Zoom d'été - Général Henri Roure - L’Occident suicidé par les Etats-Unis

  • il y a 2 mois
Dans son ouvrage "Dieu n’a pas béni l’Amérique" (https://bit.ly/3TugDoo) publié aux éditions Sigest, comme dans son entretien, le général Henri Roure ne perd pas de vue l’intérêt crucial de la France : reconquérir une diplomatie singulière et non-alignée.
A l’heure où les portes de l’Europe brûlent en Ukraine, la France aurait un rôle capital à jouer pour la paix. Malheureusement, nos dirigeants biberonnés aux officines américaines prêchent pour une politique atlantiste toxique.

Le livre du général Roure permet non seulement d’identifier les mécanismes de la main-mise américaine sur notre pays mais aussi bien sûr, de s’en prémunir. Un ouvrage capital pour reprendre notre destin en main.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, bienvenue pour ce nouveau Zoom, j'ai l'honneur de recevoir aujourd'hui
00:10le Général Rourre.
00:11Bonjour Monsieur.
00:12Bonjour Madame, merci de m'accueillir.
00:15C'est un plaisir.
00:16Alors vous êtes officier général issu des troupes de marine, Saint-Syrien, breveté
00:19de l'École supérieure de guerre et docteur d'État en sciences politiques.
00:23Vous avez publié de très nombreux ouvrages dont le dernier, Dieu n'a pas béni l'Amérique,
00:29c'est aux éditions Cigest, et bien sûr c'est disponible sur la boutique de TVL,
00:33sur tvl.fr.
00:34Il y a également un sous-titre que je vais lire, les mauvaises manières d'un empire
00:39en perdition.
00:40Alors on ne va pas se le cacher Général, c'est un livre à charge contre les Etats-Unis,
00:44si on vous suit, les Etats-Unis ont une lourde responsabilité dans le déclin de l'Occident,
00:49et peut-être que pour commencer, pour les téléspectateurs, nous allons préciser ce
00:54terme d'Occident.
00:55Qu'entendez-vous par ce terme qui est tellement galvaudé aujourd'hui ?
00:59Alors comme vous le dites, c'est un terme qui est galvaudé, il est galvaudé du fait
01:03de l'hégémonisme états-unien.
01:06Je parle des Etats-Unis, donc les qualificatifs, les adjectifs doivent être dérivés de ce mot.
01:12Bon on peut parler d'américain parce que c'est plus simple.
01:15Je dis qu'ils sont à l'origine de ce déclin.
01:19Pour moi l'Occident c'est la richesse de l'homme, c'est l'élévation de l'être
01:25humain, c'est ce qui s'est passé depuis des décennies, voire des siècles, la civilisation
01:31occidentale a apporté un supplément à l'humanité à tel point qu'elle a été diffusée dans
01:40le monde entier.
01:41Mais les pays, un certain nombre de pays qui participaient à des civilisations autres,
01:47en Asie ou en Afrique, ont pris de cet Occident ce qui les intéressait, et ce qui était
01:53effectivement exportable, je veux dire.
01:56Mais aujourd'hui, on a affaire à une évolution très négative de cette civilisation.
02:06L'homme n'est plus la finalité de ce qu'on soit de l'autre côté de l'Atlantique.
02:13Il y a une vocation des Etats-Unis à dominer la planète avec un certain nombre de dérives,
02:21et ces dérives, on en parlera peut-être, font qu'il n'y a plus véritablement de
02:27civilisation occidentale, ou en tout cas que ce qui était la civilisation occidentale
02:32est aujourd'hui en déclin.
02:34Alors justement, couramment est utilisé le terme Occident pour rapprocher les Etats-Unis
02:40de l'Europe, et vous dites que finalement c'est un rapprochement usurpé puisque nous
02:45ne partageons pas les mêmes valeurs, vous parlez d'un abaissement moral et intellectuel
02:50qui a lieu aux Etats-Unis, et vous rajoutez que c'est aussi le lieu de la promotion de
02:54la laideur.
02:55Vous y allez assez fort quand même, Général.
02:57Non.
02:58Bon, il faut suivre le développement du constat que je fais, la cohérence de la démonstration,
03:04mais la promotion de la laideur, ça fait partie de ces outils qui permettent à cet
03:12hégémonisme de s'appliquer un peu partout, parce qu'il est plus facile de s'adresser
03:16au cerveau limbique ou au bas-ventre que de s'adresser à l'intelligence.
