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[#Exclusif] Interview de Jean valentin Leyama

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Transcription
00:00Je suis Jean-Paul Nanteleama, je suis député de La Transition et par ailleurs, sur le plan politique, secrétaire exécutif du parti politique Réagir.
00:11Le coup d'État qui a conduit à la libération du pays a été salué unanimement comme étant un geste salutaire et à partir de ce geste-là, d'immenses espoirs sont nés.
00:37Nous avons donc cru, dès le départ, à la promesse du CTRI de restaurer les institutions. Un calendrier a été mis en place en vue de la restauration de ces institutions.
00:52Quelques mois plus tard, nous constatons plutôt que le travail, les engagements du CTRI vont maintenant au-delà de la restauration des institutions.
01:05La restauration des institutions, ça consistait essentiellement à revenir à l'ordre constitutionnel et ça consistait à mettre en priorité l'organisation de nouvelles élections,
01:17des élections démocratiques, transparentes, mais ce que le CTRI fait depuis son installation va au-delà de la restauration des institutions et on est en droit de se poser la question de savoir si cet objectif-là est réellement l'intention des membres du CTRI.
01:37Selon le programme décliné par le CTRI et approuvé par la communauté internationale, la constituante devait se tenir au mois de juin. Je suis député, je vous dis que nous n'avons pas été convoqués pour tenir cette constituante.
02:00Au sorti du dialogue national, nous avons plutôt constaté que le président de la transition a mis en place un comité constitutionnel pour la rédaction de la constitution alors que ce rôle-là devait être dévolu à la constituante.
02:15Nous sommes au mois de juillet. Il y a quelques semaines, le président de la transition a reçu une version du projet de constitution. Cette version, jusqu'à présent, n'est pas publiée et n'est pas mise à la disposition du peuple gabonais pour qu'il se prononce en toute connaissance de cause et pour qu'il y ait un débat.
02:37Mais nous constatons, avec beaucoup de regrets, que le président de la transition lui-même et plusieurs autres acteurs politiques et associatifs se sont lancés déjà dans une campagne en faveur de lui. Ce qui est, je dis, à la limite, un peu contre toutes les règles, disons, démocratiques.
02:58Je ne veux pas simplement évoquer les parlementaires du Haut-Latin mais la plupart des parlementaires sur l'ensemble du territoire sillonnent leur localité pour appeler à voter oui au référendum. Je dis, on ne peut pas répondre à une question sans qu'on ait examiné le contenu du texte.
03:22Pour ma part, j'attends que ce texte-là soit publié pour me prononcer en toute connaissance de cause, c'est-à-dire pour le oui ou pour le non. Mais dire oui, comme je l'ai déjà affirmé quelque part, dire oui, à ce stade-là, c'est comme une femme qui va devant le maire et qui dit,
03:42oui, monsieur le maire, avant de connaître quel est le régime du mariage, est-ce que c'est la polygamie ou la monogamie, si c'est bien commun ou si c'est bien séparé, c'est la même chose. Je dis, c'est quand même un peu dommage.
03:59Je dois ajouter que la posture du président de la transition n'est pas tout à fait républicaine, parce que le président de la transition devait être neutre dans ce processus. Mais le fait de prendre position déjà pour le oui, d'inciter les populations à voter oui, parce qu'il a, par sa position, eu connaissance déjà du projet constitutionnel,
04:27ça met comme une influence sur les populations et c'est quand même regrettable. Je suis vraiment concerné par le jugement qui est porté sur les acteurs politiques.
04:44Mais il faut quand même savoir, il faut quand même qu'on se souvienne qu'il a fallu que un certain nombre d'acteurs politiques regroupés au sein de la plateforme Alternance 2023, face de la résistance, tiennent tête au régime d'Ali Bongo pour que les conditions du 30 août soient réunies.
05:06Si justement, nous, les acteurs politiques de l'Alternance 2023, avions pris acte du passage en force d'Ali Bongo, si nous n'avions pas combattu jusqu'aux modifications des lois qui ont été faites à la dernière minute, si on n'avait pas combattu contre, fait face aux bureauters « couplés » lors des dernières élections,
05:30si nous n'avions pas saisi la cour constitutionnelle sur ces différentes questions, je crois que si on avait en quelque sorte abdiqué, c'est-à-dire boycotté l'élection, Ali Bongo serait passé comme une lettre à la poste.
05:42Donc nous avons tous contribué les uns et les autres à ce que cette situation nouvelle que nous connaissons se produise. Nous avons donc à tous un droit à revendiquer le changement.
