Venezuela : "rien ne laisse présager que Nicolas Maduro est prêt à céder le pouvoir" malgré ses déclarations

  • il y a 3 mois

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00On retrouve Thomas Posado, spécialiste du Venezuela, maître de conférences en civilisation latino-américaine à l'université de Rouen et chercheur alériaque, bonjour.
00:08Quel est le bilan du président sortant Nicolas Maduro et quels ont été ses principaux thèmes de campagne ?
00:14Bonjour. Alors, la campagne, elle se fonde surtout sur cette polarisation.
00:21Nicolas Maduro essaye de faire peur sur le retour d'une opposition au pouvoir,
00:27essaye de montrer qu'il est la stabilité dans une économie CIA qui s'est effondrée entre 2014 et 2020,
00:34mais il commence à montrer des signes de rétablissement.
00:38A l'inverse, le camp Edmundo González essaye de provoquer l'espoir dans la population,
00:47l'espoir d'une sortie de cette crise que connaît le Venezuela depuis le début de la présidence Maduro quasiment,
00:55et le retour notamment des 7,7 millions de Vénézuéliens qui vivent désormais à l'extérieur des frontières de leur pays.
01:02Jusqu'à présent, le président Nicolas Maduro n'a pas réussi à obtenir la levée de ses sanctions américaines en vigueur depuis cinq ans.
01:09Et ces sanctions, d'après vous, vont-elles peser sur le vote des électeurs vénézuéliens ?
01:14Elles pèsent de fait sur l'impact que ça a dans la société vénézuélienne.
01:20Pas toute la crise économique qui est à l'origine de ces sanctions,
01:26mais une partie de la crise économique vient de ces sanctions qui asphyxient l'économie vénézuélienne.
01:32Il y a eu des négociations avec les États-Unis ces derniers mois.
01:36Il y a eu une suspension entre octobre et avril de ces sanctions.
01:40On peut imaginer qu'il y aura des négociations après dans les incertitudes qui pèsent sur le devenir des États-Unis
01:46selon Kamala Harris ou Donald Trump sera le nouveau président.
01:51Mais oui, ces sanctions états-uniennes pèsent évidemment dans la situation de la société vénézuélienne.
01:59Est-ce que le président Maduro a toujours, malgré la gravité de la situation économique,
02:03le soutien des couches populaires qui se mobilisaient pour la révolution bolivarienne d'Hugo Chavez ?
02:08C'est cela qui est une grande inconnue.
02:11On voit que ces classes populaires vénézuéliennes ont beaucoup souffert de cette crise économique.
02:17Elles sont mécontentes du gouvernement de Nicolás Maduro pour ce qu'il a fait ou ce qu'il n'a pas fait
02:24pour le maintien d'une forme de clientélisme de la faim, pour tenir cette base électorale,
02:32pour monnayer le vote en fonction de l'aide alimentaire.
02:37Et ce qu'on a pu voir dans les images de campagne ces derniers mois,
02:42c'est que pour la première fois, l'opposition vénézuélienne arrivait à déborder sa base sociale traditionnelle
02:49des possédants vénézuéliens pour aller, y compris s'adresser à des classes populaires,
02:53y compris dans des secteurs populaires. On pourrait voter pour Edmundo González.
02:58Qui est son opposant Edmundo González qui a réussi à réunir l'opposition conservatrice ?
03:04C'est une des inconnues de ce scrutin.
03:09On le connaît, mais c'est quelqu'un de second plan, un diplomate qu'aucun vénézuélien ne connaissait véritablement.
03:18Par contre, il a réussi, en étant un personnage de second plan,
03:22à tenir le consensus en courant de l'opposition vénézuélienne,
03:25et surtout d'être appuyé par la dirigeante la plus populaire de l'opposition vénézuélienne actuellement,
03:31qui avait gagné les primaires de l'opposition en octobre dernier, Maria Corina Machado,
03:36qui était de la sympathie pour Javier Milei,
03:40et qui justement s'est renforcée dans cet immédiat avant la campagne,
03:47en étant une figure radicale qui ne s'est jamais compromis dans des négociations avec Nicolas Maduro,
03:53et qui a toujours affirmé une opposition intransigeante à Nicolas Maduro.
03:59Ce qui lui donne sa popularité aujourd'hui,
04:03et popularité qu'elle n'a pas pu prendre pour son nom propre,
04:07parce qu'elle était inéligible par les instances proches de Nicolas Maduro,
