• il y a 3 mois
"Tourner pour vivre" est un film réalisé par Claude Lelouch, sorti en 2022. Ce documentaire met en scène plusieurs personnalités, dont Johnny Hallyday, Sandrine Bonnaire, Jean Dujardin, Irène Jacob, et Christopher Lambert. Le film explore les défis et les motivations des artistes, offrant un aperçu de leur vie professionnelle et personnelle. Johnny Hallyday y apparaît parmi d'autres figures du cinéma et de la musique, contribuant à l'exploration des thèmes de la persévérance et de la passion artistique
Transcription
00:00:00C'est ce qu'il y a de plus important dans l'histoire de la cinématographie.
00:00:05C'est ce qu'il y a de plus important dans l'histoire de la cinématographie.
00:00:10C'est ce qu'il y a de plus important dans l'histoire de la cinématographie.
00:00:13Si Claude Lelouch est un nom au panthéon du cinéma français, il n'en suscite pas moins des réactions controversées.
00:00:33Bien sûr, il fait tourner les plus grands comédiens, a un style inimitable et une capacité d'émerveillement inépuisable.
00:00:39Pourtant, il est parfois bien vu de le détester, de dire qu'il est mégalo, naïf, voire mièvre.
00:00:46Mais à l'heure du cynisme à tout craint, quoi de plus rafraîchissant que la candeur ?
00:00:52Parfois, le ciel se joue de nous et donne à nos vies un tour inattendu.
00:00:56En 2012, je croise Claude que je n'avais pas vu depuis quelques temps.
00:00:59A 75 ans, il pense jouer les prolongations et entame une course contre la montre.
00:01:03Il se met au défi de réaliser trois films en trois ans.
00:01:06Et attention, ce seront les meilleurs, me dit-il.
00:01:09Une sorte de mise au propre de ce qu'il appelle ses brouillons antérieurs.
00:01:13Ce type est un doux dingue.
00:01:15Mais son énergie, sa passion, son enthousiasme ont quelque chose de contagieux.
00:01:18Je lui propose de réaliser un documentaire sur lui, un film sur les processus de création.
00:01:23Je veux percer le mystère, entrer dans sa tête à condition d'avoir carte blanche.
00:01:28Caméra au point, j'avais prévu de le suivre trois ans.
00:01:311095 jours.
00:01:33Trois ans qui deviendront sept années où seront grandes ouvertes les portes de son atelier.
00:01:38Me voilà porté par une force mystérieuse.
00:01:41Claude Lelouch est une lune dont la face cachée est aussi riche que celle qui éclaire les salles obscures.
00:01:46C'est cette face que j'explore.
00:01:48Avec ses contradictions, ses lacs d'intranquillité et son énergie en fusion.
00:01:52Ce film est une incursion dans un autre espace-temps.
00:01:55Un voyage existentiel dont on ne revient pas indemne.
00:01:59Mais je vous laisse constater par vous-même.
00:02:06J'ai trompé plein de choses en allant, des femmes, des enfants.
00:02:13Mais le cinéma, j'essaye de lui être fidèle parce que c'est la chose qui m'épate le plus.
00:02:26Regarde, tu vois ce temps gris, j'adore.
00:02:29Je vois que le temps est bouché, donc je sais que toute ma mise en scène va jouer sur ce temps, ça gris.
00:02:43Les gens m'ont dit, mais il pleut tout le temps dans Unam, et je dis, mais s'il pleuvait pendant le tentage.
00:02:50S'il avait fait beau, il n'y aurait pas eu cette mélancolie et le film n'était pas le même.
00:02:55Comme j'ai pris la décision de tourner quelle que soit la météo,
00:02:59je modifie en permanence l'humeur de mes personnages en fonction de cette météo qui déteint sur nous tous.
00:03:06Je ne peux pas lutter contre le grand metteur en scène.
00:03:14C'est peut-être de tous mes films celui où je fais le plus peur à tout le monde.
00:03:20Johnny Hallyday a fait peur à tout le monde.
00:03:22Mes derniers films n'ayant pas très bien marché, je fais peur à tout le monde.
00:03:26Donc la prise de risque a été peut-être plus forte sur ce film que sur tous mes autres films.
00:03:52La joie règne sur les plateaux de Lelouch, il transmet son bonheur de tourner à ses acteurs.
00:04:00Il s'est créé une atmosphère chaleureuse et joliment désordonnée.
00:04:03Gentil, méchant, beau, non.
00:04:07Lui c'est un aigle américain.
00:04:09C'est les aigles américains, il va parler anglais sûrement.
00:04:13Il faut que tu sois un aigle toi aussi, tu vois les yeux que tu as là, c'est ça qui me plaît.
00:04:17Tu regardes un peu comme lui.
00:04:23Et là il s'est envolé, il est parti.
00:04:26On essaie de récupérer.
00:04:30Bon attends, l'aigle est parti.
00:04:32Chronique d'une catastrophe annoncée, Georges, l'aigle, s'est fait la malle.
00:04:36Il n'a pas de doublure et c'est un des personnages principaux du film.
00:04:43Claude accuse le coup mais garde le cap, poursuit sa journée de tournage.
00:04:46Le fidèle à lui-même s'en remet au dieu du destin.
00:04:49Surtout il faut qu'on retrouve l'aigle.
00:04:54La contrainte sollicitant l'imagination, je m'adapte, je suis un metteur en scène qui s'adapte.
00:04:59Le seul truc auquel je ne pourrais pas m'adapter c'est la mort à mon avis.
00:05:02Mais en dehors du reste je dois pouvoir y arriver.
00:05:13La vérité c'est qu'il s'adapte tellement qu'il ne s'arrête jamais.
00:05:16Lors du tournage des Misérables, l'incendie prévu dans la séquence du débarquement
00:05:20se propage accidentellement et menace d'anéantir le décor qui vaut des millions.
00:05:24Mais Claude bouleverse sa mise en scène
00:05:26et lance ses militaires figurants à l'assaut de la bâtisse en feu,
00:05:29utilisant l'incendie comme une péripétie de son film.
00:05:34T'es obligé de concevoir l'irrationnel dans le cinéma une fois que t'as travaillé ?
00:05:37Non.
00:05:38Je pense.
00:05:39Tout ça pour ça c'est à la bourboule.
00:05:41On passe à la bourboule, on voit le maire, on voit le président de région,
00:05:44tous les décors, ils sont enthousiastes, ils montent au plafond, ils descendent,
00:05:47ils disent c'est génial, c'est mon décor, on va tout faire ici, c'est là où j'ai grandi,
00:05:50ma grand-mère, ma mère m'a amené, j'étais venu ici.
00:05:53Tout l'univers de Tonon-les-Bains, c'était la bourboule.
00:05:56Et puis tu vois, bourboule, et puis ils vendent la bourboule à tout le monde.
00:05:58Enfin tu vois, le président de région, le...
00:06:01Tu bétonnes, c'est la bourboule.
00:06:03Puis t'arrives à Tonon-les-Bains, tu te dis putain, c'est Tonon.
00:06:06Non mais il y a de bonnes et pas de mauvaises.
00:06:08On a tout bétonné à la bourboule, ils nous ont filé le temps.
00:06:10Ouais mais non, pas grand, c'est ici.
00:06:15Te voilà !
00:06:16Ah oui, il doit avoir faim.
00:06:17Ah mon petit Georges !
00:06:19Il est revenu !
00:06:21Excellent !
00:06:22Comment il a fait, il est revenu ?
00:06:23Bah il traînait là.
00:06:25Bravo !
00:06:27Ah c'est grand temps, hein ?
00:06:28Ouais, m'a mouru ici.
00:06:29En plus, il arrête-t-il pour le tournage ?
00:06:30Pas vrai, mais je suis sortie juste à l'heure.
00:06:31Non mais tu le crois pas !
00:06:33Tu m'as fait une honte.
00:06:35Ça c'est bien parce que c'est...
00:06:36J'ai l'impression qu'il est vraiment tout le temps sous une bonne étoile.
00:06:39Il dit moi quand je veux obtenir quelque chose, je l'ai.
00:06:43Parce que j'y crois, je pense que ça va arriver.
00:06:45Donc il met toutes les bonnes énergies dans ce qu'il veut obtenir.
00:06:50Et du coup, il réussit à les avoir.
00:06:52Mais tu as une chance toi, mais c'est hallucinant !
00:06:568 chances sur 10 qu'on puisse faire la Mangolfière demain après-midi.
00:06:588 quoi ?
00:06:598 chances sur 10 qu'on puisse faire la Mangolfière demain après-midi.
00:07:07Tu te rends compte le plan qu'on a fait tout à l'heure avec la vache qui vèle ?
00:07:11Ça fait quand même deux ans qu'il prépare son film.
00:07:13T'as vu comme c'est synchro, il en arrive à ce que la vache vèle pile au moment où il fait la prise.
00:07:21Je suis dans un... On est dans une autre dimension.
00:07:23C'est pas ordinaire.
00:07:24On est dans une autre dimension.
00:07:25C'est un balèze, non ?
00:07:26Moi je dis monsieur quand même.
00:07:28C'est pas le premier film que t'as fait avec lui ?
00:07:29Est-ce qu'à chaque fois que t'en fais un, t'en fais un aussi ?
00:07:31C'est pas le premier film que t'as fait avec lui ?
00:07:32Est-ce qu'à chaque fois que t'en fais un, t'en fais un aussi ?
00:07:34C'est pas le premier film que t'as fait avec lui ?
00:07:35Est-ce que à chaque fois c'est pareil ?
00:07:37Chaque fois y'a une vache qui vèle.
00:07:38Chaque fois.
00:07:39Et dans la neige.
00:07:45Y'a un moment dans la vie où on fait les premières fois et puis y'a un moment où on fait les dernières fois.
00:07:49Donc en ce moment je suis à l'âge où je peux filmer les dernières fois.
00:07:52Mais tu sais un jour j'ai eu Brel qui est venu me voir.
00:07:56Il était très très malade.
00:07:57Je lui ai dit qu'est-ce que tu veux boire ?
00:07:58Il me dit une bière.
00:07:59Puis je l'ai vu boire sa bière.
00:08:02Et je l'ai vu déguster cette bière comme si c'était du whisky ou un grand cru.
00:08:07Alors moi j'ai goûté la mienne.
00:08:08Je lui ai dit mais qu'est-ce qu'elle a ta bière ?
00:08:09Il me dit c'est peut-être la dernière que je bois.
00:08:12Et il m'avait dit depuis que je fais les choses pour la dernière fois,
00:08:15j'ai jamais été aussi heureux et j'ai jamais autant apprécié la vie.
00:08:19Maintenant je sais ce que c'est.
00:08:21Et alors t'as peur.
00:08:22Tu t'es approché.
00:08:24Là-bas tu t'es rapproché du mort.
00:08:26Moi je sais qu'à l'âge que j'ai maintenant je ne me contente pas de vivre.
00:08:29Je déguste les choses et c'est peut-être mon dernier film.
00:08:33C'est vachement beau.
00:08:34Ah ouais, j'ai trouvé hein.
00:08:37Il faut qu'il vienne mourir là Johnny.
00:08:40Moi je suis là pour m'être à l'aise.
00:08:42Et l'essentiel c'est ton sourire et c'est sa gueule.
00:08:45C'est avec cette gueule et avec ce sourire que moi je vais raconter une belle histoire d'amour.
00:08:50Maintenant on va aller filmer la vie.
00:08:52On sait pas, on est dans la sécurité.
00:08:54On sait pas ce qu'on va vivre.
00:08:56Et c'était pour vous.
00:08:57Et c'était d'être le plus possible un homme et une femme.
00:09:00Oubliez tout ce que vous avez appris.
00:09:06Quand on est spontané, on fait cadeau de ce que l'on est aux autres.
00:09:11Et c'est pour ça que j'ai essayé toute ma vie de filmer des hommes et des femmes qui étaient le plus spontanés possible.
00:09:18Et c'est à chaque fois qu'ils ont été spontanés que j'ai été fier de certaines séquences.
00:09:23C'est ces parfums de vérité qui n'ont pas de prix dans un monde de tricheurs.
00:09:54C'est des idées qui viennent au fur et à mesure.
00:09:56Et les comédiens, tu vas leur dire ce qu'ils rajoutent ou tu vas les surprendre ?
00:09:59Je vais les surprendre.
00:10:01Je t'en demanderai de dire ça au plus dernier moment.
00:10:04Dès qu'un texte est trop bien dit, je supporte.
00:10:06Ça veut dire qu'il y a des heures, des heures de travail.
00:10:09Dans la vie, quand on parle, tout est dans l'improvisation, la preuve.
00:10:14C'est pas prévu ça.
00:10:15Six mois se sont écoulés.
00:10:16Je suis parti tourner un road movie en Inde pour lequel je m'étais engagé auparavant.
00:10:20Je retrouve Claude sur le montage de « Ça, le monde t'aime » au film 13.
00:10:28C'est là où on va aller chercher les bons points.
00:10:29Il faut aller chercher les bons points.
00:10:30Ah oui, ça fait plus chaud que ça.
00:10:37Les films 13.
00:10:39C'est un film qui a été réalisé à l'âge de 13 ans.
00:10:43Les films 13, c'est son bureau, son antre, sa société de production, son musée personnel
00:10:49et surtout le gage de son indépendance, de sa liberté.
00:10:53Celle qu'il a acquise grâce au succès planétaire d'un homme et une femme.
00:10:56Claude est propriétaire de l'intégralité de son oeuvre, une cinquantaine de films
00:10:59et il gère ses envies comme il l'entend, sans aucun frein, aucune contrainte.
00:11:07L'Oscar, le meilleur film étranger des mains de Patricia Neel.
00:11:10Merci, merci beaucoup.
00:11:12Je suis désolé, je ne parle pas l'anglais.
00:11:15Et quelques instants plus tard, celui du meilleur scénario original
00:11:18remis par Fred Astaire et Ginger Rogers.
00:11:23Merci beaucoup.
00:11:27J'ai reçu un coup de téléphone des Asselberg fans
00:11:30qui rencontraient Dujardin dans un avion qui allait à Los Angeles.
00:11:34Et ils ont dit, tiens, ça serait bien qu'on fasse un film ensemble.
00:11:38Et tout de suite, ils se sont mis d'accord sur un metteur en scène
00:11:41qui s'appellerait Claude Lelouch.
00:11:42Voilà, donc ils m'ont appelé tous les deux en me disant,
00:11:45je voudrais faire une histoire d'amour avec toi, ta carte blanche.
00:11:48J'ai trouvé l'idée formidable, intéressante.
00:11:50En plus, en ce moment, j'ai un sujet que je suis en train d'écrire.
00:11:53Donc je leur ai raconté, on s'est vu, on a dîné ensemble.
00:11:56On ne s'est pas quitté de la nuit.
00:11:58Et à la fin, on s'est dit, on va faire un film ensemble.
00:12:01On a dîné ensemble.
00:12:02On ne s'est pas quitté de la nuit.
00:12:04Et à la fin de la nuit, on s'est tapé dans la main en disant, allons-y.
00:12:08Il rêve d'une belle histoire.
00:12:10Mais j'ai le décor idéal, l'Inde.
00:12:12Ce pays est fait pour lui.
00:12:13La spiritualité des Indiens devrait résonner avec sa propre mystique.
00:12:17Et puis l'aventure, la folie, les croyances, le chaos,
00:12:19le choc visuel, le tumulte émotionnel.
00:12:21Je lui raconte donc les bidonvilles de Delhi
00:12:23et la folie de la Kumbh Mela.
00:12:25Et sans en avoir pleinement conscience,
00:12:27je viens d'apporter ma pierre à l'édifice.
00:12:31C'est parti.
00:13:02Et voilà.
00:13:03Piqué au vif par cette nouvelle inconnue dans l'équation de ses projets,
00:13:06Claude se met en tête de réécrire la formule.
00:13:08La machine à idées est en route,
00:13:10fruit du hasard et des coïncidences.
00:13:12Ou pas.
00:13:14C'est souvent arrivé dans ma vie
00:13:16que je travaille sur un film pendant 4-5 ans
00:13:18et puis là, sur le coup, il y a un film qui arrive, hop.
00:13:20Il y a peut-être une urgence à faire ce film avant.
