ENVIRONNEMENT - Un nouvel acte, plus calme cette fois-ci, de la guerre l’eau. Vendredi 19 juillet, quinze mois après les violents affrontements de Sainte-Soline, plusieurs milliers de personnes - 3.800 selon la police, 6.500 selon les organisateurs - ont convergé dans les Deux-Sèvres et la Vienne pour « arracher un moratoire » sur la construction des retenues d’eau.
Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo, Le HuffPost a suivi sur place cette mobilisation, malgré les déclarations alarmistes du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui redoutait l’action de personnes « violentes et radicalisées ». Au cours de cette journée de mobilisation, le principal incident a finalement été déclenché par les gendarmes, dont les grenades lacrymogène ont incendié un champ de blé.
Le quadrillage policier de la région a conduit les opposants aux « bassines » à changer leur objectif de la journée. Le cortège, qui devait initialement rejoindre la commune de Saint-Sauvant, où une bassine doit être construite à l’automne, s’est réuni finalement dans l’agglomération de Poitiers, à Migné-Auxances (86), avant de marcher en direction d’un « site emblématique de l’agro-industrie ».
Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo, Le HuffPost a suivi sur place cette mobilisation, malgré les déclarations alarmistes du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui redoutait l’action de personnes « violentes et radicalisées ». Au cours de cette journée de mobilisation, le principal incident a finalement été déclenché par les gendarmes, dont les grenades lacrymogène ont incendié un champ de blé.
Le quadrillage policier de la région a conduit les opposants aux « bassines » à changer leur objectif de la journée. Le cortège, qui devait initialement rejoindre la commune de Saint-Sauvant, où une bassine doit être construite à l’automne, s’est réuni finalement dans l’agglomération de Poitiers, à Migné-Auxances (86), avant de marcher en direction d’un « site emblématique de l’agro-industrie ».
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00:00Un moratoire et rien d'autre.
00:01Les Antibassines sont de retour dans le Poitou,
00:03puis d'un an après les affrontements de Sainte-Soline
00:05qui avaient marqué les esprits par leur brutalité,
00:08ils ne veulent rien lâcher face à la multiplication de ces retenues d'eau
00:11destinées à l'irrigation de certains agriculteurs.
00:13Un nouvel acte de cette guerre de l'eau,
00:15qui vu la raréfaction de ce bien commun,
00:17n'est pas prête de s'estomper.
00:31Pourquoi les bassines, ce n'est pas la solution ?
00:33En fait, on va puiser dans les nappes phréatiques
00:35des ressources qui sont en train de s'épuiser.
00:37Pour moi, les mégabassines, c'est par exemple,
00:40d'abord et avant tout, un problème d'accaparement,
00:43d'accaparement de quelques-uns.
00:44Les bassines, c'est une solution pour l'agriculture productiviste.
00:49Chez moi, il y a pas mal de jeunes
00:51qui travaillent sans irrigation, qui travaillent très bien.
00:55Si les fameuses mégabassines se font,
00:58je crois que c'est un danger qui n'est pas que pour eux,
01:01pour tous les citoyens.
01:02Qui sont ces écologistes qui nous disent comment faire
01:05alors qu'ils ne connaissent rien à l'agriculture ?
01:07Parce qu'au rythme où nous allons,
01:08ce n'est pas 400 000 fermes que nous aurons demain.
01:10Il y aura 150 000 fermes de moins,
01:12ça c'est sûr, le problème sera réglé.
01:14Cette fois-ci, des agriculteurs pro-bassines
01:17ont décidé de jouer les troubles faites.
01:18La coordination rurale, syndicat le plus virulent
01:21durant la crise agricole l'hiver dernier,
01:23manifeste aussi dans la région
01:24contre ce qu'ils appellent des écoterroristes.
01:26Ça fait trois années consécutives
01:28qu'il se passe des choses ici sur ce secteur,
01:31ça suffit, il faut que les agriculteurs
01:33puissent se retrouver de la sérénité dans leur travail.
01:35Rappelez-vous les images de l'an dernier,
01:36c'était des images de guerre civile.
01:38Je pense qu'on est légitime
01:40et que de défendre notre outil de travail,
01:42c'est vital, notre survie en dépend.
