En annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin dernier à l'issue des élections européennes, le chef de l'État, Emmanuel Macron, espérait une clarification politique. Mais alors quelles sont les conséquences de cette dissolution ? Pour en débattre Jean-Pierre Gratien reçoit le constitutionnaliste Benjamin Morel ainsi que les journalistes Renaud Dély et Sophie de Ravinel.
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00:00:02...
00:00:16Bienvenue à tous.
00:00:17En annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale
00:00:20le 9 juin dernier, à l'issue des élections européennes,
00:00:23le chef de l'Etat, Emmanuel Macron,
00:00:25espérait une clarification politique.
00:00:27Nous allons y revenir aujourd'hui dans ce débat doc,
00:00:30avec, pour commencer, le documentaire exclusif
00:00:33qui va suivre, intitulé
00:00:35Législative 2024,
00:00:37chronique d'une folle campagne
00:00:39réalisée par Céline Crespi et Maxime Rioux.
00:00:42Une campagne électorale soudaine, courte, intense,
00:00:47et qui aura ménagé le suspense jusqu'au bout.
00:00:49Je vous laisse découvrir ce carnet de campagne
00:00:52et je vous retrouverai juste après sur ce plateau,
00:00:54en compagnie du constitutionnaliste Benjamin Morel
00:00:58et des journalistes Renaud Dely et Sophie de Ravinel.
00:01:01Avec cette question,
00:01:03quelles ont été les conséquences de la dissolution ?
00:01:06Bon doc.
00:01:07Musique de jazz
00:01:11...
00:01:12Un ancien président de la République redevenu député.
00:01:16Et des socialistes deux fois plus nombreux
00:01:18qu'en 2022 sur le perron du Palais-Bourbon.
00:01:21...
00:01:25Des Insoumis triomphants
00:01:27et une gauche arrivée en tête à l'Assemblée nationale,
00:01:30pas même les esprits les plus fertiles
00:01:32n'auraient imaginé un tel scénario il y a un mois.
00:01:35Surtout avec un RN vainqueur
00:01:38à l'issue du premier tour des législatives.
00:01:41C'est la 1re fois sous la 5e République
00:01:43que le 2e tour inverse l'ordre des gagnants.
00:01:46La perspective d'une prise de pouvoir
00:01:48par le Rassemblement national
00:01:50est apparue extrêmement crédible au soir du premier tour.
00:01:54Durant deux semaines, la France a tremblé.
00:01:57La France a questionné une décision jugée par certains insensée.
00:02:01Personne, il ne faut pas se cacher les choses,
00:02:04n'avait anticipé cette dissolution.
00:02:06Comme une mauvaise farce
00:02:10ou alors un espèce de coup de poker,
00:02:13un pari qui tourne mal.
00:02:14Nous allons vous raconter
00:02:17pourquoi la composition de l'Assemblée nationale
00:02:20et l'aboutissement de 4 semaines de campagne express et inédite,
00:02:24une folle campagne.
00:02:28Il est 19h en ce dimanche 9 juin.
00:02:31La soirée s'annonce belle
00:02:33pour les cadres et les militants RN,
00:02:35réunis au coeur du bois de Vincennes.
00:02:38Les sondages sont bons
00:02:40et les premières indiscrétions confirment
00:02:43que Jordan Bardella, de plus en plus populaire,
00:02:46va finir largement premier des élections européennes.
00:02:52Il est 20h.
00:02:53Les premiers résultats confirment la suprématie
00:02:56du parti d'extrême-droite
00:02:57et la claque électorale donnée au camp présidentiel.
00:03:00Le Rassemblement national arrive largement en tête
00:03:04avec 31,5 % des voix.
00:03:07Bardella ! Bardella !
00:03:08Et Jordan Bardella, de réitérer une demande faite
00:03:11il y a plusieurs semaines déjà.
00:03:13Bardella ! Bardella !
00:03:16Le président de la République doit choisir
00:03:19de s'en remettre à l'esprit des institutions.
00:03:22Nous lui demandons solennellement
00:03:24de prendre acte de cette nouvelle donne politique,
00:03:27de revenir au peuple français
00:03:29et d'organiser de nouvelles élections législatives.
00:03:32Cris de joie
00:03:34A 21h, ce qui n'était qu'un mantra
00:03:37va soudain devenir réalité.
00:03:41Cris de joie
00:03:44J'ai décidé de vous redonner
00:03:46le choix de notre avenir parlementaire,
00:03:49par le vote.
00:03:51Je dissous donc, ce soir, l'Assemblée nationale.
00:03:55Cris de joie
00:03:56Dissolution ! Dissolution !
00:03:59Dissolution !
00:04:00Un mot qui sonne comme une première victoire
00:04:03pour le parti nationaliste.
00:04:05Je dissous donc, ce soir, l'Assemblée nationale.
00:04:09Au QG de la majorité présidentielle,
00:04:12les visages traduisent stupeur et tremblement,
00:04:15comme le pressentiment que cette décision
00:04:17est la genèse d'un séisme politique.
00:04:20On revote pour des législatifs totalement inattendus.
00:04:23Emmanuel Macron a choisi de dissoudre l'Assemblée
00:04:26après la victoire du RN aux européennes en France.
00:04:29Enorme surprise, d'où une matinale remaniée
00:04:31pour mieux couvrir cette info.
00:04:33En ce lundi 10 juin,
00:04:35la France se réveille avec la gueule de bois.
00:04:38Et les stigmates d'un pays qui sait
00:04:40qu'il pourrait être, pour la première fois depuis Vichy,
00:04:43dirigé par l'extrême droite dans moins de trois semaines.
00:04:47La décision du président de la République
00:04:50est qualifiée de coup de poker dangereux.
00:04:55Avec son annonce de dissolution,
00:04:57là, il a ouvert la porte grande ouverte
00:04:59au Front national, donc il ne faudra pas se plaindre.
00:05:02C'est donner le pays aux fachos.
00:05:04Peut-être que les gens vont se rendre compte
00:05:07que c'est un parti qui ne peut pas gouverner.
00:05:09Peut-être qu'en 2027, ils vont se casser la gueule.
00:05:13Cette décision a saisi les Français.
00:05:15Et très clairement, avec toute mon expérience,
00:05:18je n'ai jamais appréhendé, de la part des Français,
00:05:22une telle incompréhension,
00:05:24s'agissant d'une décision politique.
00:05:26Elle a été jugée incompréhensible,
00:05:28irraisonnée, irréfléchie, irrationnelle.
00:05:31C'est la roulette russe avec six balles dans le barillet.
00:05:35C'est un coup de poker. Qu'est-ce que c'est risqué ?
00:05:37Je pense que le chef de l'Etat a souhaité
00:05:40prendre de court ses adversaires politiques.
00:05:45En décidant une dissolution imprévue,
00:05:49en l'annonçant le soir même des élections européennes.
00:05:52Mais cette dissolution-là, elle est presque à message.
00:05:56On a le sentiment qu'elle veut impliquer quelque chose
00:06:00par rapport à ce qu'on attend du peuple français.
00:06:02C'est ça qui donne un suspense totalement inédit.
00:06:05...
00:06:09Décision inconsidérée, stratagème cynique
00:06:12ou piège tendu au RN,
00:06:14cette dissolution va donner lieu à une recomposition à gauche,
00:06:18une nupèce saison 2, appelée de ses voeux le soir même
00:06:22de la déclaration présidentielle par François Ruffin.
00:06:25...
00:06:28J'en appelle à Marine Tourdelier, à Fabien Roussel,
00:06:32à Olivier Faure, à Manuel Bompard
00:06:34pour qu'on se mette derrière une bannière commune,
00:06:37une bannière Front populaire.
00:06:38Il nous faut nous unir dans ce moment.
00:06:40...
00:06:43Mais cette dissolution va aussi causer, du côté de la droite,
00:06:47des scènes de campagne rocambolesque.
00:06:50...
00:06:55A droite, les Républicains au bord de l'implosion
00:06:57après le ralliement de leur numéro 1 au RN.
00:07:01Jordan Bardella...
00:07:02Il y a aujourd'hui une force qui va se lever,
00:07:05qui doit se lever pour s'opposer à l'impuissance du macronisme.
00:07:09Il faut une alliance, c'est le sens de la 5e République.
00:07:12Nous le faisons.
00:07:13Une alliance avec Marine Le Pen ?
00:07:16Une alliance avec le RN, avec ses candidats,
00:07:20une alliance à droite.
00:07:22...
00:07:26J'ai eu envie de vomir.
00:07:27J'ai eu envie de vomir quand j'ai entendu le chef
00:07:30de la famille politique d'Egolistes
00:07:32aller se vendre au RN.
00:07:34...
00:07:36En franchissant le Rubicon,
00:07:38Eric Ciotti est frappé d'anathème
00:07:40par ses amis politiques comme par ses ennemis.
00:07:45Honte à vous.
00:07:46Vous ne méritez pas le nom qui est inscrit sur votre façade.
00:07:50Votre diatribe homme honore, madame.
00:07:55Je n'avais pas vu que c'était tel.
00:07:58Dans la foulée,
00:07:59les cadres des Républicains
00:08:01convoquent un bureau politique pour exclure Eric Ciotti.
00:08:05Il n'y a pas de place pour les traîtres
00:08:07et les putschs à la petite semaine.
00:08:09En représailles, Eric Ciotti licencie
00:08:12tous les collaborateurs du parti qui refusent de lui obéir.
00:08:15Il y a la porte.
00:08:18Le président DLR s'enferme au siège,
00:08:21tel un forcené bien décidé
00:08:23à empêcher le bureau politique de se tenir.
00:08:26On a l'impression de vivre dans une mauvaise série canale.
00:08:29Une CNI peut se tenir dans ces circonstances ?
00:08:32Elle doit se tenir jusqu'à dimanche pour avancer en candidat.
00:08:35Si on vous bancait, vous allez faire quoi ?
00:08:38On appellera le samuche.
00:08:39Jordan Bardella pour le sortir de son bureau.
00:08:42Au terme du bureau politique, le verdict tombe.
00:08:45Le chef devient Persona non grata.
00:08:48Eric Ciotti est en rupture totale
00:08:51avec les statuts et la ligne portée par les Républicains.
00:08:55Il est exclu ce jour des Républicains.
00:08:58Exclu, mais toujours président,
00:09:01tel le décide la justice...
00:09:05Eric Ciotti s'accroche à son siège.
00:09:09La décision a été jugée solitaire.
00:09:11Ca a été l'un des principaux épisodes
00:09:13de cette série Netflix de la 1re semaine de campagne,
00:09:16post-9 juin 2024.
00:09:18Ca fait beaucoup rire de voir...
00:09:20...Ciotti, qui pose des scellés
00:09:23ou qui pose des verrous au siège de LR.
00:09:26C'était au début un peu dangereux,
00:09:28parce que la vérité, c'est que tout ce qui s'est passé
00:09:32depuis un mois n'est pas drôle.
00:09:34Le ralliement d'Eric Ciotti au Rassemblement national,
00:09:38qui a mis fin à la stratégie de cordon sanitaire,
00:09:44qui avait été déployée par la droite de Jacques Chirac.
00:09:48Les électeurs des Républicains eux-mêmes n'ont pas suivi.
00:09:53Dans les urnes, ils ont voté contre le Rassemblement national.
00:09:57Et pour ajouter de la dramaturgie, Reconquête se déchire.
00:10:02Marion Maréchal, c'est l'heure de la réconciliation.
00:10:05Marion Maréchal met tout son poids pour faire une union avec le RN.
00:10:10J'ai le souhait ardent que nous puissions trouver le moyen
00:10:15de nous rassembler et de faire participer
00:10:18ces idées de Reconquête à ce rassemblement.
00:10:20J'en discuterai avec Eric Zemmour
00:10:22pour qu'une décision soit prise
00:10:24et que nous puissions revenir vers Jordan Bardella et Marine Le Pen.
00:10:28Oui, mais voilà, le RN ne veut pas d'Eric Zemmour.
00:10:32Alors, c'est la rupture entre les deux visages de Reconquête.
00:10:39Eric Zemmour a décidé, malgré notre opposition,
00:10:42de présenter le maximum de candidats
00:10:44contre cette coalition des droites dans toute la France.
00:10:47Prenons ainsi le risque de faire perdre
00:10:50cette inédite espérance de battre Emmanuel Macron
00:10:53et l'extrême-gauche.
00:10:54L'ex-journaliste du Figaro
00:10:57semble être le grand perdant de l'union des droites,
00:11:01lui qui en avait fait un graal politique.
00:11:04Musique douce
00:11:06A gauche, en revanche,
00:11:09on va ressortir la vieille idée de l'union.
00:11:12Bruits d'alarmes
00:11:14A la une de l'actualité,
00:11:16ce matin, des candidatures uniques à gauche,
00:11:19dès le 1er tour.
00:11:20Les partis de gauche ont trouvé un accord de principe.
00:11:23En vue du 1er tour des législatives,
00:11:25le président de la République se lance cet après-midi dans la campagne.
00:11:28Depuis des semaines, la Nupes battait de l'aile.
00:11:32L'union de la gauche était fragilisée
00:11:34par la question palestinienne
00:11:36et les conséquences des attaques du Hamas.
00:11:39Pourtant, en moins de cinq jours,
00:11:41les quatre partis de gauche vont mettre leur désaccord de côté.
00:11:45Attendez, laissez passer, s'il vous plaît.
00:11:48Et c'est l'élunité pour les législatives.
00:11:51Musique douce
00:11:52La surprise dans la surprise, c'est que M. Macron,
00:11:55sans doute, je dis bien sans doute, et ses proches,
00:11:58imaginait une gauche en incapacité de se réunir en bloc,
00:12:02compte tenu d'une campagne européenne
00:12:04quand même extrêmement âpre, violente.
00:12:07S'il y a une chose sur laquelle la gauche française
00:12:09peut se fédérer et faire bloc,
00:12:11c'est quand il s'agit de se battre contre l'extrême droite.
