Je n'ai qu'une chose à vous dire.
00:47:14Je n'ai rien à vous dire.
00:47:16Je n'ai rien à vous dire.
00:47:18Je n'ai rien à vous dire.
00:47:20Je n'ai qu'une chose à vous dire.
00:47:22Tenez-vous prête à partir s'il le fallait.
00:47:24C'est une émeute ?
00:47:25C'est une émeute.
00:47:26Les ouvriers sont armés.
00:47:28Il y a eu des coups de feu.
00:47:29Et déjà un officier a été tué.
00:47:31Un officier ?
00:47:36Qui ?
00:47:37Je ne sais pas, moi. Un officier.
00:47:41Vous ne savez pas son nom ?
00:47:43Non.
00:47:45Pourquoi ?
00:47:50Pourquoi ?
00:48:00Beaulieu !
00:48:01Beaulieu !
00:48:21Saint-Jean !
00:48:29Monsieur.
00:48:31Saint-Jean, vous porterez tout à l'heure à la directrice de la Poste
00:48:34un panier de vin du Rhin.
00:48:36Bien, Monsieur Martin.
00:48:41De la seconde qualité.
00:48:44De la seconde qualité.
00:48:48Le régiment est rentré depuis deux heures.
00:48:51Ce n'est pas la peine d'attendre, il ne viendra plus.
00:48:59Il aurait pu nous faire prévenir.
00:49:02Ne soyez pas durs pour les jeunes gens.
00:49:07Vous avez quatre filles à marier.
00:49:09On le sait.
00:49:10Quoi ?
00:49:12Enfin !
00:49:14Voilà notre brillant cavalier.
00:49:27Il n'est pas là.
00:49:28Veux-tu te taire ?
00:49:30Elle est insupportable.
00:49:33Excusez-moi d'arriver à cette heure, mais...
00:49:35Je ne peux pas.
00:49:36Je ne peux pas.
00:49:37Je ne peux pas.
00:49:38Je ne peux pas.
00:49:39Je ne peux pas.
00:49:40Je ne peux pas.
00:49:41Je ne peux pas.
00:49:42Il est très tard, mais...
00:49:43Monsieur Levin dîne chez vous le mardi.
00:49:47C'était simplement pour avoir des nouvelles
00:49:49au sujet de cette affaire de Darnais.
00:49:51Ma foi, je ne sais rien.
00:49:52Sauf que le régiment est rentré.
00:49:54Et que le lieutenant Levin ne s'est pas montré
00:49:56à six heures au souper.
00:49:57On dit qu'il y a eu des coups de feu.
00:50:00Personne n'a tué ?
00:50:01On dit que si.
00:50:04Allons, allons.
00:50:06Il y a peut-être un tué là-bas
00:50:08et sûrement...
00:50:09Mais, ne faisons pas de rapprochement trop rapide.
00:50:12Mais personne n'y pense.
00:50:13Oh, d'abord, ce serait trop triste.
00:50:15Oh.
00:50:16Il y a une chose bien simple à faire.
00:50:17Théodal, va dire en scène qu'il aille se renseigner chez M. Leven.
00:50:23Le docteur du poirier m'a dit que vous étiez souffrante.
00:50:28Un peu.
00:50:29Oh, mais je vais mieux.
00:50:30Non, non, je me porte fort bien, au contraire.
00:50:36Qui a dit que j'étais mort?
00:50:37Mais Mme de Chasteleur.
00:50:38Ah, elle est ici.
00:50:39Elle vous pleurait déjà.
00:50:40Je vous adore, Théodal.
00:50:41Oh, mon Dieu, non.
00:50:42Elle est là.
00:50:43Voilà le mort.
00:50:44Toutes mes excuses, madame, mais ce qui m'a retardé, c'est que je viens de recevoir
00:50:57de ma mère, qui me l'a fait venir d'Angleterre, une superbe et très grande calèche.
00:51:01Dites-moi, mon bon Lucien, qu'est-ce que c'est que cette histoire de coup de feu?
00:51:05Est-ce vrai qu'un officier de chez vous a été tué?
00:51:08Non, personne.
00:51:09Si vous voulez mon idée, c'est le préfet qui a fait tirer, mais personne n'a été
00:51:14tué, ni chez nous, ni chez les autres.
00:51:16Dans cette affaire, heureusement, personne ne s'est couvert de gloire, ni le régiment,
00:51:21ni les ouvriers.
00:51:22Et le préfet n'aura pas sa croix.
00:51:25Tenez, vous mangerez nos restes.
00:51:28Oh, madame, excusez-moi, je ne vous avais pas vue.
00:51:33Vous allez mieux?
00:51:35Pourquoi?
00:51:37On m'avait dit que vous étiez souffrante.
00:51:40Elle va mieux.
00:51:41Elle va mieux.
00:51:42Tu vas enfin te taire, Lucie.
00:51:45Eh bien, pour me faire pardonner, je vous emmène tous au chasseur vert.
00:51:49Pourquoi au chasseur vert?
00:51:51Parce que c'est un grand jour.
00:51:53Non, non, excusez-moi.
00:51:55Vous n'allez pas nous quitter.
00:51:57Mais c'est impossible.
00:51:58D'ailleurs, si vous n'êtes pas des nôtres, je ne peux emmener cette moiselle.
00:52:02Il n'y a que six places dans ma voiture.
00:52:04Et voyez, nous sommes huit.
00:52:06Non.
00:52:07Vous priveriez cette moiselle de cette partie de plaisir?
00:52:13Il faut que vous preniez deux personnes.
00:52:21Devinette!
00:52:22Devinette!
00:52:23Devinette!
00:52:24Devinette, qui je viens de rencontrer dans les bois?
00:52:27M. Levin et Mme de Chastelaire.
00:52:30Oh, et bien, bravo.
00:52:31Rien d'étonnant.
00:52:32Ils sont venus avec nous.
00:52:35Ah, pardon, c'est tout différent.
00:52:37Mais voilà une chose dont le journal républicain pourrait fort bien s'emparer.
00:52:41Évidemment, si vous le leur racontez.
00:52:46Écoutez, cher ami, et vous, chère madame,
00:52:49il y a des choses que je n'arrive pas à comprendre.
00:52:52Voilà un garçon qui est riche, c'est entendu,
00:52:55mais qui sert le régime que vous savez,
00:52:58et qui, de plus, n'est pas né.
00:53:00Et vous, qui êtes de la meilleure noblesse, vous le recevez.
00:53:04Expliquez-moi.
00:53:07Il est amusant.
00:53:09Mais enfin, vous, chère madame,
00:53:11de quoi pouvez-vous bien parler avec lui?