03:20Et si vous vous adressiez à l'intelligence, alors à ce moment-là vous seriez pleinement
03:25dans la civilisation, ce qui n'est effectivement pas le cas.
03:28Alors, bon, il y a des réactions évidemment, parce que quand vous promouvez la juxtaposition
03:38de communautés, inévitablement vous amenez ces communautés à se comparer et à se mettre
03:48dans une échelle hiérarchique.
03:50Et aux Etats-Unis, c'est ça, ce qui fait la différence avec la France.
03:55La France, c'est une nation, c'est-à-dire que les différences, il y en a, entre, je
03:59ne sais pas, un Basque, un Flamand, un nouveau Néo-Calédonien, un Guyanais ou un Niçois,
04:05il y a des différences, c'est évident.
04:07Mais toutes ces différences sont transcendées dans l'idée de nation, ce qui n'est pas
04:12le cas aux Etats-Unis.
04:13Je me demande d'ailleurs si les Etats-Unis sont véritablement une nation.
04:17Il y a des juxtapositions de communautés, on peut en parler, et ces communautés sont
04:22hiérarchisées.
04:23Elles sont hiérarchisées à partir d'une classe dirigeante, dont on peut parler si
04:27vous voulez, qui remonte à l'origine de ce pays.
04:32Alors, ce qui est fabuleux, général, c'est que vous évoquez cette hégémonie américaine
04:37et finalement vous dites que la grande catastrophe de ces dernières décennies, c'est sans doute
04:41la chute de l'URSS.
04:43Oui, pourquoi ? Parce que jusqu'en 1989-91, c'est-à-dire l'effondrement du mur de Berlin,
04:51puis l'effondrement de l'URSS, cet hégémonisme des Etats-Unis était confronté à une concurrence.
04:59Et cette concurrence atténuait cette volonté des Etats-Unis de dominer le monde.
05:07Ils parlaient de liberté, et évidemment, la liberté, tout le monde est pour.
05:12Et de l'autre côté, on avait une idéologie, une idéologie totalitaire, mais à partir
05:19du moment où cette idéologie totalitaire s'est effondrée, que l'URSS a éclatée,
05:25donnant la Russie, l'Ukraine et puis les pays anciennement de l'Est, indépendants,
05:32l'hégémonisme des Etats-Unis n'a plus eu de limites et il a pu s'exprimer avec toutes
05:37ses dérives.
05:38Et aujourd'hui, à mon sens, on a une inversion, on a une idéologie totalitaire du côté
05:45de Washington et une aspiration à la liberté dans des pays qui autrefois, à la liberté
05:53individuelle, j'entends, dans des pays qui autrefois étaient sous un joug totalitaire.
05:57Et avez-vous le sentiment que la montée en puissance des BRICS, dont on parle de plus
06:02en plus avec la Chine, la Russie, l'Inde aussi bien sûr, qui cumule près de 3 milliards
06:08d'habitants de la planète, c'est-à-dire beaucoup plus que les Etats-Unis, est-ce
06:13que vous avez l'impression que ces BRICS vont pouvoir venir entraver cette tentation
06:17hégémonique américaine ?
06:18Alors, oui, les BRICS et l'OCS représentent à peu près 75% de la population mondiale.
06:27L'organisation de coopération de Shanghai, pour les téléspectateurs.
06:30Exactement, pardon.
06:31C'est énorme.
06:32Et puis vous avez une puissance formidable avec la Chine qui détient un certain nombre
06:39de capacités, je parle de capacités militaires, d'accord, mais les capacités technologiques,
06:44capacités scientifiques et qui concurrencent très directement ce qui se passe dans ce
06:49que nous appelons encore l'Occident.
06:53Et donc ces pays-là attirent de plus en plus.
06:57Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils semblent respecter les nations, les Etats,
07:05ce qui n'est pas le cas du côté de l'hégémonisme états-unien.
07:08Donc, oui, les BRICS sont appelés à se développer.
07:14Quand on voit que des pays aussi différents que l'Iran et l'Arabie Saoudite sont intéressés
07:21par ces associations, que des pays d'Amérique latine, vous vous rendez compte, l'Amérique
07:28latine, qui était subordonnée aux Etats-Unis depuis le 19ème siècle, se rallient ou se
07:35rapprochent des BRICS, c'est quand même le signe d'une volonté d'échapper à cette
07:44mainmise des Etats-Unis.
