L'émission "Cap Sud Ouest" consacre un épisode à l'île d'Oléron, intitulé "L'île d'Oléron, intime et sauvage". Cet épisode met en lumière une facette moins connue de l'île, loin des activités touristiques habituelles. L'émission se concentre sur les espaces naturels riches et préservés de l'île, révélant son côté sauvage et intime. Elle offre aux téléspectateurs une perspective différente de cette destination populaire, en s'éloignant des zones touristiques pour explorer des aspects moins connus de l'île. L'île d'Oléron, deuxième plus grande île métropolitaine française après la Corse, possède une façade maritime importante. L'émission met probablement en valeur cette caractéristique, ainsi que la diversité de ses paysages et de son patrimoine naturel. Un des éléments mis en avant dans l'émission est le patrimoine maritime de l'île, notamment les écluses à poissons. Ces structures traditionnelles, témoins de l'histoire et de la culture locale, font partie intégrante du paysage côtier d'Oléron et illustrent le lien étroit entre les habitants et la mer.
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VoyagesTranscription
00:00Musique
00:17La pointe du bout du monde, le surnom donné à cet endroit, résonne comme une invitation au voyage.
00:24Chassiron avec son phare qui rappelle à quel point naviguer ici peut être dangereux
00:28l'extrémité nord de l'île d'Oléron.
00:31Avec ses deux côtes, l'une battue par l'océan et ses vagues parfois violentes,
00:36l'autre face au continent d'apparence plus calme,
00:39l'île offre une diversité d'ambiances et de paysages.
00:43Avec nos invités, vous allez découvrir un espace naturel riche et complexe
00:48en perpétuel mouvement à cause des vents et des marées mais aussi des activités humaines
00:53cap sur l'île d'Oléron, intime et sauvage.
00:58Musique
01:2935 km de long, 8 au plus large, l'île d'Oléron est après la Corse la deuxième plus grande île métropolitaine.
01:39Avec une telle façade maritime, on pourrait croire que les Oléronais sont avant tout des marins
01:44répondant depuis toujours à l'appel du large. Il n'en est rien.
01:48Car Oléron est une île de terriens qui ont savamment su utiliser les particularités
01:53de ce territoire à fleurs d'eau entre océans et continents.
01:58Julien Capmas, professeur de voile, est venu s'installer sur l'île pour profiter de l'Atlantique.
02:04Rapidement, il s'est d'ailleurs mis au stand-up paddle pour goûter autrement les vagues océanes.
02:09Mais depuis quelques années, c'est un autre terrain qu'il explore, une terre amphibie,
02:14un labyrinthe aquatique au milieu de l'île.
02:18Toi le marin, tu as eu la drôle d'idée de venir explorer cet endroit avec cet engin, le paddle board.
02:24Voilà, c'est un peu le hasard qui m'a amené là, en me promenant tout simplement.
02:29Par curiosité, j'ai découvert le site et je me suis aperçu que très vite, à pied, on était un petit peu limité.
02:35Alors j'ai essayé de prendre une planche à voile, une pagaie et je suis parti sur les chenots
02:40sans vraiment savoir où j'allais.
02:42En fait, c'est un super outil pour découvrir ce milieu parce qu'on est debout.
02:46Assis, c'est un petit peu frustrant. Tu as quand même envie de voir tout ce qu'il y a autour.
02:52Le paddle, c'est tellement rapide à l'apprentissage.
02:56Tu as dix petites minutes de mise en jambes, tu es un peu crispé.
03:00Puis ensuite, tout de suite, tu vas commencer à regarder le paysage.
03:03Donc un moyen de locomotion quasi hawaïen pour découvrir les Marais Saint-Onger, c'est ça ?
03:09Oui, exactement.
03:22C'est vrai que de notre point de vue, on ne voit pas les étendues d'eau.
03:25Mais en fait, c'est énorme. Il y a un tiers de l'île qui était recouverte de marais.
03:29Il n'y a rien de plus beau que la liaison de la mer et de la terre.
03:32Et là, on est en plein dedans.
03:34Donc le fait de savoir qu'il y a des crabes, des crevettes, des poissons et en même temps parfois des vaches qui viennent là sur les bords,
03:41c'est quand même incroyable.
