Investigation en plein cœur des mouvements ultras, des groupuscules aux méthodes douteuses qui ne cessent de prendre de l'ampleur.
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00:00Paris, 18 novembre 2012.
00:04Cette manifestation contre le mariage gay est organisée par un mouvement catholique intégriste.
00:11Plusieurs milliers de participants sont attendus.
00:15Parmi eux, les gros bras de l'extrême droite radicales.
00:19Signes particuliers, tatouages et crânes rasés.
00:24Dans le métro, d'autres membres de ces factions extrémistes se dirigent vers le point de ralliement.
00:32Ils appartiennent à un groupuscule au discours ouvertement raciste, antisémite et homophobe.
00:55Des injures qui tombent sous le coup de la loi et peuvent coûter à leurs auteurs jusqu'à un an de prison et 45 000 euros d'amende.
01:08Ils sont venus assurer le service d'ordre de ce rassemblement éparadé.
01:13Leur méthode, à la moindre étincelle, sortir les points et cogner.
01:19Et ils vont vite trouver une occasion, car des militantes pro-mariage gay sont venues défier les manifestants.
01:29Ces activistes aux seins nus et portant la coiffe des religieuses catholiques sont des Femen.
01:35Un mouvement féministe apparu en Ukraine et qui joue sur la provocation.
01:40Armées de pistolets à farine et de slogans, elles ont décidé de venir perturber le défilé de l'extrême droite.
01:50La réaction des membres du groupuscule ne se fait pas attendre.
01:55Ils répliquent par la violence.
02:05Les Femen sont sans défense.
02:10Et les coups pleuvent.
02:20On ne donne pas d'écoute.
02:25Les jeunes femmes tentent de s'enfuir, mais leurs agresseurs les poursuivent jusque dans une rue adjacente.
02:32Finalement, les Femen parviennent à se réfugier auprès des forces de l'ordre.
02:50Plusieurs d'entre elles seront blessées au visage.
02:54Après ce déchaînement de violence, les jeunes extrémistes réintègrent le cortège.
03:02Aucun remords.
03:05Bien au contraire.
03:25Aucun agresseur n'est interpellé sur le moment.
03:28Ils poursuivent la manifestation en toute impunité.
03:31Quelques jours plus tard, 5 agresseurs seront identifiés par la police et arrêtés.
03:36Ils encourt 3 ans de prison pour violences volontaires en réunion.
03:44C'est une des conséquences de la crise économique et du chômage.
03:47Des jeunes séduits par des discours simplistes et des modes d'action radicaux rejoignent des groupuscules d'extrême droite.
03:54Aujourd'hui, dans toute l'Europe, ils provoquent affrontements, émeutes urbaines ou actes racistes.
04:01Alors comment sont organisées ces factions extrémistes ?
04:04Et quels moyens utilisent-elles pour diffuser leur idéologie raciste et violente ?
04:11En France, nous suivrons Alexandre Gabriac, exclu du Front National en 2011 suite à un salut nazi.
04:18Il faut que les choses se radicalisent aujourd'hui.
04:20Il a fondé un mouvement nationaliste d'inspiration fasciste.
04:23Ses membres sont très agressifs.
04:25On n'a rien à perdre. On ira jusqu'au bout pour mener notre combat à bien.
04:30Moi, tu vas recevoir toutes tes ordres.
04:33Ces groupuscules ne propagent pas seulement leur idéologie dans la rue.
04:38Les stades de football sont leurs défouloirs favoris.
04:43Notamment en Ukraine.
04:45Ici, les supporters racistes expriment leurs idées primaires sans aucun contrôle.
04:50Le pouvoir aux blancs ! Le pouvoir aux blancs !
04:54Cette terre est à nous, aux hommes blancs et forts.
04:58Certains hooligans français, interdits de stade dans l'Hexagone,
05:01se rendent dans ce pays pour assister à des matchs sous haute tension.
05:04Aller au stade, foutre de gros bordels, c'est ça qu'il faut faire.
05:08Avides d'ultra-violence, ces supporters ukrainiens organisent de gigantesques batailles rangées.
05:15C'est en me battant que je suis devenu un homme.
05:20Ces hooligans sont souvent liés à un groupuscule néo-nazi.
05:23Les Patriotes, qui comptent plusieurs milliers de membres.
05:28Voici Adolf, comme Adolf Hitler.
05:31Ils se forment aux techniques de combat.
05:33Ils ont leur propre camp d'entraînement et possèdent une milice paramilitaire.
05:37Leurs ennemis, tous les étrangers.
05:40Il n'y a pas de guerre, mais nous voulons être prêts quand elle éclatera.
05:46Ailleurs en Europe, d'autres mouvements extrémistes sont en train de devenir de véritables forces politiques.
05:52En Grèce, un parti fasciste et xénophobe a fait une percée électorale fulgurante.
05:57Il s'agit de l'Aube Dorée.
06:03Leurs militants mènent des actions de plus en plus violentes contre les immigrés.
06:13Les victimes se comptent par centaines.
06:16Enquête sur cette vague brune qui déferle sur toute l'Europe.
06:21Nous sommes à Lyon, l'une des villes françaises qui compte le plus d'activistes d'extrême droite.
06:28Alexandre Gabriac est étudiant en droit.
06:31A 22 ans, il est un des plus jeunes conseillers régional de France.
06:36Il a créé son mouvement en octobre 2011.
06:39Les jeunesses nationalistes.
06:41Alexandre Gabriac veut abolir le système démocratique et mettre en place une dictature fasciste.
06:47Avant de créer son groupuscule, il était membre du Front National, dont il a été exclu en avril 2011.
06:54Un candidat du Front National crée la polémique aujourd'hui.
06:57Alexandre Gabriac, 20 ans, au deuxième tour à Grenoble,
07:00est montré en photo sur le site du Nouvel Obs, en train de faire le salut nazi.
07:05À l'époque, Alexandre Gabriac prétend qu'il s'agit d'un photomontage, écrit au complot.
07:11Pourtant, aujourd'hui, il n'y a pas de photo montage.
07:15Pourtant, aujourd'hui, il nous montre d'autres clichés de lui, le bras levé.