07:46Alors, cette hégémonie américaine, si je dois la simplifier peut-être, elle s'articule
07:51autour de deux grands axes.
07:54Le premier, c'est dominer, s'imposer aux autres, et le second, affaiblir les autres.
07:59Absolument.
08:00Alors, d'abord, je voudrais parler des outils.
08:02Les outils, il y a deux outils.
08:05Deux outils.
08:06Le premier, c'est le dollar.
08:08Dans l'histoire du monde, jamais une monnaie n'a été à la fois une monnaie nationale
08:14et une monnaie internationale.
08:15Tous les échanges, une grande partie des échanges se font en dollars.
08:22Les BRICS, précisément, ont mis au point le SPSF, qui est un concurrent du système
08:31SWIFT.
08:32Duquel a été privée la Russie, d'ailleurs, en parlaissant sur le continental.
08:36Voilà.
08:37Une partie des échanges mondiaux échappe à la surveillance des Etats-Unis.
08:41Donc, il y a le dollar, qui est, depuis Bretton Woods, une arme pour les Etats-Unis, à partir
08:48du moment où le dollar a été disjoint de l'or.
08:53Ça, c'est la première arme.
08:56La deuxième est très liée à la première, c'est l'armée.
09:02C'est une armée pléthorique, qui ne correspond pas à une menace véritable.
09:08Avec des dépenses pour l'armée, d'ailleurs, bien mesurées par rapport aux autres.
09:11Voilà.
09:12C'est nous, en partie, qui payons l'armée américaine, avec 1,4 million d'hommes,
09:18et puis 800 bases dans le monde.
09:20Je crois que les empires français et britanniques, au moment de leur splendeur, n'ont jamais
09:25eu autant de bases dans le monde.
09:27C'est un outil de domination, évidemment.
09:29Et puis, l'application de ces outils, c'est ce que j'appelle dans le livre le charcutage.
09:36Il y a deux façons de charcuter, pour les Etats-Unis, bien évidemment.
09:41La première façon, c'est de regrouper des nations.
09:45– Le charcutage géographique, pour s'entendre.
09:47– Oui, pardon.
09:48– Non, je vous en prie, monsieur.
09:49– Le charcutage géographique.
09:50Il y a deux façons de faire.
09:53La première, c'est regrouper des pays qui n'ont rien à voir entre eux, ou qui sont
09:56très différents, pour abolir les esprits nationaux, le patriotisme.
10:02On les met dans des ensembles qui sont plus facilement dominés, parce que tout ce qui
10:08est spécificité des pays est éteint et abaissé.
10:12Et qui plus est, on fait tout pour que les habitants, les citoyens, ne pensent le moins
10:20possible politique.
10:22Ça, c'est la première méthode.
10:23Vous voyez à quoi je pense, mais pas seulement.
10:26Les Etats-Unis ont eu…
10:28– Si je peux me permettre, dans un niveau beaucoup plus bas, c'est tout simplement
10:32du redécoupage électoral.
10:33– Mais vous avez parfaitement raison.
10:36Sauf que là, on ne donne pas la parole aux citoyens, ou pratiquement pas.
10:40Ils avaient envisagé, à un moment, au Proche-Orient, ce qu'ils ont essayé de faire, mais on reviendra
10:47sur la notion de chaos, ils ont aboli, quasiment, les accords Sykes-Picot, qui avaient partagé
10:55le Proche-Orient entre les Britanniques et les Français.
10:59Et ils ont fait un vaste chaos sur lequel ils peuvent régner.
11:03Donc, charcutage électoral.
11:06Ils avaient aussi une intention en Afrique, avec le Zimbabwe, le Rwanda, pour dominer,
11:14pour créer un vaste ensemble, incluant les richesses de la République démocratique du Congo.
11:20Ça, c'est la première façon de faire.
11:22La deuxième façon, c'est aussi de disloquer.
11:25Il faut savoir, par exemple, qu'en 1945, le président Roosevelt, qui n'était pas
11:36très copain avec le général De Gaulle d'ailleurs, avait imaginé la création d'un État comprenant
11:45ce qu'est la Belgique, le nord de la France, le Luxembourg et l'Est de la France,
11:54qui se serait appelé Wallonia.
11:57Vous n'en avez peut-être jamais entendu parler, mais c'était un essai de recomposition de la France.
12:05Ils l'ont fait un peu partout, en Amérique latine également.
12:10Ils ont disloqué les pays.
