Léon Marchand, champion du monde en natation
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00:00Bonjour et bienvenue à vous Léo Marchand, il y a quelques jours à Budapest, vous avez été successivement champion du monde du 400 mètres catenage,
00:05champion du monde du 200 mètres catenage et médaille d'argent au passage du 200 mètres papillons, ça traînait par là, vous l'avez prise en passant.
00:11Ça fait quoi de passer en quelques jours Léo Marchand de l'ombre à la lumière, de parfait inconnu pour le grand public, à légende de votre sport ?
00:18Ça fait bizarre, ça fait bizarre surtout que voilà, ça fait une semaine que je suis rentré un peu chez moi en France, à Toulouse, j'ai vu ma famille, mes proches,
00:25j'ai vu toutes les personnes qui m'ont regardé à la télé, qui me reconnaissent et tout, donc ça fait un peu bizarre pour moi.
00:30Vous êtes originaire de Toulouse, en général les gamins de Toulouse ils rêvent plutôt ballon ovale, plutôt rugby, comment vous êtes tombé dans l'eau ?
00:37Alors j'ai fait du rugby pendant un ou deux ans, malheureusement j'étais très fin donc je prenais un peu cher sur le terrain mais après je me suis mis à la natation
00:45parce que mes parents étaient nageurs et qu'il fallait que je fasse un sport très jeune.
00:49Votre père quand même était médaillé d'argent champion du monde et votre mère a fait les JO ?
00:52Oui, oui, ils ont été très bons nageurs.
00:54C'est comme des bons nageurs.
00:55Mais c'est eux qui vous ont poussé ou pas ? C'est eux qui vous ont dit il faut que tu fasses de la natation ?
00:58Vraiment pas, moi j'ai fait la natation vraiment de base, c'était pour apprendre à nager tout simplement comme tous les jeunes.
01:05Après voilà, j'ai commencé à me mettre à la natation sérieusement parce que je commençais à prendre du plaisir dans l'eau, à l'entraînement et en compétition et voilà, c'est ça qui m'a vraiment poussé.
01:12Ça veut dire quoi se mettre à la natation sérieusement ? Ça veut dire passer combien d'heures dans ces bassins-là ?
01:16Beaucoup, beaucoup trop.
01:17Par jour, dans ces combats ?
01:19Je dirais à peu près 5 heures par jour d'entraînement.
01:205 heures par jour, toute l'année ?
01:22Toute l'année, sans relâche et pas trop de pauses parce que dès qu'on s'arrête, on perd beaucoup de niveau en natation.
01:26Donc là, ça fait 2-3 ans que je n'ai vraiment pas arrêté de nager tous les jours.
01:30Vous savez ce que dit votre papa qu'on évoquait de vous ? Il dit que c'est un extraterrestre.
01:34Qu'est-ce que vous avez de l'extraterrestre ?
01:36Je pense que j'ai plus envie que les autres au niveau des résultats, donc du coup je me donne plus tous les jours, je suis beaucoup plus sérieux, beaucoup plus régulier.
01:44Après, je pense qu'en natation, il n'y a pas trop le choix, même les détails sont importants.
01:49C'est quoi les détails ? Ça se joue à quoi en fait ?
01:51Ça se joue à une millième de seconde.
01:52Quand on voit sur un 50, tu peux être champion olympique et cinquième à un ou deux dixièmes, donc ça se joue vraiment à rien.
02:00Ce n'est pas la chance qui fait qu'on a ce dixième ou pas, c'est autre chose que la chance, c'est le travail ?
02:03Non, je pense que c'est autre chose que la chance, c'est tous les jours à l'entraînement.
02:06Les entraînements du matin à 6 heures, il y en a qui vont être sérieux, il y en a d'autres qui vont être un peu moins.
02:11À 6 heures du matin, vous êtes dans la piscine ?
02:13Exactement, et des fois, c'est compliqué.