07:20Cette photo a été prise devant la tombe de Mussolini, à l'occasion de l'anniversaire de la mort du dictateur italien.
07:27En France, le salut fasciste est considéré comme une incitation à la haine raciale.
07:31Et à ce titre, interdit par la loi.
07:34Le bras tendu en France est historique, a toujours été utilisé,
07:38que ce soit le salut olympique, comme il s'appelait autrefois,
07:42que ce soit pour dire merci ou bonjour à quelqu'un dans la rue.
07:45C'est simplement une psychose qui existe aujourd'hui en France là-dessus.
07:52Le mouvement d'Alexandre Gabriac rassemblerait près d'un millier de partisans.
07:57Spécialiste des opérations coup de poing, il collectionne les arrestations, comme autant de trophées.
08:03J'ai fait une opération sur les toits de la même gare de la Part d'Une,
08:06où j'ai déployé une banderole maître chez nous.
08:09Donc on a été délogé par le GIPN du toit de la Part d'Une,
08:13simplement parce qu'ils avaient peur de la réussite et de l'ampleur qu'on aurait réussi à galvaniser.
08:19Alexandre Gabriac n'aura pas une occasion de faire parler de lui.
08:23Alors cet après-midi, même s'il n'a pas été convié,
08:26il défilera dans les rues de Lyon, aux côtés des opposants au mariage gay.
08:32Bien qu'il s'agisse d'une manifestation publique,
08:34ceux qui forment la gare de rapproché d'Alexandre Gabriac ont demandé à rester anonymes.
08:40Cette fois, l'événement est avant tout familial
08:43et rassemble des citoyens de différentes sensibilités politiques.
08:47Le but d'Alexandre Gabriac, infiltrer le cortège pour obtenir un maximum de visibilité.
08:54Mais le leader des jeunesses nationalistes ne fait pas l'unanimité parmi les manifestants.
09:00C'est des gens qui n'ont rien à voir avec les manifestants.
09:23Alexandre Gabriac se moque de l'hostilité qu'il déclenche.
09:26Dès que le cortège se met en mouvement,
09:28ses militants se regroupent en tête de la manifestation.
09:32Alexandre Gabriac a prévu une action surprise.
09:48Illégalement, un membre du groupuscule se hisse en haut d'un échafaudage
09:52pour répandre dans la foule des messages de propagande.
09:56Les gens ramassent nos petits papillons qui expliquent notre vision de la chose,
10:04à savoir notre slogan, mariage, adoption, pas question,
10:07avec une croix celtique et signé par le site des jeunesses nationalistes.
10:12Donc voilà, c'est clair et on apporte notre signature à cette manifestation.
10:18Les slogans des jeunes nationalistes vont maintenant changer de thème.
10:27Les jeunes d'extrême droite se mettent à scander des slogans
10:30qui n'ont plus rien à voir avec le mariage gay.
10:33Alexandre Gabriac veut profiter de cette manifestation
10:36pour faire passer ses idées nationalistes
10:38et donner plus de notoriété à son groupuscule.
10:42Là, on peut voir dans la manif des gens qui, au départ, ne chantaient pas avec nous,
10:45qui, là, se mettent à chanter avec nous, à demander ce qu'on est,
10:47à se renseigner sur nous, à être un petit peu curieux.
10:49Donc forcément, ça va dans le bon sens.
10:51Les propos sont de plus en plus violents.
10:57Mes amis parcourent un imprévu.
11:01Alexandre Gabriac demande à son service d'ordre de se rapprocher.
11:14Sur une place à quelques dizaines de mètres, des militants de gauche.
11:18Alexandre Gabriac veut éviter tout débordement devant notre caméra,
11:22mais le naturel revient au galop.
11:26Il voudrait donner une image respectable de son mouvement,
11:33alors il tente de tenir ses troupes.
11:41Mais un peu plus loin, des contre-manifestants,
11:44favorables au mariage gay, se sont regroupés.
11:47L'un d'eux est agressé par les jeunes nationalistes.
11:57Cet accès de violence galvanise les jeunes d'extrême droite.
12:04Un militant n'hésite pas à entrer dans un bar gay
12:07pour arracher un drapeau arc-en-ciel en guise de trophée.
12:26En fait d'amusement, ces violences, dégradations et intimidations homophobes
12:35sont punies par la loi.
12:38Alexandre Gabriac, lui, ne perd pas de vue son objectif,
12:42capter l'attention de la foule et des médias.
12:49Il grimpe sur le toit d'un immeuble accompagné d'une poignée de militants.
12:56La France nous appartient ! La rue ! La France nous appartient !
13:01Très vite, des dizaines de CRS encerclent le bâtiment.
13:05Gabriac avec nous ! Gabriac avec nous !
13:09Vous n'avez entendu ?
13:11Québec ! France ! Québec ! France ! Québec ! France !
13:20Le chef des jeunesses nationalistes et une quarantaine de ses militants
13:24sont arrêtés et placés en garde à vue.
13:29Cela aussi fait partie de leur plan.
13:34Le lendemain, ils auront droit à plusieurs articles dans la presse locale.
13:44Mais les provocations xénophobes des militants d'extrême droite
13:47ne se limitent pas aux manifestations.
13:49Je pense que c'est la France !
13:52Dans les stades de football de toute l'Europe,
13:54les débordements racistes sont fréquents.
14:00Cris de singes adressés à des joueurs de couleur.
14:10Jets de bananes.
14:17Drapeaux ornés de la croix gammée.
14:21Ou encore salut fasciste.
14:27Comme ce joueur grec qui, pour fêter son but,
14:29tend le bras comme le faisaient les nazis.
14:32Il a été suspendu à vie de toute compétition internationale.
14:37La France n'est pas épargnée.
14:39A l'image d'Alexandre Gabriac en 2005,
14:42le bras levé derrière une écharpe de supporters du Paris Saint-Germain,
14:45il a été interdit de stade pendant 7 ans.
14:49A chaque fois, il s'agit d'une minorité de supporters violents et xénophobes.
14:54Ils sont surnommés les ultras.
