Attaques au couteau : qui sont les auteurs et victimes ?

  • il y a 3 mois
Avec Jean-Pierre Colombiès, ancien commandant de police au sein de la PJ

Retrouvez Sud Radio vous explique à 7h45 du lundi au vendredi

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-07-11##

Category

🗞
News
Transcription
00:00Et on parle ce matin de ces attaques au couteau qui se multiplient en France. Hier à Marseille par exemple, un homme a été arrêté après avoir menacé des enfants avec deux couteaux.
00:13Une note de la police judiciaire de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, vient d'ailleurs de révéler le nombre d'homicides dans notre pays, notamment en Ile-de-France.
00:21Bonjour Jean-Pierre Colombiès. Vous êtes ancien commandant de police au sein de la PJ, la police judiciaire pendant 34 ans. Que nous dit donc cette note réalisée par vos anciens collègues ?
00:32Écoutez, le phénomène des attaques au couteau, ça révèle énormément de choses. D'abord techniquement, en termes de logistique, le couteau c'est l'arme létale la plus simple à se procurer.
00:42On en a tous dans nos tiroirs de cuisine, il n'y a pas de souci là-dessus. Ensuite, qu'est-ce qui motive des passages à l'acte de l'ordre de ceux que l'on observe ?
00:53Il y a des actes liés à la psychiatrie, c'est évident. On sait qu'il y a un déficit en matière de prise en charge psychiatrique dans ce pays.
01:00Il y a aussi une forme d'hystérisation de la société en ce moment, il ne faut pas le nier. Nous vivons aujourd'hui au sein d'une société qui ne va pas bien, qui est angoissée, qui a peur.
01:11Et ça se matérialise par des passages à l'acte d'agressivité envers l'autre, tout simplement.
01:16Donc c'est assez complexe parce qu'il n'y a pas un schéma type. Il y en a beaucoup, il y en a plusieurs. L'article du Parisien revient sur des attaques intrafamiliales.
01:25On sent bien qu'il y a une tension au sein de la cellule même de la société, de ce qui constitue la société.
01:31Ça a pris un petit peu ses racines durant le Covid où ce confinement au sein des familles a exacerbé les tensions.
01:39Les non-dits se sont révélés d'une certaine manière. Il y a aussi, tout simplement, les actes de délinquance.
01:46On voit bien que les jeunes délinquants, particulièrement les jeunes délinquants, n'ont plus de frein au passage à l'acte avec, comme je le disais précédemment, un outil, une arme qui est très facile à se procurer.
01:59Donc c'est un cocktail. Nous vivons en ce moment dans une société qui multiplie les cocktails qui sont de nature à provoquer ce genre d'agressions.
02:07Et les réponses à ça, on peut les envisager, mais ce ne seront pas des solutions à court terme. C'est impossible.
02:15On va en parler justement, Jean-Pierre Colombiès. Vous nous dites que les jeunes n'ont plus peur.
02:20Il n'y a pas assez de répressif ? C'est-à-dire que les jeunes, notamment les jeunes mineurs, peuvent se dire, de toute façon, je peux faire ce que je veux, je n'irai pas en prison, je ne serai pas assez jugé ?
02:31Comment vous expliquez cette monocrante ?
02:34Vous avez tout résumé, quasiment. Il y a plusieurs facteurs. Il y a l'explosion de la cellule familiale.
02:39On a tout fait pour judiciariser la vie intime.
02:44L'autorité paternelle, pour caricaturer le propos, mais l'autorité familiale, pour être plus global, a perdu son sens.
02:52Les jeunes adultes, les gamins, les adolescents se réfèrent à ce qu'ils voient sur les réseaux sociaux.
03:00Ils se gavent d'informations mainstream, en tout cas prédigérées. Il n'y a plus de réflexion.
03:06Et c'est couplé à une forme de narcissisme égocentrique de la toute puissance.
