• il y a 4 mois
Christophe Boutin, politologue et professeur des universités, analyse la politique française dans un climat de tensions : «La Ve République est un système très pragmatique, très malléable qui a survécu à de nombreuses crises et qui est capable de s’adapter à toutes les situations qui pourraient découler du vote aujourd'hui».

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Transcription
00:00Vous savez, et j'imagine que vous suivez attentivement ce qui peut se passer en France,
00:05on parle souvent du système scolaire qui s'effondre, de nos piliers petit à petit qui s'effondrent,
00:10la santé, la sécurité, et finalement, ce qui pouvait nous rassurer,
00:16c'est de se dire que nos institutions étaient solides.
00:19À travers ces élections, on parle beaucoup d'une crise politique,
00:22mais on se dit aussi peut-être que c'est bientôt la fin de la Ve République
00:27parce qu'on entre dans une crise de régime.
00:29Le constitutionnaliste que vous êtes, le professeur en droit public,
00:32s'inquiète également de cette situation ?
00:35Curieusement, non, je ne m'inquiète pas de cela.
00:38La Ve République est un système très pragmatique, très malléable,
00:42qui a survécu à de nombreuses crises et qui est capable de s'adapter, je crois,
00:47à toutes les situations qui pourraient découler du vote d'aujourd'hui.
00:51Cette Ve République a été malheureusement peut-être trop retouchée en 2008,
00:56lors des rémissions constitutionnelles,
00:58qui ont conduit à modifier un petit peu l'esprit du régime.
01:00Et d'ailleurs, nous en payons les conséquences avec l'impossibilité de dissolution,
01:05avec des éléments qu'on a connus d'ailleurs lors de la période 2022-2024,
01:10avec cette majorité relative,
01:11avec l'impossibilité de multiplier les 49.3 dans certains domaines.
01:15Bref, cette évolution, qui n'était pas nécessairement souhaitable,
01:20n'a cependant pas conduit à aboutir à une crise de régime.
01:23Les élections de ce soir n'aboutiront pas plus à une crise de régime, à mon avis.
01:27Je reçois beaucoup de messages, c'est un entretien absolument passionnant
01:30et je vous remercie parce que tout est clair avec vous.
01:34Pendant cet entre-deux-tours, il n'a plus été question des programmes,
01:38des batailles d'idées entre les hommes politiques,
01:42mais on a plus parlé des alliances, des coalitions, des désistements.
01:47Est-ce que c'est un fait, là aussi, inédit dans l'histoire de la Ve République,
01:50autant de désistements ?
01:52Et ces Français qui, au terme de ces désistements, se disent
01:55« Mais finalement, on est peut-être face à un déni de démocratie,
01:58on est obligé de choisir un camp auquel on n'avait pas adhéré lors du premier tour. »
02:04C'est, je dirais, toujours le cas.
02:06C'est peut-être plus visible ici parce qu'on a des désistements.
02:09Mais la question des reports de voix, désistement ou pas désistement,
02:12se pose de toute manière à chaque élection.
02:15À chaque élection législative, nous avons plusieurs camps qui s'affrontent
02:18et la question se pose au second tour pour ceux qui n'ont pas été retenus.
02:22Encore une fois, désistement ou pas désistement,
02:25la question se pose de savoir s'ils vont revenir voter d'abord,
02:29ce qui n'est pas toujours évident,
02:31et deuxièmement, s'ils vont apporter leur surfrage à l'un ou deux des candidats
02:35ou, pourquoi pas, revenir voter et voter blanc.
02:38Il n'est pas impossible qu'on ait une multiplication des votes blancs aujourd'hui.
02:41L'objectif de ces élections, c'était la grande clarification.
02:44Au final, on en sera peut-être dans un grand blocage,
02:46blocage historique, Christophe Boutin.
02:50Est-ce que ça peut amener à la démission du président de la République ?
02:53Et si, démission, il y a, que se passe-t-il ?
02:58Démission du président de la République,
02:59ça ne semble pas être ce qui est prévu, en tout cas, par l'hôte de l'Élysée actuellement.
03:04Mais pourquoi pas ? Il pourrait y avoir démission.
03:07S'il y a démission, à ce moment-là, on engagera naturellement une élection présidentielle.
03:12Et à la suite de l'élection présidentielle,
03:14ce qui est par contre assez étonnant peut-être,
03:17c'est que le nouveau président devra tenir compte de l'Assemblée qui vient d'être élue,
03:23puisqu'il n'y aura pas de possibilité de dissolution,
03:26y compris par ce nouveau président, avant le délai d'un an.
03:29Mais justement, et ça sera la dernière question,
03:31il y a une bataille de constitutionnalistes pour dire,
03:33si démission, il y a, le prochain président ou la prochaine présidente
03:38pourrait très bien dissoudre l'Assemblée nationale.
03:41– Vous êtes dans quel camp ? On n'y touche pas pendant un an ou on y touche ?
03:45– Je suis dans le camp de « on n'y touche pas pendant un an ».
03:47Le texte constitutionnel m'apparaît très clair en la matière.
03:50Je ne pense pas qu'il y ait de doute, malgré les espoirs de certains de mes très éminents collègues.
03:55– Eh bien écoute...

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