14:57Pour lutter contre ce phénomène,
14:59les autorités françaises ont pris des mesures concrètes.
15:04Amende, arrestation et interdiction de stade se multiplient.
15:11Paris, ministère de l'Intérieur.
15:15Antoine Boutonnet est commissaire.
15:18Il dirige la division nationale de lutte contre le hooliganisme, la DNLH.
15:23Une unité spécialement créée pour traquer les actes racistes et violents dans les stades.
15:28Au mur, le commissaire, grand amateur de football,
15:31a accroché les maillots des clubs où il a mis en place des opérations anti-hooligans.
15:36En France, on a des personnes qui fréquentent les enceintes sportives
15:40et qui appartiennent à des mouvances identitaires extrêmement violentes.
15:44Là, on a, par exemple, des personnes qui font des saluts nazis.
15:48Il y a un lien très clair entre violence, racisme et hooliganisme.
15:52Aujourd'hui, Antoine Boutonnet prépare l'un des matchs les plus chauds de la saison,
15:57Saint-Etienne-Lyon.
15:59Donc, 38 à l'intérieur de la stade sur Lyon,
16:01et 7 sur Saint-Etienne, pour moi, c'est OK.
16:04Une rivalité très ancienne existe entre les supporters des deux équipes.
16:10Saint-Etienne-Lyon, c'est un derby qui est en général assez tendu.
16:14Les supporters des deux camps, d'ailleurs,
16:16essayent notamment de se provoquer réciproquement.
16:19Ça peut déboucher notamment sur des phénomènes de violence.
16:23Et là, plus récemment, on a eu des phénomènes de racisme.
16:26C'est la raison pour laquelle il faut être absolument vigilant.
16:34Le soir même, à Saint-Etienne.
16:402 heures avant le match, la tension est palpable.
16:53Pour canaliser ses supporters agressifs et alcoolisés,
16:56les autorités ont sorti la grosse artillerie.
17:00Hélicoptères, canons à eau, caméras de surveillance
17:05et pas moins de 500 policiers sur le pied de guerre.
17:10Devant les grilles du stade, plusieurs centaines de supporters stéphanois,
17:14identifiés comme violents et dangereux.
17:16Ce sont les ultras du club.
17:23Ils lancent des dizaines de projectiles
17:25quand le bus des joueurs lyonnais arrive.
17:30Et notamment un fumigène.
17:32Cet engin incendiaire est totalement interdit aux abords d'un stade.
17:36La riposte est immédiate.
17:38Ordre est donné au CRS d'aller chercher les responsables.
17:50L'auteur des faits est arrêté sur le champ.
17:53L'objectif, c'est la tolérance zéro, c'est de rien laisser passer.
17:55À partir du moment où il y a une identification,
17:57il faut qu'elle soit interpellée pour qu'ensuite,
17:59elle fasse l'objet de sanctions.
18:01Une fois dans l'enceinte du stade,
18:03la traque des supporters dangereux continue.
18:07Les spectateurs sont fouillés un à un.
18:10Le coup d'envoi est imminent.
18:13Les supporters des 2 camps attendent cette rencontre depuis des mois.
18:18L'ambiance est électrique.
18:30Le stade de Saint-Etienne est une des enceintes les plus modernes
18:34en termes de sécurité.
18:36Plusieurs centaines de milliers d'euros ont été investis.
18:39Résultat, un poste de surveillance dernier cri
18:42et une quarantaine de caméras haute définition.
18:48Le commissaire surveille ainsi en temps réel
18:50les moindres faits et gestes des 28 000 supporters.
19:09Sur le terrain, les esprits s'échauffent
19:11et les conséquences dans les tribunes sont instantanées.
19:14Des bagarres éclatent.
19:17Les supporters violents faisant partie des Ultras
19:29sont tout de suite identifiés et leurs photos imprimées.
19:33Des preuves qui serviront à Antoine Boutonnet
19:36pour les poursuivre en justice.
19:38Car les policiers n'arrêtent jamais les individus sur le moment.
19:41Une intervention dans les tribunes risque de provoquer
19:44des mouvements de foule qui mettraient en danger
19:47les autres spectateurs.
19:49Sur les interpellations, soit elles se font en général
19:52à l'issue du match, soit lorsque la personne est identifiée,
19:55on la fait dans la semaine, ça ne pose pas de problème.
19:58Grâce aux moyens importants déployés par les forces de l'ordre,
20:01aucun incident grave n'a eu lieu ce soir.
20:05Cette démonstration de force a un prix.
20:07Le club de Saint-Etienne devra indemniser
20:10le ministère de l'Intérieur pour les frais engagés.
20:13Pour ce match, la facture s'élève à plus de 100 000 euros.
20:17Mais un autre club français a décidé d'aller encore plus loin.
20:28Les supporters du Paris Saint-Germain
20:30ont souvent défrayé la chronique.
20:32Sur ces images tournées en avril 2012,
20:35ils s'affrontent en plein centre-ville
20:37avec des supporters lillois.
20:44Certains de ces ultras du PSG sont très proches de l'extrême droite
20:48et particulièrement violents.
20:54En 2006, lors d'un match contre une équipe israélienne,
20:57des supporters parisiens agressent un spectateur juif
21:00et un homme noir à l'extérieur du stade.
21:03Il s'agit en fait d'un policier en civil
21:05qui riposte avec son arme de service
21:07et tue un supporter du PSG.
21:14En 2010, une bagarre éclate entre supporters parisiens.
21:19Un homme de 37 ans est roué de coups.
21:24Évacué sur cette civière, il décédera quelques jours plus tard.
21:31Des affrontements aux conséquences dramatiques
21:33qui nécessitent une reprise en main des tribunes.
21:38Alors, il y a 2 ans,
21:40les propriétaires du club parisien ont mis en place
21:42un système unique en France
21:44pour en finir avec ces violences et redorer leur blason.
21:50Ce soir, au Parc des Princes,
21:53le Paris Saint-Germain affronte l'Olympique de Marseille.
21:56Le match le plus médiatique de l'année,
21:59très attendu par les supporters parisiens.
22:0250 000 spectateurs devraient remplir le stade.
