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00:00Je vous le disais en titre, trois des détenus libérés hier par Moscou, dont Evan Gershkovitch,
00:05journaliste Wall Street Journal, sont arrivés dans la soirée aux Etats-Unis,
00:09accueillis sur le tarmac de la base Androuz, près de Washington, par Joe Biden et Kamala Harris.
00:15C'était l'échange de prisonniers le plus important entre la Russie et l'Occident depuis la fin de la guerre froide, 26 personnes au total.
00:2216 détenus en Russie et au Bélarus ont recouvré la liberté en échange de dix Russes incarcérés aux Etats-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège.
00:33Bonjour Gautier Rybinski, éditorialiste à France 24.
00:37Le chancelier allemand a expliqué à quel point il lui avait été compliqué de libérer Vadim Krasnikov, agent confirmé du FSB,
00:45et de surquoi condamné à la perpétuité pour le meurtre d'un Géorgien en Allemagne dans cette affaire.
00:52Il s'agissait effectivement d'une action du FSB, héritier du KGB,
01:01et qui visait un commando de la rébellion caucasienne, qui avait aussi travaillé en Tchétchénie, et donc tout ça s'était passé sur le sol allemand.
01:10Et effectivement, un État de droit dit, assassiné en plein Berlin, évidemment on ne peut pas tolérer ça.
01:16Et là, effectivement, il a fallu que Scholz et que la justice allemande, justice d'un pays éminemment démocratique,
01:23c'est-à-dire que vous mesurez le poids de l'histoire.
01:27Cette Allemagne nazie, sur le motif duquel Poutine repose pour attaquer l'Ukraine,
01:34c'est l'un des États les plus démocratiques au monde aujourd'hui.
01:37C'est ça la différence par rapport à ceux qui savent lire l'histoire et ceux qui ne la lisent pas.
01:41Parenthèse fermée.
01:42Mais, il est évident que dans un État de droit, libérer quelqu'un qui est assassiné, c'est une injustice.
01:48C'est une injustice, et ce que fait comprendre le gouvernement allemand, c'est qu'au fond, les choses vont au-dessus de cette injustice,
01:55et que, heureusement, il y a eu précisément des citoyens, dans le cas de l'Allemagne, des citoyens binationaux qui étaient germano-russes,
02:02qui ont été libérés.
02:03Simplement, là où il y a quelque chose qui me paraît important à souligner, c'est que, quand on voit ça évidemment, on se dit,
02:10bah, tant mieux pour les gens qui sortent d'un mauvais pas.
02:13Sauf que, quand même, vous avez une différence avec ce qu'on vient de dire, qui est énorme.
02:18C'est que, d'un côté, vous avez des dissidents russes qui ont été libérés, ou des journalistes, comme Kashkovich,
02:23mais je pense à Karamoza ou Yachin, qui sont des gens, simplement, qui tentent de s'exprimer,
02:29qui n'ont jamais fait de mal à personne, qui n'ont jamais pris une arme.
02:32Et ils sont emprisonnés et condamnés à la lourde peine pour ça.
02:35Et de l'autre, vous avez, oui, un spadassin du FSB qui lui a tué, et qui s'en sort bien aussi, vous voyez ?
02:41Alors, ça c'est non seulement, sur un plan juridique, c'est choquant,
02:45mais c'est choquant aussi parce que, quand on perçoit l'information de loin,
02:48on se dit, bon, après tout, voilà, un égale un autre.
02:51Et non, un n'égale pas un autre, n'égale pas un autre.
02:54C'est totalement différent, et dans la perception que nous pouvons avoir de l'actualité,
02:59il faut bien se rendre compte que, d'un côté, il y a un régime,
03:02et c'est l'évidence même, qui rabroue les libertés, qui muselle ses citoyens,
03:08et de l'autre, bien, vous avez un certain nombre de pays qui ont effectivement détecté.
03:12Alors, ça ne mérite pas forcément, bien sûr, de longue peine d'emprisonnement,
03:16mais qui ont détecté des espions ou des gens qui sont passés à l'acte.
03:18Eh bien, ça n'est pas le même type de personnage.
03:20Et encore une fois, un échange, c'est un échange,
03:23mais, pour vous dire le fond de ma pensée,
03:26s'il y a un échange aussi important et aussi précis,
03:30avec des personnalités aussi précises et qui plus entendent guère,
03:34c'est qu'il y a quelque chose qui va au-dessus de cette affaire,
03:37simplement, d'individus échangés avec des individus vertueux,
03:41et d'autres qui ne le sont pas, mais ça va au-dessus.
03:43Alors, est-ce que c'est vraiment une prouesse diplomatique,
03:45comme l'ont dit et Joe Biden et Kamala Harris hier soir, et si oui, à quel prix ?
03:50Alors, voilà, la prouesse diplomatique,
03:54évidemment, en principe, on préfère la diplomatie,
03:57c'est ce qui permet d'éviter de sortir des armes.
04:00Quand Kamala Harris et Joe Biden disent ça,
04:03est-ce qu'ils ont d'autres arrières-pensées ?
04:05C'est-à-dire, est-ce qu'on est en train de revenir
04:08avec une opération, encore une fois, compliquée ?
04:11La médiation des Turcs, précisément le fait que certains États
04:14aient dû accepter, en serrant les dents, de libérer tel ou tel personnage,
04:18bref, compliqué, et en plus, entre des partenaires de dialogue
04:22qui ne sont plus, depuis un certain temps,
04:25eu égard à la guerre en Ukraine.
04:27Il y a toujours des cadeaux de conversation.
04:29Le vrai problème, c'est que, qu'est-ce qu'on peut se dire à l'issue de ça ?
04:33Je dis, ça a marché, ça a bien fonctionné.
04:36Alors, pourquoi on n'essayerait pas autrement, dans d'autres circonstances,
04:40c'est-à-dire la guerre en Ukraine ?
04:42Est-ce qu'il faut poursuivre la guerre en Ukraine,
04:44alors qu'on peut s'arranger avec...
04:46S'entendre, oui, sur des...
04:47Voilà, si vous voulez.
04:48Et là, je terminerais d'une phrase.
04:50Tout le problème de cette affaire,
04:52c'est qu'on sent bien que les Occidentaux
04:54aimeraient pouvoir avoir une voie de dégagement de la sorte,
04:57que cela arrangerait Poutine,
04:59que l'Ukraine en ferait les frais,
05:01et surtout, le vrai problème,
05:03c'est que l'affaire de l'Ukraine,
05:05ce n'est pas que le problème de l'Ukraine,
05:07c'est le problème de notre gestion
05:09du totalitarisme russe.
05:11Alors là, si vous avez quatre heures devant vous,
05:13je reste et on en parle.
05:15Malheureusement, le temps qui nous est imparti est terminé.
05:17Merci, Gotielbinsky.