04:10mais qu'elle a transmise à Edmundo González en faisant campagne pour lui jusqu'au dernier jour de campagne.
04:16Mais Maria Machado, c'est une militante d'extrême-droite ultra-libérale ?
04:21Elle est dans les courants les plus radicaux de l'opposition vénézuélienne.
04:26Maintenant, elle essaie de rassembler l'opposition libérale dans le cadre de ce scrutin.
04:32Le fait qu'elle soit dans les courants les plus radicaux n'est pas un obstacle,
04:40du coup, dans cette situation de crise vénézuélienne,
04:42elle répond à une partie des attentes de la population vénézuélienne,
04:46qu'on soit d'accord ou pas avec son message.
04:49Maduro, le président vient de déclarer qu'il fera respecter les résultats.
04:53Est-ce qu'ils se sont réellement engagés, les deux candidats, à reconnaître le résultat d'élection présidentielle ?
05:00C'est là la grande inconnue et les grandes incertitudes qui pèsent sur ce scrutin.
05:05Nicolas Maduro vous a habitué par le passé à être capable de toutes les manœuvres
05:11pour ne pas reconnaître des résultats électoraux.
05:14Même cette campagne électorale, elle est très très loin d'être potentiellement une campagne démocratique.
05:20On a une absence de liberté de candidature, ce qui vaut pour Maya Kouriné-Machado,
05:23mais ce qui vaut pour plein d'autres candidats,
05:25pour des candidats soutenus par le Parti communiste,
05:27pour un autre opposant qui s'appelle Enrique Capriles.
05:31Il y a autour de 150 opposants qui ont été arrêtés parce qu'ils ont participé
05:35ou qu'ils ont été soupçonnés de participer à la campagne d'Edmundo González.
05:39On a eu des pressions réellement sur la campagne qui ne sont pas compatibles
05:42avec les critères d'une campagne démocratique.
05:44Il y a eu des limitations pour s'inscrire pour les Vénézuéliens qui sont à l'étranger.
05:48On a autour de 5 millions de personnes qui sont en mesure de voter à l'étranger.
05:53Il ne reste que 70 000 électeurs qui votent à l'étranger
05:55parce que le pouvoir a volontairement limité les inscriptions dans les consulats
06:00et dans les ambassades par différentes méthodes.
06:03Et les résultats du scrutin, rien ne nous laisse présager
06:09que Nicolas Smadrou est prêt à céder le pouvoir
06:11après les résultats de ses élections, quels que soient les résultats de ses élections.
06:17Il y aura une période cruciale qui est de juillet au 10 janvier prochain
06:24parce que le président investi, quel qu'il soit, ne sera investi que le 10 janvier prochain.
06:28Donc si alternance il y a, c'est cette période du 28 juillet au 10 janvier prochain
06:32qui sera une période cruciale de négociation pour cette alternance.
06:36Mais encore une fois, la reconnaissance des résultats dans un pays aussi polarisé
06:41où le président nous a habitués à des procédés autoritaires
06:44est très très loin d'être atteignable.
06:46Donc il peut y avoir un risque de violence à l'issue du vote
06:49et quel peut être le rôle de l'armée ?
06:51L'armée jusqu'à présent a été fidèle à Nicolas Smadrou.
06:54C'est une instance qui est particulièrement surveillée.
06:57Les ONG plutôt proches de l'opposition qui établissent des listes de prisonniers politiques
07:02qui établissent au moins la moitié qui proviennent de l'armée.
07:06C'est aussi encore qui est grassement rémunéré.
07:10Il y a des dizaines d'entreprises publiques qui sont même militaires
07:13qui s'enrichissent par ce biais-là.
07:16Mais c'est aussi encore qui, pour les moins gradés,
07:22subit la crise économique et subit les difficultés
07:25et pourrait ne pas vouloir suivre Nicolas Smadrou.
07:29Après on est dans un scénario incertain
07:31et l'armée, quel que soit le pays du monde,
07:33est rarement l'institution la plus ouverte et transparente
07:36où on voit les divergences apparaître avant les autres.
07:39Donc oui, l'armée joue un rôle clé.
07:41Est-ce qu'il y a un risque de violence ? C'est possible.
07:44Pour l'instant, il n'y a rien au Venezuela,
07:46mais il y a des tensions sur la reconnaissance des résultats
07:50et sur le décompte des votes.
07:53Oui, il pourrait y avoir un scénario extrêmement tendu
07:55ces prochains jours et ces prochaines semaines.
07:57Merci beaucoup pour votre décryptage, Thomas Posado sur France 24.

Recommandations