22:05A quelques minutes du coup d'envoi,
22:07les ultras du PSG sont déjà très remontés.
22:20Pour éviter que l'image du PSG
22:22ne soit à nouveau entachée par la violence,
22:25les Qataris, nouveaux propriétaires du club,
22:28font appel à Herman Ebonge, vice-président de SOS Racisme.
22:38Sa méthode est une première en Europe.
22:40A chaque match, il réunit une vingtaine de bénévoles
22:43qui vont infiltrer incognito les tribunes du Parc des Princes.
22:48Pendant la rencontre,
22:50ils vont traquer les comportements violents ou racistes.
22:54S'il y a un moindre souci, vous le notez sur vos portables
22:57et n'oubliez surtout pas de filmer quand il y a un problème,
23:00parce qu'on a besoin des images.
23:02Mais surtout, personne n'intervient physiquement.
23:06Tous les infiltrés sont équipés de caméras cachées
23:09pour ramener des preuves des débordements dont ils pourraient être témoins.
23:14Pour cette mission très délicate,
23:16Herman fait appel à d'anciens supporters du PSG,
23:19habitués des tribunes chaudes, mais aujourd'hui repentis.
23:22Comme Mathieu, 25 ans.
23:48C'est suite à ce drame que Mathieu a choisi de s'engager
23:51aux côtés d'Herman.
23:53Une décision mal acceptée par ses amis supporters.
24:05Le match commence dans quelques minutes.
24:08Les infiltrés, guidés par Herman,
24:10se mettent en place et quadrillent tout le stade.
24:17Mathieu s'installe dans la tribune Boulogne,
24:20la zone où se concentrent les supporters violents et racistes.
24:23...
24:47Très vite, Mathieu repère des visages qui lui sont familiers.
24:51Ces jeunes en maillot bleu et rouge ne devraient pas être là.
24:55Impliqués dans de nombreuses bagarres,
24:57ils ont été interdits de stade pour deux ans.
25:00Ils ont malgré tout réussi à entrer au Parc des Princes
25:03en achetant des places au marché noir.
25:06Ces supporters n'ont pas perdu leurs mauvaises habitudes.
25:09Ils fument du c**, provoquent le camp adverse
25:12et cherchent la bagarre.
25:20Aussitôt, Mathieu transmet les informations à Herman,
25:23installé dans une tribune voisine.
25:26Herman prévient la sécurité du PSG
25:29et quelques minutes plus tard, les vigiles interviennent.
25:51Les supporters rentrent dans le rang.
25:58Les agents de sécurité décident de ne pas les expulser
26:01pour éviter que la situation ne dégénère.
26:04Mais ils ne resteront pas pour autant impunis.
26:08Herman transmettra les vidéos de cet incident
26:11à la direction du PSG et la préfecture de police de Paris.
26:15Pour leur comportement et surtout la violation de leur interdiction de stade,
26:18ces jeunes supporters risquent jusqu'à 2 ans de prison
26:21et 30 000 euros d'amende.
26:27A la 70e minute, l'arbitre siffle un pénalty
26:30en faveur des Parisiens.
26:35Le PSG mène au score, le stade explose.
26:39Herman est inquiet, il sait que dans ces moments-là,
26:42certains spectateurs deviennent incontrôlables.
26:46Et quelques secondes après le but, les supporters parisiens
26:49envoient des pétards et des fumigènes sur la pelouse.
27:16Tous les bénévoles d'Herman sont en alerte
27:19pour localiser celui ou ceux qui ont lancé l'engin.
27:24Quelques instants plus tard, un des infiltrés parvient
27:27à filmer les coupables. Il les suit même
27:30jusqu'à l'extérieur du stade.
27:45Le lanceur de fumigènes risque une interdiction de stade
27:48de 2 ans. La rencontre se termine sans autre incident.
27:51Herman fera un rapport complet au club.
27:56Mais son action va encore plus loin.
27:59Régulièrement, il se rend au ministère de l'Intérieur
28:02pour rencontrer Antoine Boutonnet,
28:05le commissaire de la division nationale de lutte
28:08contre le hooliganisme.
28:11Herman lui montre les clichés pris par ses bénévoles
28:14lors des derniers matchs.
28:17Le mec, il était quand même assez bruyant
28:20et il a eu des champs assez limites.
28:23Puis on a même une vidéo. Je pense qu'on pourra aussi
28:26le voir en vidéo.
28:29Ouais, il faudrait que tu montres la vidéo.
28:32Mais je crois que j'ai déjà vu plusieurs fois.
28:35On va essayer de le récupérer.
28:38Pour Antoine Boutonnet, le travail d'Herman est essentiel
28:41pour éradiquer la violence et le racisme du Parc des Princes.
28:44Ce sont des acteurs comme tout citoyen d'ailleurs
28:47qui constatent une infraction
28:50et qui nous le signalent à plusieurs reprises.
28:53Il y a des films, des photos,
28:56des vidéos qui ont été prises et qui ont débouché
28:59notamment sur des enquêtes judiciaires
29:02et des interpellations parce qu'on avait constaté
29:05un crime ou un délit.
29:35Le Parc des Princes, c'est un des plus grands
29:38de l'histoire du Parc des Princes.
29:41C'est un des plus grands de l'histoire du Parc des Princes.
29:44C'est un des plus grands de l'histoire du Parc des Princes.
29:47C'est un des plus grands de l'histoire du Parc des Princes.
29:50C'est un des plus grands de l'histoire du Parc des Princes.
29:53C'est un des plus grands de l'histoire du Parc des Princes.
29:56C'est un des plus grands de l'histoire du Parc des Princes.
29:59C'est un des plus grands de l'histoire du Parc des Princes.
30:03En Europe, ce sont les pays de l'ancien bloc soviétique
30:06qui remportent la palme de la violence,
30:09notamment l'Ukraine.
30:12Dans ce pays, les hooligans se donnent rendez-vous par centaines
30:15pour des bagarres ultra brutales.
30:18Dans leur jargon, des fights.
30:26Chassés par les autorités françaises,
30:29certains supporters de l'Hexagone se rendent en Ukraine
30:32pour laisser libre cours à leurs pulsions.