00:53:15Tartillerie.
00:53:34Tartillerie.
00:54:01Écoutez.
00:54:04Ne détournez pas la conversation.
00:54:12Mais enfin, que me reprochez-vous au juste?
00:54:15J'ai été profondément peinée de vous entendre dire chez des gens
00:54:18des choses que je sais absolument l'opposé de celles que vous pensez.
00:54:23Mais comment savez-vous ce que je pense?
00:54:25Parce que vous me le dites.
00:54:28Et à vous, je dis la vérité.
00:54:30Pourquoi?
00:54:32Parce que me mentir à moi serait absurde.
00:54:34Absurde et méchant.
00:54:37Et je ne crois pas que vous soyez méchant.
00:54:39Moi non plus.
00:54:42Du reste, vous ne savez pas tout ce que je pense.
00:54:44Sur certaines choses qui sont pour moi très importantes, si.
00:54:47Vous n'aimez pas les royalistes, les vrais, les légitimistes.
00:54:52Et vous, vous l'êtes profondément?
00:54:55De toute mon âme.
00:54:58Et vous, vous avez des idées républicaines.
00:55:04C'est vrai, n'est-ce pas?
00:55:08Et vous, vous détestez la république?
00:55:11Ne me le demandez même pas, je la hais.
00:55:14Vous pouvez aimer cela, vous.
00:55:18L'aimer, je ne sais pas.
00:55:21La respecter, oui.
00:55:24Et pourtant, quand je vous vois dans cette colère,
00:55:26je ne voudrais pas que vous soyez différente.
00:55:30Allez m'expliquer cette folie.
00:55:33Je ne vous reproche pas vos idées, monsieur.
00:55:36Expliquez cela.
00:55:39Ce que je vous reproche, c'est de mentir.
00:55:42D'être un peu faux.
00:55:45Et dans ce cas, les personnes qui s'intéressent à vous,
00:55:48c'est vous.
00:55:50J'étais jeté au milieu de la mer.
00:55:52Je nage pour ne pas me noyer.
00:55:54Et vous me dites, il me semble, monsieur,
00:55:56que vous remuez les bras.
00:55:58Voulez-vous que demain je dise à vos amis tout ce que je pense?
00:56:01A tout le monde?
00:56:03Au Doquincourt?
00:56:05Au Serpierre?
00:56:07A Dupoirier?
00:56:09Au préfet?
00:56:11Au colonel Malher?
00:56:13Tous, pour moi, sont des coquins.
00:56:15Plus méprisables les uns que les autres.
00:56:17Préférant le bonheur de 200 000 privilégiés
00:56:20à celui de 32 millions de Français.
00:56:24Voulez-vous cela?
00:56:26Et en moins de huit jours, toutes les portes se fermont devant moi.
00:56:30Et je ne pourrai plus vous voir.
00:56:33Jamais.
00:56:35Non, non.
00:56:38Je ne veux pas cela.
00:56:43Vous vous voyez bien?
00:56:47Mais j'ai peur.
00:56:50Ou plutôt, vous me faites peur.
00:56:53Si vous mentez si bien aux hommes,
00:56:55vous mentez aussi aux femmes.
00:56:57Mieux, peut-être?
00:57:00A vous seule, madame, je ne mens pas.
00:57:03Je dis tout ce que je pense.
00:57:05Surtout,
00:57:07même sur la politique, où nous sommes si ennemis.
00:57:11Mais dites-moi,
00:57:13lesquelles vous semblent avoir raison?
00:57:15De tous ceux dont je ne combat pas les idées?
00:57:18Ou de tous ceux dont vous connaissez les véritables pensées?
00:57:20Hélas, tous les deux.
00:57:23Et c'est là que vous me faites peur.
00:57:25Car vous me changez,
00:57:27peut-être en mal.
00:57:30Quand je suis seule, maintenant,
00:57:32je me surprends à penser
00:57:34que l'on m'a enseigné de singuliers mensonges
00:57:36au couvent du Sacré-Cœur.
00:57:38Un jour, quand je me disputais avec mon mari,
00:57:40il m'a dit la même chose.
00:57:43Mais aussi tôt après, il a paru s'en repentir.
00:57:45C'est qu'il venait de blesser son intérêt de mari.
00:57:47Il vaut mieux qu'une femme ennuie son mari faute d'esprit
00:57:49et qu'elle soit fidèle à ses devoirs.
00:57:53Là comme ailleurs, la religion est le plus ferme appui du pouvoir despotique.
00:57:58Moi, je ne crains pas de blesser mes intérêts d'amant.
00:58:05Vous êtes un homme étrange.
00:58:08Je pourrais vous dire oui.
00:58:10Ce serait plus poli.
00:58:13Mais à la vérité, je ne sais pas qui je suis.
00:58:16Et je voudrais bien le savoir.
00:58:20Je n'ai commencé à vivre que le jour
00:58:22où mon cheval est tombé sous des persiennes vertes.
00:58:26Cela pourra peut-être paraître ridicule à vos yeux.
00:58:30Mais les moments les plus doux de ma vie
00:58:32sont ceux que je passe sous vos fenêtres.
00:58:36Vous pouvez rire.
00:58:39Pour moi, ces horribles persiennes sont les plus jolies du monde.
00:58:43Parce que vous êtes derrière.
00:58:47Quand le ciel est gris, je me dis
00:58:50c'est qu'elle est triste.
00:58:53Quand je vois une maison très laide,
00:58:56je me dis
00:58:58si Baptiste n'habitait là,
00:59:01comme cette maison me plairait.
00:59:04C'est joli, ce que vous venez de dire.
00:59:08Non, ce n'est pas joli.
00:59:10C'est l'amour.
00:59:13Et pourtant, je ne voulais pas être amoureux.
00:59:16Je vous l'ai dit, pas avant 30 ans.
00:59:20Vous calculez beaucoup, monsieur.
00:59:23Je suis polytechnicien.
00:59:25C'est vrai que vous n'avez pas 30 ans.
00:59:27Loin de là.
00:59:29Eh bien voilà, erreur de calcul.
00:59:31Je n'y peux rien.
00:59:34Si je pouvais vous croire.
00:59:36Mais vous me croyez.
00:59:40Je vous crois.
00:59:43Mais l'amour, monsieur Levenne.
00:59:45On peut y résister.
00:59:47Cela vous est arrivé ?
00:59:49Je n'en ai jamais eu l'occasion.
00:59:51Même maintenant ?
01:00:02Quel sentiment avez-vous pour moi ?