00:13:22Je ne sais pas.
00:13:23C'est des ricochets inattendus.
00:13:25Donc, j'ai décidé de faire un film
00:13:28C'est des ricochets inattendus.
00:13:30Bon, appelons l'Inde.
00:13:32Appelons l'Inde.
00:13:34Allô, allô ?
00:13:35Salut Philippe.
00:13:36Ça s'est bien passé de l'automne ?
00:13:38Ça s'est bien passé, merci.
00:13:39Dis-moi, je t'appelle pour une autre raison.
00:13:41Je suis avec mon ami Claude Lelouch
00:13:43et on voudrait te parler de quelque chose.
00:13:46Enchanté, on en rêve.
00:13:47Stop, stop.
00:13:48Revenons un peu en arrière.
00:13:52Autre coïncidence,
00:13:53parmi les nombreuses personnes croisées en Inde,
00:13:55je pense avoir rencontré celui qu'il nous faut.
00:13:57Raoul Vora.
00:13:58C'est un génie protéiforme.
00:14:00Acteur, metteur en scène, danseur, chorégraphe,
00:14:02cuisinier à 16 heures et...
00:14:04Il a un atout majeur,
00:14:05il parle couramment français.
00:14:08Bonjour Claude.
00:14:09Philippe a dû vous expliquer.
00:14:11J'ai besoin de faire un voyage
00:14:13entre Bombay et
00:14:15une ville où
00:14:17les gens vivent encore comme au Moyen-Âge.
00:14:19Vous voyez ce que je veux dire ?
00:14:20Oui, j'ai compris.
00:14:21C'est un road movie.
00:14:22Donc l'idée c'est de partir de Bombay
00:14:25et d'arriver à ce village
00:14:27après avoir pris le train,
00:14:29voyager une journée ou deux à cheval,
00:14:31ou sur des éléphants.
00:14:33Ou la voiture.
00:14:34Pour se trouver à un endroit
00:14:36où on a tous envie d'aller.
00:14:38Et quand on y est, on dit
00:14:39« bon, je reste là ».
00:14:40Oui, j'ai une idée où vous trouvez ça.
00:14:41Il y a aussi dans les besoins de Claude,
00:14:43vrai ou pas vrai,
00:14:44il y a la rencontre avec un chaman
00:14:46ou un guérisseur.
00:14:47Un gourou ou un chaman ?
00:14:50Nathalie qui pose des questions à Jacques.
00:14:53Je prépare tout ça.
00:14:55On a bien avancé.
00:14:57Je suis content.
00:14:59Ce qui est bien, c'est qu'on est en continuité.
00:15:01Ça, ça n'a pas de prix.
00:15:03Parce que tout ce qu'on fait demain,
00:15:05c'est en fonction de ce qu'on a fait hier.
00:15:07C'est le rêve pour un metteur en scène.
00:15:09Surtout pour les acteurs.
00:15:11J'aurais pas besoin de leur expliquer des trucs.
00:15:13Ils vont continuer à vivre leur vie.
00:15:17Chaque fois que le présent sera la continuité d'hier.
00:15:21Là, je peux prendre des risques énormes.
00:15:24Peut-être que je vais changer à la fin du film.
00:15:39Il y a une chose très singulière dans ton cinéma,
00:15:41il est fin à chaque fois.
00:15:42Comme si tu n'avais pas envie de finir
00:15:44ou comme si la fin était...
00:15:46La fin n'existe pas.
00:15:48Il n'y a pas d'histoire avec une fin, ça n'existe pas.
00:15:50La vie, il n'y a pas un début et une fin.
00:15:52On rentre dans une histoire, qui est la vie,
00:15:54qui a commencé depuis des millénaires avant nous.
00:15:57Et on va être obligé de partir,
00:15:58alors qu'il y a encore des millénaires après nous.
00:16:00Avant, il y avait des films où il y avait fin.
00:16:03On ne met plus de mot fin.
00:16:05Mais l'histoire, elle continue.
00:16:08Quand Anoukébé retrouve Trintignant sur le quai de la Yard,
00:16:12le film ne fait que commencer.
00:16:15Chaque histoire est le film annonce de la prochaine.
00:16:27On filme des grains de sable,
00:16:29on filme des soupirs dans la vie des hommes.
00:16:32C'est pour ça que je dis toujours
00:16:34qu'on filme des parfums de vérité.
00:16:38Je pense qu'on se rencontre au bon moment.
00:16:40Je parlais l'autre jour de ça avec Patrick Grandperret,
00:16:43que j'aime beaucoup.
00:16:45Il me dit comment se passe le film de Lelouch.
00:16:47Je lui dis que je suis vraiment contente
00:16:49parce que je m'amuse.
00:16:51Parce que ça fait longtemps que je ne m'amuse plus tellement.
00:16:54Je lui dis que Lelouch a une sacrée liberté,
00:16:56c'est ce qui me plaît chez cet homme,
00:16:58sa manière de travailler.
00:17:00Et je lui dis que, curieusement,
00:17:02il me fait penser à Piana.
00:17:04C'est vraiment le cas.
00:17:06Dans cette liberté,
00:17:08c'est le fait d'observer des choses
00:17:10et de les attraper.
00:17:12C'est vrai qu'on est au cinéma et on cherche la vérité.
00:17:23Il faudra qu'on la prépare secrètement
00:17:25pour qu'au moment où elle arrive,
00:17:27pendant le tournage,
00:17:29on se dise que c'est peut-être même quelqu'un
00:17:31qui fout le bordel sur le tournage.
00:17:33Je crois à l'incroyable fierté du chaos
00:17:35dans tous les domaines.
00:17:37C'est ça le sujet du film.
00:17:39C'est de montrer à quel point le chaos
00:17:42invente tout.
00:17:44L'inventeur de la vie, c'est le chaos.
00:17:58J'ai envie de faire l'autopsie d'un drame.
00:18:01Je suis sûr qu'on va trouver quelque chose
00:18:03auquel moi je n'aurais jamais pu penser.
00:18:06C'est exactement la même manière
00:18:08que j'ai utilisée dans Un homme et une femme.
00:18:10Je veux dire qu'Un homme et une femme
00:18:12est né dans la naïveté, dans l'innocence.
00:18:15Tout le drame est là.
00:18:19D'ailleurs on a souvent dit de moi
00:18:21que j'étais un cinéaste naïf
00:18:23et que j'étais tout sauf un scénariste.
00:18:26Et finalement,
00:18:28je crois que je suis surtout un scénariste.
00:18:32Il faut se remettre dans le coup un petit peu
00:18:34parce qu'entre temps j'ai fait d'autres choses
00:18:36et il faut que je me reconcentre un peu.
00:18:38Il faut que je redevienne un drame inscrit.
00:18:43J'ai envie de rattraper ce qu'on appelle le temps perdu.
00:18:45Mais on a tous ça.
00:18:46Et on voudrait partir au paradis propre.
00:18:49Et ce que je dis est vrai pour tous les personnages.
00:18:51À l'instant je viens de les charger pour la scène
00:18:53qu'on tourne dans deux heures.
00:18:55Et là je sais que pendant deux heures
00:18:56ils ne vont penser qu'à ça.
00:18:58Ils vont se préparer à ça.
00:19:00Ils massèrent dans leur jus.
00:19:01Ils vont massérer dans leur jus
00:19:02et normalement tout à l'heure,
00:19:04ils devraient être mûrs.
00:19:05Donc le metteur en scène c'est jardinier,
00:19:07synchronisateur.
00:19:08C'est plein de métiers.
00:19:09Oui, c'est jardinier.
00:19:18L'horreur est plus photogénique que le bonheur.
00:19:20J'adore quand je ne respecte pas mon scénario.
00:19:23J'adore quand je me trahis moi-même.
00:19:25J'adore quand le moment du tournage
00:19:27est plus fort que le scénario.
00:19:28Ça j'adore.
00:19:29C'est ma grande satisfaction.
00:19:30Fini la guerre.
00:19:31Maintenant on photographie les vaches.
00:19:33T'as déjà dit que tu chantais faux ?
00:19:34Oui.
00:19:35C'est pour ça que j'ai fait photographe.
00:19:40Et pourquoi photographe de guerre ?
00:19:42Quand on a la mort au trousse,
00:19:44on apprécie mieux les choses.
00:19:45Et puis l'horreur est plus photogénique que le bonheur.
00:19:51Il a tout changé.
00:19:52Les dialogues n'existent plus.
00:19:53J'ai d'autres dialogues.
00:19:56Pour Valérie Perrin, sa co-scénariste,
00:19:58chaque jour est une leçon d'humilité.
00:20:00Tu ne reconnais pas un mot ?
00:20:01Non, tout s'est changé.
00:20:02Tu te retrouves à faire des plans.
00:20:04Tu ne savais même pas que c'était ça
00:20:05que tu étais en train de tourner.
00:20:06Tu ne sais plus rien.
00:20:08Tu es dans un brouillard total.
00:20:09Joli plan de toi,
00:20:11où tu es tout seul
00:20:12et tu te dis putain ça y est,
00:20:13j'ai réussi ma vie.
00:20:15J'ai réussi ma vie.
00:20:16Pendant une seconde.
00:20:17Non, ça vient après la scène.
00:20:19Je vais te le remettre avant.
00:20:20Parce qu'après tu ne pourras pas le dire.
00:20:22Tous mes acteurs ont été déroutés
00:20:24sur les tournages de films.
00:20:25Un moment donné, ils disent où il va.
00:20:27Parfois, je ne sais même pas où je vais.
00:20:29Mais j'y vais quand même.
00:20:30J'y vais parce que je sais que
00:20:32c'est en y allant que je vais trouver.
00:20:38C'est très flippant.
00:20:40Oui, parce qu'on marche sur des œufs.
00:20:44Et en même temps, je crois que ça crée
00:20:46un peu comme dans la vie,
00:20:48on n'est pas sûr de nous.
00:20:54Demain, on s'était dit hier
00:20:56que c'est Nathalie qui photographie
00:20:58Jacques endormi.
00:21:00On va peut-être faire ça ce soir.
00:21:04L'arrivée subjective et le Mont Blanc.
00:21:06On n'a pas fait le Mont Blanc.
00:21:07On aurait pu le faire.
00:21:08Il n'était pas beau ce soir.
00:21:11C'est tout un truc,
00:21:12mais ça ne tient pas deux jours.
00:21:16Comment vous avez pu savoir
00:21:17ce qu'on va faire demain ?
00:21:18Petite boule de cristal.
00:21:20Parce que Claude, lui, il ne le sait pas.
00:21:22Moi, je le sais.
00:21:23D'accord, bravo.
00:21:26J'ai un peu paumé.
00:21:32Faire le tournage d'un film,
00:21:33pour moi, c'est les vacances.
00:21:35J'ai fait 45 films,
00:21:37je suis allé 45 fois en vacances.
00:21:39C'est le meilleur moment de ma vie.
00:21:41C'est le moment où je suis le plus heureux
00:21:43et en même temps,
00:21:45le plus angoissé.
00:21:47Je suis à 3000 à l'heure.
00:21:48C'est la course.
00:21:49Comme je suis un homme d'action,
00:21:51c'est au moment où il y a le plus d'action
00:21:53que je suis en vacances.
00:21:56La vie, elle est comme ça, tu vois.
00:21:58Rien n'est en place.
00:21:59Allez, on y va en place !
00:22:14Tu devrais avoir 20 ans.
00:22:15Non, tu rigoles, tu as 18 ans.
00:22:19Tu as un bébé là-dessus, regarde ça.
00:22:21Regarde lui.
00:22:22Il est beau.
00:22:23Je fais ça avec lui pour emballer tes baisers.
00:22:27Salaud.
00:22:29Magnifique.
00:22:36C'est ça, c'est le personnage.
00:22:40Ce n'est pas moi qui mettrais une croix.
00:22:41Ma maman peut-être, mais moi non.
00:22:44Je ne pratique pas, je ne vais pas à l'église.
00:22:46Toi, oui ?
00:22:47Je crois en quelque chose.
00:22:49Je crois en Dieu, mais je ne crois pas à l'église,
00:22:51je ne crois pas à personne.
00:22:52Quand j'étais petit,
00:22:53je devais faire mon catéchisme.
00:22:55Et dans les fonds de l'église,
00:22:58au sous-sol,
00:22:59le curé m'a mis la main au cul.
00:23:01Ah, non !
00:23:02Et il a essayé d'amuser de moi.
00:23:04Et moi, ça m'a effrayé, ça m'a dégoûté.
00:23:06Et du coup, je n'ai pas fait mon catéchisme.
00:23:08J'ai jamais retourné.
00:23:09Il a essayé d'amuser de toi ?
00:23:10Oui, oui.
00:23:11Un curé ?
00:23:12Un curé, oui.
00:23:13Tu étais tout jeune.
00:23:14J'avais genre 12 ans.
00:23:1512 ans.
00:23:16Non !
00:23:17Ça m'a bloqué, après.
00:23:20Ce serait bloqué pour moi aussi.
00:23:21Tu en as parlé à tes parents ?
00:23:22Comment ?
00:23:23Tu l'as dit à tes parents ?
00:23:24Bien sûr que je l'ai dit à mes parents.
00:23:26J'étais un adulte petit parce que mes parents,
00:23:28je n'avais pas de parents.
00:23:30Tu manges encore, toi ?
00:23:33Coucou !
00:23:34Je vois papa et Rebecca !
00:23:36Là, il y a un truc, quand même,
00:23:38qui est entre le...
00:23:40Je raconte une histoire
00:23:41et je raconte purement ma vie.
00:23:43Je trouve que c'est un scénario très grassant.
00:23:45Je pense que c'est un film clé pour lui.
00:23:47C'est un film qui parle de choses qu'on connaît bien, quoi.
00:23:50Il paraît que c'est l'histoire d'un homme qui a réussi dans sa vie,
00:23:52qui ne s'est pas beaucoup occupé de ses enfants,
00:23:54qui fait une sorte de mea culpa.
00:23:56Est-ce que c'est ça, le sujet du film ?
00:23:58Moi, je n'ai pas lu le scénario, mais...
00:23:59Pas un mea culpa.
00:24:00Le hasard a toujours du talent
00:24:02et le hasard a fait que...
00:24:06Le hasard a pris les bonnes décisions
00:24:07que moi, je n'étais pas capable de prendre.
00:24:09En gros plan, sûr.
00:24:17Vous avez vu cette clairière ?
00:24:18C'est la clairière de Blanche-Neige.
00:24:20Il y a les cerfs qui sont là,
00:24:22les petits lapins, les oiseaux.
00:24:24Il a fallu que je fasse 7 enfants,
00:24:26que je me marie 5 fois
00:24:28pour avoir l'idée de faire ce film.
00:24:30Où est la maison ?
00:24:31Sarah, c'est la numéro 2.
00:24:34C'est grincheux.
00:24:36T'es la grinchosse, toi ?
00:24:37C'est grincheux.
00:24:38Ce qui est un peu étrange,
00:24:40c'est que le lieu du tournage, c'est chez lui.
00:24:42Il y a ses petits-enfants,
00:24:44ses filles et tout ça.
00:24:46T'as un truc un peu bizarre,
00:24:48qui te prend, qui te donne un peu le vertige.
00:24:50Et en fait, tu parles 2 minutes avec Rebecca.
00:24:55Je ne sais même plus si elle est venue, si elle vit.
00:24:57C'est bizarre parce que comme c'est ma maison,
00:25:00de voir la maison en action.
00:25:03Tout se mélange, là.
00:25:04Ben oui.
00:25:05C'est ça.
00:25:07Quand on filme, je pense que c'est mon métier en scène plutôt.
00:25:09Je n'ai pas envie de voir comme mon père,
00:25:11ce serait bizarre.
00:25:12J'ai envie d'être comme tous les acteurs.
00:25:16On fait un pull track.
00:25:18Un pull track ?
00:25:19Oui.
00:25:20C'est ma nièce.
00:25:22Ah, la toute petite nièce, ouais.
00:25:24C'est ma soeur.
00:25:28Quels sont les miens ?
00:25:30Quels sont les miens, les petits, les grands ?
00:25:32Je ne sais plus.
00:25:33C'est un tout petit peu la louche, en fait.
