Johnny Hallyday - Comme au cinéma (2003) - Partie 2_3

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Dans la deuxième partie de l'émission "Johnny Hallyday - Comme au cinéma", Frédéric Lopez explore la carrière cinématographique de Johnny Hallyday. Cette émission spéciale, diffusée en 2003, retrace le parcours de l'artiste à travers ses différents rôles au cinéma, de ses débuts timides à son statut de star confirmée.
Transcript
00:00Trois heures du matin, on tourne.
00:06Vas-y !
00:30C'est vrai que comme ça, tout peut paraître drôle, parce que c'est vrai, bon.
00:45Mais tout ce que je remarque, c'est quand même que Robert et moi, on était jeunes et beaux, c'est pas vrai ?
00:50Qu'est-ce qui était beau, dis-donc ?
00:53Alors, pourquoi vous avez voulu faire le film, vous disiez ?
00:56Pourquoi j'ai eu envie de faire le film ? Parce que d'abord, j'aimais bien l'histoire, mais l'histoire de ces films...
01:03Enfin maintenant, c'est ce que m'a raconté Robert, parce qu'avec Robert, tout est possible.
01:07Mais Sergio Leone devait faire ces films, qui étaient au départ un western,
01:12qu'il aurait donné à Robert en disant, je veux pas le faire un western finalement,
01:16donc si t'as envie d'en faire quelque chose, je te donne le scénario.
01:19Et il l'aurait fait, adapté à aujourd'hui, enfin à l'époque où on l'a fait,
01:25mais au départ, ça devait être un western silencieux.
01:28Et alors effectivement, il vous explique déjà le regard...
01:31Ah oui, mais Robert, il a le coup pour expliquer le regard.
01:34Vous avez dit à propos de ce film, finalement, il m'a donné très peu de répliques,
01:39comme si à l'époque, il me faisait pas vraiment confiance.
01:41Non, c'est pas ça, c'est qu'il n'y en avait pas beaucoup dans l'histoire,
01:45pas par rapport à moi, mais parce que c'était une époque où les westerns n'avaient...
01:50C'est vrai, quand on voit les films de Clint Eastwood, il n'y avait pas beaucoup de répliques,
01:54et ça c'était, au départ, ça devait être un western.
01:57Vous avez fait, vous êtes un des rares en France, vous avez fait un vrai western.
02:01On appelait ça à l'époque des westerns spaghettis.
02:03Oui, oui, oui.
02:04Qu'est-ce qu'on a mangé comme pâtes, d'ailleurs ?
02:06Oui, avec Sergio Corbucci.
02:08Le spécialiste.
02:09Mais alors là, vous sautez du croc à la hane, parce que le western s'est fait avant Jean-Robert Rosset.
02:15Ah, il s'est fait avant ?
02:16Eh oui.
02:21Donc vous avez tourné un vrai western avant Robert Rosset.
02:23Non, parce que je me rappelle quand même, c'était...
02:25Vous y étiez.
02:26J'y étais d'abord, c'était dans les années 70, j'ai terminé le spécialiste de Sergio Corbucci,
02:34et trois mois plus tard, je rentrais dans le film de...
02:37Robert Rosset.
02:38Robert Rosset, voilà.
02:39J'ai eu un petit souci de chronologie, mais je voudrais qu'on regarde un extrait du spécialiste.
02:42Vous avez eu une chance folle, vous êtes allé en Arizona pour tourner ?
02:45Pour tourner ce western, non ?
02:46Ah non, non, on a tourné à Cortina d'Ampezzo.
02:49C'est une session de fort d'hiver.
02:51Vous avez tourné dans...
02:52Vous savez pourquoi ? Parce que Corbucci est quelqu'un qui ne prend pas l'avion, il n'aime pas l'avion, il a peur de l'avion,
02:57et il ne voulait absolument pas prendre l'avion, donc il prend que le train.
03:01Donc c'était plus facile d'aller à Cortina.
03:04Donc ce western a été tourné dans les Alpes Italiennes, dans une station de ski.
03:07Le spécialiste, vous allez voir que Johnny a la dégaine facile, il tire bien, regardez.
03:13Vous êtes fort là, hein ?
