« Weird » : comment Kamala Harris et Tim Walz ont bousculé Trump avant la convention démocrate

  • il y a 2 semaines
« Weird », c’est « bizarre » en anglais. Un mot anodin lâché par Tim Walz, le colistier de Kamala Harris, et qui a fait mouche face aux invectives du camp républicain. Spécialiste en civilisation américaine, Alexis Pichard revient sur la portée politique de ce simple mot.

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Transcript
00:00« These guys are just weird, that's what they are. »
00:02« Well, it's just plain weird. »
00:04« Yes, they're weird. They prove that every day. »
00:06« Weird, en anglais, c'est bizarre, étrange, voire même surnaturel. »
00:10« These guys are creepy and yes, just weird as hell. »
00:13« C'est-à-dire pas vraiment normal. »
00:15Ça, c'est la force finalement de ce terme « weird », de renverser justement la norme.
00:18« Well, it's true, these guys are just weird. »
00:20Quand vous empêchez les femmes d'aborter,
00:21quand vous empêchez les femmes d'avoir accès à la contraception,
00:23quand vous supprimez des livres, des écoles,
00:25en fait, c'est une insertion pathologique, d'après Walsh, dans la vie des Américains.
00:30On dit aux Américains comment il faut éduquer leurs enfants,
00:32comment ils doivent procréer, quel type de famille ils doivent former.
00:35Et cette vision très traditionnaliste, en fait, n'est plus la norme aux États-Unis.
00:39« She actually called me weird. He's weird.
00:42And she called JD and I weird.
00:44He's not weird, he was a great student at Yale. »
00:46« It's that we're normal guys who want to make this country great again. »
00:49On sent bien que les deux colistiers républicains ont du mal à trouver la parade et à contre-attaquer.
00:55Ils sont beaucoup dans la défensive, ce que Donald Trump n'aime pas.
00:58Là, il est quelque peu acculé par un simple sobriquet,
01:01sachant que c'est très ironique parce que lui, normalement, est le maître des sobriquets.
01:05C'est le maître de l'insulte.
01:06« Oh, sleepy Joe. Oh, he's running tomorrow. »
01:10Et là, il se retrouve un petit peu piégé et il ne sait pas quoi faire.
01:13« That's the laugh of a crazy person, I will tell you. »
01:16On voit que toutes les saillies nominatives qu'il essaie de trouver pour Kamala Harris ne marchent pas,
01:22notamment lorsqu'il l'appelle « la radicale de gauche folle ».
01:25« She's a radical left socialist. »
01:29On voit que ce sobriquet ne fonctionne pas parce que les gens savent très bien
01:32que ce n'est pas une dangereuse gauchiste.
01:34Il n'a pas réussi pour l'instant à trouver la parade et le contre-narratif
01:37qui viendraient contrebalancer ce terme « weird » qui est vraiment très commun, très anodin
01:42et qui pourtant a une portée politique extrêmement puissante.
01:46Au point que Jelly Vance se sent lui aussi obligé d'y répondre.
01:50« I really do think that whatever Tim Waltz calls me, I mean, talk about weird with Tim Waltz.
01:56I don't know if you guys saw the rally yesterday. »
01:58Il a mentionné un extrait d'un meeting et il a dit « vous voyez, ça c'est bizarre,
02:02un mari qui ne fait que tenir la main de sa femme pour la saluer, ça ce n'est pas normal.
02:06Alors même que si on regarde la vidéo en entier, il tient la main de sa femme
02:09et puis après il l'embrasse, il la tient dans les bras, etc. »
02:12L'épisode « weird » rebat donc les cartes de la campagne.
02:15Non seulement il renverse le narratif de la normalité,
02:19mais il retire l'avantage à Donald Trump.
02:22« C'est Kamala Harris qui dicte l'agenda politique et l'agenda médiatique aujourd'hui
02:25et là encore, c'est quelque chose que Donald Trump a du mal à supporter.
02:28Il était ressorti d'une séquence extrêmement renforcée,
02:32cette séquence qui est celle de la tentative d'assassinat sur sa personne
02:36et finalement, il n'a plus le contrôle du rythme de la campagne. »

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