00:12:14Et ça, il le méconnaît et il se prouve.
00:12:17Applaudissements
00:12:18La Nupes apparaissait comme une alliance électorale.
00:12:21Le Front populaire va se présenter comme un devoir moral.
00:12:25L'extrême droite est aux portes du pouvoir.
00:12:28Je connais comme vous leurs idées,
00:12:30je connais comme vous leur valeur,
00:12:32je connais comme vous leur méthode et tout ce qui nous en sépare.
00:12:35Et donc, aujourd'hui, c'est soit eux, l'extrême droite,
00:12:38soit nous.
00:12:39Soit nous.
00:12:40Et ça doit être vous.
00:12:42Et ça va être nous.
00:12:43Nous avons signé, hier soir, un accord
00:12:46qui comprend des candidatures uniques
00:12:48sur l'ensemble des circonscriptions
00:12:50de l'Hexagone et des Français de l'étranger,
00:12:53ainsi qu'un contrat de législature
00:12:57que vous avez ici.
00:12:59Musique douce
00:13:01Selon cet accord,
00:13:02sur 577 circonscriptions,
00:13:05229 sont représentées par un candidat LFI,
00:13:09175 par un candidat socialiste.
00:13:13...
00:13:16Communistes et socialistes
00:13:19obtiennent plus de circonscriptions qu'il y a deux ans,
00:13:22jouant des gouttes pour peser davantage face à LFI,
00:13:25qui perd plus de 130 candidats par rapport à 2022.
00:13:29Pourtant, une question cruciale n'est pas tranchée.
00:13:34Applaudissements
00:13:36M. Ford a mené sur un leader.
00:13:38Il n'a pas été donné, il arrivera quand ?
00:13:40Mais pourquoi voulez-vous me personnaliser,
00:13:43y compris une élection parlementaire ?
00:13:45Moi, je souhaite un front populaire,
00:13:47un front qui, d'ailleurs, aille au-delà
00:13:50de ce que nous sommes les partis politiques.
00:13:52Je souhaite que ce soit une décision prise
00:13:54par l'ensemble des parlementaires du nouveau groupe,
00:13:58donc, de...
00:14:00du nouveau front populaire,
00:14:01qui prennent la décision au lendemain de l'élection.
00:14:04Qui rentrerait à Matignon si le front populaire était en tête ?
00:14:08En 2022, la figure de Jean-Luc Mélenchon s'imposait.
00:14:12Mais le contexte a changé, et le leader insoumis le sait.
00:14:17Je m'en sens capable, et nous avons, dans nos rangs, de quoi faire.
00:14:20Alors, je ne m'élimine pas, mais je ne m'impose pas.
00:14:23Désormais, l'EPS est plus fort,
00:14:25et les positions du leader insoumis sur Israël
00:14:28ont plutôt un effet repoussoir.
00:14:30Je pleure, j'ai peur.
00:14:33Alors, les candidatures ne manquent pas.
00:14:36Quel que soit le poste que je puisse occuper,
00:14:39si c'est à Matignon comme Premier ministre, pourquoi pas ?
00:14:41J'ai dit que j'étais capable de faire ça.
00:14:43Je fais partie de celles et ceux qui peuvent prétendre être Premier ministre.
00:14:47Je pense à Laurent Berger.
00:14:52D'autant que Jean-Luc Mélenchon
00:14:54va encore renforcer son image d'autocrate.
00:14:58Alexis Corbière, figure incontournable des Insoumis,
00:15:01fait campagne en Seine-Saint-Denis.
00:15:04Pourtant, il n'a pas été investi
00:15:06pour être le candidat du Front populaire,
00:15:08LFI l'ayant remplacé par une inconnue.
00:15:11Tout va bien.
00:15:12On vous adore.
00:15:13Jean-Luc Mélenchon lui a fait payer ses critiques
00:15:16sur le fonctionnement du parti,
00:15:18comme trois autres candidats qui avaient mis en cause
00:15:21la ligne LFI sur le Hamas.
00:15:23Vous allez bien ?
00:15:24Il y a une situation un peu paradoxale.
00:15:26J'ai vu que vous mainteniez votre idéologie.
00:15:29Je ne peux pas accepter ce genre de méthode.
00:15:31Ce n'est pas par un mail à 23h30
00:15:34qu'on règle les problèmes internes.
00:15:36Je pense que les gens sont matures, s'informent.
00:15:39Ils ont bien vu ce qui s'était passé.
00:15:41Voilà.
00:15:42Donc...
00:15:43En tout cas, c'est tout à votre honneur
00:15:47d'avoir une idée de ce qui se passe.
00:15:49C'est ce qu'on veut.
00:15:51C'est ce qu'on veut.
00:15:53...que d'être un peu, entre guillemets,
00:15:56la victime de ce qui vient de se passer.
00:15:58Ca veut dire que vous avez eu le courage
00:16:01de dire des choses importantes.
00:16:03Merci. Merci beaucoup.
00:16:05Aux dernières législatives,
00:16:08la participation a été en dessous des 50 %,
00:16:11mais face à l'enjeu,
00:16:13cette fois-ci, elle devrait être différente.
00:16:17Ca va voter.
00:16:18Mon pari, c'est que ça vote,
00:16:20peut-être même dans une ambiance quasi présidentielle.
00:16:2470 % de participation.
00:16:25Il le faut.
00:16:26L'enjeu, quand on regarde les résultats des Européennes,
00:16:29il y a 23 millions d'abstentionnistes.
00:16:31Il faut aller chercher cet électorat.
00:16:34Il faut que les grandes forces politiques,
00:16:36les leaders aillent dans ces zones périurbaines
00:16:39où l'extrême droite progresse.
00:16:40Il faut faire basculer les circonscriptions
00:16:43ou qu'elle reste à gauche,
00:16:44éviter que l'extrême droite mette la main dessus.
00:16:47...dissidents en son propre pays,
00:16:49mais soutenus par la grande majorité du Front populaire.
00:16:54...
00:16:59Chers amis...
00:17:01...
00:17:06Union pluvieuse, union heureuse !
00:17:10...
00:17:15Et pour bien le montrer,
00:17:17un des premiers meetings de l'Union populaire
00:17:19se tient justement dans la circonscription d'Alexis Corbière.
00:17:23...
00:17:24Face à des militants qui soutiennent jusqu'au bout
00:17:27Jean-Luc Mélenchon,
00:17:28François Ruffin, l'homme qui monte,
00:17:31va tenir des propos sans équivoque.
00:17:34Chers amis,
00:17:35je veux dire mon plein soutien
00:17:38à mon camarade et ami Alexis Corbière.
00:17:41...
00:17:43Jean-Luc Mélenchon est considéré
00:17:45comme un handicap pour son parti
00:17:47par plus de 70 % des Français,
00:17:50même chez les sympathisants du Front populaire.
00:17:54...
00:17:55Unité ! Unité ! Unité !
00:17:57Unité ! Unité ! Unité !
00:17:59Unité ! Unité ! Unité !
00:18:02Unité ! Unité ! Unité !
00:18:04Unité ! Unité ! Unité !
00:18:06Unité ! Unité ! Unité !
00:18:08...
00:18:10Aurélien Saint-Aul, investi par LFI,
00:18:13est pratiquement certain de renouveler son mandat
00:18:16dans les Hauts-de-Seine.
00:18:18Pourtant, en campagne, il ne peut y échapper.
00:18:22Oui, bonjour.
00:18:23Bonjour, M. Saint-Aul, merci.
00:18:25On est de tout coeur avec vous et avec le Front populaire.
00:18:29Mais on n'est pas très fiers des manoeuvres actuelles à LFI
00:18:33et du débarquement, la purge qu'il y a eue avec Clémentine Autain.
00:18:37Avec Raquel Garrido, mais qui concerne tout le monde.
00:18:40Depuis, on ne parle que de ça.
00:18:43Ca a cassé la dynamique qu'on avait.
00:18:45On ne comprend pas ce que Mélenchon fait.
00:18:47On verra ce qui casse la dynamique.
00:18:49Elle est au niveau national, elle enlève du Front populaire.
00:18:53Mais quel intérêt, Corbière et Garrido,
00:18:55sur les gens qui s'investissent dans le mouvement
00:18:58et sur les questions internes, sur ce sectarisme trotskiste
00:19:01où on purge les gens, les unes après les autres ?
00:19:04Mélenchon est un boulet. Il faut le faire taire.
00:19:07Musique douce
00:19:09Mais il y a un autre homme qui est prié de se taire
00:19:12par les membres de son propre camp.
00:19:14Et c'est plutôt inattendu.
00:19:16C'est le président de la République lui-même.
00:19:19...
00:19:21Les députés veulent que ce soit Gabriel Attal
00:19:24qui conduise la bataille, pas le président jugé repoussoir.
00:19:27...
00:19:28Emmanuel Macron ne peut pas s'empêcher
00:19:31d'être en première ligne.
00:19:32Après la dissolution, il prend la parole
00:19:35dans une conférence de presse fleuve.
00:19:37Si j'avais été devant vous,
00:19:39à l'issue de Dimanche soir,
00:19:41avec 50 % des Français qui votent aux extrêmes,
00:19:44en vous disant qu'on ne change rien, on continue,
00:19:47vous m'auriez dit qu'il est déconnecté, ce type.
00:19:50...
00:19:53Voilà une photo qui en dit long sur les réactions
00:19:56des proches du président le lendemain de la dissolution.
00:19:59Un Premier ministre député,
00:20:02une présidente de l'Assemblée nationale
00:20:04qui semble ailleurs.
00:20:06Le quatrième personnage de l'Etat a été informé
00:20:09quelques heures seulement
00:20:10avant la dissolution de la décision présidentielle.
00:20:13Visiblement, Emmanuel Macron a choisi en petit comité.
00:20:17...
00:20:21Qu'est-ce qui se passe ? Les élections européennes,
00:20:24un score très mauvais d'Emmanuel Macron.
00:20:26Il va voter au touquet avec Macron,
00:20:28il revient dans la voiture,
00:20:30on comprend qu'il est sous la barre des 15.
00:20:32C'est là que la décision se prend,
00:20:34donc très tardivement, en fin d'après-midi,
00:20:37le dimanche 9 juin,
00:20:40c'est à ce moment-là qu'il décide d'appuyer sur le bouton.
00:20:43Dans la Confidence, il n'y a pas grand monde.
00:20:45On a le sentiment que c'est une dissolution presque personnelle,
00:20:49une forme de leçon que le président de la République
00:20:52a envie de se donner et de donner aux Français.
00:20:54Valérie Giscard d'Estaing disait qu'il faut regarder la France
00:20:57dans les yeux, et on a le sentiment que c'est la France dans les yeux
00:21:01au moment où le président de la République décide
00:21:04cette dissolution. J'attends de vous quelque chose
00:21:06de la France qui est plusieurs fois revenue dans son discours.
00:21:09J'ai confiance dans votre décision.
00:21:11C'est un dialogue qui s'est installé à ce moment-là.
00:21:14Les députés ont eu le sentiment, sans doute,
00:21:17d'avoir été, d'une certaine manière, sacrifiés
00:21:19sur l'autel de la décision présidentielle.
00:21:22Donc, évidemment,
00:21:25ça devrait laisser un peu d'amertume.
00:21:29C'est pas facile. On a des territoires
00:21:31extrêmement différents les uns des autres.
00:21:33Quand Yael Broun-Pivet fait campagne
00:21:35dans son fièvre des Yvelines, son tracte ne mentionne
00:21:38aucune référence au président de la République.
00:21:41Quand les électeurs lui parlent de cette drôle
00:21:43de décision présidentielle, elle a une réaction qui en dit long.
00:21:47C'est clair.
00:21:48Malheureusement, il y a eu la dissolution, je veux le dire.
00:21:51C'est tout. J'ai pas rien à dire.
00:21:53Vous avez compris pourquoi le président de la République
00:21:56avait choisi dissolution ?
00:21:58Voilà. C'est tout dit.
00:22:00Merci.
00:22:01A bientôt. Merci pour tout. Au revoir.
00:22:04Alors qu'elle a bien conscience d'être filmée,
00:22:07c'est elle qui aborde le sujet avec un militant sur place.
00:22:14Ouais, non, mais c'est bien, après.
00:22:16Mais...
00:22:17C'est bizarre, quoi, ce moment, tu vois,
00:22:20qu'on n'avait pas forcément attendu,
00:22:22programmé, tout ça, c'est...
00:22:24C'est le mieux.
00:22:26Ouais, quand même.
00:22:27L'arrêt brutal, alors qu'il y avait plein de projets.
00:22:30En fait, c'est ça, le truc.
00:22:31Tu vois...
00:22:33Une petite musique commence à être entendue.
00:22:35Emmanuel Macron ferait perdre des points
00:22:38à la majorité présidentielle.
00:22:40En tout cas, la campagne va son point.
00:22:42Oui. Bonjour, monsieur.
00:22:44Vous, vous êtes bien,
00:22:45mais il faudra dire au président qu'il ferme sa gueule.
00:22:48C'est tout.
00:22:50C'est lui qui nous fout dans la merde.
00:22:52C'est tout. Allez. Bon courage.
00:22:53On compte sur vous pour le 30e.
00:22:55C'est à vous que je dis bon courage.
00:22:57C'est une élection législative.
00:22:59Pour le premier ministre.
00:23:00OK, allez, au revoir.
00:23:02Merci beaucoup.
00:23:03Au revoir, monsieur.
00:23:04Certains, et pas des moindres,
00:23:06commencent à penser à l'après Macron.
00:23:11Edouard Philippe, avec son parti Horizon,
00:23:14a décidé de s'émanciper.
00:23:16En présentant 82 candidats aux législatives,
00:23:19il va seul aux élections sous ses propres couleurs.
00:23:22Il ne s'est pas enregistré sous l'étiquette
00:23:25commune ensemble.
00:23:26Une façon, peut-être, d'enterrer le macronisme
00:23:29et de lancer des lignes pour 2027.
00:23:32C'est le président de la République
00:23:34qui a mis un terme tout seul.