01:00:06Quand mon père m'a dit qu'un lieutenant avait été tué,
01:00:09j'ai eu peur que ce soit vous.
01:00:12Mais ce n'est pas l'amour, cela.
01:00:14Mais si.
01:00:16Non.
01:00:18Dites plutôt que vous ne voulez pas que cela en soit.
01:00:20Non, je ne le veux pas.
01:00:22Alors cela en est.
01:00:36C'est bon, madame.
01:00:38Nous allons rentrer.
01:00:41Je ne serai plus qu'un petit sous-lieutenant
01:00:43qui a eu la maladresse
01:00:45ou le malheur de ne pas mourir.
01:00:48Au moins, on l'aurait pleuré.
01:00:50Ce sera pour une autre fois.
01:00:53Et en attendant, vous me fermerez votre porte.
01:00:56Vous serez sévère et méchante.
01:01:01Vous n'aurez pas beaucoup à faire pour me rendre malheureux.
01:01:11Je vous en prie, songez où nous sommes.
01:01:13Non, prenez garde.
01:01:15Si on venait, non.
01:01:17Oh non, non, prenez garde.
01:01:19Je vous en prie.
01:01:21Leven !
01:01:31Leven !
01:01:41Où êtes-vous ?
01:01:43Ici.
01:01:47Permettez-moi de venir demain chez vous.
01:01:49Vous êtes fou.
01:01:51Demain.
01:01:53Je vous le demande.
01:01:55Ah, vous voilà.
01:01:57Bien, bien.
01:01:59Venez demain.
01:02:02On vous cherchait partout.
01:02:07Il fait très beau.
01:02:09On a décidé de rester encore un peu.
01:02:11En êtes-vous d'accord ?
01:02:13Oui, volontiers, oui.
01:02:15Bien, c'est frais.
01:02:17Ne croiriez-vous ?
01:02:19La fraîcheur du soir fait un peu mal.
01:02:21Alors, on vous attendait pour prendre un bol de ponche.
01:02:23Qu'en dites-vous ?
01:02:25Mais c'est une très bonne idée.
01:02:27D'ailleurs, vous n'avez que de très bonnes idées.
01:02:29Pourquoi avoir une idée si elle n'est pas bonne ?
01:02:39Même pour la calaille,
01:02:41le partage ne doit pas s'être égal.
01:02:43Nos familles nobles sont les seules en France
01:02:45à avoir des sentiments généreux
01:02:47et des idées élevées.
01:02:49Elles vivent à la campagne
01:02:51et font beaucoup d'enfants.
01:02:53Nous devons nous rendre en fortune
01:02:55partagées, divisées en celle-là
01:02:57par ce partage de tous ces enfants.
01:02:59Ce qu'il faut,
01:03:01c'est commencer par établir
01:03:03jamais l'un des deux.
01:03:05C'est ce qu'il faut.
01:03:08Jamais l'un des deux.
01:03:34Je sais qu'elle a encore passé la soirée d'hier
01:03:37dans cet espèce de café à l'allemande
01:03:39le Chasseur Vert, je crois.
01:03:41Elle y était avec la famille de Serpierre,
01:03:43si mes renseignements sont exacts.
01:03:45Très exacts, mais incomplets.
01:03:47Elle y était aussi avec ce petit sous-lieutenant Leven,
01:03:49dont on nous rebat les oreilles.
01:03:51Et c'est cela que je ne veux pas, docteur.
01:03:53Monsieur le Marquis, je crois connaître
01:03:55le lieutenant Leven.
01:03:57Vous ne le connaissez que trop.
01:03:59Moi, je ne veux pas le connaître du tout.
01:04:01Je n'ai pas refusé pour ma fille,
01:04:03depuis deux ans, tous les partis les plus nobles,
01:04:05les plus avantageux de province,
01:04:07parce que je mise encore plus haut pour elle,
01:04:09pour l'avoir samourachée
01:04:11d'un petit sous-lieutenant,
01:04:13primo,
01:04:15roturier de basse naissance
01:04:17et secondo républicain.
01:04:19Oh, samourachée.
01:04:21Ah, vous avez raison,
01:04:23parce que la chose est plus sérieuse que ça.
01:04:25Le mot est faible, et j'ai les preuves, là,
01:04:27de ce que je dis.
01:04:29Et qui pouvons-nous, monsieur le Marquis?
01:04:31Ah, pardon, vous êtes le responsable, je vous le rappelle.
01:04:34C'est vous qui avez introduit ce personnage
01:04:36dans notre société,
01:04:38et je vous demande maintenant de l'en faire sortir.
01:04:40Ah, je ne vois pas.
01:04:42C'est difficile.
01:04:44Il s'est fait trop d'amitié.
01:04:46Mon cher, parlons net.
01:04:51Je sais que vous avez des ambitions politiques.
01:04:53Monsieur le Marquis,
01:04:55le poste que j'ai l'honneur
01:04:57d'occuper auprès de vous...
01:04:59N'est qu'un marche-pied, mon cher,
01:05:01un simple marche-pied pour accéder aux carrosses.
01:05:04Je peux vous y faire monter, moi,
01:05:06dans le carrosse, si je le veux,
01:05:08mais seulement si je le veux.
01:05:10Madame, votre fille, n'est pas bien portante,
01:05:12vous le savez.
01:05:14Bon, si, par exemple, j'ordonnais,
01:05:16pour commencer, un séjour aux eaux d'Aix
01:05:18ou de Baden...
01:05:20Non!
01:05:22Vous faites erreur.
01:05:24Ma fille ne doit pas me quitter.
01:05:26C'est ce garçon qui doit partir.
01:05:30Je serai.
01:05:32Je vais essayer, mais de réussir.
01:05:36Et je sais reconnaître les services rendus.
01:05:42Un médecin des armes.
01:05:44Je vais penser de près à la chose,
01:05:46Monsieur le Marquis.
01:06:02Oh!
01:06:24Docteur!
01:06:26Tiens, Mlle Bérard.
01:06:29Allons par là, c'est préférable.
01:06:37Je sors de chez Mme de Chastelaire.
01:06:39Vous? Pas possible.
01:06:41Elle m'a fait appeler.
01:06:43Mais je croyais que sa porte vous était fermée.
01:06:45Vous vous rappelez, docteur?
01:06:47L'année dernière, vous m'aviez présentée comme l'actrice.
01:06:49Oui, elle vous avait refusée.
01:06:51Et aujourd'hui, c'est elle qui me fait demander,
01:06:53en toute hâte, pour être sa dame de compagnie.
01:06:56C'est intéressant, cela.
01:06:58Intéressant? Vous trouvez, vous?
01:07:00Une femme qui m'a fait un affront.