30:43Aéroport de Kiev.
30:47Eric et sa petite amie sont français.
30:54A cause de plusieurs rixes, Eric est interdit de stade en France.
30:58Il est venu passer le week-end en Ukraine
31:01pour assister à l'un des matchs les plus sensibles de l'année.
31:05Il est accueilli par Andres,
31:07un ultra chef des supporters du Dynamo Kiev.
31:11En France, Eric appartient aux jeunesses nationalistes,
31:14le groupuscule d'extrême droite dirigé par Alexandre Gabriac.
31:18Eric n'a pas choisi sa destination au hasard.
31:21Il sait qu'en Ukraine, les supporters xénophobes
31:24peuvent s'exprimer comme ils l'entendent.
31:28Oui, en France, comme en Angleterre,
31:30ici, c'est un peu plus à l'ancienne, ici.
31:33On peut s'amuser, on peut craquer les fumigènes, sortir les drapeaux.
31:37C'est pour ça qu'on va au stade, c'est marrant.
31:40On se défoule. Bon, il y a des débordements tout le temps à chaque fois
31:43parce qu'on s'énerve, et voilà, c'est tout.
31:45Aller au stade, foutre de gros bordels, c'est ça qu'il faut faire.
31:49C'est dans un quartier populaire du sud de Kiev
31:52qu'Andres accueille le jeune couple.
31:54Il les loge chez lui.
31:56Eric et Andres se connaissent depuis 2 ans.
32:00Je vais vous montrer là où vous allez dormir.
32:08Cet hôte prévenant est en fait un hooligan
32:10proche de la mouvance néo-nazie et très violent.
32:13Andres a déjà été emprisonné plusieurs fois
32:16pour des agressions dans des stades,
32:18et il risque bientôt une nouvelle condamnation.
32:22Une fois, un mec bizarre a tenté d'arracher un de nos drapeaux.
32:27Je me suis jeté sur lui avec d'autres supporters.
32:31On l'a roué de coup.
32:33Et puis j'ai été arrêté.
32:36J'ai quelques problèmes avec la justice à cause de ça.
32:41Andres ne se contente pas de participer aux bagarres.
32:44Régulièrement, c'est lui qui les organise.
32:49Il s'agit des fameuses batailles rangées, les fights.
32:53À quelques heures d'un match,
32:55des supporters de clubs adverses se donnent rendez-vous en forêt,
32:58sur un terrain vague,
33:00ou parfois même en centre-ville, pour se battre.
33:08L'Ukraine dénombre chaque année des dizaines de blessés graves.
33:22Mais pour Andres, il ne s'agit que d'un jeu.
33:29Comment dire ?
33:31Je ne vois rien de si terrifiant.
33:33Tout se fait de façon honnête.
33:36On ne fait rien dans le dos.
33:38On a un certain fair play.
33:41Les gens viennent sans couteau, sans bâton.
33:44On se bagarre uniquement avec nos bras, nos jambes, nos poings.
33:49On fait du sport.
33:51On essaie de savoir qui est le plus fort.
34:01C'est en me battant que je suis devenu celui que je suis aujourd'hui.
34:06C'est une distraction normale, masculine,
34:09si tout reste dans un cadre précis.
34:14Des règles existent.
34:16Des règles non écrites, celles de l'honneur.
34:22Il n'y a évidemment aucun code d'honneur dans ces fights
34:25où les hooligans n'hésitent pas à frapper des hommes au sol,
34:28déjà à moitié inconscients.
34:45En plus de l'affrontement physique,
34:47certaines fights ont une dimension politique.
34:51Ce soir, le Dynamo Kiev,
34:53l'équipe soutenue par Andres, Eric et les autres supporters néo-nazis,
34:57affrontent son plus grand ennemi.
35:02L'arsenal de Kiev,
35:04l'autre club de la ville supporté par des militants d'extrême-gauche.
35:08Sacha, 20 ans, est le leader des supporters antifascistes,
35:12un groupe très minoritaire en Ukraine.
35:21Les tags nazis sur les murs sont là pour leur rappeler
35:24que leurs adversaires sont partout en ville.
35:52Aujourd'hui, le football, c'est devenu racisme et fascisme.
35:59Chaque jour, lui et son groupe s'entraînent au combat,
36:03prêts à riposter en cas de fight contre les néo-nazis.
36:21On va travailler nos coups, et comment les éviter ?
36:27Ce soir, l'entraînement est encore plus poussé.
36:32N'oublie pas, il ne faut jamais baisser la garde.
36:35Dans quelques heures, Sacha et les autres antifascistes
36:38risquent de se retrouver face à face avec Andres
36:41et ses supporters de la droite radicale.
36:45Faut être bien prudent.
36:47On doit avoir un bon niveau,
36:50parce qu'en face, nos adversaires,
36:53ils se préparent très sérieusement.
37:0045 minutes avant le coup d'envoi,
37:03une quarantaine de supporters d'extrême-gauche
37:06se rendent vers le stade, en rang serré.
37:11Ils scandulent la victoire,
37:15ils scandent le nom de leur club
37:18et se dirigent au pas de charge vers une place
37:21où ils espèrent en découdre avec les supporters nazis.
37:25Mais en chemin, la police ukrainienne les intercepte.
37:37Escortés par une vingtaine de policiers,
37:40Sacha et les autres antifascistes sont emmenés vers une zone
37:43à l'écart de leur adversaire.
37:49Les forces de l'ordre veulent éviter le conflit,
37:52du moins autour du stade.
37:55On sait tous que ça peut mal tourner.
37:58On reste prêts à se battre,
38:01à se défendre.
38:08Sacha a encore en mémoire la rencontre précédente
38:11entre les deux clubs.
38:14Il y a quelques mois, une centaine de néo-nazis
38:17ont attaqué des militants d'extrême-gauche.
38:23Plusieurs antifascistes ont été grièvement blessés
38:26et un supporter a été tué.
38:30Ce soir, plusieurs centaines de policiers sont mobilisés
38:33pour séparer les deux camps.
38:37La tension est extrême.
38:41Pour Eric, le supporter français d'extrême-droite,
38:44l'enjeu de la rencontre va bien au-delà du sport.