00:23:36Je veux construire une nouvelle majorité parlementaire.
00:23:39Je ne suis pas là pour refaire ce qui a déjà été.
00:23:42Je suis là pour essayer de construire
00:23:44une base politique plus large,
00:23:45avec des formations politiques qui n'étaient pas jusqu'à présent
00:23:49et qui n'avaient pas voulu rejoindre la majorité présidentielle.
00:23:53Venons-en aux intentions de vote.
00:23:55Le RN et ses alliés à 36.
00:23:58Légère hausse.
00:23:5932 pour le RN, 4 % pour les...
00:24:02Et pendant ce temps-là, le RN bat la campagne.
00:24:05Dans le Loiret, il y a deux ans,
00:24:08le parti d'extrême droite a remporté
00:24:10deux circonscriptions sur six.
00:24:12Mais au vu des scores aux Européennes,
00:24:15le RN est persuadé de pouvoir faire mieux.
00:24:18Notamment ici, dans la cinquième circonscription,
00:24:22où ça s'est joué à quelques voix près.
00:24:24C'est triste, ce temps, pour les exposants, les commerçants.
00:24:28Alors, exite l'ancien candidat,
00:24:30on a envoyé un poids lourd.
00:24:34Jean-Lalacapelle est un très proche de Marine Le Pen,
00:24:37un ancien député européen qui sait faire campagne.
00:24:44Alors, cette petite dame, vous l'avez vue ?
00:24:46Non ? Je vais la voir.
00:24:49Faut voter.
00:24:50Allez, bon courage, madame. Merci.
00:24:56Elle n'a pas voté aux Européennes, cette dame.
00:24:59Mais elle va voter au chef-d'IVE.
00:25:01Elle aime bien Jordan Bardella, alors...
00:25:04Il a fait 41 % sur la circonscription.
00:25:07Et à Fleury, il a fait combien ? 23,54.
00:25:09Ah, là, là...
00:25:11Eh ! Ça monte ? Ça gratte ?
00:25:13Vous allez passer.
00:25:15Bonne journée, monsieur. Au revoir.
00:25:18Dans tous les blocs de vote,
00:25:19il est arrivé en tête qu'il se passe quelque chose.
00:25:22Les DICS ont tenté de céder.
00:25:24Je suis convaincu que nous allons créer plus une surprise.
00:25:27Nous allons remporter la majorité absolue,
00:25:30pour avancer le pays, le 30 juin prochain.
00:25:32Vous savez, on était préparés.
00:25:34On a ce qu'on appelle le plan Mati.
00:25:36On l'a dit depuis longtemps, la dissolution est possible.
00:25:39C'est une hypothèse.
00:25:40On s'était dit qu'on se prépare.
00:25:42Je suis membre de la commission d'investiture.
00:25:45Je suis en commission d'investiture pour investir les candidats.
00:25:48J'ai l'équipe de choc. Ça plaisante pas.
00:25:50Ce qui n'était qu'un vote de protestation
00:25:53est devenu un vote d'adhésion.
00:25:55La France rurale et périphérique
00:25:57pensent que le RN est le seul parti qui peut améliorer leur vie.
00:26:00Super.
00:26:02Vous allez bien ?
00:26:03Ouais, ça va, ça va.
00:26:04Ça va, ça va.
00:26:05Il ne faut pas croire que c'est gagné, là, non plus.
00:26:08Il faut se déplacer.
00:26:10Ça s'est bien remis aux organes.
00:26:11Pour faire les procurations,
00:26:13beaucoup de monde fait des procurations.
00:26:16Si vous avez du mal à trouver quelqu'un pour les procurations,
00:26:19on a monté une structure pour faciliter les procurations.
00:26:23Les Français votent souvent
00:26:25parce que sur le pouvoir d'achat, on apporte des solutions.
00:26:28Il n'y a pas de pouvoir d'achat.
00:26:30L'immigration, l'insécurité.
00:26:32Mais on redresse le pays.
00:26:33On met des gens qui ne l'ont jamais été.
00:26:36Pourquoi les gens se plaignent de plein de choses,
00:26:39comme quoi ça va pas, mais ils n'ont jamais tenté ça ?
00:26:41Je leur dis, vous n'avez jamais tenté ça.
00:26:43Comment savez-vous que ça ne marche pas ?
00:26:46Laissez-les au pouvoir, laissez-les passer,
00:26:48et après, vous pourrez juger.
00:26:50Essayez-nous.
00:26:52Voilà le principal argument de campagne.
00:26:54Car pour le programme, on reste évasifs.
00:26:59Officiellement, c'est le même qu'en 2022,
00:27:02lors de la présidentielle,
00:27:04mais au fur et à mesure,
00:27:05Jordane Bardella renonce au programme,
00:27:07renvoyant la mise en place des mesures phares
00:27:10aux calendes grecques.
00:27:12On va se mettre là. Ça va bouger un peu.
00:27:14Les baisses d'impôts pour les moins de 30 ans.
00:27:17Nous le ferons dans le second temps.
00:27:19La rationalisation des autoroutes.
00:27:21Je vais devoir faire des choix.
00:27:23Sur la réforme des retraites.
00:27:25Je veux avoir entre mes mains l'audit financier
00:27:27de tous les grands services publics de l'Etat
00:27:30et de l'Etat réel des finances publiques
00:27:32avant d'engager cette réforme.
00:27:33L'interdiction du voile dans l'espace public.
00:27:36Pourquoi vous voulez attendre ?
00:27:38Madame.
00:27:39La surprise est totale quand Jordane Bardella sous-entend
00:27:43que si son parti n'obtient pas 289 sièges,
00:27:46il pourrait refuser Matignon.
00:27:49Il me faudra une majorité absolue.
00:27:51Si nous sommes en majorité relative,
00:27:53comme c'est le cas depuis la réélection d'Emmanuel Macron,
00:27:57le Premier ministre ne peut pas agir.
00:27:59Je ne vais pas vendre aux Français
00:28:01des mesures ou des actions que je ne pourrais pas mener.
00:28:04Il y a de moins en moins de programmes
00:28:06et de plus en plus de conditions.
00:28:08Ca ressemble à un refus d'obstacle.
00:28:10On a vu le Rassemblement national reculer
00:28:13sur toute une série de mesures
00:28:15qui étaient présentées comme des mesures phares.
00:28:18Alors, je crois que c'est aussi
00:28:21un des effets de la décision présidentielle.
00:28:26Imprévu.
00:28:27Il y avait une impréparation programmatique.
00:28:30Alors, je ne pense pas que le fait
00:28:32que le RN ait un peu modifié son offre programmatique,
00:28:38en a un petit peu rebattu,
00:28:40a enlevé quelques propositions polémiques,
00:28:43lui ait fait du tort.
00:28:44Au contraire, j'ai beaucoup de Français,
00:28:46et je l'ai vu dans des qualitatifs,
00:28:48qui sont du genre, ils ne sont pas si radicaux que ça,
00:28:51ils ne vont pas faire ce qu'ils ont dit.
00:28:53C'est eux, l'alternative, on ne les a jamais essayés, etc.
00:28:56Sur le terrain, le discours n'a pas changé.
00:29:01Dans la première circonscription du Var,
00:29:03la seule du département qui ne soit pas tombée
00:29:06dans l'escarcelle du RN en 2022,
00:29:08le parti a dépêché Sébastien Soulé,
00:29:11un policier marseillais venu dérouler
00:29:13le traditionnel discours sur l'insécurité.
00:29:18Là, ça fait partie des fauteuils
00:29:21ou les chouffres, c'est comme ça que ça s'appelle,
00:29:24se mettre en place pour annoncer l'arrivée des policiers.
00:29:27Vous avez la loi des trafiquants de drogue
00:29:29sur tous les habitants.
00:29:31En ayant des peines qui soient plus conséquentes,
00:29:34avec une justice beaucoup plus ferme,
00:29:36on peut y arriver, il faut que la peur change de camp.
00:29:39Même sur cette terre promise pour le RN,
00:29:42des centaines de manifestants se sont mobilisés ici
00:29:45depuis quelques semaines contre l'extrême droite.
00:29:48Alors, quand nos interviews vont Sébastien Soulé,
00:29:52il se fait interpeller par une habitante mécontente.
00:29:56Quand je vois ça, je parle toujours aux gens qui habitent ici,
00:30:00qui payent des fortunes, qui payent des assurances.
00:30:03Il n'y a pas de récupération FN par rapport à ça, je suis désolée.
00:30:06Oui, ça brûle, ça fait le jeu du Front National.
00:30:09Il faut arrêter de croire que c'est de la délinquance.
00:30:12Je suis désolée.
00:30:13C'est quoi pour vous ?
00:30:14Je n'en sais rien, mais ça fait monter le FN.
00:30:16Il faut faire front au Front National.
00:30:18Sur la sécurité, je peux vous amener plein de solutions.
00:30:21Mais bien entendu, il faut arrêter les moustiques récidivistes.
00:30:25Les familles touchent les allocations familiales
00:30:27et ne viennent pas chercher leurs enfants.
00:30:30Vous pensez que c'est les parents qui...
00:30:32L'éducation, c'est la police, c'est trop tard.
00:30:34Moi, je suis pas d'accord.
00:30:35Bonne journée.
00:30:37Le RN souffre encore d'un effet repoussoir
00:30:40étant considéré comme un parti extrémiste
00:30:43par une partie de la population.
00:30:44Mais un nouveau fait politique va apparaître
00:30:47durant cette campagne.
00:30:49L'union de la gauche va être diabolisée.
00:30:52Emmanuel Macron semble renvoyer dos à dos
00:30:54les deux partis RN et Nouveau Front Populaire,
00:30:57les extrêmes dont les programmes pourraient conduire
00:31:00à la guerre civile.
00:31:01Reprenez-vous cette expression ?
00:31:02Durant la campagne, la majorité présidentielle
00:31:05n'a eu de cesse d'apparaître comme le seul vote raisonnable
00:31:09et de renvoyer le Front Populaire
00:31:11au rang des partis infréquentables.
00:31:14Qu'il y ait eu des termes très...
00:31:17Passionnels, encore une fois, c'est le mot qui ressort,
00:31:20comme celui de guerre civile me paraît tendancieux et grave
00:31:23pour un président de la République qui,
00:31:26je rappelle l'article 5, est le gardien des institutions.
00:31:29Celui qui donne le cap, l'arbitre.
00:31:31Agiter ce terme-là, qui a beaucoup angoissé
00:31:34nos partenaires étrangers,
00:31:37a sûrement un but électoral qui se retourne toujours
00:31:40contre celui qui l'emploie.
00:31:42C'est la plus profonde angoisse des Français,
00:31:44terminer plus divisé que jamais à la suite d'un scrutin électoral.
00:31:48Donc, Emmanuel Macron, il décide de renvoyer dos à dos
00:31:52les extrêmes, l'extrême droite,
00:31:54même si certains dans son camp ont du mal à prononcer ce nom,
00:31:57et se plient au diktat du Rassemblement national
00:32:01qui refuse qu'on l'appelle en ces termes.
00:32:04Puisqu'il appelle l'extrême gauche, il a un peu tendance
00:32:07à mettre dans ce vocable toute la gauche française,
00:32:10y compris François Hollande.
00:32:11Ca en fait sourire, certains.
00:32:13Des éléments de langage repris par les ténors
00:32:16de la majorité présidentielle.
00:32:18La seule chose que je sais, c'est que l'extrême gauche
00:32:21comme l'extrême droite sont aussi nocives pour le pays
00:32:24du point de vue économique comme du point de vue des valeurs.
00:32:28On n'a pas envie de l'extrême droite, de l'extrême gauche,
00:32:31de leur projet de division du pays.
00:32:33Je ne voterai jamais pour la France insoumise
00:32:35ni pour le RN. C'est clair ?
00:32:37Mais cette stratégie va se montrer peu payante.
00:32:42Est-ce que le RN peut avoir cette majorité absolue ?
00:32:44Est-ce qu'il y a aussi un risque d'une assemblée ingouvernable ?
00:32:48Réponse dans quelques secondes.
00:32:51Dimanche 30 juin, les résultats du 1er tour tombent.
00:32:54C'est le RN et ses alliés qui arrivent en tête
00:32:58de nos estimations, avec 34 % des suffrages,
00:33:01suivi du nouveau Front populaire, 28,1 %.
00:33:06Conformément aux prévisions, le RN est en tête,
00:33:10la projection en nombre de sièges est bleu marine.
00:33:15Pour autant, rien n'est gagné.
00:33:18Et le second tour sera déterminant.
00:33:20Il nous faut une majorité absolue
00:33:23pour que Jordan Bardella soit, dans huit jours,
00:33:25nommé Premier ministre par Emmanuel Macron.
00:33:28Acclamations
00:33:30La participation a été importante.
00:33:33Résultat, dans plus de 300 circonscriptions,
00:33:36ce profil des triangulaires.
00:33:38C'est donc là que va être la clé du second tour.
00:33:42Très vite, la gauche appelle ses candidats
00:33:45à arriver en 3e position, à s'effacer,
00:33:47pour faire barrage au RN.
00:33:51Nulle part, nous ne permettrons au RN de l'emporter.
00:33:56Et c'est pourquoi,
00:33:58dans l'hypothèse où ils seraient arrivés en tête
00:34:01tandis que nous ne serions qu'en 3e position,
00:34:04nous retirerons notre candidature.
00:34:07Acclamations
00:34:10Applaudissements
00:34:16Nous allons faire élire Mme Borne ou M.Marlex.
00:34:19Dans les 105 circonscriptions concernées.
00:34:22Est-ce que c'est si facile que ça pour moi de le dire ?
00:34:25Je vous le dis, ça n'est pas simple.
00:34:28Je me suis battu contre les uns et contre les autres.
00:34:31Je l'ai fait, mais en ayant le sentiment aussi
00:34:34que nous étions adversaires, pas ennemis.
00:34:37Au nom du Front républicain,
00:34:38la gauche se retire dans plus d'une centaine de circonscriptions.