01:07:02Ça compte, ça, docteur.
01:07:04Il faut examiner cela, mademoiselle.
01:07:06Examiner? Je n'en ai pas le temps.
01:07:08Elle me demande de commencer sur l'heure.
01:07:10Sur l'heure? Et pourquoi?
01:07:12Elle ne me l'a pas dit.
01:07:14Et je n'aime pas les mystères.
01:07:16Attendez, attendez.
01:07:20Ce serait trop beau.
01:07:22Ce serait trop beau.
01:07:26La situation est étrange.
01:07:28Voyez, je crois savoir
01:07:30que madame de Chastelaire
01:07:32est très amoureuse
01:07:34ou sur le point de le devenir.
01:07:36Oui, mais alors,
01:07:38pourquoi installer dans sa maison
01:07:40une personne comme vous?
01:07:42Plutôt perspicace.
01:07:44Elle devrait, au contraire,
01:07:46rechercher l'ombre et le secret.
01:07:48En effet, c'est la coutume.
01:07:51Oui, mais alors, pourquoi vous introduire
01:07:53dans son intimité?
01:07:55Peut-être pour donner l'échange.
01:07:57À moins...
01:07:59À moins que cette femme
01:08:01n'ait peur d'elle-même,
01:08:03qu'elle ne se sente pas assez forte
01:08:05pour lui résister.
01:08:07Vous voulez dire qu'elle veut jouer
01:08:09devant ce jeune homme,
01:08:11le personnage de la femme honnête,
01:08:13en ma présence?
01:08:15Elle l'aime,
01:08:17mais elle ne veut pas céder.
01:08:20Alors, vous êtes là.
01:08:22Ha! Ha! Ha!
01:08:24Vous lui accordez bien de la vertu,
01:08:26à ce que je vois.
01:08:28Il n'y a pas une jolie femme
01:08:30dans mon cil qui ait de la vertu.
01:08:32J'ai été chez toutes.
01:08:34Vous ne connaissez pas madame de Chastelaire,
01:08:36ni moi, ni personne d'ailleurs.
01:08:38Mais c'est passionnant.
01:08:40Nous allons la connaître.
01:08:46Acceptez les fonctions
01:08:48et commencez sur l'heure.
01:08:50Je n'ai pas besoin
01:08:52de vous recommander la discrétion.
01:08:54Quand on fait une confidence à une femme
01:08:56et qu'en même temps,
01:08:58on lui réclame le secret,
01:09:00c'est comme si on donnait de l'argent
01:09:02à un pauvre avec défense de le dépenser.
01:09:04Ha! Ha! Ha!
01:09:06Mais vous n'êtes femme, mademoiselle Lérard,
01:09:08que pour vous emparer des secrets.
01:09:10N'y gaspillez pas.
01:09:12J'essaierai.
01:09:14Il ne s'agit pas d'essayer,
01:09:17c'est de réussir.
01:09:19Et je sais reconnaître
01:09:21les services rendus.
01:09:23Allez.
01:09:46Oh! Oh!
01:10:16Hay! Hay!
01:10:43Le marquis est ponlvd.
01:10:45Ah, M. le Marquis vient de sortir.
01:10:47Aucune importance, Mme de Chastelaire m'attend.
01:11:05Je suis attendu.
01:11:07Mme de Chastelaire.
01:11:15M. de Chastelaire.
01:11:17M. de Chastelaire.
01:11:19M. de Chastelaire.
01:11:21M. de Chastelaire.
01:11:23M. de Chastelaire.
01:11:25M. de Chastelaire.
01:11:27M. de Chastelaire.
01:11:29M. de Chastelaire.
01:11:31M. de Chastelaire.
01:11:33M. de Chastelaire.
01:11:35M. de Chastelaire.
01:11:37M. de Chastelaire.
01:11:39M. de Chastelaire.
01:11:41M. de Chastelaire.
01:11:43M. de Chastelaire.
01:11:45M. de Chastelaire.
01:11:47M. de Chastelaire.
01:11:49M. de Chastelaire.
01:11:51M. de Chastelaire.
01:11:53M. de Chastelaire.
01:11:55M. de Chastelaire.
01:11:57M. de Chastelaire.
01:11:59M. de Chastelaire.
01:12:01M. de Chastelaire.
01:12:03M. de Chastelaire.
01:12:05M. de Chastelaire.
01:12:07M. de Chastelaire.
01:12:09M. de Chastelaire.
01:12:11M. de Chastelaire.
01:12:13M. de Chastelaire.
01:12:15M. de Chastelaire.
01:12:17M. de Chastelaire.
01:12:19M. de Chastelaire.
01:12:21M. de Chastelaire.
01:12:23M. de Chastelaire.
01:12:25M. de Chastelaire.
01:12:27M. de Chastelaire.
01:12:29M. de Chastelaire.
01:12:31M. de Chastelaire.
01:12:33M. de Chastelaire.
01:12:35M. de Chastelaire.
01:12:37M. de Chastelaire.
01:12:39M. de Chastelaire.
01:12:41M. de Chastelaire.
01:12:43M. de Chastelaire.
01:12:45M. de Chastelaire.
01:12:47M. de Chastelaire.
01:12:49M. de Chastelaire.
01:12:51M. de Chastelaire.
01:12:53M. de Chastelaire.
01:12:55M. de Chastelaire.
01:12:57M. de Chastelaire.
01:12:59M. de Chastelaire.
01:13:01M. de Chastelaire.
01:13:03M. de Chastelaire.
01:13:05M. de Chastelaire.
01:13:07M. de Chastelaire.
01:13:09M. de Chastelaire.
01:13:11M. de Chastelaire.
01:13:13M. de Chastelaire.
01:13:15M. de Chastelaire.
01:13:17M. de Chastelaire.
01:13:19M. de Chastelaire.
01:13:21M. de Chastelaire.
01:13:23M. de Chastelaire.
01:13:25M. de Chastelaire.
01:13:27M. de Chastelaire.
01:13:29M. de Chastelaire.
01:13:31M. de Chastelaire.
01:13:33M. de Chastelaire.
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01:14:59Certaines gens préfèrent
01:15:01debuts courts à Morgan.
01:15:03Ce n'est pas du tout mon sentiment.
01:15:05Oh, ni le mien.
01:15:11Au reste...
01:15:13la gravure italienne...
01:15:17en général...
01:15:19est bien supérieure
01:15:21à la gravure française.
01:15:25Vous aimez les chevaux ?
01:15:29Je serais bien heureux, madame, si je puisse parvenir à être un bon officier de cavalerie,
01:15:36car le ciel, à ce qu'il paraît, ne m'a pas destiné à être un orateur éloquent.