12:14Pourquoi ? Parce qu'il y a un but, bien sûr.
12:16Le but, c'est la domination.
12:18Et quand vous éteignez l'esprit national, l'esprit patriotique, l'esprit citoyen
12:26dans des ensembles qui ne correspondent plus à des peuples,
12:31évidemment, vous pouvez plus facilement imposer votre loi.
12:36Vous avez évoqué, évidemment, ce charcutage géographique.
12:40Mais si l'on s'en tient à la question territoriale,
12:43on sait que les Etats-Unis aiment aussi acquérir de la terre partout dans le monde.
12:48Et on l'a constaté à l'occasion de l'Ukraine, avec notamment ces terres agricoles
12:51dont Black Rock, le fonds de pension américain, a fait l'acquisition, par exemple.
12:56On peut parler de l'Ukraine, mais vous m'amenez à parler de la conquête,
13:05de l'élaboration des Etats-Unis.
13:06Ils ont acheté la Louisiane.
13:08Napoléon, le 30 avril 1803, a vendu la Louisiane aux Etats-Unis.
13:17Ce n'était pas la meilleure chose que l'empereur,
13:18pour lequel j'ai une grande admiration par ailleurs, ait faite.
13:23Le tsar Alexandre II a fait la même chose une cinquantaine d'années plus tard,
13:27en 1867 de mémoire, avec l'Alaska.
13:30L'Alaska qui est l'État le plus étendu des Etats-Unis.
13:35Ils ont proposé, déjà au 19ème siècle, de racheter au Danemark le Groenland.
13:40Le dollar ! Le dollar !
13:42Et Trump a recommencé en proposant au Danemark d'acheter le Groenland,
13:49qui a refusé.
13:50Donc, vous voyez, le dollar est une arme.
13:58On achète, on achète, on corrompt un peu partout
14:03avec cette monnaie qui a un privilège totalement injustifié aujourd'hui.
14:09– Et le dollar et son, j'allais dire, corollaire presque,
14:12la fameuse extraterritorialité du droit américain.
14:15– Oui, bien sûr.
14:16À partir du moment où vous négociez en dollars,
14:20vous échangez en dollars,
14:21il y a l'œil des Etats-Unis qui peut se poser sur l'échange que vous faites
14:26et qui peut vous interdire, vous sanctionner.
14:31Regardez, il y a la norme ITAR,
14:35ça doit se prononcer à « itar », mais enfin « itar »…
14:38– On imagine, hégémonie de la langue anglaise.
14:41– Vous pourrez y revenir.
14:42Mais si vous avez un moindre composant venu des Etats-Unis
14:48dans la production de quelque chose de sophistiqué,
14:55il y a inévitablement une inquisition des Etats-Unis.
14:59Et elle va très loin, cette inquisition.
15:01Donc c'est un privilège exorbitant.
15:04Les lois extraterritoriales ont amené les Etats-Unis à sanctionner,
15:08vous le savez, des banques françaises,
15:11parce qu'elles avaient traité avec des pays
15:15qui ne correspondaient pas à la ligne politique ou géopolitique des Etats-Unis.
15:21Les banques françaises, mais les banques allemandes aussi ont subi le même sort.
15:26Donc il y a une mainmise sur la vie géopolitique,
15:33ou une volonté de mainmise, qui est totalement scandaleuse.
15:40– Et ces dispositions, elles permettent également de s'emparer,
15:44on l'a vu avec l'affaire Alstom en France,
15:47qui a été rachetée par General Electric,
15:50ces dispositions permettent de s'emparer d'entreprises,
15:53de savoir-faire, on voit avec les tournines Arabelle,
15:57d'ingénieurs de ressources humaines.
15:59– Alors absolument, il y a l'affaire Alstom qui a été un scandale,
16:03qui est toujours d'ailleurs un scandale,
16:05même si on essaie de récupérer la partie d'Alstom
16:10qui a été vendue à General Electric,
16:11mais il y a Excelia aussi qui a été vendue, il y a Latécoère.
16:15Latécoère, vous vous rendez compte,
16:16cette vieille entreprise aéronautique française
16:19qui est passée sous drapeau américain,
16:22il y a des tas de pépites, je réalise, je fais la liste dans ce bouquin,
16:28des tas de pépites françaises qui ont été rachetées
16:31par les fonds de pension américains et par les sociétés américaines.
16:35C'est, ben oui, mais on ne protège pas,
16:38on pourrait très bien protéger, mais on ne le fait pas.