00:25:39Il faut que vous lui fassiez la gueule.
00:25:41Vous êtes anéante.
00:25:42Comment peut-on avoir un père aussi inconscient ?
00:25:45En tous les cas, aujourd'hui, il faut jouer.
00:25:46C'est le cas.
00:25:47Vous lui faites la gueule toutes les quatre.
00:25:48Pour la première fois, il y a un point sur lequel vous êtes d'accord.
00:25:51Monsieur a l'idée.
00:25:52Alors ?
00:25:54Je ne t'apprends pas de parler avec tes filles.
00:25:55C'est vraiment quelqu'un qui peut être détestable aussi.
00:25:59C'est beau de montrer ça de soi.
00:26:02Ce n'est pas évident.
00:26:03Il faut la force, le courage.
00:26:07Je te pardonne tout.
00:26:10Ça !
00:26:11Putain.
00:26:12Ça !
00:26:14Tu me dégoutes !
00:26:15Tu me dégoutes !
00:26:17Je te regarde et j'ai envie de te buter !
00:26:19J'ai envie de te buter !
00:26:20Tu m'entends, là ?
00:26:22T'es un enfoiré, papa !
00:26:23Voilà ce que t'es !
00:26:24T'es un enfoiré !
00:26:33Hibert.
00:26:34T'as été formidable.
00:26:36J'y ai cru.
00:26:38Mais quel sale caractère.
00:26:41Non, t'étais formidable.
00:26:44Tu m'as donné envie de pleurer.
00:26:48Du coup, j'ai chié un peu.
00:26:51C'était prévu avec Claude ?
00:26:52Oui.
00:26:54C'est bien de pas le dire.
00:26:57Merci.
00:27:08Ça va te faire ranger.
00:27:14Putain, j'ai tout raté dans ma putain de vie.
00:27:16Non, c'est pas vrai. Dis pas ça.
00:27:20Elles ont cassé tout.
00:27:23C'est pas vrai. Dis pas ça.
00:27:31C'est bien, c'est bien.
00:27:32Continue, continue.
00:27:33Attends, attends, attends.
00:27:34Faut pas faire un début de chanson, quand même.
00:27:35Ah, merde !
00:27:36Tony Hendry va vous chanter maintenant
00:27:38sa chanson préférée.
00:27:39Purple in the rain.
00:27:43Vous la connaissez pas, la chanson ?
00:27:44Purple light, purple light.
00:27:46Purple light, purple light.
00:27:48In the canyon, in the canyon.
00:27:50In the canyon, in the canyon.
00:27:52That's the light, that's the light.
00:27:54Long to be, long to be.
00:27:56It must fade, it must fade.
00:27:58Good companion, good companion.
00:28:00Just my rifle in my hand.
00:28:03Oui, il faudrait le faire comme ça, bien.
00:28:05Un peu facilement éclairé, comme ça.
00:28:07Ça, tu parles de l'église ?
00:28:09C'est parce qu'il faut relancer les trucs.
00:28:10Faut que ce soit beau, hein, les gars.
00:28:11Parce qu'au prix que ça me coûte.
00:28:13Faut pas qu'on parle d'un film américain.
00:28:16Moi, j'ai pas les moyens.
00:28:17Et moi, toute l'avance que je prends,
00:28:19c'est pour sécuriser Johnny.
00:28:21Oui.
00:28:22On sait pas.
00:28:23Ça, c'est clair.
00:28:24C'est pour sécuriser le film.
00:28:26Pour sécuriser le budget.
00:28:28Et je me fais un petit cadeau
00:28:30de deux heures de tournage
00:28:31où je fais ce que je veux.
00:28:33Je gratte, hein, Claude.
00:28:34Oui, je sais.
00:28:35Je surveille.
00:28:36Il faut parce que c'est mes sauts,
00:28:38tu vois, ce que je veux dire.
00:28:40Coupé !
00:28:42C'était le dernier plan du film.
00:28:44Merci, Sanjeev Banerjee.
00:28:47Merci à tous, les gars.
00:28:49Je me suis régalé.
00:28:57Il y a vraiment le film qu'on rêve,
00:29:00le film qu'on écrit,
00:29:01le film qu'on tourne,
00:29:02et puis il y a celui qu'on monte.
00:29:03Le montage nous explique ce qu'est le cinéma.
00:29:05C'est au montage.
00:29:07Parce que...
00:29:09Je vais tricher.
00:29:10Une sortie musicale.
00:29:11Mais c'est beau, là, tu vois,
00:29:12qu'il y ait avec le silence.
00:29:13Pas de bruit, rien.
00:29:14Même pas...
00:29:15C'est muet.
00:29:16C'est l'endroit où j'ai plus le track.
00:29:18J'ai plus le track au montage qu'au tournage,
00:29:21ou qu'à l'écriture.
00:29:22Parce que là, je sais qu'il n'y a plus de marche arrière.
00:29:24Et là, qu'est-ce qui te saute aux yeux ?
00:29:27Ce qui me saute à la gueule,
00:29:28c'est que Johnny a l'idée
00:29:29qu'il va être la révélation du film.
00:29:35Le louche finalise la post-production de son film,
00:29:38fait la connaissance de Raoul Vora,
00:29:40poursuit le développement de ses autres projets
00:29:42et, bien évidemment,
00:29:43sort une nouvelle idée de son chapeau.
00:29:47J'ai lu quelque part que Kinky Swood
00:29:49a reçu un matin, chez lui, une femme
00:29:53qui est venue lui annoncer qu'il était cocu.
00:29:56Ils ont passé la journée ensemble
00:29:58et le soir, ils étaient ensemble.
00:30:01Les deux couples, ils prennent le petit déjeuner
00:30:03et ils regardent la même édition de télé
00:30:05où on annonce une journée absolument catastrophique
00:30:08qui est le symbole de notre époque.
00:30:10Je vais en faire un, c'est dit.
00:30:12Avec Kinky Swood ?
00:30:14C'est comme si on annonçait la fin du monde.
00:30:16Et ça va être la fin du monde pour notre couple.
00:30:18Un tout petit film.
00:30:19Tout petit, petit, petit, petit, petit film.
00:30:21On va tout écrire au jour le jour.
00:30:23Ah, sans scénario ?
00:30:24Sans rien.
00:30:25Ah oui, je veux partir, je veux partir sans rien.
00:30:27J'ai plein d'idées dans la tête.
00:30:28Le plus beau scénario que j'ai jamais eu de ma vie.
00:30:31Un nouveau, alors ?
00:30:32Oui, qui est arrivé dans ma tête.
00:30:34Douze personnages, les douze signes du Zodiac.
00:30:45Ça s'appelle la très intime conviction.
00:30:47C'est la décision que tu prends avec toi-même.
00:30:49Donc ça sera le vrai sujet du film.
00:30:51Moi, mon intime conviction, c'est qu'il est coupable à 100%.
00:30:53Et encore, je me retiens.
00:30:57Regarde, je vais déposer ça.
00:30:59Sur le CNC, il est enregistré.
00:31:01Il y a déjà un contrat.
00:31:03Ah bon ? Moi et les autres, il existe ?
00:31:05Ben oui.
00:31:06Alors tu déposes que ça.
00:31:08Combien d'histoires t'as déposées, de sujets ?
00:31:10T'as une idée ?
00:31:11Oui, une centaine.
00:31:12Une centaine ?
00:31:13Plus, oui.
00:31:14Oui.
00:31:15Depuis 50 ans ?
00:31:17J'en dépose au moins 3-4 par an.
00:31:19Plus que ça.
00:31:21Et qu'est-ce qui l'avient de l'autre projet que tu avais ?
00:31:23Tu avais ce film qui se passait à Deauville, entre deux couples.
00:31:26Ça, je garde ça pour la sortie d'Un homme et une femme.
00:31:30Sortira Un homme et une femme,
00:31:32et en même temps, sortira Deux hommes et deux femmes.
00:31:34J'ai envie de faire Joujou.
00:31:36J'ai envie de faire Joujou.
00:31:38J'ai envie de faire Joujou.
00:31:40J'ai envie de faire Joujou.
00:31:42Je peux te poser une question personnelle ?
00:31:44Quand est-ce que tu vas devenir adulte ?
00:31:46Le jour de...
00:31:52Quand je vois des auteurs qui disent que je suis sec,
00:31:54je ne sais pas quoi raconter, je ne comprends pas.
00:31:56Si on est curieux, on ne peut pas être sec.
00:31:58Moi, je suis malheureux.
00:31:59Je vais mourir sans avoir fait la moitié de mes films.
00:32:02Même pas le dixième.
00:32:05Anniversaire !
00:32:10Un grand merci.
00:32:11Vraiment, ça me touche beaucoup, beaucoup.
00:32:12Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me touche.
00:32:14Et en plus, ça va me permettre d'écrire encore dans la lumière.
00:32:18Mon premier premier assistant.
00:32:21Tu ne te rappelles pas ?
00:32:22On a été l'assistant de Roberto Rossellini.
00:32:24J'étais caméraman de Rossellini un soir.
00:32:28C'est pour rien, les enfants.
00:32:30Les anciens combattants, on est là.
00:32:35Un grand merci.
00:32:36Merci à vous.
00:32:48Tu me regardes, Johnny ?
00:32:49Il est magnifique.
00:32:50J'aime beaucoup.
00:32:51Ouais, ouais.
00:32:56T'es surpris, toi ?
00:32:57Hein ?
00:32:58T'es surpris ?
00:32:59C'est trop dur, là.
00:33:00Bah, je te jure, c'est perturbant pour nous.
00:33:03Pour moi, il n'a jamais été là, Noël, mais il n'a jamais été là tout court.
00:33:08Ça fait très longtemps que je n'ai pas vu un film de mon père aussi personnel,
00:33:12autant en péril, en tout cas, il s'offre autant que ça.
00:33:16Le personnage, il le tire vers le haut.
00:33:18La vie est plus complexe que ça, mais celui-là est très, très joli.
00:33:23Moi, je sais que si demain matin, on me demandait d'adapter au cinéma
00:33:28un scénario écrit par un autre, je vais être le plus malheureux du monde.
00:33:33Je ne vais pas pouvoir.
00:33:35C'est pour ça que j'ai renoncé à chaque fois à adapter
00:33:38tous les grands projets qu'on m'avait proposés.
00:33:40J'ai dit non, moi, je ne suis pas un metteur en scène esclave.
00:33:46J'ai brisé mes chaînes avec un homme et une femme.
00:33:52Le cinéma était en esclavage.
00:33:55Moi, je les ai brisés.
00:33:56J'ai dit, il faut libérer le scénario, il faut libérer l'acteur,
00:33:59il faut libérer la caméra, il faut libérer tout le monde.
00:34:02J'ai bouffé le jardin.
00:34:04Je me suis dit, putain, pourquoi je n'ai pas une caméra ?
00:34:07Voilà, c'est ça, c'est ça, c'est ça.
00:34:09Je deviens fou, je deviens fou.
00:34:12Je suis un grand malade.
00:34:14Je suis intoxiqué à mort.
00:34:16Et on a pris la décision aujourd'hui de tourner un film de fou,
00:34:20de cinglé, de malade.
00:34:22Et c'est l'histoire d'un homme qui aime les femmes
00:34:25et qui aimerait en aimer qu'une seule.
00:34:27Mais son problème, c'est qu'il les aime toutes.
00:34:30J'ai raison de prendre des projets qui me font peur.
00:34:33J'ai raison de prendre un film nué quand on me dit,
00:34:35il ne faut pas faire un film nué.
00:34:36Il n'y a aucune raison.
00:34:37Il ne faut pas faire un film masqué, ça ne marche pas.
00:34:39Pourquoi ?
00:34:40Tu vas faire un flot de louches en Inde, tu vas faire quoi ?
00:34:42Je vais vivre, je vais vivre un truc formidable.
00:34:45Dite carrière, c'est, il ne faut pas, il ne faut pas,
00:34:47il ne faut pas, il ne faut pas.
00:34:48Mais si, en fait, il faut.
00:34:49Je crois que c'est un truc d'instinct qu'il faut garder.
00:35:01Nous voilà partis pour une virée de trois semaines menée à train d'enfer.
00:35:0425 000 kilomètres parcourus en avion, en train, en voiture ou en bateau.
00:35:08Il paraît que Claude a l'habitude d'abréger ses repérages.
00:35:10Des plans B et même C ont donc été prévus pour parer à toute impatience.
00:35:14Et pour parcourir ce pays-continent,
00:35:16pour leur montrer la diversité des décors envisagés
00:35:19et nourrir leur scénario,
00:35:20avec Raoul, on a préparé un voyage initiatique en partant des mégalopoles.
00:35:25La méthode de Lelouch pour voler des instants de vérité,
00:35:27c'est de semer le chaos et la confusion dans la tête de ses comédiens
00:35:30comme nous l'avons vu sur Saint Laurent M.
00:35:32Vous risquez rien du tout.
00:35:34En Inde, c'est une évidence.
00:35:36Le chaos est partout, à l'état brut,
00:35:38à l'abo grandeur nature où Claude n'aura qu'à plonger ses acteurs.
00:35:41C'est tout l'enjeu de ce voyage.
00:35:43C'est l'enjeu.
00:35:44C'est l'enjeu.
00:35:45C'est l'enjeu.
00:35:46C'est l'enjeu.
00:35:47C'est l'enjeu.
00:35:48C'est l'enjeu.
00:35:49C'est l'enjeu.
00:35:50C'est l'enjeu.
00:35:51C'est l'enjeu.
00:35:52C'est l'enjeu.
00:35:57C'est insensé.
00:35:58Ouais.
00:35:59Insensé.
00:36:00Moi je suis un amoureux du bordel.
00:36:02Je trouve que
00:36:03il y a rien de plus photogénique que le bordel
00:36:08et là ça va tout à fait dans mon sens.
00:36:10Mais ça, ça me travaille.
00:36:13Ça, ça me plait.
00:36:15Regarde là, c'est incroyable,
00:36:16c'est insensé.
00:36:18Regarde, là, je deviens fou.
00:36:19Là, regarde, regarde.
00:36:20Là, c'est du chef-d'oeuvre.
00:36:22Ils ont la télé satellite.
00:36:24Il n'y a pas d'eau courante, il n'y a rien, c'est n'importe.
00:36:27Si on vient ici, c'est pour filmer ça, les enfants.
00:36:30Rien, rien, rien.
00:36:32C'est pour prendre n'importe quel billet.
00:36:34C'est marqué en hindi et en anglais.
00:36:36Donc ce sont deux langues soi-dite officielles de l'Inde.
00:36:40Regarde là, c'est marqué en 17 langues.
00:36:43Ce sont des langues, pas des dialectes.
00:36:45Il y a 1500 dialectes.
00:36:47Les films sont tournés dans quelles langues ?
00:36:49C'est une langue assez pure.
00:36:53On reprend la course folle pour rejoindre le Rajasthan.
00:36:56Sur les routes indiennes, mourir de peur ou dormir, il faut choisir.
00:37:00Regarde, c'est des buffes.
00:37:03Regarde, c'est extraordinaire.
00:37:06Elles ne bougent pas d'un centimètre.
00:37:11Quand tu viens en Inde, tu es obligé de croire en Dieu.
00:37:14Si tu fais 500 kilomètres sur une autoroute,
00:37:17si tu n'es pas mort au bout de 500 kilomètres, c'est que Dieu existe.
00:37:21C'est obligé.
00:37:23Avec ce que j'ai vu aujourd'hui, on aurait dû mourir 63 fois.
00:37:26J'ai perdu 60 points à mon permis de conduire.
00:37:29Rien qu'en regardant.
00:37:31Même pas en conduisant.
00:37:37Namasté. Bienvenue au Rajasthan.
00:37:39On touche la terre ici.
00:37:42C'est le pays des sacrifices,
00:37:44c'est le pays de la royauté,
00:37:47c'est le pays de l'héroïsme.
00:37:49C'est le pays qui nous a donné le saffron sur notre drapeau indien.
00:37:53En Inde, le temps se mesure à l'échelle de l'éternité.
00:37:56Un concept ardu pour tout occidental.
00:37:59Un comble pour l'homme qui ne s'arrête jamais.