01:15:42À la chambre des députés,
01:15:45je ne saurais plaider, à la chambre,
01:15:49les causes dont je serais le plus profondément pénétré,
01:15:52et loin de la tribune,
01:15:54je serais tourmenté par la vivacité des sentiments qui enflammeraient mon âme,
01:15:58mais en ouvrant la bouche, devant ce juge suprême et sévère,
01:16:03auquel je tremblerais de déplaire,
01:16:05je ne pourrais que lui dire, à ce juge,
01:16:08dont j'attendrai tout,
01:16:10voyez mon trouble,
01:16:12vous remplissez tellement mon cœur,
01:16:14qu'il ne lui reste même pas la force de se montrer lui-même à vos yeux tel qu'il est.
01:16:18Avez-vous, en effet, monsieur,
01:16:20quelque espérance de vous faire élire à la chambre des députés ?
01:16:29Mon père me laisse toute liberté, madame.
01:16:32Il me semble, monsieur,
01:16:35que vous êtes bien jeune.
01:16:40C'est vrai, madame, vous avez raison de me le rappeler.
01:16:47Avez-vous reçu des nouvelles intéressantes de Paris ?
01:16:50Assez peu.
01:16:53Il est vrai que moi, je ne suis pas du tout d'accord avec vous,
01:16:57il est vrai que moi-même, je n'écris guère,
01:17:00je suis assez pris par mon service.
01:17:04Évidemment, évidemment.
01:17:09Et c'est même à ce point, madame,
01:17:11que je dois vous demander la permission de me retirer déjà.
01:17:15Déjà ? Vraiment ?
01:17:21J'en suis désolé,
01:17:23et vous remercie d'avoir bien voulu me recevoir.
01:17:31J'attendais tant de ce rendez-vous.
01:17:41Au revoir, donc, monsieur Levenne.
01:17:54Quelle ridicule que ce rendez-vous avec une femme qu'on aime !
01:17:59Je suis guéri !
01:18:02Non seulement je croyais l'aimer,
01:18:04mais je croyais bien voir qu'elle avait un commencement d'affection pour moi.
01:18:09Je me serais trompé ?
01:18:12Je me serais trompé ?
01:18:15Je me serais trompé ?
01:18:18Je me serais trompé ?
01:18:21Je me serais trompé ?
01:18:28Comme j'avais tort de mépriser mes petites danseuses de l'opéra.
01:18:32Leur pauvre petit rendez-vous me faisait penser à ce que serait un tel bonheur
01:18:37avec une femme qu'on aimerait d'amour.
01:18:40Eh bien, et si c'était moi qui n'avais point d'amour ?
01:18:43Peut-être que mon cœur n'est pas fait pour l'amour.
01:18:47Ça m'apprendra à aimer une femme ultra.
01:18:51Avec des idées égoïstes,
01:18:53et à cheval sur les féroces privilèges de sa caste,
01:18:55et abominablement dévote avec ça.
01:18:58Car il faut être dévote pour déterrer cette exécrate dame de compagnie
01:19:02avec cette figure atroce.
01:19:05Et moi qui croyais l'aimer,
01:19:07je ne l'aimais donc pas ?
01:19:13Alors, en adressant il y a dix minutes des paroles tendres à Bathilde,
01:19:17je m'entends ?
01:19:21Je ne suis donc sûr de rien sur mon compte ?
01:19:27Je ne peux répondre de l'avenir ?
01:19:33Demain, je puis être un assassin ou un voleur ?
01:19:38Qu'ils me disent cela hier !
01:19:43Voilà ce que j'aurais trouvé dans ce parti.
01:19:45En le voyant de plus près.
01:19:51Et toutes ces platitudes auxquelles on est forcé de s'astreindre dans ce milieu
01:19:54parce qu'on n'a pas de naissance.
01:19:56Madame d'Aucuncourt avait raison.
01:19:58Que de bassesse ne fait pas faire l'amour.
01:20:05Oui ?
01:20:06Au fait, madame,
01:20:08et les lieutenants colonels ?
01:20:10Car malgré cette retenue,
01:20:12cette apparente vertu,
01:20:14on ne peut pas s'en sortir.
01:20:16Car malgré cette retenue,
01:20:18cette apparente vertu,
01:20:20on se livre à des lieutenants colonels.
01:20:24Et je la préfère encore accueillante aux lieutenants colonels que des votes.
01:20:29S'il arrivait un jeune lieutenant colonel,
01:20:32je serais définitivement débarrassé de ma folie pour cette femme.
01:20:35En tout cas, ceci me servira de leçon.
01:20:38Et à l'avenir, je saurai me garder.
01:20:40Je le jure bien.
01:20:46Tiens.
01:20:48Je n'avais jamais bien regardé cette petite chapelle.
01:20:50Mais elle est fort belle.
01:20:52Et je ne m'en étais pas aperçu.
01:20:54On dirait que je la vois pour la première fois.
01:20:58C'est que si je la regardais,
01:21:00la pensée de Bathilde venait aussitôt détourner mon attention.
01:21:06Alors, Bathilde n'est plus rien pour moi.
01:21:08Son nom même,
01:21:10son nom même,
01:21:12son nom même,
01:21:14son nom même,
01:21:16son nom même,
01:21:18son nom même,
01:21:20on dirait qu'elle n'est plus rien pour moi.
01:21:22Pourtant, quels cheveux magnifiques!
01:21:24Quelles admirables couleurs ils ont,
01:21:26Quels cheveux magnifiques!
01:21:33Quels감z
01:21:34Quels blans charmants.
01:21:36Quelles noisettes.
01:21:38Et ses yeux!
01:21:40Je n'ai jamais rencontré un regard aussi céleste surtout.
01:21:42Et ses lèvres, peut-on concevoir un contour plus fin et mieux dessiné?
01:21:50Elle a peut-être le nez un peu petit.
01:21:56Et je n'aime pas ce trait chez une femme.
01:22:00D'ailleurs, je n'ai jamais aimé chez elle quand je l'aimais.
01:22:04Même quand je l'aimais.
01:22:07Quoi?
01:22:08Bah, il ne donnait vraiment plus rien pour moi.
01:22:11Mon Dieu!
01:22:12Et si elle avait été à moi?
01:22:15Heureusement qu'elle ne l'a pas été.
01:22:26Il faut convenir que je suis un enfant.
01:22:30Un sot.
01:22:31Un bien petit garçon de m'être laissé traiter de la sorte.
01:22:34Je n'ai que ce que je mérite.