01:46Le monde paysan se meurt aujourd'hui.
01:47Dans les Deux-Sèvres, il y a 16 projets de bassines
01:49soutenus par une coopérative de plus de 500 exploitants.
01:52C'est environ 5% des agriculteurs.
01:54La première en opération se trouve ici,
01:56à Mosey-sur-le-Mignon,
01:57et elle est hautement sécurisée par les forces de l'ordre.
02:00On rappelle le principe,
02:01les irrigants veulent puiser et stocker l'eau durant l'hiver,
02:03au moment où elle serait plus abondante,
02:05pour diminuer les prélèvements l'été.
02:07Mais cette promesse se horte parfois à la réalité.
02:09Le 9 juillet dernier,
02:10le tribunal administratif de Poitiers
02:11a jugé encore excessif les prélèvements
02:13dans le marais Poitvin.
02:14Dans sa décision, le tribunal estime
02:16que la création de ces réserves
02:17a entraîné une augmentation nette des prélèvements annuels.
02:19Vous avez une retenue d'eau, vous ?
02:20Oui, oui, j'ai une retenue d'eau
02:22que mon père a créée il y a 40 ans.
02:24Voilà. Et sans cette eau, je serais déjà finie,
02:27puisque j'ai une petite exploitation de 60 hectares,
02:30donc avec des terres de groix,
02:32donc qui sont pas très profondes,
02:35et j'ai besoin d'eau l'été.
02:36Y a un dialogue qui est possible entre vous
02:38et les gens qui manifestent là-bas ?
02:40Je pense pas.
02:41Malheureusement, je ne pense pas.
02:42On a déjà essayé, hein.
02:44Y a un fossé.
02:45Y a un fossé qui s'est creusé.
02:51Les militants devaient manifester à Saint-Sauvent,
02:53où un chant de cette bassine doit commencer en septembre,
02:55mais les très, très nombreux contrôles de police
02:57dans le département rendent la mobilisation très compliquée.
02:59On est criminalisés,
03:01on est jugés comme des personnes
03:02absolument irresponsables et dangereuses.
03:05Ce n'est évidemment pas le cas.
03:06La dernière fois, à Saint-Sauline,
03:07ça s'est mal terminé, quand même.
03:09Ça s'est mal terminé,
03:10mais je crois que c'était pas notre fait.
03:11Il y avait une volonté absolument manifeste
03:14de marquer au fer rouge la manifestation,
03:17les réserves, les réserves,
03:20les résistants face à l'eau.
03:29Comment on fait pour cultiver sans ériguer ?
03:31Il faut qu'on abandonne tous ces systèmes de monoculture.
03:34Il y a certaines cultures endémiques qu'on a abandonnées
03:37pour cultiver du maïs, pour nourrir les élevages.
03:40C'est pas contre les écluseurs qu'on est,
03:42c'est vraiment contre ce système productiviste
03:44qui n'est absolument plus du tout adapté.
03:49On va se revoir, on va se revoir !
04:07Le feu progresse vers vous.
04:09Rejoignez les objets pour aller vers les villages.
04:11Le feu progresse vers vous.
04:13C'est inadmissible que la police ait fait ça.
04:15Elle nous a mis en danger.
04:16C'est inadmissible, en fait.
04:17L'État aujourd'hui veut décider de certaines ressources pour nous,
04:19il n'en veut pas.
04:20Nous, on veut un monde différent.
04:21Deux mondes s'affrontent, mais ça ne fait rien.
04:23On tiendra.
04:23Ce matin, j'étais avec des agriculteurs de la coordination rurale
04:26qui me disaient que le dialogue n'est pas possible avec vous.
04:29Qu'est-ce que vous leur répondez ?
04:30Je leur dis que j'aimerais vraiment les rencontrer pour en discuter.
04:34Moi, je pense que le dialogue est encore possible avec moi.
04:37Il faut qu'on le fasse, qu'on parle tous ensemble.
04:39Et en fait, à la fin, on va probablement défendre les mêmes intérêts,
04:42c'est-à-dire vivre ensemble sur cette planète
04:43avec une ressource limitée en eau.
04:47Sous-titrage Société Radio-Canada