"le concept strategique" de l'OTAN : la Chine est evoquee comme presentant des defis sytemiques

  • il y a 2 mois

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00:00L'Occident se résigne au retour de la guerre froide, non sans des dissensions.
00:05Voilà résumé en quelques mots le sentiment au sortir du sommet de l'OTAN à Washington.
00:09Destiné au départ à rassurer l'Ukraine qu'un soutien, notamment américain, serait bien garanti,
00:14même en cas de retour au pouvoir en novembre de Donald Trump.
00:17Cette rencontre débouche également sur une mise en garde, sans précédent adressée à la Chine.
00:21Écoutez le secrétaire général de l'Alliance, Jen Stoltenberg.
00:24La Chine joue un rôle déterminant dans la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine.
00:31Le soutien de la Chine accroît la menace que la Russie fait peser sur la sécurité euro-atlantique.
00:36Les Alliés ont clairement indiqué que la Chine ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre
00:43que l'Europe ait connue dans son histoire récente, sans que cela nuise à ses intérêts et à sa réputation.
00:51Avec nous pour en parler, Mathieu Drouin, chercheur dans le programme Europe, Russie et Eurasie
00:55au Centre d'études stratégiques et internationales.
00:57Merci d'être avec nous.
00:58C'était aujourd'hui que les 32 dirigeants de l'OTAN discutaient justement avec leurs partenaires d'Asie-Pacifique,
01:04Japon, Corée du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande.
01:07Une orientation vers le Pacifique qui prend toute sa signification avec cette fameuse menace chinoise, Mathieu Drouin.
01:14Oui, ce n'est pas exactement un virage nouveau de l'Alliance.
01:18C'est quelque chose qu'on a vu progressivement s'installer au sein de l'OTAN.
01:22La première fois qu'on a une mention de la Chine à l'OTAN, c'est en 2019.
01:26Et puis en 2022, on a franchi un palier dans le grand document cadre de l'OTAN qui s'appelle le concept stratégique,
01:33où la Chine est évoquée pour la première fois comme présentant des défis systémiques à l'Alliance.
01:38Et ce virage, c'est clairement quelque chose qui a été impulsé par les États-Unis,
01:42qui considèrent la Chine comme leur principale rivale,
01:45et qui est tout à fait relayé et pris à son compte par le secrétaire général Stoltenberg qu'on a entendu,
01:51qui était très favorable à ce développement.
01:53Et indépendant de cette prise en compte croissante de la Chine,
01:56c'est le développement de ces partenariats dans l'Indo-Pacifique avec les quatre pays que vous avez cités,
02:03qui n'est pas sans susciter des crispations ou des tensions,
02:07que ce soit au sein de l'Alliance ou plus largement dans l'Indo-Pacifique y compris.
02:13Oui, alors il y a effectivement cette menace chinoise dans l'Indo-Pacifique,
02:16et puis une rivalité avec la Chine qui accrédite aussi la présence chinoise cette semaine tout près de l'Ukraine
02:22pour des manœuvres en fait avec la Biélorussie,
02:25manœuvre conjointe à la frontière d'un État de l'Union Européenne, la Pologne.
02:29Oui absolument, donc ça fait partie des signalements stratégiques.
02:32C'est souvent le cas lorsqu'il y a des grands événements internationaux.
02:36Donc ce que ça indique, et c'est clairement le sens du communiqué qui a été publié par l'OTAN,
02:43c'est la connivence croissante entre la Chine et la Russie qui est tout à fait assumée.
02:48Eux-mêmes avaient signé entre Poutine et Xi Jinping, avaient signalé leur partenariat sans limite.
02:54Et ça c'est quelque chose qui notamment pour les pays d'Europe centrale et de l'Est
02:58qui sont les plus sensibles à la question russe, ça a été un véritable tournant
03:04et de prise en compte des menaces et des risques que pouvaient faire peser,
03:09y compris sur leur propre sécurité, l'action de la Chine,
03:12qui est présentée, donc ça a été dit par Stoltenberg, comme un « decisive enabler » en anglais,
03:18qui est malheureusement un mot qui n'est pas très bien prononcé.
03:21Stoltenberg, comme un « decisive enabler » en anglais, qui est mal traduit en français,
03:25qui joue un rôle important, mais qui en gros est un facilitateur de l'effort de guerre russe en Ukraine.
03:31A ceci près, Mathieu Drouin, que lors de sa visite il y a à peine plus d'un mois ici même à Paris,
03:36Xi Jinping avait dit, notamment dans une tribune dans la presse,
03:40œuvrer à la stabilité de l'Europe et à la pacification, à la résolution de cette guerre en Ukraine.
03:46On l'aurait mal compris ou bien nous aurait-il menti ?
03:50Non, c'est tout le double jeu qui est toujours mis en évidence du côté de Xi Jinping,
03:57qui se présente comme un acteur de paix, comme un faiseur de paix,
04:01mais qui, on le voit derrière, et c'est très documenté,
04:04il n'y a pas de livraison d'armes directement de la Chine à la Russie,
04:09mais en tout cas livre tout ce qui permet de construire ces armes ou de contribuer à l'effort de guerre.
04:14Et donc clairement, la Chine œuvre à l'action de la Russie.
04:19Donc effectivement, il y a là un discours en tout cas qui ne reflète pas la réalité.
04:24Et ce qui est intéressant dans le communiqué de l'OTAN, c'est que justement,
04:27l'OTAN dit qu'on ne peut pas faciliter l'effort pour la guerre la plus importante pour le continent européen
04:35sans qu'il y ait des conséquences.
04:37Mathieu Drouin, au sortir de ce sommet, on a le sentiment tout de même,
04:40avec l'annonce de missiles longue portée développés au sein même du continent européen
04:44par les principales puissances européennes, les quatre pays les plus peuplés de l'Union,
04:48que l'Europe se prépare réellement à la perspective d'un conflit, d'une conflagration avec la Russie.
04:55Oui. Bon, la réalité, c'est qu'on y est déjà quand même depuis deux ans.
05:00Mais on voit bien qu'effectivement, le conflit est installé.
05:03Il n'y a pas de signe clair de victoire de l'un ou de l'autre.
05:07Et donc, pour renverser la balance, il faut effectivement investir davantage
05:13et muscler sans doute la réponse et la dissuasion du côté de l'OTAN.
05:19Et donc, c'est les signaux qui sont effectivement envoyés par ces annonces multiples,
05:23à la fois de soutien à l'Ukraine, mais y compris de développement capacitaire
05:27et de déploiement face aux menaces auxquelles est confrontée l'OTAN.
05:32Merci Mathieu Drouin d'avoir été avec nous sur France 24.

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