00:34:42Mais au sein de la majorité présidentielle,
00:34:46la réciproque n'est pas évidente.
00:34:48C'est plutôt 50 nuances de Front républicain.
00:34:52Si le Premier ministre est sans ambiguïté...
00:34:55Pas une voix ne doit aller au RN.
00:34:59Cela passera par le désistement de nos candidats,
00:35:02dont le maintien en 3e position aurait fait élire
00:35:05un député RN,
00:35:07face à un autre candidat qui défend les valeurs de la République.
00:35:11Votez pour les candidats qui défendent la République.
00:35:14Je vous remercie.
00:35:15D'autres ténors de la majorité
00:35:17veulent un Front républicain à géométrie variable.
00:35:23Aucune voix ne doit se porter sur les candidats RN
00:35:27ni sur ceux de la France insoumise,
00:35:29avec lesquels nous divergeons,
00:35:31non pas seulement sur des programmes,
00:35:33mais sur des valeurs fondamentales.
00:35:35Le RN, je ne vote pas pour la France insoumise.
00:35:39Je ne vote pas pour la France insoumise
00:35:41car elle a pris des positions contre la nation française.
00:35:44Je vais réagir à ce que dit Bruno Le Maire.
00:35:47Je suis, un, atterrée et, deux, extrêmement en colère.
00:35:51On vous sent très émue.
00:35:52Ça fait 10 ans que je vis dans une ville tenue par le RN.
00:35:56Ce que vient de faire Bruno Le Maire,
00:35:58c'est un comportement de lâche et de privilégié.
00:36:01De privilégié.
00:36:02C'est hors-sol, c'est lunaire
00:36:05et ce n'est pas à la hauteur de l'histoire.
00:36:07Musique rythmée
00:36:08-"À l'Assemblée nationale,
00:36:10les 76 élus au premier tour font leur rentrée des classes."
00:36:14Musique rythmée
00:36:16-"La gauche."
00:36:17-"On est tous unis."
00:36:19-"Dans toute sa diversité."
00:36:22Musique rythmée
00:36:24-"Et le Rassemblement national."
00:36:26Musique rythmée
00:36:28-"Voici les trois premiers députés,
00:36:31parmi les 38 déjà élus."
00:36:34-"J'ai le CP qui nous suit."
00:36:36Je préfère le dire.
00:36:37Ils nous suivent depuis quelques jours.
00:36:40On la refera la semaine prochaine avec tout le monde.
00:36:43Rires
00:36:44C'est ça.
00:36:45A 300 mètres.
00:36:47Bonjour, messieurs-dames.
00:36:49Merci beaucoup.
00:36:50Je vous préviens, j'ai le CP qui me suit
00:36:52et il y a un micro. Voilà.
00:36:55Des novices qui ne veulent pas commettre d'impair.
00:37:00Musique rythmée
00:37:03Et qui continuent de pratiquer
00:37:06la stratégie de la cravate.
00:37:09Musique rythmée
00:37:10-"Merci."
00:37:11Musique rythmée
00:37:13Musique rythmée
00:37:14Musique rythmée
00:37:15Musique rythmée
00:37:16-"Vous allez tout faire, là."
00:37:18Rires
00:37:19Rires
00:37:20-"Selon le journal Le Monde,
00:37:22on compte au moins 185 désistements
00:37:24de candidats du Nouveau Front populaire
00:37:26ou macronistes pour faire barrage
00:37:28au Rassemblement national.
00:37:30La consigne de vote était claire."
00:37:32Musique rythmée
00:37:33-"Mais durant cet entre-deux-tours,
00:37:35le vent semble tourner.
00:37:36L'ERN apparaît de plus en plus
00:37:38comme un parti décidément différent des autres
00:37:41avec une polémique autour des binationaux,
00:37:43une résurgence du thème de la préférence nationale."
00:37:46Musique rythmée
00:37:47-"C'est toujours inquiétant.
00:37:49On verra bien ce que ça va donner,
00:37:51si les barrages vont fonctionner ou pas.
00:37:54Je croise les doigts."
00:37:55-"C'est angoissant, comme je le disais,
00:37:57la montée de l'ERN me fait très peur.
00:37:59Je sais pas trop ce que ça donnera dans nos vies."
00:38:02-"Certains sympathisants de gauche optimistes
00:38:05se mettent à rêver d'un tiers C,
00:38:07pas forcément dans l'ordre envisagé,
00:38:09il y a quelques jours."
00:38:10Musique rythmée
00:38:12-"C'est très serré.
00:38:13Par rapport au résultat final,
00:38:15il y a beaucoup de chances, quand même,
00:38:18que les filles, que le NFP puisse passer réellement
00:38:23et avoir une certaine majorité et une certaine influence."
00:38:26Encore faudrait-il que le Front républicain fonctionne.
00:38:30Mais certains députés, arrivés en 3e position,
00:38:34refusent de se retirer.
00:38:35Et c'est ce que dénoncent ces militants
00:38:37du Front populaire de Pontoise.
00:38:39Musique rythmée
00:38:41-"Emilie Chandler doit se démettre
00:38:43pour faire barrage au Rassemblement national.
00:38:47Nous avons maintenant sa candidature
00:38:49et Pelliot du Rassemblement national."
00:38:52-"Plutôt Hitler que le Front populaire."
00:38:54-"Ouais, carrément."
00:38:55-"Emilie Chandler, députée sortante
00:38:58de la majorité présidentielle, ne veut pas céder.
00:39:01Pour elle, pas question de laisser s'installer
00:39:04un deuxième tour, RN. Elle est fille."
00:39:07-"On est là !" -"On est là !"
00:39:09-"On est là !" -"On est là !"
00:39:11-"Même si Macron ne le veut pas, nous, on est là !"
00:39:14-"On va peut-être se décaler,
00:39:16puisque c'est comme d'habitude."
00:39:18-"On est là !"
00:39:19-"Il n'y a pas d'idée, c'est le wokisme,
00:39:21le communautarisme, la spoliation, on a tout ce qu'il faut, là."
00:39:25-"Même si Macron ne veut pas..."
00:39:28-"Que des chansons, pas de fonds."
00:39:33-"Bonjour, madame Chandler."
00:39:35-"Bonjour."
00:39:36-"On est très déçus que vous ne soyez pas retirée."
00:39:39-"Faites les comptes, madame."
00:39:40-"Une vote pour vous, c'est agressif."
00:39:43-"Madame, l'ultra-violence,
00:39:44je pense que vous en avez peur aussi."
00:39:46-"Marine Chandelier est très violente."
00:39:48-"Si ça avait été une candidate PS ou écolo, je le retirerais."
00:39:52-"C'est mignon, c'est mignon."
00:39:53-"Nous, on se désiste face à Borne et Darmanin,
00:39:56mais Chandler se maintient, parce que c'est elle, les filles.
00:39:59-"Vous avez vu la personne qui est devant vous ?
00:40:02Vous avez vu la personne que vous nous imposez
00:40:05dans la première circonscription du Maldoit ?"
00:40:07-"Sicard de Rebouquet." -"Madame Sicard."
00:40:09-"De Rebouquet." -"Vous le voyez,
00:40:11mais vous n'avez pas honte ? Vous, qui défendez le droit des femmes."
00:40:15-"Justement."
00:40:16-"Mais ça m'inspire, pourquoi vous avez perdu d'avance ?
00:40:19Politiquement, vous êtes terminée." -"Ah non."
00:40:21-"Vous me faites honte, moi, j'ai mes enfants qui vivent ici."
00:40:25-"Elle est 3e, je suis désolée, madame,
00:40:27vous seriez arrivée 2e, j'aurais voté pour vous."
00:40:29-"Bonjour, madame, pour les élections dimanche."
00:40:32-"Les quelques 214 désistements dans la France
00:40:34font baisser le RN dans les sondages
00:40:37et le spectre de la majorité absolue s'éloigne.
00:40:39D'autant que quelques profils de candidats RN
00:40:43arrivés au second tour vont encore faire douter les électeurs.
00:40:47-"Ils font peur, aujourd'hui."
00:40:49C'est...
00:40:50-"Votez-le !"
00:40:51Musique jazz
00:40:53-"Une casquette de Waffen-SS dérangeante.
00:40:56Une candidate qui se défend de racisme
00:40:59avec cet argument au choc."
00:41:01Musique jazz
00:41:02-"J'ai comme hôtel mot un juif
00:41:06et j'ai comme dentiste un musulman."
00:41:09-"Un candidat inéligible car placé sous curatel
00:41:12jugé par la justice d'efficience mentale,
00:41:15mais qui, pourtant, est autorisé à se présenter."
00:41:17-"Je crois être en possession de tous mes moyens mentaux,
00:41:21j'en suis même certain, et par contre,
00:41:24l'erreur vient de ce que je n'ai pas assez potassé le...
00:41:28Comment dire ? Le code électoral."
00:41:31Musique jazz
00:41:34-"Il y a eu 4 ou 5 candidats
00:41:36qui sont passés sous les mailles du filet, je l'ai dit."
00:41:39-"Mais il n'y a pas 80 candidats problématiques."
00:41:42-"Non, il n'y a pas 80 candidats problématiques,
00:41:45c'est l'argument de Gabriel Attal et de la majorité présidentielle."
00:41:48-"Il n'y a pas 80 candidats problématiques."
00:41:51-"Dernier jour avant le début d'une nouvelle ère politique en France."
00:41:55-"On ne sait pas quels seront ces contours,
00:41:57mais l'Assemblée nationale ne sera pas la même
00:42:00à l'issue du second tour des législatives."
00:42:02-"La France retient son souffle alors que le RN est annoncé
00:42:06en tête dans tous les sondages.
00:42:07Le résultat à 20h est une énorme surprise."
00:42:11-"Inédite, inconnue, plus que quelques secondes
00:42:14avant cette première estimation de notre partenaire Ipsos Talent."
00:42:18-"Il est 20h et on découvre la nouvelle Assemblée
00:42:22et ce n'est pas le tiercé qui était attendu à l'issue du premier tour,
00:42:26c'est d'abord la gauche, le nouveau front populaire,
00:42:29qui arrive en tête avec 172 à 192 sièges."
00:42:33Musique douce
00:42:34-"La gauche arrivée en tête."
00:42:37Ces sympathisants réunis dans le nord de Paris
00:42:40l'avaient à peine imaginé.
00:42:41Applaudissements
00:42:43-"On voulait pas la majorité absolue pour le RN,
00:42:46mais là, enfin, quoi !"
00:42:48-"La gauche", qu'on disait fracturée par les dissensions,
00:42:52renaît de ses cendres.
00:42:54-"La rectification du second tour par rapport au premier tour,
00:42:57c'est un fonds républicain qui a très bien marché,
00:43:00c'est des reports de vote des électeurs de droite
00:43:02vers la gauche.
00:43:04De gauche vers la majorité présidentielle.
00:43:08De la majorité présidentielle vers la gauche,
00:43:10même si il y a des intensités différentes,
00:43:13qui a très bien fonctionné."
00:43:14-"Beaucoup de responsables politiques de droite et de gauche
00:43:18ont refusé le RN, et c'était parfois un peu nouveau.
00:43:20On n'avait pas l'habitude de ça.
00:43:23En revanche, les Français, ils l'ont fait jouer.
00:43:26Et ça, je trouve que c'est quand même une belle leçon de cette élection,
00:43:30c'est que les Français, ils ont dit non
00:43:32au RN.
00:43:34Il y a beaucoup de candidats qui ont accepté de se désister,
00:43:38alors qu'au plus haut sommet de l'Etat,
00:43:41ça ne semblait pas évident pour certains,
00:43:43et c'était assez désolant."
00:43:45-"Qui va être Premier ministre ?
00:43:47Comment la gauche va passer à l'action ?"
00:43:50Très vite, le patron des socialistes
00:43:53donne ses conditions.
00:43:54Applaudissements
00:43:56-"Ils n'auront qu'une seule boussole,
00:44:00celle du programme du nouveau Front populaire."
00:44:04Applaudissements
00:44:06-"La gauche,
00:44:07placée en première position,
00:44:09met d'une courte tête.
00:44:11Si elle veut gouverner,
00:44:13il va falloir qu'elle noue des alliances
00:44:15pour créer des coalitions.
00:44:17Chant
00:44:19Tout est à faire,
00:44:20sous peine d'avoir une Assemblée nationale
00:44:23totalement paralysée.
00:44:25Chant
00:44:27Abreuve l'océan...
00:44:31Applaudissements
00:44:33...
00:44:35Musique douce
00:44:36-"À la soirée électorale organisée par l'ERN,
00:44:40forcément, c'est la douche froide.
00:44:42De nombreux Français fondaient beaucoup d'espoir
00:44:44dans l'arrivée de Jordan Bardella au pouvoir,
00:44:47le seul considéré comme capable d'améliorer leur vie."
00:44:50Musique douce
00:44:52-"Les sondages nous mettaient en tête.
00:44:55Les sondages placés Jordan Bardella en tant que Premier ministre,
00:44:59c'est vraiment dur, je pense, d'affronter cette réalité
00:45:02là, ce soir. J'ai envie de pleurer."
00:45:04-"Un petit sentiment d'injustice, c'est vrai,
00:45:06parce que je suis persuadée qu'on aurait pu gagner,
00:45:09mais il y a, comme il y a depuis des années,
00:45:11ce barrage contre l'extrême droite
00:45:13qui nous affaiblit un petit peu."
00:45:15-"On va batailler sur le terrain.
00:45:17Il y aura les municipales,
00:45:19il y aura les présidentielles.
00:45:21Peut-être une autre dissolution, on sait pas,
00:45:23mais en tout cas, on sera là."
00:45:25Applaudissements
00:45:27-"Malgré la déception,
00:45:29le Rassemblement national passe de 88 à 126 députés en deux ans,
00:45:34143 avec ses alliés LR.
00:45:38Ils progressent encore dans le pays."
00:45:40Musique rythmée
00:45:44...
00:45:50-"Durant des jours,
00:45:52une partie des Français a vécu en apnée,
00:45:55craignant l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite.