03:43On est quand même sur un milieu qui a été complètement transformé par l'homme ici.
03:47Au départ, c'était un marais maritime. On ne pouvait pas en faire grand-chose.
03:51Donc la mer rentait régulièrement.
03:53Et à la fois, on s'est dit, on va exploiter le marais pour cultiver le sel.
03:59Ça, c'était dès le 9e siècle.
04:01Et puis après, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de marais.
04:04Donc on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de marais.
04:06Donc on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de marais.
04:11Ça, c'était dès le 9e siècle.
04:13Et en plus, en creusant le marais, on a mis la terre sur les bords, qu'on appelle les bosses,
04:18et on a pu commencer à faire de l'agriculture.
04:21Ça raconte une page de l'histoire importante de toute cette région, l'or blanc, le sel.
04:27Évidemment, on n'a plus conscience puisque tout ça a été abandonné.
04:31Mais dès le 9e siècle, ça a démarré pendant pratiquement 1000 ans.
04:35C'est l'histoire économique et sociale de l'île.
04:38Il y a au moins des plages, des touristes, et c'est là aussi Oléron.
04:42Oui, c'est bien de prendre conscience que c'est qu'une petite partie de l'histoire de l'île, le tourisme.
04:51C'était avant tout un pays de paysans, l'île d'Oléron.
04:58C'est beaucoup plus grand là, où est-ce qu'on se trouve ?
05:00Là, on se trouve sur le grand chemin de la Pérotine.
05:03C'est lui qui prend sa source à la mer
05:05et qui va abreuver plein de petits canons qui vont même ouvrir les marais salants.
05:11Là, si on va jusqu'au bout, on arrive où ?
05:13À Beaulliard-Ville.
05:14Donc, on arrive à la mer.
05:16Voilà.
05:17Ah, dis donc, là, on sent le vent !
05:19Tout d'un coup, c'est plus la même.
05:21Le vent est courant de face, c'est-à-dire que là, il faut engager le corps.
05:25Allez, on va passer carrément de l'autre côté pour faire moins d'efforts.
05:28Alors, on reconnaît le prof de voile, ici. Il lit le vent.
05:31Vite, vite, à l'abri !
05:35...
06:01Qu'est-ce que tu trouves, toi, dans ce marais, que tu trouves pas ailleurs ?
06:05Moi, au public, tout le monde dit la même chose.
06:08Ce qui est impressionnant, c'est la sérénité.
06:10Il y a quelque chose, un calme, une quiétude dans le marais qui est absolument incroyable.
06:16...
06:25Et là, avec la lumière du soir, c'est...
06:27C'est posé.
06:28Je sais pas, c'est cotonneux, c'est un moment de rêve, vraiment.
06:33Tu...
06:34T'es dans la nature.
06:36T'es pas à côté, t'es...
06:38Voilà.
06:39...
06:48Les Oléronés ont beau être historiquement avant tout des terriens, des agriculteurs, des éleveurs,
06:53ils n'allaient pas pour autant se priver d'une ressource alimentaire à portée de main, les poissons.
06:59Peu enclin à s'embarquer sur des navires pour affronter une mer réputée pour son caractère,
07:05ils ont développé un système particulièrement ingénieux, quasi unique en France, les écluses à poissons.
07:14Pour découvrir ce patrimoine, nous repartons au nord de l'île,
07:17juste à côté de la pointe de Chassiron, sur la commune de Saint-Denis d'Oléron.
07:26C'est loin de la côte, là.
07:27Bah, il faut marcher, oui, un quart d'heure, vingt minutes pour y accéder, déjà.
07:31C'est un premier effort.
07:32Tu la connais depuis combien de temps, toi, cette écluse ?
07:34Bon, là, évidemment, je suis natif de Saint-Denis, donc cette écluse, je la connais depuis toujours.
07:39J'ai accompagné mon grand-père, mon père, et puis voilà, maintenant, c'est mon tour.
07:46Les écluses à poissons, dont on retrouve trace dans les écrits seigneuriaux du Moyen Âge,
07:51vont se développer de façon spectaculaire à partir du XVIe siècle.