00:38:02Il y a une sorte d'acceptation des choses.
00:38:05Chez nous, il y a une révolte permanente.
00:38:08Une critique, une contestation, ils acceptent.
00:38:11On les voit très bien.
00:38:14On pense que le temps n'est pas dans notre main.
00:38:17Le temps est dans la main de Dieu.
00:38:20Les occidentaux pensent que c'est leur schédule,
00:38:23et qu'ils doivent le faire dans leur temps.
00:38:26Mais nous pensons que ce n'est pas notre schédule.
00:38:29C'est le schédule de Dieu.
00:38:31Voyons si nous pouvons le faire.
00:38:33Si non, on le fera demain.
00:38:35C'est une très différente philosophie.
00:38:44Ne partez pas sans moi !
00:38:46Viens, viens, viens !
00:38:54Il fallait créer un truc comme ça,
00:38:56ça serait tellement artificiel.
00:38:58Et là, il y a des parfums, tout ce que j'aime.
00:39:05Ce qui m'intéresse dans ce film,
00:39:07c'est que le personnage de Louis Jardin
00:39:10ne croit en rien, il croit en lui.
00:39:12Dieu existe, oui, c'est toi.
00:39:15Ça m'amuse d'avoir un personnage
00:39:17qui croit surtout en lui,
00:39:20dans un pays où les autres croient
00:39:22dans quelqu'un d'autre, ça c'est intéressant.
00:39:25Et puis j'aime bien un personnage
00:39:27un peu ventard,
00:39:29parce qu'ici, la modestie est quand même forte.
00:39:37À l'hôtel, je retrouve Claude,
00:39:39qui vivra une de ses occupations favorites
00:39:41quand il ne tourne pas,
00:39:43passer ses projets à la moulinette,
00:39:45redistribuer les cartes de ses films,
00:39:47et ce matin, procéder à un choix cornelien.
00:39:50J'ai cinq films dans la tête,
00:39:52je vais sûrement faire un regroupement
00:39:54de l'intime conviction avec un plus une,
00:39:57parce que ce sont des trucs voisins.
00:39:59Sauf que tu m'as dit un jour,
00:40:01je vais faire trois films,
00:40:03c'était Salaud, On t'aime,
00:40:05et Les bandits manchots,
00:40:08Là, si tu veux sortir le prochain,
00:40:10tu vas tourner un gros truc,
00:40:12en plus c'est l'été, sérieusement.
00:40:14Ça me ferait mal partir.
00:40:20J'en profite, comme il y a la caméra,
00:40:22pour dire à mon amoureux que cet été,
00:40:24je pars en vacances.
00:40:26Je ne suis pas disponible du 15 juillet
00:40:28jusqu'à la fin août.
00:40:30Un mois et demi.
00:40:32Ça fait deux ans que je bosse,
00:40:3424-24, je n'en fais plus, je me barre.
00:40:36Tu ne peux pas faire un gros film
00:40:38entre les deux, c'est pas possible.
00:40:40Tu ne pourras pas le tourner, le monter.
00:40:42Il y a déjà des dates bloquées.
00:40:44Il n'y a rien de bloqué avec l'eau de louche.
00:40:46Rien n'est bloqué avec l'eau de louche.
00:40:48Rien.
00:40:50Ça n'existe pas.
00:40:52Elle connaît la bête.
00:40:54Mettez quatre pieds nickelés dans une voiture,
00:40:56ajoutez une pincée d'aventure,
00:40:58un paquet de kilomètres, un soupçon de mystère,
00:41:00assaisonnez le tout de bonne humeur
00:41:02et d'esprit d'équipe,
00:41:04c'est ça.
00:41:08Le rythme est intense.
00:41:10La fatigue nous rend tour à tour hilar ou agacé.
00:41:12Il est 6h du matin
00:41:14et on ne dort plus.
00:41:16Une pause chai
00:41:18et ça repart.
00:41:24L'accent alsacien.
00:41:26Ce n'est pas l'accent alsacien,
00:41:28c'est vous qui parlez avec l'accent français.
00:41:30Après l'accent alsacien,
00:41:32je ne reviens pas.
00:41:34Une nouvelle intimité se dessine
00:41:36et l'imaginaire de Claude est stimulé.
00:41:38Il commence à voir en Raoul
00:41:40un personnage de son film.
00:41:42Depuis trois jours,
00:41:44je crois tout ce que tu me dis.
00:41:46Jusqu'à présent, toutes les choses que je t'ai dit
00:41:48sont vraies.
00:41:50Mais maintenant, je commencerai à inventer un peu.
00:41:52On va créer ton personnage autour de ça.
00:41:54C'est drôle,
00:41:56c'est un personnage formidable.
00:41:58Le mec, il a réussi à trouver
00:42:00que tout est parti d'Inde.
00:42:02Ce qui serait bien, c'est qu'on mélange
00:42:04la vérité avec un peu de légende.
00:42:06On va prendre l'histoire du mec de Limoges.
00:42:08Raoul, c'est ça.
00:42:10Ce n'est pas Limoges, c'est l'Inde.
00:42:12Quand j'étais à l'armée,
00:42:14j'étais avec un garçon qui était de Limoges,
00:42:16qui avait grandi à Limoges,
00:42:18qui avait vécu toute sa vie à Limoges
00:42:20jusqu'à l'âge de 20 ans.
00:42:22Dans notre chambray,
00:42:24qui avait déjà fait pas mal de choses,
00:42:26donc le soir, on racontait nos aventures.
00:42:28Et moi, je racontais
00:42:30mes aventures aux Etats-Unis,
00:42:32à Moscou,
00:42:34le rideau de fer, etc.
00:42:36Et à chaque fois que je parlais d'événements
00:42:38ou de décors que j'avais eu la chance
00:42:40de voir à 20 ans,
00:42:42il y avait ce garçon qui était adorable
00:42:44qui disait, mais à Limoges, j'ai la même chose.
00:42:46C'était un peu l'alchimiste.
00:42:48Nous, on avait fait le tour du monde,
00:42:50et lui, il avait tout en bas de chez lui.
00:42:52Ça s'appelle la mauvaise foi, à un moment donné.
00:42:54Il faut que ton personnage soit comme ça, Raoul.
00:42:56Mais qu'on y croit vachement.
00:42:58Tout est parti d'ici.
00:43:00Le Big Bang est parti de l'Inde.
00:43:02Pour aller dans l'univers.
00:43:04Les champs de moutarde qui poussent là-bas,
00:43:06les Dijonais sont venus ici à longtemps.
00:43:08Et après, ils ont fait la moutarde de Dijon.
00:43:10C'est bien, j'adore.
00:43:12C'est les Indiens qui ont inventé la nouvelle vague.
00:43:14Ils faisaient 1000 films par an
00:43:16quand Godard a fait un stop à bout de souffle
00:43:18et est parti d'ici.
00:43:20Si on arrive à faire ça,
00:43:22au fond, ça va être à pleurer.
00:43:24Et avec Dujardin,
00:43:26on va exploser la marmite.
00:43:28Parce que Dujardin,
00:43:30sur des coups comme ça, je vais le faire partir.
00:43:42Tant qu'on n'a pas été dans une gare indienne,
00:43:44on ne sait pas ce que c'est que l'Inde.
00:43:48C'est très impressionnant.
00:43:50Je disais à Valérie,
00:43:52c'est le premier vrai gros choc qu'on a.
00:43:54Là, c'est violent.
00:43:58Regarde les rats.
00:44:00Les rats sont de bonnes vues
00:44:02parce que ce sont des montures de Ganesha.
00:44:04Et tout le monde adore Ganesha.
00:44:06Et putain, quand je dis ça,
00:44:08il n'y a personne qui me croit maintenant.
00:44:10Même quand je dis la vérité.
00:44:12Mais c'est vrai.
00:44:14Tu filmes là ?
00:44:16Regarde ça, c'est beau ce que tu filmes.
00:44:18Avec la buée.
00:44:20Là, c'est la fin de la mer.
00:44:22C'est l'auteur J.Wagon.
00:44:24Ça, c'est le tramway de rêve
00:44:26que tu filmes.
00:44:28Regarde le générique de film.
00:44:32Moi, je dors mieux assis.
00:44:34Je connais très bien Claude Lelouch.
00:44:36C'est un ami à moi.
00:44:38Je le connais depuis 76 ans.
00:44:40Et je peux vous garantir
00:44:42qu'il dort mieux assis que debout.
00:44:44Non, c'est pas vrai.
00:44:46Moi, je le connais depuis 7 ans
00:44:48et je dis que ce n'est pas vrai.
00:44:50Je ne peux pas imaginer
00:44:52ce qui se passe.
00:45:08Je voulais filmer avec ce brouillard.
00:45:10C'est d'une beauté insensée.
00:45:12Tu l'auras, t'inquiète.
00:45:14L'année prochaine, on aura ça.
00:45:16C'est partout.
00:45:22Maranasi, au Bénarès,
00:45:24c'est la seule ville en Inde
00:45:26où le dieu Shiva est considéré
00:45:28comme étant le roi.
00:45:30Il est le roi de cette ville.
00:45:32Ce n'est pas un second dieu.
00:45:34C'est son royaume.
00:45:44Le Gange,
00:45:46un fleuve à la fois sacré et pollué.
00:45:48On y jette des corps en décomposition
00:45:50et des déchets toxiques
00:45:52et pourtant, on s'y lave
00:45:54et on s'y purifie.
00:46:02Nous nous dirigeons vers les bûchers,
00:46:04tous allumés à la flamme du feu sacré
00:46:06qui brûlerait depuis 3500 ans.
00:46:08C'est le pays où il y a le plus de contraste.
00:46:10Le Moyen-Âge et l'an 2000
00:46:12se côtoient comme nulle part ailleurs.
00:46:16Si on arrive
00:46:18simplement de nos pays
00:46:20en regardant ça,
00:46:22on ne peut que s'insurger
00:46:24devant cette misère.
00:46:28Pour la première fois,
00:46:30l'Inde s'insinue en Claude
00:46:32comme en restant indifférent
00:46:34à ce mélange de poésie et de pourriture.
00:46:36La combat Mela m'avait convaincu
00:46:38d'emmener Claude en Inde.
00:46:40C'est le plus grand rassemblement spirituel
00:46:42de la planète.
00:46:44Un campement éphémère,
00:46:46un décor infaisable,
00:46:48une figuration de plus de 100 millions de pèlerins,
00:46:50un rêve pour tout cinéaste.
00:46:52La Mela, qui signifie foire en Hindi,
00:46:54est moins importante
00:46:56mais conserve une force rare.
00:46:58Plus qu'une communion spirituelle,
00:47:00c'est le salon du chaos
00:47:02à échelle inhumaine.
00:47:04L'eau !
00:47:06L'eau !
00:47:10L'eau est un élément sacré pour les Indos.
00:47:12Les grands bains sont les points forts
00:47:14de cette réunion.
00:47:24C'est une des plus belles choses
00:47:26que j'ai vues de ma vie.
00:47:28Et que toutes les confluences
00:47:30de ta vie
00:47:32t'emmènent au mieux.
00:47:34Ce point rouge sur le front
00:47:36que vous voyez depuis le début du voyage
00:47:38c'est le tilak
00:47:40qui symbolise le troisième oeil.
00:47:42Bon, ne nous lançons pas dans une étude des chakras,
00:47:44sachez juste que Descartes, le philosophe,
00:47:46considérait cet endroit comme le siège de l'âme.
00:47:48Un truc de dingue !
00:47:56Dans la Marthe, il y a des films raisonnables.
00:47:58Il faut bouger les gens de toute manière
00:48:00pour qu'ils ne se rendent pas compte.
00:48:02A priori, quand tu vois ça, tu te dis
00:48:04que c'est infilmable.
00:48:06C'est infilmable parce qu'il y a trop d'acteurs.
00:48:08C'est une vraie provocation pour moi.
00:48:10Ça passe ou ça casse.
00:48:12Mais je pense que si on arrive
00:48:14d'abord à divertir les gens
00:48:16pour ensuite les amener
00:48:18dans une réflexion
00:48:20vachement optimiste,
00:48:22vachement optimiste.
00:48:30Être amoureux de deux personnes en même temps,
00:48:32c'est terrible.
00:48:34Du jardin, c'est un gourmand.
00:48:36Il veut toutes les femmes, il veut tout.
00:48:38Il veut tout, il veut tout, il veut tout.
00:48:40C'est le vrai dragueur.
00:48:42Tomber amoureux quand on n'est plus amoureux,
00:48:44c'est dans tous les films.
00:48:46Pourtant, au-delà de 5-6 ans,
00:48:48on ne peut plus être amoureux.
00:48:50Il n'y a pas de la même manière, c'est ça ?
00:48:52Là, je veux que ce soit récent.
00:48:54Deux ans, c'est déjà énorme.
00:48:56Je dirais que d'avoir un enfant...
00:48:58Deux ans, c'est trop chaud.
00:49:00Tu ne fais pas ces démarches-là
00:49:02au bout de deux ans.
00:49:04Il faut que ça fasse au moins sept ans qu'ils soient ensemble.
00:49:06Elsa est amoureuse de son mari,
00:49:08lui est amoureuse de sa pianiste.
00:49:10On peut être très amoureux au bout de sept ans,
00:49:12au contraire, encore plus qu'au bout de deux ans.
00:49:14Ce n'est pas pareil.
00:49:16Là, c'est deux couples.
00:49:18Pourquoi ?
00:49:20Je ne dis rien du tout.
00:49:22On va en parler.
00:49:28Bonsoir.
00:49:30Comment allez-vous ?
00:49:32Bonjour.
00:49:58Comment allez-vous ?
00:50:00Bien.
00:50:02Comment allez-vous ?
00:50:04Bien.
00:50:06Comment allez-vous ?
00:50:08Bien.
00:50:10Comment allez-vous ?
00:50:12Bien.
00:50:14Comment allez-vous ?
00:50:16Bien.
00:50:18Comment allez-vous ?
00:50:20Bien.
00:50:22Comment allez-vous ?
00:50:24Bien.
00:50:26Comment allez-vous ?
00:50:48Comment allez-vous ?
00:50:50Tourne-moi le téléphone.
00:50:52Comment allez-vous ?
00:50:54C'est bouleversant, c'est touchant.
00:50:56Ça j'ai très très envie d'amener les personnages du film ici à un moment donné
00:51:00pour qu'ils comprennent ce qu'on ne peut pas expliquer.
00:51:04Il faut expliquer l'inexplicable.
00:51:09J'ai été plus ému quand elle m'a pris dans ses bras
00:51:12que le jour où j'ai eu la palme d'or ou les Oscars à Hollywood.
00:51:15Je te jure.
00:51:17Quand tu as un Oscar et une palme d'or, ça donne pas un sens à la vie.
00:51:21Ça donne un sens à ton égo.
00:51:24Avec ça tu vas rassurer les imbéciles, tu vois ce que je veux dire.
00:51:44J'ai l'impression de vivre la vie en ralenti.
00:51:47Je te vois avancer d'un pas lent.
00:51:50On est à 4200 et quelques mètres déjà.
00:51:53Et il faut partir doucement, doucement.
00:51:57Il ne faut pas se speeder.
00:52:01Ça j'étais assuré, ça m'était arrivé.
00:52:04Tu hallucines la nuit si tu as de la sickness là.
00:52:10Nous sommes arrivés au Cachemire, un état du nord de l'Inde
00:52:13à la frontière du Tibet, de la Chine et du Pakistan.
00:52:15Un axe militaire stratégique, une région à majorité bouddhiste et de culture tibétaine.
00:52:20Si nous avons souhaité emmener Claude dans les Himalayas, c'est parce que tout commence ici.
00:52:32C'est Las Vegas local.
00:52:34Sauf que c'est leur seule attraction, j'ai l'impression.
00:52:36Ils se marrent vachement.
00:52:39Ce pays croit en l'éternité, donc je crois en l'éternité.
00:52:42Je ne crois pas à la mort puisque je crois à l'éternité.
00:52:45Si tu me dis est-ce que tu crois en Dieu, je te dis non, je crois en l'éternité.
00:52:49Donc je crois en l'éternel.
00:52:54L'Indus, le grand fleuve de l'Indus, la civilisation de l'Indus, c'est ça.