03:15Vous êtes tout seul et vous inquiétez tous.
03:17Vous savez, je suis quand même le seul qui s'est capable de tirer un coup de feu, il y a trois Mexicains autour de moi.
03:25C'est le principe du western.
03:26Non mais c'était ça les westerns d'Italien avant.
03:28Mais alors il faut que ça se joue au premier degré, c'est ça ?
03:30Parce que là, vous vous la pétez un peu quand même avec vos...
03:32Non mais il faut le jouer au premier degré, bien sûr, il faut le jouer au premier degré.
03:35Bon, le regard est très important dans un western. On va voir une photo de vous à l'époque.
03:38Vous avez 27 ans, vous avez déjà des pas de doigts.
03:41Et ça, ça a été fait volontairement, parce que comme je n'en avais pas encore, on me maquillait des pas de doigts.
03:45Maintenant, j'en ai plus besoin, parce que j'ai des pas naturellement drôles.
03:48Donc c'est quoi le personnage ?
03:50S'il y a des comédiens français qui nous regardent et qui doivent tourner un western dans les semaines qui viennent,
03:54quelques conseils pour tourner Le Cowboy ?
03:56Parce qu'il y a une sorte de brief qu'il faut accepter, quoi.
03:58Alors là, bon, d'abord, il faut le regard implacable.
04:02Il ne faut surtout pas être vif, parce qu'il faut être...
04:06Et puis, le chapeau est recommandé, parce que le soleil.
04:16Il faut savoir tomber de cheval.
04:18Savoir tomber de cheval, très important.
04:20Et puis, savoir dégainer.
04:23Vous vous êtes entraîné ou pas ?
04:25Oui, bah, toute la journée, oui.
04:30Mais bon, c'est facile, hein.
04:33Tant que ce ne sont pas des vrais balles, tu vois bien.
04:36C'était pour de faux.
04:37En tout cas, c'est assez rare, ça vous fait quoi ?
04:39Vous l'avez revu depuis, ou pas ?
04:40Parce que c'est un western, il n'y a pas beaucoup de comédiens français qui vont en tourner.
04:43Euh, si, il y en a quelques-uns, quand même.
04:47Non, c'est surtout des Italiens qui vont en tourner.
04:50Je peux quand même dire, c'est que les Italiens, on a beau quand même se marrer en disant les westerns, spaghetti,
05:04mais quand même, il faut dire une chose, c'est que Clint Eastwood, qui pour moi est un des meilleurs acteurs du monde,
05:09et surtout un des meilleurs metteurs en scène au monde,
05:12est quand même quelqu'un qui a réussi sa carrière grâce aux westerns italiens.
05:16Non, c'est vrai.
05:17C'est vrai.
05:19Alors, il y a un tournoi, à un moment donné, dans votre vie, c'est le cinéma d'auteur,
05:24c'est une rencontre qu'on n'aurait pas pu imaginer dans une fiction, c'était la réalité,
05:29c'est la rencontre Johnny Hallyday-Godard.
05:31Comment ça s'est passé ?
05:32Je crois que la première personne, vraiment, qui m'a fait confiance, bizarrement, mais certainement,
05:42c'est Godard dans Détective.
05:47Godard, un jour, m'a appelé et il m'a dit...
05:53J'avais été rejoindre Nathalie Baye sur un tournage, elle tournait avec Alain Delon, Notre Histoire,
05:58et on venait d'avoir Laura, et je me retrouve dans un déjeuner avec Jean-Luc Godard,
06:06qui devait parler à Nathalie Baye du film qu'il voulait faire avec elle, qui était Détective, et Claude Brasseur.
06:12Et puis, il ne m'adresse pas la parole, au déjeuner, donc il ne me regarde même pas, bonjour, comme ça.
06:19Je m'en demandais ce que je faisais là, et je m'en vais.
06:24Quinze jours plus tard, le téléphone vient de chez moi, et Godard m'appelle en disant
06:28« Bonjour, c'est Jean-Luc Godard, je vous y ai remarqué,
06:37est-ce que vous voulez bien tourner dans mon film ? »
06:42Alors, je lui ai dit « Ben oui, il faudrait peut-être qu'on se voie, vous m'en parliez ? »
06:48Il dit « On se retrouve demain, au restaurant... »
06:53Je ne sais pas, c'était un restaurant de poissons, surtout dans un restaurant de poissons.
