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Transcription
00:00Une élection, on l'a dit, qui était suivie de très près à l'étranger depuis des semaines
00:05et les réactions depuis hier soir sont nombreuses.
00:07À Paris, l'enthousiasme, à Moscou la déception, à Kiev le soulagement de quoi être heureux,
00:12à Varsovie, a écrit Donald Tusk le Premier ministre polonais,
00:15même son cloche en Espagne, où Pedro Sánchez a fait un parallèle entre les élections françaises et britanniques.
00:22Bonjour Caroline de Camaray.
00:24Immense soulagement du côté des Européens, en tout cas ceux qui craignaient l'arrivée du RN en France.
00:30Oui voilà, c'est-à-dire que c'était un parti, le RN, qui pose un certain nombre de problèmes dans sa programmatique aux Européens.
00:39À commencer par le fait qu'ils voulaient peut-être revenir sur la contribution française à l'Union Européenne,
00:49ce qui évidemment est en rupture avec les traités et ce qui est très problématique.
00:54Il y a bien sûr dans ce parti aussi la volonté de détricoter un certain nombre de textes.
01:03Le pacte asile et migration de l'Union Européenne, la politique agricole commune
01:08et donc de revenir à une souveraineté nationale qui est excluante d'une Europe plus approfondie,
01:14ce qui pose évidemment problème puisque la France, ça n'est pas n'importe quel pays.
01:18Il peut y avoir un Orban en Hongrie, une Giorgia Meloni en Italie,
01:22mais ça ne constitue pas une minorité de blocage, alors que la France à elle toute seule constitue cette minorité de blocage.
01:28Vous avez cité Donald Tusk, qui est l'ancien président du Conseil, le premier ministre polonais,
01:33qui a remporté les élections il y a plus d'un an contre précisément une majorité ultra-conservative.
01:40Il souligne effectivement à Paris l'enthousiasme, à Moscou la déception, à Kiev le soulagement.
01:46Il souligne qu'effectivement, un rassemblement national au pouvoir, ça n'était plus la même politique étrangère non plus,
01:52ça n'était plus effectivement la même chose du tout pour les Européens.
01:57Et vous l'avez très bien souligné, effectivement, celui qui se réjouit particulièrement ce soir,
02:01c'est Pedro Sánchez, le social-démocrate qui dirige l'Espagne
02:07et qui considère que c'est une grande victoire pour la social-démocratie
02:12qui empêche en plus l'extrême droite d'accéder au pouvoir.
02:15Cela dit, il y a beaucoup d'inquiétude sur ce qui va se passer maintenant,
02:20effectivement à la une de la presse européenne,
02:22mais il y a en Europe beaucoup de régimes parlementaires où on est habitué à faire des coalitions après les élections.
02:29C'est le cas en Allemagne, c'est le cas en Italie, en Belgique.
02:31C'est plutôt le modèle le plus courant.
02:33Donc finalement, ça ne paraît pas peut-être insurmontable à nos partenaires
02:38qui ne comprennent pas toujours qu'en France, ce n'est pas le modèle dominant.
02:40Donc en France, c'est inédit.
02:42Si coalitions larges il y a, ce sera effectivement une première.
02:46Et ça, ça fragilise quand même un président qui va devoir avoir à priori un Premier ministre de cohabitation,
02:52plus ou moins éloigné de sa ligne politique.
02:55Mais ça, au niveau européen, pour la position de la France dans l'Europe, ça va compliquer les choses ?
02:59Ça complique toujours.
03:00Une cohabitation, on en a eu deux, effectivement.
03:04Il y a un modus operandi, mais c'était avec un président et un Premier ministre
03:09qui étaient de bord opposés, mais à peu près compatibles, notamment sur les affaires étrangères.
03:13C'est compliqué de sommer en sommet.
03:15C'est le président, par exemple, qui siège, mais le Premier ministre qui vient
03:19et qui s'assoit sur le rebord pour dire que tout est sous contrôle et correspond à son agenda à lui.
03:25C'est des problèmes institutionnels, effectivement.
03:27Il n'y a pas beaucoup, effectivement, dans une future coalition qu'on peut envisager
03:31de sujets importants de clivage, comme l'Ukraine, par exemple.
03:35Il y aurait eu, avec le Rassemblement national, une interrogation sur la poursuite de l'effort en direction de l'Ukraine.
03:41Mais là, ça ne serait pas le cas.
03:43Mais par contre, la trajectoire financière de la France, ça, ça pose des questions
03:48entre le Nouveau Front populaire et peut-être un président qui est, lui, du Parti centriste.