07:55On en trouve aussi sur l'île de Ré et à Noirmoutier, mais c'est à Oléron que la technique a prospéré.
08:01On en comptait plus de 230 à la fin du XIXe siècle.
08:05Aujourd'hui, il n'en reste plus que 17 en activité.
08:11Ah, c'est impressionnant !
08:12Ça fait quel diamètre ?
08:14400 mètres.
08:15Et donc, là, le terrain de pêche, alors ?
08:17400 mètres d'entretien du mur, et là, c'est le terrain de pêche.
08:20Donc là, on a le bouchot, le sécoule par là, évidemment,
08:25puisque le principe, c'est que l'eau, effectivement, puisse pratiquement entièrement s'en aller de l'écluse,
08:31que l'écluse puisse presque totalement se vider, pour qu'on puisse facilement attraper le poisson.
08:36Alors, le poisson, il vient d'où ? En fait, c'est quoi, le principe ?
08:39Voilà, le poisson arrive plutôt du large, bien sûr.
08:42Donc, il arrive, là, en l'occurrence, du nord, dans le kiosque.
08:45Il entre dans l'écluse, parce qu'il vient manger, essentiellement,
08:48et puis, à fur et à mesure que la mer descend, s'il s'attarde un petit peu trop à manger,
08:55à fouiller dans le sol, les petits crabes et les petits poissons,
08:58il va se retrouver prisonnier, quoi.
09:02Regarde, là.
09:03Deux.
09:04Deux mulets.
09:05Deux mulets, une orphie, voilà.
09:07Les mulets ne vont sans doute pas être faciles à attraper.
09:11En principe, ils ne se laissent pas faire.
09:16Voilà.
09:19Hop.
09:22Oui !
09:24Le principe, c'est ça, c'est de pouvoir attraper le poisson.
09:27Il est beau !
09:28Voilà, pas mal.
09:29Prenable.
09:33Magnifique.
09:49Voilà, donc là, tu as une orphie.
09:52Voilà.
09:53Ça se mange, ça ?
09:54Ça se mange, c'est pas très goûteux.
09:57Donc, moi, ce que je vais faire, là, c'est que je vais laisser repartir.
09:59Ouais.
10:00Tu vois ?
10:01Voilà.
10:05C'est beau, hein ?
10:06Mais ce qui est sympa, aussi, dans cette pêche, c'est de se dire,
10:09ben, moi, quoi, il y a du poisson, mais je le laisse,
10:12parce que, finalement, voilà, soit c'est une petite orphie,
10:15parce que, finalement, voilà, soit c'est une espèce qui ne m'intéresse pas,
10:19soit il est trop petit, soit j'en ai assez,
10:22et puis, ben, ce qu'il y a en trop, je le laisse.
10:25Ça va repartir et faire des petits à nouveau, quoi.
10:34Oh là, c'est une drôle de pêche, hein ?
10:36Qu'est-ce que vous êtes en train de faire avec Sylvain ?
10:39Voilà.
10:41Alors, on a ramené deux pierres, parce qu'on a une petite brèche.
10:44Il faut la réparer rapidement,
10:46parce que si on la répare pas rapidement,
10:48si la mer continue à être forte,
10:50en quelques jours, on peut avoir une brèche de 10 m.
10:53Donc, pour nous, 10 m, c'est la catastrophe,
10:56parce qu'ensuite, ça menace même l'existence de l'écluse.
10:59En fait, le mur, ça paraît impressionnant,
11:03mais en réalité, c'est très fragile.
11:07Construire un tel mur en pierre sèche,
11:09sensiblement capable de résister aux assauts des vagues,
11:12est un savoir-faire que Jean-Michel a appris de son père et de son grand-père.
11:16Mais ces écluses à poissons sont plus qu'un patrimoine bâti,
11:19c'est aussi un pan de la culture populaire.
11:22Depuis des siècles, l'organisation communautaire est la même.
11:26Cooptation, nombre limité de codétenteurs.
11:29La solidarité comme art de vivre.
11:33Qu'est-ce que tu trouves, ici ?
11:36J'ai presque envie de dire tout,
11:39c'est-à-dire l'humilité par rapport à la mer.