00:45:58Elle a été, pour le moment, évitée.
00:46:01Dans trois ans, nous saurons
00:46:04si cet épisode que vient de vivre le pays
00:46:07est un sursaut ou un sursis."
00:46:09Musique rythmée
00:46:13...
00:46:22A la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale,
00:46:25annoncée le 9 juin dernier à l'issue des élections européennes
00:46:28par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron,
00:46:30la campagne des législatives aura donc été soudaine, courte,
00:46:34intense et aura ménagé le suspense jusqu'au bout,
00:46:38comme vient de nous le rappeler à l'instant
00:46:40ce documentaire exclusif réalisé par Céline Crespi
00:46:43et Maxime Rioux.
00:46:45Mais cette dissolution a-t-elle, comme le souhaitait l'Elysée,
00:46:48contribué à clarifier la situation politique ?
00:46:52Nous allons en débattre avec nos invités
00:46:54présents aujourd'hui sur ce plateau de débats d'octobre.
00:46:57Benjamin Morel, bienvenue.
00:46:59Vous êtes constitutionnaliste,
00:47:01politologue et auteur, entre autres, de ce livre,
00:47:04Le Parlement, temple de la République, de 1789,
00:47:07à nos jours. Un livre à conseiller, peut-être,
00:47:09à ceux et celles qui nous regardent pour les vacances qui arrivent.
00:47:13Cet ouvrage a été publié aux éditions passées composées.
00:47:17Renaud Delis est également avec nous.
00:47:19Vous êtes, chaque semaine, éditorialiste politique
00:47:22puis co-animateur des Informer,
00:47:24chez nos confrères de France Info.
00:47:26Vous animez, par ailleurs, le 28 minutes,
00:47:29le vendredi et le samedi, sur la chaîne Arte.
00:47:31Votre dernier ouvrage s'intitule L'Assiégé,
00:47:34publié chez Jean-Claude Lattès et consacré à Dominique Wehner,
00:47:37ancien idéologue de l'extrême droite française,
00:47:40qui s'est suicidée, certains s'en rappellent, sans doute.
00:47:43C'était en 2013, à l'intérieur de la cathédrale
00:47:46de Notre-Dame-de-Paris.
00:47:49Enfin, Sophie Dravinel est avec nous.
00:47:51Bienvenue à vous.
00:47:52Vous êtes journaliste politique
00:47:54au sein de la rédaction du quotidien
00:47:57Le Figaro.
00:47:58Benjamin Morel, on vient de revivre ensemble, évidemment,
00:48:02ce qu'ont été ces quatre semaines de campagne,
00:48:05trois semaines avant le premier tour, une semaine entre deux tours.
00:48:09On va revenir au début, évidemment.
00:48:12Le début, c'est quoi ? C'est la dissolution
00:48:14par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron,
00:48:16le soir même où a été annoncé le résultat des Européennes.
00:48:20Il était aux alentours de 21h, ce 9 juin.
00:48:23Jacques Chirac avait inventé la dissolution à froid.
00:48:27Comment allez-vous nous qualifier
00:48:30de la dissolution annoncée par Emmanuel Macron
00:48:34le 9 juin dernier ?
00:48:35C'est une dissolution coup de poker.
00:48:37Peut-être avec une paire de deux.
00:48:39Vous parlez de la dissolution de 97.
00:48:41La dissolution de 97, évidemment,
00:48:43il est facile de la juger ex poste,
00:48:45mais Jacques Chirac, à l'époque, voit les sondages,
00:48:47ils sont bons. Il ne faut pas oublier
00:48:49que sa majorité a été élue en 93 et qu'elle est composée
00:48:52de baladuriens. Ce faisant, pour lui,
00:48:54il s'agit de reprendre le contrôle de sa majorité
00:48:57en espérant que les sondages s'avèrent.
00:48:59Ils s'avèreront faux, mais devant lui,
00:49:02il y a des choses qui le laissent espérer.
00:49:04On est sur un coup de poker ?
00:49:05On est sur un coup de poker avec une paire de deux.
00:49:08Quand vous regardez la dynamique électorale
00:49:11des Européennes, il y a tout de même assez peu de chances
00:49:13pour que, potentiellement, le RN soit freiné dans son élan.
00:49:17Le pari d'Emmanuel Macron, si on essaie de le rationaliser,
00:49:20c'est que la gauche ne s'unisse pas.
00:49:22Avec notre mode de scrutin majoritaire à deux tours,
00:49:25si vous n'êtes pas unis au premier tour,
00:49:27vous n'êtes pas au second.
00:49:29Si vous n'êtes pas au second, vous n'avez pas de députés.
00:49:32La gauche, en 2022, fait moins de voix qu'en 2017,
00:49:35mais elle part unie, donc elle a plus de députés.
00:49:37Si la gauche a couteau tiré après les Européennes,
00:49:41ça veut dire que la plupart des seconds tours
00:49:43opposent d'un côté la majorité, de l'autre, le RN.
00:49:46L'électorat de gauche a peur parce que le RN est au porte du pouvoir
00:49:50et vote pour la majorité au second tour,
00:49:52et ça peut marcher.
00:49:53Cette stratégie-là, si tant est qu'elle ait été
00:49:56celle structurante, implique que vous ayez un camp
00:49:59qui soit prêt.
00:50:00Or, la majorité a été étonnée de cette dissolution
00:50:03et n'était pas le camp le plus prêt à partir à la bataille.
00:50:07Deuxièmement, ça implique que vous pariez
00:50:09à une absence d'instinct de survie de vos adversaires.
00:50:12Or, les députés de gauche, ce que je vous explique sur 2022-2017,
00:50:16ils le savaient, et ils savaient très bien
00:50:18que leurs fièvres devenaient des sièges éjectables
00:50:21s'ils ne partaient pas unis.
00:50:23La donne change totalement pour le chef de l'Etat.
00:50:25Ce qui pouvait apparaître comme un pari potentiellement gagnant
00:50:29devient de toute façon une forme de chemin de croix.
00:50:32On verra ce qu'aurait été la fin, évidemment,
00:50:35à la fin de notre échange.
00:50:36Emmanuel Macron l'a justifié, cette dissolution.
00:50:39C'était le mercredi 12 juin, à l'occasion d'une conférence de presse.
00:50:43On réécoute ce qu'il disait à l'époque.
00:50:45Si j'avais été devant vous, à l'issue de Dimanche soir,
00:50:49avec 50 % des Français qui votent aux extrêmes,
00:50:52en vous disant qu'on ne change rien, on continue,
00:50:55vous m'auriez dit qu'il est déconnecté, ce type.
00:50:59Voilà comment Emmanuel Macron justifiait la dissolution
00:51:02trois jours après l'annonce.
00:51:04Vous l'avez compris, cette dissolution ?
00:51:06Un coup de poker, comme l'a dit à l'instant Benjamin Morrel ?
00:51:09Même si Benjamin Morrel est optimiste,
00:51:12il n'avait même pas une paire de deux, il en avait un, deux à la rigueur.
00:51:16Si on reprend les propos du chef de l'Etat,
00:51:18il dit qu'on m'aurait pris pour un dingue
00:51:20si je n'avais rien changé au soir des élections européennes
00:51:23et de la défaite très lourde, ce qui renvoie à une autre erreur,
00:51:27d'avoir changé de gouvernement au mois de janvier,
00:51:30c'est-à-dire de griller la carte de Gabriel Attal
00:51:33au début de l'année, sans que personne ne comprenne le moment,
00:51:36alors qu'il avait encore ce qu'on appelle communément infusible
00:51:40pour changer la donne avec un remaniement gouvernemental
00:51:43au lendemain de la défaite européenne.
00:51:45Il s'était privé de cette carte, c'est la première erreur antérieure.
00:51:49Ensuite, un coup de poker voué à l'échec,
00:51:51qui semble tenir, en tout cas, beaucoup de commentaires l'ont dit,
00:51:55à une forme de blessure narcissique liée à ce scrutin,
00:51:58à cette défaite, c'est la première fois
00:52:00qu'on tire des leçons nationales, de surcroît,
00:52:03avec un événement, une décision de cette ampleur,
00:52:06d'un scrutin européen, où, très fréquemment,
00:52:08le pouvoir en place a subi des défaites,
00:52:10des déconvenues et parfois de lourdes défaites.
00:52:13Il semblerait qu'Emmanuel Macron ait eu, effectivement,
00:52:16du mal à supporter une telle défaite,
00:52:18plutôt que de laisser du temps au temps,
00:52:21et de voir, notamment avec la trêve estivale,
00:52:23les Jeux olympiques et d'autres événements à venir,
00:52:26s'il n'y avait pas moyen de reprendre la main politiquement,
00:52:30le fait de décider de cette dissolution,
00:52:32de fait, il se défaisait de ce pouvoir-là,
00:52:34blessure narcissique et de surcroît,
00:52:36effectivement, Benjamin Morel l'a dit,
00:52:39doublé d'une forme de péché d'orgueil,
00:52:41c'est-à-dire que, pensant qu'il va réussir à réorganiser son camp,
00:52:45qu'il va prendre de vitesse l'adversaire,
00:52:47et ne mesurant pas, à quel point l'hostilité
00:52:50dont le chef de l'Etat est l'objet, en particulier,
00:52:53parmi ses opposants, contribue très largement
00:52:55à ressouder des opposants, même lorsque ceux-ci,
00:52:58sont en désaccord. C'est d'abord valable à gauche.
00:53:01La gauche se déchire sur des sujets de fond
00:53:03depuis des années. Il y a un sujet
00:53:05sur lequel elle ne se déchire pas.
00:53:07C'est pour s'opposer à Emmanuel Macron.
00:53:09Il y a un sujet sur lequel la gauche ne se déchire pas
00:53:12dans ce pays depuis des années,
00:53:14c'est de vouloir s'opposer à Emmanuel Macron.
00:53:17Elle l'a encore démontré, effectivement,
00:53:19avec ce cartel électoral improvisé en quelques heures
00:53:22qui a fait fi des divergences de fonds
00:53:24pour essayer, justement, d'empêcher Emmanuel Macron
00:53:27de remporter son coup de pocah, de ce point de vue-là.
00:53:30Même si on a du mal à voir, au regard du résultat final,
00:53:33quels sont les vrais blocs vainqueurs ou pas,
00:53:36c'est très bien celui qui a perdu, c'est Emmanuel Macron.
00:53:39On va voir un deuxième extrait du documentaire.
00:53:41C'est Eric Ciotti.
00:53:43C'est vrai que cette première semaine de campagne
00:53:45a été qualifiée par un certain nombre d'intervenants
00:53:48dans ce film de véritables séries Netflix.
00:53:51Il y avait des rebondissements sur rebondissements.
00:53:54On écoute Eric Ciotti.
00:53:56Il y a aujourd'hui une force qui va se lever,
00:53:58qui doit se lever pour s'opposer à l'impuissance du macronisme.
00:54:02Donc il faut une alliance.
00:54:03C'est le sens de la Ve République.
00:54:05Nous le faisons.
00:54:07Une alliance avec Marine Le Pen, c'est ce que vous nous annoncez.
00:54:10Une alliance avec le Rassemblement national,
00:54:13avec ses candidats, une alliance à droite.
00:54:16Nous sommes là le 11 juin,
00:54:17c'est-à-dire deux jours après l'annonce de la dissolution.
00:54:20Dans ce documentaire, il est dit que c'est le cordon sanitaire
00:54:23mis en place par, notamment et principalement,
00:54:26Jacques Chirac avec l'extrême droite française.
00:54:29Entre eux, l'extrême droite française
00:54:31et la droite parlementaire, qui était en train de sauter
00:54:34sous les yeux des téléspectateurs chez nos confrères de TF1.
00:54:37Absolument.
00:54:38Là, il y a une clarification dans la droite française.
00:54:41Il y a une tentative de clarification
00:54:44et une résistance qui va tout de suite se poser.
00:54:46C'est-à-dire qu'évidemment, Eric Ciotti,
00:54:49d'abord souhaitant aussi...
00:54:51étant mis en cause, en question,
00:54:54dans son propre FIEF, dans le sud de la France,
00:54:56avec un RN très fort,
00:54:58donc ça, c'est une réalité locale personnelle pour lui,
00:55:01mais il a voulu essayer d'embarquer son parti avec lui.
00:55:05Certains parleront de hold-up.
00:55:07Lui voulait cette clarification, cette union des droites,
00:55:10cette coalition.
00:55:11Plusieurs mots auront été trouvés, utilisés pendant cette campagne.
00:55:15Et finalement, il y a eu un psychodrame
00:55:19pendant 24 heures.
00:55:21Très vite, une résistance, une résistance très ferme
00:55:23et une résistance soit sur les valeurs,
00:55:26soit sur la stratégie.
00:55:27C'est-à-dire que certains autour de lui ont dit
00:55:30que peut-être qu'il faut le faire, mais pas maintenant,
00:55:34c'est pas la bonne stratégie, il a pas consulté,
00:55:36c'était pas le bon moment.
00:55:38D'autres ont dit que nos valeurs, effectivement,
00:55:41vous le disiez, Jacques Chirac, ce cordon sanitaire,
00:55:44cette protection, cette impossibilité
00:55:46de dialoguer, de discuter,
00:55:48même si on se souvient d'une rencontre
00:55:51entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen.
00:55:53Il y avait quelques possibilités, tout de même, de dialogue,
00:55:57mais de fait, là, Éric Chetty a tenté d'embarquer avec lui.
00:56:01Est-ce qu'élection après élection,
00:56:03et est-ce que ces élections ne vont pas confirmer
00:56:06le Rassemblement national, l'extrême droite,
00:56:09d'une manière plus large,
00:56:10n'est pas en train de cannibaliser la droite française ?
00:56:13Certains diront, en tout cas...
00:56:15C'est pas la nouvelle droite française
00:56:17par laquelle on est en train d'assister, doucement.