01:22:37Pendant que la jeunesse de France prend parti pour de grands intérêts,
01:22:40ma vie se passerait à regarder deux beaux yeux.
01:22:43Il valait bien mieux, comme j'en avais l'idée,
01:22:45enlever une petite danseuse de Metz
01:22:47ou faire une course sérieuse à Madame de Quincourt, par exemple.
01:22:52Je n'avais pas à craindre auprès d'elle d'être entraîné au-delà d'un petit amour de garnison.
01:22:58Ah, il faut faire quelque chose.
01:23:00Il faut faire quelque chose.
01:23:01Et j'y vais de ce pas.
01:23:07Tiens.
01:23:11Attention, attention.
01:23:14Mais c'est le veine.
01:23:16Croyez-vous qu'il ait voulu nous braver?
01:23:19Hélas, non.
01:23:20Ce personnage-là est assez poli,
01:23:22mais je ne le déteste que plus à cause de sa politesse.
01:23:25Il prétend nous enlever en douceur et sans nous fâcher
01:23:28les plus jolies femmes de Nancy et les plus riches.
01:23:31Et cela, je ne le souffrirai pas.
01:23:33Vraiment?
01:23:34Dans ces choses, mon cher,
01:23:36tu devrais savoir que je ne dis jamais faux.
01:23:38C'est que l'animal est futé.
01:23:39Il s'est bien tiré du duel qu'il a eu au régiment.
01:23:41Un duel à l'épée, la belle affaire.
01:23:43Quand je le tiendrai, moi,
01:23:45ce sera vraiment un bon duel.
01:23:47Au pistolet.
01:23:59Monsieur Leuven.
01:24:00Monsieur Leuven.
01:24:05Quelle surprise.
01:24:06Je ne vous attendais pas.
01:24:09Mais entrez, entrez, monsieur Leuven.
01:24:11Comment se fait-il que vous ne soyez pas au pied
01:24:13de notre sublime chasteleur?
01:24:16Je ne vous comprends pas.
01:24:21Y aurait-il des bruits dans le ménage?
01:24:24Je vous demande, madame,
01:24:25de ne pas plaisanter sur ce sujet.
01:24:28Le fait est...
01:24:30Mais soyez donc assis,
01:24:31comme on disait d'autrefois.
01:24:41Si vous n'êtes pas à ses pieds,
01:24:43soyez un peu aux miens.
01:24:45On raconte qu'ils sont petits et bien faits.
01:24:50Non?
01:24:51Si, si, assurément.
01:24:54Le fait est...
01:24:55que vous n'avez pas la mine de quelqu'un
01:24:57qui ait envie de plaisanter.
01:24:59C'est écrit sur votre visage.
01:25:02N'essayez pas de sourire.
01:25:04Cela vous va très mal en ce moment.
01:25:06Votre air contrit me dit tout, vous savez.
01:25:09Mon malheur est écrit dans ces traits altérés,
01:25:12dans ce sourire forcé.
01:25:14J'ai compris.
01:25:15Vous n'êtes pas heureux
01:25:17et je ne suis qu'un pissalet.
01:25:19Mais non.
01:25:20J'ai le bonheur que votre porte ne soit ouverte.
01:25:23Quand une autre vous a été fermée.
01:25:27C'est bien cela?
01:25:30Alors, racontez-moi,
01:25:32puisque je ne suis qu'une humble confidente,
01:25:35tous vos chagrins.
01:25:37Mais soyez sincères et dites-moi tout.
01:25:40Je dis bien tout.
01:25:42Si vous voulez qu'on vous console.
01:25:48Sous quel prétexte vous êtes enchâssée?
01:25:50Pour recevoir un homme plus aimable?
01:25:53Ou parce que vous l'avez mérité?
01:25:59Cela m'étonnerait de vous.
01:26:01On ne m'a pas chassée, madame.
01:26:04C'est moi qui suis parti.
01:26:06Tiens.
01:26:07Et pourquoi?
01:26:09Parce que je ne l'aime plus.
01:26:12Je ne l'aime plus ou je ne l'aime pas?
01:26:16Ce n'est pas pareil?
01:26:18Ah non, pas du tout.
01:26:21En général, je ne l'aime pas.
01:26:23Cela ne veut rien dire du tout.
01:26:25Mais la plupart du temps,
01:26:27je ne l'aime plus. Cela veut dire...
01:26:31Je l'aime encore.
01:26:39Qu'est-ce que vous regardez?
01:26:42Ma camisole.
01:26:45Elle est arrivée hier de Paris.
01:26:47Pardonnez-moi, je ne l'avais pas remarquée.
01:26:53Alors, vous regardez mes épaules.
01:26:57Elles sont jolies, n'est-ce pas?
01:26:59Celles de madame de Chastelaire aussi,
01:27:01mais elles les montrent moins.
01:27:03Mais enfin, pourquoi toujours madame de Chastelaire?
01:27:05Cher monsieur Levin,
01:27:07vous êtes très savant, paraît-il,
01:27:09mais vous ne connaissez rien aux femmes.
01:27:12Mais je ne demande qu'à m'instruire.
01:27:15Or, je vous en prie,
01:27:19vous allez trop vite.
01:27:24Vous avez été chassée.
01:27:26Vous cherchez un refuge.
01:27:28Je n'ai pas dit non.
01:27:30Je ne suis pas humiliée.
01:27:32À condition que j'en ai vraiment envie.
01:27:34Mais il faut que j'en ai grande envie.
01:27:40Prendre un amant est une des actions
01:27:42les plus difficiles que puisse permettre une jeune femme.
01:27:45Et si elle ne prend pas d'amant,
01:27:47elle meurt d'ennui.
01:27:49Et vers les 40 ans, elle devient imbécile.
01:27:52Elle aime un chien dont elle s'occupe
01:27:54ou un confesseur qui s'occupe d'elle.
01:27:56Car un vrai coeur de femme
01:27:58a besoin de la sympathie d'un homme.
01:28:01Osez, mon cher, osez.
01:28:03Et c'est à moi de vous apprendre
01:28:05qu'en amour, il faut oser.
01:28:07Sinon, l'on s'expose à de graves échecs.
01:28:09J'essaie de deviner dans vos yeux
01:28:11si vous voudriez vraiment de moi
01:28:13pour l'ami de votre coeur.
01:28:15Tâchez de me rendre folle
01:28:17et je n'y opposerai pas.
01:28:19Mais comme ce que vous me demandez
01:28:21n'est pas un devoir.
01:28:23Au contraire.
01:28:25Il faut me rendre folle.
01:28:27Mais folle alliée.
01:28:31Alors, si vous en êtes capable,
01:28:34vous serez mon amant.