03:13Ces jeunes qui passent à l'acte n'ont pas conscience de l'autre.
03:17Ils n'ont pas conscience que ce qu'ils font, c'est juste interdit.
03:20Et comme vous l'avez dit, si on coupe ça, si on ajoute à ça, si on le surajoute à la perte de sens de la répression,
03:26de la pénalité judiciaire, c'est juste catastrophique.
03:30C'est-à-dire que ces gamins, ces jeunes, on le voit avec l'agression à Marseille d'un jeune de 15 ans qui a poignardé un sexagénaire
03:36qui demandait à sa copine d'enlever ses pieds du fauteuil, il n'a pas hésité à se lever et à le poignarder de plusieurs coups de couteau.
03:42C'est significatif, c'est symbolique, en fait, que ces gamins-là vivent dans la toute puissance.
03:46Et à partir du moment où vous interférez dans leur zone de vie privée, leur zone vitale d'une certaine manière,
03:51vous devenez l'ennemi à abattre.
03:53Quelle solution du coup maintenant Jean-Pierre Colombias ?
03:57Parce que c'est un fléau, j'ai l'impression, qui se multiplie, en tout cas qui est toujours aussi important, fort.
04:03Qu'est-ce qu'on fait ?
04:05Il faudrait reposer le problème à plat, arrêter de se regarder le nombril,
04:10avoir de véritables hommes d'Etat qui prennent le problème à bras-le-corps et qui posent des vraies solutions à long terme.
04:16Qu'on arrête la démagogie, qu'on arrête le propos victimaire, qu'on mette en place des dispositifs d'encadrement.
04:23On le sait, il n'y a pas assez de CER, de centres éducatifs renforcés, on en manque cruellement.
04:28On manque aussi cruellement de prisons, tout simplement, de places de prison.
04:32Parce qu'à un moment donné, il faut bien aller punir ces actes.
04:35Pour être dans l'excuse et la justification de quelque chose qui est juste criminel.
04:40Et c'est ça qui ne va pas.
04:42On a cassé le vivre-ensemble, ça signifie qu'il faut renforcer les systèmes éducatifs,
04:48mais pas faire le procès de l'école comme on est en train de le faire, ou le procès de la justice.
04:52C'est totalement hypocrite. L'école n'est pas là pour éduquer, elle est là pour enseigner.
04:56Il faut redonner du pouvoir à la famille, arrêter de culpabiliser des parents qui sanctionnent leurs enfants,
05:02et tout casser de la toute-puissance de ces gamins qui sont des criminels en puissance.
05:06Donc il y a toute une philosophie qui est à remettre en place, mais je vous avouerai que ça nécessiterait
05:10des gens qui aient une conscience de l'intérêt général et pas simplement d'un dogmatisme à court terme.
05:16Ou électoraliste, si vous voyez ce que je veux dire.
05:19Oui, puisque ce sont d'abord évidemment des mesures politiques, je ne vous sens pas très optimiste,
05:24en tout cas on verra, on va essayer de l'être évidemment, c'est toujours difficile dans ces cas-là,
05:29surtout quand on parle de victimes, mais on va essayer d'être optimiste et espérer qu'effectivement
05:34des décisions politiques soient prises dans le bon sens.
05:36Merci beaucoup Jean-Pierre Colombiès d'avoir été notre...
05:39Je ne suis pas disponible pour le poste de Premier ministre, je suis désolé.
05:43C'est noté, on transmettra peut-être à Emmanuel Macron.
05:46Merci beaucoup Jean-Pierre Colombiès, je rappelle que vous êtes ancien commandant de la police,
05:49au sein de la police judiciaire.
05:517h51, merci d'être avec nous en direct sur Sud Radio.
05:54Dans un instant, on va totalement changer de sujet, on va parler football avec Maurizio,
05:58on va revenir sur la finale de l'Euro et on va parler d'un certain Kylian Mbappé.
06:01A tout de suite.

Recommandations