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L'enquête du magazine Stratégies sur les «justiciers» à l'assaut des réseaux sociaux : Booba, Zoé Sagan, Aqababe...

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Transcription
00:00Le rappeur Booba a déjà dénoncé publiquement des dérives d'influenceurs sur ses réseaux
00:05en publiant des conversations privées.
00:07Le mois dernier, Zoé Sagan a pointé du doigt un célèbre animateur télé et le créateur
00:12de contenu Aqua Babe a lui diffusé des vidéos de violences conjugales d'un combattant
00:17de MMA envers sa conjointe.
00:19Ce qu'on voit ici, c'est que ces dénonciations sont publiées systématiquement par une personne
00:24publique, suivie entre 100 000 et plus d'un million d'abonnés sur les réseaux sociaux.
00:29A leur échelle, ces personnes se posent en pseudo-justiciers des réseaux sociaux, mais
00:34quelle est leur motivation première et comment réagir l'opinion publique ?
00:37Souvent, ces justiciers du web se positionnent plus comme des lanceurs d'alerte.
00:42Un lanceur d'alerte, on ne peut le croire que s'il n'a pas d'intérêt à lancer une
00:47alerte, s'il est désintéressé et ce qu'il est en train de dénoncer convient pour le
00:53bien public.
00:54On voit bien que c'est plus compliqué que ça, que la notion de lanceur d'alerte est
00:59un peu loin de la réalité de ce qu'ils font.
01:02Ensuite, ils prennent à partie l'opinion, c'est assez logique, ils essayent d'entraîner
01:06avec une opinion publique pour démontrer le préjudice qu'ils ont subi ou la réalité
01:12d'un mauvais comportement.
01:13Mais là encore, comme c'est une personne face à une autre personne, les choses sont
01:17complexes, d'autant que souvent, les preuves qui sont utilisées ne sont pas si claires
01:22que ça ou en tout cas pourraient faire l'objet d'une contestation, donc l'opinion publique
01:27est un peu gênée, c'est un peu compliqué.
01:29Mais pour certains d'entre eux, leurs dénonciations ont entraîné des poursuites judiciaires.
01:34C'est le cas notamment du rappeur Booba, mis en examen début octobre pour cyberharcèlement
01:39aggravé contre Magali Berda.
01:41Depuis près de deux ans, le rappeur dénonce des pratiques commerciales trompeuses de certains
01:45influenceurs et accuse en particulier Magali Berda, fondatrice de l'agent Shona Event.
01:51Ce type de dénonciation relève d'une certaine forme de liberté d'expression, mais qui trouve
01:58ses limites soit dans l'injure, soit dans la diffamation, soit dans la dénonciation
02:04calomnieuse.
02:05Pour la diffamation comme l'injure, il y a des peines pénales et évidemment, associé
02:11à ça, vous avez également des sanctions qui peuvent être de nature civile en dommage
02:16d'intérêt si en effet, ce qui a pu être dénoncé, s'avérait ne pas être véridique.
02:22Si c'est un contenu strictement privé, relevant de la correspondance privée, qui aurait été
02:28relayé sur les réseaux, dans ces groupes ou éventuellement en forum, eh bien c'est
02:33la même chose.
02:34On va considérer que la diffusion est publique et j'ajouterais même aggravée, puisqu'il
02:40y a potentiellement violation de la correspondance privée selon la manière dont finalement
02:45le contenu a pu être récupéré.
02:47Avec les nouveaux textes européens qui vont rentrer en vigueur progressivement, il suffira
02:52que le contenu soit considéré comme simplement illicite pour que le retrait soit effectif.
02:58Donc il n'est pas sûr que le contenu reste en ligne, les signalements vont être rendus
03:03de plus en plus faciles et pour ce faire, vous avez aussi des associations qu'on va
03:08appeler les « signaleurs de confiance » qui pourront relayer très rapidement ce type
03:13de signalement.
03:14Ces dénonciations publiques ont été prises très au sérieux par les politiques, dont
03:18les députés Stéphane Bourgetta et Arthur Delaporte, à l'origine de la loi sur les
03:22influenceurs, et sur les réseaux sociaux, ils ne s'en cachent pas.
03:26Bruno Le Maire, le ministre de l'économie, a même déclaré en mars dernier sur France
03:31Info, je cite, « Booba a raison de rappeler qu'il y a des dérives, qu'elles sont
03:36inacceptables. »
03:37Depuis le 3 juin dernier, la France est le premier pays à avoir voté une proposition
03:41de loi qui régule le secteur de l'influence marketing, et le timing n'est pas anodin.
03:46On ne peut pas forcément lier les deux, c'est-à-dire les affaires Booba & Co et
03:50la réalité de ces nouvelles réglementations, pour autant la temporalité nous dit que c'est
03:56pas si éloigné, et puis globalement on peut se dire que ça a influencé le contexte de
04:01réflexion sur cette loi et que très certainement les excès que l'on a pu constater depuis
04:07quelques temps ont fait que le législateur a dû se poser la question, c'est plutôt
04:11une bonne nouvelle de poser un cadre, quand on a un cadre on se sent beaucoup plus libre
04:16pour travailler.

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