00:52:58C'est le début de tout en Inde.
00:53:00C'est le début de tout en Inde.
00:53:03L'Indus, le grand fleuve de l'Indus, la civilisation de l'Indus, c'est ça.
00:53:06C'est le début de tout en Inde.
00:53:08C'est vachement beau.
00:53:09Ça t'inspire ?
00:53:10Ah ouais.
00:53:11Si la vie est un long fleuve tranquille, il part d'ici.
00:53:14Ce n'est pas du tout dans le film, dans l'histoire.
00:53:17Ça peut y aller.
00:53:19Mais qu'est-ce qu'ils viendraient chercher ici, les personnages ?
00:53:21Bah écoute, je ne sais pas.
00:53:23Tu vois, je ne sais pas ce que je cherche depuis ma naissance.
00:53:26Mais de temps en temps, je trouve des trucs.
00:53:28Non mais tu es venu ici pour un repérage de films ?
00:53:30Oui, mais héros, ils cherchent quoi ?
00:53:32L'essentiel.
00:53:36Le jardin est la colonne vertébrale du film.
00:53:39Et c'est un bloc d'humour.
00:53:41C'est un mec.
00:53:43C'est Woody Allen, tu vois.
00:53:45Et elle, c'est Anne Que.
00:53:49Et moi, c'est Claude Melouche qui filme.
00:53:51C'est exactement ça.
00:53:54On va partir du cinéma, qui est un truc artificiel,
00:53:57pour essayer d'arriver à l'essentiel.
00:54:00En rigolant et dans une comédie.
00:54:02Il faut le faire en comédie, tout ça.
00:54:04Il faut le faire en comédie, c'est essentiel.
00:54:08Une dernière surprise attend le cinéaste.
00:54:10Les moulins à prière.
00:54:12Ici, à l'origine du monde et de l'obsession de Claude,
00:54:15il y avait la roue de l'éternité.
00:54:17L'idée du mouvement perpétuel.
00:54:30Avec toi, avec toi, avec toi, avec toi.
00:54:35Avec toi, avec toi, avec toi, avec toi.
00:54:41Avec toi, avec toi, avec toi, avec toi, avec toi.
00:54:46En fait, t'as choisi le cinéma parce que ça tourne.
00:54:51On va savoir.
00:54:53À 705 jours de la ligne d'arrivée,
00:54:55Claude rentre exténué mais riche de toutes ces images indiennes
00:54:58qui vont nourrir son projet.
00:55:03T'es arrivé devant cette femme, tu sais,
00:55:05qui embrasse les gens.
00:55:07Et c'est un truc de fou.
00:55:09Ça va au-delà de toutes les croyances,
00:55:11de toutes les conneries.
00:55:13Tu te dis, il y a un truc de divin.
00:55:15Le divin existe.
00:55:16Bon, pour revenir sur terre,
00:55:17parlons un peu de Salon Hôtel.
00:55:19Ça, c'est le cran malin de l'affiche.
00:55:21Parce qu'il faudrait qu'on lance l'affiche cette semaine.
00:55:23Oui, ça serait bien.
00:55:24On a joué à la fois le côté
00:55:26grande exploitation,
00:55:27grand circuit,
00:55:28gros pâté,
00:55:29UGC,
00:55:30et à la fois le côté
00:55:31salle indépendante.
00:55:32On va être partout.
00:55:33On fait du sur-mesure.
00:55:34On n'est pas dans une grosse machine.
00:55:36On commence ce qu'on appelle le marketing,
00:55:38c'est-à-dire tout ce qui est affichage et presse.
00:55:40Je reçois ?
00:55:41Ah oui, oui, oui.
00:55:43Le samedi,
00:55:44normalement,
00:55:45le JT Claire Chazal,
00:55:46avec Johnny et Eddy,
00:55:47n'est pas confirmé.
00:55:48Tiens !
00:55:49C'est confirmé, la projection ?
00:55:51Oui.
00:55:52On va recevoir son conclusion samedi en magazine.
00:55:55Il a une masque à place après au studio gratuit.
00:55:57C'est confirmé ?
00:55:58C'est confirmé.
00:56:03Eddy m'a dit,
00:56:04si je dois faire un journal télévisé,
00:56:05donne-moi le dimanche soir.
00:56:06Ils ne peuvent pas.
00:56:07Pourquoi ?
00:56:08Ils sont sur scène.
00:56:09Déjà, ça ne simplifie pas le problème.
00:56:10Deux dimanches avant la sortie,
00:56:11ce sont les municipales,
00:56:12donc il ne va pas y avoir
00:56:13de journal télévisé
00:56:15avec rubrique cinéma.
00:56:17Je vais voir si,
00:56:18par hasard,
00:56:19ils n'accepteraient pas le samedi
00:56:20de faire un journal avec toi,
00:56:23exceptionnellement,
00:56:24puisque le samedi,
00:56:25au contraire,
00:56:26ils ne peuvent pas parler politique.
00:56:27Je fais de la télé,
00:56:28c'est horrible.
00:56:29Je ne te parle même pas.
00:56:30Pour l'instant,
00:56:31je ne suis que dans les prime time.
00:56:32Je ne te parle même pas
00:56:33des asex prime time,
00:56:34où c'est la guerre.
00:56:35Ils sont là avec les mitraillettes.
00:56:37Tu vas chez qui ?
00:56:41Vous allez voir,
00:56:42le hasard a toujours du talent.
00:56:43Les gens du hasard,
00:56:44ils savent que je suis un client.
00:56:46Donc, vous allez voir,
00:56:47on va avoir des hasards
00:56:49et c'est là-dessus
00:56:50qu'il faut qu'on attaque.
00:56:54Le plus dur,
00:56:55c'est après le match.
00:56:56Tout va se jouer sur un coup.
00:56:58C'est excitant à mort.
00:56:59C'est comme à la roulette.
00:57:00La bille est en train de tourner.
00:57:03Est-ce qu'elle va tomber
00:57:04sur le bon numéro ?
00:57:05Il y a ce côté défi
00:57:06qui doit te plaire aussi.
00:57:07Je l'ai fait tout seul.
00:57:08On verra contre tous, maintenant.
00:57:09Oui, et puis,
00:57:10ça fait quand même 50 ans
00:57:13que je joue à ce jeu,
00:57:15à cette roulette russe.
00:57:16Tu vois cette pièce ?
00:57:17Passe, c'est moi qui le joue.
00:57:19Tu vois,
00:57:20c'est la roulette russe.
00:57:21Tu vois cette pièce ?
00:57:22Passe, c'est moi qui le bute.
00:57:24Pile, c'est lui.
00:57:25Si ça tombe sur la tronche,
00:57:26tu es gracié.
00:57:27Et pourquoi ?
00:57:28On t'a dit,
00:57:29un jeu bête est méchant.
00:57:34Là, on s'est pris une grosse claque.
00:57:36Surtout avec les chiffres
00:57:37qu'on a eu là,
00:57:38on pouvait penser que...
00:57:42Les jeunes, on ne les a pas,
00:57:43du tout.
00:57:45Ils n'ont pas eu envie
00:57:46d'aller hors-jeu au cinéma.
00:57:48Mais là, la chute aujourd'hui
00:57:49est colossale.
00:57:51C'est comme si tu étais
00:57:52à un tribunal.
00:57:53Le verdict est terrible.
00:58:01Tu as connu
00:58:02de grands, grands succès.
00:58:03Tu as aussi connu des échecs,
00:58:04donc ce n'est pas le premier.
00:58:05Comment tu fais pour...
00:58:06Ce n'est pas un échec, celui-là.
00:58:09Celui-là, ce n'est pas un échec.
00:58:11Ce n'est pas ça, un échec.
00:58:13Moins il marche,
00:58:16moins il a de succès,
00:58:18et plus je...
00:58:21J'aime ce film.
00:58:24Alors, c'est peut-être
00:58:26ma mauvaise foi
00:58:27qui est plus forte
00:58:28que tout le reste.
00:58:31Mais...
00:58:34J'aurais aimé assister
00:58:35au succès de ce film
00:58:36de mon vivant.
00:58:37Voilà.
00:58:38C'est ça qui me rend triste.
00:58:52Comme à chaque fois
00:58:53qu'il broie du noir,
00:58:54Claude prend la route
00:58:55à vive allure.
00:58:56Il y a 50 ans,
00:58:57après l'échec d'un de ses films,
00:58:58il s'est mis à rouler
00:58:59à tombeau ouvert,
00:59:00appelant la mort de ses vœux,
00:59:01juste avant que le hasard
00:59:02ne lui envoie un signe.
00:59:22La fameuse nuit
00:59:23où je me suis arrêté
00:59:24avec la voiture,
00:59:25c'était là, à peu près.
00:59:27Donc je me suis endormi là,
00:59:28et puis au petit matin,
00:59:29je suis allé respirer
00:59:30sur la plage.
00:59:34Et c'est là
00:59:35que j'ai vu cette femme,
00:59:36cet enfant qui marchait
00:59:37avec le chien.
00:59:38Donc on peut dire
00:59:39que tout a commencé là,
00:59:40comme on.
00:59:42Quand je suis arrivé là
00:59:43et j'ai dormi dans ma voiture,
00:59:44je n'aurais jamais
00:59:45vu un enfant
00:59:46qui marchait
00:59:47avec un chien.
00:59:48Quand je suis arrivé là
00:59:49et j'ai dormi dans ma voiture,
00:59:50je n'aurais jamais pu imaginer
00:59:52que c'était le générique
00:59:53d'un beau film,
00:59:55que ça allait changer mon destin.
00:59:58Surtout que cette nuit-là,
00:59:59je pensais qu'il faudrait
01:00:01peut-être changer de métier
01:00:02parce que les grands moments
01:00:03avaient été un échec.
01:00:07Donc c'est au moment précis
01:00:08où j'ai dit,
01:00:09peut-être qu'il faut
01:00:10que je fasse autre chose.
01:00:12On m'a rattrapé,
01:00:14et qu'on m'a dit,
01:00:15non, non, non, viens, viens.
01:00:17Viens, tu vois,
01:00:18on va faire un beau film.
01:00:20Voilà, donc encore une fois,
01:00:24on n'est pas assez savants
01:00:25pour connaître
01:00:27le grand projet de l'univers.
01:00:30On est en train d'expérimenter
01:00:32l'amour, les maladies,
01:00:33l'adultère, le mensonge.
01:00:37Je pense que je suis
01:00:38un reporter de la vie
01:00:39et que mes films,
01:00:41ça me permet de partager
01:00:42ma curiosité
01:00:43avec le plus grand nombre.
01:00:46Puis je ne peux plus
01:00:47me poser de questions.
01:00:49J'accepte les choses
01:00:50telles qu'elles sont,
01:00:51avec leur qualité,
01:00:52leurs défauts.
01:00:53Je n'ai plus envie du tout de...
01:00:56C'est trop compliqué.
01:00:57C'est trop compliqué.
01:00:59Le présent a toutes les vertus,
01:01:03et j'ai envie de le déguster.
01:01:05Je déguste le présent.
01:01:08Le passé, c'est le passé,
01:01:10et le futur,
01:01:12c'est trop compliqué,
01:01:13trop cher.
01:01:15Non, non.
01:01:46J'avais spéculé
01:01:49sur un succès moyen
01:01:51pour pouvoir continuer l'aventure,
01:01:53et là, comme le film
01:01:54fait vraiment le smic,
01:01:58ça modifie un tout petit peu
01:02:01la suite du feuilleton.
01:02:07J'attends un message du hasard.
01:02:10Tu sais que tu vas le chercher aussi.
01:02:12J'attends qu'il vienne.
01:02:13Je suis un peu la gueule, là, au hasard.
01:02:15Attendez, attendez, attendez.
01:02:17Je suis désolé de cette intrusion,
01:02:19mais là, il vous faut une explication de texte.
01:02:20Parce que si on n'a pas fait
01:02:21le louche en seconde langue,
01:02:22je ne vois pas comment
01:02:23on peut comprendre ses propos.
01:02:24Et pourtant,
01:02:26le louche, il le met
01:02:27dans ses films, tout ça.
01:02:28Pile.
01:02:29Vous prenez le métro.
01:02:31Face, on...
01:02:32On essaye de se rencontrer, quoi.
01:02:34D'accord ?
01:02:35Je lui laisse 13 secondes.
01:02:37Un, deux, trois, quatre,
01:02:39cinq, six, sept, huit,
01:02:42neuf, dix, onze, douze, treize.
01:02:46Génial.
01:02:47Vous êtes lion ?
01:02:48Non, non, je suis scorpion.
01:02:50Mais là, vous ne devriez pas
01:02:51rester bloqué.
01:02:52Ça fait 20 minutes que je suis bloqué.
01:02:54Mais vous n'avez pas à être bloqué
01:02:55puisque vous êtes scorpion.
01:02:56Puisque des joueurs...
01:03:00Le caillou gardera Salomé.
01:03:02Si j'arrive à faire le tour du phare
01:03:04en moins de 20 secondes,
01:03:05c'est que ce n'est pas grave.
01:03:07Moi, quand je sais pas,
01:03:09je me donne une deuxième chance
01:03:11avec les superstitions.
01:03:13À ce moment-là, je pose des questions
01:03:15à celui qui sait,
01:03:17c'est-à-dire à ce grand metteur en scène
01:03:19qui a fait de moi son assistant.
01:03:22Et ce grand metteur en scène,
01:03:24il me parle avec des signes.
01:03:27C'est pour ça que je suis attentif
01:03:28à tous les signes.
01:03:29Et il m'est arrivé, effectivement,
01:03:31de faire des films à pile ou face.
01:03:34Beaucoup de gens sont superstitieux.
01:03:36Beaucoup de sportifs ont des habitudes.
01:03:38Chacun de nous a le droit
01:03:39d'avoir un langage,
01:03:40poser des questions irrationnelles.
01:03:42Mais tu peux le faire
01:03:43avec un effort physique.
01:03:45Le tir à l'arc.
01:03:47C'est un truc très important.
01:03:48Tu fais du tir à l'arc
01:03:49pour prendre des actions ?
01:03:50Oui, parce que dans le tir à l'arc,
01:03:51il y a ta volonté.
01:03:52Oui.
01:03:53Ta détermination est importante.
01:03:55Et puis la flèche,
01:03:56elle traverse l'air,
01:03:58traverse ceux qui savent,
01:04:03traverse l'invisible
01:04:05et peut te donner des renseignements.
01:04:08C'est-à-dire qu'il y a
01:04:09un langage avec notre inconscient
01:04:12qui est possible
01:04:15et avec celui qui est censé
01:04:18savoir presque tout.
01:04:20Je crois à ça.
01:04:22La mort.
01:04:23Pour ça, c'est très intéressant.
01:04:24La mort à côté de la vie.
01:04:25Tu veux avoir des voyants,
01:04:26des choses comme ça ?
01:04:27Non, pas du tout.
01:04:28Je ne compte pas.
01:04:29Tu n'es pas du tout là-dedans.
01:04:30Non, parce qu'ils ne parlent pas
01:04:31le même langage que moi.
01:04:33Mon inconscient est traversé
01:04:34par des ondes.
01:04:36Les astres
01:04:37donnent des informations.
01:04:39Parce que ces informations,
01:04:40ils se les échangent entre eux.
01:04:41Donc, elles passent à travers toi
01:04:42à un moment donné.
01:04:43Donc, tu peux à un moment donné
01:04:44essayer de les choper.
01:04:46C'est un peu de l'espionnage
01:04:48que je fais.
01:04:52J'espère que vous n'avez rien compris.
01:04:54Tu veux dire que tu espères
01:04:55que nous nous avons bien compris ?
01:04:56Parfait.
01:04:57Il n'a rien compris.
01:04:58Mais c'est parce que vous,
01:05:00vous avez compris
01:05:01que vous n'avez rien compris
01:05:02que vous allez rester
01:05:03au-dessus de cette confusion
01:05:04et gagner beaucoup,
01:05:05beaucoup, mais beaucoup de fric.
01:05:06Il faut rattraper le retard
01:05:08et après reprendre de l'avance.
01:05:10Mais pour l'instant,
01:05:11on a pris un peu le retard
01:05:12sur le planning
01:05:15que je m'étais fixé.