11:42L'impatience aussi, parce que parfois, on a des longues périodes sans pêcher.
11:46C'est un petit peu décourageant.
11:48Et l'esprit d'équipe, parce que c'est un esprit communautaire.
11:51Et ça, c'est très appréciable.
11:54Dans une société où on est de plus en plus nombreux,
11:57on a un esprit d'équipe,
11:59et ça, c'est très appréciable.
12:01Dans une société où on est de plus en plus livré à nous-mêmes,
12:04où tout est fait pour qu'on devienne de plus en plus individualiste,
12:07là, on doit compter les uns sur les autres.
12:10...
12:27Au fil de leur histoire,
12:29les Oléronés n'ont cessé de chercher à tirer profit de l'océan
12:33sans avoir à trop s'y aventurer.
12:37Avec sa centaine de chalutiers,
12:39la Cotinière est aujourd'hui le premier port de pêche
12:42de la Charente maritime.
12:44Mais jusqu'au XIXe siècle,
12:46ce n'était qu'un petit havre naturel d'aspect fort modeste
12:49avec une flottille d'une dizaine de chalots.
12:52Car c'est plutôt de l'autre côté, face au continent,
12:55que les activités maritimes se sont développées,
12:58dans le bassin de Marais-Noléron,
13:01en convertissant les marais salants abandonnés
13:04en clairs pour l'austériculture.
13:06Les Charentais ont fait de cette zone
13:08le premier bassin de commercialisation des huîtres en Europe
13:11et le plus important centre d'affinage.
13:14Mais il y va de l'austériculture comme de l'agriculture.
13:17Entre les grosses exploitations et les plus petites,
13:20il y a plus qu'une différence de taille.
13:24Nous sommes au coeur du petit village austricol de Fort Royer,
13:27un petit village qui est centenaire, maintenant.
13:30Tu dis petit village, ça signifie qu'on est
13:32sur une austriculture artisanale, traditionnelle ?
13:35Ancestrale, même, j'ai envie de dire,
13:37puisqu'en fait, ici, rien n'a changé,
13:39et c'est même aujourd'hui une grande fierté
13:41de pouvoir dire que tout se fait exactement comme avant,
13:44pas de machine dans ces cabanes, tout se fait à la main.
13:46Alors, nos huîtres, elles sont naturelles,
13:48c'est-à-dire qu'en fait, elles naissent naturellement en mer,
13:50ça aussi, c'est une grande fierté.
13:52Et puis, on les élève dans les parcs à huîtres
13:54exactement comme avant, on travaille la forme, la taille.
13:57Depuis 30 ans, Eveline se bat pour préserver Fort Royer,
14:00faire découvrir ce site exceptionnel
14:02qui est la porte d'entrée vers la réserve naturelle
14:05de Moise-Oléro.
14:09Waouh, je lève la tête, vu la...
14:12C'est carrément magique, ce qu'il y a devant nous.
14:16Eveline est l'une des rares à pouvoir emmener des gens
14:19découvrir cet endroit fragile.
14:21S'aventurer dans cette vasière exige respect
14:24et connaissance du terrain.
14:28Ça demande un savoir-faire particulier quand même
14:31pour se déplacer ici.
14:33Allez, on décolle le talon et on se fait léger.
14:40Ah oui, d'accord.
14:43Léger, c'est ça ?
14:45Léger. Et ce qu'il faut imaginer, c'est qu'autrefois,
14:47il faisait tout ça à sa bois de bois au pied.
14:58Ce qui est incroyable, c'est que moi,
15:00j'ai l'impression d'être dans un autre espace,
15:02un autre monde.
15:04On a passé une frontière, quoi.
15:06C'est un état de grâce, la marée basse,
15:08au niveau des vasières et même dans les parcs.
15:10Ça grouille de vie, là, dans toutes ces vasières.
15:12On a une faune qu'on ne soupçonne pas.
15:14C'est pour ça que les oiseaux sont fidèles à ces espaces.
15:16C'est-à-dire ça, par exemple, là, quoi ?
15:18Des coques, des petites coques.
15:20Des lavagnons, la sentinelle de la vasière.
