Lucien Peytier revient sur la Libération de Nîmes

  • il y a 3 semaines
Transcript
00:00Le bon souvenir pour moi, c'est peut-être les gens qui, quand ils ont appris le départ des Allemands,
00:08sont allés se faucher, si on peut dire, récupérer leur ravitaillement, les boîtes de conserve du côté de l'abattoir, la rue Henri Reuval.
00:18Là, je les vois comme des fourmis, des gens qui étaient très heureux. Ils partaient vides, ils revenaient pleins, et ils repartaient, etc.
00:26Voilà, ça, c'est le bon souvenir, en plus des chars, des fêtes qu'il y a eu après. Mais le bon souvenir, ça a été ça,
00:33et le fait que moi, j'ai eu l'occasion aussi d'aller chercher, disons, 2 ou 3 briquettes de chauffage que j'étais allé chercher dans l'école de l'oratoire.
00:47Les Allemands n'étaient plus là, d'ailleurs. Ça grouillait beaucoup, je crois. Les gens s'embrassaient, même s'ils ne se connaissaient pas.
00:54Ça chantait beaucoup. D'ailleurs, ça donnait la mode après, je crois, à certaines personnes qui, quelque temps après,
01:03passaient dans les quartiers, dans les rues, chantaient comme ça, des chansons qui étaient souvent tristes, d'ailleurs, autant que je me souvienne,
01:10et les gens, de la fenêtre, lançaient quelques pièces. Voilà. Donc c'était la joie. Mais bon, tout le monde ne fêtait à sa façon, tout ça.
01:21Alors je passe impératif, etc., mais là, j'étais trop jeune pour trop participer. Il y avait des repas, il y avait des fêtes, des balles,
01:28improvisées la plupart du temps. Et puis les gens étaient heureux. Ça, c'est évident. C'était le soulagement. Enfin, ils reprenaient goût à la vie.
01:36Les mauvais souvenirs, c'est qu'au milieu de ces moments de liesse, de joie, de partage comme ça, je me suis trouvé dans des moments plus difficiles,
01:46à savoir deux moments. Là, le premier moment, c'était les femmes tendues qui étaient sur des charrettes comme ça et qu'on exhibait un petit peu
01:59à l'esplanade. Elles étaient tendues. Mais ce qui m'a le plus peiné aussi, c'était peut-être qui m'a choqué. C'était les insultes. Ça fusait, etc.
02:08Je passais sur les mots que je préfère oublier. Bon, ma mère n'étant pas d'accord comme ça, elle m'a vite enlevé de là. Et le deuxième souvenir,
02:18c'est évidemment le passage devant les arènes au moment où on venait de fusiller quelques personnes, collabos ou non, je ne sais pas.
02:29Mais enfin, quand je suis passé, les corps avaient été enlevés. Et c'était une crâne mare de sang en face des 3 morts, je vois, à l'entrée des arènes.

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