06:57Il dit « Je veux une sole, je vous recommande la sole, elle est très bonne. »
07:00Bon, je mange une sole, absolument, même pas poêlée, c'est-à-dire à la vapeur, bon, sans goût.
07:07Je mange ma sole, il ne m'adresse pas la parole, à la fin, il me dit « C'était bon, hein ? »
07:14« Super ! »
07:19Et il me dit « Bon, ben on se retrouve dans quinze jours, au tournage. »
07:26Je dis « Bon, je n'ai jamais su de quoi, je ne sais même pas ce que j'allais tourner. »
07:30Mais ça, c'est Godard, moi, là.
07:35Premier jour de tournage avec Godard, j'imagine qu'on a un truc particulier, non ?
07:39Mais je n'ai pas eu le temps.
07:42Parce que Godard, c'est très particulier quand même, il faut bien dire les choses.
07:44Ce n'est pas du tout comme un film normal.
07:47C'est que le premier jour du tournage, on est arrivé, donc on avait rendez-vous à midi,
07:52pour se faire maquiller avec un très bon maquilleur.
07:56Bruno De Witten devait faire des super belles lumières.
08:00Et puis, le maquilleur n'avait pas le droit de toucher aux acteurs.
08:04Parce que Godard dit « Je ne veux pas que les acteurs se maquillent. »
08:09Donc, pour être sûr que les acteurs ne se maquillaient pas, il enfermait le maquilleur dans une pièce,
08:14à clé, il n'avait pas le droit de sortir.
08:18Bruno De Witten, qui avait préparé des lumières, avait commandé des super belles lumières, etc.
08:22pour éclairer les pièces dans lesquelles on devait jouer, dont le corridor, etc.
08:27Il a enfermé toutes les lumières dans une pièce.
08:31Et il disait à Bruno De Witten « Ça ne sert à rien d'éclairer.
08:33Regardez, moi je marche, je vois mes pieds. Je vois que mes pieds marchent.
08:36Il n'y a pas la peine de les éclairer. »
08:39Alors Bruno De Witten était catastrophé.
08:41Bon, et tout le film s'est passé comme ça.
08:42Donc, on arrive le premier jour, et puis on arrive à midi, donc pas de maquillage.
08:46Donc, on était évidemment prêts, sauf que les textes n'étaient pas écrits.
08:50Et alors, on attend une heure de l'après-midi, histoire d'avoir une page écrite.
08:55Alors, bon, un tel dit ça, l'autre dit ça, donc des dialogues.
09:00Et puis, il regarde par la fenêtre, et il dit « Mossad ».
09:05C'est Mossad, le temps.
09:07« Oh, c'est pas gai. Vous avez envie de tourner ? »
09:10« Oh, je ne le sens pas. »
09:12« Je ne le sens pas. »
09:15« Bon, ben, on met ça demain. »
09:20Alors, tout le monde se retrouvait dans la rue, sur le trottoir, en train de rentrer chez soi,
09:23et rendez-vous le lendemain.
09:24Ça a duré comme ça pendant trois semaines.
09:26La même chose. Tous les jours, la même chose.
09:28Sauf que le film devait durer six semaines.
09:31Et que moi, j'avais un spectacle à faire, parce que je devais chanter, je devais faire un zénith.
09:37Six semaines plus tard.
09:38Et que je voyais les jours passer, je me disais que je n'aurais jamais fini le film pour commencer mon spectacle.
09:44Et puis, un jour, il se décide en disant « Bon, allez, il faut y aller, il faut y aller, on commence. »
09:50On a fait le film en deux semaines.
09:53On va regarder un petit bout du résultat.
09:55Une scène sortie du contexte.
09:56On a eu du mal à sortir une scène du contexte.
09:58On avait peur que les gens ne comprennent pas.
09:59Ben, nous, on a eu du mal à comprendre aussi.
10:02Alors.
10:05C'est Godard, il a ses inconditionnels.
10:07On regarde un petit extrait.
10:08Normalement, c'était vous et Nathalie Baye.
