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00:00Les épreuves de la vie, c'est toujours où on les prend de plein fouet
00:02et puis on est complètement accablé et à terre et on se dit on s'en sortira jamais.
00:06Moi je suis quelqu'un d'assez optimiste donc je me suis dit ok, il y a ça qui t'arrive.
00:10N'essaie pas de comprendre pourquoi ça t'arrive, le résultat c'est ça.
00:13Donc maintenant si t'as vraiment besoin de redanser
00:16et la danse était une nécessité pour moi dans ma vie,
00:18je me suis dit ok donc maintenant tu vas réfléchir, tu vas te poser
00:22et tu vas trouver une nouvelle façon de travailler et de danser.
00:24Assez rapidement, je crois que ça date pour être précise de ma médaille d'or
00:27que j'ai gagnée à Varna en 1992.
00:29J'ai eu des interviews, des journalistes qui m'ont demandé un petit peu de parler de mon parcours.
00:35Comme je ne voulais pas mentir, j'ai en effet, pas dénoncé
00:40mais parlé d'une certaine forme parfois de méchanceté qui était un peu superflue
00:45et qui représentait une époque dans laquelle j'ai grandi à l'école de danse.
00:48Donc c'est les années 80, c'est le siècle dernier.
00:51Et c'est vrai qu'à l'époque, la façon d'enseigner la danse dans cette école d'élite,
00:54c'était évidemment une grande rigueur.
00:56Et c'est vrai que je parlais de temps en temps de cette petite faille,
00:59ces petits pics parfois, adressés à des enfants, adressés à moi,
01:03qui était, je trouvais, un peu indissocié.
01:07Je ne comprenais pas l'intérêt en tous les cas.
01:09Il ne suffit pas d'être jolie pour être intéressante.
01:12Des petites phrases comme ça où tout d'un coup, quand on les entend à 11 ans,
01:15on se dit mais qu'est-ce que ça veut dire ?
01:16Parce qu'à 11 ans, je ne me posais pas la question de savoir si j'étais jolie ou pas
01:19ou intéressante ou pas d'ailleurs.
01:21Après, je sais que cette école-là a évidemment progressé,
01:25que le monde entier, que la société a progressé
01:27et qu'on ne parle plus aux enfants comme ça et on ne parle plus aux personnes comme ça.
01:31J'ai évidemment tout pardonné parce que j'ai réussi.
01:34Donc tout ça, c'est loin derrière moi.
01:36Donc ça m'a permis aussi de me détacher, presque avec humour,
01:40de toutes ces choses que j'ai vécues.
01:43Le souvenir le plus douloureux, je pense que c'est l'opération du genou.
01:47Il y a eu cette phrase de mon chirurgien et de plusieurs chirurgiens
01:51qui m'ont dit, suite à cette opération,
01:53si vous décidez de vous faire opérer, vous ne danserez plus.
01:55Donc voilà, c'est vrai que la douleur de ce genou qui m'a embêtée longtemps,
01:58c'est un petit coup de poignard à chaque jambe pliée.
02:03J'ai supporté longtemps, sans doute trop longtemps d'ailleurs,
02:06mais j'ai supporté longtemps et j'ai arrêté de danser sur une douleur.
02:10Donc ça, c'était avant l'opération, à partir du moment où vraiment je ne prenais aucun plaisir.
02:14Je pense que quand il n'y a plus de plaisir, il faut vraiment prendre des décisions.
02:17J'ai réussi à danser de nouveau et à danser différemment.
02:20Je pense que d'une certaine façon, ma carrière a été peut-être plus intéressante
02:24parce que le travail était plus sur mesure et qu'il y avait un vrai sens dans ma danse
02:28que j'ai découverte à partir de ce travail qui a été complètement nouveau.
02:32Je suis contente de voir, peut-être que je fais partie de ces danseuses
02:36qui ont fait évoluer le physique de la danseuse, en tous les cas à l'Opéra de Paris.
02:40Contente de remarquer que le corps de la danseuse classique a évolué,
02:46qu'aujourd'hui, n'importe quel corps peut danser de la danse classique.
02:50J'avais remarqué cette espèce de mode de danseuse extrêmement filiforme à l'époque, à l'Opéra de Paris.
02:56Donc pour le ballet classique, on envisageait et on imaginait ce cadre
03:00qu'on m'a imposé aussi aux danseuses de ma génération, à moi-même,
03:04ce cadre de danseuse extrêmement fine.
03:07Le moule qui existait dans les années 80 est complètement pareil, obsolète.
03:12Aujourd'hui, l'Opéra de Paris est riche de toutes ces différences
03:16et je suis très heureuse que tout ça évolue.
03:18Il y a mille façons d'arriver à ses rêves.
03:20Souvent, on vous montre un chemin un peu tout droit,
03:22mais il faut trouver sa façon de faire sur mesure.
03:25Et si votre façon de faire sur mesure, c'est de prendre les petits chemins comme ça sur le côté,
03:29il ne faut pas hésiter à les prendre.