01:28:42Bonjour, ma chère femme.
01:28:45Bonjour, M. Levenne.
01:28:47M. Goelo, notre ami,
01:28:49arrive avec un grand carton
01:28:51et une tête de conspirateur.
01:28:58Et qu'y a-t-il dans ce carton?
01:29:00Quelques dessins qui vous amuseront.
01:29:02Politiques, naturellement.
01:29:04Vous n'avez pas de chance.
01:29:06Ce sont les seuls qui ne m'intéressent pas.
01:29:11Attention, mon cher.
01:29:13Si vous faites la cour à cette personne,
01:29:15j'irai tout droit le raconter à Mme de Chastelaire.
01:29:18Histoire ancienne.
01:29:20Vous arrivez trop tard, mon ami.
01:29:22Il aime ailleurs.
01:29:29Et vous prenez plaisir à voir de pareilles horreurs.
01:29:32L'important, chère madame,
01:29:34est qu'on y dise du mal de Louis-Philippe.
01:29:36Vous avez bien raison, cher ami.
01:29:38Tout cela ne sert à rien.
01:29:40Même l'esprit peut servir à quelque chose.
01:29:42Je n'en crois absolument rien.
01:29:44Et je m'en vais.
01:29:46Est-ce qu'il a le droit de les regarder?
01:29:48Et pourquoi pas?
01:29:50Mais, mon cher,
01:29:52il s'agit là des personnes que vous servez
01:29:54et qui vous paient.
01:29:56Je ne les regarderai donc plus.
01:29:58Du reste, ces caricatures ne sont pas
01:30:00ce qu'il y a de plus drôle dans ce salon.
01:30:02Je pense.
01:30:04Bien dit.
01:30:11Ah, voici tous nos amis.
01:30:13Entrez, entrez.
01:30:15Nous sommes en retard.
01:30:17Excusez-nous.
01:30:19Mais non, cher ami, pas du tout.
01:30:32Cher ami, tous mes hommages.
01:30:41Oh, Patil.
01:30:45Alors, monsieur Levenne,
01:30:47je me demandais ce que vous étiez devenu
01:30:49en sortant si vite de chez moi.
01:30:51Je... Je suis venu ici, madame.
01:30:53C'est ce que je vois.
01:30:59Eh bien, il était dit que nous devions
01:31:01nous rencontrer deux fois dans la même journée, monsieur.
01:31:04Vous avez raison.
01:31:06Vous ne l'aimez vraiment plus du tout.
01:31:10Pardon?
01:31:12Rien.
01:31:17Puisque, décidément,
01:31:19vous ne comprenez rien à rien,
01:31:21je vais vous expliquer.
01:31:23Moi.
01:31:25C'est moi.
01:31:27C'est moi.
01:31:29C'est moi.
01:31:31Je vais vous expliquer.
01:31:33Moi. Ce qui se passe.
01:31:35Là.
01:31:37Regardez-la.
01:31:39Elle nous regarde sans nous regarder.
01:31:41C'est un homme étrange, ce Miller Link.
01:31:43On ne peut avoir l'air plus anglais que cet anglais-là.
01:31:45Il doit le faire exprès.
01:31:47L'air Mossad?
01:31:49Non, l'air anglais.
01:31:52Elle parle un peu trop vite, bien sûr.
01:31:54Mais elle fait des gestes.
01:31:56Elle a bien le droit
01:31:58de passer ses nerfs, comme on dit.
01:32:00C'est un grand partisan.
01:32:02Comme tous les anglais, d'ailleurs.
01:32:04Du système de l'utile, en toutes choses.
01:32:08Pourtant, elle s'est très bien tenue,
01:32:10la petite Chastelaire,
01:32:12quand elle nous a fait ensemble sur ce canapé.
01:32:14Car, enfin,
01:32:16nous sommes ensemble sur un canapé.
01:32:18C'est un fait.
01:32:20Et qu'à moins de le prendre
01:32:22par un bouton de son habit pour lui dire des injures,
01:32:24il ne se fâche point.
01:32:26Elle n'a pas cherché à jouer les vertus
01:32:28en se faisant la tête.
01:32:30Vous ne lui auriez pas pardonné.
01:32:34Mais elle se rend très bien compte
01:32:36que vous ne me parlez pas comme à ce qu'on aime.
01:32:38Et du reste?
01:32:40Nous n'en sommes pas là.
01:32:42Il a dit à Sonréal,
01:32:44est-ce que le Père éternel me paye
01:32:46pour redresser les sottises des gens humains?
01:32:50Mais elle sait que je peux aller vite en besogne.
01:32:52Depuis qu'elle est entrée,
01:32:54je sens que peut-être
01:32:56je deviendrai folle
01:32:58un peu plus vite que je ne pensais.
01:33:02J'y suis pour quelque chose?
01:33:04Oh, non.
01:33:06Vous n'y êtes pour rien.
01:33:08C'est elle qui devient maladroite.
01:33:10Regardez-la.
01:33:14Elle est jalouse.
01:33:16Elle a l'air contente, au moins.
01:33:18Et regardez-la.
01:33:20Caroline critique aussi beaucoup la France.
01:33:22Oui, aussi.
01:33:24Pays de démocratie, d'ironie,
01:33:26de mauvaise meurtre politique
01:33:28et que chez nous,
01:33:30on trouve toujours des terres à vendre,
01:33:32donc que nous ne valons rien.
01:33:34Elle est moins bien qu'à l'ordinaire, ce soir.
01:33:36Quelque chose l'a vieillie un peu.
01:33:38A quoi bon s'en le dire
01:33:40quand elle n'est presque aussi jolie que moi?
01:33:42Elle est donc jalouse de vous?
01:33:44Elle a envie m'inquiéter,
01:33:46m'en laisser aller.
01:33:48C'est ce que je suis et qu'elle n'est pas.
01:33:50Rien n'est ennuyeux comme l'anglais.
01:33:52Il se prend de colère
01:33:54parce que toute l'Europe n'est pas une servile copie
01:33:56de son Angleterre.
01:33:58Ces gens-là n'ont de bon que les chevaux
01:34:00et leur aptitude à conduire un vaisseau.
01:34:02Quelqu'esprit qui est un anglais,
01:34:04il a toujours l'air, quand on le rencontre le matin,
01:34:06de venir d'apprendre sur le champ qu'il a fait banqueroute.
01:34:08Ah, qu'elle est drôle.
01:34:10Elle se dit, bien sûr,
01:34:12que j'ai eu trop d'amants.
01:34:14Mais c'est un défaut,
01:34:16d'avoir les yeux d'un sous-lieutenant de 20 ans.