10:10On regarde ce qu'il y a sur l'écran.
10:12J'ai tellement peu d'argent en ce moment, que je n'ai même pas de quoi me payer des putes.
10:18Pourtant, devant un net couvert, c'est quand même un championnat d'Europe.
10:24Mes studios sont tombés amoureux d'une princesse des Bahamas.
10:28Il ne faut pas que j'oublie de dire à Eugène qu'il a vérifié.
10:32Et paf, plus personne.
10:38Il y avait des centaines autour de lui.
10:41D'habitude, on pouvait en profiter après.
10:44Et là, personne.
10:47Et la princesse ?
10:51Elle est morte.
10:54Et la princesse ?
10:57Je suis forcé de la lui laisser.
10:59Il l'aime.
11:02C'est mauvais pour le match.
11:05C'est très mauvais.
11:11Alors, c'est sorti du contexte, c'est un poème.
11:15Vous témoignez, c'était bien vous le sourcil ?
11:18Oui, c'est-à-dire qu'il m'a mis en position en disant
11:22surtout, quand tu dis ton texte,
11:26Nathalie sera là, toi tu seras là,
11:29donc tu regardes et il faut surtout que tu aies l'air pensif.
11:34C'est comme des souvenirs qui te reviennent.
11:37Sauf qu'il ne m'avait pas dit que j'étais coupé ici.
11:40Ça fait partie des surprises.
11:43Les gens vous ont vu un peu différemment ?
11:46Une certaine partie, oui, c'est vrai.
11:48Parce que j'avais tourné avec Godard, simplement,
11:51ce que je leur ai toujours répondu par la suite, j'ai dit,
11:54avant d'avoir tourné avec Godard, j'étais comme je suis,
11:58et après avoir tourné avec Godard, je suis toujours ce que je suis.
12:01Moi, je n'ai pas changé.
12:03Godard ne m'a pas changé.
12:05Si Godard s'était intéressé à moi, c'est peut-être parce que
12:08je ne suis pas ce que les gens ont de moi exactement.
12:13C'est facile de se faire des idées de quelqu'un sans connaître quelqu'un.
12:16Moi, je suis tout simplement moi, c'est tout.
12:19Je fais mon équipe aujourd'hui.
12:26Vous disiez dans Détective que vous avez découvert,
12:29au moment de la projection, que vous n'étiez pas à l'image.
12:31Est-ce que c'était un soulagement pour vous à l'époque ?
12:33Parce que vous avez beaucoup dit que vous détestiez vous voir sur un écran.
12:37Non, vous savez, ce n'est pas forcément parce que je déteste me voir sur un écran,
12:43c'est simplement que j'ai cru que c'était douloureux de se voir sur un écran.
12:46Mais pas moi, uniquement tous les acteurs, je pense.
12:50On ne s'habitue pas avec les acteurs.
12:52C'est bien de se voir comme ça naturellement,
12:54mais en énorme, ce n'est pas toujours évident.
12:57Vous avez été sévère avec vous-même.
12:59Vous disiez à mes débuts que c'était insupportable de me voir,
13:01je trouvais que je jouais faux.
13:03Oui, mais je trouve que je joue toujours faux.
13:05Sauf que plus personne n'est d'accord avec vous.
13:07Je trouve que je chante faux, je trouve que je joue faux.
13:11Non, mais vous savez...
13:13Non, mais c'est sincère en plus.
13:14Je suis pour la perfection.
13:16Je ne serai jamais content de moi,
13:19parce que je trouve qu'on peut toujours faire mieux,
13:22et je veux toujours faire mieux.
13:24Je considère que je peux chanter mieux que ce que je chante,
13:26que je peux jouer mieux,
13:28mais ça c'est le temps qui va me laisser le temps de le faire.
13:31Donnez-moi le temps d'avoir le temps de le faire.
13:33Alors vous disiez tout à l'heure, détective,
13:35c'est lié à un moment important de votre vie,
13:37c'est la naissance de Laura.
13:39Laura, aujourd'hui, fait du cinéma.
13:41On va voir une affiche de son prochain film.
13:42Quand elle va faire du cinéma, vous êtes inquiet,
13:44ou est-ce que vous dites,
13:46elle va faire ce que moi j'ai toujours voulu faire ?