05:59Donc la diabolisation des acteurs politiques est complètement décalée, même injuste. C'est sûr qu'il y a dans la classe politique un certain nombre de comportements, un certain nombre d'acteurs qui sont certainement décevants, mais on ne doit pas généraliser.
06:24Mais la réalité c'est que, comme cela se faisait auparavant, comme cela se faisait pendant le régime des Jus, comme le faisait Ali Bongo Ndimba sous couvert de campagnes de tournées dites républicaines, c'est une pré-campagne qui est manifestement organisée auprès de l'État.
06:47Ça ne trompe personne, n'est-ce pas ? Alors donc le président de la Transition est régent en campagne, et il est régent en campagne aussi maintenant pour le Oui, mais il faut donc qu'il autorise aussi, qu'il ouvre la campagne pour que ceux qui sont pour le Non aussi s'expriment, que ce soit dans les médias, que ce soit sur la place publique, parce que jusqu'à présent, seule l'antenne est donnée à ceux qui préconisent le Oui.
07:16Je disais que nous, nous attendons que le texte soit publié pour que nous nous prononcions en toute connaissance de cause. Nous ne voulons pas faire le mimétisme servile, mais c'est ce que nous disons depuis le départ.
07:31Nous ne comprenons rien, nous ne comprenons pas. Ce n'est pas des attitudes, je dis, républicaines et responsables. Je crois qu'il faudrait que nous revenions quand même aux promesses initiales du 7 R. Celles de restaurer dans ce pays les vraies valeurs démocratiques. Et manifestement, de jour en jour, nous en sommes loin.
07:53Le processus qui est engagé en ce moment veut conduire à faire adopter le Oui au forceps. Jusqu'à présent, le texte n'est pas publié. Et lorsqu'il va être publié, peut-être qu'on va donner juste quelques semaines de campagne.
08:13Les médias, notamment les médias publics, étant sous le contrôle du pouvoir, je crains que les populations n'aient pas suffisamment d'informations sur les enjeux de cette Constitution. Et tout est fait aujourd'hui pour que le Oui passe. J'espère que les partisans du Non trouveront d'autres moyens alternatifs pour faire eux aussi campagne.
08:40Vous dites que le Général Léguy ne sait pas prononcer clairement, mais dans ses différentes tournées, notamment la Nianga, dans l'Ouïtougoué, il a dit que la transition doit être abrégée. Il faut qu'on sorte de là le plus rapidement possible parce que nous avons des projets de développement importants et que personne ne peut prêter de l'argent à un gouvernement de transition.
09:08Alors, ça veut dire que ce n'est pas un aveu implicite de candidature ? Moi, je continue à m'accrocher à la parole que le Général avait prononcée lors de sa prestation de serment. Je fais confiance à la parole de l'officier. Parce que quand tu es militaire, mon Dieu, donne une parole. C'est une parole qui est sacrée.
09:34Le Général avait dit qu'il restaure les institutions et qu'il remet le pouvoir aux civils. J'ai tout de suite pensé au schéma ATT. C'est-à-dire que le Général devait revêtir le costume d'ATT et sortir de là en marquant son personnel d'histoire.
10:00J'espère qu'il n'est pas trop tard. Nous ne sommes pas en désaccord. Pour ce qui me concerne, je suis resté constant sur les principes que nous avons défendus avec nos anciens compagnons. Nous avons défendu un certain nombre de principes. Nous avons défendu les principes démocratiques.
10:24Je dis que nous avons défendu un certain nombre de principes, notamment sur le plan du respect des valeurs démocratiques, la transparence électorale, etc. J'étais étonné de voir que lorsque le gouvernement décide de ramener l'organisation des élections au ministère de l'Intérieur, j'étais, je dois dire, un peu surpris, déçu de voir que sur ce point-là, nous avons renoncé à nos principes.
10:54La composition de l'Assemblée n'est pas non plus aussi une surprise par rapport aux résultats de ce vote. Vous aviez à l'époque une Assemblée élue, mais dominée par un parti politique qui avait une influence sur les élus.
11:15Aujourd'hui, vous avez une Assemblée qui est nommée, dont les membres sont nommés. Lorsqu'on est nommé, on est habité par un sentiment de gratitude et on ne veut pas toujours déplaire à la personne, à l'autorité qui vous a nommé. C'est ça, essentiellement aussi, le phénomène que l'on observe au sein du Parlement, de la transition.