01:05:20Coupé !
01:05:21Bon Dieu de l'air !
01:05:22J'ai dit que je ne voulais pas
01:05:23de son gogne !
01:05:24Il est dans la bûche !
01:05:25Dans la bûche,
01:05:26j'avais le son gogne !
01:05:27J'avais le chien qui attendait,
01:05:28c'était extraordinaire !
01:05:36Faire un film,
01:05:37c'est comme faire une course.
01:05:38C'est comme faire
01:05:39une compétition sportive.
01:05:40C'est conçu pareil.
01:05:41C'est un match,
01:05:42il faut le gagner.
01:05:43Là, c'est formidable !
01:05:44Là, j'arrive sur le curé !
01:05:46Attention !
01:05:47Tu sais, aujourd'hui,
01:05:48quand les gens vont voir
01:05:49un de mes films,
01:05:50s'ils disent
01:05:51« Ouais, c'est pas mal »,
01:05:52ils n'iront pas le voir
01:05:53parce qu'ils en ont vu 44 déjà.
01:05:55Ils n'iront voir mon prochain film
01:05:57que s'ils disent
01:05:58« Ah, c'est son meilleur ! »
01:06:00Moi, je vais voir un Woody Allen
01:06:01que si on me dit
01:06:02« Là, c'est un grand Woody Allen ! »
01:06:04On est condamnés,
01:06:05à un moment donné,
01:06:06à faire le meilleur film.
01:06:08Sinon, ils ne viendront pas.
01:06:09Ils diront « Je l'ai déjà vu ».
01:06:13Comme s'il n'avait pas
01:06:14assez de projets,
01:06:15Claude Rossan a un rêve
01:06:16vieux de 40 ans
01:06:17qu'il va réaliser
01:06:18à Beaune, en Bourgogne.
01:06:19Les ateliers de cinéma.
01:06:20Le genre d'école
01:06:21qu'il aurait adoré connaître,
01:06:22ouverte à ceux
01:06:23qui n'ont pas fait d'études
01:06:24ou qui n'ont pas l'argent
01:06:25pour en faire.
01:06:30C'est ce qui m'a décidé.
01:06:31Quand j'ai vu le trajet,
01:06:32j'ai dit
01:06:33« Je ne peux pas dire non ».
01:06:34Ce n'est pas toi
01:06:35qui l'as rajouté.
01:06:38Mais comment leur expliquer
01:06:39que si moi je le mets,
01:06:40ça va me porter l'âge ?
01:06:43Tout ça est cassé.
01:06:45Alors là, il y aura
01:06:46le grand studio
01:06:47d'une mètre carré.
01:06:48Là, le grand auditorium
01:06:49qui va être là.
01:06:50Toutes les salles de montage
01:06:51sont là.
01:06:52Il y a les profs.
01:06:53Mais on n'est pas là
01:06:54pour faire des cours.
01:06:55On fait des films.
01:06:56On les fait ensemble.
01:06:57On les fait.
01:07:04Quand on fera ça ?
01:07:07Là, c'est carrément très compliqué.
01:07:09Là, c'est dur.
01:07:10Moi, je me suis émerveillé
01:07:12parce que je ne peux plus boire.
01:07:14Moi, je monte un étage
01:07:16et t'es mort.
01:07:17Et on ramasse à la pelle.
01:07:20Je vais attaquer le 45e.
01:07:22Toi, on en a fait combien ensemble ?
01:07:24On en a fait pas mal, hein ?
01:07:26On a fait un étage,
01:07:27on a fait un étage,
01:07:28on a fait un étage,
01:07:29on a fait un étage,
01:07:30on a fait un étage,
01:07:31on a fait un étage,
01:07:32on a fait un étage.
01:07:33On a fait pas mal.
01:07:34Tu as lu le scénario, rapidement ?
01:07:35Il ne faut pas que ça fasse indien.
01:07:37Non, non, oublions ça.
01:07:39Parce que si tu fais un truc indien,
01:07:41on va être ridicules.
01:07:42Non, non...
01:07:44Lui, c'est un grand compositeur.
01:07:46Imagine, je ne sais pas,
01:07:47Francis Lay, Michel Legrand,
01:07:49Gerard, tu vois,
01:07:50et on le fait venir
01:07:51pour faire sa musique à lui.
01:07:55Il faut trouver un truc
01:07:57qui, pendant trois minutes,
01:08:01le rythme infernal et par-dessus, un thème rapide et un thème lent.
01:08:08Un thème rapide et un thème lent. Par-dessus.
01:08:15Avec toujours la rythmique derrière.
01:08:17On le fait en symphonie, carrément.
01:08:20Tout, tout, tout.
01:08:32Oui, c'est ça, le thème du film.
01:08:46Oui, on a.
01:08:47Sur les scènes que tu n'as pas dit à Jean, tu ne lui as rien dit du tout ?
01:08:50Non.
01:08:53Ce qui s'est passé, c'est que moi non plus, je ne lui ai pas dit.
01:08:57Tu sais, plus on va se faire de surprises les deux,
01:09:00et plus on sera à la fête.
01:09:31Non.
01:09:48Les corps de police, c'est les corps de la circulation urbaine.
01:09:51C'est pour mon contrôle.
01:10:00C'est pour mon contrôle.
01:10:26Je veux que tu viennes sur ce film
01:10:28comme on va dans une aventure.
01:10:30Tu vois, un jour, tu viendras voir le film avec moi
01:10:33et tu diras, putain, voilà l'histoire que j'ai tournée.
01:10:36Tu vois, j'ai envie que tu joues ce jeu une fois dans ta vie.
01:10:39Tu vois ce que je veux dire ?
01:10:40J'ai envie qu'on soit tout le temps sur un film.
01:10:45Tu vois ?
01:10:46Mais qu'on y croit.
01:10:48On a le droit, tu vois, il faut qu'on y croit.
01:10:51À un moment donné, moi j'adore les pièces de boulevard en quelles on croit.
01:10:54Ça fait du tri, c'est une merveille, on y croit.
01:10:56C'est fabuleux.
01:10:57C'est terrible, mais on y croit.
01:10:59On y croit.
01:11:00Tu vois ?
01:11:01Alors que Fédo, on n'y croit pas.
01:11:03Et je t'en dis pas plus pour la suite.
01:11:05J'adore.
01:11:07J'adore.
01:11:08Voilà mon chéri, ça c'est ce que j'ai proposé.
01:11:09J'adore.
01:11:10Et tout le reste du film, la fin, comment ça va se terminer...
01:11:14Non, je veux pas ça.
01:11:15Rien du tout.
01:11:19C'est pas mal.
01:11:20De temps en temps, les metteurs en scène peuvent rentrer dans tes chaussures.
01:11:24Ce qui est bien normal, puisqu'ils ont conçu le film, ils l'ont écrit.
01:11:27Seulement après, je pense qu'il faut qu'ils en fassent aussi un tout petit peu le deuil.
01:11:31Pas à 100%, mais à 50%.
01:11:33Qu'ils nous laissent aussi rentrer chez eux.
01:11:35Qu'ils nous laissent rentrer aussi dans nos propres chaussures.
01:11:37Puisqu'on va habiter le personnage.
01:11:39Parce qu'il prend un tee-shirt.
01:11:40C'est un assemblage, c'est un échange.
01:11:42Et ça se vérifie souvent dans les premières semaines, je trouve.
01:11:45Effectivement, le metteur en scène est souvent un peu pouchy parce qu'il veut se voir dans le personnage.
01:11:49Et toi, t'es en train de t'installer, tu l'as pas encore trouvé.
01:11:51Et une fois qu'on se trouve, après je trouve que ça déroule.
01:11:54J'ai remarqué ça de temps en temps, c'est pas systématique.
01:11:56Parce que des fois, tu peux vraiment être en fond de cours et ça se passe très mal.
01:11:58Ou alors ça se passe tout de suite très bien.
01:12:00Mais forcément, il y a un temps d'adaptation et un temps de drague entre le metteur en scène et l'acteur.
01:12:04En se disant, confirme-moi bien que tu es mon personnage.
01:12:07Et confirme-moi bien que tu me laisses rentrer dans le personnage.
01:12:10Quand la confiance est là, c'est sans limite.
01:12:13Sans limite.
01:12:14Je veux dire que quand on aime, on prend le pas.
01:12:16À chaque fois qu'un comédien a eu confiance et que j'ai eu confiance en lui,
01:12:24on a eu des nuits d'amour exceptionnelles.
01:12:32Après le succès d'Un Homme et Une Femme, on avait gagné pas mal d'argent.
01:12:37Et j'ai été approché par des voyous qui ont essayé de m'arnaquer.
01:12:44Oui.
01:12:48À un moment donné, j'ai sympathisé avec l'un d'eux.
01:12:50Je lui ai dit, écoutez, si vous avez envie d'escroquer quelqu'un, allez voir ailleurs.
01:12:55Alors j'ai un très joli coup qu'on va faire la semaine prochaine.
01:12:58Et il me raconte l'histoire du voyage.
01:13:00Nous trouvons en présence de professionnels qui ont fait une mise en scène.
01:13:03C'est-à-dire qui vous ont téléphoné, qui vous ont amené à l'Olympia.
01:13:06Pour obtenir une rencontre.
01:13:09Mais si on ne veut pas payer, qu'est-ce qu'ils vont lui faire ?
01:13:11Vous avez des biens.
01:13:13On n'a pas de biens.
01:13:15Je travaille.
01:13:17Où travaillez-vous ?
01:13:18Je travaille dans une banque.
01:13:19Dans le cas où la banque refuserait de payer la rançon, vous ne reverriez jamais votre petit Daniel.
01:13:25Et je lui ai dit, écoutez, si vous faites ce coup-là, vous allez sûrement aller en prison.
01:13:30Ça serait mieux d'en faire un film.
01:13:33Et je lui ai acheté les droits.
01:13:35Et dans le jeu des hasards et des coïncidences,
01:13:38donc il y a six mois, j'ai reçu un coup de téléphone de Tarantino.
01:14:09Et moi, je fais de mon mieux pour suivre cette tradition, Claude.
01:14:20Quand je regarde un de mes films, j'ai le sentiment de voir le film d'un autre.
01:14:26C'est drôle.
01:14:27C'est cruel le cinéma des fois.
01:14:30Pour les amis, les gens qui ne sont plus là.
01:14:33Le chef opérateur qui est mort.
01:14:36Tel acteur qui n'est plus là.
01:14:38Non, c'est souvent comme aller au cimetière.
01:14:43Et bizarrement, le cinéma, c'est l'immortalité.
01:14:45Oui, mais pour les autres, pas pour ceux qui l'ont fait.
01:14:49Vous pouvez vous crier très fort, merci Simca.
01:14:52Merci Simca !
01:14:53Merci Simca !
01:14:59On fait une petite surprise à Francis.
01:15:01Parce que c'est nos 50 ans de vie commune.
01:15:04Ah oui ?
01:15:05Il faudrait que je lui dise que j'écoutais en boucle les musiques avant d'entrer en scène.
01:15:08Non, non, non !
01:15:12Et on a écouté la musique dans l'avion.
01:15:14De l'homme qui me plaît.
01:15:16C'est comme si une boucle se bouclait.
01:15:17Comme si le destin et les anges étaient avec nous.
01:15:20Vous voyez ?
01:15:23Ça, c'était très...
01:15:30Bonjour.
01:15:31Cet avion, c'est aussi aujourd'hui un studio bien particulier.
01:15:42Tu vois, il y a Jean qui est en train d'étudier son scénario.
01:16:01C'est une bonne chance pour le jour.
01:16:03Un bon début pour l'équipe.
01:16:05Le Seigneur Ganesha est le Seigneur de la plénitude et de la stabilité.
01:16:10Et il est toujours celui que tu invoques pour commencer quelque chose.
01:16:14Ici, on a ce qu'il faut savoir, c'est que c'est le pays aux questions sans réponses.
01:16:18Ou plutôt, le pays des questions aux questions sans réponses.
01:16:23Je pense que je suis en raccord avec le personnage là, tu vois ?
01:16:28Il est à gare.
01:16:32Je suis Charlie.
01:16:36On est à l'ambassade de France à New Delhi.
01:16:38C'est le pire.
01:16:39Ils ont réélevé leur niveau d'alerte aussi à l'ambassade.
01:16:41C'est compliqué pour faire rentrer les gens, le matériel.
01:16:44On ne peut pas utiliser de talkie-walkie, donc on court un peu partout.
01:16:47Mais on va y arriver.
01:16:48Le mec de Montrouge est de mèche avec les frères.
01:16:54La vie, elle s'avante au fur et à mesure.
01:16:56Moi, je ne suis pas un metteur en scène, je suis un metteur en vie.
01:16:59Je suis un chasseur d'émotions.
01:17:01Mon fusil, moi, il donne la vie au lieu de tuer.
01:17:06Ma vie, à moi, c'est d'aller d'un film à l'autre.
01:17:08C'est des films d'humeur sur le regard que je porte aux gens.
01:17:12Je fais un film sur le temps qui passe.
01:17:14Et le temps qui passe transforme les gens, les modifie.
01:17:19C'est mon instinct qui est comme ça,
01:17:21qui fait que j'ai besoin à chaque fois de tomber amoureux d'un acteur,
01:17:24d'une actrice, d'un directeur.
01:17:26J'ai besoin de tomber amoureux d'un acteur, d'une actrice,
01:17:29d'un décor, d'une musique, d'une photo.
01:17:32Ma vie est une succession d'histoires d'amour.
01:17:35Et si je ne tombe pas amoureux, il y a un problème.
01:17:39Ne me provoque pas !
01:17:41Attends, je monte là-haut.
01:17:42Ça, on en a rêvé.
01:17:43Peur sur la ville ?
01:17:44C'est Betty Cassidy !
01:17:46Stop ! Stop !
01:17:52Il y avait eu un Golden ?
01:17:54Donneur, oui.
01:17:56Il est 6h du matin.
01:17:58Nous allons arriver à Mumbai dans une heure et demie, voire deux heures.
01:18:01Il n'est pas impossible que Claude prenne la caméra.
01:18:05Donc, qu'est-ce que je fais ?
01:18:06Je prends mon blouson de jeu.
01:18:08Prêt à tourner.
01:18:10Toi, je te vois rentrer dans les chiottes,
01:18:12je te fais ressortir,
01:18:13et elle, elle arrive à te voir.
01:18:15Faut toujours être sur le qui-vive avec Claude.
01:18:16Toujours. Regarde, on arrive. Faut tourner.
01:18:18J'y crois même pas.
01:18:20On vient de nous maquiller à l'aéroport, là.
01:18:22C'est comme ça que j'aime le cinéma, moi.
01:18:24Avec le scénario, j'avais 90 pages,
01:18:27donc une heure en 30.
01:18:29Je suis à 130 pages.
01:18:31Je suis à 2h30.
01:18:33Faut pas dire au producteur.
01:18:34Faut pas dire à personne.
01:18:40Tu organises quelque chose avec deux, trois personnes,
01:18:43tu reviens deux secondes, ils sont partis,
01:18:45ils ont demandé à quelqu'un d'autre de rentrer.
01:18:47Ils sont sortis.
01:18:48Il y a deux minutes, j'avais mis un mec, je reviens.
01:18:52T'es obligé de travailler à leur façon,
01:18:54parce qu'ils vont pas travailler à la tienne,
01:18:56t'es chez eux, et que...
01:18:58C'est des habitudes de travail qui sont comme ça.
01:19:02Est-ce qu'on fait une petite répétition ?
01:19:12Chacun cherche ce qu'il a à faire.
01:19:14Il y a des choses qui viennent de tous les quatre coins de l'Inde.
01:19:17C'est le bordel. C'est le bordel.
01:19:19J'ai ressenti le plus le bordel.
01:19:25Turn over, rolling.
01:19:28Et il y avait ces gars qui nous voyaient,
01:19:30ils s'entendaient, ils disaient qu'il allait mourir.
01:19:32Va de l'autre côté, va de l'autre côté, va de l'autre côté.
01:19:34Et on disait, calme-toi, calme-toi, il y a une caméra ici.
01:19:36Et de l'arrière, Claude et Rahul sont en train de dire...
01:19:44Il part, il est là.