16:41Là aussi, j'en viens à dire que l'application sans restriction aucune
16:46des règles de l'OMC, de l'Organisation Mondiale du Commerce,
16:51favorise étrangement cette inquisition des États-Unis.
16:56Vous savez, le marché commun était protecteur,
17:00parce qu'il y avait des barrières aux frontières de l'Europe.
17:07À partir du moment où on a accepté les règles de l'OMC,
17:14on peut s'interroger sur l'utilité de l'Union européenne,
17:16et on comprend alors à ce moment-là
17:18que les dirigeants de cette organisation,
17:22qui sont souvent liées aux États-Unis,
17:25aient orienté l'évolution de l'Union européenne
17:29vers une intégration politique,
17:31parce qu'elle ne pouvait pas être économique.
17:32Elle ne pouvait plus être financière ni économique.
17:35Enfin, financière, oui, mais pas économique.
17:38On a le sentiment également, vous l'expliquez d'ailleurs,
17:40que finalement, si les États-Unis œuvrent à leur suprématie,
17:44j'allais dire, dans le monde,
17:46les États-Unis sont aussi accompagnés,
17:48presque d'agents, j'allais dire,
17:50de nos élites que vous dites supranationalistes.
17:53C'est amusant d'ailleurs de les qualifier comme ça.
17:55Oui, oui, oui.
17:56Eux qui aiment tant les nationalismes.
17:58Alors, je crois qu'il faut remonter,
18:02toujours dans l'histoire, il faut voir l'origine des choses.
18:06Vous savez, on a vénéré Monet.
18:09Monet, c'est un Américain,
18:13c'est un homme qui a fait une grande partie de sa carrière aux États-Unis
18:19et qui, dans un rapport pendant la guerre
18:22à l'entourage du président américain,
18:28s'agissant de De Gaulle,
18:29disait cet homme est contre l'Europe,
18:33contre la politique que nous envisageons de mener
18:37et il faut le détruire.
18:39Le verbe détruire est celui qu'il a utilisé.
18:42Donc ça, c'est d'abord Monet.
18:44Puis à côté de Monet, il y avait Schumann.
18:46Schumann qui a passé sa guerre dans les monastères.
18:49C'était plus tranquille, paraît-il.
18:50C'était plus tranquille.
18:51Mais il y avait Einstein, il y avait, enfin bon,
18:53et puis Paul-Henri Spaak et quelques autres
18:56qui ont été à l'origine de cette construction européenne
19:01qui s'appuyait sur l'idée de Koudenhove-Kalergi
19:03qui était un penseur des années 20, d'origine métisse d'ailleurs,
19:11à la fois autrichien et japonais,
19:14qui considérait qu'il fallait mélanger les peuples
19:17et aboutir à une masse indifférencière en Europe.
19:24Donc ils se sont appuyés là-dessus.
19:26Et puis évidemment, de proche en proche,
19:28vous avez eu des ralliés à cette vision de l'Union européenne
19:33très liée, évidemment à Washington.
19:38– Quand vous évoquez, finalement,
19:39c'est une forme de cheval de troie des États-Unis
19:42à l'intérieur de nos pays,
19:44on pourrait quand même faire un parallèle
19:46avec le mutisme des dirigeants européens
19:49après le sabotage de Nord Stream, par exemple.
19:53– Oui, ça ne trompe personne, bien sûr,
19:55le sabotage de Nord Stream 2.
20:00Mais il n'allait pas accuser celui qu'il serve,
20:06le pays qu'il serve, indirectement.
20:09Il ne pouvait pas l'accuser.
20:11L'Allemagne, regardez, qui a été la principale victime
20:14de ce sabotage, n'a rien dit,
20:17même si elle sait très bien qui est à l'origine de ce sabotage.
20:22On a voulu à un moment accuser les Russes,
20:24mais c'était tellement absurde, tellement absurde
20:27qu'on a renoncé très vite.
20:29On sait qui l'a fait, maintenant personne ne le dira.
20:32– Nos alliés.
20:34– Oui.
20:36– Alors, vous avez évoqué ces acteurs,
20:39ces agents d'influence qui œuvrent pour les intérêts américains,
20:43mais vous évoquez également longuement dans votre ouvrage
20:45toutes ces officines, ces organisations plus ou moins connues.
20:49Alors, on pense bien sûr à la CIA qui agit, j'allais dire,
20:52en toute transparence, si je puis dire.