03:54Et puis, il y a la question des nominations, parce qu'il y a déjà une bataille qui était engagée
03:59à distance sur la nomination de Thierry Breton, que Emmanuel Macron, le président, a décidé d'annoncer
04:07avant même qu'un gouvernement soit constitué.
04:09Ce qui avait suscité la colère de Marine Le Pen, d'ailleurs.
04:11Ce qui avait suscité la colère de Marine Le Pen, parce qu'ils voulaient eux-mêmes désigner un président.
04:16Alors, est-ce qu'il faudra désigner un commissaire qui soit de la tendance du président
04:21ou de la tendance du Premier ministre de cohabitation ?
04:23Déjà, on voit que ça pose un certain nombre de questions.
04:25Marine Le Pen, Caroline, qui n'avait pas tout dit pendant cette campagne de ses intentions européennes ?
04:30Oui, alors, il se passe des choses assez intéressantes en coulisses.
04:32Et puis, c'est passé sous le tapis, mais peut-être volontairement, justement,
04:36puisqu'on s'aperçoit qu'au Parlement européen, il y a eu des grandes manœuvres.
04:40Et puis, on connaîtra sans doute à partir de cette semaine le nouveau visage et la composition des groupes politiques.
04:47Et ce qui s'est passé, c'est que le Premier ministre, Victor Orban, a raflé la mise, littéralement.
04:53C'est-à-dire que c'est le leader, effectivement, du Fidesz qui n'avait pas de groupe politique pour aller dans un groupe politique.
05:02C'était Marine Le Pen qui dirigeait un groupe Identité et Démocratie.
05:06Mais il a fait alliance avec le parti autrichien, le FPO, qui est ancien d'idée, donc qui est venu chez lui.
05:13La formation tchèque Hano, les Espagnols de Vox.
05:17Et puis, les Néerlandais du PVV ont aussi quitté Marine Le Pen pour aller dans sa direction.
05:21Le parti portugais Chega, etc.
05:23Bref, il a les sept partis nécessaires, les sept pays nécessaires.
05:27Et donc, Marine Le Pen est obligée maintenant de rentrer dans son groupe à lui, qui s'appelle les Patriotes.
05:33Et pourtant, elle a le plus grand nombre de députés, une trentaine contre une dizaine pour Victor Orban,
05:41qui profite d'ailleurs de sa présidence tournante de l'Union européenne pour être partout, tout le temps, alors qu'il n'en a pas les moyens institutionnels.
05:49Présidente tournante du Conseil de l'Union européenne, qui lui donne normalement aucun pouvoir supplémentaire en tant que tel.
05:55Donc, l'extrême droite avait caressé l'idée de se rassembler d'ailleurs dans un seul bloc,
06:01qui serait d'ailleurs une force politique très, très importante au Parlement, mais il n'a pas réussi.
06:06Il y a toujours deux blocs.
06:08Un qui est jugé plutôt fréquentable pour, par exemple, le Parti populaire européen,
06:12qui est dirigé par Georgia Meloni et ses députés.
06:15Puis l'autre, donc, Victor Orban et Marine Le Pen maintenant.
06:17Tous les deux autour de 80 députés européens.
06:21Ils vont d'ailleurs créer beaucoup de friction pour avoir des vice-présidences.
06:26C'est effectivement quelque chose qu'ils sont en train de négocier ardemment.
06:31Ils n'auront peut-être pas de possibilité de le faire dans le groupe Les Patriotes,
06:35parce qu'il y a toujours un cordon sanitaire contre, en particulier, le parti de Marine Le Pen.
06:40Mais ils vont réclamer des vice-présidentes pour la session du 16 juillet, qui va se dérouler donc à Strasbourg,
06:47constitutive du futur Parlement européen.
06:50Et puis c'était quand même, ce résultat des élections françaises,
06:53une assez mauvaise journée pour Georgia Meloni et Victor Orban,
06:56puisque, au niveau des chefs d'État et de gouvernement, je vous l'expliquais,
06:59ils n'obtiennent pas un allié supplémentaire en la personne d'un Premier ministre du Rassemblement national.
07:04Donc, en effet, ça leur donne moins de poids pour réclamer des top job, des vice-présidentes à la commission.
07:11Et ça aussi, il faut voir que ça a rebattu beaucoup les cartes du côté de l'extrême droite européenne,
07:18qui finalement est fragilisée par un scrutin national français.

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