01:19:46Tu repars.
01:19:49Tu pars comme ça.
01:19:52Et là, hop, après tu pars ici.
01:19:54C'est dur physiquement, c'est un challenge physique compliqué.
01:19:57La plupart des hommes en regattant,
01:19:59je reste à la maison ou on va faire un film en studio.
01:20:01Comment tu gères ?
01:20:03Nous, le temps que le physique tiendra...
01:20:05J'ai 77 ans.
01:20:07L'énergie est là.
01:20:09Mais c'est vrai que des fois le corps me dit...
01:20:12Attention, stop.
01:20:14Il y a des phénomènes de rouille.
01:20:16J'ai 77 ans que je n'avais pas quand j'avais 25 ans.
01:20:19Mais le cerveau, par contre, marche mieux qu'avant.
01:20:22La tête, le cerveau est plus efficace qu'à 25 ans.
01:20:28Afin de permettre aux personnages de Lelouch
01:20:30de s'intégrer à la réalité de la Mela,
01:20:32je vais préparer le terrain.
01:20:35Ragemani, la maison de l'imposteur
01:20:42Durant quatre jours, avec Ragemani, prêtre et traducteur,
01:20:45nous allons à la rencontre des gourous et des saddous,
01:20:47dont la sagesse et la bonne parole correspondent à la quête de un plus une.
01:20:51Épouser toutes les traditions du lieu,
01:20:53se plier à toutes les règles, respecter tous les codes,
01:20:56c'est la clé pour que la confiance s'installe.
01:20:59Il suffit de zig-zaguer entre les imposteurs
01:21:01pour trouver des esprits bienveillants.
01:21:04Les saddous sont les rois de la fête.
01:21:06Ces ascètes choisissent la pénitence,
01:21:08recherchent l'illumination spirituelle pour fusionner avec le divin.
01:21:12Ils sont à des années-lumière du cinéma ou de l'argent,
01:21:15mais il faut absolument les convaincre de participer aux films de clones.
01:21:18Qu'est-ce que vous faites ici pendant la semaine ?
01:21:20Les saddous, tous les saddous,
01:21:22tous les saddous, tous les saddous,
01:21:24tous les saddous, tous les saddous,
01:21:26tous les saddous, tous les saddous,
01:21:28tous les saddous, tous les saddous,
01:21:30tous les saddous, tous les saddous,
01:21:32tous les saddous,
01:21:34tous les saddous.
01:21:36C'est comme une famille, et ils ont de l'énergie pendant un an s'ils vivent ici pendant un mois.
01:21:43Et ils ont renoncé à tout, ils sont saddhous.
01:21:47Ils ont fait ça depuis leur enfance.
01:21:51Oh oui !
01:21:53Il n'y avait pas d'alimentation.
01:21:55Tout s'est bien passé.
01:22:22Je ne serai pas fort si j'ai eu le sentiment d'avoir volé leur regard.
01:22:26C'est mes acteurs, je les dirige, je peux leur faire faire ce que je veux.
01:22:30Mais il faut que la caméra demain soit une caméra comme on filme les animaux, de loin.
01:22:37Il ne faut pas recommencer parce qu'on a raté le point.
01:22:40On s'en fout. Pour cette scène, tout est bon.
01:22:43Il faut qu'on ait le sentiment que c'est vrai.
01:22:45Dès demain, on fonce. On verra.
01:22:49Mais on ne peut pas rater ça.
01:22:51Après 16 jours de tournage en Inde, l'équipe est claquée.
01:22:54Tout le monde est tombé malade à tour de rôle.
01:22:56La Mela impose un défi technique, une épreuve physique.
01:22:59Claude peine, mais ne lâche pas.
01:23:08Ce n'est pas trop dur de jouer dans le bordel comme ça ?
01:23:10En même temps, c'est sûrement moteur.
01:23:12Tu évites sûrement de trop poser les questions et de trop caler les choses.
01:23:18C'est là où on se rattrape avec le cinéma de Claude après l'accident.
01:23:23Attendez, je vais vous lire un petit truc.
01:23:25Dans certains endroits, l'eau du Gange ne contient plus d'oxygène,
01:23:27rendant toute vie aquatique impossible.
01:23:29Plus d'un tiers des égouts se déversent sans traitement dans le fleuve.
01:23:31Le taux de bactéries polyformes avoisine les 1,5 million par centimètre d'eau.
01:23:35Stop ! Je sais, j'ai lu tout ça.
01:23:38En revanche, on peut la boire.
01:23:39Ah bon ?
01:23:40Elle est potable.
01:23:41Non.
01:23:42Non, Anna.
01:23:43Je ne sais pas vous dire ça. Je vous écoute.
01:23:44Tout ce que vous dites, je suis une idiote.
01:23:46Les gens ne viennent pas se laver, ils viennent se purifier.
01:23:49Il n'y a pas 15 millions d'indiens qui tombent malades.
01:23:52Vous dites des bêtises.
01:23:55Stop, stop, stop.
01:23:57Tu fais quoi ?
01:23:59Je filme.
01:24:00Tu filmes quoi ?
01:24:01Vous vous demandez sans doute pourquoi Jean Dujardin ne veut pas que je tourne.
01:24:04C'est parce qu'on n'est plus dans mon film, on est dans celui de l'eau.
01:24:07Et il ne s'adresse pas à moi, mais au personnage que je joue.
01:24:10Je bosse, là.
01:24:11C'est l'éternelle histoire de l'arroseur arrosé.
01:24:13Si vous passez trop de temps dans la galaxie de Claude,
01:24:15il finit par vous aspirer aussi sûrement qu'un trou noir.
01:24:18La mise en abîme peut être vertigineuse, mais je connaissais les risques.
01:24:22Leloup s'inspire toujours de la vie pour nourrir ses films.
01:24:26Ça marche très très bien.
01:24:27La rencontre est très belle.
01:24:28Ok, on y va.
01:24:30Bon, on va chez les saddous ?
01:24:35Où l'on constate que l'on touche à la limite de son cinéma vérité
01:24:38et où l'humour spontané de Jean se heurte à l'incompréhension des saddous.
01:24:42Et lui, c'est le grand chef, lui.
01:24:43Oui.
01:24:44C'est quoi, what's your name ?
01:24:45Michel, c'est Michel Saddou.
01:25:02Ah, tu ne dois pas trop rigoler parce qu'il pense que tu te moques de...
01:25:12Pas ce soir, je suis fatigué lui.
01:25:18Je peux rentrer ?
01:25:19Qu'est-ce qu'il se passe ?
01:25:20Qu'est-ce qu'il se passe ?
01:25:21J'ai la chance de travailler avec des acteurs comme Jean et Elsa
01:25:24qui sont vraiment motivés, qui sont dans leur personnage.
01:25:27Ils ne tournent pas un film, là.
01:25:28Ils vivent une histoire.
01:25:30Vous savez, dans la vie, il y a ce qu'on dit et ce qu'on pense.
01:25:33Ah non, il n'y a pas ce qu'on dit et ce qu'on pense,
01:25:35il y a ce qu'on dit et ce qu'on a le courage de dire.
01:25:37Je veux que ça soit plus lisant.
01:25:39Il peut prendre toutes les propositions, que ce soit techniques ou artistiques,
01:25:42il va les prendre et c'est super bien.
01:25:44C'est simple.
01:25:45Des fois, même parfois, tu as l'impression que c'est trop simple.
01:25:47Ne pas se laisser embarquer trop dans l'impro,
01:25:49parce que ça peut être une catastrophe,
01:25:51mais rester toujours quand même dans l'enjeu,
01:25:53quand même dans le personnage et dans l'histoire.
01:25:55Oh, mais c'est mes notes !
01:25:57Mais t'as bossé beaucoup.
01:25:58Mais laisse-moi tranquille avec mes notes.
01:26:01Là, maintenant t'attaques.
01:26:02Faut que tu sois costaud, là, valeuse.
01:26:04C'est comme si tu étais pris dans une machine infernale.
01:26:07Je pense que la vraie direction d'acteur,
01:26:09c'est la relation de confiance
01:26:11entre le metteur en scène et l'acteur.
01:26:13Quand on a la chance de faire le même film, c'est génial.
01:26:16Ce qui est terrible, c'est les metteurs en scène et les acteurs
01:26:18qui ne font pas le même film.
01:26:19Ça arrive, parfois ?
01:26:20Ça arrive souvent.
01:26:21C'est pas grave.
01:26:22Peuvent, c'est...
01:26:239 fois sur 10, c'est ce qui se passe.
01:26:27Je retrouve avec Jean et Elsa
01:26:29ce que j'avais avec Jean-Louis et Alokimé.
01:26:32C'est très bien !
01:26:33C'est formidable !
01:26:34Encore une fois !
01:26:35On se croirait dans un film d'Antoniani.
01:26:37C'est pas chiant.
01:26:38Avant, vous avez été des personnages d'un film de Lelouch.
01:26:42Et là, vous êtes entrés dans la lucidité,
01:26:45mais en même temps, qui fait mal.
01:26:48Jean, on ne le joue pas, là.
01:26:50Non, je ne joue pas.
01:26:51Tu vois ce que je veux dire ?
01:26:52C'est toujours pareil.
01:26:54Je ne suis pas là pour boxer, pour dire des trucs.
01:26:57Faut que toi, tu me remettes un coup.
01:26:58On n'est pas du tout dans ce truc-là.
01:26:59Je suis d'accord.
01:27:00Il y a du danger sous contrôle.
01:27:01Je ne sais pas comment dire.
01:27:02Il enlève toute pression.
01:27:03Donc, on est détendu et on est beaucoup plus créatif.
01:27:06Comme dit Elsa, des fois, on dit le texte.
01:27:08Oui.
01:27:09Les mots passent trois tonnes.
01:27:15On sait se surprendre par l'un ou par l'autre,
01:27:17par les phrases des partenaires.
01:27:19Il y a des jours où on n'est plus public.
01:27:21Et on a envie de garder cette pudeur.
01:27:22Et on n'a pas forcément envie de se montrer, simplement.
01:27:25C'est un métier qui peut rendre timide.
01:27:27Surtout que je le suis à la base.
01:27:29On l'est tous, d'ailleurs.
01:27:30Beaucoup d'acteurs sont timides.
01:27:31C'est pour ça qu'ils font ce métier-là.
01:27:32Donc, ça peut revenir.
01:27:33Sauf qu'avec sa méthode à lui,
01:27:34il oblige d'aller inconsciemment au fond de soi-même sortir des trucs.
01:27:37Oui, oui, oui.
01:27:39C'est là où c'est malin.
01:27:40Il te vole des choses.
01:27:42Et puis, tu as envie de lui donner, surtout.
01:27:43Oui, mais c'est votre faute.
01:27:44Vous me faites rire aussi.
01:27:45Forcément, ça me séduit.
01:27:46Vous me séduisez.
01:27:47Il faut être plus simple que ça.
01:27:48C'est impossible.
01:27:49Au moment où je l'enlève...
01:27:50On ping-pong ensemble.
01:27:51Bien sûr, bien sûr.
01:27:52Si moi, je décide de te faire rire pour casser un peu la glace...
01:27:54Parce que c'est vrai que je me rends compte
01:27:55que j'ai dit des choses un petit peu dures.
01:27:56Bien sûr.
01:27:57Il faut que derrière, on ait des moments de vie
01:27:58et non pas que des phrases...
01:27:59Jean, t'inquiète pas.
01:28:00Laisse-moi la liberté de moi.
01:28:02Le mec, moi, s'il me dit,
01:28:03t'as une croix là.
01:28:04Là, t'es bien dans la lumière.
01:28:05Là, t'es dans le cadre.
01:28:06Voilà, comme ça.
01:28:07Maintenant, lâche prise.
01:28:08Bah non.
01:28:10Là, tu m'aides pas à lâcher prise.
01:28:11Ouais, ouais, ouais.
01:28:12Si tu me dis pas où est la caméra,
01:28:13si tu me dis, vas-y, tourne,
01:28:14t'emmerdes pas.
01:28:15Fais ta vie.
01:28:17Là, il faut peut-être se passer des choses.
01:28:26Je sens pas un truc de...
01:28:28Je connais la vérité.
01:28:29Attention, je vais vous expliquer.
01:28:30Tu sens pas ça du tout.
01:28:31T'as juste l'impression d'un coup,
01:28:32de quelqu'un qui t'apaise.
01:28:34Et d'un coup, c'est vrai que...
01:28:35Je sais pas, quelque chose lâche.
01:28:37Ouais, c'est une hyper acuité.
01:28:39Je pense que l'hyper bienveillance,
01:28:41quand c'est à ce stade,
01:28:42et la foi comme ça en l'humain,
01:28:44je pense que ça a des pouvoirs magiques.
01:28:56Ça fait juste du bien.
01:28:58C'est tout ce qui compte.
01:29:00Arrêter de ressasser.
01:29:02Avancer.
01:29:04Rester au présent.
01:29:06Comme s'il faisait un rappel du bonheur.
01:29:08En disant, voilà, il est là, il est maintenant,
01:29:10saisis-le, prends-le,
01:29:11prends-le,
01:29:12prends-le,
01:29:13prends-le,
01:29:14prends-le,
01:29:15prends-le,
01:29:16prends-le,
01:29:17prends-le,
01:29:18prends-le,
01:29:19prends-le,
01:29:20prends-le,
01:29:21prends-le,
01:29:22prends-le,
01:29:23prends-le,
01:29:24saisis-le,
01:29:25prends-le,
01:29:26même si c'est très compliqué,
01:29:27même si tout est très compliqué.
01:29:29C'est un rappel pour le bonheur.
01:29:32Je me rappelle que je suis mieux heureux,
01:29:34je suis mieux dans le bonheur.
01:29:36Je suis mieux quand j'en donne.
01:29:38Mais il y en a qui n'ont pas forcément ma chance
01:29:40d'avoir eu, à la limite, cette route-là.
01:29:43On ne leur a pas forcément donné ça.
01:29:45Donc ils viennent le chercher peut-être ici,
01:29:47la première fois.
01:29:49Mais c'est super beau, c'est très beau.
01:29:52Il est environ 11h, mardi matin,
01:29:55quand un homme se présente devant cette bijouterie
01:29:57située sur la croisette.
01:29:59L'homme est déguisé en vieillard,
01:30:01son arme dissimulée.
01:30:03Un scénario qui en rappelle un autre,
01:30:05de cinéma cette fois.
01:30:08Dans le film La bonne année de Claude Lelouch,
01:30:11sorti en 1973,
01:30:13Lino Ventura incarne un braqueur grimé en vieillard.
01:30:16Ça t'a amusé de savoir que des mecs s'étaient inspirés ?
01:30:18C'est formidable, c'est formidable.
01:30:21Comme quoi le cinéma peut servir à quelque chose.
01:30:25À l'époque, quand j'avais fait les repérages,
01:30:27j'avais besoin d'une bijouterie.
01:30:29Et donc je parle avec le gérant de chez Harpels,
01:30:32à Cannes, et je lui dis comment ça marche,
01:30:35les alarmes, les trucs,
01:30:37et il m'explique tout.
01:30:39Et je l'ai mis dans le film.
01:30:43Stop numéro 2, tout va bien.
01:30:47Stop numéro 6, tout va bien.
01:30:50Ça c'est un truc que t'aimes, c'est comme le voyou,
01:30:52t'aimes bien les mecs qui montent des carambouilles comme ça.
01:30:54J'aime l'imagination.
01:30:56On ne trouve le courage et l'imagination que chez des gens
01:30:58qui sont un peu handicapés de l'honnêteté.
01:31:02Les handicapés de l'honnêteté.
01:31:05Vous vous souvenez quand on a dîné tous les deux ?
01:31:07Vous m'avez demandé si je savais ce que c'était qu'une femme.
01:31:11Aujourd'hui je vous demande si vous savez ce que c'est qu'un homme.
01:31:15C'est quelqu'un qui va jusqu'au bout.
01:31:20Et le meilleur moyen de faire croire que tu connais tout,
01:31:24c'est de jamais avoir l'air étonné.
01:31:28Tu as compris ?
01:31:30Parce que c'est toi qui as souvent l'air étonné.
01:31:32Moi je suis un amateur dans le cinéma.