15:22C'est quoi, un lavagnon ?
15:24Un petit lavagnon, ici.
15:26C'est un coquillage ?
15:28C'est un petit coquillage, un petit bivalve comestible.
15:30Ça va ?
15:32Oui, bien sûr.
15:34Quand il y en a, c'est que la zone est propre.
15:42C'est aussi une fleur particulière,
15:44parce que ces plantes-là,
15:46il faut qu'elles tiennent le coup
15:48avec de l'eau saumâtre, de l'eau salée.
15:50L'eau salée, à marée haute, elles sont carrément dans l'eau.
15:52Alors là, ce que tu as, ce sont des spartines.
15:54Ici, quand elles poussent quelque part,
15:56c'est que la vasière est condamnée.
15:58À un moment donné, elle va tout coloniser.
16:00Voilà.
16:02Et si tu regardes bien,
16:04entre les pieds de spartines,
16:06on va trouver des petits brins de salicorne.
16:08Et là, elle commence juste à repousser.
16:10Et du coup, ça, c'est un régal, la salicorne.
16:12Nos grands-parents mangeaient ça comme l'héricobeur.
16:14Aujourd'hui, on les met dans le vinaigre.
16:16C'est à la mode, la salicorne au vinaigre.
16:18Autrefois, c'était un légume qui se mangeait chaud.
16:20Je n'en ai jamais vu.
16:22Regarde.
16:28Et là, elle est toute tendre.
16:30C'est un régal.
16:32Juste un régal.
16:34Croque.
16:36Un petit bouillodé salé.
16:38C'est la 1re fois que j'en mange.
16:40J'adore ça.
16:42Je commande ça pour Noël.
16:44On retrouve le sable.
16:46Encore un autre espace.
16:48C'est incroyable.
16:50On a leurs traces.
16:52Des oiseaux.
16:54Il y a beaucoup d'oiseaux qui sont partis.
16:56Les oiseaux migrateurs sont repartis.
16:58Pour la majorité d'entre eux,
17:00on les retrouvera à partir du mois de septembre.
17:02Pour l'instant, la vasière,
17:04c'est un peu le désert, cette saison.
17:12La richesse de ce milieu
17:14y profite également aux ostréoculteurs de Faroyer.
17:16C'est certain qu'ici,
17:18si les hommes se sont installés,
17:20c'est parce que c'est un endroit extrêmement abrité.
17:22C'est un endroit
17:24où les huîtres grandissent bien.
17:26Ce sont des champs de paquets d'huîtres
17:28à perte de vue.
17:30Tu es sensible à l'histoire de l'ostréoculture.
17:32Tu penses souvent, j'ai l'impression,
17:34à ceux qui ont créé ces espaces.
17:36Bien sûr, parce qu'on leur doit tout.
17:38Quand les premiers sont arrivés là,
17:40il n'y avait rien.
17:42Une étendue de vase, c'est tout.
17:44Tout ce que les hommes savaient,
17:46par exemple, pourquoi les huîtres ici
17:48grandissent mieux qu'ailleurs,
17:50pourquoi les larves arrivent plus
17:52à un endroit qu'à un autre,
17:54nos anciens l'avaient remarqué.
17:56C'était des traditions ancestrales
17:58qui se transmettaient
18:00et que les scientifiques ont expliqué après,
18:02en expliquant les courants marins.
18:04Il y a des années où ça fonctionne très bien,
18:06des années où ça marche un peu moins bien.
18:08Ça ne fait rien.
18:10On est dépendant de la nature.
18:12C'est comme ça.
18:14À ma part, quand on les regarde travailler,
18:16il n'y a pas de machine.
18:18C'est fait encore à la main.
18:20C'est très physique.
18:22Ça travaille.
18:24Hervé, est-ce que vous pensez
18:26que les gens qui mangent des huîtres
18:28se doutent du boulot
18:30que c'est avant pour vous ?
18:32Pas du tout.
18:34Qu'est-ce qui fait que les huîtres de Marraine
18:36ont ce goût si particulier ?
18:38C'est une sphère de terroir.