38:47C'est bien plus qu'un derby de foot,
38:50c'est aussi un derby politique,
38:53aussi bien que sur le terrain et dans la rue.
38:56D'ailleurs, le match à l'Est n'est pas très bien passé, je crois.
38:59Il y a eu des bagarres à la fin du match
39:02et malheureusement pour eux, ils ont tutoyé le trottoir.
39:05C'est le jeu.
39:08C'est aussi...
39:11Faut assumer, après.
39:17A l'intérieur du stade aussi, les deux camps sont séparés.
39:20Chacun a une extrémité de la pelouse.
39:23Ce soir, Eric, Andres
39:26et tous les supporters fascistes
39:29ne pourront peut-être pas affronter physiquement leurs adversaires.
39:32Mais ils donnent libre cours à la violence verbale
39:35et aux gestes sans équivoque.
39:38Sous l'impulsion d'Andres, le chef des supporters,
39:41c'est toute la tribune qui lève le bras,
39:44comme un seul homme, pour un salut nazi.
40:03En France, pour un tel geste,
40:06un supporter est copré d'une forte amende,
40:09voire même de prison ferme.
40:12Mais ici, Eric, comme ses amis ukrainiens,
40:15peut exprimer ses opinions en toute liberté.
40:18Le pouvoir aux Blancs ! Le pouvoir aux Blancs !
40:23Ce signe, c'est juste pour montrer nos opinions.
40:26Rien de plus.
40:29Le pouvoir est à nous, aux hommes blancs et forts.
40:32C'est notre fierté, notre honneur et notre force.
40:48L'équipe d'Andres et d'Eric remporte la victoire haut la main.
40:54Le supporter français ne regrette pas son déplacement en Ukraine.
40:59Allez, allez, allez, allez !
41:06Allez, allez, allez, allez !
41:10Je n'ai même pas envie de dépenser à la France.
41:13Je veux aussi.
41:15Les supporters de cette tribune
41:17revendiquent clairement leur idéologie raciste
41:20et la suprématie de la race blanche.
41:23La majorité de ces ultras font d'ailleurs partie
41:26d'un groupuscule de l'extrême-droite radicale.
41:29Les Patriotes, un mouvement néo-nazi
41:32qui a vu le jour en 2004
41:35et rassemblerait près de 3 500 militants.
41:38Ils multiplient les démonstrations de force
41:41et n'hésitent pas à mener des actions-chocs contre les immigrés.
41:45Voici une vidéo que les Patriotes ont eux-mêmes filmée
41:48en y ajoutant une bande-son de heavy metal identitaire.
41:51Une vingtaine de membres du groupuscule, en tenue militaire,
41:54font irruption dans un immeuble.
42:01Leur cible, les immigrés vietnamiens.
42:04Ils sont violemment pris à partie,
42:06puis plaqués contre le mur pour être contrôlés.
42:10Les Patriotes repartent en toute impunité.
42:13Aucune victime ne portera plainte,
42:16de peur des représailles.
42:21Kharkov, à l'extrême-est du pays.
42:27L'homme qui a organisé cette opération anti-immigrés
42:30est le chef des Patriotes, Oleh Odnorozenko.
42:34Ce père de famille de 36 ans
42:36est professeur d'histoire à Kiev pendant la semaine
42:39et militant le week-end.
42:41A cause des expéditions punitives contre les étrangers et des rixes,
42:44Oleh a déjà passé plusieurs mois en prison.
42:47Aujourd'hui, il retrouve plusieurs militants néo-nazis.
42:50Tous les week-ends, ils organisent des actions d'intimidation
42:53pour occuper le terrain et montrer aux étrangers
42:56qu'ils ne sont pas les bienvenus.
42:59Aujourd'hui, les Patriotes ont prévu de se rendre
43:02dans un quartier où la majorité des habitants seraient des immigrés.
43:09Quel est votre surnom dans le groupe ?
43:11Moi, c'est Adolf, comme Adolf Hitler.
43:16Adolf, ne parle pas trop à la caméra, d'accord ?
43:20En Ukraine, la communauté étrangère la plus importante est vietnamienne.
43:25Oleh et ses sbires ont ciblé une gigantesque cité HLM
43:29qui abrite des foyers étudiants.
43:32Selon lui, les étrangers qui y vivent prennent la place des Ukrainiens.
43:38Les forces de l'ordre devraient vérifier tout ça.
43:41Mais non, donc nous allons le faire nous-mêmes.
43:44Nous allons faire les vérifications maintenant.
43:48Le but d'Oleh n'est pas seulement de se substituer à la police.
43:52Il veut terroriser les immigrés vietnamiens pour les inciter à partir.
43:59Tu habites dans quelle chambre ? J'en sais rien. Donne-moi le numéro.
44:03Il s'agit clairement de persécution raciale.
44:07Dis-nous où t'habites.
44:10Elle fait comme si elle nous entendait pas.
44:12Elle sait pas parler ou quoi ?
44:14Ces gens ne connaissent même pas notre langue.
44:16Mais Oleh estime simplement remplir son devoir de citoyen.
44:20Selon lui, ces immigrés sont un fléau pour le pays.
44:24Ces gens fabriquent des contrefaçons
44:27et ils ne paient aucun impôt.
44:30Par leur faute, il y a plus de crimes en ville.
44:34On va aller là-bas, il y a des enfants.
44:36Là où il devrait y avoir des étudiants, il y a des bébés.
44:39Ils vivent là illégalement.
44:41Des familles entières.
44:44Les patriotes veulent maintenant pénétrer dans les HLM pour trouver de nouvelles victimes.
44:50On va entrer, même si le gardien veut nous l'interdire.
44:54A l'arrière d'un bâtiment, ils découvrent une petite porte dérobée
44:58qui n'est pas surveillée par un gardien.
45:01Les jeunes fascistes investissent les lieux au pas de charge.
45:04Ils tentent de localiser les appartements des immigrés.
45:15Vous sentez ça ?
45:18C'est leur cuisine.
45:21Vous voyez, elle n'a toujours pas présenté ses papiers.
