ÉDITO - Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire et député: "C'est totalement baroque pour ne pas dire borderline"

  • il y a 2 mois
Avec la démission de son gouvernement, acceptée ce mardi 16 juillet par Emmanuel Macron, Gabriel Attal devient le deuxième Premier ministre avec le plus court mandat de la Ve République, avec 6 mois et 7 jours passés à ce poste. Plus inédit, il continue d'expédier "les affaires courantes" durant une durée indéterminée, tout en étant député.

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00:00Le gouvernement Attal est donc depuis hier un gouvernement démissionnaire, mais Gabriel Attal est toujours Premier ministre ce matin.
00:07Oui, chargé d'expédier les affaires courantes, comme on dit, ce qui veut dire au fond que c'est un gouvernement qui ne peut pas prendre de loi,
00:14qui ne peut pas faire d'action politique nouvelle, mais qui peut gérer l'existant au nom du maintien, évidemment, de la continuité de l'État.
00:22C'est une position franchement inconfortable. Il a démissionné, mais il est encore en poste.
00:26Il ne sait même pas pour combien de temps tout cela va durer. C'est totalement baroque, pour ne pas dire franchement borderline du point de vue constitutionnel.
00:36La Constitution interdit, au nom de la séparation des pouvoirs, d'occuper à la fois une fonction de ministre, donc de l'exécutif, et une fonction de parlementaire.
00:45Gabriel Attal a d'ailleurs précisé qu'il serait rémunéré comme député et non plus comme Premier ministre.
00:50Il continue de travailler sans être payé ?
00:52Non, il sera rémunéré comme député, mais non pas comme Premier ministre.
00:56Il n'a pas de salaire.
00:57Tout ça, si on se résume, à cause d'une décision d'Emmanuel Macron avec laquelle il n'était pas d'accord, pour laquelle il n'a même pas été consulté.
01:04Vous savez, ça fait penser un peu à ces managements toxiques. Tu es viré, mais tu fais ce que je te dis, et tu restes là encore aussi longtemps que je le voudrais.
01:13En gros, il fait son devoir. Il n'a pas tellement de choix, Gabriel Attal.
01:15Il va finir par porter plainte au Prud'homme.
01:18Alors, il a toutefois annoncé hier soir, et ça n'était pas franchement prévu sur TF1, qu'il ne serait pas le prochain Premier ministre.
01:26Oui, c'est quand même la preuve que cette tourmente ne lui a fait pas perdre non plus toute lucidité.
01:30C'est un principe de réalité. Il sait que le parti présidentiel a perdu les élections.
01:33De toute façon, il est déjà passé à autre chose d'une certaine façon, Gabriel Attal.
01:36Il s'est affranchi d'Emmanuel Macron, et de son point de vue, il a su d'une certaine façon profiter au mieux de cette situation qui le désonne.
01:44Premier acte, il a d'abord trouvé une position. Il était chef de l'ex-majorité pendant la campagne des législatives.
01:51Il a pris la tête du groupe Renaissance, qui est rebaptisé pour l'occasion Ensemble pour la République, à l'Assemblée.
01:57Tout le monde n'était pas forcément d'accord pour lui confier les clés, mais personne n'a pu l'en empêcher.
02:02Le deuxième point, c'est qu'il essaie de définir une stratégie en reprenant son bâton de pèlerin pour constituer, il l'a dit hier, un fameux pacte d'action.
02:10Alors, qu'est-ce que c'est que ce pacte d'action ? Un pacte d'action pour les Français avec du fond, des propositions, des mesures, de compromis,
02:17des discussions qui démarrent, et qu'il va proposer avec les députés du groupe Ensemble pour la République de rencontrer les autres groupes parlementaires.
02:25Évidemment, pas les extrêmes, il l'a redit, pas le Rassemblement national, ni les insoumis, mais voilà, toujours cette idée de coalition autour de ce bloc central.
02:33Mais ça peut marcher ?
02:34Sur le principe, il n'a pas le choix s'il veut que ce bloc central survive, d'une certaine façon, et soit toujours aux affaires.
02:40Sur les contours du pacte, en revanche, de ce fameux pacte d'action, ça, il est permis d'en douter, parce que Gabriel Attal a redit qu'il voulait travailler
02:47avec la droite républicaine et la gauche sociale-démocrate. Or, c'est impossible aujourd'hui pour des raisons conjoncturelles.
02:52La gauche sociale-démocrate, comme il le dit, c'est-à-dire les socialistes, ne vont pas prendre la responsabilité de rompre dans le nouveau front populaire.
02:59Il faut attendre que tout ça s'éclaircisse, que tout ça se fracture, mais ce n'est pas Gabriel Attal qui va faire fracturer le nouveau front populaire.
03:04En tout cas, s'il le pense, il se plante.
03:06Et puis, c'est difficile à comprendre aussi pour des raisons structurelles, parce que cela revient à croire qu'en même temps, Emmanuel Macron peut perdurer.
03:13Or, cette politique, c'est aussi celle qui a été sanctionnée dans les urnes par deux fois, je le rappelle, aux européennes et aux législatives.
03:20L'idée qu'on peut rassembler tous les gars du monde qui viennent de la gauche et de la droite pour gouverner ensemble, aujourd'hui, ça fait franchement douter.

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