18:40Sur le bassin Marraine-les-Ronds,
18:42le fait de les passer en clair
18:44donne ce goût spécifique à l'huître de Marraine-les-Ronds.
18:46C'est étonnant parce que le mot terroir,
18:48d'habitude, on l'associe au vin.
18:50Il y a quelque chose de similaire.
18:52Le sol joue aussi bien pour le vin
18:54que pour les huîtres.
18:56Quand vous êtes ici,
18:58il n'y a pas des fois où vous vous dites
19:00que vous aimeriez être ailleurs.
19:02On est bien ici.
19:04C'est vrai qu'on est pas mal.
19:06La patronne est un peu capricieuse.
19:08Est-ce que tu sais comment s'appellent
19:10les gens qui travaillent de ce côté-là
19:12de l'île d'Oléron, qui travaillent dans les parcs ?
19:14Pas toi.
19:16On dit que ce sont des chuvasoutes.
19:18Des chuvasoutes parce que c'est des gens
19:20qui ont toujours le derrière dans la vase.
19:22Tu as de la fierté à faire partager cet endroit.
19:24Bien sûr.
19:26Quand on est au cœur des parcs,
19:28la vie est suspendue.
19:30Juste le temps de la marée basse.
19:32C'est une course contre la montre,
19:34perdue d'avance parce qu'on n'a jamais
19:36un milieu de nulle part ici.
19:38Bien sûr, c'est les hommes qui ont façonné tout ça,
19:40mais on est très loin de la civilisation.
19:42Peu de gens aiment venir patauger dans la vase.
19:44Pourtant, qu'est-ce qu'on est bien ici.
19:46Tu sais quoi ? Tu m'as convaincue.
19:48Moi, je suis heureux dans la vase.
19:50Avec le soleil et tout.
19:58Nous mettons maintenant le cap
20:00vers le sud de l'île,
20:02dans cette partie que l'on surnomme
20:04l'île de la nature sauvage.
20:06Pour la découvrir,
20:08l'idéal est de prendre le petit train
20:10de Saint-Trojan, créé en 1963.
20:12Il relie la cité balnéaire
20:14aux plages de l'océan,
20:16avec sa voie tantôt au bord de l'eau,
20:18tantôt en forêt.
20:20Un voyage au cœur des paysages
20:22qui raconte la confrontation des hommes
20:24avec cet environnement si particulier.
20:26Cette grande forêt,
20:28gérée par l'ONF,
20:30a été plantée au XIXe siècle.
20:32Elle n'est pas naturelle.
20:34Ça signifie quoi ?
20:36Il n'y avait pas de forêt sur l'île d'Oléron ?
20:38Dès le Moyen-Âge, il y avait une forêt
20:40sur l'île d'Oléron.
20:42Elle colonisait l'arrière de la dune
20:44et était composée essentiellement
20:46de chaînes verts.
20:48Qu'est-ce qu'elle est devenue ?
20:50Comme les Oléronais étaient des agriculteurs,
20:52ils l'ont exploité pour la construction,
20:54pour le chauffage.
20:56Progressivement, elle a disparu.
20:58Les dunes ont commencé à se mettre en mouvement.
21:00Elles ont envahi progressivement
21:02les cultures, un certain nombre de villages,
21:04jusqu'au village de Saint-Trojan lui-même.
21:06À l'époque de Louis XIV,
21:08un ingénieur géographe passe ici
21:10et dit qu'il est passé à cheval
21:12là où était le clocher du village de Saint-Trojan.
21:14C'est-à-dire que l'église est encore sous le sable.
21:16Tout à fait.
21:18Une partie du village ancien
21:20se trouve sous les dunes aujourd'hui.
21:22En plantant cette forêt,
21:24les hommes ont su limiter
21:26l'envahissement des terres par le sable.
21:28Mais la nature n'est pas une machine
21:30facile à maîtriser.
21:32L'île de Léon est soumise,
21:34comme toute la façade atlantique,
21:36à l'érosion marine.
21:38C'est ici que le recul du trait de côte
21:40est le plus visible.
21:42Quel terminus !
21:44On est à quel endroit, Thierry ?
21:46C'est le terminus du petit temps de Saint-Trojan.
21:48On est à Montmusson.