00:56:20Est-ce qu'on dit certains républicains,
00:56:22qui étaient favorables à cette union des droites,
00:56:25au fait que le RN n'était pas le Front national d'autrefois,
00:56:28qu'il s'agissait, finalement, d'une forme de recomposition ?
00:56:31Ils ont d'ailleurs été appuyés par les instituts de sondage
00:56:35pour certains qui ont expliqué que, finalement,
00:56:37ceux qui avaient voté pour le RN
00:56:39étaient pour partie beaucoup de ceux
00:56:41qui avaient voté pour Nicolas Sarkozy
00:56:43au début des années 2000,
00:56:45qui avait une sorte de recomposition de cette droite-là,
00:56:48et que c'était assez naturellement...
00:56:50Nicolas Sarkozy, c'est tout de même le seul
00:56:52à avoir un temps un peu freiné et cannibalisé, lui,
00:56:55les voix du RN.
00:56:58À l'époque Front national, c'était en 2007.
00:57:00Absolument.
00:57:02Et c'était sa campagne, très axée, justement,
00:57:05sur les questions d'identité, de sécurité.
00:57:08Il avait réussi, non seulement à les...
00:57:12Il les avait essoufflés,
00:57:13il les avait aspirés, d'une certaine façon.
00:57:15Il avait calmé le jeu, en réalité.
00:57:18Mais, de fait, cette tentation-là n'a pas tenu...
00:57:22L'union des droites n'a pas tenu très longtemps.
00:57:25Ca suscite une réaction de l'un ou de l'autre
00:57:27de ce qui se passe dans la droite française.
00:57:30Il faut bien comprendre, en 2007,
00:57:32lorsque Nicolas Sarkozy aspire l'électorat du FN,
00:57:34Jean-Marie Le Pen est un candidat vieillissant,
00:57:37à sa 5e candidature présidentielle,
00:57:39de surcroît, il y a le souvenir du choc de 2002,
00:57:41l'accession, pour la 1re fois, de l'extrême droite au 2e tour,
00:57:44qui avait suscité un sursaut massif dans tout le pays,
00:57:47dans la rue et dans les urnes.
00:57:49Et puis, la droite a été très organisée
00:57:51et Sarkozy exerçait une forme de leadership
00:57:53extrêmement puissant à droite.
00:57:55Il y avait une campagne très musclée sur les sujets régaliens,
00:57:58mais il y avait aussi une tonalité très sociale.
00:58:01Il réussissait à faire une synthèse.
00:58:03La droite française n'est plus du tout dans cet état.
00:58:06Il n'y a plus de leadership, il n'y a plus de stratégie.
00:58:08On voit dans la législature que le groupe LR
00:58:11n'était qu'un groupe d'auto-entrepreneurs.
00:58:13C'est ce qu'utilisait la majorité macroniste.
00:58:16On voit bien que la droite n'existe plus
00:58:18sur le plan structuré, sur le plan du leadership,
00:58:21sur le plan de la stratégie,
00:58:22et même en grande partie sur le plan des boussoles idéologiques,
00:58:26ce qui peut expliquer la dérive,
00:58:28et là-dessus, je rejoins Sophie de Ravinel,
00:58:30très individuelle d'Eric Ciotti.
00:58:32Ce qui a pu surprendre, c'était plus un ralliement
00:58:35qu'une alliance. Il avait annoncé discuter avec personne
00:58:38sur le plateau du journal de TF1,
00:58:40et il n'a pas été suivi
00:58:42par aucun des leaders cadres importants de LR.
00:58:46Au final, on le verra peut-être tout à l'heure sur un graphique,
00:58:49les Républicains perdront un tout petit peu de députés,
00:58:52mais maintiendront plus de 50 députés à l'Assemblée nationale
00:58:56à l'issue de cette élection.
00:58:58Dans ce reportage, on voit aussi le suivi
00:59:01d'un certain nombre de candidats pendant cette campagne,
00:59:04avant le premier tour,
00:59:05et notamment du côté d'un des candidats qui représente LFI.
00:59:10On est de tout cœur avec vous et avec le Fonds Populaire,
00:59:13mais on n'est pas très fiers des manœuvres actuelles à LFI
00:59:17et du débarquement, la purge qu'il y a eu avec Clémentine Autain,
00:59:20avec Raquel Garidon, mais c'est une histoire interne
00:59:23qui concerne tout le monde.
00:59:24Depuis, on ne parle que de ça,
00:59:26et ça a cassé la dynamique qu'on avait.
00:59:28On ne comprend pas ce que Mélenchon fait.
00:59:30On verra ce qui casse la dynamique.
00:59:32La dynamique est au niveau national,
00:59:34elle enlève le Fonds Populaire.
00:59:36Mais quel intérêt ?
00:59:37Corbière et Garidon sont des gens qui s'investissent
00:59:40dans le mouvement et sur les questions internes,
00:59:43sur un sectarisme trotskiste où on purge les gens
00:59:45les unes après les autres.
00:59:47Mélenchon est un boulet.
00:59:49Nous sommes dans les Hauts-de-Seine,
00:59:51et ce candidat, LFI, est Aurélien Saint-Aul,
00:59:54qui a été réélu, d'ailleurs, au passage,
00:59:56à l'issue de ces élections, dès le premier tour.
00:59:59Il y a eu deux figures repoussoires,
01:00:01qualifiées comme telles, en tout cas.
01:00:04Jean-Luc Mélenchon,
01:00:05et on vient de l'entendre un instant sur ce marché
01:00:08qui se situe à Venves, d'une part,
01:00:10et le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, d'autre part.
01:00:13Cette campagne a été un concours de castors et d'épouvantails.
01:00:17Si vous prenez un sondage au DOXA, paru quelques jours
01:00:20avant le premier tour, vous voyez que 47 % des Français
01:00:23voulaient faire barrage au nouveau Fonds Populaire,
01:00:2644 % à Emmanuel Macron et uniquement 41 % aux RN.
01:00:29Vous ne comprenez aujourd'hui les comportements de l'électorat
01:00:32qui est devenu l'épouvantail.
01:00:34On reviendra au second tour tout à l'heure.
01:00:36C'était le seul qui, apparemment,
01:00:38pouvait avoir une majorité absolue,
01:00:40mais au premier tour, c'est loin d'être le seul.
01:00:43Aujourd'hui, on a plusieurs éléments,
01:00:45on a une porosité des électorats.
01:00:47Pourquoi la gauche s'unit ?
01:00:49Parce que vous avez 8 électeurs sur 10 de gauche
01:00:52qui veulent l'union, et il y a une grande fluidité politique
01:00:55dans ce camp politique qui fait que, malgré tout, ça marche,
01:00:58mais qui n'est pas communicable.
01:01:00Dans cette campagne, et vous l'avez dit,
01:01:02ça a mis 5 jours à se monter ce nouveau Fonds Populaire,
01:01:05c'est relativement court, parce qu'il s'agit
01:01:08d'investir des candidats, mais aussi de produire un programme,
01:01:11le programme du nouveau Fonds Populaire.
01:01:14Depuis le début, on le voit dans ce film,
01:01:16il y a un problème de leadership dans cette campagne.
01:01:19C'est pas une question qui se pose pour le nouveau Fonds Populaire.
01:01:23Si jamais vous imposez un leadership,
01:01:25vous dites que c'est François Ruffin ou Marine Tendelier,
01:01:28c'est pas Jean-Luc Mélenchon pour 2027.
01:01:30Jean-Luc Mélenchon n'en veut pas.
01:01:32C'est l'épouvantail en chef si vous voulez aller chercher
01:01:35et élargir votre électorat.
01:01:37Donc, par définition, partant du principe
01:01:39que le nouveau Fonds Populaire ne peut pas emporter de majorité,
01:01:43pourquoi s'embêter avec un leader si jamais il clive votre camp ?
01:01:47Donc, on a une forme de modus vivendi à gauche,
01:01:49on fait le turnover des leaders, etc.
01:01:51Vous avez une porosité d'électorat qui ne vote pas tant
01:01:54pour un chef ni pour un programme, qui vote pour faire barrage.
01:01:58C'est un problème de leadership, une fois passées les élections.
01:02:01C'est un peu à ce qu'on...
01:02:03Oui, mais parce que l'objectif est 2027.
01:02:05L'objectif, dans le cadre de 2027,
01:02:07est que d'un côté, vous ne gréviez pas les chances
01:02:10de Jean-Luc Mélenchon pour la FI, et pour les autres parties,
01:02:13de ne pas accepter ce leadership.
01:02:15Il y a une évolution, une transition de leadership.
01:02:18Effectivement, on a Jean-Luc Mélenchon...
01:02:20Il y a une clarification de ce point de vue-là ?
01:02:23Non, pas encore. Elle est en cours
01:02:25de courir à devenir, espère,
01:02:28une partie du Nouveau Front populaire,
01:02:30et d'autres résistent. Encore une histoire de résistance.
01:02:33Jean-Luc Mélenchon veut rester,
01:02:35veut être à nouveau, toujours, le leader de ce groupe-là,
01:02:38mais il semble qu'il y ait quand même une dynamique
01:02:41qui aille contre ce leadership,
01:02:43même si Jean-Luc Mélenchon aspire encore à 2027 ou 2026,
01:02:46si les élections présidentielles devaient être anticipées.
01:02:50Mais c'est vrai qu'il y a eu, pendant cette campagne,
01:02:52d'autres figures qui émergent,
01:02:54chez les écologistes, avec Marine Tondelier,
01:02:57qui est une grande spécialiste
01:02:59de la bataille contre le Rassemblement national...
01:03:02On va le rappeler, elle est la numéro 1 d'Europe Écologie-Les Verts.
01:03:06Elle était jusque-là une figure...
01:03:09Pendant les Européennes,
01:03:10EELV n'a pas été très, très, très fort.
01:03:13C'est le moins qu'on puisse dire.
01:03:15Ils ont fait plus de 5 %, mais elle a vraiment pris un lead.
01:03:19Et, évidemment, François Ruffin,
01:03:20parce qu'il a fait, qui est le député LFI,
01:03:23tout juste réélu, d'ailleurs, du côté d'Amiens,
01:03:27et qui a, lui...
01:03:28La bataille était rude pour lui.
01:03:30Il a fait son coming-out anti-Jean-Luc Mélenchon,
01:03:34et donc, il a pris la main pour s'opposer à lui.
01:03:36Autre figure repoussoir, Renaud Delis,
01:03:39c'est Emmanuel Macron.
01:03:41On l'a vu aussi dans ce film, et toujours sur un marché,
01:03:44avec quelqu'un qui félicitait Gabriel Attal,
01:03:47qui dit, vous, oui,
01:03:48mais Emmanuel Macron, je ne veux plus l'entendre.
01:03:51Cette campagne, c'est une succession de figures repoussoires.
01:03:54Pas n'importe lesquelles.
01:03:56C'était les deux têtes d'affiches des législatives précédentes.
01:03:59La première, c'est Emmanuel Macron.
01:04:01L'hostilité d'Emmanuel Macron conduit la gauche
01:04:04à s'organiser à la hâte et à réussir à présenter
01:04:07qu'un seul candidat par circonscription,
01:04:09donc à bâtir ce cartel électoral
01:04:11pour réussir à se qualifier pour le second tour.
01:04:14La figure repoussoire d'Emmanuel Macron
01:04:16sème d'abord le troupe dans son propre camp.
01:04:18Ceux qui sont allés à l'élection avec des semelles de plomb
01:04:22et extrêmement remontés contre la décision de dissoudre,
01:04:25ce sont les propres députés sortant de la majorité,
01:04:27macronistes, et dès le 9 juin à 9h05,
01:04:30il n'y avait plus un macroniste au sein du groupe parlementaire,
01:04:33car aucun ne comprenait la décision du chef de l'Etat.
01:04:36On en revient sur l'incompréhension
01:04:38de cette dissolution.
01:04:40Ils savaient tous que le chef de l'Etat les envoyait à l'abattoir.
01:04:43Celui qui, à la fin du film, en quelque sorte,
01:04:46a sauvé un peu les meubles,
01:04:47c'est une lourde défaite pour la majorité présidentielle,
01:04:51c'est Gabriel Attal.
01:04:52C'est vrai qu'on a, pendant toute la campagne,
01:04:55du premier tour des législatives,
01:04:56un Emmanuel Macron qui, comme souvent,
01:04:59piaf de se montrer, de parler, de faire campagne,
01:05:01il va s'exprimer à de multiples reprises,
01:05:04et puis la majorité qui va tout faire
01:05:06pour essayer de l'enfermer, de le baïonner, de le cacher,
01:05:09sachant que son principal atout sur le terrain,
01:05:12c'était Gabriel Attal.
01:05:13C'est le même problème avec Jean-Luc Mélenchon.
01:05:16Il est la figure la plus repoussoire
01:05:18dans tous les sondages d'intention de vote.
01:05:20En revanche, d'autres figures de gauche ont aimé un G
01:05:23et se sont efforcées de cacher Mélenchon.
01:05:26Je pense à gauche.
01:05:27On voit à quel point le paysage électoral
01:05:29est sociologiquement morcelé.
01:05:31La gauche n'a pas de figure capable d'assumer
01:05:33une forme de leadership auprès de l'ensemble des électorats.
01:05:37Jean-Luc Mélenchon, c'est un formidable moteur
01:05:39en banlieue, auprès d'un électorat jeune de banlieue,
01:05:42souvent de traits communautaires.
01:05:45En revanche, une figure repoussoire
01:05:47auprès de la France rurale, de la France périurbaine
01:05:50et d'un électorat ouvrier plus traditionnel.
01:05:52C'est plutôt un électorat qui va vers l'Eurasie.
01:05:55Marine Tondelier a émergé dans les médias
01:05:57en banlieue ou dans l'Est parisien.
01:05:59Dans la Somme, personne ne connaît Marine Tondelier.
01:06:02C'est un point sur lequel a bien appuyé François Ruffin.
01:06:05Le drame de la gauche, c'est que si elle ne réussit pas
01:06:08à relier, à réunifier ces deux électorats,
01:06:11elle est condamnée à rester dans l'opposition
01:06:14pendant encore un moment.