01:31:34Non mais c'est pas grave.
01:31:35Ils sont trop cons.
01:31:36Aujourd'hui que je leur dise tout de l'ouche,
01:31:37ces trois derniers films, ils n'ont pas marché.
01:31:39Mais comment ?
01:31:40Voilà comment ils résolvent.
01:31:41Derrière un succès, je peux leur rendre n'importe quelle merde,
01:31:43ils vont se positionner derrière un échec.
01:31:45Non t'as pas confiance.
01:31:47Je les connais.
01:31:48Je me suis fait chier toute ma vie pour pas justement,
01:31:50pour lutter contre ça.
01:31:52Si j'étais tout seul.
01:31:53Tu crois que ça me fait marrer de faire de la production et de la distribution ?
01:31:56Tu crois que ça me fait marrer ?
01:31:57J'aimerais être que metteur en scène.
01:31:59Tu vois, moi la seule chose qui m'intéresse c'est de faire des films.
01:32:02C'est de faire de la mise en scène.
01:32:03Si je fais de la distribution et les producteurs,
01:32:05c'est parce que j'ai trouvé que des cons autour de moi
01:32:07qui achètent des produits qui marchent.
01:32:09Ils achètent des savonettes.
01:32:11Ils achètent une marque.
01:32:12Tu vois ce que je veux dire ?
01:32:13Mais moi je fais des films.
01:32:15Je fais des films.
01:32:17Et je fais des films avec des risques.
01:32:19Un coup ça marche, un coup ça marche pas.
01:32:20D'accord.
01:32:21Mais je prends des risques.
01:32:22À chaque fois je fais de l'entraînement.
01:32:23Nous on pense.
01:32:25C'est pour ça que je suis content d'être avec vous.
01:32:26Mais essayez d'aller dans l'enfance.
01:32:28Mais on va dans l'enfance.
01:32:29Ce qu'on veut, ce qu'on veut.
01:32:32T'as vu ce qu'il y a sur l'écran ?
01:32:33Qui c'est qui fait un film pour ce prix là ?
01:32:35Personne.
01:32:36Qui ?
01:32:37Non mais je t'ai pas dit qu'on faisait.
01:32:38T'as vu ? On est pas dans une cuisine.
01:32:39Non.
01:32:40Vous vous sentez un petit étonnement maintenant.
01:32:41Non, ça m'étonnerait.
01:32:44J'ai fait comme vous m'avez dit là.
01:32:47Tu sais que tu me plais bien toi.
01:32:51Ouais.
01:32:52Mais oui mais je sais pas si...
01:32:53C'est ça la chose étonnante.
01:32:54C'est gênant parce que je sais pas si vous êtes dans le test ou...
01:32:57Ah non on est dans le test.
01:32:58Oui mais non mais vous me dites...
01:33:00Mais ça devrait pas t'étonner.
01:33:01Oui d'accord.
01:33:08Le défilé du 14 juillet.
01:33:10Je me rappelle quand j'étais tout petit
01:33:11mon père m'emmenait régulièrement voir le défilé du 14 juillet
01:33:14et je crois que mon premier défilé remonte en 45 après la guerre.
01:33:23Sur les Champs-Elysées il y a 20 000 personnes, 100 000 personnes qui filment.
01:33:26Regarde, regarde, regarde, regarde.
01:33:31Tout le monde filme.
01:33:32Ils regardent plus, ils filment.
01:33:33C'est impressionnant, regarde.
01:33:36Tout le monde filme.
01:33:37Aujourd'hui, là où d'autres voient le défilé,
01:33:38Lelouch voit des petits Lelouch partout.
01:33:40Une génération spontanée de réalisateurs en herbe,
01:33:42comme celui qu'il était lui-même 60 ans auparavant.
01:33:45En 1945, Claude a 7 ans et ses parents fêtent la liberté retrouvée.
01:33:50Comme dans un film de Lelouch,
01:33:51ses parents se rencontrent dans un cinéma des grands boulevards
01:33:54devant le film Top Hat avec Ginger Rogers et Fred Astaire.
01:34:03Les mêmes qui remettront son Oscar à Claude 31 ans plus tard,
01:34:06si ce n'est pas un signe.
01:34:10Lelouch naît avec la caméra de son père braqué sur lui.
01:34:13Simon Lelouch est un cinéaste amateur.
01:34:15Il a compris que le futur sera image.
01:34:17Il inocule le virus à son fils et croit en lui de façon inconditionnelle.
01:34:21Certain qu'un grand avenir attend Claude dans le cinéma.
01:34:24Il le porte et fait tout pour l'aider à réaliser ce rêve.
01:34:30A 7 ans, Claude est un enfant juif
01:34:32que sa mère planque dans les salles obscures à l'abri des rafles.
01:34:35Jour après jour, sa fascination pour le cinéma grandit et devient sa référence.
01:34:39Je suis un enfant du cinéma.
01:34:41Le cinéma m'a donné envie de lire,
01:34:43m'a donné envie d'écouter de la musique,
01:34:45m'a donné envie de m'intéresser à la peinture.
01:34:47Je veux dire, le cinéma m'a éveillé au monde.
01:34:50Dans les salles de cinéma, je me suis aperçu que
01:34:53les gens étaient plus beaux, plus intelligents, plus sexys.
01:34:58C'était les mêmes que ceux de la rue, mais en réussie.
01:35:03Plus tard, son père lui offre sa première caméra.
01:35:07Lelouch, une première.
01:35:09Lelouch, une première.
01:35:1120 premières.
01:35:12Quand Claude connaît la gloire, son père n'est malheureusement plus là
01:35:15pour partager ce bonheur.
01:35:17Il aura légué à son fils, outre sa passion du cinéma
01:35:19et sa confiance absolue en lui,
01:35:21l'idée obsessionnelle que tout peut s'arrêter demain.
01:35:23C'est formidable, mon fils, formidable.
01:35:26J'ai le sentiment que la course contre la monde
01:35:28que s'impose Claude vient de cette épreuve.
01:35:30C'est formidable.
01:35:31Une forme de culpabilité,
01:35:32de la croyance que le temps lui est compté comme à son père.
01:35:35Il s'engage donc dans le cinéma avec un appétit insatiable,
01:35:38une frénésie intarissable et une confiance en lui inaltérable.
01:35:43Quel beau bruit.
01:35:45C'est la caméra de papa, ça.
01:35:48Plus que jamais dans la course, Lelouch multiplie les projets,
01:35:50finalise son film en cours, en assure la promo,
01:35:52développe d'autres chantiers, d'autres passions, d'autres curiosités.
01:35:58S'il n'a pas tenu le pari dément de tourner trois films en trois ans,
01:36:01il en a réalisé deux qui ont su convaincre la critique,
01:36:04retrouver le public, flirter avec le million d'entrées
01:36:06et initier un millier d'autres projets.
01:36:08Chapeau l'artiste.
01:36:12Même si parfois la folie et les turbulences de l'époque s'emmêlent,
01:36:15la course continuée procure des bonheurs insensés.
01:36:19Je retire ces trois dernières années qu'elles ont été trop courtes.
01:36:25J'aurais aimé en avoir une ou deux de plus à ma disposition.
01:36:29J'ai pas pu satisfaire toutes mes observations
01:36:33et toutes ces idées qui ont traversé mon cerveau.
01:36:37J'aurais aimé avoir un peu plus de temps.
01:36:39Blue Jasmine était le 47ème.
01:36:41Putain, Woody Allen a fait plus de films que moi, ça m'énerve.
01:36:44Faut l'arrêter ce mec.
01:36:46Woody Allen, il m'énerve.
01:36:49Mais il a raison.
01:36:51Il a jamais été aussi créatif.
01:36:54C'est impressionnant.
01:36:58Espérance de vie.
01:37:00Je suis entre 78 et 79.
01:37:02Alors, voilà.
01:37:05C'est terrible. On ouvre le journal
01:37:08et j'apprends la date de ma mort aujourd'hui.
01:37:11C'est un cauchemar.
01:37:16T'arrives à te mettre en tête d'avoir un dernier film ?
01:37:18T'arrives à penser comme ça ?
01:37:19Oui, parce que d'arriver, je la vois de plus en plus.
01:37:24J'ai envie à un moment donné...
01:37:29Un homme libre
01:37:32est un homme qui décide même de la date de sa mort.
01:37:36On parlait d'homme libre tout à l'heure,
01:37:38mais là, tu vas un peu loin.
01:37:40Un homme libre
01:37:42doit pouvoir dire à un moment donné
01:37:44« ça y est, j'y suis, allons-y ».
01:37:46Tu me parles du cinéma ou de la mort ?
01:37:48De la mort.
01:37:53Tout le mal qu'on se donne dans la vie, c'est pour mourir.
01:37:56Tous.
01:37:57Nos emmerdes, nos matins, nos amours.
01:38:00Tout ça, c'est pour aller... On va tous au même endroit.
01:38:02On a tous rendez-vous au même endroit.
01:38:04Toute ma vie, j'ai fait ce que j'avais envie de faire.
01:38:07Ce serait formidable qu'au moment de partir,
01:38:09je continue à faire ce que j'ai envie de faire.
01:38:11Je pense qu'à un moment donné, j'aurai envie de partir
01:38:15et je vais pouvoir offrir celui que je suis prêt.
01:38:21Ce ne sera pas un suicide.
01:38:24Ce ne sera pas un suicide de désespoir.
01:38:30Ce sera, à un moment donné, une lassitude.
01:38:35Si un jour je ressens cette lassitude, je vais être mauvais.
01:38:42Ce n'est pas impossible que je décide l'heure à laquelle je vais partir.
01:38:49Ce n'est pas impossible.
01:38:51La vie, il faut la vivre.
01:38:53Il ne faut pas la mourir.
01:38:55C'est un grand plaisir et un honneur de vous saluer.
01:38:58Moi qui vais au Cileux depuis tout gamin.
01:39:01C'est un grand plaisir en tout cas.
01:39:03Merci à vous. Continuez à nous faire rêver.
01:39:05Bonne tournée, monsieur.
01:39:08Et voilà.
01:39:10C'est pour ça que je fais des films.
01:39:12C'est comme ces gens-là.
01:39:16Comme vous l'avez compris, si le hasard a souvent du talent,
01:39:19le louche, lui, a toujours des projets.
01:39:21Avec ses ateliers de bone,
01:39:23il permet à 13 apprentis de concrétiser leurs rêves
01:39:26en apprenant à ses côtés.
01:39:28Dans ce métier, il n'y a pas de limite.
01:39:30Moi, j'ai envie de privilégier le cinéma d'auteur.
01:39:33C'est-à-dire le cinéma où il n'y a pas d'intermédiaire.
01:39:35Il n'y a aucune règle.
01:39:37Il n'y a pas de règlement dans cette école.
01:39:39S'il y avait un règlement, c'est foutu.
01:39:41Parce que les règlements nous empêchent
01:39:43d'aller là où personne ne pourrait aller.
01:39:46C'est un peu fou quand même.
01:39:48Quand tu le dis à tes parents, ils te pensent
01:39:50Claude Lelouch, Lelouch.
01:39:52Oui, je crois que c'est cette personne.
01:39:56C'est tout le cinéma, tout le cinéma là-dedans.
01:39:58Je me suis revu quand j'avais 17-18 ans.
01:40:01J'ai vu dans leurs yeux
01:40:03cette brillance qu'il devait y avoir dans mes yeux
01:40:06quand on me montrait une caméra.
01:40:08Alors je ne sais pas peut-être
01:40:10ce que je suis en train de faire,
01:40:12mais d'une utopie totale.
01:40:14Mais les 45 films que j'ai faits
01:40:16étaient au départ des utopies
01:40:18qui se sont transformées en films.
01:40:20Ça, ça va changer l'histoire du cinéma.
01:40:22En tous les cas, de mon cinéma.
01:40:24Ouvert aux nouveaux outils,
01:40:26il retrouve sa liberté de cadrer.
01:40:28Une histoire sans fin d'un cinéaste
01:40:30qui rebondit d'un film à l'autre
01:40:32comme si vieillir était un jeu d'enfant.
01:40:34Écoute, ingénieur.
01:40:36Alors, comme si toutes les planètes étaient alignées,
01:40:38comme si toutes les forces célestes convergées,
01:40:40le destin vient sonner à sa porte
01:40:42et nous offre une surprise
01:40:44plus qu'inattendue pour conclure une histoire d'amour
01:40:46commencée un demi-siècle plus tôt.
01:40:54Un couple devenu mythique.
01:40:56Des retrouvailles que je ne pouvais manquer.
01:40:58L'occasion d'un voyage à travers le temps
01:41:00comme si c'était demain
01:41:02et que rien n'avait changé.
01:41:04Ou presque.
01:41:06Je m'en fous. Putain, merde.
01:41:08Faites pas chier avec la technique.
01:41:10Il a toujours cette pêche,
01:41:12cette énergie.
01:41:14Mais il a changé.
01:41:16Je pense qu'il est devenu plus sensible.
01:41:18Le grand patron,
01:41:20c'est le temps qui passe.
01:41:22Si on résiste autant,
01:41:24c'est très bon signe.
01:41:26Tu savais pas que t'allais faire
01:41:28un film classique du cinéma en le tournant ?
01:41:30J'ai jamais rien su
01:41:32de ce que je faisais.
01:41:34J'ai 18 ans dans la tête.
01:41:36Cette naïveté,
01:41:38qui m'a jamais quitté.
01:41:40J'ai 80 ans sur les épaules.
01:41:48Il est bizarre encore.
01:41:50C'est très bizarre.
01:41:54Je sais pas encore si j'ai compris.
01:41:58Quelle histoire.
01:42:00Merci infiniment.
01:42:02Merci, merci, merci.
01:42:04Voilà.
01:42:06Vous avez été formidables.
01:42:08Et moi aussi.
01:42:30Vous êtes deux petits enculés
01:42:32qui se marient là.
01:42:34Et ça change votre visage.
01:42:36L'autre, il se marre.
01:42:38Et toi, tu le prends au sérieux.
01:42:40Vous pouvez déstabiliser les acteurs
01:42:42en permanence, tout le temps.
01:42:44Il faut tout le temps les déstabiliser.
01:42:46Il faut qu'ils arrêtent de jouer la comédie.
01:42:48Quand ils jouent la comédie,
01:42:50c'est bien au théâtre,
01:42:52mais pas au cinéma.
01:42:54Au cinéma, c'est one shot.
01:42:56On peut faire ce qu'on veut.
01:42:58On peut aller chercher l'émotion
01:43:00à tout moment.
01:43:02Et c'est à ce moment-là
01:43:04que le spectateur aura
01:43:06le sentiment d'être ailleurs
01:43:08qu'au cinéma.
01:43:24Je sais pas quoi dire
01:43:26après un film pareil,
01:43:28parce que c'est vrai
01:43:30que j'ai eu l'occasion
01:43:32pour faire ce métier.
01:43:34Et la seule certitude
01:43:36à laquelle je suis arrivé
01:43:38après 60 ans de cinéma,
01:43:40c'est que les choses
01:43:42se passent jamais
01:43:44comme on les avait imaginées.
01:43:46Jamais.
01:43:48C'est ça que j'essaie de filmer.
01:43:50La vie a plus d'imagination
01:43:52que moi.
01:43:54Le plus grand scénariste du monde,
01:43:56c'est la vie.
01:43:58C'est grâce à ce scénariste
01:44:00que je voudrais rendre hommage.
01:44:02C'est grâce à ce scénariste
01:44:04que j'ai pu faire toutes ces folies.
01:44:06Et finalement,
01:44:08j'ai fait qu'un seul film.
01:44:10J'ai essayé
01:44:12de montrer
01:44:14que la vie
01:44:16est une grosse emmerdement
01:44:18au pays des merveilles.
01:44:20Et c'est vrai.
01:44:22J'arrête pas de m'émerveiller
01:44:24de ce monde.
01:44:26Et c'est grâce à ces images
01:44:28que vous aimerez la vie
01:44:30encore plus qu'avant.
01:44:32Vous allez profiter du présent
01:44:34car c'est la seule chose
01:44:36qui nous appartient
01:44:38et qui n'a pas le temps de vieillir.
01:44:40Je vous embrasse très fort.

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