21:50C'est très dynamique.
21:52On est sur une très grande plage.
21:54On est à la pointe sud de l'île de Léon.
21:56On est dans une zone
21:58où les rapports entre le sable
22:00et la mer sont très compliqués.
22:02La côte n'arrête pas de bouger.
22:04Ça recule à peu près de combien ?
22:06Depuis 30 ans, on considère
22:08que ça a reculé d'un kilomètre environ.
22:10La station terminus
22:12était un kilomètre plus loin dans la mer.
22:14C'est un phénomène récent, cette érosion ?
22:16C'est un phénomène très ancien.
22:18A l'époque de Louis XIV,
22:20elle était très en avant.
22:22En 1820, elle était très en arrière.
22:24En 1950, elle a à nouveau repris
22:26une place considérable
22:28puisque le train s'arrêtait un kilomètre plus loin.
22:30Elle est à nouveau en train de reculer.
22:32La côte ne recule pas toujours.
22:34Parfois, elle s'engresse à nouveau.
22:36Oui, tout à fait.
22:38C'est complètement le phénomène
22:40qu'il faut avoir en tête.
22:48Le prof d'histoire que tu es,
22:50quand il vient s'allonger
22:52sur sa serviette ici,
22:54j'imagine quand même
22:56qu'il y a des moments
22:58où il regarde cet espace
23:00en pensant à ce qui s'est déroulé
23:02il y a plusieurs siècles.
23:04Je pense immanquablement
23:06à cette zone comme une zone
23:08de naufrage extrêmement importante.
23:10La plage de Montmusson,
23:12il y a une étymologie particulière
23:14que tu connais peut-être.
23:16On était à proximité
23:18de l'entrée de la Gironde.
23:20Bordeaux était un port de commerce
23:22extrêmement important.
23:24La plupart des navires qui venaient
23:26d'Europe du Nord ou du Sud
23:28et qui voulaient entrer en Gironde,
23:30ils couraient le risque
23:32de s'échouer sur les sables de Montmusson.
23:34On voit encore des traces
23:36de naufrages le long de cette côte.
23:38Il y a une épave qui découvre
23:40deux fois par jour
23:42puisqu'il y a deux marées basses quotidiennes.
23:44Pendant la Première Guerre mondiale,
23:46c'est un navire chargé de phosphate.
23:48Il arrivait d'Amérique du Sud
23:50et l'épave est encore là.
23:52Qu'est-ce que tu trouves ici ?
23:54Qu'est-ce que tu apprécies particulièrement
23:56sur l'île sur laquelle tu vis ?
23:58Ce que j'apprécie particulièrement
24:00ici, c'est la diversité
24:02de ces paysages,
24:04la possibilité de pouvoir
24:06se retrouver seul ou quasi seul
24:08à certains moments de l'année.
24:10C'est particulièrement agréable.
24:12Il y a un pont depuis 1966,
24:14mais tu te sens quand même sur une île.
24:16On se sent sur une île
24:18ici sur Oléron
24:20parce que, quoi qu'il y ait
24:2224 000 habitants,
24:24du moins c'est ce que les recensements
24:26nous disent,
24:28on finit par se sentir
24:30dans une communauté.
24:32C'est assez caractéristique
24:34des sociétés insulaires.
24:36En dépit du fait
24:38qu'il y a le Viaduc
24:40chaque été,
24:42c'est quelque chose qui reste
24:44assez important
24:46dans la manière dont on voit l'île d'Oléron.
25:02C'est de la plage de Gatzeau
25:04qui marque la séparation
25:06entre l'océan Atlantique
25:08et ce que nous allons vous saluer.
25:10Un endroit qui peut aussi bien ressembler
25:12par beau temps aux Caraïbes
25:14sans les palmiers,
25:16que se transformer en enfer pour les marins
25:18lorsque les éléments se déchaînent.
25:20Comme tous les territoires,
25:22en mouvement en perpétuel changement,
25:24l'île d'Oléron ne se livre pas facilement.
25:26Il faut de la curiosité
25:28pour aller dénicher
25:30ses trésors
25:32et bien sûr du temps
25:34pour partager avec ses habitants
25:36de son nativité.