Nouvelle alerte concernant les niveaux de pollution de la Seine. Alors que le fleuve présentait des taux trop importants pendant tout le mois de juin, le revoilà trop pollué, à la veille des épreuves de triathlon. En cause: les fortes pluies de la cérémonie d’ouverture.
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00:00Et avec nous pour en parler à distance, Esther Crozer d'Elbourg, bonjour, vous êtes économiste de l'eau,
00:05bonjour Jean-Claude Olivia, vous êtes directeur de la coordination eau Île-de-France,
00:08et Antoine Vissalva de RMC Sport qui nous accompagne.
00:11Je vais commencer par vous Jean-Claude Olivia, toujours pas d'entraînement aujourd'hui,
00:14pourquoi il y a une telle dégradation de la qualité de l'eau de la Seine ? Pouvez-vous nous expliquer ?
00:19Oui, en fait c'est lié aux précipitations.
00:22Dès qu'il y a des précipitations un petit peu importantes, la qualité de l'eau se dégrade.
00:26En fait le problème c'est le mélange entre les eaux de pluie et les eaux usées.
00:31Donc quand il y a beaucoup d'eau de pluie, le réseau déborde.
00:38Alors là, je sais comme vous bien sûr que les épreuves sont annulées.
00:43Je ne sais pas les résultats des analyses de hier et d'aujourd'hui.
00:48Les résultats sont publiés toujours avec quelques jours de retard.
00:52Mais je sais les résultats des analyses d'il y a une semaine.
00:55Et donc il y a une semaine, c'est-à-dire dimanche dernier,
00:59déjà les résultats étaient très mauvais parce qu'il y avait eu une petite pluie le samedi.
01:04Il y avait eu une pluie de 2,2 millimètres d'eau.
01:07Et là en fait, on a eu beaucoup plus ce vendredi et ce samedi.
01:11On a eu 16 millimètres d'eau qui sont tombés entre vendredi et samedi.
01:15Et donc là, on peut penser que la qualité ne sera pas au rendez-vous immédiatement.
01:21Alors vous avez parlé des épreuves annulées.
01:22On va juste préciser pour ceux qui nous regardent,
01:24s'il vous plaît, les entraînements du jour ne sont pas annulés.
01:27Pas les épreuves pour l'instant, elles sont programmées demain.
01:30Il y a une communication cette nuit, Antoine, du comité de l'organisation.
01:33Qui dit quoi ?
01:34Alors précisément la Fédération internationale de triathlon
01:38ainsi que les autorités locales ont pris la décision
01:40d'annuler la partie natation de la familiarisation au triathlon,
01:44autrement dit l'entraînement.
01:46Les niveaux de qualité de l'eau ne présentent pas de garantie suffisante.
01:50Voici en l'espèce le communiqué de l'organisation autour de Paris 2024.
01:57Jean-Claude Oliver, quand vous dites
01:59la qualité de l'eau ne sera pas au rendez-vous immédiatement,
02:03immédiatement, ça veut dire qu'on peut espérer retrouver une qualité de l'eau
02:07suffisante pour que les athlètes puissent effectuer les épreuves ?
02:12Quand ? Sous quel délai ?
02:14C'est très difficile à dire.
02:16Je vous dis, les précipitations ont quand même été beaucoup plus importantes
02:22les deux derniers jours, donc le risque effectivement,
02:26c'est que la qualité de l'eau ne revienne pas tout de suite.
02:29Mais c'est-à-dire que ça peut prendre combien de temps ?
02:31Ça se compte en jours ?
02:33Ça se compte en jours, ça se compte en jours, effectivement.
02:36Et on sait que mercredi, il y a un nouvel orage qui arrive,
02:39donc voilà, il faut bien viser.
02:41Donc on scrute la météo.
02:43On scrute la météo et on croise les doigts.
02:46Esther Creuser-Delbourg, c'est un serpent de mer,
02:49cette baignade dans la Seine, ça nous ramène même aux années Chirac,
02:51à la mairie de Paris.
02:53Quand elle a été faite, cette promesse, je crois que le plan baignade, c'est 2018.
02:56Est-ce que vous vous êtes dit que cette fois, ça pouvait être la bonne ?
02:59Ce qui est vrai, c'est qu'il y a un peu de faute à la pas de chance,
03:02parce qu'effectivement, vu tout ce qui a été injecté comme budget
03:05pour pouvoir moderniser la Seine, vu ce qu'on sait faire aujourd'hui,
03:08et puis vu la prise de conscience qui est en général sur la pollution de l'eau,
03:11etc., les problèmes d'eau, oui, on pouvait se dire que c'était la bonne.
03:14Pour eux, c'est la faute à pas de chance, c'est parce que c'est pas la Seine seulement
03:17qui est concernée, mais en fait, dès qu'il y a un épisode très pluvieux,
03:20l'ensemble de nos côtes, des rivières, des fleuves dans l'Europe entière,
03:23dans le monde entier en général sont concernés.
03:25On sait que les JO de Rio, par exemple, avaient eu des sujets similaires.
03:28La baie de Gonabara a été extrêmement polluée.
03:31Et on se demandait encore jusqu'à la veille si les épreuves auraient pu avoir lieu toujours.
03:37Donc c'est vrai que c'est la bonne.
03:40Les budgets ont quand même été mis dans la place.
03:43Et l'idée, c'est qu'en 2025, la Seine puisse être quand même accessible à tous les Parisiens.
03:47Vous évoquez le budget, je rappelle la facture qui s'élève à 1,4 milliard d'euros.
03:53Est-ce qu'on aurait pu faire plus ?
03:56Et comment expliquer qu'avec de tels investissements,
03:58on ne soit pas capable de gérer la qualité de l'eau ?