02:15On vous comprend.
02:16Camille Lacour, qui est quand même cinq fois champion du monde et cinq fois champion d'Europe,
02:20dites-vous, il y a la nouvelle tête d'affiche de la natation française.
02:24Ça ne fait pas quand même beaucoup de pression d'un coup sur vos épaules, ça ?
02:27Oui, après, je pense que là, ça fait deux ans que je travaille avec un préparateur mental, donc j'arrive mieux à gérer cette pression.
02:32J'avais déjà quand même pas mal d'attentes avant les championnats du monde, alors que je n'avais encore rien fait.
02:36Et puis, le grand public, vous ne connaissez pas encore à l'époque.
02:38C'est clair. Maintenant, en plus, j'assume un peu mon statut de leader de la natation française
02:43et j'ai envie aussi de pousser cette équipe de France jusqu'à de nouveaux horizons.
02:48Donc, en vrai, je le prends plutôt bien pour l'instant.
02:50Pourquoi vous me faites penser à Kylian Mbappé ?
02:53Je ne sais pas. On me compare souvent avec Antoine Dupont, qui vient de Toulouse aussi.
02:57Oui, le roadman.
02:59Après, moi, je ne fais pas le même sport, donc c'est quand même assez différent,
03:01mais je pense qu'on est des jeunes avec beaucoup d'ambition.
03:05On a l'impression que vous ne profitez pas de la victoire qui vient d'arriver,
03:08que vous êtes déjà dans l'objectif suivant, c'est ça ou pas l'idée ?
03:10Toujours. Déjà, je sors de ma course, j'ai déjà des choses que j'ai envie d'améliorer pour la prochaine fois.
03:14Parce que moi, je ne veux pas m'arrêter là. Je veux faire les Jeux de Paris,
03:17je veux faire quelque chose à Paris, je veux faire quelque chose à Los Angeles.
03:19Faire quoi quelque chose ?
03:20Vous voulez qu'on parle des chiffres ? Le record de Felps, c'est 23 médailles, c'est ça ?
03:25Exactement.
03:2623 médailles d'or.
03:27Non, moi, je ne veux pas faire comme Felps, je veux faire comme moi, je veux faire comme Léon Marchand.
03:30J'aimerais bien être champion olympique.
03:32Je pense qu'à Paris, ce sera le bon moment devant le public français, donc voilà, on verra.
03:36À quoi vous pensez quand vous enchaînez les longueurs ?
03:38Je ne parle pas en compète, parce qu'en compète, vous êtes concentré, évidemment, et ça va vite.
03:41Mais quand vous enchaînez les longueurs, 5, 6 heures par jour, comme ça,
03:44que vous êtes dans votre ligne, il n'y a personne ni autour,
03:46enfin, il y a votre coach qui doit vous gueuler dessus sur le bord du terrain.
03:49À quoi vous pensez ?
03:50À quoi ? Déjà, je suis avec mes copains quand même à l'entraînement, donc voilà, on se chambre.
03:56C'est quand même du plaisir à l'entraînement.
03:57Depuis que je suis parti aux Etats-Unis, c'est de mieux en mieux.
03:59Je sens que j'y vais pour le fun.
04:03Après, à chaque entraînement, je me concentre sur mes virages, mes coulées.
04:06Chaque longueur, il n'y a aucune longueur qui est laissée au hasard,
04:09donc c'est ça qui est difficile dans ce sport.
04:11Mais moi, je pense surtout aux résultats.
04:13Après, je me dis, je vais tout donner comme ça.
04:15Après, je vais juste profiter.
04:17En fait, j'arrive à la compétition.
04:18Là, j'étais au championnat du monde, j'ai bossé, maintenant, je profite.
04:21Il n'y a plus rien à faire, il faut juste kiffer.
04:23Je vous pose cette question parce que l'Ormanodou a dit en son temps
04:25à quel point ça l'avait usé, ces entraînements, à quel point ça l'avait rincé.
