• il y a 4 mois
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Chaque matin, Jean-Christophe Buisson, directeur-adjoint du Figaro Magazine, revient sur l'actualité politique du jour.
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Transcription
00:00L'heure de l'édito politique de Jean-Christophe Buisson du Figaro Magazine, bonjour Jean-Christophe.
00:05Bonjour.
00:05Alors vous vouliez revenir ce matin Jean-Christophe sur la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques qui selon vous
00:10est allée au-delà du cahier d'échange purement festif qui lui était assigné, c'est ça ?
00:15Oui, on a compris après coup que ces organisateurs poursuivaient un double objectif,
00:19épater le monde et envoyer un message politique aux français.
00:22Épater le monde grâce à un savoir-faire unique, une créativité hors pair, des artistes exceptionnels.
00:27De ce point de vue-là, la réussite fut complète et saluée par tous.
00:31Quant à l'autre objectif, il faut bien avouer qu'il n'a pas vraiment fait l'unanimité.
00:35Sans doute parce que Thomas Joly, son directeur artistique, l'historien Patrick Boucheron
00:38et les autres membres du comité chargé d'écrire et de mettre en scène cette cérémonie
00:42sont allés bien au-delà de la consigne donnée par Emmanuel Macron.
00:45On a deviné quelle était cette consigne grâce à un tweet éliséen envoyé durant la soirée
00:50où était publié un extrait du moment où Ayanna Kamoura chante et danse avec la garde républicaine
00:54avec ce commentaire du président en même temps.
00:57Manifestement, Emmanuel Macron souhaitait faire rappeler vendredi soir à ses concitoyens
01:01surtout ceux qui ont voté un peu trop à droite ces dernières semaines
01:04que la France c'est en même temps la modernité, la tradition, la jeunesse et l'expérience,
01:08les hommes et les femmes, les noirs et les blancs, les institutions et la rue.
01:12Or le reste de la cérémonie n'avait rien d'en même temps.
01:15Rassembleurs et fédérateurs et les messages envoyés durant trois heures
01:17se sont avérés tout sauf consensuels.
01:20Alors quels étaient ces messages Jean-Christophe ?
01:22Le passé n'existe pas, seul importe le présent et surtout l'avenir,
01:25l'identité française est une vue de l'esprit,
01:27l'heure est à la mondialisation heureuse, au métissage, au mélange des gens,
01:30ce qui a eu lieu avant la révolution française ne compte pas, etc.
01:34Voilà pourquoi ont été présentés un tableau faisant apparaître la reine Marie-Antoinette décapitée,
01:38une parodie de la scène, moment sacré du christianisme
01:41dont l'histoire se confond pendant des siècles avec celle de la France
01:43où figuraient des drag queens,
01:45ou encore une mise en majesté de Louise Michel, figure de proue de la commune
01:48dont l'un des actes majeurs fut de mettre le feu à la moitié de Paris en 1871.
01:52Bref, une apologie de la violence et une exaltation du progrès social et sociétal,
01:56tous azimuts, avec un immense paradoxe.
01:58Tout cela a été montré dans des lieux magnifiques,
02:01bâtis par ceux-là même dont on effaçait ou on niait justement l'existence.
02:05Et oui, sans l'église catholique, les rois de France, Napoléon Ier et Napoléon III,
02:09pas de Notre-Dame de Paris, pas de Conciergerie, pas de Musée du Louvre,
02:12pas de Grand Palais, pas de Gare d'Orsay, pas de Tuileries,
02:14donc pas de cérémonie des JO au cœur de Paris en 2024.
02:17C'est pas faux, effectivement. Mais alors tout ça vous a choqué, Jean-Christophe ?
02:21Disons qu'on ne peut pas se gargariser des valeurs de paix et de fraternité
02:25que véhicule l'olympisme et glorifier une scène de l'histoire
02:27où une femme a été condamnée à mort et guillotinée.
02:30Surtout si on prétend aussi rendre justice aux femmes trop longtemps invisibilisées
02:33comme Olympe de Gouges qui, entre parenthèses,
02:36a été guillotinée par les mêmes qui ont exécuté Marie-Antoinette.
02:38On est là au-delà de la faute de goût.
02:40De même, on ne peut pas chanter les valeurs de tolérance
02:43et de respect de tous les peuples et de toutes les religions
02:45et tourner en dérision le dernier repas du Christ avant sa mort.
02:48D'ailleurs, depuis hier, Thomas Joly tente d'éteindre un incendie
02:52qu'il a allumé en assurant qu'il ne pensait pas du tout
02:55faire de la peine à qui que ce soit avec ces tableaux.
02:57Mais bien sûr que si !
02:59À la vérité, il ne pensait faire de la peine qu'aux électeurs des droites
03:02et réjouir ceux des gauches.
03:03Il voulait choquer le bourgeois, enthousiasmer le peuple,
03:06énerver les fachos et rassurer les gauchos.
03:08Pas de chance.
03:09Les critiques sont venues autant des éluères,
03:11Rennes, Reconquête ou LR, de Michel Onfray,
03:13Philippe Devilliers, Alain Finkielkraut et l'Épiscopat français,
03:16que des milieux populaires, du rappeur Roff
03:19ou de Jean-Luc Mélenchon.
03:21« Je critique la tête coupée de Marie-Antoinette »,
03:23a écrit ce dernier sur son blog,
03:25en ajoutant que « la mort ne pourra jamais être un spectacle »
03:28et que « l'humiliation des condamnés sera toujours de trop ».
03:31De même a-t-il détesté « la moquerie de la scène chrétienne »
03:34en se demandant « à quoi bon blesser les croyants ? ».
03:37Avoir réussi à mettre d'accord le leader de la France insoumise
03:40et la députée européenne Marion Maréchal,
03:42ce « en même temps »-là, Emmanuel Macron ne l'avait pas vu venir.
03:45Certainement pas, effectivement.
03:46Signature européenne, Jean-Christophe Huisson,
03:48directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine.
03:50Merci Jean-Christophe.
03:51Demain, c'est Carl Meus qui sera à votre place.

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