20:55On sait au moins qu'ils sont pour les intérêts des États-Unis,
20:58mais vous évoquez aussi l'Open Society,
21:00le Forum de Davos, Bilderberg, la Trilatérale,
21:03le groupe Dolder dont on a très peu entendu parler,
21:06mais qui a été très influent ces dernières années
21:08avec l'industrie pharmaceutique.
21:10Mais comment tout cela se met en musique, oserais-je dire ?
21:15– Alors, il y a des penseurs, il y a des concepteurs,
21:17évidemment, je les évoque.
21:20Et ces organismes…
21:22Bon, Klaus Schwab, qui a été un des animateurs de Bilderberg
21:28et qui a organisé le Forum de Davos, bien sûr, ça n'est un,
21:32mais il y a, vous faisiez allusion à Georges Soros
21:36et son fils, surtout, Alexander,
21:39vous avez aussi des gens qui ont pensé l'action américaine.
21:46Le programme pour un…
21:50je traduis, un programme pour un nouveau siècle américain,
21:54c'est quand même des gens comme…
21:59il y a Dick Cheney, il y a Kissinger, bien évidemment,
22:09il y a Brzezinski, Victoria Nuland,
22:13qui sont à l'origine de cette réflexion.
22:16Et il y a dans cette réflexion,
22:20et dans un ouvrage de…
22:22il y a Paul Folfowitz aussi,
22:24et dans l'ouvrage de Le Grand Échiquier,
22:28et le vrai Schwab qui a précisé Le Grand Échiquier,
22:33vous avez évidemment la volonté hégémonique des États-Unis affichée.
22:40Le monde doit être soumis à l'American way of life.
22:45Et les gens qui ont conçu tout cela
22:50sont évidemment tous en symbiose.
22:55Vous savez, la trilatérale, c'est David Rockefeller aussi,
23:01et Kissinger.
23:03C'est des gens qui se connaissent et qui n'ont qu'un objectif,
23:07la domination des États-Unis.
23:10– Alors justement, Général, ça c'est très intéressant
23:12parce qu'on parle depuis tout à l'heure de la domination des États-Unis,
23:15de cette volonté hégémonique de personnalités très influentes américaines
23:21qui plaident pour cette domination américaine,
23:24mais alors vous décrivez aussi dans votre ouvrage finalement
23:26une déliquescence américaine du peuple américain
23:29avec un appauvrissement général,
23:31une situation sociale et sanitaire catastrophique,
23:33une armée qui s'affaiblit pour les mêmes raisons.
23:36Finalement, toutes ces personnalités influentes,
23:38on ne peut pas dire qu'elles font le bien des États-Unis non plus.
23:41– Non, elles ne font pas le bien parce qu'elles appartiennent à cette caste dirigeante
23:44et comme nous le disions au début de notre entretien,
23:50il y a une juxtaposition de communautés,
23:52des communautés qui sont marginalisées,
23:56qui sont les unes les autres en opposition,
24:01bon bref, il y a un problème interne aux États-Unis dû à cette caste dirigeante.
24:06Alors effectivement, et c'était aussi dans ma réflexion,
24:11dans mon analyse, un constat que j'ai fait,
24:13ce pays est en déliquescence, on ne le voit pas,
24:17mais on ne le voit pas encore parce qu'il y a un effet de puissance,
24:20un effet d'entraînement,
24:21mais regardez, la société est malade.
24:26D'abord, il y a ce partage entre communautés,
24:32il y a la drogue, la drogue,
24:36vous vous rendez compte, il y a près de 50% des jeunes de 18 à 30 ans
24:42qui ont consommé de la marijuana, voire des substances plus dures.
24:47– Il y a le problème du fentanyl avec les opioïdes.
24:49– Absolument, il y a l'obésité, on n'y pense pas,
24:53mais l'obésité, ça provoque des maladies,
24:58et par exemple, pour l'armée, la classe d'âge de 18 à 25 ans,
25:04c'est-à-dire la classe d'âge utile,
25:08eh bien il n'y a que 20% de ces jeunes qui répondent aux normes,
25:13aux conditions de l'engagement,
25:16et tous ne sont pas volontaires à l'engagement.
25:18Donc, il y a un déficit de candidatures,
25:21il y a la violence de cette société.
25:26Vous vous rendez compte, en 2023, 500 attaques, 500 massacres,
25:33on parle de quelques-uns, mais 500, ça en fait…
25:37– Plus d'un par jour, presque deux.