45:25Jusque dans les habitations des Vietnamiens,
45:27les patriotes continuent leur sinistre opération d'intimidation.
45:32Mais des habitants ont prévenu le gardien.
45:36Allez, sortez ! Sortez d'ici !
45:39Les militants d'extrême droite se font expulser.
45:42Enlevez vos mains ! Ne me touchez pas !
45:45Et toi, ne le touche pas non plus !
45:47Pour Olay, malgré tout, la mission d'aujourd'hui n'est pas un échec.
45:51Et toi, t'as des papiers ?
45:54Il veut instaurer un climat de peur permanente pour les étrangers.
45:58Le week-end prochain, dans un autre quartier,
46:01ils recommenceront à harceler des immigrés.
46:04D'après les chiffres officiels,
46:06la communauté vietnamienne en Ukraine ne compte que 3 000 membres.
46:09Les patriotes affirment qu'ils seraient 100 fois plus.
46:13Des chiffres invérifiables,
46:15mais Olay et les autres néo-nazis entretiennent le fantasme.
46:19Pour eux, il s'agit d'une invasion
46:21qui va déboucher sur une guerre entre Ukrainiens et Vietnamiens.
46:26Une guerre à laquelle les patriotes se préparent.
46:35C'est de l'autre côté du pays, à l'ouest,
46:37que les troupes d'Olay s'entraînent au combat.
46:40Après plusieurs semaines de négociations,
46:42les patriotes ont accepté de nous ouvrir les portes
46:45de leur camp de formation militaire.
46:49Il s'agit d'une ancienne base de l'armée ukrainienne,
46:51perdue en pleine campagne.
46:54Une utilisation illégale, mais tolérée par les autorités.
47:02Aujourd'hui, une vingtaine de nouvelles recrues des patriotes,
47:05hommes et femmes de moins de 25 ans,
47:07suivent la formation d'apprentis soldats,
47:09qui durera une semaine.
47:13Adrien, 24 ans, est le chef du camp.
47:19Les Vietnamiens sont dangereux.
47:21Ils convoitent notre terre, notre peuple,
47:23toutes nos ressources naturelles et humaines.
47:27Nous sommes prêts à nous y opposer.
47:29Les agressions aujourd'hui sont déjà très nombreuses.
47:34Il n'y a pas de guerre, mais nous voulons être prêts
47:37quand elle éclatera.
47:40Au programme, tir de précision.
47:47Descente en rappel.
47:49Et combat rapproché.
48:00Étudiants pour la plupart, ces jeunes fascistes
48:02n'ont pas hésité à dépenser toutes leurs économies
48:05pour participer à cet entraînement paramilitaire.
48:10Coup de feu.
48:15Tous les fusils que vous voyez sont des fusils personnels.
48:18Chacun économise avec l'argent que maman donne
48:20pour acheter des glaces.
48:23Pour les leaders des patriotes,
48:25il s'agit aussi d'inculquer aux nouveaux venus
48:27l'idéologie du groupuscule,
48:29qui s'affiche jusque sur les murs.
48:35Milena, 20 ans, est étudiante en médecine.
48:39L'endoctrinement des patriotes
48:41semble avoir parfaitement fonctionné
48:43sur cette brillante jeune femme.
48:49Ce n'est pas seulement une préparation au combat.
48:52C'est aussi une préparation idéologique.
48:54Tout ça, c'est dans l'optique d'une prise de conscience nationale.
48:58Pour continuer à recruter,
49:00les patriotes utilisent tous les moyens de communication,
49:03surtout ceux prisés par les jeunes,
49:05leur principale cible.
49:07Nous passons des annonces sur des sites comme Facebook,
49:10partout sur Internet.
49:12Nous distribuons des vidéos de propagande.
49:14Nous faisons des démonstrations
49:16parce que plus nous serons nombreux,
49:18plus nous aurons d'influence.
49:20Une stratégie efficace.
49:22Chaque année, des dizaines de jeunes Ukrainiens
49:24se rallient à la cause de ce mouvement néo-nazi.
49:28Il faut d'abord lancer le bras avec le couteau,
49:30le pied suit après.
49:32Ailleurs en Europe, certains groupuscules
49:34ont franchi une étape supplémentaire et décisive.
49:36Ils ont créé un parti politique
49:38afin de porter leurs idées racistes
49:40jusqu'au Parlement.
49:56En Grèce, le groupuscule néo-nazi
49:58Aube Doré
50:00a fait une percée électorale fulgurante.
50:0318 députés du mouvement
50:05ont été élus lors des dernières élections législatives.
50:10Une réussite qui sert de modèle
50:12à d'autres mouvements identitaires.
50:16Venu spécialement de France,
50:18nous retrouvons Alexandre Gabriac,
50:20le leader des jeunesses nationalistes.
50:24Le but de notre voyage en Grèce,
50:26c'est vraiment d'analyser sur le terrain
50:28les actions de l'Aube Doré,
50:30donc le mouvement nationaliste qui monte ici,
50:32pour pouvoir finalement
50:34voir quelles sont ses méthodes
50:36et pouvoir finalement reproduire éventuellement
50:38les actions faites par l'Aube Doré
50:40qui peuvent être bénéfiques
50:42au peuple français
50:44quand notre tour sera venu.
50:46Le succès de l'Aube Doré a pris naissance
50:48il y a 5 ans,
50:50quand la Grèce a été frappée de plein fouet par la crise.
50:54Le chômage explose,
50:56le salaire de plusieurs millions de personnes
50:58est de plus de 20%
51:00et le pays est au bord de la faillite.
51:02Les immigrés sont alors désignés
51:04comme responsables de cette situation catastrophique
51:06par les partis nationalistes,
51:08notamment l'Aube Doré.
51:16Tous les immigrés illégaux, dehors !
51:18Hors de mon pays !
51:20Hors de chez moi !
51:22Tout le monde !
51:26Les membres de l'Aube Doré
51:28sont spécialistes des actions coup de poing,
51:30au sens figuré comme au sens propre.
51:32Quand ils sont à court d'arguments,
51:34ils n'hésitent pas à frapper
51:36leurs adversaires politiques sur les plateaux télé.