01:06:15Benjamin Morel, on va découvrir
01:06:17ce qu'étaient les projections produites par l'institut Ipsos
01:06:21au soir du premier tour.
01:06:23Regardez donc ce qu'était l'hémicycle
01:06:26proposé à travers cette projection de Ipsos.
01:06:30Effectivement, tout le monde comprend qu'il y a un risque,
01:06:33un vrai risque, au vu de cette projection,
01:06:36qui n'est qu'une projection, bien entendu,
01:06:38de voir l'extrême droite,
01:06:40le Rassemblement national et ses alliés
01:06:43obtenir une majorité absolue à l'Assemblée nationale.
01:06:46Ca se joue à pas grand-chose.
01:06:48Je rappelle que la majorité absolue, c'est 289 députés.
01:06:51Je crois qu'il faut être modeste.
01:06:53En effet, ces projections sont loin d'être délirantes
01:06:56le soir du premier tour, pour deux raisons.
01:06:59On a eu des élections britanniques quelques jours avant.
01:07:02Si jamais on avait un scrutin majoritaire à un tour,
01:07:05le RN aurait eu une majorité absolue.
01:07:07Ils auraient eu 300 et quelques députés.
01:07:10Vous voyez que tout ne se joue pas exactement.
01:07:12Le mode de scrutin compte, malgré tout.
01:07:14Et ici, ce qu'il va se passer...
01:07:16Une ligne nominale à deux tours pour les législatives.
01:07:19Exactement. Ce scrutin, une ligne nominale à deux tours,
01:07:23nous donne, lors du premier tour,
01:07:26une multiplication des triangulaires.
01:07:28On sait que les reports de voix en 2022
01:07:31n'ont pas été bons, de la majorité vers la gauche
01:07:33et de la gauche vers la majorité.
01:07:35En 2022, le Front républicain a fondu
01:07:37et que les électeurs de gauche n'ont pas voté pour la majorité
01:07:41ni pour la gauche.
01:07:42Avec plus de 300 triangulaires,
01:07:44et au vu du niveau du Rassemblement national,
01:07:47on peut penser qu'on a trois blocs,
01:07:49que dans la plupart des circos, le bloc RN sera devant.
01:07:52Sans désistement, il y a un vrai risque
01:07:54de majorité absolue pour le RN.
01:07:56Les désistements, à peu près deux tiers,
01:07:59qui vont suivre ensuite,
01:08:00sont dans les bonnes circonscriptions,
01:08:03notamment dans les circos rurales et périurbaines.
01:08:06Dans les grands centres-villes,
01:08:07le RN pouvait l'emporter.
01:08:09Ces désistements au bon endroit font que, tout d'un coup,
01:08:12le jeu change. Ce jeu n'est pas si évident.
01:08:15Quand vous regardez, on parlait de l'électorat LR.
01:08:17La plupart ont choisi le RN entre le nouveau Front populaire
01:08:21et le RN. Ca n'a pas été le cas de l'électorat centriste.
01:08:24C'était pas tout à fait évident.
01:08:26Dans le grand concours d'épouvantail,
01:08:28dans cet électorat, la figure de Jean-Luc Mélenchon
01:08:31pouvait apparaître plus repoussoire
01:08:33qui avait envoyé, tout au cours du premier tour,
01:08:36des signaux à cet électorat, en disant que la réforme des retraites
01:08:39n'était pas si vraie.
01:08:41Regardez sur l'économie, on va être bien sages.
01:08:43Cet électorat avait reçu du RN de vrais signes.
01:08:46Néanmoins, le fait que la gauche apparaisse
01:08:48comme ne pouvant pas arriver au pouvoir
01:08:51a désinhibi une partie de cet électorat centriste
01:08:54qui a décidé, malgré tout, de faire barrage.
01:08:56Par ailleurs, le RN fait une très mauvaise campagne
01:08:59d'entre-deux tours, grévée par un certain nombre de candidatures,
01:09:03pour rapporter également une partie de cet électorat
01:09:06soit vers l'abstention, soit vers un vote Front républicain.
01:09:09Cette situation-là donne les résultats infinés,
01:09:12mais ça, le soir du premier tour,
01:09:14pour essayer d'exonérer nos amis sondeurs,
01:09:16c'était tout, sauf évident et prévisible.
01:09:18Quoi qu'il en soit, Frédéric Dhabi, dans ce documentaire,
01:09:22nous dit que le Front républicain a été une vraie réussite.
01:09:25On a joué le jeu du désistement dans les Etats-majors,
01:09:28notamment, évidemment, du côté d'Ensemble
01:09:30et du nouveau Front populaire.
01:09:32Vous partagez cette opinion.
01:09:34C'est un Front républicain qui n'a peut-être jamais
01:09:37aussi bien marché, parce que le danger était peut-être imminent,
01:09:41peut-être aussi, dans l'esprit des Etats-majors
01:09:43et des électeurs, bien entendu.
01:09:45Certains disent que la vraie victoire,
01:09:48la vraie clarification, c'est que les Français
01:09:50n'ont pas souhaité, dans cet entre-deux-tours,
01:09:53suivre l'extrême droite en France.
01:09:55C'est une des surprises, depuis les Européennes,
01:09:58avec cette dissolution qui était aussi,
01:10:00avec cette dissolution qui était aussi une surprise.
01:10:03C'est cette résistance, encore une fois, des Français
01:10:07à l'idée que le Rassemblement national,
01:10:09qui puisse être dédiabolisé à tel point,
01:10:13normalisait absolument jusqu'au bout
01:10:15et donc considérait comme un parti comme un autre
01:10:18et donc intégré dans le jeu global,
01:10:20et avec cette tentative d'Éric Chottier
01:10:22de les embarquer, de venir avec eux,
01:10:24de faire une formation, encore une fois, normalisée.
01:10:27Ca a été une surprise.
01:10:29C'est-à-dire qu'effectivement,
01:10:30cette fondue des triangulaires
01:10:32et même des quelques quadrangulaires
01:10:34qu'il pouvait y avoir n'a pas seulement été l'objet...
01:10:37C'est une décision des partis,
01:10:39mais ça a été suivi par les Français.
01:10:41On craignait beaucoup qu'il y ait une abstention
01:10:44de ceux dans le bloc centriste ou le bloc central
01:10:47qui n'avaient plus de candidats, par exemple,
01:10:50plus de candidats de droite,
01:10:51plus de candidats, même sociodémocrates,
01:10:54pour t'y voter, s'abstiennent.
01:10:56On craignait qu'il y ait une baisse de la participation,
01:10:59soit, finalement, le signe que leur Assemblée nationale
01:11:02pouvait être servie.
01:11:03Et c'est le contraire...
01:11:05Et c'est le contraire qui s'est passé.
01:11:07On peut dire les choses comme ça ?
01:11:09On est au coeur du problème, au coeur du sujet.
01:11:11Il y a eu une erreur collective,
01:11:13il ne s'agit pas d'accabler les sondeurs,
01:11:16des observateurs, souvent des journalistes, d'ailleurs,
01:11:19et au premier chef des acteurs politiques,
01:11:21qui répètent depuis des années
01:11:23que la fameuse stratégie de dédiabolisation
01:11:26mise en avant par Marine Le Pen,
01:11:28qui a inventé ce terme, comme si le RN,
01:11:30ou le FN, dédiabolisait de l'extérieur,
01:11:32fonctionnait.
01:11:33Preuve est faite que non.
01:11:35C'est-à-dire qu'au moment où l'extrême-droite
01:11:38est au port du pouvoir,
01:11:39les électeurs se mobilisent massivement
01:11:42et des électeurs de droite ou du centre
01:11:44votent pour le nouveau Front populaire
01:11:46pour y faire barrage, des électeurs de gauche
01:11:49votent au centre et même à droite
01:11:51pour faire barrage à l'extrême-droite.
01:11:53On a vu des électeurs insoumis se rendre aux urnes
01:11:56d'Elisabeth Borne, ça veut dire quelque chose.
01:11:58Ca démontre qu'on s'est fait intoxiquer
01:12:00par ce discours, encore une fois, du RN.
01:12:03Qu'est-ce qui diabolise, pour reprendre ce terme,
01:12:05le RN ? C'est d'abord son programme,
01:12:07qu'on a vu apparaître pendant la campagne,
01:12:10y compris la question des binationalités,
01:12:12c'est-à-dire de supprimer un certain nombre de droits
01:12:15à certains binationaux,
01:12:17dans le programme de l'extrême-droite
01:12:19depuis Charles Maurras.
01:12:20Le RN a beau modifier à la marge...
01:12:22Au nom de la préférence nationale, allons jusqu'au bout.
01:12:25C'est le principe même, non ?
01:12:27La préférence nationale, c'est autre chose.
01:12:29Il y a des Français qui sont vraiment français,
01:12:32d'autres qui ne le seraient pas, aux yeux du RN.
01:12:35Depuis Joseph De Mestre, c'est une ligne continue.
01:12:38À mesure qu'il approche du pouvoir,
01:12:40le RN biffe, corrige, etc.
01:12:41Jusqu'en 2022, c'était l'interdiction
01:12:43de la binationalité. Au mois de janvier dernier,
01:12:46c'était l'interdiction de la fonction publique
01:12:48pour les binationaux. Pendant la campagne,
01:12:51il y a eu quelques postes stratégiques.
01:12:53Ca réveillait la nature idéologique du RN.
01:12:55Là, on le voyait très clairement.
01:12:57Il y a eu les CV des candidats,
01:12:59un grand nombre de candidats.
01:13:00On a vu les déclarations homophobes.
01:13:02-"Brebis galeuse", c'est le terme
01:13:04utilisé par Jordan Barreda.
01:13:06Il y avait un troupeau. On s'en aperçut.
01:13:08Lorsqu'on commence à s'intéresser
01:13:10au CV ou au programme du RN,
01:13:12on s'aperçoit que, sur le fond,
01:13:14ça reste un parti d'extrême-droite.
01:13:16Dès lors, ce qui nous a surpris,
01:13:18et là, on peut battre notre coup,
01:13:19c'est que l'électorat reste profondément hostile
01:13:22à l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir
01:13:25et qu'il y a une forme de sursaut dans les urnes.
01:13:27Reste à savoir si les dirigeants, si les chefs de partis
01:13:30seront à la hauteur des électeurs,
01:13:32qui, eux, ont su faire fi de leurs attaches partisanes
01:13:35et de leurs préférences pour faire barrage à ce moment-là.
01:13:39Je dirais, cependant,
01:13:40qu'effectivement, les Français ont fait barrage,
01:13:44mais je pense, tout de même,
01:13:46que c'est plus que...
01:13:48Le fond idéologique, il est là, un fond de cuve, évidemment,
01:13:52mais il y a une colère.
01:13:53Et cette colère, ça n'est pas que...
01:13:55Il y a un vote d'adhésion, mais il y a cette colère.
01:13:58Cette colère n'est pas résolue par ce vote.
01:14:00Il y a 10 millions de Français qui ont voté pour le RN.
01:14:03Y compris un vote d'adhésion.
01:14:05Ce vote d'adhésion, il est toujours là,
01:14:07il est toujours présent, et je pense que cette élection,
01:14:10qui a mis un projecteur assez violent...
01:14:13Il est même de plus en plus présent.
01:14:15Et ce projecteur qui a été posé sur ce parti
01:14:17et la faiblesse de son personnel politique,
01:14:19je pense que là, la meilleure chose qu'ils vont avoir à faire,
01:14:23c'est de renforcer leurs équipes, de trouver...
01:14:25Ca fait 30 ans qu'ils le disent.
01:14:27Bien entendu, mais il n'empêche qu'ils n'ont jamais été
01:14:30aussi nombreux qu'aujourd'hui.
01:14:32Je parle des dirigeants, pas des électeurs.
01:14:35Il ne faut pas faire l'erreur de penser que le RN,
01:14:38parce qu'en effet, par rapport aux projections
01:14:40et ce qui est projeté sur le second tour,
01:14:43il faut pas faire l'erreur de penser
01:14:45que le RN a perdu ses élections.
01:14:47Si vous prenez le résultat des européennes et du premier tour,
01:14:50il fait une percée nette dans des électorats
01:14:53totalement imperméables.
01:14:54La panique de Ciotti et de son entourage.
01:14:57D'habitude, on disait qu'il y avait toujours deux droites.
01:15:00Il y a une droite classe populaire non diplômée,
01:15:03elle vote RN, une droite CSP+, retraitée, elle vote LR.
01:15:06Aujourd'hui, ils ont conquis cet électorat.
01:15:08Il y a une porosité.
01:15:10Demain, c'est le parti le plus riche de France.
01:15:13Ils ont de l'argent.
01:15:14Ils multiplient leurs attaches parlementaires
01:15:17comme ils multiplient leurs députés.
01:15:19La clarification, c'est peut-être aussi
01:15:22la porosité sociologique dont vous parlez,
01:15:24la porosité économique qui semble s'installer.
01:15:27Je l'évoquais, la question.
01:15:29Vous avez un électeur sur deux de LR
01:15:31qui avait le choix entre le NFP et le RN,
01:15:33qui a choisi le RN.
01:15:34Vous voyez que là-dessus, il y a une porosité.
01:15:37Il y a en effet une montée en gamme.
01:15:39Il faut y revenir.
01:15:40Vous ne passez pas de 89 à 140 sans que ça ait des conséquences.
01:15:44Vous avez des députés, des attaches parlementaires.
01:15:46C'est des gens que vous pouvez former,
01:15:49que vous pouvez parachuter.
01:15:50Des gens avec une casquette de la Louvre de Vafeu
01:15:53qu'on va chercher nulle part, demain, c'est potentiellement fini
01:15:57si le parti s'est bien organisé.
01:15:59Il y aura toujours ce discours fondamentalement raciste
01:16:02avec les pays nationaux consacrés à certains...
01:16:05Je ne parle pas du programme, évidemment.
01:16:07Le problème n'est pas le programme.
