L'arrivée triomphale au pouvoir du travailliste Keir Starmer au Royaume-Uni est clairement une réaction liée au désenchantement post-Brexit. Un nouveau Premier ministre pour gérer un pays affaibli avec, pêle-mêle, un potentiel de croissance raboté, des inégalités accrues et des finances dans le rouge. Contrairement aux prévisions catastrophistes, le pays ne s’est peut-être pas effondré depuis le jour où il s’est coupé du grand marché européen, mais il se traîne. La hiérarchie des croissances montre une économie britannique en retrait par rapport à la zone euro et à l'UE à 27, une situation opposée par rapport aux cinq années précédant le vote où elle dominait alors le classement. Les causes de ce déclassement font débat. [...]
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00:00L'arrivée triomphale au pouvoir du travailliste Keir Stermer au Royaume-Uni est clairement une réaction liée au désenchantement post-Brexit.
00:18Un nouveau Premier ministre pour gérer un pays affaibli avec peine mêle, un potentiel de croissance raboté, des inégalités accrues et des finances dans le rouge.
00:28Contrairement aux prévisions catastrophiques, le pays ne s'est peut-être pas effondré depuis le jour où il s'est coupé du grand marché européen.
00:35Mais il se traîne.
00:37La hiérarchie des croissances montre une économie britannique en retrait par rapport à la zone euro et à l'UE à 27.
00:43Une situation opposée par rapport aux cinq années précédant le vote où elle dominait alors le classement.
00:48Les causes de ce déclassement font débat.
00:51C'est un fait.
00:52La séparation entre le Royaume-Uni et l'UE s'est inscrite dans une période de forte turbulence mondiale.
00:57Covid, guerre en Ukraine, etc.
01:00dont les conséquences lui ont été dommageables.
01:02Mais ces crises, tous les pays européens les ont affrontées.
01:05Elles peuvent donc expliquer à elles seules les piètres performances de l'économie britannique.
01:10Le Brexit a en fait semé le doute dans la tête des dirigeants d'entreprises et ce faisant entraîné le décrochage de l'investissement productif.
01:18Ce dernier se retrouvait au quatrième trimestre 2023 à plus de 20% du niveau qu'il aurait atteint s'il avait poursuivi sa trajectoire observée avant le vote du Brexit.
01:27Cette perte d'investissement, qui a réduit la productivité du pays, a de surcroît été amplifiée par la réduction des flux d'investissement étrangers.
01:35Le rétablissement des barrières douanières non tarifaires avec l'UE n'est pas neutre non plus.
01:40Les nouvelles formalités frontalières et les nouveaux contrôles réglementaires ont entraîné un net recul du commerce avec le continent.
01:48Mais plus fondamentalement, la sortie progressive des industriels britanniques des chaînes d'approvisionnement européennes se confirme mois après mois.
01:56Les importations de composants en provenance de l'UE baissent et de ce fait moins de produits sont vendus tant vers l'Union européenne que le reste du monde.
02:04C'est une atteinte de plus au potentiel de croissance du pays.
02:08Moins entravés dans les échanges que les marchandises, les exportations de services en direction de l'UE sont en revanche en forte progression depuis 2019.
02:16Le conseil, les télécommunications et l'informatique, point fort du Royaume-Uni, n'ont pas été impactés par le Brexit.
02:22Surtout, aucun cataclysme n'est venu ébranler la cité.
02:27C'est l'un des rares points de résistance.
02:29De ce côté, le marché du travail souffre d'un problème d'offres.
02:32Le Royaume-Uni est l'un des seuls grands pays européens où la main-d'œuvre stagne à son niveau pré-pandémie.
02:38Le frein à l'emploi des Européens après le Brexit n'a pas été compensé par les flux venant du reste du monde.
02:43Surtout, il ne s'agit pas des mêmes profils et des mêmes compétences.
02:49Globalement, la capacité du pays à créer des richesses est entamée.
02:52Ce qui a des répercussions directes sur le pouvoir d'achat des ménages, au point mort depuis plusieurs années.
02:58Facteur aggravant, les inégalités que l'on pouvait légitimement tenir pour largement responsables du vote en faveur d'un Brexit,
03:06au lieu de se résorber, se sont accentuées en particulier depuis le Covid et atteignent des gros corps avec une paupérisation les plus déshéritée.
03:15Plus de 3 millions de colis alimentaires d'urgence ont ainsi été distribués entre mars 2023 et avril 2024.
03:22Record pulvérisé.
03:24Il s'agit là d'une sacrée épine dans le pied du nouveau gouvernement.
03:28Car il sera difficile de mettre en place une politique de redistribution sans en assurer le financement.
03:341. Parce que les caisses sont vides.
03:36Les déficits publics se sont accumulés ces dernières années et la dette évolue au-dessus du cap symbolique des 100% du PIB.
03:422. Il y a l'exemple de l'Istreuse.
03:45L'éphémère Premier ministre qui, dès son arrivée, a déclenché une panique financière en annonçant un plan de soutien évalué entre 100 et 200 milliards de livres sans financement clair.
03:55L'économie britannique a perdu un sacré atout le jour où elle a fait scission avec ses partenaires.
04:01Un pied dedans, un pied dehors.
04:03Sa position particulière lui offrait pourtant un rôle spécifique de tête de pont vers l'UE à l'égard du reste du monde, dont elle avait retiré de considérables avantages.
04:12C'est terminé, ce n'était pas encore digéré et le nouvel exécutif aura fort à faire pour remettre l'économie en ordre de marche.