25:39– Plus d'un par jour avec des morts,
25:42il y a évidemment la présence des armes,
25:44il y a le problème de l'éducation,
25:48on parle de notre éducation nationale qui est sinistrée,
25:52mais celle des États-Unis est également sinistrée,
25:54et beaucoup de nos jeunes admirent ou se réfèrent aux universités américaines,
26:02mais elles sont elles aussi gangrénées,
26:05et elles ne produisent plus cette élite qui serait nécessaire.
26:11– Alors, la question qu'on se pose en vous lisant, Général,
26:14c'est que finalement, cet effondrement de l'Empire américain,
26:17est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
26:19Parce qu'on a l'impression que c'est l'Empire du Mal,
26:21si on vous lit, qui est en train de s'effondrer,
26:23dont on devrait se féliciter,
26:24pour autant, vous dites, le déclin des États-Unis
26:27entraînera indubitablement le nôtre.
26:29Alors, que faire ?
26:30– Alors, oui, parce que nous sommes tellement liés aux États-Unis
26:35que leur déclin sera aussi le nôtre.
26:39Alors, je parle de la France,
26:41parce que, vous voyez, c'est la France qui m'intéresse.
26:44– Il faut bien que ça intéresse quelqu'un,
26:46parce qu'on a l'impression que ça n'intéresse plus grand monde.
26:48– J'espère ne pas être le seul, je ne crois pas,
26:50non, il y a beaucoup de nos concitoyens qui s'intéressent à leur pays.
26:54Non, je dis que nous risquons beaucoup
26:59avec l'effondrement des États-Unis, ne serait-ce que de la monnaie.
27:02La monnaie est contestée, on en parlait.
27:05Les échanges avec le SPSF se font maintenant en monnaie nationale,
27:11en yuan, en real, en rouble, en tout ce que vous voulez.
27:15Et donc, à un moment ou à un autre, la bulle du dollar va s'effondrer.
27:21Rendez-compte, 13 000 milliards de déficit.
27:24Si on ajoute les problèmes des États, des ménages,
27:32on arrive à plus de 120 000 milliards de dollars de dettes.
27:40C'est énorme, et un jour ou l'autre, il y aura un problème.
27:43– C'est sûr qu'il faut cultiver l'hégémonie du dollar.
27:45– Voilà, donc cet effondrement sera aussi le nôtre,
27:49parce que l'euro, c'est une monnaie à servir aussi.
27:53Donc, ce n'est pas notre monnaie, elle ne correspond pas à notre économie.
27:57Une monnaie, c'est le reflet d'une économie.
27:59Ça reflète peut-être l'économie allemande,
28:01mais sûrement pas l'économie française.
28:02Donc, nous serons entraînés, inévitablement,
28:06dans une crise qui sera majeure, et il faut s'y préparer.
28:11C'est ce que je propose.
28:13Je dis, il faut progressivement reprendre notre souveraineté,
28:19pour les raisons d'évidence, parce que là,
28:22on est mal parti avec un pays qui nous impose son déclin.
28:28Il faut que nous retrouvions nos éléments de souveraineté,
28:33et que nous nous rapprochions de pays qui défendent, eux aussi, leur souveraineté.
28:39J'ai écrit un bouquin précédemment,
28:41« Le patriotisme français est un humanisme ».
28:43Vous savez, les patriotes, quels qu'ils soient,
28:47respectent les autres patriotismes.
28:49Mais là, on efface notre patriotisme.
28:52On veut effacer notre patriotisme, en tout cas.
28:54Et c'est extrêmement dangereux pour l'existence même de notre pays.
28:59Je vous remercie beaucoup, Général.
29:00Je rappelle aux auditeurs qu'ils peuvent d'ores et déjà faire l'acquisition de cet ouvrage,
29:04« Dieu n'a pas béni l'Amérique, les mauvaises manières d'un empire en perdition ».
29:08C'est aux éditions.
29:09C'est geste et c'est disponible sur la boutique de TVL, sur tvl.fr.
29:14J'espère que ce Zoom vous aura plu.
29:16Et puis, bien sûr, n'oubliez pas, laissez vos commentaires juste en dessous.
29:18Partagez aussi cette édition.
29:21Et puis, on se donne rendez-vous pour le prochain.
29:22Au revoir.
29:24Sous-titrage Société Radio-Canada

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