01:16:09Le problème, c'est l'amateurisme, aujourd'hui, du RN,
01:16:12qui, à terme, est conjuré par tout ça,
01:16:15par cette montée en gamme en termes de moyens, etc.,
01:16:19et avec une vraie porosité électorale
01:16:21qui fait que demain, ce Front républicain,
01:16:23qui a beaucoup moins marché aujourd'hui que Naguère,
01:16:267 députés, 89, 140,
01:16:28ça ne peut pas être une défaite malgré tout sa fond.
01:16:31La surprise, si on revient au sujet du documentaire,
01:16:33entre le début et la fin de cette campagne,
01:16:36c'est le second tour.
01:16:37Au soir des élections européennes,
01:16:39tout le monde pensait que c'était un boulevard.
01:16:41Le RN progresse est indéniable,
01:16:43il gagne des électeurs dans toutes les couches de la population
01:16:47et ça renvoie à un certain nombre d'attentes.
01:16:49Un vote d'adhésion, c'est indéniable.
01:16:51Il ne faut pas se leurrer là-dessus.
01:16:53C'est aux adversaires politiques du RN
01:16:55d'essayer de répondre aux attentes qui nourrissent ce vote.
01:16:59Mais la grosse surprise de ce scrutin,
01:17:01c'est la réaction. Depuis des années,
01:17:03on explique que le RN est devenu un parti banal.
01:17:06Certaines rédactions s'interrogent
01:17:07s'il faut le qualifier d'extrêmement râteur.
01:17:10Il faut voir ce qui le distingue sur ses questions identitaires.
01:17:13Le programme économique du RN...
01:17:15Et l'avis du Conseil d'Etat, sur le sujet.
01:17:18Il est accessoire.
01:17:19Le programme économique et social du RN change tous les 15 jours.
01:17:22Ils le savent très bien.
01:17:24Il est accessoire pour l'essentiel,
01:17:26c'est la conception de l'identité et de la nation.
01:17:28Ca fait du RN un parti différent.
01:17:30Il n'empêche pas de séduire de plus en plus.
01:17:33Mais ce qui a surpris, me semble-t-il,
01:17:35notamment entre le 1er et le 2d tour,
01:17:37c'est l'ampleur de la réaction,
01:17:39alors qu'on pensait que ce parti était devenu banal
01:17:41ou ordinaire aux yeux d'une majorité française.
01:17:44Si je peux me permettre,
01:17:45puisqu'on a battu la coulpe des journalistes
01:17:48pour des erreurs de prévision,
01:17:49je pense qu'on peut aussi dire que la presse régionale,
01:17:53et ça a été dit, mais c'est toujours bon de le redire,
01:17:55a joué un vrai rôle d'éclairage sur l'identité
01:17:58et la personnalité de chacun de ces candidats.
01:18:01Je pense que les Français ont réalisé, quand même,
01:18:03grâce à cette presse, je pense à France Bleu,
01:18:06à France 3 Régionale,
01:18:07que ces candidats étaient très faibles.
01:18:09Je pense que les Français avaient peur
01:18:12d'opposer au pouvoir un parti aussi faible
01:18:14alors que nous sommes dans une situation internationale
01:18:17extrêmement difficile.
01:18:18Voilà donc ce qu'ont été les résultats
01:18:21de ces élections législatives à l'UCI du 2d tour.
01:18:24Voyez, cette fois, cet hémicycle,
01:18:27avec donc aucune majorité claire,
01:18:32qui se dégage, évidemment.
01:18:34Toutes les discussions, depuis quatre jours,
01:18:36portent sur ce sujet.
01:18:38Il n'y a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale.
01:18:41Le bloc majoritaire n'existe pas
01:18:43et c'est un des piliers de la Ve République.
01:18:45Combien de fois nous a-t-on expliqué,
01:18:47dans les cours de sciences politiques,
01:18:49que la Ve était le garant d'un bipartisme,
01:18:52grâce à son mode de scrutin,
01:18:54que nous avons évoqué ensemble, notamment,
01:18:56et puis on se rend compte que, depuis 2022,
01:18:59c'est plus le cas, il y a trois blocs.
01:19:01Il y a trois blocs et, avec cet hémicycle
01:19:04que nous avons sous les yeux,
01:19:06mathématiquement, c'est ingouvernable.
01:19:09-"Mathématiquement", c'est ingouvernable.
01:19:12Je me pose une question.
01:19:13Est-ce que c'est pas la nature du régime
01:19:15qui est en train d'être mis en cause ?
01:19:17Est-ce que cette fameuse Ve République,
01:19:20qui en a vu d'autres,
01:19:21n'est pas en train de connaître ses limites
01:19:23avec la situation qu'on connaît aujourd'hui ?
01:19:26Je ne suis pas un aficionado
01:19:28de la construction de la Ve République.
01:19:30J'ai cité mon dernier livre sur la réforme des institutions,
01:19:33donc je n'ai aucun tabou sur le sujet.
01:19:35Je ne crois pas que ce soit...
01:19:37Vous les balayez toutes, la première,
01:19:39qui a duré très peu, la troisième, la quatrième,
01:19:42puis enfin la cinquième.
01:19:43Je ne crois pas que ce soit un problème institutionnel.
01:19:46Debré et De Gaulle écrivent la Constitution,
01:19:50aidées, évidemment, en 1958.
01:19:53Il n'y a pas de majorité absolue dans ce pays avant 1962.
01:19:56Le scrutin majoritaire à deux tours,
01:19:58c'est le scrutin de la Troisième République.
01:20:00Ca ne donne jamais de majorité absolue.
01:20:03Notre Constitution a été faite, pensée, écrite
01:20:05pour la situation qu'on a connue de 2022 à 2024.
01:20:08Une majorité relative, avec des groupes qui s'abstiennent,
01:20:11et on arrive à faire passer les choses.
01:20:14C'est pour ça qu'on a créé le 49 à l'inatroite.
01:20:16Ce qu'on ne sait pas faire, en revanche,
01:20:19c'est gouverner sur une minorité de l'Assemblée.
01:20:21Gouverner quand, en fait, vous avez un centre et deux pôles.
01:20:25C'est intéressant de revenir à la quatrième.
01:20:27Qu'est-ce qui tue la quatrième ?
01:20:29Ce qui tue la quatrième...
01:20:30C'est pas tant les institutions de la Quatrième République,
01:20:34on les diabolise, parce que les gaullistes les ont diabolisés.
01:20:37La Constitution de la Quatrième République
01:20:39est très commune à l'époque.
01:20:41C'est du parlementarisme rationalisé de l'après-guerre.
01:20:44En Espagne, en Italie, en Allemagne,
01:20:46vous avez 30 % de communistes.
01:20:48On peut pas s'allier avec eux, on est en pleine guerre froide.
01:20:52A partir de 1947, ils sortent du jeu des alliances.
01:20:54Ils sont contre le régime.
01:20:56Donc, vous gouvernez entre parties dits de gouvernement au centre,
01:21:00avec une SFIO qui, à l'époque, n'a pas tout à fait renoncé
01:21:03à la collectivisation des moyens de production,
01:21:05et une droite catholique conservatrice
01:21:08et des petits partis indisciplinés au milieu
01:21:10qui jouent la balance entre les deux.
01:21:12Ca ne tient pas, ça ne marche pas.
01:21:14Bilan de la Quatrième République,
01:21:16vous ne gouvernez pas contre 50 % de l'électorat
01:21:19et au moins un tiers de votre parlement.
01:21:21Ils peuvent pas rentrer dans une combinaison d'alliances.
01:21:24Arithmétiquement, vous devez avoir une combinaison
01:21:27qui va des communistes au LR.
01:21:29Ils n'ont pas intérêt, c'est bancal.
01:21:31Renaud Delis, dans votre chronique
01:21:33chez nos confrères de France Info,
01:21:35vous vous interrogiez aussi dans votre édito
01:21:38de ce mercredi 10 juillet.
01:21:39Le blocage politique peut-il virer à la crise institutionnelle ?
01:21:43C'est votre interrogation.
01:21:45Effectivement. La Quatrième République,
01:21:47si la chef, c'est la garde d'Algérie.
01:21:49C'est ça qui fait chuter le régime.
01:21:51On n'en est pas là, mais on a aujourd'hui un vrai problème
01:21:54qui pose en partie la question du mode de scrutin.
01:21:57Entendons-nous bien, c'est pas la seule,
01:21:59ça n'est qu'un outil.
01:22:01Les institutions ne sont que des outils.
01:22:03Ca dépend de comment les utilisent les gouvernants.
01:22:06Je pense que la question du mode de scrutin proportionnel
01:22:09ne changerait rien à la représentation de l'Assemblée.
01:22:12Certains disent, pourquoi instaurer la proportionnelle ?
01:22:15Ca aurait pu être une piste de réforme.
01:22:17Un hémicycle éclaté avec une représentation de l'ordre.
01:22:20On peut en voir, pendant que vous parlez, cet hémicycle.
01:22:23C'est ce qu'on voit chez nos partenaires,
01:22:26c'est que quand vous installez le mode de scrutin,
01:22:28lorsque vous êtes en campagne pendant des semaines ou des mois,
01:22:32cette campagne a été très brève, sans aucun doute,
01:22:34vous savez qu'il faudra vous entendre à l'arrivée,
01:22:37qu'il faudra des discussions entre différents groupes.
01:22:40En Allemagne, ça prend du temps.
01:22:42Ca prend des semaines, des mois,
01:22:44c'est ce qu'on est habitué en France
01:22:46avec les institutions de l'Assemblée.
01:22:48Ca prend du temps, mais vous le savez.
01:22:50Le mode de scrutin proportionnel incite à la discussion,
01:22:53incite à l'échange et à la recherche
01:22:55d'un compromis et d'une coalition,
01:22:57sans forcément que les électeurs savent, avant le scrutin,
01:23:00ce qui va se passer avant les dernières élections en Allemagne.
01:23:04On ne savait pas quelle coalition sortirait.
01:23:06La grosse coalition entre le SPD et la CDU,
01:23:09entre les sociodémocrates et la droite,
01:23:11c'est celle qui a vu le jour autour du SPD,
01:23:13des écologistes, des libéraux, etc.
01:23:15Je pense que le mode de scrutin est un outil
01:23:18qui peut permettre d'aller vers les discussions
01:23:20sans résoudre les problèmes,
01:23:22alors que le mode de scrutin majoritaire
01:23:24est un mode de scrutin qui clive, oppose
01:23:26et instaure une forme de climat de guerre civile.
01:23:29Là, on touche au bout dès lors que la tripartition
01:23:32fait éclater le fait majoritaire à l'Assemblée nationale.
01:23:35Il en reste une minute.
01:23:36Il y a eu cette lettre aux Français
01:23:38du chef de l'Etat, Emmanuel Macron,
01:23:41ce mercredi 10 juillet.
01:23:42On a gardé juste cet extrait.
01:23:44Je vous le lis.
01:23:45Ce que les Français ont choisi par les urnes,
01:23:48le Front républicain, les forces politiques
01:23:51doivent le concrétiser par leurs actes.
01:23:53Est-ce que c'est un bon diagnostic, livré ici
01:23:55par le chef de l'Etat à travers cette lettre aux Français ?
01:23:59Il se pose un peu en hauteur.
01:24:00Il dit que personne n'a gagné,
01:24:02ce qui est à la fois vrai, à la fois faux.
01:24:04Ce qui est sûr, c'est que lui, il a perdu.
01:24:07Bien entendu, il a perdu, mais il fait comme s'il avait gagné.
01:24:10C'est aussi ce vocabulaire de bloc central ou centriste,
01:24:13comme si c'était au centre le plus important.
01:24:16Ce n'est pas le cas, c'est un bloc comme les autres,
01:24:19ils ont même beaucoup perdu de parlementaires
01:24:22par rapport aux autres.
01:24:23Personne n'a peut-être gagné, mais certains ont plus.
01:24:26En l'occurrence, ceux qui sont en tête,
01:24:28c'est le nouveau Front populaire.
01:24:30Ils sont en tête de peu, ils n'arrivent peut-être pas à s'entendre,
01:24:34mais ils sont là.
01:24:35Pour le chef de l'Etat, de jouer à cette distance-là,
01:24:39se mettre des horloges, finalement, à distance de la réalité,
01:24:43dans sa réalité à lui, le risque, justement...
01:24:45On parlait de guerre civile, je n'irai peut-être pas jusque-là,
01:24:49mais il y a des éléments perturbateurs
01:24:51à l'extérieur de notre pays qui ne demandent pas mieux
01:24:54de venir un peu mettre, continuer à diviser.
01:24:57Il y a eu aussi des appels à marcher vers Matignon.
01:25:00Moi, je crains, je propose, je pense
01:25:03qu'il faut laisser les choses en l'état,
01:25:05c'est-à-dire permettre à ceux qui sont arrivés en tête
01:25:08d'essayer, quitte à être ensuite déstabilisés.
01:25:11Les jours qui viennent vont nous dire
01:25:13ce qu'il en sera ici, du côté de l'Assemblée nationale,
01:25:16avec une date importante, le 18 juillet prochain.
01:25:21C'est la semaine prochaine.
01:25:22La composition des groupes politiques
01:25:24au sein de cette Assemblée, peut-être qu'on verra plus clair.
01:25:28En tout cas, un grand merci à tous d'avoir participé
01:25:31à ce débat d'aujourd'hui.
01:25:32Après ce documentaire signé Céline Crespi,
01:25:36qui vous a remis en mémoire ce qu'a été
01:25:39cette folle campagne des législatives
01:25:41et de ses conséquences, ici, à l'Assemblée nationale.
01:25:46Merci à Félicité Gavalda et à Emma Kempf
01:25:49pour m'avoir aidée à préparer cette émission.
01:25:52Prochain rendez-vous avec Débat.doc,
01:25:55ça sera, bien sûr, ici, même place, même heure,
01:25:57toujours avec son documentaire et son débat.
01:26:00A très bientôt.
01:26:02SOUS-TITRAGE ST' 501