01:34:22Qui a des opinions
01:34:24si sanglières.
01:34:28Allez, beau lieutenant, je vous libère.
01:34:30Allez, faire un tour.
01:34:40Taisez-vous, taisez-vous.
01:34:42Le voilà.
01:34:46Eh bien, voilà, mes chers amis.
01:34:48Je vous ai tout raconté.
01:35:16Vous voulez que je parte ?
01:35:42Non.
01:35:44Vous êtes fâchée ?
01:35:46Oui.
01:35:48Fâchée contre moi-même.
01:35:50Contre une idée folle qui m'est venue.
01:35:52Je crois que j'ai eu la même.
01:35:54J'ai voulu prendre votre main et l'embrasser.
01:35:58J'ai deviné.
01:36:02Restez près de moi.
01:36:08En vérité, je ne saurais vous parler en ce moment.
01:36:10Mais moi, je peux parler à votre place.
01:36:14Vous m'aimez, mon ange.
01:36:18Dites-le-moi.
01:36:22Je n'en abuserai jamais.
01:36:24Il est pitié de moi.
01:36:28Les voilà réconciliés.
01:36:30Et mieux que jamais.
01:36:32En vérité, s'ils l'osaient,
01:36:34ils se réconcilieraient.
01:36:36En vérité, s'ils l'osaient,
01:36:38ils se jetteraient dans les bras l'un de l'autre.
01:36:42Et si je vois bien,
01:36:44nous en sommes aux larmes.
01:36:46Vous n'en attendez pas autant de moi.
01:36:48Mon cher,
01:36:50de vous,
01:36:52je n'attends plus grand-chose.
01:37:06Pour vous aider.
01:37:08Merci.
01:37:30Elle est pas méchante.
01:37:32Elle est passée
01:37:35Peut-être en telle vue que vous pleuriez.
01:37:41Je viendrai chez vous demain.
01:37:45Oui.
01:37:47À une condition.
01:37:51C'est qu'il n'y ait pas cette horrible Mademoiselle Bérard.
01:37:55N'est-ce pas ?
01:37:56Oui.
01:37:57Et vous n'obtiendrez rien de plus.
01:38:01Je ne demanderai rien.
01:38:04Mes amis, mes chers amis,
01:38:06comme dirait le docteur Duboirier,
01:38:08je constate avec terreur que l'on s'ennuie chez moi.
01:38:11Cela n'est jamais arrivé.
01:38:13Eh bien, nous allons jouer.
01:38:14Excellente idée. Leven !
01:38:16Vous savez le pharaon, je suppose ?
01:38:18Oui, bien sûr, oui.
01:38:19Bravo, jouons au pharaon.
01:38:22Puisque madame d'Aucuncourt dit qu'on s'ennuie chez elle,
01:38:26pas tout le monde.
01:38:29Venez pas sans à côté.
01:38:31Vous, monsieur Leven,
01:38:33vous serez le banquier.
01:38:35C'est bien votre rôle.
01:38:37Dantin, vous expliquerez le jeu à Saint-Réal,
01:38:40puisqu'il n'y comprend rien.
01:38:41Et défense de ponter plus de cinq francs.
01:38:45Rolaire,
01:38:46vous, vous serez le coupier.
01:38:48Je ne serai rien du tout, car je file.
01:38:51Eh bien, bon voyage.
01:38:53Vous venez ?
01:38:54Moi aussi, je pars.
01:38:55J'en ai assez.
01:38:56Je vous suis.
01:39:04Il faut croire que le pharaon n'était pas une bonne idée.
01:39:08Monsieur Dantin n'a plus de bonnes idées.
01:39:12Champagne !
01:39:13Apportez du champagne, du champagne !
01:39:18Eh bien, c'est parfait.
01:39:20Après madame de Chastelaire, madame d'Aucuncourt.
01:39:22Et Dantin, qui accepte tout ça sans rien dire, eh bien...
01:39:25Ah, je ne sais pas quoi dire.
01:39:26Je ne sais pas quoi dire.
01:39:28Je ne sais pas quoi dire.
01:39:29Je ne sais pas quoi dire.
01:39:30Je ne sais pas quoi dire.
01:39:32Eh bien, je ne supporterai pas qu'on insulte mon ami Dantin.
01:39:35Allons, vous n'allez pas vous battre.
01:39:37Il s'agit pour l'instant de se battre avec lui,
01:39:38c'est-à-dire de supprimer une peste publique.
01:39:40Mais qui va s'en charger ?
01:39:41Moi, moi.
01:39:42Nous.
01:39:49Pas cinq duels.
01:39:50Ça ferait un scandale et le journal républicain s'en emparerait tout de suite.
01:39:52Eh bien, nous tirerons ça.
01:39:54Oui, mais s'il tue l'un d'entre nous, faudra-t-il laisser cette mort sans vengeance ?
01:39:57Si j'ai la chance d'être désigné, la question ne se posera pas.
01:40:00Je le tuerai, d'un coup.
01:40:01Au pistolet et à dix pas.
01:40:04J'espère que j'aurai le plaisir de vous voir demain
01:40:07au concert de la Malibran.
01:40:09Après ce qui vient de se passer ce soir, je ne crois pas.
01:40:13Je quitte Nancy à l'aube.
01:40:15Pour longtemps ?
01:40:17Pour ce qu'on appelle toujours
01:40:19à notre âge.
01:40:21Je vous regretterai.
01:40:25Vous me regretterez peut-être un jour, mais pas demain.
01:40:29Pour moi, je ne regrette rien,
01:40:32ni personne.
01:40:33Que voulez-vous dire ?
01:40:35On me prépare ici un rôle que je n'ai pas envie de tenir.
01:40:39Puis-je vous poser une question assez sotte
01:40:41et que vous trouverez maladroite, peut-être ?
01:40:43Je verrai si j'y réponds. Posez-la toujours.
01:40:46Suis-je pour quelque chose dans ce départ ?
01:40:50Si vous m'avez posé la question,
01:40:52c'est que vous y avez déjà répondu.
01:40:55Monsieur !
01:40:57Monsieur !
01:40:59Vous ai-je fait aucun reproche ?
01:41:01Je n'en fais à personne.
01:41:05J'aurai passé à Nancy 18 mois très agréables.
01:41:10Et voici comme on dit dans votre armée,
01:41:13mon temps est fini.
01:41:20Je vous souhaite bonne chance, monsieur.
01:41:22Je vous souhaite bonne chance, monsieur.
01:41:52Sous-titrage ST' 501
01:42:22Musique douce
01:42:52...