51:44L'Aube Doré est devenue une référence
51:46dans le milieu de l'extrême droite radicale.
51:48Et si le mouvement néo-nazi a réussi
51:50à faire élire 18 députés,
51:52c'est grâce à une stratégie bien précise.
51:58Sur le modèle hitlérien,
52:00l'Aube Doré utilise la misère sociale
52:02pour conquérir les suffrages.
52:04Aujourd'hui, dans le centre d'Athènes,
52:06le mouvement organise
52:08une gigantesque distribution de nourriture.
52:14Donc là, vous allez à gauche.
52:16Venez tous par là.
52:20Il fallait faire la queue,
52:22tu peux pas passer par ici.
52:24Pour y arriver, il faut passer par là.
52:26Alexandre Gabriac
52:28a rendez-vous avec les responsables
52:30des jeunes de l'Aube Doré.
52:34Je ne connais pas exactement les chiffres,
52:36mais je pense qu'il y a 2000 personnes.
52:42Oui, oui, juste aujourd'hui.
52:44A chaque fois qu'on distribue de la nourriture,
52:46il y a au moins 2000 personnes.
52:48L'argent donné aux députés d'Aube Doré
52:50par le Parlement grec paie tout ça.
52:54Notre argent revient à ces gens.
52:56Du sang de l'honneur,
52:58l'Aube Doré, partout et toujours.
53:00Qu'est-ce qu'elle a dit ?
53:02Elle dit l'Aube Doré, pour toujours et partout.
53:12Je ne sais pas.
53:14Quand la dernière personne sera servie,
53:16il n'y a plus de nourriture.
53:18Pour accéder au sac de provision,
53:20il faut faire la queue
53:22pendant 3 ou 4 heures.
53:24Mais ceux qui sont ici n'ont pas le choix.
53:26La plupart sont sans emploi,
53:28comme un quart de la population grecque.
53:32Vous êtes au chômage, à la retraite ?
53:34Vous avez une famille nombreuse ?
53:36Je suis chômeur.
53:38Mais la générosité de l'Aube Doré
53:40s'exerce sous conditions.
53:42Vous avez besoin de ma pièce d'identité ?
53:44Sans la nationalité grecque,
53:46impossible de bénéficier
53:48d'un sac de vivres.
53:50Sans vergogne, le mouvement revendique
53:52la préférence nationale
53:54et une forme de ségrégation raciale.
53:56L'Aube Doré n'hésite pas non plus
53:58à s'en prendre physiquement aux immigrés.
54:02Depuis 2007,
54:04de véritables chasses à l'homme sont organisées
54:06dans les rues d'Athènes.
54:08Comme sur cette vidéo,
54:10l'Aube Doré tente désespérément d'échapper au lynchage.
54:16Il y a des blessés
54:18qui ont été transportés à l'hôpital.
54:20Deux sont dans un état grave.
54:22Sur ce marché,
54:24l'Aube Doré fait la police à sa manière.
54:26Les vendeurs étrangers
54:28sont contrôlés,
54:30et lorsqu'ils n'ont pas de papier en règle,
54:32leurs étals sont saccagés.
54:40Les victimes
54:42se comptent par centaines.
54:44Ces six derniers mois,
54:46deux immigrés ont été poignardés à mort.
54:50Mohamed Khairi est égyptien.
54:52Il vit à Athènes
54:54depuis trois ans.
54:56Son aventure grecque a failli se terminer
54:58de façon tragique quand il a croisé
55:00la route de membres de l'Aube Doré.
55:02Je leur ai dit de me laisser tranquille.
55:04Je voulais juste aller travailler.
55:06Mais ils m'ont dit
55:08ferme ta gueule,
55:10et ils m'ont frappé.
55:12Je suis tombé par terre,
55:14ils m'ont mis un gros coup dans la mâchoire.
55:16Puis ils ont continué à me frapper
55:18de toutes leurs forces
55:20jusqu'à ce que je m'évanouisse.
55:22Ces gars, ils voulaient me tuer.
55:24La mâchoire fracassée,
55:26Mohamed est transporté aux urgences.
55:28Il subira deux opérations
55:30et restera près d'un mois à l'hôpital.
55:32Depuis que tout ça est arrivé,
55:34j'ai envie de quitter le pays.
55:38Je n'ai plus envie de rester ici.
55:40J'ai trop peur.
55:44Deux semaines après notre tournage,
55:46Mohamed est définitivement
55:48rentré en Égypte.
55:54Dans le centre d'Athènes,
55:56la distribution de vivres se poursuit.
55:58Pour être servi,
56:00certains attendent depuis de longues heures.
56:04Plusieurs personnes sont prises de malaise.
56:12Une situation sociale dramatique
56:14qu'Alexandre Gabriac
56:16est impatient de voir arriver en France.
56:20Pour tenter comme l'aube dorée
56:22de prendre une place sur l'échiquier politique.
56:24Ici, ça me donne un petit peu d'espoir
56:26de voir ce qu'il se passe.
56:28Encore une fois, ce mouvement,
56:30il y a quelques années,
56:32était complètement inconnu du grand public
56:34et restait à l'état de groupuscule.
56:36L'état et l'avancée de la crise,
56:38finalement, a fait que
56:40lorsque les gens ont faim,
56:42les gens ont peur, les gens ont froid,
56:44ils se tournent vers les nationalistes
56:46et ici, en Grèce, l'aube dorée.
56:48On ne peut souhaiter qu'une seule chose,
56:50c'est qu'effectivement ce système
56:52que l'on veut abattre se casse la gueule
56:54le plus rapidement possible.
56:56Aujourd'hui, les conditions de vie
56:58continuent de se dégrader en Grèce
57:00et l'aube dorée en profite.
57:02Lors des dernières élections,
57:04plus de 300 000 personnes ont voté
57:06pour le parti néo-nazi.
57:08A l'exception de l'Espagne
57:10et du Portugal, traumatisés
57:12par les dictatures militaires des années 70,
57:14dans le reste de l'Europe,
57:16à la faveur de la crise économique mondiale,
57:18les mouvements d'extrême droite
57:20continuent de progresser.