Elections législatives 2024 : quels sont les scénarios possibles maintenant ?
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00:00Ça y est, on connaît les résultats des élections législatives
00:03et la composition de l'Assemblée nationale.
00:05En gros, le nouveau Front populaire, qui est l'Alliance de gauche,
00:08arrive en tête avec 182 sièges.
00:10Vient ensuite la majorité présidentielle et ses alliés,
00:14ensemble avec 163 sièges.
00:16Et enfin, le Rassemblement national et ses alliés également,
00:19avec 143 sièges.
00:21Mais la question que tu te poses peut-être, c'est
00:23et maintenant, que va-t-il se passer ?
00:26En effet, la gauche est certes arrivée en tête,
00:28mais elle est très loin de la majorité absolue,
00:30qui est fixée à 289 sièges.
00:33Le problème, c'est que sans cette majorité claire,
00:35ça devient très compliqué de gouverner à l'Assemblée nationale.
00:39À commencer par la première étape,
00:40qui devrait arriver d'ici quelques jours ou quelques semaines,
00:43à savoir nommer un Premier ministre et son gouvernement.
00:46Comment l'Union du Front populaire pourra gouverner ?
00:48Est-ce qu'elle va réussir à former une coalition ?
00:51Sinon, est-ce qu'elle peut gouverner sans coalition ?
00:53Ça fait beaucoup d'interrogations,
00:55mais nous avons interrogé pour vous des experts
00:57qui répondent à toutes ces questions.
01:01Le président de la République, c'est celui qui nomme le Premier ministre.
01:05Ça, c'est dans ses prérogatives propres,
01:07c'est son pouvoir de plein droit.
01:09En soi, il pourrait nommer même n'importe qui.
01:11S'il voulait même nommer Jordan Bardella,
01:12imaginons, il pourrait très bien le faire.
01:14Parce que c'est son droit, il n'est obligé de rien.
01:17Cela dit, il est quand même obligé de prendre en compte
01:20de l'État, des forces politiques en présence à l'Assemblée nationale
01:24pour constituer un gouvernement.
01:27En fait, on a déjà connu ce type de cohabitation.
01:30Déjà, entre 1986 et 1988, avec le président de gauche François Mitterrand
01:34et son Premier ministre de droite Jacques Chirac.
01:37Puis à nouveau, entre 1993 et 1995, avec François Mitterrand et Édouard Balladur.
01:43Et enfin, de 1997 à 2002, avec Jacques Chirac, alors devenu président,
01:48et son Premier ministre de gauche, Lionel Jospin.
01:51Dans ces trois cas de figure, toujours la même réponse,
01:53le président a choisi le leader du groupe majoritaire à l'Assemblée
01:57comme Premier ministre.
01:58En l'état actuel des choses,
02:00ça semblerait plus logique que le président de la République
02:03accepte la proposition formulée par le Nouveau Front Populaire
02:08dans l'idée où Emmanuel Macron et la majorité présidentielle,
02:12enfin le camp présidentiel, pardon, a perdu des cartes en main,
02:16a perdu des plumes.
02:17Donc il n'est plus dans un rapport de force de proposer,
02:21mais seulement d'accepter une nomination.
02:23Je pense que la balle est dans le camp du Nouveau Front Populaire
02:26qui va devoir trouver consensus au sein de ce bloc électoral de gauche
02:31pour faire dégager une candidature.
02:33En définitive, ce qu'il faut éviter à tout prix pour la coalition de gauche,
02:38le Nouveau Front Populaire, c'est d'éviter une motion de censure.
02:41Pour rappel, une motion de censure peut entraîner la démission du gouvernement
02:45si elle est adoptée par la majorité de l'Assemblée nationale,
02:47c'est-à-dire 289 députés.
02:50À partir du moment où vous êtes nommé par le président de la République
02:53en tant que Premier ministre et que le gouvernement a été nommé,
02:57vous êtes en capacité, vous avez juridiquement, légalement le droit
03:01d'exercer les fonctions gouvernementales,
03:04tant que vous n'êtes pas renversé par une motion de censure.
03:07Bon, dit comme ça, ça a l'air simple, mais en fait c'est un peu plus compliqué.
03:11En termes de vie politique, le fait de gouverner avec une majorité relative
03:15complique pas mal l'adoption des lois.
03:17Tout l'enjeu, c'est de ne pas avoir de majorité alternative en face de soi
03:22qui puisse voter une motion de censure.
03:24Et du coup, ça veut dire que la fabrique de la loi va devoir passer
03:27par chercher des majorités texte par texte.
03:31Ce n'est pas un cas de figure qui est complètement nouveau.
03:34Si on regarde les deux dernières années qu'on vient de passer,
03:36c'est exactement la situation dans laquelle était la coalition présidentielle,
03:40c'est-à-dire en situation de majorité relative,
03:44devoir aller chercher des alliés texte après texte
03:47pour pouvoir les construire et les voter.
03:50Dans les faits, il existe en fait des moyens de faire passer les lois
03:53sans qu'elles soient adoptées à l'Assemblée nationale.
03:56On pense par exemple au fameux 49-3 qui a permis au gouvernement d'Elisabeth Borne
04:00de faire adopter plusieurs lois sans avoir eu la majorité à l'Assemblée nationale.
04:04Et ce n'est pas la seule solution.
04:07La mesure sur l'indemnisation de l'assurance chômage,
04:12celui-ci suffit juste que ce soit un décret passé par le gouvernement
04:16pour que la réforme soit suspendue.
04:18Donc ça, c'est une des premières mesures qui est possible.
04:21Il y a des mesures possibles sur les décrets sur le blocage des prix.
04:26Ça, c'est parfaitement possible.
04:27Et ça, c'est ce qui avait été prévu dans le programme du nouveau Front populaire
04:30d'ici les 15 premiers jours.
04:32Vous pouvez passer en décret une réindexation du salaire minimum,
04:36du SMIC également.
04:37Il y a toute une liste délimitée dans la Constitution
04:41pour définir ce qui est du ressort du décret.
04:43Là-dessus, c'est possible.
04:45Et de manière générale, selon plusieurs experts,
04:47cette tripartition de l'Assemblée nationale
04:49et l'émergence de cette majorité relative
04:52pourraient aussi renforcer le rôle de l'institution parlementaire.
04:55D'une certaine manière, on va devoir apprendre à nouveau
05:00à vivre dans un fonctionnement de démocratie parlementaire.
05:03C'est-à-dire que l'épicentre du pouvoir politique
05:06qui est d'habitude plutôt du côté de l'Élysée
05:09dans un fonctionnement classique tel que nos institutions
05:12de la Ve République le prévoient,
05:14c'est-à-dire que le président de la République a une majorité
05:17et donc déroule son programme.
05:20Là, on a une configuration plus de reparlementarisation
05:23de la vie politique.
05:25Et donc, l'épicentre du pouvoir se déplace du palais de l'Élysée
05:28au palais de Matignon et au palais Bourbon.
05:31Et c'est d'une certaine manière l'Assemblée nationale
05:34qui redevient véritablement le cœur battant
05:38de notre vie démocratique.
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