13:48Écoutez, d'abord c'est une fille,
13:51et comme tous les papas,
13:53je suis évidemment inquiet,
13:55parce que ce n'est pas un métier facile.
13:58C'est un métier qui vous prend beaucoup de temps,
14:00qui vous prend beaucoup de votre tête,
14:02il faut être très costaud,
14:04je pense, pour faire ce métier.
14:06Il ne faut pas être vulnérable,
14:08parce que c'est un métier qui vous prend beaucoup de choses.
14:10Ça peut vous meurtrir, quelque part.
14:14Il faut accepter, dans sa vie privée,
14:18de faire des concessions,
14:21par rapport à ne pas avoir totalement une vie privée,
14:24comme Monsieur Tout-le-Monde,
14:26comme on aimerait tout savoir.
14:28Il faut faire un autre métier, si on ne veut pas ça.
14:30Mais moi, j'aime ce métier,
14:32donc j'ai accepté de le faire.
14:34Je suis inquiet, évidemment, c'est ma fille.
14:36Maintenant, il paraît qu'elle est formidable,
14:38je n'ai pas vu le film encore.
14:41Je lui souhaite qu'elle réussisse,
14:43parce que si elle fait son désir,
14:45sa plus grande réussite,
14:47c'est qu'elle réussisse à faire ce qu'elle veut faire.
14:55Elle a choisi de s'appeler Laura Smet.
14:58Moi, j'ai voulu m'appeler Jean-Philippe Smet,
15:00quand j'ai dit cinéma, mais les producteurs n'ont jamais voulu.
15:02C'est vraiment ce que vous venez de dire.
15:04Vous avez dit Johnny Hallyday, c'est pour la scène.
15:06Absolument, oui.
15:08Et pour le cinéma, vous vouliez vous appeler Jean-Philippe Smet.
15:10Oui, parce que je voulais vraiment démarquer le chanteur de l'acteur.
15:17Mais bon, les producteurs n'étaient pas tout à fait d'accord.
15:24Mais je trouve très bien et très courageux que ma fille le fasse.
15:34Alors, on faisait comme ça votre parcours,
15:36la rencontre avec Godard,
15:37votre grand cinéaste Costa Gavras.
15:39On se souvient de Z, de Laveux.
15:41Oh, Costa Gavras, quel bonheur.
15:43Alors, vous faites une comédie avec lui,
15:45ça s'appelle Conseil de famille, Fanny Ardant, Guy Marchand.
15:48Quel souvenir de ça ?
15:50C'est une comédie, Costa Gavras n'en avait jamais refait depuis, d'ailleurs, des comédies.
15:53Je crois que c'est la seule comédie que Costa Gavras ait jamais faite.
15:56Moi, je me rappelle, je m'étais fait opérer de la hanche.
16:00J'étais à l'hôpital quand Costa est venu me...
16:03C'était d'après un bouquin.
16:05Il est venu me faire lire le bouquin,
16:07c'est un bouquin de Cochin.
16:09Et il me fait lire en me disant,
16:11lis ça, voilà, j'aimerais qu'on tourne ça, voilà.
16:13Donc, je le rappelle quelques jours plus tard en disant,
16:16j'adore le livre, oui, c'est super.
16:19Et il dit, bon.
16:21Et on a commencé le tournage trois mois plus tard.
16:23Et j'avais encore des béquilles,
16:25parce que j'avais encore mal à la hanche,
16:27j'avais encore des béquilles et
16:29quand on attendait pour tourner,
16:31j'avais mes béquilles et puis quand on devait tourner,
16:33j'en avais mes béquilles pour...
16:35Et alors, je me rappellerai toujours parce que c'était très douloureux
16:37Guy et moi, Guy Marchand et moi,
16:39en jogging, on devait courir.
16:41Et j'avais très mal.
16:43Alors, à chaque fois qu'on arrêtait de tourner,
16:45je reprenais mes béquilles.
16:47Mais c'était un tournage formidable.
16:49Et c'est un des meilleurs souvenirs que je garde
16:51des tournages, des films que j'ai faits.
16:53En tout cas, grand cinéaste et en même temps,
16:55vous êtes d'une extrême lucidité.