04:00Alors, on est capable de la gérer.
04:02Le problème, c'est qu'il y a des choses qu'on ne peut pas maîtriser,
04:04comme effectivement cette fameuse pluie.
04:05Il faut se rappeler quand même que tout ce qui a été construit est extrêmement moderne,
04:09notamment sous hostéalites.
04:10Vous avez maintenant un bassin de rétention
04:12qui permet de pouvoir stocker l'équivalent de plus de 25 piscines olympiques d'eau usée,
04:17qui fait que ça récupère les eaux de pluie quand il y en a trop,
04:20de façon à les relâcher très très lentement dans la Seine,
04:23de façon à ce qu'elles soient nettoyées.
04:25Donc on a fait quand même tout ce qu'il fallait.
04:27La pluie, on ne peut pas la prédire.
04:29Maintenant, c'est vrai qu'il faut faire attention,
04:30parce qu'on se rappelle aussi par exemple l'année dernière à Sunderland,
04:34aux champions du monde de triathlon,
04:36il y a eu plus d'une cinquantaine de nageurs
04:37qui ont eu des vomissements, des diarrhées, etc.
04:39parce qu'il y avait un taux des chériches alcooliques
04:41qui était extrêmement supérieur à la norme.
04:43Mais attention, là, rien n'avait été fait réellement en amont pour pouvoir nettoyer.
04:47Donc faisons confiance aux analyses qui vont tomber aujourd'hui et demain.
04:51Il y aura peut-être soit un report des épreuves,
04:54soit potentiellement un déplacement des épreuves,
04:56notamment à Versure-Marne.
04:57Ce qu'on peut dire, c'est qu'en tout cas,
04:58on a les meilleures équipes pour pouvoir faire les analyses
05:01et prendre les meilleures décisions.
05:03C'est intéressant ce que vous dites sur les reports possibles,
05:05parce que c'est exactement ce que dit la ministre démissionnaire des Sports,
05:07Amélie Houdet-Castérat, sur BFM TV.
05:09Pas d'inquiétude, d'autant qu'il y a cette marge de manœuvre.
05:12On n'est pas du tout inquiets.
05:14On est très vigilants sur l'évolution de la qualité de l'eau.
05:19Il y a eu des trompes d'eau toute la journée de vendredi,
05:22toute la soirée de la cérémonie d'ouverture,
05:24une grande partie de la journée de samedi.
05:25Donc c'était inévitable.
05:26Mais en tout cas, sur la bonne tenue des épreuves elles-mêmes,
05:30il n'y a pas d'inquiétude.
05:31On a de toute façon prévu des journées de contingence
05:34qui nous permettent de décaler un petit peu les épreuves,
05:37si jamais cela devait être nécessaire.
05:38Pour l'instant, on n'en est absolument pas là.
05:40Il y a cette possibilité de décaler les épreuves.
05:43Et si, je prends le pire des scénarios,
05:45imaginons que la météo continue, qu'on continue à avoir des pluies.
05:50Est-ce qu'il y a un plan B qui est prévu ?
05:53Le plan B a été évoqué par votre invité.
05:56Il y a le plan d'eau de Vers-sur-Marne.
05:59Il y a la possibilité aussi de décaler les épreuves.
06:02Les autorités et les organisateurs le savent.
06:05Ils ont la possibilité, ils ont une marge de manœuvre
06:07pour décaler dans le calendrier.
06:09Et il y a ce plan B aussi, de faire un duatelon.
06:12Et donc, deux épreuves seulement sur un triatelon,
06:15ça l'afficherait mal quand même.
06:17On voit les images de la baignade ou de la glissade
06:19d'Amélie Voudéa-Castera dans la scène lorsqu'elle a payé de sa personne.
06:24La ministre Jean-Claude Oliva,
06:26c'est vraiment cette météo épouvantable de 2024
06:31qui a plombé Paris depuis le début.
06:33Sans ça, on était sans problème sous les seuils.
06:35Je crois que les dispositifs qui ont été mis en place,
06:39d'une part, ne répondent pas vraiment à la situation.
06:43C'est-à-dire que ces gros bassins qui ont été construits,
06:46celui d'Austerlitz comme celui qui a été construit dans le Val-de-Marne,
06:52ne sont pas très efficaces en réalité.
06:55Ce qui aurait été vraiment efficace,
06:57ça aurait été de désimperméabiliser une partie de Paris
07:00et de faire que l'eau de pluie s'infiltre
07:03plutôt que d'aller dans le réseau d'assainissement.
07:06Ça, c'est la solution vraiment efficace,
07:08c'est vraiment la solution d'avenir,
07:10en plus qui transforme la ville dans un sens plus écologique.
07:13Le deuxième gros problème auquel on se heurte,
07:17c'est la question des mauvais branchements
07:25qui sont beaucoup plus nombreux que ce qui avait été estimé au départ.
07:28On nous a dit qu'il y avait 23 000 mauvais branchements,
07:31c'est-à-dire des endroits où l'eau usée se mélange à l'eau de pluie
07:35et est rejetée dans les cours d'eau, dans la Seine,
07:38mais aussi en amont dans la Marne.
07:40On nous a dit qu'il y a 80 % de ces 23 000 mauvais branchements
07:47qui ont été refaits,
07:49mais ce qu'on s'est aperçu au fur et à mesure,
07:52c'est qu'il y en a beaucoup plus.
07:54On nous dit qu'il y en aurait entre 60 000 et 120 000.
07:58Il y en aurait 16 000 rien que pour la Seine-Saint-Denis.
08:01Là, on est très loin du compte.
08:04Refaire tous ces mauvais branchements, c'est un travail colossal.
08:08Il y en a pour des années, il y en a pour beaucoup d'argent.