11:45Il y a un débat qui se fait sur des textes d'intérêt général, que ce soit des textes de nature économique, des textes de nature sociale. Il y a un débat, il y a un enrichissement.
12:00Il faut dire aussi que le niveau du Parlement de transition est à un niveau particulièrement relevé. Vous trouvez ici une grande diversité de parcours, donc le débat sur les questions d'intérêt général est très riche.
12:16Mais sur les enjeux nationaux, politiques, là, les postures sont bien différentes. C'est ça, justement, un peu le hic de ce fonctionnement.
12:33Nous avons la dernière fois, par exemple, demandé un vote à bienneté secrète. Mais les manœuvres qui ont été engagées pour que ce vote ne se passe pas à bienneté secrète rappellent, disons, les méthodes de l'ancien, du régime des chutes. C'est vraiment dommage.
12:55Le règlement prescrit que si on n'obtient pas un vote à bienneté secrète, c'est-à-dire à partir d'un quota de députés qui l'ont demandé, qui l'ont exigé, on est obligé de passer au vote à main levée.
13:15Et au vote à main levée, ça veut dire qu'il faut avoir le courage de dire non, comme les 13 que nous étions l'avons fait.
13:24Pour revenir un peu au projet de constitution, il y a, comme vous le savez, des questions très controversées. J'espère qu'elles ne seront pas retenues dans ce projet de constitution parce qu'au prétexte des recommandations du dialogue national, on s'est mis à catégoriser les Gabonais.
13:48Et on est en train de mettre à mal le vivre ensemble. On crée maintenant des Gabonais de seconde zone, des Gabonais d'origine et des Gabonais de souche.
14:02Ça, c'est très très mauvais pour le vivre ensemble. Jusqu'à présent, nous avons vécu en bonne intelligence. Il y a eu effectivement, pendant le régime déçu, un certain nombre de Gabonais qui avaient récemment pris la nationalité et qui avaient été propulsés à des fonctions stratégiques dans la sphère de l'État.
14:25Oui, ça, c'était condamnable. Mais de là maintenant à vouloir généraliser, à vouloir diaboliser les Gabonais qui ont la binationalité, les Gabonais qui sont nés d'un père ou d'une mère, d'un parent étranger, je dis que là, nous sommes en train de sortir de la route.
14:47Et ce n'est pas bon pour le vivre ensemble. Ce n'est pas bon pour l'unité nationale. Et ça veut dire quoi ? Ça veut dire que lors de ce référendum, je crains que ces Gabonais-là, que l'on est en train de diaboliser, que ces Gabonais ne se sentent pas concernés par les enjeux qui vont déterminer notre avenir à court terme.
15:10Maintenant, par rapport à l'action du gouvernement, je dois dire pour le déplorer qu'il y a plusieurs instances dans le fonctionnement de l'État. Il y a le président de la transition qui prend les décisions, il y a le CTI et il y a le gouvernement.
15:30Quels sont les pouvoirs des uns et des autres ? C'est ça la question. Ce que je constate, c'est que le gouvernement fait assurer l'intendance, mais les initiatives sont au niveau du CTI.
15:44Si vous prenez simplement sur le plan de l'investissement, le CTI fait tout. Il construit des routes, il construit des hôpitaux, il construit des écoles. Finalement, que fait le gouvernement ?
16:00Vous voyez dans la ville, dans tout le Gabon, vous allez voir, maître d'ouvrage s'est terré, maître d'oeuvre s'est terré, maître financement s'est terré. Alors finalement, le gouvernement et le budget de l'État font quoi ?
16:14Ça veut dire que nous sommes en train de revivre un peu la même marginalisation des ministres comme à l'époque du régime déçu, où tout se décidait à l'époque au palais et que les membres du gouvernement assuraient l'intendance et la communication.
16:34En termes de conclusion, vous m'avez posé la question. Je reste, moi, constant sur les principes. On doit rester intangible sur les principes. Je crois que là, bon, il n'y a pas, pour ce qui me concerne les négociations quelconques, j'ai dit qu'il y a un certain nombre de valeurs que nous défendons depuis des années, quitte à devenir marginales, mais nous restons fidèles à la défense de ces valeurs.
17:04La défense de l'état de droit, la lutte contre les injustices, la lutte contre la pauvreté. Et justement, depuis onze mois, je n'ai pas connaissance que le taux de pauvreté que connaît le Gabonais est diminué de quelques microns.
17:34Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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