16:57Extrême lucidité, c'était pas son meilleur film.
16:59Il s'est tenté, on tente tous de faire des choses différentes,
17:01il s'est tenté dans la comédie,
17:03c'était peut-être pas tout à fait son truc.
17:05Et moi, en tout cas, je considère pas que ce soit un film raté,
17:07parce qu'il y a Terminus et la gamine.
17:09Et ensuite, il y a presque une décennie d'absence au cinéma.
17:11C'est quoi l'explication ?
17:13J'ai arrêté vraiment après avoir fait les Lansky
17:15qui étaient pour la télévision,
17:17c'est-à-dire toujours l'image du Vengeur solitaire.
17:19Je voulais essayer autre chose.
17:21Je voulais faire, comment dire, plus,
17:23je dis pas des films atinistes,
17:25mais plus vrai acteur, plus acteur.
17:29Des contre-emplois ?
17:31C'est-à-dire pas faire du simili-genialité acteur
17:35dans l'action,
17:37mais faire Johnny Day qui fait du M. Dupont,
17:41par exemple, qui est loin de Johnny Day.
17:44C'est ça que je voulais faire.
17:46Donc pour ça, j'avais besoin d'un long break.
17:48Mais vous avez un statut particulier,
17:50parce qu'effectivement, vous avez cette image,
17:52Johnny, vous en parlez même comme d'un personnage.
17:54C'est pas facile d'être ce que je suis à la chanson
17:57et de faire oublier ça et d'être M. Dupont.
18:01C'est pas évident.
18:02Donc pour ça, il m'a fallu du temps.
18:06Mais oui, c'est difficile, parce que vous savez,
18:08c'est pas facile pour les gens,
18:10si je jouais M. Batignolles,
18:12d'oublier que je chante Marie.
18:15Marie ou autre chose.
18:17Donc le succès, cette gloire,
18:19est une forme d'handicap pour votre métier de comédien.
18:21Etait, parce qu'on va voir tout à l'heure que ça a changé.
18:23Pendant ces années-là, ça a été comme ça.
18:25En tout cas, je fais tout ce que je peux pour ça.
18:28Quand vous dites, après des années d'absence,
18:30vous avez envie de surprendre,
18:32c'est un film qui s'appelle Stéphane Justy,
18:34qui réalise son premier film.
18:36Ça s'appelle Pourquoi pas moi.
18:38J'ai recommencé le cinéma là, d'ailleurs.
18:40Avec une forme de dérision, en fait,
18:42qui a été payante, en réalité,
18:44puisque vous acceptez d'être complètement inattendu,
18:46de surprendre.
18:48On va voir dans l'extrait, puisque vous jouez
18:50le père d'une jeune fille qui est homosexuelle,
18:52mais vous ne le savez pas.
18:54Vous et votre femme, Elie Milleros,
18:56vous ne le savez pas au moment où on va vous voir dans le film.
18:58Mais c'est ça qui m'a appuyé, d'ailleurs.
19:00C'est pour ça que j'ai dit oui.
19:02J'ai une femme, j'ai une fille.
19:04C'est pour elle que j'ai arrêté.
19:07Surtout pour ma fille.
19:09Elle avait peur quand je descendais dans l'arène.
19:12Vous savez, elle est très sensible.
19:16Bon.
19:18On ne vous avait jamais vu en Torero.
19:20Vous non plus.
19:22Moi, je me demande comment un jeune réalisateur
19:24qui fait son premier film
19:26s'y prend pour vous expliquer ça,
19:28pour vous demander, ou aller vous convaincre
19:30de vous mettre en Torero.
19:32Il a appelé mon agent,
19:34François Derivolin, de Cher Média.
19:36Il m'a demandé un rendez-vous.
19:38Je suis venu.
19:40Il m'a dit, voilà, je voudrais vous voir en Torero.
19:42Est-ce que vous voulez faire un petit rôle dans mon film ?
19:44C'est mon premier film, en plus.
19:46En tant que Torero.
19:48L'idée m'a amusé.
19:50J'ai dit, pourquoi pas ?
19:52Et puis, on l'a fait.
19:54Il vous dit ça.

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