04:29Oui, c'est clair, l'alimentation, ça peut être très usant
04:31parce qu'on s'entraîne à quatre, cinq ans sans relâche.
04:34Et des fois, ça se joue à des millièmes.
04:36Donc, je peux comprendre que c'est un sport assez ingrat.
04:38C'est pour ça que j'essaie de prendre du plaisir un peu tous les jours
04:40parce que sinon, c'est compliqué de se lever à 5h30 pour aller dans l'eau à 6h.
04:44Donc, je pense qu'on est obligé d'avoir du plaisir.
04:46Sinon, c'est compliqué comme sport.
04:49Vous l'évoquiez, vous êtes parti aux États-Unis. Pourquoi ?
04:50Qu'est-ce qu'il y a de différent là-bas ?
04:53Pour moi, c'est plus facile de faire mes études et l'alimentation à côté.
04:56Vous faites des études de codage informatique.
04:57C'est ça, de programmation.
04:59Donc, voilà, en plus, il y a pas mal d'opportunités dans ce travail-là après.
05:03Mais ça, vous avez encore besoin de faire des études, là,
05:04en étant double champion du monde à 20 ans,
05:06avec une route qui est toute dégagée.
05:07Vous allez continuer, ça ?
05:08Oui, en fait, moi, je n'ai pas de pression au niveau des résultats d'alimentation
05:11parce que je sais qu'après l'alimentation, je veux faire autre chose.
05:14J'aimerais bien avoir un vrai job, etc.
05:16Et du coup, que je sois champion du monde ou pas,
05:19ça ne va pas changer ma vie d'après, je pense.
05:22Après, voilà, c'est des bonus.
05:23Là, je profite, voilà, j'ai reçu la médaille de la ville mercredi.
05:25Il y avait tout Toulouse, c'était vraiment génial.
05:27Donc, c'est plutôt une récompense pour le travail que je fais.
05:29Et en termes d'entraînement, de préparation physique et mentale,
05:32les États-Unis, ça change quoi ?
05:34Je suis beaucoup plus autonome aux États-Unis
05:37parce qu'on choisit ce qu'on fait tous les jours.
05:39Il n'y a pas quelqu'un qui va nous dire...
05:40Voilà, moi, j'étais avec mes parents depuis le début
05:42et là, je suis un peu sorti de ma zone de confort.
05:43Donc, je pense que j'ai beaucoup appris en autonomie.
05:46Et voilà, je suis avec mes potes tous les jours.
05:49Et puis, j'ai un bon équilibre,
05:50j'ai une bonne balance entre les cours et la natation.
05:52Du coup, je pense que mentalement, c'est mieux aussi.
05:54J'ai une dernière question.
05:55Quel conseil vous donnez à nous, les nageurs du dimanche,
05:58les crapauds des bassins, là, qui avons la flemme,
06:02qui sont obligés de nous faire violence pour aller à la piscine le matin ?
06:05Allez-y l'après-midi.
06:07Non, non, mais après, je pense que la natation, c'est un sport très sain,
06:10que ce soit physiquement et mentalement.
06:12Moi, je sais que quand je m'entraîne pendant deux heures, je m'évade.
06:15Je pense à autre chose, je n'ai plus trop de problèmes.
06:18Moi, c'est quelque chose qui me motive aussi.
06:19Je peux aussi m'exprimer plus dans l'eau.
06:21Donc, voilà, c'est un sport que j'adore, tout simplement.
06:26On vous donne rendez-vous à Paris, l'an deux ans.
06:28Et puis, il y aura d'autres médailles avant.
06:28Merci beaucoup et surtout, ne changez rien.
06:30Merci, Léo Marchand.
06:31Autant vous dire, Léon, qu'on va vous soutirer, on va être derrière.
06:34On va pousser.
06:35Merci beaucoup.
06:36Merci à vous deux.